Égica
Égica ou Egicca, Egiza, Ergica, est roi wisigoth d'Hispanie et de Septimanie de 687 à 702.
Égica | |
Égica, roi des Wisigoths (Carlos Esquivel y Rivas, Musée du Prado). | |
Titre | |
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Roi des Wisigoths d'Hispanie | |
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Prédécesseur | Ervige |
Successeur | Wittiza |
Biographie | |
Date de décès | |
Lieu de décès | Tolède |
Nationalité | Espagnole |
Conjoint | Cixilo |
Enfants | Wittiza Oppa (en) |
Religion | Christianisme |
Résidence | Tolède |
Biographie
Neveu du roi Wamba, Égica est probablement la même personne que ce dux Egica, comes scanciarum, qui souscrit en 683 les actes du XIIIe Concile de Tolède, sous le règne du roi Ervige. Représentant probablement une partie de l'aristocratie hostile à Ervige (soupçonné notamment d'avoir empoisonné Wamba pour monter sur le trône), ce dernier lui donne en mariage sa fille Cixilo[1]. À l'abdication de son beau-père en 687, Égica monte sur le trône, répudie sa femme et punit tous ceux qui avaient comploté contre le roi Wamba.
Au cours de son règne, il devra faire face dans son royaume à plusieurs révoltes, à trois invasions franques, et à au moins une attaque byzantine.
Entre 692 et 693, le roi Égica est vraisemblablement forcé de quitter le pouvoir et la capitale du royaume, Tolède, victime d'un complot fomenté par une faction de nobles hostiles et par l'archevêque Sisbert de Tolède, qui projettent de le faire assassiner avec la complicité de la reine Liubigotona, ex-belle-mère du roi. Le chef de la noblesse rebelle, un certain Sunifred, est probablement couronné roi à Tolède par Sisbert à la fin de l'année 692. Cependant, dès le début de l'année 693, Égica rassemble une armée et reprend le pouvoir. Organisant un nouveau concile de Tolède, Sisbert est alors remplacé par l'évêque Félix de Séville, tandis que Sunifred voit ses biens confisqués. La répression d'Égica est sanglante ; selon la chronique mozarabe de 754, « celui-ci poursuivit les Goths d'une mort cruelle ».
Prétendant avoir les preuves d'une conspiration des Juifs de son royaume avec les Juifs d'Afrique, Égica les persécute durement. Lors du XVIIe concile de Tolède, il bannit à jamais les Juifs mais ceux qui habitent la partie wisigothique de la Gaule sont exceptés de la proscription à condition qu'ils se convertissent sincèrement à la foi chrétienne. Pour se venger, les Juifs exilés en Afrique auraient appelé les musulmans à conquérir un royaume wisigothique très affaibli.
Vers 695, l'empereur byzantin Justinien II aurait vainement tenté, par sa flotte, de réduire Égica à l'obéissance, mais les forces grecques seront repoussées par le comte wisigoth Théodemir (ou Theudimer).
Voulant comme ses prédécesseurs imposer sa propre dynastie, Égica associe au pouvoir en 698 son fils Wittiza, un adolescent qu'il installe à Tuy en Galice, dans l'ancien royaume des Suèves.
Sur le plan juridique, il complète le Liber Iudiciorum, le corpus législatif du royaume hispano-wisigothique, en vigueur depuis le milieu du VIIe siècle.
Il meurt à un âge avancé à Tolède, en . Selon la Chronique d'Alphonse III, Égica régna 10 ans seul et 5 ans avec son fils Wittiza. Isidore de Beja qualifiera Égica d'« odieux tyran » qui « bannit et dépouilla les plus nobles familles, augmenta le fardeau des impôts et s'avilit jusqu'à fabriquer de fausses chartes de donation pour enrichir le domaine royal ».
Selon la chronique mozarabe de 754, Égica était le père d'Oppa (en), évêque de Séville qui prendra en 711 le parti des conquérants musulmans contre le roi wisigoth Rodéric (ou Rodrigue).
L'église San Pedro de la Nave en Castille, l'une des plus vieilles de la péninsule Ibérique, fut bâtie sous son règne.
Notes et références
- Notes
- Références
- Cixillo, Cixilona, Cixillona.
Voir aussi
Sources anciennes
- Chronique d'Alphonse III dite Ad Sebastianum (lire en ligne).
- Chronique mozarabe de 754.
- Isidorus Pacensis, Ă©d. FlĂłrez, t. VIII, p. 301.
Bibliographie
- Roger Collins, Visigothic Spain, 409–711. Oxford : Blackwell Publishing, 2004.
- Edward Arthur Thompson, The Goths in Spain. Oxford : Clarendon Press, 1969.
- Henri Leclercq, L'Espagne chrétienne, Paris : V. Lecoffre, 1906.
- L. A. Garcia Moreno, Prosopografia del reino visigodo de Toledo, Salamanca, 1974.