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Bacchu-ber

Le bacchu-ber (/ba.ky.bɛʁ/) est une danse traditionnelle d’épĂ©es du quartier de Pont-de-CerviĂšres, situĂ© dans la ville de Briançon (Hautes-Alpes, France), dans l'ancienne province du DauphinĂ© et dont l’origine remonte Ă  plusieurs siĂšcles.

La danse du Bacchu-Ber *
Image illustrative de l’article Bacchu-ber
Le Bacchu-ber, 16 août 2003
Domaine Pratiques festives
Lieu d'inventaire Provence-Alpes-CĂŽte d'Azur
Hautes-Alpes
Briançon
* Descriptif officiel MinistĂšre de la Culture (France)

La premiĂšre mention Ă©crite relatant ce rite date de 1730. Cette danse est unique en France et l’une des rares en Europe Ă  avoir traversĂ© les Ă©poques[1]. Elle s’exĂ©cute une fois par an le 16 aoĂ»t, jour de la Saint-Roch (1340-1379), patron du quartier de Pont-de-CerviĂšres, situĂ© au sud de Briançon.

En 2015, le ministÚre de la Culture inscrit cette danse à l'Inventaire du patrimoine culturel immatériel en France[2].

Origine

Le bacchu-ber, danse des épées dans le Briançonnais en 1877.

Les origines sont trĂšs difficiles, voire Ă  peu prĂšs impossibles Ă  dĂ©terminer : certaines sources Ă©voquent une danse celtique, romaine, gauloise, grecque, importĂ©e de Flandres, etc. Un rapprochement avec le dieu du vin Bacchus peut ĂȘtre tentant au vu de la ressemblance d’orthographe mais reste alĂ©atoire. Le nom peut Ă©galement provenir du patois local ba cubĂšr (occitan bal cubĂšrt) ou « bal couvert », mais c'est peu probable car cette danse se dĂ©roule toujours Ă  la saison chaude et plein air[3].

Saint Roch Ă©tant invoquĂ© en temps de peste pour lutter contre les Ă©pidĂ©mies, plusieurs auteurs Ă©mettent l’hypothĂšse que les survivants de la peste Ă  Pont-de-CerviĂšres auraient choisi ce protecteur pour leur hameau. Cependant, rien ne dit explicitement qu’un vƓu de danse ait Ă©tĂ© fait[4].

Description

La danse est effectuĂ©e par neuf hommes habillĂ©s entiĂšrement en blanc Ă  l’exception d’un trĂšs petit nƓud noir autour du cou, d’une large ceinture rouge et de chaussures, de type ballerines et de couleur noire. Les hommes forment un cercle, se saluent et exĂ©cutent des formes gĂ©omĂ©triques avec leurs Ă©pĂ©es. Le groupe se compose de neuf danseurs, deux porte‐emblĂšmes, sept Ă  huit chanteuses, et quatre Ă  cinq accompagnateurs ou remplaçants[5]

Chaque homme tient l’extrĂ©mitĂ© de l’épĂ©e d’un autre et la garde de sa propre Ă©pĂ©e. Portant des ballerines plates et noires, tous se dĂ©placent d'un pas glissĂ© et cadencĂ© (sĂ©rie de trois petits pas). Levant les Ă©pĂ©es, passant les uns en dessous des autres, ils dessinent diverses formes gĂ©omĂ©triques telles trois triangles, un rectangle et une Ă©toile, deux rectangles, une Ă©toile et un triangle, etc.

La figure finale, appelĂ©e la lĂšve, est composĂ©e d’un cercle de danseurs, l’un d’entre eux Ă©tant au centre au milieu des Ă©pĂ©es entrecroisĂ©es autour de son cou. Tous les danseurs s’agenouillent puis se relĂšvent plusieurs fois en mĂȘme temps.

Historique

À l’étĂ© 1936, le prĂ©sident de la RĂ©publique française Albert Lebrun assista Ă  une reprĂ©sentation du Bacchu-ber[6].

ConsidĂ©rĂ© comme un bal, le bacchu-ber ne fut jamais dansĂ© durant les deux guerres mondiales oĂč ce type de manifestation festive Ă©tait interdite.

En 2003, lors de l'anniversaire du bacchu-ber, la danse fut exceptionnellement exĂ©cutĂ©e par deux cercles de neuf danseurs (habituellement un seul cercle de neuf danseurs seulement). Lors du 80e anniversaire de la fĂȘte votive de la Saint-Roch, organisĂ©e le , les danseurs furent au nombre de neuf en un seul cercle, mais ils dansĂšrent deux fois. la premiĂšre fois sur la place de l'Ă©glise du quartier, la seconde fois, sur la place Jean JaurĂšs [7]

Mélopée accompagnant la danse

Le Bacchu-ber, la lÚve, 16 août 2003

La danse est accompagnĂ©e d’un chant, communĂ©ment appelĂ©e la dratanla, qui s’apparente plutĂŽt Ă  une mĂ©lopĂ©e rĂ©pĂ©titive qu’à un vĂ©ritable chant.

Elle est chantĂ©e par une dizaine de femmes en costumes cerviripontins (ou pontassins) traditionnels. Les femmes sont normalement assises sur un banc, mais il peut arriver qu’elles chantent debout. Le costume traditionnel comprend une coiffe blanche (bonnet) en coton avec nƓud sous le menton, un chĂąle sur un caraco, et une jupe anthracite longue avec des petits motifs lĂ©gĂšrement provençaux, Ă©lastiquĂ©e Ă  la taille. Un tablier est rajoutĂ© sur la jupe : il se noue devant et maintient ainsi le chĂąle [8].

Paroles

« La dratanla, la dratanla, la dra, la la la

La dratanla, la dra, la dratanla

La dratanla, la dra, la dratanla


Et dralala, la dratanla, la dra,
la dratanla, la dradlata, la dra,
la dratanla, la dra

La dratanla, la dratanla, la dratanla, la dra, la la la 


La dratanla, la dra, la dratanla

La dratanla, la dra, la drantala


Et dralala, la dratanla, la dra,
la dratanla, la dradlata, la dra,
la dratanla, la dra

La dratanla, la dratanla, la dratanla, la dra, la la la 
 »


(et ainsi de suite)

Lieux de danse

La danse s’effectue normalement deux fois, toutes les deux sur une estrade en bois. Elle dure chaque fois environ vingt minutes. La premiĂšre reprĂ©sentation se dĂ©roule en haut du village de Pont-de-CerviĂšres, place de l’église (oĂč se trouve l’église Saint-Roch-et-Saint-Marcel). Puis, danseurs, chanteuses et badauds descendent le long de la rue du Bacchu-ber pour arriver place Jean-JaurĂšs oĂč la danse est rejouĂ©e.

La danse était anciennement exécutée trois fois.

Associations

La sociĂ©tĂ© des admirateurs du Bacchu-ber, basĂ©e Ă  Briançon[9] gĂšre l’organisation du bacchu-ber et a Ă©tĂ© fondĂ©e en 1935. Le prĂ©sident est FrĂ©dĂ©ric Arnaud.

En Italie

Dans certains villages de la partie centrale du Val de Suse, en dehors des anciennes Escartons en territoire italien (qui comprenaient le haut Val de Suse le haut Val Chisone), Vénaux, Giaglione (Geailloun), San Giorio (S. Geoirs), et récemment Fenestrelle on danse encore aujourd'hui en plein air un bal de sabres tout à fait semblable, qu'on appelle le Bac Uber o Bac Uboeur, ou bal des « Spadonari », avec un rituel et des costumes qui dateraient au moins du XVe siÚcle. Les évolutions de sabreurs sont accompagnées par des airs instrumentaux traditionnels.

Publications

  • Abel Hugo, La France pittoresque, ou Description pittoresque, topographique et statistique des dĂ©partements et colonies de la France
 avec des notes sur les langues, idiomes et patois
 et des renseignements statistiques
 accompagnĂ©e de la statistique gĂ©nĂ©rale de la France
, Paris, Delloye, 1835 (chapitre Hautes-Alpes, page 354).
  • Paul Guillemin, « Le Bacchu-ber, essai historique et archĂ©ologique », Bulletin de la section lyonnaise, n° 1, 1878, imprimerie de Pitrat aĂźnĂ©, Club alpin français.
  • Julien Tiersot, Chansons populaires des Alpes françaises, Grenoble, H. Falque et F. Perrin, Librairie dauphinoise ; Moutiers, François Ducloz, Librairie Savoyarde, 1903, 549 p.
  • RaphaĂ«l Blanchard, Le ba’cubert : l’art populaire dans le Briançonnais, Librairie ancienne HonorĂ© Champion, 1914, 90 p.
  • Violet Alford, « The Baccubert », in Journal of the English Folk Dance and Song Society, 1940.
  • Fernand-Henri Carlhian, Folklore briançonnais. Le Bacchu-ber conservĂ© Ă  Pont-de-CerviĂšres : une danse des Ă©pĂ©es
 une survivance du culte de Bacchus, 1959.
  • Claude Muller, Les MystĂšres du DauphinĂ©, Ă©ditions De BorĂ©e, 2001, p. 138-142.
  • Marc de Ribois et AndrĂ© CarĂ©nini (Ă©d.), Le Bacchu-ber et les danses des Ă©pĂ©es dans les Alpes occidentales, Edisud, 2005 (ISBN 978-2857448952).

Adaptations

Le groupe Malicorne en 2012
  • Malicorne
Le groupe français de musique folk, Malicorne enregistre une adaptation de cette musique traditionnelle en 1977 sur leur quatriÚme album (studio) Malicorne 4 sous le titre Bacchu-ber.
  • Autres
Le groupe français Marée haute (Chansons de la mer, chansons de la terre) reprend, en 2010, l'adaptation de Malicorne.

Notes et références

  1. La France pittoresque, n° 22, avril-mai-juin 2007.
  2. « MinistÚre de la Culture » (consulté le ).
  3. Google livre Le Bacchu-ber , une survivance d'un peuple antique par Marc de Ribois, consulté le 09 novembre 2018.
  4. Recueil de textes, le bacchu-ber et la danse des épées, André Carénini, Edisud, 2005.
  5. Site fréquence mistral Briançon, article sur le Bacchu-ber, publié le 21 août 2018.
  6. Récit de Fernand Carhlian-Ribois, Recueil de textes, le bacchu-ber et la danse des épées, André Carénini, Edisud, 2005.
  7. Site de la ville de Briançon, page sur le 80e anniversaire du Bacchu-Ber, consulté le 09 novembre 2018.
  8. Site personnel de Sylvie Damagnez qui présente de nombreuses photos des costumes, consulté le 09 novembre 2018.
  9. Site société.com, page sur la société des admirateurs du bacchu-ber, consulté le 18 décembre 2018.

Liens externes

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