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José Antonio Aguirre

José Antonio Aguirre y Lecube, né à Bilbao le et mort à Paris le , est un homme politique espagnol, figure politique au Pays basque.

José Antonio Aguirre
Illustration.
Fonctions
Président du gouvernement basque
(en exil Ă  partir de 1938)
–
(23 ans, 5 mois et 15 jours)
Successeur JesĂșs MarĂ­a Leizaola
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Bilbao (Espagne)
Date de dĂ©cĂšs (Ă  56 ans)
Lieu de décÚs Paris (France)
Nationalité Espagnole
Parti politique Parti nationaliste basque
DiplÎmé de Université de Deusto
Profession Avocat

José Antonio Aguirre
Présidents du gouvernement basque

Responsable du Parti nationaliste basque (EAJ/PNV), il est élu député espagnol en . Il est président du gouvernement autonome du Pays basque espagnol (lehendakari) pendant la guerre d'Espagne puis en exil.

Guerre d'Espagne

Jose Antonio Agirre Lekube, 1933.

DemeurĂ© fidĂšle Ă  la Seconde RĂ©publique espagnole, Aguirre savait que le futur d'Euzkadi dĂ©pendait d’une victoire de la dĂ©mocratie. Attitude d'autant plus mĂ©ritante et courageuse que, en tant que prĂ©sident de l'Action Catholique d'Espagne, ses convictions religieuses auraient pu le rapprocher du camp franquiste, comme l'y incitait la faction la plus conservatrice du PNV. En Euzkadi, il forma un gouvernement et constitua une armĂ©e comprenant des nationalistes basques, des rĂ©publicains, des socialistes (PSOE), des communistes (PCE), des anarchistes et autres. Mal armĂ©e et Ă  peine entraĂźnĂ©e, l’armĂ©e basque ou Euzko gudarostea, parvint Ă  mobiliser plus de 100 000 hommes dont le plus grand dĂ©savantage Ă©tait l’absence d’artillerie lourde et d’aviation. MalgrĂ© des appels dĂ©sespĂ©rĂ©s Ă  ses alliĂ©s Indalecio Prieto (ministre de la guerre) et Manuel Azaña (prĂ©sident de la RĂ©publique), le gouvernement rĂ©publicain ne lui fournit qu'un Ă©quipement militaire restreint. Une dĂ©lĂ©gation fut mĂȘme envoyĂ©e Ă  Paris, en , auprĂšs du PrĂ©sident du conseil LĂ©on Blum, afin d'obtenir de la France la vente de matĂ©riel de guerre. La rĂ©ponse du leader socialiste, tenu par les engagements du Pacte de non intervention, fut nĂ©gative. Seule une opĂ©ration audacieuse, coordonnĂ©e par Lezo Urreztieta et Telesforo MonzĂłn, permit d'acquĂ©rir des armes en TchĂ©coslovaquie puis de les acheminer jusqu'Ă  Bilbao, via l'Allemagne, au nez et Ă  la barbe des autoritĂ©s nazies.

Les historiens conviennent que la situation laissait peu d'espoir aux Basques face à l'encerclement de la Biscaye. Durant toute la durée de son gouvernement, Jose-Antonio Aguirre veilla à ce qu'aucune exaction ne soit commise contre les franquistes détenus en Euzkadi. Une émeute populaire ayant attaqué la prison de Larrinaga, à Bilbao, à la suite d'un bombardement de l'aviation rebelle, il fit aussitÎt retirer du front un bataillon PNV pour rétablir l'ordre, le détachement socialiste chargé de garder la prison ayant laisser pénétrer la foule venue massacrer les prisonniers. Contrairement aux injonctions de ses alliés de la gauche espagnole, au moment d'évacuer sa capitale, il donna l'ordre de livrer intact le parc industriel de la ria de Bilbao afin de ne pas aggraver la misÚre de la population civile.

Le , aprĂšs avoir percĂ© la "Ceinture de fer" grĂące Ă  la trahison de son concepteur, l’ingĂ©nieur Goicoechea, les troupes franquistes faisaient leur entrĂ©e triomphale dans Bilbao. Aguirre avait transfĂ©rĂ© son gouvernement Ă  TrucĂ­os avant de poursuivre sa course vers Santander, puis de rejoindre la Catalogne, oĂč il continua de combattre avec ses hommes aux cĂŽtĂ©s de la RĂ©publique. Au mĂȘme moment, Ă  l'insu probable d'Aguirre, le leader PNV Juan de Ajuriaguerra nĂ©gocia une reddition Ă  Santoña (maintenant en Cantabrie) avec les Italiens du gĂ©nĂ©ral Roatta (pacte de Santoña), obtenue par l'entremise du Vatican. Furieux, Franco rompit l'accord sine die. Profitant de ce dĂ©sarroi, quelques officiers de Euzkal Gudarostea proclamĂšrent alors la « RĂ©publique indĂ©pendante d'Euzkadi », dite « RĂ©publique de Santona ». Une fois faits prisonniers, ils furent tous exĂ©cutĂ©s sur ordre de Franco. À la fin de la guerre d'Espagne, les Ă©vĂ©nements ayant pris le dessus, le Lehendakari se rĂ©fugia en France fin , jusqu'Ă  l'invasion allemande, dix-huit mois plus tard. Poursuivi par des agents pro-franquistes, il fut contraint Ă  un exil incessant qui le conduisit de Paris Ă  New York en passant par Bruxelles, Berlin, Rio, Buenos Aires et Montevideo.

En exil

Document signé par Aguirre en 1937.

Durant la Seconde Guerre mondiale, Aguirre s'est d’abord installĂ© en France, oĂč il organisa des camps d'entraĂźnements et des services de renseignements anti-nazis, qu'il dirigea personnellement. Il se trouvait en Belgique quand Hitler occupa ce pays et c'est ainsi qu’il commença sa fuite vers Berlin sous une fausse identitĂ©. Sous la protection d’un ambassadeur panamĂ©en, il atteint la SuĂšde et, dĂ©jouant les services secrets allemands, il parvint Ă  Rio de Janeiro Ă  bord du Vasaholm, le . La douane brĂ©silienne enregistra l'arrivĂ©e d'un citoyen panamĂ©en, le docteur JosĂ© Álvarez Lastra et d'une vĂ©nĂ©zuĂ©lienne, MarĂ­a de Arrigorriaga, accompagnĂ©s de leurs enfants, JosĂ© et Gloria. Personne ne suspecta qu’il s'agissait de JosĂ© Antonio Aguirre, de son Ă©pouse MarĂ­a Zabala, de leur fils Joseba et de leur fille Aintzane. Un mois plus tard, sa vraie identitĂ© Ă©tant sur le point d'ĂȘtre dĂ©couverte, il Ă©crivit Ă  RamĂłn MarĂ­a de Aldasoro, son ministre de l’intendance et du commerce au sein du Gouvernement basque, responsable de la dĂ©lĂ©gation d’Euzkadi Ă  Buenos Aires, pour lui demander son aide. Cette dĂ©lĂ©gation Ă©tait composĂ©e d'Isaac LĂłpez Mendizabal, Santiago Cunchillos et de Pablo Artzanko, arrivĂ©s en AmĂ©rique fin . Mais les efforts d'Aldasoro restĂšrent vains face Ă  un gouvernement argentin sympathisant avec le nouvel ordre europĂ©en.

Voyant ce qui se tramait, Aguirre passa en Uruguay oĂč le chef de l'État, le gĂ©nĂ©ral Alfredo Baldomir, Ă©tait disposĂ© Ă  le recevoir avec les honneurs dus Ă  son rang. Six hommes sensibilisĂšrent les personnalitĂ©s politiques du pays, d'abord pour garantir la sĂ©curitĂ© personnelle d'Aguirre, mais aussi pour Ă©veiller la conscience d’une importante diaspora basque inerte face Ă  la propagande de Franco. AprĂšs arrangements, l’annonce publique de l’arrivĂ©e du Lehendakari fut dĂ©cidĂ©e, et, le , la presse de Montevideo annonçait l'arrivĂ©e d'Aguirre en Uruguay, assortie d'une Ă©logieuse biographie. Une dĂ©lĂ©gation officielle, formĂ©e par des reprĂ©sentants du CongrĂšs d'origine basque, Julio Iturbide et Juan Domingo Uriarte, fut chargĂ©e de le rejoindre au BrĂ©sil, dans la province du Rio Grande do Sul, puis de l’accompagner durant la derniĂšre Ă©tape de son voyage.

L’exil aprùs de la Seconde Guerre mondiale

Statue de José Antonio Aguirre à Bilbao.

Sa vĂ©ritable identitĂ© ayant Ă©tĂ© rĂ©tablie, un visa en poche, il partit pour New York, oĂč il enseigna, sous la protection de la communautĂ© basque aux États-Unis, comme professeur Ă  l’universitĂ© Columbia. Quand les États-Unis se rapprochĂšrent de Franco, Ă  partir de 1952, il repartit en France, oĂč le gouvernement basque en exil venait de s'installer, Ă  Paris, rue Singer. ConfisquĂ© par les autoritĂ©s de Vichy, l'ancien siĂšge de la dĂ©lĂ©gation d'Euzkadi, entre 1936 et 1940, un imposant hĂŽtel particulier situĂ© avenue Marceau (achetĂ© par le PNV), n'avait pu ĂȘtre rĂ©cupĂ©rĂ© Ă  la LibĂ©ration, du fait qu'il avait Ă©tĂ© acquis au nom de la RĂ©publique espagnole. Au terme d'une longue procĂ©dure judiciaire, gain de cause fut accordĂ© au gouvernement espagnol, qui conserva l'Ă©difice, aujourd'hui transformĂ© en Institut Cervantes de Paris.

DÚs le retour de la démocratie, en 1977, les autorités de Madrid ont dit qu'elles restitueraient son bien au gouvernement basque. Les tractations durent toujours. Juste aprÚs la guerre, alors que l'écrivain Marc Légasse jetait les prémices d'un mouvement abertzale (patriotique) en Pays basque français, Aguirre lui demanda de prendre garde à ne pas brouiller les relations entre le nationalisme basque en exil et le gouvernement français. Une entrevue entre les deux hommes eut lieu chez Marc Légasse, à Sare, en 1952, sans qu'ils trouvent un accord.

PrĂ©sident du gouvernement basque en exil, leader du PNV, Aguirre persista Ă  dĂ©fendre la cause d'Euzkadi sur le plan international. L'unique reprĂ©sentant de la RĂ©publique espagnole aux Nations unies, JesĂșs de GalĂ­ndez[1], Ă©tait lui-mĂȘme basque. Il dĂ©cĂ©dera dans des conditions mystĂ©rieuses au moment de l’entrĂ©e de l'Espagne franquiste aux Nations unies. PersuadĂ© qu'il conserverait le soutien des États-Unis, entretenant l'espoir que les dĂ©mocraties occidentales favoriseraient la chute d'un rĂ©gime installĂ© par Hitler et Mussoilini, Aguirre dĂ©cida de mettre l'important rĂ©seau d’exilĂ©s basques au service des AlliĂ©s jusqu'Ă  la fin de la guerre, puis de collaborer avec la CIA face au camp soviĂ©tique. LĂąchĂ© par Washington, qui dĂ©cide finalement de soutenir Franco Ă  cause de la guerre froide, Aguirre meurt d'une crise cardiaque, Ă  Paris, le , Ă  l’ñge de 56 ans. Sa dĂ©pouille fut transportĂ©e Ă  Saint-Jean-de-Luz oĂč il reposa une nuit dans la maison de TelĂ©sforo MonzĂłn. Ses obsĂšques, impressionnantes, eurent lieu en l'Ă©glise paroissiale de Saint-Jean-de-Luz et il est inhumĂ© au cimetiĂšre ancien de Saint-Jean-de-Luz[2].

En , au lendemain du rĂ©fĂ©rendum instituant le nouveau statut d'autonomie d'Euskadi et au soir des premiĂšres Ă©lections libres au Parlement basque, prenant ses fonctions, le Lehendakari Carlos Garaikoetxea, son successeur, rendait un vibrant et solennel hommage Ă  Jose-Antonio Aguirre, lĂ  mĂȘme oĂč le hĂ©ros de la libertĂ© basque avait prĂȘtĂ© serment quarante quatre ans auparavant.

Notes et références

  1. référence, citation ou lien
  2. CimetiĂšres de France et d'ailleurs

Voir aussi

Bibliographie

  • Voir le roman enquĂȘte de Manuel VĂĄzquez MontalbĂĄn, intitulĂ© Galindez qui Ă©voque son meurtre par le rĂ©gime de Trujillo (RĂ©publique Dominicaine) avec le soutien de la CIA

Liens externes

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