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LGBT en Espagne

Les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) en Espagne bĂ©nĂ©ficient de droits parmi les plus avantageux au monde mais il n'en a pas toujours Ă©tĂ© ainsi. Depuis la Rome antique, oĂč l’acte sexuel et les relations de pouvoir sont des plus importants, jusqu’à la conception moderne de l’homosexualitĂ© comme forme de sexualitĂ© comprise comme une façon d’ĂȘtre soi-mĂȘme, surviennent plusieurs changements et Ă©volutions. Le droit des homosexuels subit longtemps l’influence de la pensĂ©e chrĂ©tienne qui voit essentiellement la sexualitĂ© comme un acte de procrĂ©ation, toute autre forme sexuelle Ă©tant considĂ©rĂ©e comme un pĂ©chĂ© et contraire Ă  la loi divine. Cette vision du monde domine au point que la sodomie est jugĂ©e comme trahison d’État et punissable du bĂ»cher. Cette tendance est modĂ©rĂ©e par les LumiĂšres, alors que les libertĂ©s individuelles prennent de l’importance, avec la suppression en 1822 de la sodomie du Code criminel de l’Espagne. La lente et difficile Ă©volution vers l’acceptation de l’homosexualitĂ© se voit interrompue par la guerre d'Espagne et la dictature franquiste, qui rĂ©prime sĂ©vĂšrement les violetas. À la fin du franquisme, la libĂ©ralisation se poursuit mais l’homophobie demeure prĂ©pondĂ©rante dans la sociĂ©tĂ© espagnole. Depuis 2005, l’Espagne est l’un des rares pays du monde qui autorise le mariage homosexuel et qui dispose d’une des lĂ©gislations les plus progressistes en matiĂšre de droits de la communautĂ© LGBT, par exemple l’adoption homoparentale ou la modification du statut officiel du sexe[1] - [2]. La culture LGBT espagnole a dĂ©passĂ© les frontiĂšres nationales avec des films comme ceux de Pedro AlmodĂłvar et des Ă©vĂ©nements comme l’Europride 2007 cĂ©lĂ©brĂ©e Ă  Madrid[3] - [4] - [5]. Les homosexuels se font visibles dans les parties de la sociĂ©tĂ© qui autrefois leur Ă©taient interdites : l’armĂ©e, la Garde civile, la magistrature, le sacerdoce, encore que dans d’autres secteurs, comme le football, l’acceptation de l’homosexualitĂ© n’est pas chose acquise[6].

LGBT en Espagne
Image illustrative de l'article LGBT en Espagne
WorldPride de 2017 Ă  Madrid.
Dépénalisation de l'homosexualité depuis 1979
Sanction aucune
Interdiction des thérapies de conversion interdit, depuis février 2023
Identité de genre depuis 2007
Service militaire Oui
Protection contre les discriminations depuis 1995
Mariage depuis 2005
Adoption depuis 2005
Don de sang depuis 2005

Histoire

Époque romaine

Lors de la conquĂȘte de la pĂ©ninsule ibĂ©rique, les Romains apportent, en plus des autres Ă©lĂ©ments de leur culture, leur morale sexuelle[7]. En matiĂšre sexuelle, pour les Romains, le statut est plus important que la personne. Ainsi, les hommes peuvent pĂ©nĂ©trer les esclaves, les eunuques, les prostituĂ©s de la mĂȘme façon que les femmes esclaves, les concubines ou les prostituĂ©es. Par contre, nul citoyen de bonne rĂ©putation, ne laisse un autre homme le pĂ©nĂ©trer, quel que soit l'Ă©tat ou le statut[8]. La distinction est stricte entre l’homosexuel actif qui, parfois couche avec les femmes et parfois avec les hommes, et le passif, lequel est vu comme servile et effĂ©minĂ©. Cette moralitĂ© est utilisĂ©e par exemple contre Jules CĂ©sar, dont les aventures supposĂ©es avec le roi de Bithynie NicomĂšde IV font la rumeur Ă  Rome[9]. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, Ă  Rome domine une forme de l’homosexualitĂ© trĂšs semblable Ă  la pratique des Grecs.

Le lesbianisme est aussi connu[7] tantĂŽt, entre femmes fĂ©minines qui partagent le lit avec d’autres femmes sans plus, comme le tribadisme, tantĂŽt des femmes d’aspect viril remplissant des activitĂ©s masculines, y compris la lutte, la chasse et les rapports avec des femmes.

Martial[9], grand poĂšte et homme de lettres hispano-romain, grandit et s’instruit Ă  Bilbilis (aujourd'hui Calatayud) mais passe une grande partie de sa vie Ă  Rome. Il y dĂ©crit la vie romaine dans ses Ă©pigrammes et ses poĂšmes. Employant la premiĂšre personne – fictive –, il parle des coutumes sexuelles et de fellations d’hommes comme de femmes.

Un autre exemple est Hadrien[10], empereur romain nĂ© en Hispanie, Ă  Italica (actuel Santiponce en Andalousie). Il est empereur de 117 Ă  138. Il a un favori et amant, AntinoĂŒs, mort Ă  20 ans dans des circonstances mystĂ©rieuses noyĂ© le Nil, qu'il dĂ©ifie et en l'honneur duquel il construit la ville de Antinoupolis ou AntinoĂ© en Égypte[10].

La morale romaine change au cours du IVe siĂšcle, ce qui explique que l'historien Ammien Marcellin, paĂŻen, critique sĂ©vĂšrement les habitudes sexuelles des TaĂŻfales, peuple barbare dont le territoire se trouve entre les Carpates et la mer Noire, et qui pratique la pĂ©dĂ©rastie comme les Grecs[11]. En 342, les empereurs Constantin II et Constance II introduisent une loi pour punir l’homosexualitĂ© passive, sans doute par la castration, loi qui est renforcĂ©e en 390 par ThĂ©odose Ier, qui met au bĂ»cher tous les homosexuels passifs travaillant dans des bordels. En 438, la loi est Ă©tendue Ă  tous les homosexuels passifs, puis en 533, Justinien punit tout acte homosexuel par la castration et le bĂ»cher, loi rendue plus stricte en 559[12].

Trois raisons expliquent ce changement d’attitude. Procope de CĂ©sarĂ©e, historien Ă  la cour de Justinien considĂšre que les lois ont plutĂŽt des motivations politiques, ce qui permet Ă  Justinien d’éliminer des ennemis politiques, de confisquer leurs propriĂ©tĂ©s, alors qu'elles n'ont aucun effet sur l'homosexualitĂ© au sein de la population[11]. La seconde raison, plus fondamentale, est l’extension du Christianisme dans la sociĂ©tĂ© romaine, qui reprend le paradigme chrĂ©tien voulant que la sexualitĂ© doit servir exclusivement Ă  la reproduction[12]. Enfin, on invoque la pression reproductrice sur les individus Ă  cause des Ă©pidĂ©mies, associĂ©e au stoĂŻcisme de l'empire[11].

Jusqu’en 333, il n'y a pas de doctrine commune au sein du christianisme concernant l’homosexualitĂ©[11], bien qu'auparavant saint Paul critique l’homosexualitĂ© comme contre nature dans l'Épitre aux Romains. Peu Ă  peu, les clercs croient en une sĂ©rie de textes condamnant l’homosexualitĂ© et la sexualitĂ© en gĂ©nĂ©ral dans les termes les plus Ă©nergiques, luttant contre ce qui auparavant n'est pas perçu comme un problĂšme. En certaines occasions, les pratiques homosexuelles se voient Ă  l’intĂ©rieur de l’Église bien que la doctrine chrĂ©tienne soit contre cette forme de sexualitĂ©. Ces relations touchent Ă©galement des membres Ă©minents de l’église primitive[13]. Par ailleurs, l’homosexualitĂ© est associĂ©e Ă  l’hĂ©rĂ©sie, non seulement pour des raisons politiques, mais aussi en raison de rituels de certains agnostiques ou du manichĂ©isme, qui, selon saint Augustin, pratiquent des rites homosexuels[11].

Wisigoths

BaptĂȘme de Clovis Ier.

Les peuples germaniques dĂ©nigrent l’homosexualitĂ© passive et les femmes, qui, pour eux, sont du mĂȘme niveau que les «imbĂ©ciles» et les esclaves; ils glorifient la camaraderie guerriĂšre entre hommes. Sans doute, dans les pays scandinaves il y a des rĂ©cits de grands-prĂȘtres travestis et effĂ©minĂ©s et les dieux nordiques, les Ases, incluant Thor et Odin, cherchant les connaissances secrĂštes en buvant le sperme[11]. Durant le Haut Moyen Âge, les attitudes envers l’homosexualitĂ© Ă  l’époque romaine se transforment en profondeur. Sont connus des cas clairs d’homosexualitĂ© qui, bien que n’étant pas acceptĂ©s, n’en subissent pas de consĂ©quences. C’est le cas du roi des francs saliens, Clovis Ier, qui, au Ve siĂšcle, le jour de son baptĂȘme, confesse des relations avec des hommes, ou encore Alcuin d’York, le poĂšte anglo-saxon du VIIIe siĂšcle qui Ă©crit vers et lettres homoĂ©rotiques. Mais peu Ă  peu la morale chrĂ©tienne, plus attachĂ©e Ă  la sexualitĂ© et basĂ©e sur l’idĂ©e juive que le sexe est exclusivement pour la reproduction, se convertit en un code complexe de droit canonique qui influence fortement la lĂ©gislation en vigueur[11].

L’une des premiĂšres lĂ©gislations qui considĂšrent l’homosexualitĂ© comme un crime en Europe est le Liber Iudiciorum (ou Lex Visigothorum), promulguĂ© au VIIe siĂšcle[14]. La loi wisigoth comprend un code (L. 3,5,6) punissant ladite sodomie par l’exil et la castration. En plus de la sodomie sont inclus tous les crimes sexuels considĂ©rĂ©s contre nature, dont l’homosexualitĂ© masculine, le sexe anal (hĂ©tĂ©rosexuel et homosexuel) et la zoophilie. Le lesbianisme est considĂ©rĂ© « sodomie » uniquement s’il inclut des instruments phalliques[14].

Le roi Chindaswinthe (642-653) impose Ă  l’homosexualitĂ© une peine de castration. Cette peine est inconnue dans la lĂ©gislation wisigothe, sauf pour les juifs qui pratiquent la circoncision. En plus d’imposer la castration, l’inculpĂ© est livrĂ© Ă  l’évĂȘque local pour ĂȘtre banni. S’il est mariĂ©, le mariage est annulĂ©, la dot est dĂ©volue Ă  la femme et les biens rĂ©partis entre les hĂ©ritiers[15].

En 693, Égica ordonne aux Ă©vĂȘques de reconsidĂ©rer la question de l’homosexualitĂ©. RĂ©unis au XVIe Concile de TolĂšde la mĂȘme annĂ©e, les prĂ©lats « brĂ»lant du zĂšle du Seigneur » affirment qu’il est bien connu que « beaucoup d’hommes » sont infectĂ©s par le « mal de la sodomie »[15]. « [...] Puisque cette funeste pratique et le vice du pĂ©cheur sodomite parait avoir infectĂ© plusieurs, nous, pour extirper la coutume de cette pratique honteuse [...], tous d’un commun accord, sanctionnons que tous ceux qui apparaissent exĂ©cuter une action aussi criminelle, et tous ceux qui se trouvent mĂȘlĂ©s Ă  ces errements faits contre nature, hommes avec hommes, commettant cette erreur, ce quelqu’un fĂ»t-il Ă©vĂȘque, prĂȘtre ou diacre, seront condamnĂ©s Ă  l’exil perpĂ©tuel, si Ă  d’autres personnes de quelque ordre ou grade se trouvent impliquĂ©es dans ces crimes si outrageants, subiront [...], corrigĂ©s avec cent coups de fouet et la tonsure, le bannissement Ă  vie [...] »[16]. Face Ă  l’expansion du mal, les Ă©vĂȘques confirment le sĂ©vĂšre chĂątiment ordonnĂ© par Chindaswinthe, ajoutant cent coups de fouet ainsi que le rasage complet de la tĂȘte. De plus, l’exil doit ĂȘtre Ă  perpĂ©tuitĂ©. Le concile renonce Ă©galement Ă  ce que l’homosexualitĂ© soit autorisĂ©e entre Ă©vĂȘques, prĂȘtres et diacres, mais dĂ©crĂšte plutĂŽt des peines beaucoup plus lĂ©gĂšres dans ces cas : les coupables doivent ĂȘtre simplement sĂ©cularisĂ©s et destituĂ©s. Plus tard, Égica Ă©tend au clergĂ© la peine de castration et les autres peines imposĂ©es par le concile aux laĂŻcs[15].

PĂ©riode musulmane

La civilisation d’Al-Andalus est plus tolĂ©rante en matiĂšre de sexualitĂ©, au contraire de ses voisins chrĂ©tiens au nord, Ă  l’exception de l’intervalle crĂ©Ă© par les Almoravides et les Almohades[17]. PĂ©riodiquement, le Coran interdit l’homosexualitĂ©, pouvant mĂȘme ĂȘtre puni de la peine de mort, mais les sociĂ©tĂ©s musulmanes, de la pĂ©ninsule IbĂ©rique comme dans le reste du monde musulman, ne suivent pas cette rĂšgle. Dans la Risala fi-l-Fiqh, un compendium de droit islamique Ă©laborĂ© par Ibn AbĂź Zayd Al-QayrawĂąnĂź, faqĂźh de l’école du malikisme, Ă©tablit que l’homme qui est Ă©tendu avec un homme majeur et consentant, provoquera la lapidation des deux hommes[18].

De grands hommes d'État comme Abd al-Rahman III, Al-Hakam II, Hicham II et Al Mutamid ibn Abbad ont de jeunes hommes pour amants. Au point que, pour assurer sa descendance, on a dĂ©guisĂ© une jeune femme en garçon pour sĂ©duire Al-Hakam II. Ces coutumes s'Ă©tendent Ă  la noblesse et aux classes Ă©levĂ©es[19]. Pour se faire une idĂ©e du contexte, Abdelwahab Bouhdiba dĂ©crit la situation suivante dans son livre La SexualitĂ© dans l'Islam. Aux alentours de Cordoue, dans les grands jardins appartenant aux palais et aux grands propriĂ©taires, et mĂȘme aux monastĂšres chrĂ©tiens, se jouent des piĂšces de thĂ©Ăątre, des chants et des danses. Lors de ces fĂȘtes, une forme libĂ©rĂ©e de sexualitĂ©, tant hĂ©tĂ©rosexuelle qu'homosexuelle, rĂšgne, parfois avec la prĂ©sence de prostituĂ©s des deux sexes. De fait, Ă  une Ă©poque, la prostitution masculine est rĂ©putĂ©e mieux payĂ©e que la fĂ©minine[19].

Des textes condamnent aussi l'homosexualitĂ© et Ahmad al-Tifachi dans son Nuzhat-al-Albab (Les DĂ©lices des cƓurs) raconte que les hommes qui cherchent d'autres hommes de leur Ăąge ont la vie courte, Ă©tant donnĂ© qu'ils risquent le vol et l'assassinat. Les contes inclus dans le Nuzhat-al-Albab peuvent amener Ă  penser que l'attitude de la sociĂ©tĂ© islamique envers l'homosexualitĂ© peut ĂȘtre alternativement positive, nĂ©gative ou neutre. Selon Colin Spencer, les trois attitudes diffĂ©rentes ont pu coexister Ă  la mĂȘme Ă©poque[11].

Le lesbianisme est également répandu, surtout dans les harems, bien que les relations demeurent gardées secrÚtes, pour éviter qu'elles ne soient récupérées dans des intrigues politiques[11]. Quelques femmes privilégiées d'Al-Ándalus ont accÚs à l'éducation et il existe deux anthologies modernes de poésie écrites par des femmes[20] - [21], dans lesquelles l'amour entre femmes est traité comme allant de soi[19].

Poésie homoérotique

La documentation qui concerne l’homosexualitĂ© durant cette pĂ©riode est plutĂŽt rare. La plus grande partie de l’information provient de la PoĂ©sie homoĂ©rotique hispano-arabe, qui est populaire comme ses Ă©quivalents du Proche-Orient. Cette poĂ©sie est redĂ©couverte en Occident dans les annĂ©es 1920, avec la publication de l’étude sur les PoĂšmes arabo-andalous de Emilio GarcĂ­a GĂłmez[19]. Cette poĂ©sie est habituellement destinĂ©e Ă  de jeunes imberbes de classes infĂ©rieures, esclaves ou chrĂ©tiens, dont la beautĂ© et la grĂące sont louĂ©es en vers, encore qu’il existe plusieurs cas de poĂšmes dĂ©diĂ©s entre hommes adultes[19]. Les jeunes hommes ont l'habitude de s'appeler gacela (« gazelle ») ou corzo (« biche ») et portent souvent un duvet de barbe, ce que les Ă©phĂšbes considĂšrent comme le summum de la beautĂ©[22].

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Parmi les poĂštes, soulignons Ibn Hazm et son livre Collier de la colombe, dans lequel sont regroupĂ©s poĂšmes et anecdotes sur les amours tantĂŽt hĂ©tĂ©rosexuelles tantĂŽt homosexuelles de l’auteur et de ses contemporains. Le livre permet d’entrevoir les habitudes amoureuses dans les cours et dans l’aristocratie andalouse[19]. D’autres poĂštes importants sont le roi de SĂ©ville Al Mutamid ibn Abbad, Ibn Quzman, Ibn Sara As-SantarinĂ­, Ibn Sahl de SĂ©ville et MarĆ· al-Kuáž„l[22].

Par exemple, voici un poĂšme de Muhammad ibn Hani, traduit en espagnol en 1997[23]:

« Mujer, no me injuries.
Ni Hind ni Zaynab[24] me seducen.
Siento inclinaciĂłn, en cambio, por un corzo
cuyas cualidades todos anhelan:
no teme la menstruaciĂłn,
no sufre embarazo
ni ante mí se vela. »

— Ibn Hāni' Al-Andalusī

AprĂšs la dĂ©couverte de la splendeur mĂ©diĂ©vale de la culture juive, grĂące aux Ă©tudes de Hayyim Schirmann et de Norman Roth, l’homoĂ©rotisme et l’homosexualitĂ© trouve une grande importance dans la sociĂ©tĂ© juive de l’époque. La culture juive ibĂ©rique est Ă  son apogĂ©e durant le IXe siĂšcle dans le taĂŻfa de Grenade, Ă©poque oĂč l’homosexualitĂ© s’étend Ă  tel point dans l’aristocratie qu’il est possible de dire que c’est alors quelque chose d’habituel. De fait, dans la culture chrĂ©tienne entre le XIIIe siĂšcle et le XVIIe siĂšcle, le judaĂŻsme est assimilĂ© Ă  la perversion sexuelle et l’homosexualitĂ©, comme en tĂ©moigne la poĂ©sie satirique de l’époque[25].

La poĂ©sie homoĂ©rotique hispano-hĂ©braĂŻque est peu connue car elle est diffusĂ©e surtout en hĂ©breu, une petite partie Ă©tant traduite. Les auteurs, qui dĂ©clament leurs amours autant aux garçons qu’aux hommes adultes, se trouvent parmi les dirigeants de la communautĂ© ou des rabbins comme Salomon ibn Gabirol, Samuel ibn Nagrela, MoĂŻse ibn Ezra et Juda Halevi[25].

Moyen Âge chrĂ©tien

La Reconquista rĂ©introduit la morale chrĂ©tienne dans la sociĂ©tĂ© espagnole, cependant jusqu’à l’arrivĂ©e des rois catholiques rĂšgne une tolĂ©rance relative, surtout au sein des classes aisĂ©es[26]. Paradoxalement, tandis que les musulmans du XIIe siĂšcle critiquent l’affection du clergĂ© chrĂ©tien pour la sodomie[11], la culture chrĂ©tienne considĂšre les musulmans du Sud comme faibles et dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s, prenant pour exemple l’usage de prisonniers chrĂ©tiens comme esclaves sexuels. L’exemple le plus connu est le martyre de saint PĂ©lage de Cordoue qui est exĂ©cutĂ© aprĂšs avoir rĂ©sistĂ© aux avances du calife Abd al-Rahman III[19].

La sociĂ©tĂ©, auparavant relativement libĂ©rale, commence Ă  se modifier au XIIe siĂšcle. Saint Raymond de Peñafort dĂ©finit le terme « contre nature » et dit que toute pratique sexuelle qui ne se rĂ©alise pas entre un homme et une femme avec l’usage des organes appropriĂ©s « doit ĂȘtre rejetĂ©e et, sinon chĂątiĂ©e, doit ĂȘtre condamnĂ©e sĂ©vĂšrement comme un pĂ©chĂ©. » Comment alors Ă  ĂȘtre confondues l’usure, l’hĂ©rĂ©sie, le judaĂŻsme et la sodomie et apparaissent entre 1250 et 1300 les premiĂšres lois condamnant la sodomie Ă  la peine de mort dans presque toute l’Europe. Peu d’élĂ©ments dĂ©montrent que ces lois sont appliquĂ©es Ă  grande Ă©chelle mais elles servent comme arme politique[11].

Les uniques Ă©vidences connues se trouvent dans le royaume de Navarre. En 1290, Ă  Arguedas, est brĂ»lĂ© un Maure pour avoir «avoir couchĂ© avec les autres». En 1345, Juce Abolfaςa et Simuel NahamĂĄn, deux juifs d’Olite sont brĂ»lĂ©s pour avoir commis le pĂ©chĂ© sodomite. Ils sont faits prisonniers et torturĂ©s pour qu’ils avouent, accompagnĂ©s au bĂ»cher par un cortĂšge de 20 personnes et un musicien jouant de la buisine. En 1346 Pascoal de Rojas est brĂ»lĂ© Ă  Tudela pour «hĂ©rĂ©sie avec son corps». On raconte Ă©galement un cas survenu en 1373 d’un domestique dĂ©couvert en dĂ©lit de sodomie avec un autre domestique[27] Au XIIIe siĂšcle, les Sept Parties d’Alphonse X le Sage appliquent la peine de meurtre aux « pĂ©chĂ©s contre nature », incorporant les Ă©lĂ©ments du Code de Justinien qui, comme mentionnĂ© plus tĂŽt, condamne l’homosexualitĂ©.

« La sodomie disent-ils le pĂ©chĂ© que commettent les hommes couchant les uns avec les autres, contre nature et coutume naturelle. Et pourquoi un tel pĂ©chĂ© naĂźt chez tant de mĂąles sur Terre, et c’est une chose qui beaucoup chagrine Dieu avec le [
]. Demandons ici pĂ©nitence [
] et qui peut l’accuser, et avant qui. Et punition mĂ©ritent ceux qui le commettent ou y consentent.
Loi I. Prend le nom de pĂ©chĂ© dit de sodomie, quand des mĂąles en provient. Sodome et Gomorrhe Ă©taient des villes antiques peuplĂ©e de plusieurs hommes, et si grande fut la mĂ©chancetĂ© des hommes qui vivaient entre eux parce que ce pĂ©chĂ© est contre nature, qui fait horreur Ă  Dieu notre seigneur, de façon qui enfonce ces deux villes et les populations qui y habitent [
] Et de cette ville de Sodome, cette merveille tombĂ©e dans ce pĂ©chĂ© qui a pour nom la sodomie, que Dieu [
] Et se doit de prĂ©server tout homme de se donner Ă  l’erreur, puisque naissent de beaucoup d’hommes, injure et diffamation, autant que celui qui le fait [
] pour de telles erreurs choque Dieux notre seigneur sur la Terre, famine et pestilence, et tourments, et les autres hommes si nombreux qu’on ne pourrait les compter.
Titre XXI
Loi II. Qui peut accuser ceux qui commettent le pĂ©chĂ© sodomite, et avant qui, et qui mĂ©rite la peine celui qui le fait et celui qui consent. Chacun du peuple peut accuser les hommes qui sont dans le pĂ©chĂ© contre nature, et ces charges peuvent ĂȘtre produites devant juge contre ceux qui font de telles erreurs. Et fĂ»t-ce prouvĂ© vous devez mourir, aussi bien celui qui le fait que celui qui y consent [
] fusses-tu ende, si quelqu’un parmi ceux qui obĂ©issent Ă  le faire par la force, ou fĂ»t-il mineur de quatorze ans [
] ne doit pas recevoir de peine, puisque ceux qui sont contraints ne sont pas coupables, et puisque les mineurs ne comprennent pas cela est une grave faute que celle qu’ils sont contraints de faire. Cette mĂȘme peine doit ĂȘtre imposĂ©e Ă  tout homme ou toute femme qui joue avec la bĂȘte, doit de plus tuer la bĂȘte pour attĂ©nuer le souvenir de la faute.»|SeptiĂšme partie, titre XXI. «De ceux qui commettent le pĂ©chĂ© de luxure contre nature»
Gregorio López, éd. Las Siete Partidas, tome 3, 1555, page 72. Archivo General Indias[28] »

Un exemple de l’emploi de l’homosexualitĂ© comme arme politique est le procĂšs contre Pons V d'EmpĂșries qui est l’objet de la colĂšre de Jacques II d'Aragon le Juste lorsqu’il refuse d’agir contre les templiers, qui Ă  leur tour avaient Ă©tĂ© dĂ©truits par le roi Philippe IV de France (le Bel), avec le consentement du Pape, grĂące Ă  des accusations d’hĂ©rĂ©sie et de sodomie. Le procĂšs contre l’ordre du Temple est le premier de cette nature dans l’Europe chrĂ©tienne[12].

L’un des premiers homosexuels connus dans les royaumes chrĂ©tiens est l’infant don Jacques d'Aragon, fils de Jacques II d’Aragon[26]. Depuis l’enfance, il est prĂ©vu que l’infant Ă©pouse ÉlĂ©onore de Castille, fille du roi Alphonse XI de Castille, le Justicier. Toutefois, en 1319, l’infant fait part Ă  son pĂšre qu’il renonce Ă  la Couronne et Ă  se marier et qu’il se destine Ă  la vie religieuse. AprĂšs moult discussions, on rĂ©ussit Ă  le convaincre et il se marie Ă  Gandesa le avec ÉlĂ©onore. Cependant, Ă  la fin de la cĂ©rĂ©monie, don Jacques renonce Ă  la couronne Ă  la Cour gĂ©nĂ©rale d’Aragon convoquĂ©e Ă  Tarragone en faveur de son frĂšre Alphonse IV le BĂ©nin et le de la mĂȘme annĂ©e entre au monastĂšre des moines mineurs. L’histoire ne lui pardonne pas cette dĂ©cision et le dĂ©peint comme un libertin irresponsable, malhonnĂȘte et aux idĂ©es viles et basses :

« [
] il paraĂźt avoir renoncĂ© Ă  la dignitĂ© qu’il avait ainsi qu’à la lourde et ennuyeuse charge qu’on attend de lui pour qu’en toute libertĂ© il puisse se livrer Ă  tous genres de vices, selon ce qu’on sait, avec grande indignitĂ© non seulement de sa maison et de son sang, mais aussi la religion qu’il avait professĂ©e
-- Anales de la Corona de Aragón, Jerónimo Zurita[26] »

Un autre homosexuel de lignĂ©e royale est Jean II de Castille[26]. Sa relation avec son prĂ©cepteur et protecteur Álvaro de Luna peut avoir Ă©tĂ© charnelle, comme l’affirme Gregorio Marañón. Don Álvaro, connu pour sa prestance, arrive Ă  avoir une grande influence sur le roi qu’il est nommĂ© connĂ©table de Castille en 1422 en dĂ©pit de l’opposition de la noblesse. La relation avec don Álvaro se termine suit aux pressions de la famille et de la noblesse, jusqu’en 1453 Ă  sa condamnation Ă  mort. L’homosexualitĂ© du roi paraĂźt avoir Ă©tĂ© connue, puisque les nobles rebelles le surnomment puto (« pute »), synonyme de sodomite[26].

Le fils de Jean II, Henri IV de Castille, lui aussi est homosexuel[26]. À l’époque circulent plusieurs rumeurs et critiques sur ses amourettes avec des hommes, par exemple avec Juan Pacheco ou GĂłmez de CĂĄceres, il y a mĂȘme quelques-uns qui fuient la cour pour Ă©viter les avances du roi, comme Miguel de Lucas et Francisco ValdĂ©s. En raison de son incapacitĂ© Ă  consommer le mariage avec sa premiĂšre Ă©pouse Blanche de Navarre (1424-1464), la rumeur de son impotence se rĂ©pand au travers de refrains de mĂ©nestrels et de chansons osĂ©es. Cette situation a d’importantes consĂ©quences historiques puisque lorsque sa seconde Ă©pouse, Jeanne de Portugal, devient enceinte, les actions de nobles opposĂ©s au roi se refusent Ă  croire que Jeanne de Castille est la fille de Henri et surnomment l’enfant « la Beltraneja », pour BeltrĂĄn de la Cueva, prĂ©sumĂ© amant de la reine, ce qui facilite considĂ©rablement l’accession au trĂŽne d’Isabelle Ire de Castille la Catholique[26]. De fait, il est dĂ©trĂŽnĂ© en effigie[19].

Les exemples de Jacques d’Aragon, de Jean II et d’Henri IV montrent que durant cette Ă©poque, en Europe occidentale, l’homosexualitĂ© se vit d’une façon relativement libĂ©rale. C’est prĂ©cisĂ©ment Ă  cette Ă©poque que se dĂ©veloppement les « rites de fraternisation » (Adelphopoiia ou ordo ad fratres faciendum), contrats entre hommes que John Boswell assimile au mariage, encore qu’il n’existe pas de preuves que cela incluait des relations sexuelles entre les contractants[29].

« Nous, Pedro Didaz et Munio Vandiles, contractons et nous lions mutuellement en rapport Ă  la demeure et l’église de Santa MarĂ­a de Ordines, que nous possĂ©dons conjointement et oĂč nous partageons les tĂąches, nous nous chargeons de la visite, de fournir les soins, de dĂ©corer et d’entretenir ses Ă©quipements, de planter et de construire. De mĂȘme, nous partageons les tĂąches d’entretien du jardin et de nous nourrir, nous vĂȘtir et nous soutenir nous-mĂȘmes. Nous convenons de plus qu’aucun de nous de rien Ă  personne sans le consentement de l’autre, en l’honneur de notre amitiĂ©, et que nous diviserons Ă  parts Ă©gales le fruit de la propriĂ©tĂ© pour travail Ă©gal et nous tiendrons nos efforts pour Ă©gaux et avec dignitĂ©. Nous continuerons d’ĂȘtre bons amis avec foi et sincĂ©ritĂ©, et avec les autres personnes nous continuerons d’ĂȘtre autant amis et ennemis tous les jours et toutes les nuits, pour toujours. Et si Pedro meurt avant Munio, il laisse Ă  Munio la propriĂ©tĂ© et les droits. Et si Munio meurt avant Pedro, il lui laisse la maison et les titres[29]. »

Droit et société

À partir du XIVe siĂšcle commencent les premiĂšres persĂ©cutions et exĂ©cutions de masse d’homosexuels en Europe, dans des villes comme Venise, Florence, Ratisbonne, Augsbourg et BĂąle, avec des procĂ©dures qui incluent les dĂ©nonciations anonymes et verbales, la torture comme moyen d’obtenir davantage de noms et le chĂątiment moral et physique, allant jusqu’à la peine de mort[12]. En Castille, les premiĂšres exĂ©cutions pour sodomie ne se pratiquent probablement pas avant 1495[19]. Les rois catholiques modifient et renforcent les lois sur la sodomie avec la Pragmatique de 1497, rompant avec la relative permissivitĂ© de l’époque. Ils haussent la gravitĂ© du crime au niveau de l’hĂ©rĂ©sie et de la trahison, permettant des «conditions attĂ©nuĂ©es d’établissement de la preuve» et institutionnalisant la torture systĂ©matique y compris pour le clergĂ© et la noblesse[28].

« Loi I. D. Fernando et Dña Isabel Ă  Medina del Campo le de 1497. Peine du crime infĂąme; et procĂ©dure d’enquĂȘte et de chĂątiment
Parce qu’entre les pĂ©chĂ©s et dĂ©lits qui offensent Dieu notre Seigneur, et qui infĂąment la Terre, spĂ©cialement les crimes commis contre l’ordre naturel, contre ce que les lois et droits se doivent de combattre par le chĂątiment ce crime infĂąme, indigne d’ĂȘtre nommĂ©, destructeurs de l’ordre naturel, chĂątiĂ© par le jugement divin, dans lequel la noblesse se perd, et le cƓur a peur [
] et s’indigne Ă  en affliger l’homme pestilence et autres tourments sur Terre [
] et parce que les antes de l’agora ne suffisent pas pour extirper, et tout le chĂątiment d’un crime si abominable [
] et de cesse nous aurons de rĂ©frĂ©ner une tache et faute aussi maudite [
]
Nous ordonnons que toute personne, de quelque statut, condition, Ă©minente ou digne, que ce soit, qui commettra ce crime odieux contre nature, convaincu par quelque preuve, qui selon le droit suffit Ă  prouver le crime d’hĂ©rĂ©sie ou le crime laesae Majestatis, que soit brĂ»lĂ© dans les flammes du feu au bĂ»cher, et par la Justice Ă  qui il appartient la connaissance et la punition de tel dĂ©lit [
] et sans quelque autre dĂ©claration, tous ses biens saisis meubles comme terres, lesquels bien sĂ»r nous dĂ©clarons confisquĂ©s, et nous mandatons pour confiscation et application notre Chambre et Fisc [
]. Rois catholiques sur le pĂ©chĂ© infĂąme.
-- Archives Générales de Simancas Lég. 1, num. 4; Titre XXX. De la sodomie et de la bestialité[28] »

Philippe II d’Espagne empire la situation avec sa Pragmatique de 1592, dans laquelle, quoique n’aggrave pas les peines, rĂ©duit les exigences de preuve requises pour l’instruction; Ă  partir de ce moment, un tĂ©moin suffit[28].

« D. Philippe II Ă  Madrid par la Pragmatique de 1592. Preuve privilĂ©giĂ©e de crime infĂąme pour l’imposition de la peine commune.
Par trĂšs justes causes au service de Dieu [
] Ă  la bonne exĂ©cution de notre Justice RĂ©elle, dĂ©sirant extirper de ces royaumes l’abominable et odieux pĂ©chĂ© contre nature, que ceux qui le commettent soient punis [
] sans que puissent Ă©viter ni excuser de la peine Ă©tablie par le Droit, les lois et les Pragmatiques de ces royaumes de n’ĂȘtre suffisant pour prouver ledit crime de ne procĂ©der que par production de tĂ©moins rĂ©pondants attendu un si grand mal et abomination et par nature de trĂšs difficile preuve;
nous ordonnons, qu’en notre Conseil confĂ©rĂ© et s’agissant sur la solution juridique qui peut fournir, pour que ceux qui les commettent soient punis, bien que ledit ne puisse ĂȘtre prouvĂ© par des tĂ©moins, sinon par d’autres moyens Ă©tablis et approuvĂ©s en Droit, desquels peut se rĂ©vĂ©ler assez probant pour pouvoir s’imposer en la peine ordinaire [
]
nous ordonnons que le pĂ©chĂ© est prouvĂ© par trois tĂ©moins singuliers majeurs quoique chacun d’eux demeure un acte particulier et distinct, ou par quatre, bien qu’ils participent au dĂ©lit, ou souffrent d’autres fautes quelconques qui ne soient pas d’inimitiĂ© capitale, ou pour les trois, bien que subissant la faute, y ayant Ă©tĂ© Ă©galement participants [
] se tienne pour preuve suffisante; et laquelle se juge [
] de la mĂȘme maniĂšre que si elle Ă©tait prouvĂ©e avec des tĂ©moins rĂ©pondants, qui dĂ©posent du mĂȘme fait.
-- NovĂ­sima recopilaciĂłn des Lois d’Espagne, Livre XII, Titre XXX (loi 2. tit. 221, liv. 8 R)[28] »

Ces sentences sont prononcĂ©es autant par la cour de Madrid que par des cours municipales comme Ă  Malaga ou SĂ©ville. Par exemple entre 1567 et 1616 Ă  SĂ©ville sont envoyĂ©es au bĂ»cher 71 personnes pour sodomie. En gĂ©nĂ©ral, les cours d’Aragon et d’Andalousie sont plus souples qu’en Castille en matiĂšre de persĂ©cution de l’homosexualitĂ©. Il y a d’ailleurs des indices d’un ghetto Ă  Valence[30]. Au cours du XVIe siĂšcle, les quelques cas de femmes lesbiennes moralistes (par exemple Antonio GĂłmez) indiquent que la sodomie entre femmes au moyen d’un objet est punissable du bĂ»cher, encorĂ© que l’absence d’objet est considĂ©rĂ©e comme une circonstance attĂ©nuante qui rend inutile la peine de mort. Toutefois, peu nombreux sont les cas connus de sodomie entre femmes sans l’usage d’objet. Un cas cĂ©lĂšbre est celui de Catalina de Belunza y Mariche, accusĂ©es de sodomie par le procureur gĂ©nĂ©ral de Saint-SĂ©bastien et acquittĂ©es en appel par le tribunal suprĂȘme inquisiteur de Madrid[31].

« [
] se pĂ©nĂ©trer comme s’il y avait un homme et une femme dĂ©nudĂ©s, dans le lit, s'enlaçant et s'embrassant, l’une dans le ventre ou la panse de l’autre, un crime qui est perpĂ©trĂ© en de nombreuses et diverses occasions.
-- Accusation du procureur gĂ©nĂ©ral de Saint-SĂ©bastien dans l’affaire Catalina de Belunza et Mariche[31] »

Durant la Renaissance europĂ©enne et les LumiĂšres, hommes et femmes passent une grande partie de leur vie sĂ©parĂ©s de l'autre sexe, ce qui facilite les relations affectives entre personnes du mĂȘme sexe. Bien qu'on puisse voir tous types de liens et de relations, une majoritĂ© paraissent ĂȘtre entre jeunes et hommes mĂ»rs. Les procĂšs pour sodomie impliquent des personnes effrayĂ©es et qui n’identifient pas la sodomie avec ce qu'ils font. De fait, plusieurs dĂ©fendent vĂ©hĂ©ment leurs actes, affirmant qu’ils sont des plus courants. Les relations se dĂ©roulent souvent dans des bains publics et des auberges[12]. À Madrid, environ 70 % des accusĂ©s de sodomie sont surpris dans les parcs ou bains publics, Ă©tant les endroits du Paseo de la Castellana les plus frĂ©quentĂ©es. Du reste, la majoritĂ© sont des hommes qui partagent un mĂȘme logement[32].

Dans toute l’Europe les relations homosexuelles sont souvent masquĂ©es en amitiĂ©s. Ce type d’amitiĂ© idĂ©alisĂ©e, dĂ©crite par Montaigne dans ses Essais[33] est trĂšs diffĂ©rente de l’image moderne du mĂȘme terme. Cette amitiĂ©, qui se donne surtout dans les classes Ă©levĂ©es de la sociĂ©tĂ© et dans les cours royales et papales, se dĂ©crit avec les mĂȘmes caractĂšres que l’amour et s’entretient dans les jeux des intrigues politiques et de pouvoir[12]. En Espagne, Gaspar de GuzmĂĄn ordonne que soient Ă©liminĂ©es les serrures dans les dortoirs du palais royal de Madrid pour que les inspecteurs puissent s'assurer que personne ne commette d’actes homosexuels parmi les centaines de serviteurs et fonctionnaires[32].

Le lesbianisme est aussi connu en Europe et en partie, surtout entre les femmes plus cultivĂ©es et de classes sociales plus Ă©levĂ©es, suivant les modĂšles de l’amitiĂ© homosexuelle masculine. Dans les couches sociales plus humbles, il est courant que les femmes vivent seules en groupes avec d’autres femmes, surtout les plus pauvres, ou dans des rĂ©sidences de nobles, oĂč les servantes dorment souvent en groupes divers, incluant la dame de la maison et les dames de compagnie. Ce type de situation permet une grande intimitĂ© entre femmes. Il y a Ă©galement des indications de rapports entre femmes chez les prostituĂ©es et les prisonniĂšres[12].

Inquisition

L’Inquisition mĂ©diĂ©vale persĂ©cute les homosexuels, pour dĂ©lit qui se nomme sodomie et qui, suivant la pensĂ©e de l’époque, reprĂ©sente le crime contre la moralitĂ© par excellence. En Espagne, le crime est puni de la castration ou de la lapidation[34]. Avec la crĂ©ation de l’Inquisition espagnole et les changements sociaux et politiques introduits par les Rois catholiques, la condamnation pour sodomie est le bĂ»cher et la confiscation des propriĂ©tĂ©s dans les cas plus graves et aux galĂšres, au fouet, Ă  l’exil, Ă  la rĂ©clusion[35] Ă  l’amende et aux travaux forcĂ©s dans les cas moins graves. La torture est employĂ©e lors des interrogatoires, sauf pour les moins de 20 ans. Entre 1566 et 1620 sont torturĂ©s un minimum de 851 accusĂ©s, sur un total de 3 661[36]. La nouvelle Inquisition continue de juger pour sodomie jusqu’en 1509, alors que la Suprema ordonne que le crime doit ĂȘtre persĂ©cutĂ© seulement lorsqu’il y a indice d’hĂ©rĂ©sie. En consĂ©quence, l’Inquisition de Castille cesse de traiter le crime sauf quelques exceptions[37]. toutefois, l’Inquisition de la Couronne d'Aragon, Ă  l’exception de Majorque et de la Sicile, grĂące Ă  une bulle papale concĂ©dĂ©e le par ClĂ©ment VII, retournant au principe de sodomie comme faute indĂ©pendante de sa relation avec l’hĂ©rĂ©sie[38]. L’Inquisition aragonaise prĂ©serve ces pouvoirs y compris devant les protestations Ă©levĂ©es par les cours de MonzĂłn en 1533[34]. Dans le cas des esclaves, ils sont nĂ©anmoins condamnĂ©s Ă  l’exil, mĂȘme lorsqu’ils sont dĂ©clarĂ©s innocents[36].

Les tribunaux aragonais sont plus stricts avec les « sodomites », ce qui comprend tant les hommes que les femmes. Le pĂ©chĂ© de sodomie comprend le sexe anal, tant homosexuel qu’hĂ©tĂ©rosexuel, la bestialitĂ© et la pĂ©nĂ©tration des femmes avec des objets. Les gens jugĂ©s pour sodomie, au contraire des personnes reconnues coupables de bestialitĂ©, qui sont souvent pauvres et ignorantes, sont nĂ©anmoins des membres du clergĂ© et des personnes de haute sociĂ©tĂ©, traitĂ©es avec davantage de clĂ©mence[34]. Plusieurs des actes sont commis contre des adolescents et la plupart des accusĂ©s sont des Ă©trangers, italiens ou français, ou des curĂ©s venus des autres rĂ©gions du pays. Dans le royaume d’Aragon, les jugements doivent tenir compte du droit local, ce qui fait que les noms des personnes impliquĂ©es sont publiques et que les cas d’innoncentements sont frĂ©quents[39].

Aux tribunaux de Barcelone, de Valence et de Saragosse, 12 % des personnes jugĂ©es par l’Inquisition sont condamnĂ©es Ă  mort par le bĂ»cher; le nombre de jugements est de quelques milliers entre 1570 et 1630[39]. Celui de Saragosse est particuliĂšrement sĂ©vĂšre et entre 1571 et 1579 y sont jugĂ©es 543 personnes pour sodomie, dont 102 exĂ©cutĂ©es[34]. À Valence[40], de 1566 Ă  1775 sont jugĂ©es au total 359 personnes, desquelles 37 sont relĂąchĂ©es[41] 50 condamnĂ©es aux galĂšres, 60 au fouet, 67 Ă  l’exil, 17 Ă  la rĂ©clusion, 17 Ă  l’amende, 10 aux travaux forcĂ©s et dans 62 cas, le procĂšs est suspendu ou l’accusĂ© est absous[36].

Antonio PĂ©rez, sur une gravure de 1791 (BibliothĂšque nationale d’Espagne, Madrid).

Le cas le plus retentissant est celui de Pedro Luis GarcerĂĄn de Borja, marquis de Navarre, fils du duc de Gandie, frĂšre de saint François Borgia et grand maĂźtre de l’ordre de Montesa, qui est arrĂȘtĂ©, accusĂ© et dĂ©clarĂ© coupable en 1572 par le tribunal de Valence. Il apparaĂźt que Pedro Luis Garceran de Borja est amoureux quelque peu avant de MartĂ­n de Castro, une crapule s’adonnant Ă  la prostitution et au proxĂ©nĂ©tisme, aussi bien avec les hommes qu’avec les femmes, et qu’il est surpris au lit avec le comte de Ribagorce, Jean II de Ribagorce d’Aragon. MartĂ­n de Castro, avant d’ĂȘtre exĂ©cutĂ© en 1574, dĂ©nonce Pedro Luis Garceran de Borja, livrant des dĂ©tails scabreux et dĂ©montrant sa nature peu scrupuleuse. Garceran de Borja, qui est vice-roi et capitaine gĂ©nĂ©ral des royaumes de Tlemcen, Tunisie, Oran et Mers el-KĂ©bir, se voit compromis par la crise interne qui agite l’ordre de Montesa, divisĂ©e en factions, et pour les inimitiĂ©s crĂ©Ă©es par la promotion de favoris. Philippe II d’Espagne, qui est consultĂ© par l’Inquisition quant Ă  l’opportunitĂ© du jugement, dĂ©cide d’utiliser le procĂšs pour donner une leçon Ă  la noblesse lĂ©vantique, neutralisant l’alliance des Borja avec la famille royale portugaise. GarcerĂĄn de Borja est condamnĂ© Ă  10 ans de rĂ©clusion au couvent de Montesa et Ă  un amende de 6 000 ducats, Ă  raison de 1 000 ducats par annĂ©e. NĂ©anmoins, dĂ©jĂ  en 1583, Garceran de Borja, aprĂšs quelques disputes quant Ă  la succession du grand maĂźtre Ă  l’ordre de Montesa, s’attire la sympathie du roi et nĂ©gocie le rattachement Ă  la Couronne du dernier ordre encore indĂ©pendant. En retour, il obtient la Commission de Calatrava et en 1591 est nommĂ© vice-roi de Catalogne, dĂ©cĂ©dĂ© en 1592[26].

Une autre cas important, aux consĂ©quences historiques importantes, est celui d’Antonio PĂ©rez, ministre de Philippe II. Antonio PĂ©rez, connu comme le « beau garçon » Ă  Madrid, devient apprĂ©ciĂ© du roi grĂące Ă  l’influence de Rui Gomes da Silva, prince d’Eboli, son amant. AprĂšs ĂȘtre tombĂ© en disgrĂące auprĂšs du roi, PĂ©rez se rĂ©fugie en Aragon, oĂč l’Inquisition l’accuse, entre autres, de sodomie. L’accusation est confirmĂ©e en 1591 par l’Inquisition de Madrid, qui interroge et torture le page AntĂłn Añón jusqu’à la mort. D’autres cas cĂ©lĂšbres de l’époque incluent Antonio Manrique, le prince d’Ascoli, Fernando de Vera y Vargas, corregidor de Murcie, Luis de Roda, Vicente de Miranda et Diego LĂłpez de ZĂșñiga, recteur de l’universitĂ© de Salamanque[26].

HomosexualitĂ© dans l’art

Par ailleurs, c’est Ă©galement l’époque de la Renaissance alors qu’est redĂ©couvert l’hĂ©ritage grec et romain. L’homoĂ©rotisme et les histoires Ă  contenu homosexuel, comme celles de GanymĂšde et de Zeus ou celles d’Apollon et de Hyacinthe, arrivent depuis l’Italie par des artistes hĂ©tĂ©rosexuels ou homosexuels tels LĂ©onard de Vinci, Michel-Ange, Benvenuto Cellini, Le Caravage ou Giovanni Antonio Bazzi, dit le Sodoma[22].

L’association entre Italien et sodomite est une constante du siĂšcle d'or espagnol et persiste jusqu’au XXe siĂšcle, alors que Gregorio Marañón impute l’homosexualitĂ© d’Antonio PĂ©rez Ă  son passĂ© en Italie[26]. Comme l’exprime Luis de GĂłngora[22] : « Que les GĂ©nois et le Tage
par n’importe quel Ɠil entrent bien[22] »
Dans la littĂ©rature du siĂšcle d’Or abondent Ă©galement les moqueries, les plaisanteries et les attaques contre les sodomites[22] Par exemple, quelques lignes de Francisco de Quevedo y Villegas[42] :

« Ultime disgrĂące : Finalement, tant de disgrĂące est le postĂ©rieur qui Ă©tant de tous les membres du corps qui se sont reposĂ©s et se reposent plusieurs fois, les yeux du visage rĂ©joui du beau, le nez des bonnes odeurs, la bouche de la saveur et du baiser de l’amant, la langue batifolante entre les dents, charme avec le rire, conversant et prodigue une fois qu’il aima se reposer le pauvre cul ils le brĂ»lent Gracias y desgracias del ojo del culo --- Francisco de Quevedo y Villegas[42] »

Le monde du thĂ©Ăątre est particuliĂšrement suspect. Les Ɠuvres traitent des thĂšmes contraires aux bonnes maniĂšres, oĂč les hommes et les femmes s’habillent avec des vĂȘtements et agissent comme le sexe opposĂ©, comme dans le cas de l'Ɠuvre Le palais honteux de Tirso de Molina, oĂč le personnage de Serafina recherche l’amour autant des hommes que des femmes. Sont nombreuses les Ɠuvres oĂč des femmes se vĂȘtent comme des hommes pour bĂ©nĂ©ficier des privilĂšges rĂ©servĂ©s Ă  la gent masculine. Tout au long des XVIe et XVIIe siĂšcles, plusieurs lois sont Ă©dictĂ©es afin de freiner ces excĂšs et exigent, par exemple, que les directeurs s’informent de l’état civil des acteurs, que les Ă©pouses des acteurs mariĂ©s assistent aux reprĂ©sentations, que les rĂŽles des femmes soient jouĂ©s par des garçons ou par des femmes, que les hommes ne soient pas costumĂ©s en femmes, et ainsi de suite[32].

La pression sociale et les consĂ©quences lĂ©gales amĂšnent de nombreux homosexuels Ă  cacher leur orientation[43]. À propos de Miguel de Cervantes, Daniel Eisenberg, analysant son Ɠuvre, conclut qu’il n’est pas homosexuel, bien que non plus hĂ©tĂ©rosexuel, dans leurs acceptions contemporaines. Il pourrait ĂȘtre qualifiĂ© de bisexuel, bien que ces termes ne sont pas usitĂ©s Ă  l’époque[44].

Góngora fait l’objet de plusieurs rumeurs à Madrid.

À Madrid, plusieurs potins circulent Ă  propos de Luis de GĂłngora. Sa poĂ©sie comporte plusieurs descriptions de la beautĂ© masculine[22].

« Contre don Luis de Góngora et sa poésie
Ce cyclope, non sicilien,
Du microcosme, oui, orbe dernier ;
Ce visage antipode dont la zone
HĂ©misphĂšre se divise en terme italien ;

Ce cercle vivant en tout plan
Lequel, étant seulement zéro,
Multiplie et partage entiĂšrement
Tout bon comptable vénitien ;

Le minocule oui, mais visage aveugle ;
La fente velue d’une toison
Ce sommet du vice et de l’insulte ;

Ceci, oĂč aujourd'hui les pets sont sirĂšnes,
Ceci est le cul, chez Góngora et chez l'homme cultivé,
Qu’un bougre reconnaĂźtrait Ă  peine. — Francisco de Quevedo y Villegas[45] »

En ce qui a trait Ă  Juan de Tassis, comte de Villamediana et ami de GĂłngora, les historiens Narciso Alonso CortĂ©s et Gregorio Marañón indiquent qu’il y a un procĂšs post mortem pour sodomie, prĂ©sent dans la documentation auparavant disponible dans les Archives gĂ©nĂ©rales de Simancas, mais aujourd’hui disparu[26]. Fernando Bruquetas de Castro, dans son livre Reyes que amaron como reinas (Les rois qui aiment comme les reines), arrive Ă  la conclusion que l’assassinat de Villamediana peut ĂȘtre dĂ» au fait qu’il en sait trop sur les vellĂ©itĂ©s de l’homosexualitĂ© de Philippe IV d'Espagne[26]. Son assassinat mystĂ©rieux dĂ©clenche une persĂ©cution des homosexuels dans les cercles proches. Le premier est le fils du comte de Benavente, dĂ©noncĂ© par Diego EnrĂ­quez, un parent, par jalousie les deux Ă©tant prĂ©tendants du mĂȘme homme. D’autres sont Luis de CĂłrdoba, fils aĂźnĂ© du comte de Cabra exĂ©cutĂ© au lacet Ă©trangleur, et Diego GaytĂĄn de Vargas, procureur de Cortes prĂšs de Salamanque[26].

La sƓur Juana InĂ©s de la Cruz apparaĂźt elle aussi lesbienne, sur la base des amitiĂ©s intenses avec diffĂ©rentes femmes, dont elle exalte la beautĂ© dans sa poĂ©sie : « Moi, ainsi, ma bien-aimĂ©e Filis, / qui ta divinitĂ© rĂ©vĂšre, / qui ton dĂ©dain idolĂątre / et qui ta rigueur vĂ©nĂšre : [
] Être femme au loin / n’est pas obstacle Ă  mon amour; / car sais-tu les cƓurs / ignorent la distance et le sexe. »[22]. La relation entre MarĂ­a de Zayas, romanciĂšre, et Ana Caro de MallĂ©n, dramaturge et essayiste. Les deux vivent ensemble Ă  Madrid, gagnant leurs vies comme Ă©crivains, indĂ©pendantes de tout homme. Les journaux, lettres et commentaires de contemporains comme Alonso de Castillo SolĂłrzano, et les spĂ©cialistes modernes, comme Maroto Camino, amĂšnent Ă  penser qu’elles forment un couple qui exprime son amour tant spirituel que physique[32].

Parmi les comĂ©diens, de Cosme Perez (es), plus connu sous le nom de Juan Rana, on dit Ă  son Ă©poque qu’il est arrĂȘtĂ© pour le « pĂ©chĂ© odieux », puis est libĂ©rĂ©. Comme « bouffon d’intermĂšde » il devient cĂ©lĂšbre, qu’on Ă©crit 44 Ć“uvres pour lui, dont : El doctor Juan Rana de Luis Quiñones de Benavente, Juan Rana poeta d’Antonio de SolĂ­s y Ribadeneyra, Juan Rana mujer de JerĂłnimo de CĂĄncer y Velasco (es) ou El triunfo de Juan Rana de Pedro CalderĂłn de la Barca. À partir de ces Ɠuvres on en dĂ©duit que l’acteur devait ĂȘtre maniĂ©rĂ© et jouer avec l’ambiguĂŻtĂ©, ce qui lui amĂšne autant de succĂšs[46].

Transition vers l’époque contemporaine

Portait de Goya Ă  son ami MartĂ­n Zapater (1797).

La condamnation des homosexuels se poursuit jusqu’à la moitiĂ© du XVIIe siĂšcle, aprĂšs quoi il n’y a plus d’exĂ©cutions publiques. Cela s’explique par un changement de la sensibilitĂ© de la sociĂ©tĂ© espagnole et europĂ©enne et par le dĂ©sir d’éviter la publicitĂ© de l’acte sexuel : on prĂ©fĂšre envoyer les accusĂ©s aux galĂšres ou Ă  l’exil, Ă©vitant un autodafĂ© public. À compter du XVIIIe siĂšcle seuls quelques cas importants sont jugĂ©s.

AprĂšs les annĂ©es 1630, la politique de chĂątiment de l’Inquisition se modifie Ă©galement, le nombre d’arrestations et de condamnations aux galĂšres, la torture et le fouettage diminue et augmente le nombre de bannissements, d’amendes, de travaux forcĂ©s et de suspensions. On passe de la politique de rĂ©duction par la terreur Ă  l’exclusion pure et simple. Les exils, qui forment 28,8 % des condamnations connues, peuvent ĂȘtre temporaires ou permanentes et rĂ©fĂšrent habituellement au territoire de la juridiction de la cour quoique dans le cas d’étrangers, ils sont expulsĂ©s d’Espagne[36].

Fernando Bruquetas de Castro explique une partie de l’histoire de l'Espagne, en particulier l’ascension de Manuel Godoy et l’invasion française, par l’homosexualitĂ© de Charles IV. À l’époque il est de notoriĂ©tĂ© publique que Godoy est l’amant de la reine Marie-Louise de Bourbon-Parme mais Bruquetas considĂšre que Godoy a Ă©galement une liaison avec le roi. Ce serait la seule façon d’expliquer les actions et rĂ©actions de Charles IV : « [
] est gai ou stupide ou les deux ». Cependant, divers historiens comme Juan BalansĂł ou Emilio CalderĂłn attĂ©nuent l’importance de la relation sentimentale entre Godoy et Marie-Louise pour expliquer son ascension[26].

Le peintre Francisco de Goya peut avoir eu une relation homosexuelle ou homoĂ©rotique. Selon l’historienne de l’art Natacha Seseña, ses lettres Ă  son ami intime et comptable MartĂ­n rĂ©vĂšlent une relation homoĂ©rotique[47] - [48]. Quelques lettres demeurĂ©es inĂ©dites jusqu’en 2004 l’illustrent :

« Mon MartĂ­n, avec tes lettres tu me troubles
 je m’arracherais Ă  aller avec toi car autant que je t’aime et que mon gĂ©nie il n’est possible de trouver un autre et je crois que ma vie serait puissions-nous ĂȘtre ensemble, chasser, locher et me porter mes vingt-trois rĂ©als que j’ai avec paix saine et en ta compagnie me paraĂźtrait le plus grand bonheur au monde, et en rĂ©alitĂ© il n’y a d’autre chose que dĂ©sirer en ce monde avec qui si tu m’écris de cette maniĂšre me crĂšves et me fais passer quelques instants Ă  me parler seul et avec toi des heures (
) »

« celui qui t’aime plus que tu ne le penses » ou « Ă  toi et encore Ă  toi, ton Paco Goya » sont quelques-unes des expressions qui se trouvent dans ces lettres[49].

XIXe siÚcle et début du XXe siÚcle

Au dĂ©but du XIXe siĂšcle se rĂ©pandent les idĂ©es du libĂ©ralisme et du panenthĂ©isme venant d’Allemagne et d’autre pays europĂ©ens. ConsĂ©quemment, Ă  partir de 1822, la loi espagnole est modifiĂ©e pour retirer la sodomie entre personnes majeures de la liste des crimes. Cette particularitĂ© perdure lors des diffĂ©rentes modifications subsĂ©quentes apportĂ©es au code pĂ©nal jusqu’à aujourd’hui[50], Ă  l’exception de la pĂ©riode franquiste.

En 1901 a lieu en Espagne le premier mariage entre personnes de mĂȘme sexe dont il demeure trace au registre. Le , Marcela et Elisa, deux femmes, se marient Ă  La Corogne alors que l’une d’elles se fait passer pour un homme[51]. Le subterfuge est dĂ©couvert et elles doivent fuir l’Espagne, ne pouvant trouver d’emploi, en raison du systĂšme judiciaire les recherchant pour les juger et des insultes homophobes[51].

L’écrivain espagnol homosexuel le plus connu est sans doute Federico GarcĂ­a Lorca.

Parmi les politiques et dirigeants espagnols du XIXe siĂšcle se trouvent don François d'Assise de Bourbon, roi consort d’Isabelle II de mĂȘme que Emilio Castelar y Ripoll[26]. L’homosexualitĂ© du premier est notoire. Il existe de nombreuses anecdotes Ă  ce propos et Ă  Madrid circulent diverses chansons:

« Sabayon mignon
qui est de pastafrola,
urine accroupie,
comme une dame. – ‘’Anonyme’’[26] »

L’HomosexualitĂ© de Castelar est moins connue, bien que les journaux de l’époque le surnomment la «doña InĂ©s del Tenorio». Bruquetas de Castro relate une tendre histoire d’amour avec JosĂ© LĂĄzaro Galdiano (es), qui se termine en raison de leur diffĂ©rence d’ñge[26]. Vers la fin du XIXe siĂšcle ont lieu des bals relativement publics Ă  Madrid et Ă  Barcelone, comme celui en 1879 Ă  La Alameda, sur la rue Alameda Ă  Madrid, le dernier jour de carnaval, oĂč se prĂ©sentent «plus de cent sodomites vĂȘtus d’élĂ©gantes robes et portant de riches bijoux. Tout ceci disparaĂźt au dĂ©but du XXe siĂšcle; il est possible que les lois sur les mƓurs publiques ont amenĂ© les homosexuels Ă  se rencontrer dans des clubs privĂ©s et des maisons de particuliers. Les informations sur cette sous-culture parvenant des criminalistes et des mĂ©decins, lesquels suivent la pensĂ©e des intellectuels de l’époque, hostiles aux homosexuels. Des « baptĂȘmes » d’homosexuels sont cĂ©lĂ©brĂ©s, que Teodoro Yåñez dĂ©crit en 1884 ainsi: «[En ces jours dĂ©terminĂ©s sont admis de nouveaux membres dans le club
] et depuis [sic] d’attester ne pas avoir connu d’homme [sic] avec deux tĂ©moins, s’habillant d’une tunique blanche et une couronne d’oranger, se promenant dans l’enceinte, faisant ainsi l’un d’eux la premiĂšre introduction [sic].»[52]. D’autres cĂ©rĂ©monies semblables prennent la forme de « mariages » ou de « salles d’accouchement » :

« La cĂ©rĂ©monie de la salle d’accouchement est compliquĂ©e et varie selon chaque cas. Elle se cĂ©lĂšbre dans des lieux de rencontre, quelques-uns cĂ©lĂšbres. ApparaĂźt un uraniste en tenue fĂ©minine, le ventre bombĂ©, marchant pĂ©niblement. Le pseudo mĂ©decin et le groupe d’amis et parents, alarmĂ©s, l’oblige Ă  s’allonger sur le lit, lui prodiguant tous les soins, le rafraĂźchissant avec des lingettes humides sur le front et les tempes, survenant enfin, aprĂšs un long combat simulĂ© et au milieu de grands cris, la mise au monde de la poupĂ©e, qui est immĂ©diatement prĂ©sentĂ©e au sĂ©nat officieux d’expectants. La joie la plus vive s’exprime dans les visages, le vin coule Ă  flots, la frĂ©nĂ©sie du dĂ©sir s’empare enfin du groupe grotesque. ---Bernaldo de QuirĂłs y Llanas Aguilaniedo, La mala vida en Madrid (1901), p. 273[52] »

Les cabarets et les revues sont des centres majeurs d’immoralitĂ©, surtout pendant la mode lascive. Le cafĂ©-concert permet Ă©galement le travestissement[53], par exemple Edmond de Bries, qui crĂ©e la chanson Tardes del Ritz d’Alvaro Retana (es) en 1923. Quelques chansons traitent de l’homosexualitĂ©, encore que toujours sous forme de dĂ©rision et d’humour, comme El peluquero de señoras (Coiffeur pour dames) ou ÂĄAy Manolo!, chantĂ© par Mercedes Seros (es)[53] - [54].

« Un poussin de ceux qui portent
Le duvet jusqu’aux pattes
De cette façon parle au coiffeur
Avec un brin de timidité :
Je veux que vous me fassiez une coiffure
Avec la raie au milieu, en deux cÎtés,
Qui fusse ainsi du style
De ClĂ©o de MĂ©rode » [
]
Il n’y a pas un batteur dans la ville
Qui peigne avec tant de douceur
« À personne jamais je ne laisserai
Aller dans ma tĂȘte plus que vous »
Et avec grand amour il lui dit ainsi
rempli de honte : « Que si! »
--- J. J. Cadenas, El peluquero de señoras »

Plus Ă©lĂ©gants sont le CafĂ© de Levante et le CafĂ© del Vapor Ă  Madrid ou dans le quartier Chino Ă  Barcelone. De fait, comme dans les autres pays, il existe une certaine identification de l’aristocratie avec l’homosexualitĂ©, par exemple le «MarquĂ©s de BradomĂ­n», dans «EstĂ­o» de RamĂłn MarĂ­a Valle InclĂĄn, ou Antonio de Hoyos y Vinent (es)[52]. L’un des pĂŽles de la vie homosexuelle en Espagne dans les annĂ©es 1920 et 1930 est la rĂ©sidence d'Ă©tudiants de Madrid, qui souscrit Ă  l’Institution libre d'enseignement de Francisco Giner de los RĂ­os et au krausisme. Quelques Ă©tudiants sont des homosexuels notoires, comme c’est le cas de Federico GarcĂ­a Lorca[55]. Lorca fait partie du noyau d’homosexuels de la GĂ©nĂ©ration de 27, qui comprend aussi Luis Cernuda, Juan Gil-Albert (es), Emilio Prados, Vicente Aleixandre et Rafael de LeĂłn (es). À ce groupe de poĂštes devrait s’ajouter le nom de Salvador DalĂ­[56].

Dans le domaine du sport, Rafael RodrĂ­guez RapĂșn, jeune joueur de l'AtlĂ©tico Madrid, acteur de thĂ©Ăątre de la Barraca et militaire rĂ©publicain espagnol, compagnon du poĂšte Federico GarcĂ­a Lorca, meurt au front pendant la guerre d'Espagne[57]. Il est, selon l'historien irlandais Ian Gibson « le plus profond amour de Lorca ». Il est possible que l'Ɠuvre Sonetos del amor oscuro soit inspirĂ©e de cette relation. D'autres sources citent l'Ă©crivain Juan RamĂ­rez de Lucas[58].

Il y a Ă©galement le Cercle saphique de Madrid, lieu de rencontre et de sororitĂ©. Peuvent s’y rĂ©unir des femmes comme Carmen Conde, Victorina DurĂĄn, Matilde Ras, l'Ă©crivaine Elena FortĂșn, personnalitĂ© de la littĂ©rature lesbienne contemporaine[59], la journaliste Irene Polo ou LucĂ­a SĂĄnchez Saornil. SĂĄnchez Saornil est la seule qui ose publier des poĂšmes homoĂ©rotiques. À Barcelone, il faut mentionner Anna Maria MartĂ­nez Sagi[60] et Carmen TĂłrtola Valencia[61].

Quelques livres abordant les thĂšmes homosexuels sont publiĂ©s, la plupart de l’étranger. En 1930, le traducteur Emilio GarcĂ­a GĂłmez publie Poemas arĂĄbigo-andaluces (PoĂšmes arabo-andalous), issus de la tradition homoĂ©rotique andalouse, qui contient des illustrations du coĂŻt anal. Luis Cerduna compose des poĂšmes homoĂ©rotiques dans ses recueils Donde habite el olvido (D’oĂč l’oubli) (1934), El marinero joven (Le Jeune Marin)(1936) et Los placeres prohibidos (Les Plaisirs interdits) (1936), lesquels connaissent un certain succĂšs Ă  l’époque[55]. GarcĂ­a Lorca ne peut publier Sonetos del amor oscuro (Sonnets de l’amour obscur), qui demeurent cachĂ©s par la famille et finalement publiĂ©s en 1984.

L’homosexualitĂ©, bien que non criminelle, demeure persĂ©cutĂ©e et marginalisĂ©e par la sociĂ©tĂ© espagnole, particuliĂšrement dans les segments plus conservateurs et ultracatholiques de l’Église. L’homophobie est employĂ©e par la gauche pour attaquer l’aristocratie et l’église catholique, par exemple son usage dans l’Ɠuvre A.M.D.G. de RamĂłn PĂ©rez de Ayala, Ellas y ellos o ellos y ellas (Elles et ils ou ils et elles) de Carmen de Burgos ou Las locas de postĂ­n d’Álvaro Retana (es)[56]. Cependant, ceux qui contribuent le plus Ă  la marginalisation et au rejet des homosexuels sont les mĂ©decins. Au cours du XIXe siĂšcle, la criminologie a converti l’homosexuel en un monstre, opinion qu’une large diffusion et l’abandon du fardeau moralisateur attĂ©nue sur une longue pĂ©riode au XXe siĂšcle. Au tournant du siĂšcle, en Espagne domine la vision endocrinologique du phĂ©nomĂšne, qui sĂ©pare les homosexuels en bons (les chastes) et mauvais. Une vision typique des annĂ©es 1920 dit que « en gĂ©nĂ©ral, l’homosexualitĂ© ne s’observe pas plus que chez les individus tarĂ©s du point de vue psychopatique ou biologique ». Le plus reprĂ©sentatif de ce type de position est Gregorio Marañón; plus objectif que la plupart, il s’oppose Ă  la criminalisation mais prĂ©conise la dissimulation et, comme tel, peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme l’ancĂȘtre de l’Homophobie libĂ©rale moderne[56]. Cet environnement rĂ©pressif amĂšne certains Ă  s’exiler Ă  Paris[55].


Guerre civile et franquisme

AprĂšs le triomphe du Front populaire aux Ă©lections de , son Ă©chec partiel Ă  la gouvernance amĂšnera le soulĂšvement nationaliste des 17 et 18 juillet 1936 contre la Seconde RĂ©publique puis la guerre civile. Bien qu’il n’y ait pas de preuve de la persĂ©cution contre les homosexuels du seul fait de l’ĂȘtre, il apparaĂźt que l’homosexualitĂ© puisse alors ĂȘtre un facteur favorisant l’incarcĂ©ration ou l’exĂ©cution. Un exemple est le poĂšte Federico GarcĂ­a Lorca, homosexuel ayant avouĂ© avoir appuyĂ© dans un manifeste le Front populaire et qui est exĂ©cutĂ© par les nationalistes car « rouge et tapette » tel que le justifie Ruiz Alonso, typographe catholique et chef de la bande qui dĂ©tient Lorca[62] - [63].

Plaque commémorant les prisonniers homosexuels durant le franquisme dans la vieille prison provinciale de Huelva.

Au dĂ©but du rĂ©gime du gĂ©nĂ©ral Francisco Franco, le gouvernement poursuit et Ă©limine toute dissidence politique, mais avec le temps et l’attĂ©nuation des menaces contre le franquisme, commence la persĂ©cution de l’homosexualitĂ© sous une forme plus affirmĂ©e, la chasse aux dĂ©nommĂ©es « violetas » (violettes), particuliĂšrement Ă  partir du , alors que la loi sur les fainĂ©ants et les malfaiteurs[64] est modifiĂ©e pour inclure les homosexuels :

« Aux homosexuels, voyous et proxĂ©nĂštes, aux mendiants professionnels et Ă  ceux qui vivent de la mendicitĂ© d’autrui, exploitent les mineurs, les malades mentaux ou handicapĂ©s, s’applique les mesures suivantes :
a) Internement en Ă©tablissement de travail ou en colonie agricole, les homosexuels devant ĂȘtre internĂ©s dans des institutions spĂ©cialisĂ©es et, en toutes situations, en absolue sĂ©paration des autres;
b) Interdiction d’habiter en des lieux ou territoires dĂ©terminĂ©s et obligation de dĂ©claration du lieu du domicile;
c) Soumission à la surveillance des autorités idoines »

Lesdits Ă©tablissements de travail et colonies agricoles sont en fait de vĂ©ritables camps de concentration, comme celui de Tefia dans l’üle de Fuerteventura, oĂč les dĂ©tenus doivent travailler dans des conditions inhumaines, jusqu’à l’épuisement, battus et affamĂ©s[65]. Au total, quelque 5 000 personnes sont dĂ©tenues pour avoir eu un comportement gai au cours du rĂ©gime franquiste[66]. L’Église et la mĂ©decine collaborent avec le rĂ©gime pour enlever toute dignitĂ© aux homosexuels[67]. Dans ce contexte, de nombreux homosexuels sont incarcĂ©rĂ©s, notamment Ă  la prison Model de Barcelone, oĂč ils sont surnommĂ©s pĂ©jorativement « Els violetes »[68]. Les artistes JosĂ© PĂ©rez Ocaña et Nazario, ainsi que le militant Armand de FluviĂ [69], font partie des prisonniers cĂ©lĂšbres[70].

Néanmoins, dans les années 1960, la Culture gay commence à apparaßtre, toutefois cachée et retirée. Elle émerge notamment dans les grandes villes et dans les centres touristiques, puis dans les collectivités moins conservatrices, par exemple Barcelone, Ibiza ou Sitges.

Plus tard, en 1970, la Loi sur la menace et la rĂ©habiliation sociale d’Espagne (es) vise Ă  « traiter » et « guĂ©rir » l’homosexualitĂ©. Elle Ă©tablit deux Ă©tablissements de rĂ©habilitation, l’un Ă  Badajoz, oĂč sont envoyĂ©s les passifs, l’autre Ă  Huelva, oĂč se retrouvent les actifs. De plus, dans quelques prisons il y a habituellement des zones rĂ©servĂ©es pour les dĂ©tenus homosexuels[66] - [71]. Dans ces Ă©tablissements, on veut changer l’orientation sexuelle des prisonniers au moyen de la thĂ©rapie par aversion : aprĂšs des stimuli homosexuels sont administrĂ©es des dĂ©charges Ă©lectriques, lesquelles prennent fin en mĂȘme temps que l’envoi de stimuli hĂ©tĂ©rosexuels[65]. Ni la grĂące du ni l’amnistie du ne seront accordĂ©es aux homosexuels qui furent dĂ©tenus[72].

En 1970, Mir Bellgai et Roger de Gaimon, pseudonymes utilisĂ©s par Francesc Francino et Armand de FluviĂ  [73], crĂ©ent clandestinement Ă  Barcelone le Movimiento Español de LiberaciĂłn Homosexual (MELH), la premiĂšre association moderne de dĂ©fense des droits des homosexuels en Espagne[74]. En 1972, ils publient quelques bulletins mensuels sous le nom de Aghois (AgrupaciĂłn Homosexual para la Igualdad Sexual ou Groupe homosexuel pour l’égalitĂ© sexuelle) qui sont Ă©ditĂ©s de France pour redistribution en Espagne. Le groupe est dissous en 1974 en raison du harcĂšlement policier.

Transition et gouvernement SuĂĄrez

AprĂšs la mort du dictateur, le roi Juan Carlos Ier devient chef d’État et aprĂšs le bref gouvernement d’Arias Navarro, il nomme Adolfo SuĂĄrez prĂ©sident du gouvernement de l'Espagne. SuĂĄrez est confirmĂ© aprĂšs ĂȘtre Ă©lu aux premiĂšres Ă©lections dĂ©mocratiques de la Seconde RĂ©publique depuis 1936.

En 1975, peu aprĂšs le mort de Franco, au dĂ©but de la transition dĂ©mocratique espagnole nait le Front d'Alliberament Gai de Catalunya (FAGC) des cendres du MELH[75]. L’association n’est lĂ©galisĂ©e que le . Le FAGC sert de ferment Ă  la crĂ©ation d’autres associations semblables ailleurs en Espagne, par exemple l’Euskal Herriko Gay Askapen Mugimendua (EHGAM) au Pays basque et le Frente Homosexual de AcciĂłn Revolucionaria (FHAR), MDH et Mercurio Ă  Madrid. En 1977, le FAGC permet la crĂ©ation de la FederaciĂł de Fronts d'Alliberament Gai dels PaĂŻsos Catalans, de durĂ©e trĂšs brĂšve, et de la Coordinadora de Frentes de LiberaciĂłn Homosexual del Estado Español (COFLHEE), dans laquelle participent, outre le FAGC, les trois groupes de Madrid, l’EHGAM, avec d’autres groupes qui se sont formĂ©s dans le reste du pays: FAGI, AM, MH AragĂłn y FLH Galicia. Ainsi le , le FAGC convoque la premiĂšre marche de la fiertĂ© Ă  Barcelone, Ă  laquelle participent environ 5 000 personnes alors que l’homosexualitĂ© est encore illĂ©gale[66]. La manifestation est durement rĂ©primĂ©e par les forces policiĂšres, plusieurs personnes Ă©tant blessĂ©es ou dĂ©tenues[73] Concourramment Ă  l’explosion d’associations lobbyistes et radicales, Armand de FluviĂ  fonde en 1977 Ă  Barcelone l’Institut Lambda, plus tard Casal Lambda, le premier centre de services pour homosexuels[76]. Cette mĂȘme annĂ©e, l’EHGAM crĂ©e la revue Hotsa, la premiĂšre Ă  caractĂšre homosexuel en Espagne[74].

En 1978 a lieu le premier coming out public, celui d’Armand de FluviĂ , qui jusqu’à ce moment avait utilisĂ© le pseudonyme de Roger de Gaimon. L’évĂ©nement se produit Ă  la tĂ©lĂ©vision autonome TVE, Ă  l’émission VostĂ© pregunta, la plus forte audience Ă  l’époque[73]. C’est Ă©galement en 1978 qu’apparaissent les premiers homosexuels Ă  la tĂ©lĂ©vision, Armand de FluviĂĄ et Jordi Petit (ca) sont Ă  l’émission La clave (es)[56].

La premiĂšre association lesbienne est le Grup de Lluita per l’Alliberament de la Dona fondĂ©e Ă  Barcelone en 1979. MĂȘme aprĂšs sa crĂ©ation, les lesbiennes demeurent discrĂštes au sein du mouvement, jusqu’en 1987 alors que l’arrestation de deux femmes qui se sont embrassĂ©es en public provoque le une manifestation immense incluant baiser public Ă  la Puerta del Sol Ă  Madrid, qui depuis a lieu tous les ans[77].

AprĂšs 1978, les mouvements homosexuels de Madrid se transforment. En 1978, le FHAR et le MDH cessent leurs activitĂ©s, les militants se regroupent dans l’association Mercurio pour crĂ©er le Front de libĂ©ration homosexuel de Castille (FLHC), lequel organise la grande manifestation du de plus de 10 000 participants. Le bulletin du FLHC porte trois noms : La Ladilla Loca (Le morpion fou), La voz del FLHOC (La voix du FLHOC) et AquĂ­ el FLHOC (Ici le FLHOC). Les tensions entre gais et lesbiennes amĂšnent la crĂ©ation en 1981 du Collectif des fĂ©ministes lesbiennes de Madrid (CFLM), d’envergure nationale, et le Groupe d’action pour la libĂ©ration homosexuelle (GALHO), moins radicaux que le FLHOC. Ces changements amĂšne la dissolution du FLHOC et du GALHO[74].

Cette pĂ©riode correspond Ă  l’entrĂ©e en vigueur de la Constitution espagnole de 1978, qui restaure la dĂ©mocratisation et la libĂ©ralisation de l’État (par exemple, le catholicisme cesse d’ĂȘtre religion d’État et celui-ci devient sĂ©culaire). NĂ©anmoins, la loi sur les vagabonds et dĂ©linquants s’est encore appliquĂ©e dans trois cas en 1978[65]. Les derniĂšres personnes emprisonnĂ©es sont libĂ©rĂ©es en 1979. La rĂ©sistance contre la normalisation de l’homosexualitĂ© non seulement provient des milieux de droite et de l’église mais Ă©galement de la gauche. Par exemple, Enrique Tierno GalvĂĄn dit Ă  InterviĂș (es) en 1977 :

« Non, je crois pas qu’ils doivent ĂȘtre punis, mais je ne suis pas pour la libĂ©ralisation ni la propagande de l’homosexualitĂ©. Je crois qu’il y a des limites Ă  imposer Ă  ce type de dĂ©viation, quand l’inctinct est aussi clairement dĂ©fini en Occident. La libertĂ© des instincts est une libertĂ© respectable
, encore que qu’en aucun cas ces modĂšles de vie commune soient pour la plupart acceptĂ©s comme des modĂšles moralement positifs.
-- Enrique Tierno Galvån[56] »

Cette opinion rejoint celle de Federica Montseny, anarchiste de la ConfĂ©dĂ©ration nationale du travail, Eladio GarcĂ­a, du Parti travailliste d’Espagne (es), Manuel GuedĂĄn, de l’Organisation rĂ©volutionnaire des travailleurs, et de DĂ­dac FĂ bregas i GuillĂ©n (es) Diego FĂĄbregas, de l’Organisation de la gauche communiste (es) d’Espagne[56].

Gouvernement GonzĂĄlez

La Transition dĂ©mocratique espagnole permet une rĂ©volution sociale, Ă©conomique et politique, qui atteint un zĂ©nith Ă  la Movida madrilĂšne. Ce n’est qu’en 1986 que l’homosexualitĂ© cesse d’ĂȘtre un dĂ©lit contre l’honneur en Espagne. Le Code juridique militaire (es) punit l’homosexualitĂ© par l’exclusion des forces armĂ©es et entre six mois et six ans de dĂ©tention[73].

En 1983, l’AssemblĂ©e gaie de Madrid (Asamblea Gai de Madrid ou AGAMA) est crĂ©Ă©e. Elle publie la revue Madrid gai, qui plus tard s’appelle Mundo Gai jusqu’à sa disparition en 1986. En 1985, la premiĂšre organisation stable est mise en place : le Collectif gai de Madrid (Colectivo Gai de Madrid ou COGAM), plus tard dĂ©nommĂ© Collectif des lesbiennes, gais, transsexuels et bisexuels de Madrid (es) (Colectivo de Lesbianas, Gays, Transexuales y Bisexuales de Madrid), comme depuis la fin des annĂ©es 1970 Ă  Barcelone ou Bilbao. Le COGAM publie en 1987 pour la premiĂšre fois la revue Entiendes...?. En 1992, le COGAM se retire du COFLHEE, qu’il juge trop radical. Comme consĂ©quence, les groupes plus radicaux se scindent, avec la crĂ©ation de La Radical Gai y LSD, un groupe de lesbiennes[74]. En Catalogne, l’activiste Jordi Petit fonde en 1986 la Coordination d'Initiatives Gaies que devient en 1988 la fĂ©dĂ©ration d’associations Coordination des lesbiennes, gais, transsexuels et bisexuels de Catalogne (es) (Coordinadora Gai-Lesbiana de Catalunya ou CGL). Également en 1986, le Col‱lectiu Lambda est crĂ©Ă© Ă  Valence[74]. En 1989, le Forum permanent sur l’homosexualitĂ© (Foro Permanente sobre Homosexualidad) est initiĂ© Ă  Cordoue. Celui-ci devient en 1992 l’association COLEGA. À partir de 1993, COLEGA s’étend rapidement Ă  travers l’Andalousie, se transformant en une fĂ©dĂ©ration d’associations sous le nom de COLEGAS (es), puis s’implante dans d’autres communautĂ©s autonomes[78]. En 1995 est constituĂ© l’EAGLE (EspaĂ­ AcciĂł Gai-LesbiĂĄ de Lleida i Entorn) dans la rĂ©gion mĂ©tropolitaine de Barcelone, ce qui accroĂźt la visibilitĂ© dans des zones encore peu investies auparavant. En 1989, l’Institut Lambda s’unit Ă  la ComisiĂłn Pro-Casal, pour devenir Casal Lambda, qui publie depuis la revue homonyme[76]. Également en 1989, la premiĂšre association stable pour les personnes trans, Transexualia, est formĂ©e[79]. En 1992, le ComitĂ© revendicatif et culturel de lesbiennes (ComitĂ© Reivindicativo y Cultural de Lesbianas ou CRECUL), crĂ©Ă© l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente[80] s’unit au COGAM pour crĂ©er la FĂ©dĂ©ration d’État des Gais et Lesbiennes (FederaciĂłn Estatal de Gais y Lesbianas ou FEGL), qui devient plus tard la FĂ©dĂ©ration d’État des lesbiennes, gais, transsexuels et bisexuels (es) (FELGT), dirigĂ©e par Armand de FluviĂĄ, que rejoignent plus tard Casal Lambda, NOS (Grenade), 28-J (JaĂ©n) et les Gais chrĂ©tien/nes[74] Plus tard, la FĂ©dĂ©ration s'agrandit encore d’autres groupes majeurs comme Gehitu (es) (Pays basque), Alega (Cantabrie), GamĂĄ (Îles Canaries) ou le Col‱lectiu Lambda (Valence). La direction de la FĂ©dĂ©ration comprend des personnalitĂ©s publiques connues comme Pedro Zerolo, ĂĂ±igo Lamarca (es), Juana Ramos, Miguel Ángel FernĂĄndez, Beatriz Gimeno ou Toni Poveda[81].

Plaza de Chueca, au centre du quartier gay de Madrid, devant l’entrĂ©e de la station de mĂ©tro Chueca (mĂ©tro de Madrid).

Les premiers espaces gais apparaissent en Espagne vers le milieu des annĂ©es 1990 : Chueca Ă  Madrid et le Gaixample Ă  Barcelone. Ces quartiers gais se dĂ©veloppent autour de petites concentrations de bars pour la clientĂšle homosexuelle, sur le modĂšle amĂ©ricain, comme Le Castro Ă  San Francisco et Greenwich Village Ă  New York) ou encore europĂ©ens tels Le Marais Ă  Paris ou Old Compton Street (en) Ă  Londres), puis deviennent de vĂ©ritables centres de culture, de divertissement, de commerce et de services pour la communautĂ© homosexuelle[56]. De mĂȘme, certains centres touristiques espagnols comme Ibiza, Playa del InglĂ©s-Maspalomas (Grande Canarie), Sitges et particuliĂšrement Barcelone deviennent d’importantes destinations du tourisme gay qui attirent des gais du monde entier[82].

En , l’affaire Arny survient Ă  SĂ©ville. JesĂșs VĂĄzquez la dĂ©finit comme l’« ultime tentative des rĂ©actionnaires d’écraser l’inĂ©vitable »[83]. Arny est un bar gai de SĂ©ville oĂč avait lieu prĂ©sumĂ©ment de la prostitution de mineurs[84]. Le scandale est immense, impliquant 48 accusĂ©s, dont JesĂșs VĂĄzquez, le comĂ©dien et chanteur Javier Gurruchaga, l’humoriste Jorge Cadaval (es), l’ex-juge Manuel Rico Lara, Antonio Tejado, fils de MarĂ­a del Monte (es), ainsi que RamĂłn de Carranza y Villalonga, Marquisat de Soto Hermoso (es)[85]. La plupart sont accusĂ©s sur la base des dĂ©clarations d’un adolescent de quinze ans, JosĂ© Antonio S.B., tĂ©moin principal, qui affirme au procĂšs de la Cour provinciale de SĂ©ville que « si les mĂ©dias lui avaient donnĂ© un certain montant d’argent qu’il demandait, il aurait dit avoir des relations sexuelles mĂȘme avec les plus grandes personnalitĂ©s du pays », et qui en 2005 est jugĂ© pour voies de fait envers un client de l’Arny pour ne pas avoir payĂ© son dĂ»[86]. Le juge rĂ©cuse les accusations faute de preuve; de fait, certains des accusĂ©s n’avaient jamais mis les pieds Ă  l’Arny[84]. Le prĂ©judice moral et financier des accusĂ©s est Ă©norme : «El vaso roto, roto estå» commente Jorge Cadaval; les engagements de JesĂșs VĂĄzquez fondent Ă  cette Ă©poque[87].

Gouvernement Aznar

Graffiti activiste.

Aux Ă©lections gĂ©nĂ©rales de 1996, le Parti socialiste ouvrier espagnol perdent le pouvoir et pour la premiĂšre fois depuis 1934, aux mains d’un parti de droite. Durant les huit annĂ©es du gouvernement de JosĂ© MarĂ­a Aznar, le Parti populaire rejette les diffĂ©rents projets de loi soumis par l’opposition pour lĂ©galiser le mariage homosexuel[88].

La premiĂšre personnalitĂ© politique Ă  dĂ©voiler publiquement son homosexualitĂ© est Miquel Iceta, dĂ©putĂ© du Parti des socialistes de Catalogne au cours des Ă©lections de 1999[89] suivi en 2000 par l’ex-ministre socialiste de l’Éducation JerĂłnimo Saavedra, qui sort du placard dans la prĂ©face du livre Outing en España (Sortir du placard en Espagne) de Fernando Bruquetas de Castro[90]. Plus tard c’est au tour de JosĂ© MarĂ­a Mendiluce (es), candidat des Verts Ă  la mairie de Madrid en , au cours de la campagne Ă©lectorale[91].

La lĂ©gislation nationale relative aux couples homosexuels n’est alors pas encore normalisĂ©e. Toutefois, les communautĂ©s autonomes commencent Ă  rĂ©gulariser la situation des conjoints de fait, incluant ceux de mĂȘme sexe, pour que ceux-ci puissent bĂ©nĂ©ficier de prestations obligatoires minimales. Le , la Catalogne adopte la premiĂšre loi qui reconnait les couples homosexuels de fait. Suivent celles de la Valence, de Madrid le , des BalĂ©ares le , des Asturies en , de l’Andalousie en , de l’EstrĂ©madure, du Pays basque et de l’Aragon en 2003[74].

Bien que l’homosexualitĂ© soit lĂ©galisĂ©e depuis la fin des annĂ©es 1990, la police conserve toujours les fichiers de renseignements sur les homosexuels colligĂ©s durant le rĂ©gime franquiste ou pendant la transition. Ce n’est qu’en 2001 que le Parlement adopte une loi prĂ©voyant la destruction de ces fichiers[71] - [92].

À cette Ă©poque naĂźt le magazine Zero, destinĂ© Ă  un lectorat homosexuel. Le magazine devient une rĂ©fĂ©rence de la vie gaie et, en ses pages sortent du placard pour la premiĂšre fois un lieutenant-colonel des Forces armĂ©es espagnoles JosĂ© MarĂ­a SĂĄnchez Silva (es)[93], un garde civil[94] et un prĂȘtre[73] - [95], de mĂȘme que plusieurs personnalitĂ©s comme JosĂ© MarĂ­a Mendiluce[96], JesĂșs VĂĄzquez, Eusebio Poncela, Rafael Amargo, Jorge Cadaval, humoriste de Los Morancos (es), Nacho Duato, qui n’avait jamais cachĂ© son homosexualitĂ©, ou Arturo Tejerina (es)[73]. Des personnalitĂ©s politiques comme JosĂ© Luis RodrĂ­guez Zapatero, Gaspar Llamazares et Alberto Ruiz-GallardĂłn[97] font l’objet d’entretiens dans certains numĂ©ros du pĂ©riodique.

En ce qui a trait aux associations, la Fondation TriĂĄngulo se sĂ©pare du COGAM en 1996[98]. La Fondation tient la premiĂšre LesGaiCineMad ou Festival international de cinĂ©ma gai et lesbien de Madrid. L’association De Par en Par est crĂ©Ă©e en mai de la mĂȘme annĂ©e en EstrĂ©madure, la derniĂšre communautĂ© autonome Ă  avoir son regroupement propre[74]. Towanda, premiĂšre association pĂ©renne d’Aragon, est implantĂ©e en 2000 aprĂšs la disparition du collectif AcciĂłn. Elle organise depuis 2005 Zinentiendo, un festival de cinĂ©ma lesbien, gai, transgenre et bisexuel Ă  Saragosse, Huesca et dans d’autres localitĂ©s aragonaises[99].

Gouvernement Zapatero

Marche lors de la Orgullo Gay et de la légalisation du mariage homosexuel.
Monument aux personnes persécutées par le franquisme en raison de leur orientation sexuelle, Durango.

Aux Ă©lections gĂ©nĂ©rales espagnoles de 2004, le Parti populaire perd le pouvoir et JosĂ© Luis RodrĂ­guez Zapatero, du Parti socialiste ouvrier, devient prĂ©sident du gouvernement. Lors de la campagne Ă©lectorale, le parti s’est engagĂ© Ă  lĂ©galiser le mariage entre personnes du mĂȘme sexe. Ainsi, le Parlement autorise le mariage homosexuel en Espagne le avec l’appui majoritaire des dĂ©putĂ©s au CongrĂšs par 187 voix pour (PSOE, PNV, ERC, CC, IU, Grupo Mixto, deux dĂ©putĂ©s de la CiU et une dĂ©putĂ©e du PP), 147 voix contre (PP et Union dĂ©mocratique de Catalogne) et 4 abstentions[100]. La loi recueille l’approbation de 66 % de la population selon une enquĂȘte du Centre de recherches sociologiques[101]. Le Parti populaire demande l’annulation de la loi par le Tribunal constitutionnel[102], requĂȘte rejetĂ©e le avec huit juges avalisant la loi et 3 en dĂ©faveur[103]. L’Église catholique et des groupes conservateurs comme le Forum espagnol de la famille s’opposent Ă  la nouvelle loi[104]. La nouvelle lĂ©gislation octroie aux personnes de mĂȘme sexe les mĂȘmes droits matriominiaux que pour les couples de personnes de sexe opposĂ© de mĂȘme que le droit Ă  l’adoption. L'Espagne est Ă©galement dotĂ©e d'une lĂ©gislation particuliĂšre concernant les titres de noblesse qui, contrairement aux autres États europĂ©ens oĂč une noblesse est encore en vigueur, permet Ă  un homme de porter le titre de sa femme en qualitĂ© de consort en vertu du jure uxoris. La lĂ©gislation ayant ouvert le mariage aux couples de mĂȘme sexe, le conjoint de mĂȘme sexe d'une personne titrĂ©e peut porter le titre en tant que consort. C'est le cas de Liliane Dahlmann, qui devint duchesse consort de Medina Sidonia, marquise consort de Villafranca del Bierzo et marquise consort de los VĂ©lez, aprĂšs avoir Ă©pousĂ© in articulo mortis Luisa Isabel Álvarez de Toledo y Maura, 21e duchesse de Medina Sidonia, avant son dĂ©cĂšs onze heures plus tard[105] - [106]. Elle porte depuis ces titres en tant que veuve.

Au cours de l’annĂ©e suivant l’adoption de la loi, environ 4 500 couples homosexuels se sont mariĂ©s[107] PrĂšs de deux ans plus tard, le dĂ©pĂŽt d’une initiative lĂ©gislative populaire et d’une pĂ©tition de plus de 1 500 000 signataires recueillie par le Forum espagnol de la Famille (es), amĂšne le CongrĂšs des dĂ©putĂ©s Ă  dĂ©battre le de la dĂ©finition du mariage restreinte Ă  une union d’un homme et d’une femme et de l’abrogation du mariage homosexuel et des droits qui en dĂ©coulent. L’initiative est appuyĂ©e en chambre par le Parti populaire et par l’Union dĂ©mocratique de Catalogne. Toutefois, tous les autres partis appuyant la loi, la majoritĂ© vote contre l’initiative et la loi demeure en vigueur.

En , le Monument Ă  la communautĂ© homosexuelle (es) est inaugurĂ© Ă  Sitges. Cette Ɠuvre, premier monument du genre, prend la forme d’un triangle inversĂ© rose posĂ© sur la promenade[108]. Le , le Monument aux personnes persĂ©cutĂ©es par le franquisme en raison de leur orientation sexuelle (es) est amĂ©nagĂ© Ă  Durango[109].

En 2011, Carla Antonelli devient la premiĂšre personne trans Ă  ĂȘtre Ă©lue dĂ©putĂ©e[110].

La poĂ©tesse queer Txus GarcĂ­a, qui se dĂ©finit comme une « senyora rara » (en français : une « dame rare ») sur les thĂšmes de la diversitĂ© sexuelle, du fĂ©minisme et des droits LGBTI, devient l'une des personnalitĂ©s les plus en vue[111]. L'artiste de Tarragone Jil Love milite par ses Ɠuvres de performance[112].

Gouvernement Pedro SĂĄnchez

La Ley trans, une loi sur les personnes transgenres en discussion pendant trois annĂ©es, autorisera toute personne trans Ă  choisir librement (sans chirurgie ni psychiatrisation) son identitĂ© de genre, plaçant l'Espagne en tĂȘte des pays les plus progressistes sur les questions de la transidentitĂ©. En octobre 2022, les derniers amendements sont apportĂ©s en vue de son adoption le mois suivant[113].

Société

Homophobie

Proportion de répondants considérant que la discrimination pour raison d'orientation sexuelle est trÚs ou assez répandue dans leur pays (2008).
  • 61% - 100%
  • 51% - 60%
  • 41% - 50%
  • 31% - 40%
  • 0% - 30%

Si l'Espagne est l'un des pays du monde oĂč la lĂ©gislation et la sociĂ©tĂ© sont parmi les progressistes au monde[114], l'homophobie demeure un phĂ©nomĂšne courant[115]. L'Ă©tude sur la violence homophobe en Catalogne rĂ©alisĂ©e par le Front de libĂ©ration gaie de Catalogne (Front d'Alliberament Gai de Catalunya ou FAGC) recense pour la pĂ©riode 2005-2006 un total de 283 plaintes, ce qui reprĂ©sente une augmentation de 5 % par rapport Ă  l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente. Le FAGC considĂšre que cette hausse est attribuable Ă  la polĂ©mique amenĂ©e par la lĂ©galisation du mariage entre personnes de mĂȘme sexe[116]. Une enquĂȘte du COGAM rĂ©alisĂ©e en 2007-2008 auprĂšs de plus de 800 personnes LGBT indique que les membres de communautĂ© gaie perçoivent une augmentation des attaques en gĂ©nĂ©ral. La sociologue Lola MartĂ­n Romero, auteur de l'enquĂȘte, explique le phĂ©nomĂšne par la plus grande visibilitĂ© de la communautĂ© LGBT[117]. Selon une Ă©tude du ministĂšre de la SantĂ© espagnol rĂ©alisĂ©e en 2010, il existe un minimum de 15 % de la population qui considĂšre toujours l'homosexualitĂ© comme une «maladie», en proportion moins grande chez les femmes que chez les hommes (18 %), et davantage chez les hommes de plus de 55 ans. Par ailleurs, il y a 17 % des femmes et 23 % des hommes qui se disent peu ou pas d'accord pour dire que l'homosexualitĂ© est «respectable»[118].

Les manifestations les plus graves d'homophobie comprennent la violence physique, jusqu'au meurtre. Par exemple, un jeune homme de 27 ans se fait poignardĂ© Ă  mort en 2006 dans un lieu de drague Ă  CornellĂ  de Llobregat[116]. Les cas d'agressions physiques et verbales sont frĂ©quentes dans tout le pays[119]. Un peu moins du tiers (31 %) des agressions homophobes en Espagne survient Ă  Madrid, selon l'Ă©tude de COGAM (2008), du fait de la prĂ©sence et de la visibilitĂ© plus grande des LGBT dans la capitale. La moitiĂ© (49 %) des agressions se dĂ©roulent sur la rue et 37 % des personnes agressĂ©es connaissent leurs agresseurs[117]. L'Ă©tude annuelle de l'Observatoire espagnol contre l'homophobie constate une augmentaiton des cas d'agessions en Catalogne de 7 % en 2009-2010 et de 4,5 % en 2010-2011[120].

L'intolĂ©rance et la discriminiation peuvent ĂȘtre plus vives envers les personnes transgenre venues en Espagne pour vivre dans une sociĂ©tĂ© plus tolĂ©rante, notamment celles en provenance de l'AmĂ©rique latine, auquel cas la xĂ©nophobie, le racisme et la transphobie peuvent s'ajouter Ă  l'homophobie de maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale[116] - [121] L'intimidation envers les plus jeunes Ă  tendance ou Ă  affirmation homosexuelle, bisexuelle ou trans est particuliĂšrement intense dans les Ă©coles, oĂč le taux de Suicide chez les jeunes LGBT le rĂ©vĂšle[122] - [115]. Selon une Ă©tude pour la fĂ©dĂ©ration COLEGAS auprĂšs de 30 000 Ă©tudiants andalous au secondaire et Ă  l'universitĂ©, 81 % des rĂ©pondants considĂšrent qu'un Ă©tudiant ouvertement LGBT serait discriminĂ©[123]. L'Ă©tude de COGAM (2008) montre que 31 % des agresseurs contre des Ă©tudiants LGBT ou perçus comme tels sont des compagnons de classe[117].

L'homophobie demeure présente dans plusieurs milieux professionnels, comme le droit et la médecine[124]. Le cas du psychiatre Aquilino Polaino, professeur et directeur du département de psychologie de la Faculté des humanités et des Sciences de la communication de l'Université San Pablo - CEU, expert cité par le Parti populaire à la Commission de la Justice au Sénat en ce qui a trait au mariage homosexuel[125]. Dans le monde juridique, diverses sentences discriminatoires sont prononcées contre des LGBT. Par exemple, en Murcie, la responsabilité parentale est retirée à une lesbienne du simple fait de son orientation seuxelle, comme le révÚle le verbatim de la décision : « la condition homosexuelle est préjudiciable aux enfants, qui ont droit à un pÚre et à une mÚre, non à deux pÚres ou à deux mÚres. Les plus grands spécialistes le constatent, et le sens commun le dit également » et « la mÚre doit choisir entre élever ses enfants ou le couple »[126]. Ce juge ne tient pas compte des décisions antérieures relatifs semblables[127]. Auparavant, une juge de Dénia s'oppose activement au mariage homosexuel et a recours à la Loi du Tribunal Constitutionnel bien qu'elle ne puisse s'y opposer[128]. Selon l'étude de COGAM (2008), la communauté LGBT se méfie beaucoup de la police. Une proportion de 89 % des victimes ne rapportent pas une agression parce qu'ils considÚrent que « les policiers ne les considÚrent pas sérieusement » ; des 11 % qui dénoncent une agression, la moitié croient que la plainte est prise au sérieux[117].

Les associations LGBT considĂšrent que l'homophobie est promue par la droite en gĂ©nĂ©ral et de maniĂšre plus marquĂ©e par des segments particuliers du Parti populaire et de l'Église[129], la FĂ©dĂ©ration publique de lesbiennes, gais, transsexuels et bisexuels (es) allant jusqu'Ă  recommander de ne pas voter pour le Parti populaire[130]. Le fondateur et prĂ©sident d'honneur du Parti populaire, auparavant prĂ©sident de l'AssemblĂ©e de Galice, Manuel Fraga, reproche aux homosexuels de s'enorgueillir de « fonctionner Ă  l'envers », ajoutant que « s'ils naissent ainsi, alors qu'ils se fassent voir »[131] et qualifie la loi sur les mariages homosuels de « dĂ©goĂ»tante »[132]. Dans la polĂ©mique, au sein mĂȘme du CiU, Josep Antoni Duran i Lleida, porte-parole de Convergence et Union Ă  la Chambre des dĂ©putĂ©s et prĂ©sident de l'Union dĂ©mocratique de Catalogne, prĂŽne la thĂ©rapie de rĂ©orientation sexuelle[133]. Les Ă©vĂȘques d'Andalousie et l'archevĂȘque des Asturies recommandent lors des Ă©lections des communautĂ©s autonomes de 2012 de voter pour les partis s'opposant au mariage homosexuel[134]. Dans les mĂ©dias, la FAGC dĂ©nonce particuliĂšrement les cas d'homophobie courante du quotidien La RazĂłn et du site web HazteOir.org[116] La chaĂźne de radio Cadena COPE et certains pĂ©riodiques Ă©lectroniques comme Periodista Digital ou Libertad Digital affichent Ă©galement une position radicale contre le mariage homosexuel.

Grafiti anarchiste LGBT à Lavapiés, Madrid.

En plus de cette homophobie affichée se manifeste une homophobie libérale. Celle-ci, prévalant depuis les années 1980 et issue de l'homophobie de la gauche, tolÚre l'homosexualité à condition qu'elle se fasse discrÚte et dans l'acceptation du modÚle hétéronormal pour son « propre bien ». Elle critique l'efféminement pour sa visibilité, quelque marque de sous-culture ou d'esthétique gaie, notamment les Marches des fiertés. Le refus de se conformer au modÚle est considéré comme « victimaire », « replié sur son ghetto », « activiste » ou « prosélitiste[56] - [135].

Droits des LGBT

DĂ©pĂ©nalisation de l’homosexualitĂ© Depuis 1979
Majorité sexuelle identique à celle des hétérosexuels Depuis 1979
Interdiction de la discrimination liée à l'orientation sexuelle dans tous les domaines Depuis 1996
Interdiction de la discrimination liée à l'identité de genre dans tous les domaines Dans certaines communautés
Mariage civil ou partenariat civil Depuis 2005
Adoption conjointe dans les couples de personnes de mĂȘme sexe Depuis 2005
Droit pour les gays de servir dans l’armĂ©e Depuis 1979
Droit de changer légalement de genre Depuis 1997
Gestation pour autrui pour les gays Non
AccĂšs aux FIV pour les lesbiennes Depuis 2005
Autorisation du don de sang pour les HSH Depuis 1975

Notes et références

(es) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en espagnol intitulĂ© « Homosexualidad en España » (voir la liste des auteurs).
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