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Wittiza

Wittiza[1] (né c. 685 - † c. 710) est roi wisigoth d'Hispanie et de Septimanie de 702 à 710.

Wittiza
Illustration.
Portrait imaginaire du roi Wittiza par Manuel Iglesias y DomĂ­nguez (1853).
Titre
Roi des Wisigoths
–
Prédécesseur Égica
Successeur Rodéric
Biographie
Date de naissance vers 685
Date de décès vers 710
Lieu de décès Tolède
Père Égica roi des Wisigoths
Mère Cixillo
Enfants Agila II (roi des Wisigoths)
Ardabast
Olmund
Religion christianisme
Résidence Tolède

Biographie

Monnaie d'or à l'effigie du roi Wittiza frappée à Braga.

Wittiza est le fils du roi Égica (687-702) et de la princesse Cixilo, fille du roi Ervige (680-687). Il naît vraisemblablement dans les années 680.

Accession au trĂ´ne

Devenu adolescent, son père le nomme dux de Galice et l'associe au pouvoir, au plus tard en 698[2], cherchant comme ses prédécesseurs à imposer sa dynastie. Durant le règne de son père, Wittiza siège principalement à Tuy en Galice, dans l'ancien royaume des Suèves. Lors d'un excès de colère, le jeune prince tue à coups de bâton Favila, le capitaine de sa garde ; on soupçonne Wittiza d'avoir tué Favila pour abuser plus librement de sa femme.

À la mort du roi Égica en 702, il règne seul sur un royaume wisigoth affaibli par la famine et la peste et déstabilisé par les intrigues de la noblesse. La chronique mozarabe de 754 dit que Wittiza répara les crimes de son père en rappelant notamment les bannis du royaume et en les dédommageant, leur restituant leurs biens et les rétablissant dans leurs fonctions.

Conflits avec l'Église

La chronique d'Alphonse III dite ad Sebastianum, rĂ©digĂ©e vers 900, trace un portrait peu flatteur du roi Wittiza. Il est dĂ©crit comme un homme malhonnĂŞte aux mĹ“urs scandaleuses qui se souilla entre ses Ă©pouses et ses concubines et qui, pour ne pas lever la censure contre lui, dĂ©prava l'ordre religieux. Toujours selon cette chronique, ses crimes furent la cause de la chute des Goths et de la perdition de l'Espagne. La chronique est peut-ĂŞtre inspirĂ©e par une autre chronique rĂ©digĂ©e au IXe siècle, le Chronicon moissiacense (Chronique de Moissac), qui trace un portrait extrĂŞmement dĂ©favorable de Wittiza, un roi « adonnĂ© aux femmes Â», qui « enseigna par son exemple aux prĂŞtres et au peuple Ă  vivre luxurieusement, irritant la colère du Seigneur Â». L'archevĂŞque GondĂ©ric de Tolède, qui demandait Ă  Wittiza de changer de mode de vie, fut remplacĂ© Ă  sa mort par l'une des crĂ©atures du roi, Sinderède, qui fut complice de ses dĂ©bauches. Wittiza l'imposait au clergĂ© comme un exemple Ă  imiter et punissait les prĂŞtres qui osaient invectiver contre la corruption des mĹ“urs. Selon Cesare Baronio, le pape Constantin adressa Ă  Wittiza de vives remarques et le menaça mĂŞme de le dĂ©poser s'il ne rĂ©tractait pas les dĂ©crets qui portaient atteinte Ă  l'autoritĂ© du Saint-Siège. Le roi menaça alors Ă  son tour le pape de marcher sur Rome Ă  la tĂŞte d'une armĂ©e pour le soumettre. Son comportement scandaleux suscita des troubles dans le royaume et, selon Luc de Tuy, il fit abattre les murailles des villes Ă  l'exception de Tolède, Astorga et Tuy, afin de prĂ©venir toute rĂ©sistance Ă  sa tyrannie.

Sous son règne se déroula le XVIIIe concile de Tolède, probablement en 703, concile présidé par l'archevêque Gondéric de Tolède.

Selon Isidore de Beja[3], une flotte byzantine attaqua le royaume wisigoth, à l'instigation de l'empereur Justinien II, mais les forces grecques furent repoussées par le comte Théodemir (Theudimer).

Fin de règne

La fin de son règne reste mystĂ©rieuse. Selon la chronique d'Alphonse III, Wittiza mourut de causes naturelles tandis que d'autres sources laissent entendre qu'il aurait Ă©tĂ© renversĂ© et Ă©liminĂ© par RodĂ©ric (Rodrigue) qui s'empara de la royautĂ© « tumultueusement Â», montant du trĂ´ne « sur les instances du SĂ©nat Â», c'est-Ă -dire l'assemblĂ©e des hauts reprĂ©sentants de la noblesse laĂŻque au palais. Selon une lĂ©gende[4], le père de RodĂ©ric, le noble goth ThĂ©odefred, duc de Cordoue, avait Ă©tĂ© l'une des nombreuses victimes de la tyrannie du cruel Wittiza qui l'avait fait aveugler et jeter en prison, oĂą il mourut. RodĂ©ric, pour venger son père, complota pour renverser le tyran ; suscitant une rĂ©volte dans le royaume, il s'empara du roi Ă  Tolède, capitale wisigothe, et le fit exĂ©cuter après l'avoir fait aveugler. Puis RodĂ©ric monta sur le trĂ´ne, Ă©vinçant les jeunes fils du roi dĂ©chu qui, pour se venger, s'allieront aux conquĂ©rants musulmans.

La durée du règne de Wittiza varie selon les sources. Selon le Chronicon moissiacense, Wittiza règna 7 ans et 3 mois (de fin 702 à début 710), tandis que, selon la chronique d'Alphonse III dite ad Sebastianum, il règna 10 ans (de 700 à 710). La continuation du Laterculus regum Visigothorum, mentionne un règne de 12 ans (de son association au pouvoir en 698 à sa mort en 710). Enfin, d'autres sources, chrétiennes[5] et musulmanes[6], parlent d'un règne total de 15 ans (de c. 694/95 à c. 709/10).

Descendance

Wittiza aurait laissé au moins trois fils en bas âge selon un historien andalou du Xe siècle, Ibn al-Qūṭiyya : Agila (Agila II), Ardabast (peut-être Ardo), et Olmund (ou Romulus), qui seront évincés par Rodéric. Flavio Ataúlfo, magnat galicien, serait un petit-fils de Wittiza.

Notes et références

  1. Witiza, Vitiza, Witica, Vitica
  2. C. Sanchez-Albornoz, El Senatus visigodo. Don Rodrigo, rey legitimo de Espana, dans : Origines de la nacion espanola. Estudios criticos sobre la historia del reino de Asturias, I, Oviedo, 1972 (Instituto de Estudios Asturianos), p. 191-269.
  3. Isidorus Pacensis, éd. Florèz, t. VIII, p. 301.
  4. Citée dans l'ouvrage d'Henry Bradley, The Story of the Goths, XXXV, p. 357.
  5. Comme la chronique d'Albelda et le Chronicon mundi de Luc de Tuy.
  6. Comme les auteurs musulmans Ahmad al-Razi et Al-Himyari.

Voir aussi

Sources anciennes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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