Marie-Christine de Bourbon-Siciles (1806-1878)
Marie Christine Ferdinande de Bourbon, princesse royale des Deux-Siciles, est une reine (1829-1833) puis régente d'Espagne (1833-1840) née le à Palerme (royaume de Sicile) et morte le au Havre (France).
Marie-Christine de Bourbon-Siciles Maria Cristina di Borbone-Due Sicilie | |
Portrait de la reine Marie-Christine, régente d'Espagne, par Vicente López y Portaña, 1830. | |
Titre | |
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RĂ©gente d'Espagne | |
� (7 ans et 13 jours) |
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Monarque | Isabelle II |
Prédécesseur | Ferdinand VII d'Espagne (roi) |
Successeur | Baldomero Espartero |
Reine d'Espagne | |
� (3 ans, 9 mois et 18 jours) |
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Prédécesseur | Marie-Josèphe de Saxe |
Successeur | François d'Assise de Bourbon |
Biographie | |
Dynastie | Maison de Bourbon-Siciles |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Palerme, Royaume de Sicile |
Date de décès | |
Lieu de décès | Le Havre, France |
SĂ©pulture | Escurial |
Père | François Ier des Deux-Siciles |
Mère | Marie-Isabelle d'Espagne |
Conjoint | Ferdinand VII d'Espagne (1829-1833) AgustĂn Fernando Muñoz y Sánchez (1833-1873) |
Enfants | Premier mariage: Isabelle II Louise Fernande de Bourbon Second mariage: MarĂa Amparo MarĂa de los Milagros AgustĂn, duc de TarancĂłn Fernando, duc de Riansares y TarancĂłn MarĂa Cristina Juan, comte du Recuerdo JosĂ©, comte de GarcĂa |
Religion | Catholicisme romain |
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Reine consort d'Espagne | |
Quatrième épouse de son oncle, le roi Ferdinand VII d'Espagne, elle fut régente à sa mort en 1833 ; mère de la future reine Isabelle II d'Espagne, elle dut gérer la crise de succession qui conduisit à la Constitution de 1837.
Biographie
Origines et famille
Troisième fille du roi François Ier des Deux-Siciles (1777-1830), et de l'infante Marie-Isabelle d'Espagne (1789-1848), elle-même fille du roi Charles IV, elle épousa avec dispense son oncle, de 22 ans plus âgé, Ferdinand VII (1784-1833) le et devint sa quatrième épouse.
Le roi d'Espagne n'ayant pas d'enfant de ses trois premiers mariages, cherchait une épouse susceptible de lui donner un héritier et la Maison des Deux-Siciles était réputée pour sa fécondité. Les mariages royaux étant affaire politique, la différence d'âge n'était pas un obstacle et les méfaits de la consanguinité étant ignorés, que le roi fût l'oncle de son épouse, n'entrait guère en ligne de compte. Le pape accordait facilement une dispense aux princes qui le soutenaient. De plus, la Maison Royale des Deux-Siciles étant une branche cadette de la Maison Royale d'Espagne, le roi des Deux-Siciles ne pouvait guère refuser la proposition du roi d'Espagne. À la même époque le frère cadet du roi épousa également une sœur de Marie-Christine qui était également sa nièce.
Le couple royal eut deux filles Isabelle (1830-1904) et Louise-Ferdinande (1832-1897).
RĂ©gente d'Espagne
À la mort de son mari, le , sa fille aînée n'ayant que trois ans, elle tint le rôle de régente. La dévolution de la couronne était disputée entre Isabelle et l'infant Charles, comte de Molina, frère du défunt roi qui revendiquait ses droits en s'appuyant sur la loi salique, alors que Charles IV l'avait abrogée en 1789 et que Ferdinand VII avait ratifié cette décision[1]. Charles représentait le courant conservateur, clérical et régionaliste (V. carlisme) quand la régente était soutenue par les libéraux, anticléricaux et centralisateurs. Ce fut l'origine de la première guerre carliste.
Trois mois seulement après la mort de Ferdinand VII, Marie Christine, qui n'avait que 27 ans, Ă©pousa secrètement un sergent de la garde royale d'origine roturière, AgustĂn Fernando Muñoz y Sánchez, ce qui ne lui valut pas une grande popularitĂ©.
Ne réussissant pas à se concilier les libéraux et les modérés, elle fut contrainte d'abandonner la régence au général Espartero et de partir en exil, sortant d'Espagne le à bord du Mercurio. Depuis Marseille, elle proclama que sa renonciation avait été obtenue sous la force. Elle se rendit ensuite à Rome pour recevoir la bénédiction de Grégoire XVI et l'approbation de son mariage morganatique.
De cette époque date la célèbre chanson contestataire : "Maria Christina me quiere gobernar" dont les paroles disent : "Marie-Christine veut me gouverner... No, no, no, no, Maria Cristina". Au XXe siécle, elle devient une chanson très populaire, perdant sa dimension politique, quand les musiciens cubains la reprennent dans les années 1930[2].
Exil en France
Ensuite elle s'installa à Paris où régnait son oncle[3] Louis-Philippe Ier et tenta d'intriguer contre le gouvernement d'Espartero, jusqu'à ce qu'enfin Isabelle fût nommée reine, à 13 ans encore mineure. Elle acheta en 1842 le château de Malmaison, à proximité de Paris. Elle s'installa d'abord au palais Bragance[4], rue de Courcelles, où avait logé l'empereur Pierre Ier du Brésil, puis fit construire un hôtel particulier sur l'avenue des Champs-Élysées[5].
Retour en Espagne
Elle rentra alors en Espagne et s'installa Ă Madrid. Le , avec le consentement de sa fille, elle cĂ©lĂ©bra officiellement son mariage avec AgustĂn Fernando Muñoz y Sánchez, qui avait prĂ©alablement Ă©tĂ© admis Ă la grandesse d'Espagne et titrĂ© duc de Riánsares. Le jour de ses noces, il fut Ă©galement Ă©levĂ© au grade de lieutenant gĂ©nĂ©ral et fait sĂ©nateur Ă vie.
Elle tenta encore de contrôler la politique de sa fille lors de la promulgation de la Constitution espagnole de 1845 et s'imposa dans diverses tractations commerciales et économiques, au point qu'on l'accusait d'avoir des intérêts dans tous les projets industriels, ce qui augmentait encore son impopularité. Elle s'opposa en vain au mariage de sa fille avec son cousin l'infant François d'Assise.
Elle fut de nouveau expulsée et le traitement que les Cortes lui avaient concédé lui fut retiré.
Nouvel exil en France
En 1861, Marie-Christine revend à Napoléon III le château de Malmaison. Elle demeure en France le reste de sa vie, et ne revient en Espagne que trente ans plus tard sous le règne de son petit-fils Alphonse XII mais sans avoir l'autorisation d'y demeurer définitivement. Le , une révolution renverse sa fille Isabelle II qui rejoint alors sa mère en France. Isabelle abdique le ) en faveur de son fils Alphonse XII, mais il n'obtient la couronne que le , et ses partisans ne voient pas d'un bon œil l'influence éventuelle de sa mère et de sa grand-mère.
Réfugiée sur la côte normande, elle fait construire en 1859 par l'architecte Théodore Huchon, la villa « Mon Désir » qui deviendra par la suite l'hôtel Marie-Christine, un casino, un hôpital militaire pendant la Première Guerre mondiale avant d'être détruite en 1951[6]. Elle y meurt en 1878 et sa dépouille est ensuite transférée au monastère de l'Escurial où, en tant que reine et mère d'une souveraine, elle repose au panthéon des Rois.
Mariages et descendances
- Le , elle épousa en premières noces Ferdinand VII d'Espagne (1784-1833), dont deux filles :
- Isabelle (-), qui épousa (1846) l'infant François d'Assise (1822-1902), duc de Cadix ;
- Louise-Ferdinande (-), qui épousa (1846) Antoine d'Orléans (1824-1890), duc de Montpensier.
- Le , elle Ă©pousa en secondes noces AgustĂn Fernando Muñoz y Sánchez (1808-1873), dont sept enfants :
Notes et références
- Charles étant né en 1788 - avant l'abrogation de la loi salique par son père - prétendait que la loi d'abrogation ne pouvait être rétroactive et qu'il était le seul successeur légitime de son frère.
- (es) « Curiosidades del capĂtulo 7 de 'El Ministerio del Tiempo' / RTVE », sur RTVE.es, (consultĂ© le ).
- Il avait épousé Marie-Amélie de Bourbon-Siciles, sœur du roi François Ier des Deux-Siciles.
- Le palais Bragance se trouvait aux nos 24-28 rue de Courcelles.
- L�i>hôtel d'Espagne se trouvait au n° 76 de l'avenue. Il avait été bâti pour la reine Marie Christine à l'emplacement d'une maison ayant appartenu à la duchesse de Caumont-La Force. Il s'agissait d'un hôtel entre cour et jardin, construit sur une parcelle de deux tiers d'hectare s'étendant jusqu'à la rue de Ponthieu et donnant sur l'avenue par une porte cochère. L'hôtel comportait des plafonds peints par Fortuny. Il fut acquis en 1880 par la duchesse d'Uzès.
- Le Havre, vue sur la villa Mon Désir, La Stéréothèque
Annexes
Bibliographie
- Almudena Delgado Larios, « Femmes et politique : une nouvelle vision du XIXe siècle » dans Les relations de genre dans le monde hispanique. Journée d’Études ILCEA/CERHIUS Université de Grenoble III (en ligne)