François Borgia
François de Borgia et de Trastamare, duc de Gandia, Grand d'Espagne (en espagnol : Francisco de Borja y Traståmara), né à Gandia, dans le royaume de Valence, le , et mort à Rome le , est un membre de la haute noblesse Espagnole. duc de Gandia, grand d'Espagne, apparenté à la famille royale, il fut nommé vice-roi de Catalogne par l'empereur et roi Charles Ier, d'Espagne[1].
François Borgia | |
Saint François Borgia par Alonso Cano (1624). | |
Saint, Supérieur général des Jésuites | |
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Naissance | Gandia, royaume de Valence |
DĂ©cĂšs | (62 ans) Rome, Ătats pontificaux |
Nom de naissance | Francisco de Borja y TrastĂĄmara |
Nationalité | Espagnol |
Ordre religieux | Compagnie de JĂ©sus |
Canonisation | en 1671 par Clément X |
VĂ©nĂ©rĂ© par | l'Ăglise catholique |
FĂȘte | 3 octobre |
Il entre dans la Compagnie de Jésus en 1546. Il en sera le 3e Supérieur général de 1565 à sa mort. Canonisé par le pape Clément X en 1671, il est liturgiquement commémoré le 3 octobre[1].
Ascendance et famille
François est le fils de Juan Borgia, 3e duc de Gandie, petit-fils du pape Alexandre VI Borgia, et de Jeanne d'Aragon (?-1520), fille d'Alphonse d'Aragon (1470-1520), archevĂȘque de Saragosse, fils illĂ©gitime de Ferdinand le Catholique (Ferdinand II d'Aragon).
Plus grand seigneur du royaume de Valence, il jouissait de toute la faveur de l'empereur et roi Charles Quint, qui le nomma vice-roi de la Catalogne. Le duc de Lerme, ministre de Philippe III d'Espagne, Ă©tait son petit-fils.
ĂlevĂ© dans une atmosphĂšre religieuse, Borgia entre Ă la cour de Charles-Quint en 1528. Il a 18 ans. L'impĂ©ratrice Isabelle lui donne pour Ă©pouse une de ses dames d'honneur issue de la haute noblesse Portugaise. ElĂ©onore de Castro. Le mariage a lieu en 1529. De cette union naissent huit enfants, cinq garçons et trois filles. Ă la cour, la vie de Borgia est exemplaire.
CarriĂšre
Le 26 juin 1539 Borgia est nommé vice-roi de Catalogne.
Le , l'impĂ©ratrice Isabelle de Portugal, rĂ©putĂ©e pour sa beautĂ© et sa hauteur morale, meurt en couches Ă l'Ăąge de 36 ans. Le prince hĂ©ritier, ĂągĂ© de 12 ans, est chargĂ© de conduire le convoi funĂšbre jusqu'Ă la crypte royale du palais de l'Escurial. Ătant donnĂ© le jeune Ăąge du prince, c'est le duc de Borgia qui gĂšre le transfert de la dĂ©pouille de l'impĂ©ratrice-reine. Ă l'arrivĂ©e du convoi, le cĂ©rĂ©monial impose d'ouvrir le cercueil et d'identifier le corps. ConfrontĂ© Ă la dĂ©composition rapide du corps de sa mĂšre qui fut une femme si belle et si respectable, le jeune prince s'Ă©vanouit. C'est un grand choc Ă©galement pour ce grand seigneur qu'est le duc de Gandie. Le beau visage, dĂ©jĂ dĂ©figurĂ© par la dĂ©composition, lui aurait fait dire « Plus jamais je ne servirai un seigneur mortel »[1].
Nonobstant, cette conversion, Le vice-roi de Catalogne se doit Ă charge, Ă sa femme et Ă ses enfants. Comme vice-roi, il occupe la plus haute magistrature en Catalogne. Il le restera jusquâen 1543. De Charles Quint, il reçoit pour tĂąche de mettre fin au banditisme rĂ©gional, de dĂ©fendre les frontiĂšres contre Turcs et pirates et de se prĂ©parer Ă une possible attaque des Français au Roussillon. Si le banditisme ne fut que contenu, par contre sa lutte contre les pirates fut un succĂšs et sa dĂ©fense de Perpignan lors de l'attaque de 1542 Ă©galement.
En Catalogne il soutient la réforme franciscaine de Pierre d'Alcantara. Il reçoit les premiers jésuites qui visitent l'Espagne, Pierre Favre et Antonio de Araoz. Sa vie personnelle est nettement religieuse et édifiante: il fréquente les sacrements et passe de nombreuses heures à méditer.
Ă la mort de son pĂšre, en 1543, François Borgia devient le 4e duc de Gandia. Charles-Quint a en vue pour lui une charge Ă la cour dâEspagne, mais cela ne se rĂ©alise pas. Il se retire dĂšs lors Ă Gandia, oĂč il sâoccupe du bien-ĂȘtre de ses gens et sâadonne de plus en plus Ă ses inclinations spirituelles. Il compose un petit traitĂ© de vie spirituelle publiĂ© Ă Valence en 1548. Des problĂšmes de famille Ă rĂ©gler prennent Ă©galement une partie de son temps.
Le 27 mars 1546, ĂlĂ©onore de Castro, sa femme, meurt. Cela le libĂšre des obligations conjugales et lui permet dâentrer en vie religieuse.
Dans la Compagnie de JĂ©sus
DĂ©jĂ en contact avec Pierre Favre, Borgia est Ă©galement en correspondance avec Ignace de Loyola. Il fait les Exercices spirituels sous la direction de AndrĂ©s de Oviedo. Il se dĂ©cide Ă demander son admission dans la Compagnie de JĂ©sus. Le 2 juin 1546, il prononce les vĆux de chastetĂ© et d'obĂ©issance. Ignace le reçoit dans la Compagnie, mais recommande que la chose soit tenue secrĂšte, car «le monde n'est pas prĂȘt Ă entendre de telles nouvelles»[1]. De plus, Borgia est invitĂ© Ă assurer dâabord lâavenir de ses enfants et Ă commencer des Ă©tudes de thĂ©ologie Ă Gandia (dans une universitĂ© que lui-mĂȘme avait fondĂ©e en 1547, et confiĂ©e aux jĂ©suites). Deux ans plus tard, en 1548, il fait sa profession comme jĂ©suite, tout en recevant un indult du pape lui permettant de continuer Ă gĂ©rer (et seulement 'gĂ©rer') les biens de sa famille.
Alarmé de ce que les Exercices Spirituels soient fortement critiqués en Espagne, Borgia obtient du pape Paul III que le livret de Saint Ignace soit examiné. La chose est faite par deux cardinaux romains qui en jugent la doctrine saine. Les Exercices Spirituels sont alors officiellement approuvés et « loués » par Paul III (bref Pastoralis officii du 31 juillet 1548). à ses frais, Borgia en imprime immédiatement 500 exemplaires de sa version latine.
En 1550, il fait un voyage Ă Rome, officiellement en pĂšlerinage d'AnnĂ©e sainte', pour obtenir les indulgences spĂ©ciales de lâannĂ©e sainte de 1550, mais en fait pour une premiĂšre rencontre avec Saint Ignace de Loyola. ArrivĂ© en octobre, il y reste 3 mois. Ignace le consulte Ă diverses reprises, la premiĂšre Ă©bauche des Constitutions de la Compagnie de JĂ©sus, la fondation du CollĂšge Romain et la construction de lâĂ©glise du GesĂč. Il contribue financiĂšrement au projet du collĂšge romain qui ouvrira ses portes, peu aprĂšs son dĂ©part, en fĂ©vrier 1551[1].
De retour en Espagne, il vit avec les jĂ©suites de Ognate, au pays basque. Il y est ordonnĂ© prĂȘtre le 23 mai 1551, mais cĂ©lĂšbre sa premiĂšre messe seulement le 31 juillet 1551 dans la chapelle du manoir de Loyola. Borgia passe beaucoup de temps en priĂšre, sâadonne Ă la prĂ©dication et compose des opuscules spirituels.
En 1554, Ignace le nomme â'Commissaire'â pour les trois nouvelles provinces rĂ©cemment crĂ©Ă©es en Espagne. Il supervise ainsi la fondation de plusieurs collĂšges : Placencia, SĂ©ville, Murcie, Saragosse, et de nombreux autres. Son influence auprĂšs des plus grandes familles dâEspagne fait que les portes sâouvrent facilement aux jĂ©suites : les fondations se multiplient : collĂšges, rĂ©sidences, un noviciat Ă Simancas (1554). Il continue Ă soutenir financiĂšrement le CollĂšge Romain et Ă le promouvoir en Espagne[1].
Sainte ThĂ©rĂšse dâAvila par deux fois le consulte sur des problĂšmes spirituels. Sa profonde expĂ©rience de la priĂšre personnelle lui donne grande autoritĂ© dans le domaine spirituel. Il est apprĂ©ciĂ© comme guide spirituel, en particulier par la mĂšre du roi SĂ©bastien Ier de Portugal, Jeanne d'Autriche, fille de Charles Quint, qui, devenue veuve, entrera dans la Compagnie de JĂ©sus (sous un nom d'homme). Charles Quint le fait venir plusieurs fois en sa retraite de Yuste et lui confie une derniĂšre mission diplomatique au Portugal en 1557. Pour des raisons de maladie, Borgia ne peut assister Ă la CongrĂ©gation gĂ©nĂ©rale de 1558 convoquĂ©e pour Ă©lire un successeur Ă Ignace de Loyola, dĂ©cĂ©dĂ© en 1556.
Le 17 aoĂ»t 1559, des Ă©crits de François Borgia - en fait imprimĂ©s clandestinement avec ceux dâautres auteurs - sont mis sur la liste des livres interdits par lâinquisition espagnole. Lâintention en Ă©tait sans doute de contenir lâexpansion dâĂ©crits dâinspiration luthĂ©rienne en Espagne. Lâaffaire fait du bruit. On parle de lâarrĂȘter. Prudent, Borgia passe au Portugal oĂč il vit avec les jĂ©suites de Porto, visitant les jĂ©suites de Portugal, en tant que âCommissaireâ[1].
Jacques Lainez, second supĂ©rieur gĂ©nĂ©ral des jĂ©suites, lâappelle alors Ă Rome, pour ĂȘtre son Assistant GĂ©nĂ©ral. Un bref de Pie IV le convoque Ă Rome. MalgrĂ© le grand sacrifice que cela constitue pour lui â sa santĂ© est moins bonne - il obtempĂšre. Il fait le voyage durant lâĂ©tĂ© 1561. Ă la mort de Laynez (19 janvier 1565), Borgia est Ă©lu vicaire gĂ©nĂ©ral et, comme tel, est chargĂ© de convoquer et prĂ©parer la congrĂ©gation gĂ©nĂ©rale de 1565[1].
Supérieur général des jésuites
La CongrĂ©gation gĂ©nĂ©rale sâouvre le 20 juin 1565. Une dizaine de jours plus tard (2 juillet), Borgia est Ă©lu supĂ©rieur gĂ©nĂ©ral des jĂ©suites au premier tour de scrutin par 30 votes sur 39. Il a 54 ans.
Gouvernement interne
- Sur mandat de la congrégation générale, Borgia revoit ou introduit de nombreux codes et rÚgles dans la vie de la Compagnie (du noviciat, du provincial, du visiteur, etc), y compris le temps à donner à la méditation quotidienne. Chaque province doit avoir son noviciat, bien séparé du collÚge. Il ouvre le noviciat de Saint-André-du-Quirinal (Rome) en 1566.
- Le nombre de collÚges jésuites continue à augmenter; de 50 à la mort de saint Ignace (1556), ils sont 163 en 1574 et s'étendent à l'Europe entiÚre. En 1572 ouvre l'Université de Pont-à -Mousson dans le Duché de Bar. Dans certains de ces collÚges, on donne un cours complet de philosophie et théologie. Le premier Ratio Studiorum est publié en 1569[1].
- Comme voulu par la CongrĂ©gation gĂ©nĂ©rale de 1565, des congrĂ©gations de procureurs triennales sont convoquĂ©es en 1568 et 1571. Elles sont chargĂ©es dâĂ©valuer le gouvernement du supĂ©rieur gĂ©nĂ©ral.
Expansion de la Compagnie
- Le nombre de jĂ©suites est en augmentation constante. Le noviciat de Rome reçoit une quarantaine de novices par an. Les Ćuvres apostoliques Ă Rome mĂȘme, augmentent Ă©galement, y compris la prise en charge (confiĂ©e par Pie V) de la rĂ©ception des pĂ©nitents en pĂšlerinage Ă Saint-Pierre de Rome. En 1568 lâĂ©glise du GesĂč est finalement mise en chantier.
- De nombreuses fondations - résidences ou collÚges - en Espagne, dans les Pays-Bas (Saint-Omer et Douai) et en Europe centrale (Pont-à -Mousson, Fulda, Augsbourg), et orientale (Olomouc, Braniewo, Vilnius). Il subventionne le séminaire germanique de Rome.
- MalgrĂ© les difficultĂ©s rencontrĂ©es avec la facultĂ© de thĂ©ologie de Paris, des collĂšges sont ouverts en France : Rouen (1569), Bordeaux (1572). Deux noviciats ; Ă Billom pour la France et Tournon pour lâAquitaine.
Les missions outre-mer
- Sous le gĂ©nĂ©ralat de Borgia des missionnaires jĂ©suites partent en AmĂ©rique espagnole, jusquâalors territoire rĂ©servĂ© aux quatre grands ordres mendiants : Augustins, Franciscains, Dominicains et MercĂ©daires. La premiĂšre mission, en Floride (1566) est un Ă©chec. Les jĂ©suites passent Ă Cuba et au Mexique. Au PĂ©rou Ă partir de 1568. Le collĂšge de Lima, fondĂ© en 1570 par JosĂ© de Acosta, y devient la base du travail missionnaire dans la rĂ©gion. De nombreuses vocations y sont reçues.
- Le bateau sur lequel voyageaient des missionnaires destinĂ©s au BrĂ©sil, avec Ă sa tĂȘte Ignace d'Azevedo, est capturĂ© par les corsaires huguenots au large des Ăźles Canaries (15 juillet 1570). Les 39 jĂ©suites sont tous mis Ă mort. La nouvelle de ce massacre cause une Ă©motion considĂ©rable en Europe. Les « martyrs du BrĂ©sil » seront bĂ©atifiĂ©s le 11 mai 1854 par Pie IX[1].
- Ă Goa mĂȘme les jĂ©suites sont 109, avec une quinzaine de novices. Dans lâensemble de lâInde orientale, y compris, le Japon, les Moluques et le collĂšge de Macao (qui est le portail de la Chine), les jĂ©suites sont 185.
Missions pontificales
- MalgrĂ© les grandes difficultĂ©s que cela occasionnait â une congrĂ©gation de procureurs Ă organiser et sa santĂ© qui nâest pas bonne â Borgia accepte par obĂ©issance au pape Pie V dâaccompagner une mission diplomatique pontificale en Espagne, Portugal et France (1571). Cela lui permet de revoir sa famille, de visiter quelques communautĂ©s de jĂ©suites et de traiter personnellement avec le roi Philippe II dâaffaires concernant le travail de la Compagnie de JĂ©sus en Espagne.
- Ă Madrid il apprend la nouvelle de la grande victoire de LĂ©pante sur les Turcs (7 octobre 1571).
- Borgia rencontre Catherine de MĂ©dicis Ă Blois le 10 fĂ©vrier 1572. Son intervention ne parvient pas Ă empĂȘcher le mariage de Marguerite de Valois avec Henri de Navarre.
Maladie et mort
Le voyage de retour Ă Rome est extrĂȘmement pĂ©nible. La santĂ© de Borgia se dĂ©tĂ©riore. Il doit interrompre plusieurs fois son voyage. Il est portĂ© en litiĂšre. Il sĂ©journe quatre mois Ă Ferrare, retenu par le duc Alphonse II d'Este. Il y apprend le dĂ©cĂšs du pape Pie V (1er mai 1572). MalgrĂ© les objurgations du duc, il reprend la route quâil poursuit par petites Ă©tapes. ArrivĂ© Ă Rome le 28 septembre, il meurt deux jours aprĂšs, le 30 septembre 1572, rendant grĂące Ă Dieu de terminer sa vie « lors dâune mission acceptĂ©e dans lâobĂ©issance »[1].
Canonisation
François Borgia est canonisĂ© en 1671 par le pape ClĂ©ment X. Liturgiquement il est fĂȘtĂ© le 3 octobre.
Hommage
- Marc-Antoine Charpentier a composé un Motet pour Saint François de Borgia, H.354, pour une voix, 2 dessus instrumentaux et une basse continue. (vers 1680)
Descendance
Il a épousé la portugaise Eléonore de Castro en 1529 et a eu sept enfants:
- Elisabeth de Borja, mariée à Francisco Gómez, marquis de Denia
- Joana de Borja-AragĂł, mariĂ©e avec Joan EnrĂquez de Almansa
- Carlos de Borja , duc de Gandia .
- Juan de Borja y Castro, comte de Mayalde
Notes et références
- Pierre Antoine Fabre, Les JĂ©suites, Histoire et Dictionnaire, Paris, Bouquins Ă©ditions, , 511-513 p. (ISBN 978-2-38292-305-4)
Voir aussi
Bibliographie
- P. Suau, Histoire de Saint François de Borgia, Paris, 1910.
- Candido de Dalmases, El Padre Francisco de Borja, Madrid, 1983.
- Margaret Yeo, The greatest of the Borgias, New-York, 1936.
- E. Garcia Hernan, F. de Borja, Grande de España, Valencia, 1999.
Articles connexes
Liens externes
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- (en) Grove Music Online
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- (en + de) RĂ©pertoire international des sources musicales
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- Saint François de Borgia dans la philatélie