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Comté de Roussillon

Le comté de Roussillon est une ancienne principauté féodale située dans les Pyrénées orientales.

Comté de Rousillon
(ca) Comtat de RossellĂł

760–1172

Drapeau Blason
Description de cette image, également commentée ci-après
Le comté de Rousillon (Roselló) et les autres pays catalans entre les VIIIe et XIIe siècles
Histoire et événements
760 Établissement.
1172 Annexion par la principauté de Catalogne.

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Entités suivantes :

Histoire du comté de Roussillon

Le nom du Roussillon viendrait de Château-Roussillon, site romain.

Le comté de Roussillon (en catalan comtat de Rosselló) serait apparu à l'époque wisigothique (Ve-VIIIe siècles) comme une subdivision administrative du royaume wisigoth. Ses limites correspondaient à la civitas Ruscinonensis antique (d'où il tient son nom), c’est-à-dire l'actuel département des Pyrénées-Orientales sans la Cerdagne ni le Capcir. Disparu à l'époque de l'invasion arabe en 721, le comté fut reconstitué au moment de la reconquête carolingienne, et fut intégré à la Marche d'Espagne, puis au marquisat de Gothie. Pour repeupler le Roussillon après la prise de Narbonne en 759 et la conquête de la Septimanie, les Carolingiens ont utilisé le système de l'aprision en faveur des réfugiés wisigoths espagnols. Le Roussillon est alors aux mains de comtes nommés ou reconnus par la monarchie franque, impériale (800-840) puis royale après le traité de Verdun (843) qui a attribué le Roussillon à Charles le Chauve. Mais cette tutelle se fait moins forte au cours du IXe siècle. Pour amener les comtes à participer à l'ost devant secourir le pape Jean VIII attaqué par les Sarrasins, Charles le Chauve a promulgué, entre le 14 et le , le Capitulaire de Quierzy qui permet la transmission de la charge de comte à leur fils aîné et qui a été l'un des fondements juridiques de la future féodalité[1]. Après la fin de la dynastie carolingienne, le comté est considéré comme un bien patrimonial qui passe au tout début du Xe siècle aux mains de la dynastie d'Empuries ou Ampurias. À ce moment, son territoire se réduit à la partie orientale de l'actuel département des Pyrénées-Orientales. La capitale de ce comté est d'abord Château-Roussillon, puis la ville de Perpignan. Le comté reste dans les mains de cette dynastie jusqu'en 1172, à la mort du comte Girard/Guisnard II de Roussillon, qui lègue son comté à son parent et suzerain le roi Alphonse II d'Aragon.

En 1204, le comté est donné en douaire à Marie de Montpellier par son mari le roi Pierre II d'Aragon. Toutefois, des dissensions s'élèvent vite entre les époux et, dès 1209, l'infant Sanche, oncle du roi Pierre, reçoit des droits sur le comté. En 1212, le fils de Sanche, Nuno Sanche, reçoit la seigneurie des comtés de Roussillon et de Cerdagne.

Le comté, autrefois territoire du marquisat de Gothie, n'est plus que sous la dépendance nominale du roi des Francs dont l'autorité est limitée jusqu'au XIIe siècle. Lors de la croisade des Albigeois, le roi d'Aragon Pierre II est vaincu et tué à la bataille de Muret en 1213. Cette défaite sera entérinée par le traité de Corbeil (1258) où le roi d'Aragon renonce à ses terres et son influence sur le Languedoc au profit du roi de France (mis à part Montpellier). Dans ce même traité, la France renonce au Roussillon.

À la mort de Nuno Sanche en 1241, les deux comtés passent par héritage à son petit cousin, le roi d'Aragon et comte de Barcelone Jacques Ier le Conquérant.

En 1262, le roi Jacques Ier le Conquérant organise le partage successoral de ses possessions entre ses fils : le Roussillon, comme la Cerdagne sont destinés à son second fils, Jacques II de Majorque. À la mort du Conquérant en 1276, le Roussillon entre effectivement dans le royaume de Majorque. Mais en 1349, le roi Pierre IV d'Aragon annexe les territoires de son cousin Jacques III de Majorque, réintégrant le Roussillon dans la couronne d'Aragon.

Une querelle opposait le roi Jean II d'Aragon Ă  son fils, Charles, prince de Viane, concernant la succession du royaume de Navarre après la mort de Blanche Ire de Navarre, en 1441. Charles de Viane aurait dĂ» devenir roi de Navarre, mais son père qui Ă©tait roi consort de Navarre, l'a Ă©vincĂ©. Charles de Viane est soutenu par les Catalans. Jean II d'Argon avait signĂ© un pacte d'assistance avec Charles VII en 1457. Le dauphin, futur Louis XI soutient Charles de Viane, mais après la mort de Charles VII, le , Charles de Viane meurt le avant que Louis XI ait signĂ© avec lui un traitĂ© d'alliance[2]. Louis XI a alors envoyĂ© deux hommes de confiance en Catalogne pour discuter d'une offre de soutien avec la GĂ©nĂ©ralitĂ© de Catalogne[3]. Cette dernière dĂ©clina l'offre. Louis XI s'est alors retournĂ© vers Jean II d'Aragon qui a acceptĂ© son soutien pour rĂ©duire le Principat bien qu'il ne se fasse aucune illusion sur la politique de son alliĂ©, mais il avait besoin de son appui pour faire face Ă  une guerre civile menĂ©e par les Catalans. Par l'entremise de Gaston IV, comte de Foix, Louis XI et Jean II d'Aragon signent le traitĂ© de confĂ©dĂ©ration d'Olite le [4] - [5] par lequel Louis XI reconnaissait les droits de Jean II d'Aragon, de Gaston V de Foix, fils d'ÉlĂ©onore de Navarre, mariĂ© Ă  Madeleine de France, sĹ“ur de Louis XI dans la succession de Navarre. Ils se rencontrent le Ă  Sauveterre et concluent un accord d'assistance mutuelle. Louis XI promet des troupes dont 700 lances pour un coĂ»t estimĂ© Ă  200 000 Ă©cus payable par Jean II d'Aragon en deux annuitĂ©s après la prise de Barcelonne. Le roi d'Aragon pouvait ensuite garder 400 lances dans ses royaumes d'Aragon et de Valence mais devrait payer 300 000 Ă©cus en trois annuitĂ©s Ă©gales. Les revenus des comtĂ©s de Roussillon et de Cerdagne devaient servir d'hypothèque. Le traitĂ© de Bayonne signĂ© le sanctionne l'accord de Sauveterre en aggravant les termes. Les Ă©cus sont devenus les vieux Ă©cus de France en or pur, le premier paiement doit ĂŞtre fait trois mois plus tard, les châtelains de Perpignan et Collioure sont dĂ©liĂ©s de leur serment d'hommage au roi d'Aragon mais doivent garder les places pour le roi de France, puis, après la prise de Barcelone, le roi Jean II doit remettre Ă  Louis XI les comtĂ©s de Roussillon et de Cerdagne avec tous ses droits, revenus, relever ses officiers, vassaux, sujets de leurs engagements jusqu'au remboursement complet des sommes dues. Cette clause restait valable mĂŞme si Barcelone faisait sa soumission au roi d'Aragon avant l'intervention française. Ce traitĂ© est ratifiĂ© par le roi Jean II le sous rĂ©serve de ramener le premier terme Ă  six mois. Louis XI signe le traitĂ© amendĂ© le Ă  Chinon. Gaston IV, comte de Foix, leva sa propre armĂ©e et rejoignit l'armĂ©e du roi Ă  Narbonne. Louis XI avait envoyĂ© 700 lances, soit 40% de son ordonnance, et 4 000 francs-archers et de l'artillerie. L'armĂ©e du comte de Foix franchit les PyrĂ©nĂ©es le . Le soulèvement du Roussillon qui menaçait les arrières de l'armĂ©e royale a amenĂ© le roi Ă  conquĂ©rir le pays. Pour ce faire, le roi a dĂ©cidĂ© la constitution d'une seconde armĂ©e de 600 lances commandĂ©e par Jacques d'Armagnac. Perpignan capitule le . Le , Louis XI informe une ambassade de Perpignan qu'il a l'intention de rĂ©unir au royaume de France les comtĂ©s de Roussillon et de Cerdagne par son droit de conquĂŞte contre des sujets rĂ©voltĂ©s[6]. Le reste du Roussillon et de la Cerdagne sont conquis les mois suivants. Le , un dĂ©putĂ© de Puigcerda prĂŞte serment Ă  Louis XI. Cette conquĂŞte des comtĂ©s de Roussillon et de Cerdagne a dĂ» ĂŞtre en partie financĂ©e par des prĂŞts[7]. Jean de Foix, captal de Buch et comte de Candale, est nommĂ© « lieutenant pour le roi » pour les deux comtĂ©s[8]. En 1469, Louis XI change d'alliance et soutient RenĂ© d'Anjou appelĂ© par les Catalans qui l'ont dĂ©signĂ© roi d'Aragon et son fils, Jean II de Lorraine, duc de Calabre, qui fait son entrĂ©e dans GĂ©rone le avec Dunois, lieutenant du roi de France, Louis XI, mais le duc de Calabre meurt subitement en 1470. La position du roi Jean II s'est renforcĂ©e après le mariage d'Isabelle Ire de Castille et Ferdinand II d'Aragon qui prĂ©pare l'unitĂ© espagnole[9]. Mais la rĂ©union de forces hostiles Ă  Louis XI, comprenant le royaume d'Aragon, le royaume d'Angleterre, l'État bourguignon et la rĂ©publique de Venise, va l'amener Ă  rappeler des troupes en France. Il doit s'opposer Ă  la rĂ©volte de Jean V d'Armagnac alliĂ© aux Anglais.

Charles VIII ayant l'intention d'occuper le royaume de Naples veut entamer la conquête de Naples en rendant ces comtés par le traité de Narbonne ou Barcelone signé le par Charles VIII, avec Ferdinand II d'Aragon et Isabelle la Catholique contre leur promesse qu'ils ne forment pas d'alliance contre la France[10] - [11]. Le roi de France n'a pas exigé le remboursement des sommes prêtées par Louis XI et le roi d'Aragon n'a pas tenu ses engagements de ne pas entrer en guerre contre le roi de France.

En 1641, la Catalogne, grande perdante de l'union des couronnes d'Aragon et de Castille, se soulève contre le gouvernement central. La generalitat de Catalogne fait appel à Louis XIII, qu'elle proclame « comte de Barcelone, de Roussillon et de Cerdagne ». L'habile Richelieu saisit alors cette occasion pour annexer le Roussillon et une partie de la Cerdagne. Le traité des Pyrénées de 1659 entérine cette conquête.

Listes des comtes de Roussillon

Comtes bénéficiers

Dynastie d'Empuries

Rois d'Aragon - Maison de Barcelone

Branche des Sanche

Rois d'Aragon - Maison de Barcelone

Rois de Majorque

Rois d'Aragon - Maison de Barcelone

Rois d'Aragon - Maison de Trastamare

Rois de France

Rois d'Aragon - Maison de Trastamare

Pour la suite voir la liste des monarques d'Espagne

Rois de France

  • 1641 - 1643 : Louis XIII, roi de France
  • 1643 - 1659 : Louis XIV, roi de France. Après 1659, Louis XIV ni ses successeurs n'utilisèrent le titre de « comte de Roussillon et de Cerdagne ». En revanche ce titre figure toujours dans la grande titulature du roi d'Espagne.

Évolution historique du comté de Roussillon

  • Le comtĂ© de Roussillon parmi les comtĂ©s pyrĂ©nĂ©ens au dĂ©but du IXe siècle
    Le comté de Roussillon parmi les comtés pyrénéens au début du IXe siècle
  • Les comtĂ©s des PyrĂ©nĂ©es orientales aux XIe et XIIe siècles
    Les comtés des Pyrénées orientales aux XIe et XIIe siècles
  • Le comtĂ© de Roussillon, partie du comtĂ© de Barcelone (1130)
    Le comté de Roussillon, partie du comté de Barcelone (1130)
  • Le comtĂ© de Roussillon, dans le royaume d'Aragon, en 1180
    Le comté de Roussillon, dans le royaume d'Aragon, en 1180

Notes et références

  1. BÜHRER-THIERRY, Geneviève ; Charles MÉRIAUX, La France avant la France, 481-888, Paris, Belin, , 687 p. (ISBN 978-2-7011-3358-4), Chapitre VIII. De la fondation à la fin de l'Empire, ps 329-371
  2. Joseph Calmette, Louis XI, Jean II et la révolution catalane (1461-1473), p. 52-53 (lire en ligne)
  3. Joseph Calmette, Louis XI, Jean II et la révolution catalane (1461-1473), p. 57 (lire en ligne)
  4. Frédéric Léonard, Recueil des traitez de paix, de trêve, de neutralité, de confédération, d'alliance et de commerce faits par les rois de France avec tous les princes et potentats d'Europe, et autres, depuis près de trois siècles, Paris, 1693, tome 1, p. 34 (lire en ligne)
  5. Joseph Calmette, Louis XI, Jean II et la révolution catalane (1461-1473), p. 66 (lire en ligne)
  6. Joseph Calmette, Louis XI, Jean II et la révolution catalane (1461-1473), p. 167 (lire en ligne)
  7. Jean-François Lassalmonie, La boîte à l'enchanteur. Politique financière de Louis XI, Comité pour l'histoire économique et financière de la France, Paris, 2002, (ISBN 978-2-11-092596-1), p. 157-164
  8. Stéphane Péquignot, « L’occasion et l’incertitude. Remarques sur la première « annexion » du Roussillon aux temps de la guerre civile catalane (1461-1473) », dans Pierre Savy, Stéphane Péquignot, Annexer ? Les déplacements de frontières à la fin du Moyen Âge, Presses universitaires de Rennes (collection Histoire), Rennes, 2016, (ISBN 978-2-75354-950-0), p. 195-215 (lire en ligne)
  9. Joseph Calmette, Louis XI, Jean II et la révolution catalane 1461-1473, p. 297-300 (lire en ligne)
  10. Frédéric Léonard, Recueil des traitez de paix, ..., p. 37.
  11. Louis Phocion Todière, Histoire de Charles VIII roi de France, Mame et Cie imprimeurs-libraires, Tours, 1853, p. 154 (lire en ligne)
  12. Histoire du Roussillon : comtes du Roussillon

Voir aussi

Bibliographie

  • [Catafau 1995] Aymat Catafau et Philippe SĂ©nac (dir.), « Les celleres du Roussillon », dans Histoire et archĂ©ologie des terres catalanes au Moyen Ă‚ge, Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, , 445 p. (ISBN 978-2-908912-29-6, lire en ligne), p. 163-185
  • [Baudreu 1995] Dominique Baudreu et Philippe SĂ©nac (dir.), « Le Bas-Razès aux XIe – XIIe siècles, formes castrales et ecclĂ©siales de l’habitat groupĂ© », dans Histoire et archĂ©ologie des terres catalanes au Moyen Ă‚ge, Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, , 445 p. (ISBN 978-2-908912-29-6, lire en ligne), p. 187-228
  • [Verdon 1995] Laure Verdon et Philippe SĂ©nac (dir.), « Quelques aspects de la dĂ©mographie en Roussillon au XIIIe siècle », dans Histoire et archĂ©ologie des terres catalanes au Moyen Ă‚ge, Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, , 445 p. (ISBN 978-2-908912-29-6, lire en ligne), p. 253-268
  • [Caucanas 1995] Sylvie Caucanas et Philippe SĂ©nac (dir.), « Assèchements en Roussillon (XIIe – XIVe siècles) », dans Histoire et archĂ©ologie des terres catalanes au Moyen Ă‚ge, Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, , 445 p. (ISBN 978-2-908912-29-6, lire en ligne), p. 269-278
  • [Larguier 1995] Gilbert Larguier et Philippe SĂ©nac (dir.), « Narbonne, l’expĂ©dition du Roussillon et les courants migratoires : Un rĂ©vĂ©lateur pour le domaine occitano-catalan », dans Histoire et archĂ©ologie des terres catalanes au Moyen Ă‚ge, Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, , 445 p. (ISBN 978-2-908912-29-6, lire en ligne), p. 409-430
  • [Marcet 1995] Alice Marcet I Juncosa et Philippe SĂ©nac (dir.), « Louis XI et le Roussillon », dans Histoire et archĂ©ologie des terres catalanes au Moyen Ă‚ge, Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, , 445 p. (ISBN 978-2-908912-29-6, lire en ligne), p. 431-444

Articles connexes

Liens externes

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