Isabelle II
Isabelle II (ou Isabel II en espagnol), née le à Madrid et morte le à Paris[1], est reine d’Espagne de 1833 à 1868. Son règne peut se découper en quatre parties : la guerre carliste de 1833 à 1839, le temps des régences de 1835 à 1843, la décennie modérée de 1843 à 1854 et la dernière phase de 1854 à 1868[2].
Fille aînée du roi Ferdinand VII, elle devient son héritière grâce à l'abolition de la loi salique par ce dernier avec la signature de la Pragmatique Sanction. À la mort du roi en 1833, certains refusèrent de reconnaître la jeune souveraine et, en application de la loi salique, désignèrent l'oncle d'Isabelle, l'infant Charles, comme roi sous le nom de Charles V. En raison du jeune âge de la nouvelle reine, la régence fut exercée par sa mère Marie-Christine. Cette dernière est marquée par la crise de succession et la guerre civile qui suit la mort de Ferdinand VII. Proche des libéraux, la régente est en opposition avec les partisans carlistes, absolutistes. La guerre carliste engendra de graves difficultés économiques et politiques. La lutte contre l'armée du carliste Tomás de Zumalacárregui, qui avait pris les armes dès 1833, obligea la régente à accorder une grande partie de sa confiance aux militaires christiniens (militares christinos) qui acquirent une grande renommée dans la population. Parmi eux se fit remarquer le général Espartero, chargé de consigner la victoire finale dans la Convention de Oñate. Cette situation, dans laquelle les militaires se substituaient aux partis politiques affaiblis, provoqua une crise gouvernementale permanente au cours de laquelle les intérêts des différents commandements militaires imposèrent des gouvernements successifs qui manquaient d'autorité. Ce n'est qu'avec la fin de la guerre carliste, en 1839, et l'exil de l'infant Charles, qu'Isabelle II fut reconnue comme souveraine légitime par toute l'Espagne.
En 1840, Marie-Christine abandonne la régence au profit du général Espartero qui met en place une dictature militaire qui dure jusqu'à la majorité de la reine en 1843, alors qu'elle n'a encore que treize ans. Elle prête serment à la Constitution le devant les Cortes générales. Les premières années de son règne personnel sont marquées par l'arrivée au pouvoir du Parti modéré et la promulgation d'une nouvelle constitution en 1845.
Bien qu'elle ait été un personnage majeur de l'Espagne au XIXe siècle, son règne est globalement jugé de manière négative en raison de l'instabilité politique qui le caractérise.
Famille
Isabelle II d'Espagne est la fille du roi d'Espagne Ferdinand VII et de sa quatrième épouse (et nièce), Marie-Christine de Bourbon-Siciles.
Son ancêtre, Philippe V, prince d'origine française de la maison de Bourbon, bien qu'il tînt ses droits au trône espagnol de sa grand-mère, la reine Marie-Thérèse, avait établi la loi salique en 1713 afin d'empêcher la dynastie rivale de Habsbourg de se réapproprier la couronne espagnole par des mariages opportuns selon l'adage « Tu Felix Austria Nube »[3] qui, au XVIe siècle, avait permis à ces princes austro-bourguignons de se constituer un empire sur lequel « le soleil ne se couchait jamais ».
Princesse héritière
Un siècle plus tard, n'ayant pas de descendant malgré trois mariages, Ferdinand VII, arrière-petit-fils de Philippe V, envisage de laisser le trône à son frère, l'ultra-conservateur infant Charles, comte de Molina, lequel est également père de trois fils.
Sur les instances de sa plus jeune belle-sœur (et nièce), l'intelligente, opiniâtre et libérale Louise-Charlotte de Bourbon-Siciles, il contracte en 1829 une quatrième union avec la sœur de celle-ci, Marie-Christine. Il faut noter que Ferdinand VII et ses frères, qu'ils soient conservateurs ou libéraux, ont tous épousé leurs nièces. En effet, à l'époque, les méfaits de la consanguinité étaient négligés et, les mariages princiers étant dictés moins par les sentiments des futurs conjoints que par l'intérêt politique des différentes dynasties. Le pape accordait paternellement les dispenses nécessaires aux futurs époux.
La jeune reine déclare sa première grossesse dès le début de 1830. Toujours sur les instances de l'infante Louise, qui craint l'arrivée au pouvoir d'un prince aussi conservateur que son beau-frère et oncle l'infant Charles, Ferdinand VII promulgue une Pragmatique Sanction abolissant la loi salique et permettant à l'enfant à naître de porter la couronne quel que soit son sexe. Pour ce faire, il s'appuie sur une déclaration de son père Charles IV discrètement publiée en 1789 qui, rétablissant la tradition espagnole, abolit la loi salique.
Cette décision est refusée par l'infant Charles et par ses partisans, qui considèrent que la couronne espagnole, issue d'une maison française, est régie tout comme la Couronne de France par la loi salique, en vertu de la Pragmatique Sanction édictée en 1713 par Philippe V. Pour ceux-ci et pour le principal intéressé, l'héritier légitime du roi est son frère, l'infant Charles. Celui-ci, né en 1788, prétextant que la déclaration de leur père, Charles IV, datant de 1789, ne lui est pas applicable, refuse de prêter serment à l'enfant à naître si celui-ci est une fille.
Le , la reine met au monde une petite fille, laquelle est prénommée Isabelle en souvenir de sa glorieuse ancêtre Isabelle Ire de Castille.
Accession au trône
À la mort de son père le , Isabelle, qui n'a pas encore trois ans, est proclamée reine sous le nom d'Isabelle II sous la régence de sa mère Marie-Christine, tandis que son oncle se déclare également roi sous le nom de « Charles V ».
Les partisans de l'infant prennent le nom de « carlistes ». Ceux-ci sont des défenseurs acharnés du catholicisme institutionnel et du maintien du droit des provinces, alors que leurs adversaires, les « isabellistes », sont plus libéraux et centralisateurs.
Ce conflit entre les deux factions aboutit à la crise de succession qui se traduit par des affrontements armés qui touchent surtout le Nord de l'Espagne, connus aussi sous le nom de guerres carlistes. Les partisans de l'infant Charles ne parviennent pas à prendre Madrid ni à s'emparer du trône, soutenu par des contingents anglais et français. La France libérale du roi Louis-Philippe Ier se pose comme le premier allié de l'Espagne « isabelliste ». Derrière ces guerres de succession se dissimulent deux visions politiques opposées de l'Espagne : celle des partisans de la jeune Isabelle II et de sa mère, libérale et centralisatrice ; l'autre portée par les partisans de l'infant Charles, cléricale et fédéraliste.
Mariage et descendance : des liens de famille complexes
Mariage sous l'influence du roi des Français
Le , Isabelle, qui fête ses 16 ans, et sa sœur Louise-Fernande, âgée de 14 ans, se marient le même jour.
Influencée par le roi des Français, Louis-Philippe, son grand-oncle par alliance, Isabelle II épouse son cousin, l'infant François d'Assise de Bourbon, duc de Cadix[4]. Le jeune homme est doublement son cousin puisque son père est l'infant François de Paule de Bourbon, frère cadet de Ferdinand VII et de l'infant Charles, et que sa mère est la princesse Louise-Charlotte des Deux-Siciles, déjà citée, sœur et soutien de la régente Marie-Christine mais aussi de l'épouse du deuxième prétendant carliste (Carlos, fils de l'infant Charles qui a « abdiqué » en 1845). À noter également, ainsi qu'il est signalé plus haut, que ces princesses sont également les nièces de leurs maris.
Louis-Philippe en profite pour marier la jeune sœur d'Isabelle, Louise-Fernande, à son plus jeune fils Antoine, duc de Montpensier. Ainsi, si Isabelle n'a pas d'enfant — ou pas d'enfant survivant — le duc de Montpensier pourrait monter avec la sœur d'Isabelle sur le trône espagnol.
Le jour du mariage d'Isabelle, sa mère l'ex-régente Marie-Christine (qui, contre les usages de son milieu, a contracté en secondes noces une union morganatique — bientôt reconnue par sa fille — l'ayant rendue mère de famille nombreuse) ne peut se retenir de soupirer : « Ce mariage ne devrait pas être ». Le promis, François d'Assise de Bourbon, est un jeune homme de 24 ans, il souffrait d'hypospadias, plus tard, après le putsch de 1868, les carlistes useront de ce prétexte pour le prétendre homosexuel. Le couple royal aura onze enfants, dont cinq parviennent à l'âge adulte[5]. Le roi consort, lors des cérémonies officielles de présentation de l'enfant nouveau-né à la cour, prend pour habitude de dire avant de se retirer :
« Vous féliciterez Sa Majesté mon épouse d'être tombée enceinte et d'avoir heureusement accouché. »
Selon la propagande carliste diffusée après le coup d'état de 1868, la plupart des enfants d'Isabelle ne seraient pas légitimes ; et le roi consort aurait donné à ses chiens les noms des amants de son épouse. Les préférences de la reine se portaient vers le monde de la musique (compositeurs, chanteurs lyriques) ainsi que, étant donné l'époque trouble et le milieu dans lequel elle évoluait, des militaires, des officiers et des diplomates.
Une descendance nombreuse
Après le mariage, François d'Assise est fait roi d'Espagne ; Isabelle reste la reine régnante accordant ainsi à son époux le rang de « roi consort »[6]. Leurs onze enfants sont bien ceux de la reine et de son époux légitime et ainsi les héritiers de Charles Quint et de Philippe V :
- Louis, qui ne vit que quelques heures en 1849 ;
- Ferdinand, qui ne vit que quelques heures en 1850 ;
- Marie-Isabelle (1851 – 1931), qui épouse Gaétan de Bourbon-Siciles (1846 – 1871), prince royal des Deux-Siciles et comte d'Agrigente (sans postérité) ;
- Marie-Christine, qui ne vit que quelques heures en 1854 ;
- François, qui ne vit que quelques heures en 1856 ;
- Alphonse XII (1857 – 1885), qui est roi d'Espagne de 1874 à 1885 :
- il épouse en 1878 Mercedes d'Orléans (1860 – 1878),
- veuf, il épouse en 1879 Marie-Christine d'Autriche (1858 – 1929), qui est régente de 1885 à 1902 ;
- María de la Concepción de Borbón (1859 – 1861) ;
- María del Pilar d'Espagne (1861 – 1879) ;
- María de la Paz de Borbón (1862 – 1946), qui épouse en 1884 Louis-Ferdinand de Bavière (1859 – 1949), titré infant d'Espagne ;
- Francisco de Asís de Borbón, qui ne vit que quelques heures en 1863 ;
- Eulalie (1864 – 1958), qui épouse son cousin germain Antoine d'Orléans, titré infant d'Espagne et duc de Galliera.
Ce mariage, dont est issu le roi Alphonse XII, contribuera plus tard à réunir les successions isabelliste et carliste espagnoles, ainsi que la succession légitimiste française, dans la même personne : le roi Alphonse XIII, en 1936.
Mariage peu heureux et vie religieuse
Victime d'un mariage dynastique désastreux qu'elle avait commencé par refuser, la reine prit des amants. De là serait né, forgé par des opposants de tout bord, le mythe de la reine nymphomane. En réalité, ce mythe fut inventé exclusivement par les carlistes pour discréditer sa personne, Isabelle fut une très pieuse catholique, d'une foi ardente et sincère[7].
En 1857, elle prit pour confesseur Antoine-Marie Claret, archevêque de Cuba, dont la vie était en danger, le prélat s'étant opposé au traitement des esclaves par les colons. Il exerça également une grande influence (il sera canonisé en 1950).
Sous l'influence de la France également, le jour de son mariage, la jeune reine nomma son mari roi consort, lui donna le prédicat de Majesté et à l'instar de la reine Victoria du Royaume-Uni partagea avec son époux la réalité du pouvoir.
L'année même de son mariage est troublée par la deuxième guerre carliste qui durera jusqu'en 1849.
Règne personnel
Des conseillers influents
La reine, en proie à un entourage ultra-politisé et manipulateur, ne semble pas avoir porté un grand intérêt à la politique. Intelligente, généreuse, décidée, elle sait faire preuve de caractère dans une Espagne traumatisée par la période française et déchirée entre conservateurs et libéraux, carlistes et christinistes, cléricaux et anticléricaux mais tous profondément misogynes : dès l'âge de 13 ans, poussée par les libéraux à dissoudre les Cortes, elle affirme devant les députés avoir été enfermée et manipulée par le chef des libéraux. Assez rapidement, la réalité du pouvoir appartient à l'armée et ce sont des généraux qui contrôlent le pays.
En 1840, sa mère, la reine Maria Cristina, est expulsée d'Espagne après avoir promulgué la Constitution espagnole de 1837 laissant la régence au général Espartero, lequel est renversé trois ans plus tard.
Pour éviter le chaos, les Cortes décident d'éviter une nouvelle régence et proclament la majorité de la jeune reine de 13 ans. Un des premiers gestes de la petite souveraine est de rappeler sa mère d'exil. Les deux femmes restent proches. La reine mère rentre en Espagne après avoir fait reconnaître par le pape Grégoire XVI son mariage morganatique avec Agustín Fernando Muñoz y Sánchez ; elle le fait ensuite reconnaître officiellement par sa fille Isabelle II qui autorise une seconde célébration publique de ce mariage ; elle exerce de l'influence sur sa fille qui recherche ses conseils.
En 1845, sous la présidence du Conseil du général conservateur Narváez qui a vaincu le général progressiste Espartero, est promulguée la Constitution espagnole de 1845 inspirée par la monarchie de Juillet française.
Influence de Louis-Philippe
La reine douairière ayant cherché à marier Isabelle II au duc d'Orléans, fils aîné et héritier du roi des Français, l'Angleterre, toujours soucieuse d'éviter le rapprochement des couronnes espagnoles et française, s'en émut et proposa un cousin du prince consort : Léopold de Saxe-Cobourg et Gotha. Finalement, sous l'influence du roi des Français Louis-Philippe Ier, Isabelle épousa non sans répugnance à 16 ans son cousin François d'Assise de Bourbon, l'infant le plus proche du trône après la branche carliste mais homosexuel avéré, tandis que sa jeune sœur de 14 ans Louise-Fernande épouse le duc de Montpensier, dernier fils du roi des Français qui intriguera en coulisse pour faire détrôner sa belle-sœur au profit de son épouse.
Développement économique et culturel
En 1850, elle inaugure le théâtre royal, l'année suivante la première ligne de chemin de fer (Madrid-Aranjuez) et le canal qui porte encore aujourd'hui son nom. En 1851 est enfin signé le concordat avec la papauté. Double victoire morale face à son cousin carliste : Isabelle II est reconnue comme reine légitime d'Espagne et les propriétés de l'Église, nationalisées et vendues à des particuliers depuis 1836 resteront à leurs nouveaux propriétaires, l'Église étant indemnisée par l'État.
C'est également durant le règne d'Isabelle II que sont ouvertes et exploitées les mines espagnoles. Néanmoins le développement économique reste fort lent s'il est comparé à celui des autres pays européens, et la corruption se généralise dans les classes les plus élevées de la société, y compris l'ensemble de la famille royale.
Crise politique
En 1854, un pronunciamento contraint la reine à nommer président du Conseil le général progressiste Baldomero Espartero, le vainqueur de la première guerre carliste, remplacé par la souveraine au bout deux ans par le général modéré Leopoldo O'Donnell.
Mais la crise politique et institutionnelle s'intensifie et le gouvernement est confié alternativement à deux généraux, Narváez — conservateur qui avait promulgué la constitution de 1845 — et Leopoldo O'Donnell, chef des modérés, tandis que le soutien de la France est de plus en plus cher : malgré l'engagement de l'Espagne dans sa désastreuse guerre du Mexique, l'empereur Napoléon III réclame par la bouche de son épouse, l'Espagnole Eugénie de Montijo, rien de moins que les îles Baléares.
Néanmoins, l'Espagne mène une campagne victorieuse contre le Maroc en 1859/1860 qui lui donne la ville de Tétouan et une confortable indemnité financière[8]. Le royaume participa aux côtés de la France à la campagne de Cochinchine dont elle ne retira aucun bénéfice (1857-1858) et à l'expédition désastreuse du Mexique en 1863-1867[9].
Dans cette Espagne en perdition, les interventions publiques mais « anticonstitutionnelles » de la reine (elle va jusqu'à proposer d'être nommée secrétaire d'État) rendent celle-ci de plus en plus impopulaire dans les milieux politiques tandis que les ragots sur sa vie privée et la corruption de la cour lui ôtent le respect du peuple. La reine est la cible d'une tentative de meurtre par un moine franciscain en 1852.
Fin du règne
Le , la reine nomma Narváez au poste de président du conseil. Ce dernier forma un gouvernement avec l'intention d'unir les forces politiques et de faire naître un esprit d'union qui permettrait l'intégration des progressistes dans la politique active, de peur que la remise en cause du règne ne s'aggrave. Le refus des progressistes de participer dans un système qu'ils considéraient comme corrompu et caduc entraîna Narváez vers l'autoritarisme et des démissions en rafale au sein du cabinet. À tout ceci s'ajoutèrent, au discrédit du gouvernement, les événements de la nuit de Saint-Daniel (Noche de San Daniel) le : les étudiants de la capitale protestaient contre les mesures d'Antonio Alcalá Galiano, qui tentait d'écarter rationalisme et krausisme des salles de cours, en maintenant la doctrine de la morale officielle de l'Église catholique ; ils protestaient aussi contre la destitution d'Emilio Castelar de la chaire d'histoire pour ses articles publiés dans La Democracia, où il dénonçait la vente du Patrimoine Royal avec appropriation par la reine de 25 % du bénéfice des ventes. La dure répression gouvernementale provoqua la mort de treize étudiants.
La crise entraîna la formation d'un nouveau gouvernement le avec le retour de Leopoldo O'Donnell. On approuva, entre autres mesures, une nouvelle loi qui permettait d'accroître le corps électoral de 400 000 membres, presque le double du nombre antérieur, et des élections aux Cortes furent convoquées. Cependant, avant même qu'elles aient lieu, les progressistes annoncèrent leur non-participation. Dans ce contexte, le général Juan Prim organisa le soulèvement de Villarejo de Salvanés, pour prendre le pouvoir par les armes, mais il échoua en raison d'une planification insuffisante. De nouveau, l'attitude hostile des progressistes déplut à O'Donell, qui renforça le caractère autoritaire de son gouvernement, entraînant le soulèvement de la garnison de San Gil le , de nouveau organisé par Prim, mais qui échoua à nouveau et se solda par plus de soixante condamnations à mort.
O'Donnell se retira, épuisé, de la vie politique, et il fut remplacé en juillet par Narváez, qui annula pour les insurgés les peines qui n'avaient pas encore été exécutées, mais maintint la rigueur autoritaire : expulsions des chaires des républicains et krausistes, renforcement de la censure et contrôle de l'ordre public. À la mort de Narváez, l'autoritaire Luis González Bravo lui succéda avec une politique plus répressive, soutenue par la reine. En 1866, un soulèvement est réprimé dans le sang et en 1868, le général Juan Prim lance une révolution aux cris de « À bas les Bourbons ! Vive l'Espagne honnête ! » qui, le 30 septembre, force la reine Isabelle à s'exiler en France[10].
Exil en France
Elle abdique le et cède ses droits à son fils, le fringant prince des Asturies qui, venant d'entrer dans sa quatorzième année, est déclaré majeur. Le départ de la reine, loin d'arranger la situation de l'Espagne, provoque de nouvelles tensions nationales voire internationales. Il entraîne en effet une candidature de la dynastie Hohenzollern-Sigmaringen en 1870, vite retirée par le prince concerné (sur les conseils de son père, l'avisé Charles-Antoine de Hohenzollern-Sigmaringen) mais habilement exploitée par le chancelier Bismarck. Cette prétention se trouve être l'une des causes de la guerre franco-prussienne de 1870.
La reine se réfugie alors au « palais de Castille » (ex-hôtel Basilewski), avenue Kléber à Paris où en , elle apprend le suicide de son gendre l'infant Gaétan de Bourbon-Siciles qui a mis fin à ses jours à l'âge de 25 ans, laissant l'infante Marie-Isabelle veuve à 19 ans.
Plus heureux, en 1874, l'ex-reine apprend le rétablissement de la monarchie, la restauration de sa maison sur le trône et l'avènement de son fils âgé de 17 ans. En revanche, le mariage du nouveau roi avec sa cousine l'infante Mercedes, fille de son beau-frère et rival, Antoine d'Orléans, lui plaît moins. Cependant, la jeune princesse sait d'emblée conquérir l'affection de son peuple. Elle meurt après quelques mois de mariage, Alphonse XII épouse alors l'archiduchesse Marie-Christine d'Autriche (1858-1929), dont il a trois enfants. Craignant une nouvelle alliance avec la branche d'Orléans, la princesse des Asturies, sœur aînée et héritière du roi, a fortement influencé ce mariage avec une cousine de son défunt mari.
En 1878, la reine douairière María Cristina meurt au Havre, cinq ans après son second époux.
Entre 1850 et 1880, Isabelle II, sa mère et sa sœur, l'infante María Luisa, séjournent à différentes reprises sur la côte normande, notamment au château des Aygues à Étretat. Elle fait chaque année une cure à Contrexéville, ville thermale qui donna le nom de la reine à une de ses rues. Elle fait également des séjours à Saint-Honoré-les-Bains et y demeure à la Villa des Pins.
En 1885, son fils Alphonse XII meurt prématurément, confiant la régence à sa jeune épouse enceinte Marie-Christine d'Autriche. Quelques mois plus tard naît le roi Alphonse XIII.
La reine Isabelle II meurt à Paris en 1904 âgée de 73 ans. Elle est inhumée à la nécropole royale de l'Escurial, dans la crypte royale.
Titres et honneurs
Titulature
- - : Son Altesse Royale la princesse des Asturies ;
- - : Sa Majesté la reine d'Espagne ;
- - : Sa Majesté Isabelle II.
Honneurs étrangers
- Autriche-Hongrie : Chevalier grand-cordon avec collier de l'ordre de Saint-Étienne de Hongrie[11]
- Autriche-Hongrie : Dame de l'ordre de la Croix étoilée[11]
- Empire du Brésil : Chevalier grand-cordon de l'ordre du Christ[11]
- Empire du Brésil : Chevalier grand-cordon avec collier de l'ordre de la Croix du Sud[11]
- France :
- Royaume de France : Chevalier grand-croix de l'ordre du Saint-Esprit
- Royaume de France : Chevalier grand-croix avec collier de l'ordre de Saint-Michel
- Empire français : Chevalier grand-cordon avec collier de l'ordre impérial de la Légion d'honneur[11]
- Royaume de Bavière : Chevalier grand-croix avec chaîne de l'ordre de Saint Hubert[11]
- Royaume de Bavière : Dame grand-croix de l'ordre de Thérèse[11]
- Royaume de Bavière : Dame grand-croix de l'ordre de Saint-Élisabeth[11]
- Saxe-Weimar-Eisenach : Chevalier grand-croix de l'ordre du Faucon blanc[12]
- Royaume de Saxe : Dame grand-croix de l'ordre de Sidonie[11]
- Royaume de Saxe : Dame de l'ordre de Marie-Anne[11]
- Grèce : Chevalier grand-croix de l'ordre du Sauveur[11]
- Empire d'Haïti : Chevalier grand-croix de l'ordre de Saint-Faustin
- Italie :
- Royaume d'Italie : Chevalier grand-collier de l'ordre suprême de la Très Sainte Annonciade
- Royaume d'Italie : Chevalier grand-cordon de l'ordre des Saints-Maurice-et-Lazare
- Royaume d'Italie : Chevalier grand-cordon de l'ordre de la Couronne d'Italie
- Saint-Siège: Chevalier grand-croix avec collier de l'ordre du Christ[11]
- Royaume des Deux-Siciles : Chevalier grand-croix avec collier de l'ordre de Saint-Janvier[13]
- Royaume des Deux-Siciles : Bailli chevalier grand-croix avec collier de l'ordre royal des Deux-Siciles
- Empire mexicain : Chevalier grand-cordon avec collier de l'ordre impérial de Guadalupe[11]
- Empire mexicain : Dame grand-cordon de l'ordre impérial de Saint-Charles[11]
- Monaco: Chevalier grand-croix de l'ordre de Saint-Charles[11]
- Royaume de Portugal : Chevalier grand-croix de l'ordre de l'Immaculée Conception de Vila Viçosa[11]
- Royaume de Portugal : Chevalier grand-croix avec collier de l'ordre de la Tour et de l'Épée[11]
Ascendance
Notes et références
- Acte décès. Archives Paris p. 16/31.
- Pilar Martinez-Vasseur, L'armée espagnole (XIXe et XXe siècle), Ellipses, 2003.
- Bélla geránt aliī, tú felix Áustria nūbe. Nám quæ Márs aliīs, dát tibi díva Venūs. C'est-à-dire : « Que les autres fassent la guerre. Toi, heureuse Autriche, épouse ! Car ce que Mars donne aux autres, c'est la divine Vénus qui te l'obtiendra. »
- Jasper Ridley, Lord Palmerston (1970) pp 308-15.
- (es) Juan Sisinio Pérez Garzón, Isabel II: Los Espejos de la Reina,
- Mrs. Wm. Pitt Byrne, Cosas De España, Illustrative of Spain and the Spaniards as they are, Volume II, Page 7, Alexander Strahan, Publisher, London and New York, 1866.
- (es) Condé Nast, « Brillantes, topacios y oro: el regalo de Isabel II de España a la Virgen de Atocha por salvarla de morir desangrada como Sissi », sur Vanity Fair España, (consulté le )
- Henry Funtecha, « Iloilo's position under colonial rule » [archive du ], thenewstoday.info.
- Demy Sonza, « The Port of Iloilo: 1855 - 2005 » [archive du ], sur Graciano Lopez-Jaena Life and Works and Iloilo History Online Resource, Dr. Graciano Lopez-Jaena (DGLJ) Foundation, Inc..
- F.H. Gribble, The tragedy of Isabella, II (1913).
- Plusieurs auteurs, Boletín de la Real Academia de la Historia, Tomo CLXXVI, Cuaderno I, 1979, Real Academia de la Historia, Madrid, España, pages 211 & 220 (en espagnol), 6 juin 2010. Information sur les ordres et décorations décernées à Isabelle II lors de sa tournée européenne, après qu'elle eut atteint l'âge de régner en qualité de reine.
- Staatshandbuch für das Großherzogtum Sachsen / Sachsen-Weimar-Eisenach (1885), "Großherzogliche Hausorden" p. 14
- « GENEALOGY OF THE ROYAL HOUSE OF SPAIN », sur Chivalricorders.org (consulté le ).
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- (en) British Museum
- (en) National Portrait Gallery
- (en) Union List of Artist Names
- Ressource relative à la musique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- (es) Biographie.