AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

MĂ©gisserie

La mégisserie est le tannage des peaux d'ovins et caprins destinées à l'industrie de la chaussure, de la ganterie ou de l'habillement, dans le cadre de la production du cuir.

Illustration montrant un mégissier au travail dans Le Tour de la France par deux enfants.

Le mégissier est un artisan dont le métier est d'accommoder les peaux d'ovins ou de caprins pour les rendre propres aux différents usages que l'on veut en faire, par différence avec les métiers des tanneurs, des corroyeurs ou des pelletiers.

Le mĂ©gissier travaille les petites peaux (agneaux, moutons et chĂšvres), au contraire du tanneur qui transforme les peaux de grandes tailles (veaux, vaches, taurillons, taureaux, buffles). Le tanneur transforme les grandes peaux brutes (veaux, jeunes bovins, vaches, taurillons, taureaux, buffles) en cuir imputrescible par l’emploi de tannins. Le mĂ©gissier utilise aujourd’hui les mĂȘmes techniques que le tanneur : tannage aux sels minĂ©raux, vĂ©gĂ©tal ou combinĂ©[1].


Le dĂ©lainage est un prĂ©alable Ă  mĂ©gisserie, mais les deux industries peuvent exister en des lieux sĂ©parĂ©s. On observe toutefois, en France comme ailleurs, que le tannage des peaux de moutons ou de chĂšvres s'Ă©panouit lĂ  oĂč il y a un Ă©levage important de moutons, dans la rĂ©gion Centre-Val de Loire par exemple. Mais l'industrie de la mĂ©gisserie a aussi vĂ©cu des grandes heures tant Ă  Graulhet dans le Tarn, sur les bords du Dadou, qu'Ă  Millau dans l'Aveyron, oĂč l'industrie du dĂ©lainage Ă©tait totalement inexistante.

MĂ©gisserie

Bùton de procession de la corporation des mégissiers dont le patron est saint Roch (musée de l'hospice Saint-Roch à Issoudun).

Il existe deux Ă©tapes principales dans le traitement des peaux : le travail humide et le travail Ă  sec.

À la sortie des usines de dĂ©lainage, une fois la laine sĂ©parĂ©e de la peau, on rĂ©cupĂšre le « cuirot ». C'est une peau fraĂźche qui a Ă©tĂ© sĂ©chĂ©e et qui prend l'aspect, pour rĂ©sumer, d'un parchemin.

Toutefois, sur ce cuirot, il reste de la laine et, avec elle, beaucoup d'impuretés, le plus souvent aux extrémités, pattes et encolure. On trempe le cuirot dans un bain de solution concentrée pour débarrasser la surface de la peau, cÎté épiderme, de toutes impuretés qui pourraient compromettre l'opération de tannage. C'est d'autant plus important que c'est à partir de là que l'on met en valeur « la fleur », autrement dit, l'aspect et la qualité de la peau.

Reste le cÎté chair de la peau. Avant le tannage, elle est impérativement passée dans une écharneuse, afin d'enlever les résidus des chairs ou autres graisses indésirables. C'est seulement à partir de là que peut démarrer le tannage.

Tannage

La peau, Ă  l'origine derme vivant, riche en collagĂšne, serait, sans traitement, soumise Ă  la putrĂ©faction. Le tannage est le traitement de la peau morte, pour l'empĂȘcher de pourrir, par l'imprĂ©gnation de substances dites « tannantes », vĂ©gĂ©tales (aujourd'hui Ă©corces d'arbre) ou minĂ©rales (sels de chrome).

Avec le tanin végétal on obtient une peau trÚs peu souple que l'on appelle la basane. La doublure, d'aspect chair, de l'intérieur des chaussures de cuir est trÚs souvent conçue avec de la basane. La basane sert aussi à faire du cuir.

Le tannage minéral, lui, est à base de chrome. Au contraire du tannage végétal, il donne une peau trÚs souple. Mais le tannage minéral est aussi employé sur des peaux fraßches issues des abattoirs ou « picklées », c'est-à-dire trempées dans une solution acide puis dans une saumure ce qui les stabilise, assure leur conservation et les prépare au tannage.

AprĂšs tannage, la peau peut ĂȘtre teinte et nourrie, terme du travail humide, et le cuirot est alors presque Ă  l'Ă©tat de cuir. Il reste Ă  le travailler Ă  sec : sĂ©chage, Ă©tirage, assouplissage, finissage.

Un exemple : la mégisserie à Mazamet

À Mazamet (dĂ©partement du Tarn), en France, qui se considĂšre Ă  jamais comme la capitale mondiale du dĂ©lainage, deux riviĂšres coulent : l'Arnette, vierge de tout calcaire et toute dĂ©signĂ©e pour dĂ©lainer les peaux de moutons, et le ThorĂ©, cours d'eau bien singulier et calcaire au possible, qui convenait aux mĂ©gissiers. Le cuirot, issu des usines de dĂ©lainage, Ă©tait utilisĂ© comme matiĂšre premiĂšre des mĂ©gissiers.

À Mazamet, l'emplacement des dĂ©lainages et des mĂ©gisseries diffĂšre : les mĂ©gisseries sont implantĂ©es le long du ThorĂ© et les dĂ©lainages, une cinquantaine Ă  la grande Ă©poque, Ă©pousaient les tours et dĂ©tours de l'Arnette, le long de ce que l'on a fini par appeler, la route des usines. Mais certaines usines sont mixtes : dĂ©lainage et mĂ©gisserie s'y conjuguent parfaitement, bien que la mĂ©gisserie soit plus technique et complexe que le dĂ©lainage.

Importance du secteur en France

La FĂ©dĂ©ration française de la Tannerie MĂ©gisserie indique qu'elle regroupe une soixantaine de sociĂ©tĂ©s, dont 45 entreprises industrielles, reprĂ©sentant un effectif de 1 741 personnes, pour un chiffre d’affaires annuel d’environ 400 millions d’euros. Elle prĂ©cise que les tanneurs mĂ©gissiers français tannent 4,8 millions de m2 de peaux par an, toutes catĂ©gories de peaux confondues (chiffres de 2015).

Le patron des mégissiers

C'est saint Roch, guérisseur de maladies de peau, qui est le patron de la corporation des mégissiers. L'apÎtre Barthélémy, dont la légende dit qu'il a été écorché vif, est le protecteur des bouchers.

Vocabulaire d'un métier ancien

L'ancien terme « mĂ©gis », dĂ©signant un bain Ă  base d'eau, d'alun, de sel et de cendres dans lequel Ă©taient trempĂ©es les peaux. Il donne son nom Ă  l'activitĂ© moderne de mĂ©gisserie. Le mot « mĂ©gis » est attestĂ© en ancien français sous la forme « megeis », citĂ©e par le dictionnaire de Godefroy, devenue « megis » en moyen français. Le verbe ancien français megier, issu lui-mĂȘme du verbe latin medicāre, du latin medicus (« mĂ©decin, soigneur ») signifie simplement soigner. Il est facile de comprendre que le terme s'est spĂ©cialisĂ© dans l'ancien monde mĂ©diĂ©val des tanneurs et prĂ©parateurs de diverses peaux, en se limitant ensuite Ă  la prĂ©paration des peaux.

La voie humide que pratiquaient les mégissiers, essentiellement masculins, correspond ainsi à un tannage et un nettoyage des peaux, souvent à la riviÚre.

Le travail à sec correspondant à une voie sÚche, trÚs souvent beaucoup plus féminisée que le premier, qui suivait le délainage, se nommait corroyage. Il consistait à éliminer les lambeaux de chair, à égaliser, aplanir, assouplir les peaux sÚches.

Dans le manuel complet du chamoiseur, du maroquinier, du mégissier de 1893[2] il est précisé que les peaux mégissées forment deux classes : celles des peaux pelées, c'est-à-dire débarrassées de leur poil, qui est la plus importante ; et celle des peaux houssées, c'est-à dire auxquelles on a conservé leur poil ou leur laine.

Inventaire du patrimoine culturel immatériel

Le savoir-faire de la mĂ©gisserie a Ă©tĂ© rĂ©pertoriĂ© Ă  l'Inventaire du patrimoine culturel immatĂ©riel en France aprĂšs une enquĂȘte dans la mĂ©gisserie Colombier Ă  Saint-Junien (Limousin).

Notes et références

  1. « La fédération, Activité des tanneurs et mégissiers », sur leatherfrance.com (consulté le ).
  2. A. Mathieu Villon, Julia-Fontenelle, Vallet d'Artois, Maigne Nouveau manuel complet du chamoiseur, du maroquinier, du mĂ©gissier, du teinturier en peaux, du fabricant de cuirs vernis, du parcheminier et du gantier... Éd.  Librairie encyclopĂ©dique de Roret, Paris,  1893 392 p. consultable sur BNF/Gallica Identifiant :  ark:/12148/bpt6k9819862p.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.