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Pastorale (Pays basque)

La pastorale souletine est une pièce de théâtre en plein air entièrement en langue basque et plus particulièrement en souletin. Héritière des théâtres médiévaux, elle est montée par l'errejent, metteur en scène et garant de la tradition, et jouée par des danseurs et des acteurs d'un même village. La thématique centrale de la pastorale est toujours la lutte entre le bien et le mal, entre deux groupes représentés en bleu et en rouge. Cette forme de théâtre traditionnelle et contemporaine à la fois, déplace les foules du Pays basque et est considérée comme un évènement majeur par le milieu culturel basque. À l'heure actuelle, c'est une des caractéristiques culturelles essentielles de la Soule.

La pastorale souletine et l'art du metteur en scène (errejent) de pastorale en Soule *
Image illustrative de l’article Pastorale (Pays basque)
Pastorale Ă  Camou-Cihigue le .
Domaines Musiques et danses
Pratiques festives
Pratiques rituelles
Savoir-faire
Lieu d'inventaire Nouvelle-Aquitaine
Pyrénées-Atlantiques
Pays basque
Soule (province)
* Descriptif officiel Ministère de la Culture (France)

Une pastorale est organisée chaque année par un village souletin différent. Les répétitions durent de six mois à un an. Les représentations durent environ trois heures et se déroulent généralement le dernier dimanche de juillet et le premier dimanche d'août. Cette pratique a été inscrite à l'Inventaire du patrimoine culturel immatériel en France[1] depuis 2012.

Le savoir-faire du metteur en scène de la pastorale Souletine, aussi nommé errejent a été classé à l'Inventaire du patrimoine culturel immatériel en France en 2018.

Histoire

Essentiellement jouées en Soule, les pastorales représentent l'une des plus anciennes formes de culture du Pays basque. Elles puisent leurs origines dans le Moyen Âge, portées par la tradition orale, les premiers documents qui en font mention datant de 1750[2]. Proche des drames liturgiques du Moyen Âge, la pastorale a cependant évolué au fil des années. Aux XVe et XVIe siècles, les légendes religieuses et héroïques en étaient les seules inspiratrices.

Elles étaient à l'origine jouées dans les églises, mais jugées obscènes, elles durent trouver d'autres scènes.

Depuis les années 1950, grâce au poète Pierre Bordaçarre (Etxahun-Iruri), la pastorale a été rénovée, moins dans sa forme que dans les thèmes qu'elle explore, qui se concentrent sur l'histoire du Pays basque.

À l'origine, la pastorale était annoncée le matin, lors du service religieux. Elle commençait par un défilé appelé munstra, jusqu'à la scène où l'un des participants se chargeait du pheredika initial, qui consiste en un salut à l'assistance et en une présentation du thème de la pastorale.

La pastorale proprement dite commençait alors. Les scènes étaient numérotées, afin que le public puisse suivre le déroulement de l'action, un enfant situé près des musiciens étant chargé de brandir des panneaux sur lesquels les numéros étaient inscrits.

La pastorale s'achevait par un pheredika final, consistant en un résumé du message porté par le spectacle et en un salut final.

DĂ©roulement

Les pastorales peuvent durer jusqu'à trois heures et présentent des danses et des chants en basque. Elles accompagnent toutes les fêtes locales, tout au long de l'année.

Caractéristiques

  • Dualisme : c'est peut-ĂŞtre ce qui constitue sa particularitĂ© la plus importante. Une distinction claire entre les bons et les mĂ©chants est Ă©tablie. Parmi les bons on retrouve les ChrĂ©tiens (Kiristiak), les anges, les prĂŞtres et Dieu, encore que ce dernier ne soit jamais physiquement reprĂ©sentĂ©, mais interprĂ©tĂ© seulement par une voix. En revanche, les mĂ©chants sont toujours les ennemis de l'Ă©poque, les Turcs (Sarrasins) et les Turquettes, les Français, les Anglais et les "Satan", qui ponctuent la reprĂ©sentation de pas de danse souletine.
  • La musique : Ă  l'origine, l'accompagnement se faisait Ă  l'aide de chants grĂ©goriens, durant lesquels les personnages entraient, sortaient ou se changeaient. Les instruments principaux Ă©taient la flĂ»te et l'atabal mais de nos jours, la prĂ©sence instrumentale s'est notablement Ă©largie: elle est dĂ©sormais constituĂ©e de cuivres, violons, et les traditionnels ttun-ttun, txulule et atabala. Lors de la pastorale 2009, Ă  Alos-Sibas-Abense, des instruments tels que violoncelle, accordĂ©on chromatique et diatonique, violon, bouzouki, font leur apparition et vont donner une "couleur" XVe siècle Ă  la musique.
  • La danse : elle constitue l'objet expressif principal de l'Ĺ“uvre.

Les pastorales connues

XVIIIe siècle

  • 1750 : Esquiule sur le thème de Sainte Elisabeth de Portugal, fille du roi Pierre III d'Aragon. Cette pastorale, dont le manuscrit est conservĂ© Ă  la bibliothèque du musĂ©e basque de Bayonne, retrace la vie de cette reine canonisĂ©e en 1625. Le livret aurait Ă©tĂ© Ă©crit par le rĂ©gent Jauliber[3] ;
  • 1769 : Sauguis[2] sur le thème de Richard de Normandie ;

XIXe siècle

XXe siècle

  • 1903 : Uhart-Cize[2] sur le thème de Saint Louis ;
  • 1906 : Roquiague[2] sur le thème de Nabuchodonosor ;
  • 1909 : Ordiarp sur le thème de Abraham ;
  • 1910 : Ossas sur le thème de Jeanne d'Arc ;
  • 1912 : Esquiule[2] sur le thème de NapolĂ©on ;
  • 1921 : Trois-Villes[2] sur le thème d'Alexandre le Grand ;
  • 1923 : Garindein sur le thème de Robert le Diable ;
  • 1927 : ChĂ©raute sur le thème de NapolĂ©on ;
  • 1928 : Alos[2] sur le thème d'Abraham ;
  • 1936 : Tardets[2] sur le thème de Charlemagne ;
  • 1951 : Garindein sur le thème de Robert le Diable ;
  • 1952 : Ossas[2] sur le thème d'Abraham ;
  • 1953 : Gotein sur le thème de Etxahun (Etxahun Barkoxe) poète et bertsolari mort Ă  Barcus en 1862. Pastorale Ă©crite par Etxahun Iruri ;
  • 1955 : Esquiule[2] sur le thème de Matalas. Cette pastorale est l'Ĺ“uvre de Pierre BordaçarrĂ©, dit Etxahun-Iruri, natif de Trois-Villes, qui crĂ©a neuf pastorales de 1953 Ă  1978 ;
  • 1958 : MaulĂ©on-Licharre[2] sur le thème de Berterreche. Cette pastorale est l'Ĺ“uvre de Pierre BordaçarrĂ©. Elle retrace l'assassinat de Berterretx, consĂ©quence de la lutte des deux familles, Beaumont et Gramont ;
  • 1962 : Barcus sur le thème de Etxahun (Etxahun Barkoxe) poète et bertsolari mort Ă  Barcus en 1862. Pastorale Ă©crite par Etxahun Iruri et donnĂ©e Ă  Barcus en cĂ©lĂ©bration du centenaire de sa mort ;
  • 1963 : Gotein sur le thème de Zantxo Azkarra Ă©crite par Etxahun Iruri ;
  • 1967 : MaulĂ©on-Licharre[2] sur le thème de Chiquito de Cambo. Cette pastorale est l'Ĺ“uvre de Etxahun Iruri ;
  • 1980 : Ordiarp sur le thème de Iparragirre et Ă©crit par Etxahun Iruri ;
  • 1982 : Pagolle sur le thème de Pette BasabĂĽrĂĽ (Pette Beretter[4]) et Ă©crit par Junes Casenave. Cette pastorale est l'Ĺ“uvre de Pierre BordaçarrĂ© ;
  • 1983 : Ossès et Trois-Villes sur le thème de Pette BasabĂĽrĂĽ et Ă©crit par Junes Casenave ;
  • 1984 : ChĂ©raute sur le thème de Aimunen lau semiak et Ă©crit par Arotcharen et Dalgalarrondo ;
  • 1985 : Musculdy sur le thème de A. d'Oihenart et Ă©crit par Allande Agergarai ;
  • 1986 : Barcus sur le thème de Etxahun Koblakari et Ă©crit par Etxahun Iruri ;
  • 1988 : Ordiarp[2] sur le thème d'Agosti Xaho et Ă©crit par Jean-Mixel Bedaxagar ;
  • 1989 : Alçay et Lacarry sur le thème de Zumalakarregi et Ă©crit par Junes Casenave ;
  • 1990 : MaulĂ©on sur le thème de Abadia Urrustoi et Ă©crit par Jean Louis Davant ;
  • 1991 : Musculdy sur le thème de Harizpe et Ă©crit par Pier Paul Berzaitz ;
  • 1991 : Larrau[2] sur le thème de Xalbador ;
  • 1992 : Sainte-Engrâce sur le thème de Santa Kruz et Ă©crit par Junes Casenave ;
  • 1993 : Gotein-Libarrenx sur le thème de EĂĽskaldĂĽnak Iraultzan et Ă©crit par Jean Louis Davant ;
  • 1994 : Saint-Just-Ibarre sur le thème de San Mixel Garikoitz et Ă©crit par Junes Casenave ;
  • 1995 : Roquiague sur le thème de Aguirre Presidenta et Ă©crit par Jean Louis Davant ;
  • 1996 : Garindein sur le thème de Sabin Arana Goiri et Ă©crit par Allande Agergarai ;
  • 1997 : Tardets sur le thème de Atharratze Jauregian et Ă©crit par Pier Paul Berzaitz ;
  • 1997 : Tardets[2] sur le thème de Charles de Luxe ;
  • 1998 : Barcus sur le thème de Herriko Semeak et Ă©crit par Patrick Queheille ;
  • 1999 : Alçay et Lacarry sur le thème de Agota et Ă©crit par Junes Casenave ;

XXIe siècle

De nos jours, une pastorale majeure se déroule chaque année dans un village différent; il arrive parfois que deux villages jouent une pastorale la même année; cela reste exceptionnel. Généralement, deux représentations sont jouées, le dernier dimanche de juillet et le premier dimanche d'août.

  • 2000 : Esquiule sur le thème de Madalena de Jaureguiberry et Ă©crit par Pier Paul Berzaitz ;
  • 2001 : Trois-Villes et Sauguis sur le thème de Etxahun Iruri et Ă©crit par Roger Idiart ;
  • 2001 : ChĂ©raute sur le thème du Xiberoko Makia (Le maquis de Soule) et Ă©crit par Jean Louis Davant ;
  • 2002 : Aussurucq sur le thème de ĂśrrĂĽti Jauregiko Peirot et Ă©crit par Niko Etxart ;
  • 2003 : Idaux-Mendy[2] sur le thème de Ramuntxo et Ă©crit par Pier Paul Berzaitz ;
  • 2004 : MaulĂ©on[2] sur le thème de Antso Handia et Ă©crit par Jean Louis Davant ;
  • 2005 : Licq-AthĂ©rey sur le thème de Bereterretx et Ă©crit par Pier Paul Berzaitz ;
  • 2006 : Sainte-Engrâce sur le thème de Santa Grazi et Ă©crit par Junes Casenave ;
  • 2006 : Moumour sur le thème de Momor Ă©crit par Gilbert Estecahandy, mis en scène par Alain Munoz (livret: voir liens externes) ;
  • 2007 : Camou-Cihigue sur le thème de Eñaut d'Elissagaray et Ă©crit par Junes Casenave. Cette pastorale demanda six mois de prĂ©paration, regroupant 70 acteurs, parmi les 106 habitants du village[2], et accueillant 3 500 spectateurs ;
  • 2008 : Espès-Undurein sur le thème d'Xiberoko Jauna (Auger III de MaulĂ©on[5]) et Ă©crit par Jean Louis Davant; Quatre villages s'Ă©taient rĂ©unis pour organiser cette pastorale : Espès-Undurein,Ainharp, Arrast-Larrebieu et Charitte-de-Bas. ;
  • 2009 : Alos-Sibas-Abense sur le thème de Belagileen Trajeria[6] et Ă©crit par Dominika Rekalt. La pastorale relatait un Ă©pisode historique survenu il y a 400 ans (1609), en Labourd, au cours duquel Pierre de Lancre, inquisiteur nommĂ© par Henri IV procĂ©da au jugement et Ă  l'exĂ©cution de prĂ©tendues sorcières [7];
  • 2010 : Barcus sur le thème de Xahakoa et Ă©crit par Patrick Queheille ;
  • 2011 : Larrau sur le thème de Telesforo MonzĂłn et Ă©crit par Johañe Bordaxar ;
  • 2012 : Roquiague sur le thème de Jose Mendiague et Ă©crit par Johañe Bordaxar ;
  • 2013 : ChĂ©raute sur le thème de RenĂ© Cassin et Ă©crit par Jean-Louis Davant ;
  • 2014 : Garindein sur le thème de Ni, Petti Buhamea mis en scène par Mixel Arotce et Ă©crit par Pier Pol Berzaitz ;
  • 2015 : Trois-Villes et Sauguis sur le thème de Pierra Lhande Ă©crite par Annick Renaud Coulon- Apphatia ;
  • 2016 : Tardets-Sorholus sur le thème de Jean Pitrau, Ă©crit par Pier Paul Berzaitz et mis en scène par Jean-Pierre RĂ©calt. Jean Pitrau (1929-1975) Ă©tait un agriculteur et syndicaliste souletin, membre de l'organisation Jeunesse agricole catholique (JAC), qui a militĂ© pour l'amĂ©lioration des conditions de vie des paysans et des bergers des montagnes pyrĂ©nĂ©ennes[8]. Parmi les personnages apparaissant sur scène, on retrouve Ă©galement le ministre Edgard Pisani, ainsi que JosĂ© BovĂ© et Jean-Paul Sartre, reprĂ©sentĂ©s dans une scène sur mai 68. Une prĂ©sentation d'extraits de la pastorale a Ă©tĂ© programmĂ©e pour le Festival d'automne au théâtre du Châtelet[9];
    • 2016 : Katalina de Erauso, Ă©crite par Maite Berrogain et mise en scène par Pantxika Urruty. JouĂ©e Ă  Bayonne, Saint-SĂ©bastien et Saint-Jean-Pied-de-Port, inspirĂ©e de l'histoire vraie d'une jeune femme Ă©vadĂ©e d'un couvent de Saint-SĂ©bastien et travestie en homme pour ne plus ĂŞtre reconnue[10].
  • 2017 : Alçay-Lacarry sur le thème Joanikot Ă©crite par Joana Etxart (histoire de Joan d'Arberoue capitaine navarrais du XVIe siècle) ;
  • 2018 : MaulĂ©on-Licharre sur le thème le Chevalier de BĂ©la (Belako zaldĂĽna) Ă©crite par Jean Bordachar, elle retrace l'histoire du chevalier Jean-Philippe de BĂ©la qui vĂ©cut en Soule Ă  MaulĂ©on au XVIIIe siècle. ;
  • 2018: Moumour sur le thème des Cagots (Eth Cagots) Ă©crit par Gilbert Estecahandy, mis en scène par Alain Munoz ;
  • 2019 : Pagolle
  • 2021 : Arrast-Larrebieu sur le thème Abdelkader Ă©crite par Jean-Louis Davant ;
  • 2022 : Musculdy (sur le thème de Simone Veil)[11]
  • 2023 : Ordiarp (sur le thème de Jean et Madeleine de Jaureguiberry[12])

Bibliographie

  • HĂ©relle, Georges, Les Pastorales basques : notice, catalogue des manuscrits et questionnaire, Bayonne, imprimerie et lithographie P. Tavernier, , 86 p. (lire en ligne)

Notes et références

  1. Fiche d'inventaire de la "Pastorale souletine" au patrimoine culturel immatériel français, sur culturecommunication.gouv.fr (consultée le ).
  2. GĂ©rard Moutche, Que disent les maisons basques ?, Biarritz, Atlantica 2010, , 286 p. (ISBN 978-2-7588-0177-1), pages 214 et 215.
  3. « Les plus anciens manuscrits de pastorales », sur Pastorala.
  4. Pette Beretter Ă©tait un capitaine navarrais.
  5. Auger III de Mauléon (1237?-1318) fut le dernier vicomte de Soule au temps des « Rois maudits » Il combattit souvent, d'abord en faveur de la Soule, ensuite au service du royaume de Navarre.
  6. Belagileen Trajeria PASTORALA Aloze Ziboze Onize 2009.
  7. Jean Subercazes, « Sorcières basques, la véritable histoire vue par un expert », Sud Ouest,‎ (lire en ligne).
  8. ENBATA, « Jean Pitrau paysan visionnaire », Enbata,‎ (lire en ligne).
  9. Pierre Burger, « Jean Pitrau pour la pastorale », Sud Ouest,‎ (lire en ligne).
  10. Pastorale Katalina Erauso, site de la mairie de Saint-Jean-Pied-de-Port, .
  11. « Musculdy : les places pour la pastorale Simone Veil bientôt disponibles », sur La Rép des Pyrénées, (consulté le ).
  12. Gilles Choury, « Ordiarp : les répétitions de la pastorale ont débuté », La République des Pyrénées, (consulté le ).

Pour approfondir

Articles connexes

Liens externes

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