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Incendie de l'usine Lubrizol Ă  Rouen

L'Incendie de l'usine Lubrizol et des entrepĂŽts de Normandie Logistique Ă  Rouen a eu lieu le dans une usine de produits chimiques de la sociĂ©tĂ© Lubrizol classĂ©e Seveso seuil haut (« Ă  haut risque Â») ; cette usine synthĂ©tise et stocke des produits chimiques (phosphorĂ©s et organosulfurĂ©s) destinĂ©s Ă  ĂȘtre utilisĂ©s comme additifs pour lubrifiants. Pour des raisons encore inconnues, le feu a pris en un lieu encore inconnu et a touchĂ© une partie des entrepĂŽts de Normandie Logistique et de la zone de stockage de Lubrizol. Un Ă©pais panache de fumĂ©e noire s'est formĂ©, atteignant plus de 20 km. Ni morts ni blessĂ©s ne sont Ă  dĂ©plorer. Dans le cadre de la gestion de l'accident, diffĂ©rentes mesures sont prises pour la protection de la population (confinement, fermetures d'Ă©coles, suspension de certaines activitĂ©s agricoles, etc.).

Incendie de l'usine Lubrizol Ă  Rouen
L'incendie de l'usine le 26 septembre au matin.
L'incendie de l'usine le 26 septembre au matin.

Type Incendie
Pays Drapeau de la France France
Localisation Quai de France, Rouen, Normandie, France
CoordonnĂ©es 49° 26â€Č 11″ nord, 1° 03â€Č 30″ est
Date
Bilan
BlessĂ©s Nombreux maux de tĂȘte et vomissements, 8 hospitalisations (patients souffrant dĂ©jĂ  de troubles respiratoires)

Sur le plan sanitaire, les rĂ©sultats des premiĂšres mesures (air, eau) font apparaĂźtre un Ă©tat habituel de la qualitĂ© de l’air, Ă  l’exception de la mesure effectuĂ©e sur le site de Lubrizol pour ce qui concerne le benzĂšne, et une bonne qualitĂ© de l'eau. Toutefois aprĂšs la parution de la liste des produits impliquĂ©s dans l’incendie, des interrogations demeurent sur la prĂ©sence ou non de produits dangereux dans les dĂ©rivĂ©s des combustions, qui n'auraient pas Ă©tĂ© mesurĂ©s. La prĂ©fecture de rĂ©gion se veut cependant rassurante et publie rĂ©guliĂšrement ses analyses[1]. En juillet 2020, un rapport gouvernemental tirant les leçons du retour d'expĂ©rience est publiĂ©[2].

L'accident a Ă©galement des consĂ©quences Ă©conomiques (entreprises en activitĂ© partielle, agriculteurs en arrĂȘt de production). Une mission d'information parlementaire est lancĂ©e. Des procĂ©dures judiciaires sont engagĂ©es.

CaractĂ©ristiques de l’usine et risques associĂ©s

Caractéristiques générales

L’usine Lubrizol de Rouen est implantĂ©e depuis 1954 sur 14 hectares[3] d'une zone industrialo-portuaire, au sud-ouest de la ville de Rouen, principalement sur la commune de Rouen, mais aussi sur Le Petit-Quevilly (oĂč l’habitat est plus prĂ©sent)[3]. Elle appartient au groupe amĂ©ricain Lubrizol Corporation qui fut dĂšs la fin des annĂ©es 1920 pionnier dans le domaine des additifs pour lubrifiants. Cette sociĂ©tĂ© est aujourd'hui propriĂ©tĂ© de Berkshire Hathaway, la holding du milliardaire et investisseur amĂ©ricain Warren Buffett. Elle possĂšde en France trois usines, dont le site de Rouen qui accueille Ă©galement une grande partie des services supports europĂ©ens, ainsi que Lubrizol Holdings France et le siĂšge de Lubrizol Advanced Material France. 300 personnes environ y travaillent[4].

L'Ă©tablissement synthĂ©tise, mĂ©lange et conditionne des additifs pour huiles moteur et pour divers fluides de transport ; des additifs et fluides pour les lubrifiants industriels ainsi que des additifs pour l'essence, le carburant diesel et les « combustibles utilisĂ©s pour l’automobile, la marine, l’aviation et les Ă©quipements industriels »[5]. Le site comporte des zones de stockage des matiĂšres premiĂšres et produits finis ainsi que des unitĂ©s de fabrication ou de mĂ©lange[3].

Risques et classement Seveso

Le site de Rouen relĂšve de la directive europĂ©enne Seveso 3 du , relative Ă  la maĂźtrise des dangers liĂ©s aux accidents majeurs impliquant des substances dangereuses et transposĂ©e en droit français avec deux dĂ©crets en date du [6] - [Note 1]. Compte tenu des produits stockĂ©s, l'Ă©tablissement est classĂ© Seveso seuil haut et relĂšve du rĂ©gime de l'autorisation au titre de la lĂ©gislation relative aux installations classĂ©es pour la protection de l'environnement[7] - [Note 2]. Y sont stockĂ©s et/ou employĂ©s en effet plus de 500 tonnes de produits classĂ©s toxiques pour les organismes aquatiques (2 534 tonnes autorisĂ©es au titre de la rubrique 1173.1 de la nomenclature des installations classĂ©es pour la protection de l'environnement[8]). C'est aussi un « Ă©tablissement Ă  autorisation » du fait de la rĂšgle du cumul appliquĂ©e pour les activitĂ©s relevant des rubriques 1171-1et 1171-2 (fabrication industrielle de substances ou prĂ©parations trĂšs toxiques/toxiques pour les organismes aquatiques) et 1172 (stockage de substances ou prĂ©paration trĂšs toxiques pour les organismes aquatiques)[9].

Jusqu'en 2009, le site n'Ă©tait que classĂ© Seveso seuil bas, c'est-Ă -dire ne relevant pas de la catĂ©gorie seuil haut. En 2009 la sociĂ©tĂ© Lubrizol a engagĂ© des Ă©tudes toxicologiques et Ă©cotoxicologiques dans le cadre de l'Ă©volution de la rĂ©glementation relative aux produits dangereux et Ă  leur Ă©tiquetage. Elles ont mis en Ă©vidence le caractĂšre toxique pour l'environnement aquatique de certains produits fabriquĂ©s et/ou employĂ©s sur le site de Rouen, impliquant le passage Ă  un classement Seveso seuil haut. En 2014, le fonctionnement de l'Ă©tablissement Ă©tait autorisĂ© par les arrĂȘtĂ©s prĂ©fectoraux du et du [9].

La fiche d’information du public cite trois types de risques, variables selon les zones de l’établissement[5] :

  • incendie, du fait du caractĂšre inflammable des produits stockĂ©s (risque dont la frĂ©quence a Ă©tĂ© Ă©valuĂ©e Ă  au maximum une fois tous les 10 000 ans) ;
  • dispersion toxique, due Ă  la dĂ©composition par la chaleur de certains produits, Ă  la combustion d’une nappe liquide, ou au dĂ©versement de produits toxiques ;
  • explosion, due Ă  la formation et inflammation de vapeurs inflammables, dĂ©clenchant une dĂ©flagration.

Milieux naturels sensibles susceptibles d’ĂȘtre exposĂ©s

Selon les Ă©valuations de risques relatives Ă  l'usine, la Seine est le milieu vulnĂ©rable le plus proche et dans un rayon de moins de 10 Ă  km figurent d'autres zones et habitats qui pourraient ĂȘtre directement ou indirectement concernĂ©s : on trouve Ă  environ 3,8 km au nord-est du site les Coteaux de Biessard (un ensemble classĂ© ZNIEFF de type I. À 1,6 km Ă  l’est de l'usine se trouve le site du Coteau d’HĂ©nouville et de la forĂȘt de Roumare (ZNIEFF de type I) et la limite la plus proche du Parc naturel rĂ©gional des Boucles de la Seine normande (PNRBSN) n'est qu'Ă  1,1 km Ă  l’est de l'usine, laquelle a Ă©tĂ© construite Ă  environ 6,8 km (Ă  l’ouest) de la zone « Estuaire et marais de la Basse Seine aval » (Site Natura 2000 et Zone de protection spĂ©ciale (ZPS) pour les oiseaux, ainsi qu’à 4,6 km au nord est des « Boucles de la Seine Aval », un autre site classĂ© Natura 2000 (et ZSC). Et la forĂȘt de Roumare est aussi classĂ©e en ForĂȘt de protection[10].

Premiers incidents

En 1974, une importante fuite d'un gaz alors mĂ©connu du grand public, le mercaptan, a lieu. De mĂȘme en 1989 avec environ 5 kilos de gaz. Dans les deux cas les habitants doivent quitter leurs logements ; les informations manquent et les risques sont mĂ©connus, la directive Seveso n'existe pas et l'heure n'est pas Ă  remettre en cause l'existence de l'usine[11].

Accident du 21 janvier 2013

Le , une nĂ©gligence lors de la production d'additif pour lubrifiant (le dialkyldithiophosphate de zinc) entraĂźne une importante Ă©manation de mercaptans gazeux[12] ; une odeur dĂ©sagrĂ©able est perçue jusqu'en rĂ©gion parisienne et dans le sud de l’Angleterre[13]. L'odeur des mercaptans Ă©tant perçue Ă  des concentrations extrĂȘmement faibles, trĂšs infĂ©rieures au seuil de toxicitĂ© rĂ©glementaire, il n'y avait pas de danger pour la santĂ©, mais faute d'information claire du public, l'incident a provoquĂ© Ă  Rouen un dĂ©but de panique[13].

Pour la premiĂšre fois dans le dĂ©partement, un Plan particulier d'intervention (PPI) est dĂ©clenchĂ© (prĂ©ventivement). Il a permis aux autoritĂ©s de superviser l’enlĂšvement du produit et le nettoyage des cuves[14]. Six mois plus tard, le rapport officiel conclut Ă  une erreur humaine : un technicien a mis en route un agitateur au lieu d'une pompe. L'erreur Ă©tait aussi collective, car le week-end, le personnel en poste n'a pas remarquĂ© l'Ă©lĂ©vation de tempĂ©rature de la cuve. Enfin, l'accident a Ă©tĂ© aggravĂ© par la lenteur de la mise en place des mesures de neutralisation du problĂšme, faute d’entraĂźnement du personnel[15]. Le panache odorant a Ă©tĂ© rĂ©trospectivement modĂ©lisĂ© (en 2015), confirmant « une situation de rotation du vent de 360° en 24 heures qui montrent que toutes les directions autour du site ont Ă©tĂ© impactĂ©es entre le 21 et le , expliquant la dispersion du nuage vers Paris et jusqu’au sud l’Angleterre »[16] (constat dĂ©jĂ  fait lors de la premiĂšre modĂ©lisation de 2013)[15].

L'entreprise prend des mesures correctrices, dont le renforcement du suivi de la tempĂ©rature des bacs de stockage ; la mise en place d’un diagnostic de dĂ©but de dĂ©composition des produits ; la vidange du contenu du stockage vers un bac de quarantaine en cas de suspicion de dĂ©composition et la crĂ©ation d’une procĂ©dure de traitement d’une dĂ©composition et des situations accidentelles qui en dĂ©coulent[17]. L'État rĂ©agit aussi : la ministre Delphine Batho annonce, en , une vingtaine de mesures de sĂ©curisation renforcĂ©e des sites Seveso, dans le cadre d’un « plan de mobilisation pour la prĂ©vention des risques technologiques ». L'une de ces mesures est la crĂ©ation d’une force d’intervention rapide pouvant rapidement mobiliser des experts et les moyens d'autres sites industriels, et faire appel aux laboratoires indĂ©pendants et associations pour mesurer rapidement le niveau des rejets accidentels[15] - [18] - [19].

Des enquĂȘtes judiciaires et ministĂ©rielles sont diligentĂ©es[20]. L'entreprise est condamnĂ©e Ă  une amende de 4 000 euros et la partie civile (l'association France Nature Environnement) obtient un euro symbolique et le remboursement de ses frais de justice[11].

Incidents récents

En 2015, Ă  la suite d'un incident d'exploitation, 2 000 litres d'huile minĂ©rale se dĂ©versent dans le rĂ©seau d'Ă©vacuation des eaux pluviales. Un barrage est mis en place pour Ă©viter toute diffusion dans la Seine.

En 2017 un arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral de mise en demeure pour « insuffisance du dispositif anti-incendie » est pris concernant l'usine[11].

Gestion des risques associĂ©s Ă  l’établissement

La politique de gestion du risque industriel en France s'organise autour des trois principes : rĂ©duire les risques Ă  la source, limiter les effets d'un accident (action sur le vecteur de propagation) et limiter les consĂ©quences (action sur l'exposition des cibles). Les pouvoirs publics dĂ©clinent ces trois principes en quatre points : la rĂ©duction du risque Ă  la source, la maĂźtrise de l’urbanisation, l'organisation des secours et l'information du public. Ceci se dĂ©cline pour cet Ă©tablissement comme suit :

RĂ©duction du risque Ă  la source

L'exploitant doit démontrer sa maßtrise des risques sur son site et sa capacité à maintenir ce niveau de maßtrise au moyen d'une étude de dangers (actualisée tous les cinq ans), et d'un systÚme de gestion de la sécurité (SGS)[21].

Maütrise de l’urbanisation autour du site

Carte du pĂ©rimĂštre prescrit du PPRT de l’usine Lubrizol[22].

ConformĂ©ment Ă  la loi[Note 3], tout Ă©tablissement Seveso Ă  « haut risque » (dits AS) met en Ɠuvre un plan de prĂ©vention des risques technologiques (PPRT) ; il vise Ă  rĂ©soudre les situations difficiles en matiĂšre d'urbanisme hĂ©ritĂ©es du passĂ© et Ă  mieux encadrer l'urbanisation future. L'exploitant met en Ɠuvre toutes les mesures de sĂ©curitĂ© envisageables pour atteindre un niveau de risque aussi bas que possible, compte tenu de l'Ă©tat des connaissances et des pratiques et de la vulnĂ©rabilitĂ© de l'environnement de l'Ă©tablissement : on parle de rĂ©duction du risque Ă  la source. Le PPRT comporte des dispositions pour les constructions exposĂ©es au risque. Le PPRT relatif Ă  l’usine de Rouen a Ă©tĂ© prescrit le [22] et approuvĂ© le [23]. Les contraintes liĂ©es au PPRT s’imposent aux plans locaux d’urbanisme des communes concernĂ©es (Rouen et Petit-Quevilly).

La notice de prĂ©sentation de ce PPRT prĂ©cise qu’il existe une diffĂ©rence importante entre la zone couverte par le PPRT et l’étendue gĂ©ographique des effets et nuisances ressenties pendant un Ă©vĂ©nement du type de celui du [Note 4]. Ceci est dĂ» au fait que les effets (gĂȘnes, maux de tĂȘte
) liĂ©s Ă  une exposition Ă  des concentrations infĂ©rieures aux seuils toxicologiques des effets irrĂ©versibles ne sont pas intĂ©grĂ©s dans la dĂ©termination des zones couvertes par les Plans de prĂ©vention des risques technologiques mais ont vocation Ă  ĂȘtre gĂ©rĂ©s par les plans d’urgence (Plan particulier d'intervention (PPI))[24].

Le PPRT impose des mesures Ă  prendre sur les urbanisations existantes. Cela passe par des expropriations [dans les cas les plus dangereux et les moins urbanisĂ©s], ou des travaux Ă  rĂ©aliser, tels que le renforcement des vitrages ou la rĂ©alisation d'une piĂšce confinable (piĂšce Ă©tanche que certains riverains peuvent ĂȘtre amenĂ©s Ă  possĂ©der). Des accompagnements financiers sont possibles pour rĂ©aliser les travaux. À Rouen, le PPRT associĂ© au site Lubrizol s'applique avec des prescriptions de travaux, mais ces prescriptions ne concernent que quatre logements, prĂ©cise Delphine Favre, de l'Association nationale des collectivitĂ©s pour la maĂźtrise des risques technologiques majeurs (Amaris)[25].

L’accident du met en exergue la problĂ©matique de l’aire d’accueil des gens du voyage du Petit-Quevilly, qui dispose de 25 emplacements et accueille 70 personnes[26]. SituĂ©e Ă  500 mĂštres Ă  l’ouest de l’usine, elle n'a pas Ă©tĂ© sous le panache de fumĂ©e et n'a pas subi de retombĂ©es de suies, mais les personnes prĂ©sentes ont Ă©tĂ© incommodĂ©es par les odeurs sans pouvoir formellement se confiner. Or la construction d’un local de confinement est explicitement prĂ©vue pour ce type de dispositif dans les recommandations en date du PPRT relatif aux sites de Rubis terminal et de Borealis, dans le pĂ©rimĂštre d’exposition aux risques desquels se trouve cette aire d’accueil des gens du voyage[27] - [28]. La mĂ©tropole de Rouen assure que les travaux devraient commencer en 2020[29].

Gestion de crise et organisation des secours

Carte des établissements classés Seveso aux abords de Rouen (état au ). La densité d'établissements a conduit les autorités à élaborer un PPI de zone englobant l'ensemble des sites.

En cas de crise grave, les acteurs compĂ©tents pour la mise en Ɠuvre des secours sont [30] :

  • L’industriel, qui dispose, pour tout incident ou accident circonscrit Ă  l’établissement, de son Plan d’opĂ©ration interne (POI) pour organiser le premier niveau de rĂ©ponse face Ă  l’évĂšnement. En tant que responsable de l’organisation Ă  l’intĂ©rieur de son Ă©tablissement, l’exploitant met en Ɠuvre les dispositions visant Ă  limiter l’évolution du sinistre et ses consĂ©quences afin de protĂ©ger le personnel, la population voisine et l’environnement. Il alerte Ă©galement les services de secours publics et informe les autoritĂ©s responsables.
  • Le prĂ©fet, qui Ă©labore le Plan particulier d'intervention (PPI) pour faire face Ă  un sinistre dont les consĂ©quences dĂ©passent les limites de l’établissement[31]. Le prĂ©fet est alors directeur des opĂ©rations de secours. La finalitĂ© de ce plan de secours est de protĂ©ger la population voisine des effets du sinistre. Ce plan, annexĂ© au dispositif ORSEC dĂ©partemental, dĂ©finit le rĂŽle de chacun des acteurs du risque majeur en cas d’accident grave. Le PPI est obligatoire pour tous les Ă©tablissements classĂ©s Seveso « seuil haut ». Compte tenu de la densitĂ© du tissu industriel, et afin de prendre en compte les effets de rĂ©action en chaĂźne qui pourraient en rĂ©sulter, des PPI dits « de zone » ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s pour la zone de Rouen, qui concerne vingt Ă©tablissements dont l'entreprise Lubrizol[32], mais aussi pour les zones du Havre, d'Elbeuf, de Port-JĂ©rĂŽme et de Caudebec-en-Caux.
  • Le maire qui, au niveau communal, est dĂ©tenteur des pouvoirs de police et a la charge d’assurer la sĂ©curitĂ© de la population. À cette fin, il prend les dispositions lui permettant de gĂ©rer la crise. En complĂ©ment du secours aux personnes, le Plan communal de sauvegarde (PCS), quand il existe, permet au maire d’assurer le soutien et la sauvegarde de la population. Les communes du Petit-Quevilly et de Rouen disposent chacune d’un PCS[33] - [34].

Information du public

DiffĂ©rentes instances de concertation sont mises en place autour des sites prĂ©sentant des risques majeurs. Les ComitĂ©s locaux d'information et de concertation (CLIC) constituent des lieux de dĂ©bat et d'Ă©change sur la prĂ©vention des risques industriels entre les diffĂ©rents acteurs (exploitants, pouvoirs publics mais Ă©galement riverains et salariĂ©s). Le CLIC qui concerne l’établissement Lubrizol Ă  Rouen est celui, dit Rouen Ouest, qui regroupe tous les Ă©tablissements AS situĂ©s Ă  l'ouest de l'agglomĂ©ration de Rouen. Il a Ă©tĂ© crĂ©Ă© par arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral du . Sa composition est renouvelĂ©e pĂ©riodiquement. Il est composĂ© des reprĂ©sentants de l’État, des collectivitĂ©s locales, des industriels, des associations de protection de l’environnement, des riverains et des salariĂ©s[35] - [36]. À la suite du dĂ©cret du , les Clic sont remplacĂ©s par une commission de suivi de site[37]. À la date de l’accident, le dernier arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral fixant la composition de la commission de suivi de sites (CSS) de la zone industrielle ouest de l’agglomĂ©ration rouennaise, englobant l’usine Lubrizol, est celui du [38].

ParallĂšlement, prĂ©fets et maires ont l'obligation d'informer prĂ©ventivement les citoyens sur les risques via le Dossier DĂ©partemental des Risques Majeurs (DDRM) et le Document d'information communal sur les risques majeurs (DICRIM). Le DDRM de Seine-Normandie en vigueur au moment de l’accident date de 2014[39]. Le Plan Particulier d’Intervention de zone (PPI) donne lieu Ă  une plaquette prĂ©sentant les risques des 20 entreprises concernĂ©es par le PPI de zone Rouen ouest (qu'elles soient SEVESO seuil haut, seuil bas ou gĂ©nĂ©rant des risques trĂšs significatifs) et visant Ă  en informer les populations riveraines[40].

Autorisations et contrĂŽles

Tout stockage est soumis Ă  autorisation. La sociĂ©tĂ© a bĂ©nĂ©ficiĂ© en 2019, de deux arrĂȘtĂ©s prĂ©fectoraux autorisant l’augmentation des capacitĂ©s de stockage de produits « dangereux pour le milieu aquatique ». Cette autorisation a Ă©tĂ© donnĂ©e sans Ă©valuation environnementale prĂ©alable, en application de la loi ESSOC du [41] qui assouplit la lĂ©gislation en la matiĂšre et ne la rend plus obligatoire en donnant latitude au prĂ©fet de dĂ©cider si elle est nĂ©cessaire. Cette disposition est dĂ©noncĂ©e par divers acteurs comme Corinne Lepage ou Yannick Jadot. Devant cette polĂ©mique, Patrick Berg, le directeur rĂ©gional de l’environnement (Dreal Normandie) prĂ©cise le que les «240 conteneurs autorisĂ©s en ne modifiaient pas substantiellement la nature du site et des risques associĂ©s. Une Ă©valuation environnementale n’aurait pas apportĂ© de connaissance supplĂ©mentaire par rapport Ă  ce qu’on savait dĂ©jĂ  »[42].

Le dernier contrÎle de l'établissement avant la date de l'accident a été fait le [7].

Chronologie de l'accident du 26 septembre 2019

Schéma des installations de Lubrizol. Les bùtiments A4 et A5 ainsi que deux bùtiments de Normandie Logistique ont brûlé.

DĂ©clenchement de l'incendie

L'incendie a eu lieu le et a touchĂ© les entrepĂŽts de Normandie Logistique et une partie de la zone de stockage de l' usine de produits chimiques de la sociĂ©tĂ© Lubrizol classĂ©e Seveso 2 seuil haut (« Ă  haut risque ») ; cette usine synthĂ©tise et stocke des produits chimiques (phosphorĂ©s et organosulfurĂ©s) destinĂ©s Ă  ĂȘtre utilisĂ©s comme additifs pour lubrifiants. L'incendie frappe les installations d’enfĂ»tage et d’entreposage de l’usine ainsi qu'un entrepĂŽt voisin n’appartenant pas Ă  l’entreprise[43] - [44], mais Ă  la sociĂ©tĂ© Normandie Logistique SCMT (SociĂ©tĂ© commerciale de magasinage et de transports)[45]. L'origine formelle du feu n'est pas Ă©tablie. Dans un communiquĂ© le site officiel du groupe industriel dĂ©clare : « La vidĂ©osurveillance et des tĂ©moins oculaires indiquent que le feu a tout d’abord Ă©tĂ© observĂ© et signalĂ© Ă  l’extĂ©rieur du site de Lubrizol Rouen, ce qui suggĂšre que l’origine du feu est extĂ©rieure Ă  Lubrizol et que le feu s’est malheureusement propagĂ© sur notre site » [46]. Le groupe ne publie pas d'Ă©lĂ©ments confirmant cette dĂ©claration, qui est mise en doute par certains mĂ©dias[47]. À la suite de l’incendie, un Ă©pais panache de fumĂ©e noire s'est formĂ©, atteignant 20 km de long et km de large[48].

Essai de modélisation de l'incendie (a posteriori)

Dans les semaines qui suivent, l'Ineris cherche Ă  modĂ©liser l'incendie pour mieux caractĂ©riser la source des gaz et fumĂ©es, les paramĂštres d’émission tels que « sur-hauteur » ; vitesse ascensionnelle, tempĂ©rature des fumĂ©es au point d’émission ; et les zones possibles de retombĂ©es[49]. Les hypothĂšses sont :

  • une vitesse de combustion de 20 g/m2/s, ce qui est la valeur typique d’un feu d’huile en partie ventilĂ© (d’aprĂšs les donnĂ©es expĂ©rimentales disponibles, en tenant compte de la variĂ©tĂ© des produits prĂ©sents et de la prĂ©sence d’élĂ©ments incombustibles et d’élĂ©ments de structure susceptibles modifier la ventilation du foyer et donc la vitesse de combustion)[49] ;
  • une chaleur de combustion de 30 MJ/kg[49] ;
  • un feu dĂ©veloppĂ© sur environ 20 000 m2 (Lubrizol + entrepĂŽt voisin)[49].

La hauteur thĂ©orique d’émission des fumĂ©es a Ă©tĂ© estimĂ©e dans ce cas Ă  environ 90 m, avec une tempĂ©rature atteignant encore 250 °C Ă  cette hauteur, bien au-dessus des flammes visibles[49]. Selon l’INERIS, la prise en compte du stock qui a brĂ»lĂ© sur le site de Normandie Logistique, et d’informations nouvelles sur les combustibles (ex : t de pneus sur prĂšs de 10 000 t d’huile stockĂ©es au total) ne conduit « ni Ă  modifier les recommandations faites dans les avis formulĂ©s par l’Ineris en situation d’urgence le 26 septembre puis le 4 octobre sur la liste des substances Ă  rechercher et dont la recherche a souvent commencĂ©, ni Ă  Ă©largir les propositions de prĂ©lĂšvement notamment en relation avec la cartographie des retombĂ©es ». L’Ineris prĂ©cise que pour un incendie de cette ampleur, tenir compte de la dynamique du feu et des effets des actions des pompiers est trĂšs difficile, et qu’en tenir compte pour quantifier les Ă©missions de polluants Ă  l’atmosphĂšre est impossible. « Il est toutefois possible d’indiquer qu’une modification des caractĂ©ristiques du terme source reprĂ©sentatif de l’incendie modifierait potentiellement les quantitĂ©s dĂ©posĂ©es mais peu les zones de retombĂ©es »[49].

Mois 1

La premiĂšre journĂ©e est consacrĂ©e Ă  la maĂźtrise de l'incendie et Ă  la mise en place de mesures de protection de la population et de l’environnement. La communication des autoritĂ©s se veut rassurante au vu des premiĂšres mesures rĂ©alisĂ©es. Les craintes de la population tant en matiĂšre de santĂ© que d’environnement s’amplifient nĂ©anmoins, et la parole publique se libĂšre. La publication de la liste des produits prĂ©sents sur le site ne contribue pas Ă  rassurer la population, Ă  tel point qu’avant la fin de la premiĂšre semaine suivant l’évĂ©nement, le Tribunal de Rouen est saisi de plusieurs plaintes, qu'une mission d'information parlementaire est crĂ©Ă©e, et que des porte-paroles de plusieurs professions lĂ©sĂ©es par l'accident prennent la parole.

Les opĂ©rations de nettoyage du site continuent en semaine 2, avec le pompage des boues d'hydrocarbures et l’installation d’un dispositif spĂ©cial pour neutraliser et Ă©vacuer les 160 fĂ»ts dĂ©gradĂ©s desquels s'Ă©chappent des odeurs incommodantes pour la population. Les premiers rĂ©sultats des mesures diligentĂ©es sur l'air, l’eau ou les suies sont rassurants mais doivent ĂȘtre confirmĂ©s par de nouvelles sĂ©ries de mesures. Les mesures prises en ce qui concerne les exploitations agricoles et autres producteurs de denrĂ©es alimentaires sont nĂ©anmoins maintenues. 216 communes sont concernĂ©es par ces mesures. MalgrĂ© tout la population reste dĂ©fiante et le nombre de plaintes augmente, atteignant le nombre de 130 le .

L’équipement provisoire de confinement pour procĂ©der Ă  l’enlĂšvement des fĂ»ts et Ă  la dĂ©pollution du site est en place en semaine 3. Les opĂ©rations devraient durer deux mois. Concernant les produits impliquĂ©s dans l’incendie, le dĂ©compte total est enfin connu. Ce sont en fait 9 505 tonnes qui ont brĂ»lĂ© se rĂ©partissant en 4 252 tonnes de produits chez Normandie Logistique et 5 235 chez Lubrizol. Les analyses sur le lait, les fruits et les lĂ©gumes sont jugĂ©es conformes et permettent une levĂ©e des restrictions sur le lait le et sur les fruits et lĂ©gumes le 18. Des analyses sur certains pompiers intervenus sur site sont par contre jugĂ©es mauvaises, mais doivent ĂȘtre confirmĂ©es Ă  J+31.

AprĂšs la mise en place du dispositif Ă©tanche et pressurisĂ©, les opĂ©rations robotisĂ©es d'Ă©vacuation des 1300 fĂ»ts dont 160 dĂ©gradĂ©s et dangereux commencent en semaine 4. Les auditions devant la commission d’enquĂȘte sĂ©natoriale et la mission d’information de l’AssemblĂ©e nationale commencent Ă©galement. Le PDG de Lubrizol se veut rassurant. Le directeur du SDIS prĂ©cise les conditions d’intervention des pompiers. Le directeur de la DREAL prĂ©cise quant Ă  lui que l’entreprise Normandie Logistique prĂ©sentait une dĂ©faillance administrative. Par dĂ©faut d’information de l'exploitant, elle Ă©tait en effet connue comme entreprise soumise Ă  dĂ©claration alors qu’elle Ă©tait soumise Ă  enregistrement.

Mois 2

Le , l'État annonce lancer une enquĂȘte de santĂ© auprĂšs de la population vivant autour de l'usine de Lubrizol Ă  Rouen Ă  compter du mois de , une enquĂȘte dont le lancement est jugĂ© tardif et les modalitĂ©s critiquĂ©es par certains acteurs, comme le parti EELV. ParallĂšlement le parquet de Paris annonce le dans un communiquĂ© de presse que l’enquĂȘte prĂ©liminaire est clĂŽturĂ©e et qu’une information judiciaire est ouverte contre X pour sept chefs d'accusation et confiĂ©e Ă  trois juges d’instruction. 545 plaintes ont Ă  cette date Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es.

Gestion de l’accident par les autoritĂ©s

Cellules de crise

Le prĂ©fet de la Seine-Maritime dĂ©clenche immĂ©diatement le Plan particulier d'intervention (PPI). Un Centre opĂ©rationnel dĂ©partemental (COD) est ouvert en prĂ©fecture oĂč l'ensemble des services de l’État sont regroupĂ©s. Et un Centre d'information au public (CIP) y est installĂ©, avec un numĂ©ro d'appel gratuit (02 32 76 55 66, qui, Ă  15 heures, avait reçu plus de 1 200 appels[50].

ParallĂšlement, les communes voisines, une fois informĂ©es, dĂ©clenchent leur PPI et mettent en place des cellules de crise. Au Petit-Quevilly, le processus d’alerte est engagĂ© aprĂšs un appel tĂ©lĂ©phonique de la Police nationale Ă  l'agent d’astreinte de la ville Ă  4 h 15, informant de l'accident et demandant la pose de barriĂšres de sĂ©curitĂ© autour du pĂ©rimĂštre de danger. L'agent informe le directeur gĂ©nĂ©ral, qui lui-mĂȘme informe la maire, Charlotte Goujon, et le chef du service de sĂ©curitĂ©. L'agent se rend sur place et est devant l'usine en feu Ă  4 h 45. À 6 h du matin, une cellule de crise est en place Ă  la mairie. La maire estime avoir Ă©tĂ© tardivement et trĂšs mal informĂ©e[51].

Alerte de la population

À 6 h 11, la ville du Petit-Quevilly utilise avec succĂšs son systĂšme d’alertes par tĂ©lĂ©phone et par SMS, Cedralis, auquel sont abonnĂ©s les habitants qui le souhaitent (6 770 foyers selon le site de la commune[52]). Mais pour la maire « il y a eu des explosions bien plus tĂŽt. Les habitants ont pris peur dĂšs 5 h 15, 5 h 30 du matin. Certains ont mis leur famille dans leur voiture et sont partis en catastrophe.» [51].

À 7 h 10, la prĂ©fecture de Seine-Maritime annonce qu'elle va dĂ©clencher les sirĂšnes d'alerte Ă  7 h 45 dans un but d’alerter la population[53]. Les sirĂšnes, que l'on peut entendre le premier mercredi de chaque mois, sont un des vecteurs d’information du SystĂšme d'alerte et d'informations aux populations (SAIP), qui permet d’avertir la population d’une zone donnĂ©e, d'un danger imminent et de l’informer sur la nature du risque et le comportement Ă  tenir. Elles sont complĂ©tĂ©es par un service de diffusion de l'alerte Ă  des opĂ©rateurs dont certains mĂ©dias, qui doivent relayer avec leurs propres moyens les informations[54]. Ces sirĂšnes sont dĂ©clenchĂ©es entre « 8 heures et 8 h 10 » Ă  Rouen, selon Delphine Favre, de l'Association nationale des collectivitĂ©s pour la maĂźtrise des risques technologiques majeurs (Amaris). Il apparaĂźt toutefois que toute la population n’a pas entendu ces sirĂšnes[25]. La mairie de Petit-Quevilly relaie quant Ă  elle Ă  7 h 30 l'information de confinement de la population dans un rayon de 500 m autour du site[55] et de fermeture des Ă©coles Joliot-Curie et Jean-Baptiste ClĂ©ment[56].

Divers acteurs, comme Yves Blein, prĂ©sident d’Amaris[Note 5] et dĂ©putĂ© du RhĂŽne ou Christian Sommade, dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral du Haut comitĂ© français pour la rĂ©silience nationale, dĂ©noncent la dĂ©faillance de l'alerte aux populations (absence de dĂ©clenchement de la sirĂšne de l'exploitant, retard considĂ©rable de l'alerte aux collectivitĂ©s, sirĂšne inaudible de nombreuses personnes, messages confus), en partie due Ă  un systĂšme obsolĂšte. Ils s'interrogent en particulier pourquoi la France tarde Ă  dĂ©ployer la technologie « cell broadcast » (diffusion cellulaire en français) qui permet la diffusion rapide d'un message intelligible et facilement identifiable Ă  l’ensemble des tĂ©lĂ©phones situĂ©s dans un espace gĂ©ographique donnĂ©. De nombreux pays tels que les États-Unis, le Chili, le Japon, ou encore les Pays-Bas l'ont dĂ©jĂ  dĂ©ployĂ©e[57] - [58].

Extinction de l’incendie

En lien avec la cellule de crise, jusqu'Ă  240 sapeurs-pompiers et 200 camions ont Ă©tĂ© mobilisĂ©s sur le site, afin de traiter cet incendie « hors norme »[59] et d'Ă©viter qu'il ne s'Ă©tende en causant un suraccident (deux sites voisins sont classĂ©s Seveso seuil bas). Des renforts spĂ©cialisĂ©s sont venus de l'Eure, du Calvados, de Picardie et de la rĂ©gion parisienne, et selon la prĂ©fecture : 90 policiers et 46 gendarmes ont Ă©tĂ© mobilisĂ©s. Le dĂ©bit d’eau projetĂ©e par les pompiers (avec un Ă©mulseur propre Ă  Ă©teindre les feux d'hydrocarbures) a atteint 25 000 L/minute[59].

En soirée, à 21 h 4, environ 18 h aprÚs le départ probable de feu, la préfecture annonce que « le principal foyer de l'incendie » est éteint. Des analyses de suies et d'air sont en cours[59], dont les premiers résultats sont annoncés pour le lendemain (vendredi)[60]. Le vendredi, les pompiers sont encore sur le site. La carte de localisation des prélÚvements faits par la Cellule mobile d'intervention chimique du SDIS pour analyse est publiée[61], ainsi que de premiers résultats[62].

ArrĂȘt des activitĂ©s

DĂšs le , le prĂ©fet de Seine-Maritime signe un arrĂȘtĂ© de mesures d’urgence imposant l’arrĂȘt des activitĂ©s du site et sa mise en sĂ©curitĂ© et imposant Ă  l’exploitant de mettre en sĂ©curitĂ© son site (collecter et Ă©vacuer les eaux polluĂ©es Ă  la suite de l’incendie, Ă©vacuer les dĂ©chets) et d’assurer les actions nĂ©cessaires garantissant l’absence d’intrusion sur site et la maĂźtrise des accĂšs, le tout Ă  ses frais. Il doit Ă©galement dĂ©finir une stratĂ©gie pour la mise en place d’une surveillance environnementale post-accidentelle et engager les premiers prĂ©lĂšvements nĂ©cessaires dĂšs le . Ces donnĂ©es seront utilisĂ©es dans le cadre de la cellule de suivi post-accidentel, mise en place par la prĂ©fecture de la Seine-Maritime[63].

Nettoyage et décontamination du site

Des boues d'hydrocarbures et divers fĂ»ts subsistent sur site aprĂšs l'incendie. Pour nettoyer l’usine, il convient de pomper ces boues et d'Ă©vacuer les fĂ»ts.

Le prĂ©fet de la rĂ©gion Normandie, Pierre-AndrĂ© Durand, fait le un point de situation sur les opĂ©rations de dĂ©contamination du site. Il dĂ©clare que des pompages massifs des boues d'hydrocarbures sont en cours et « auront permis en fin de semaine de rĂ©sorber totalement ce qu’on appelle la petite nappe » situĂ©e Ă  proximitĂ© du hangar des fĂ»ts. « Le travail se poursuivra la semaine prochaine pour terminer la grande nappe». Il va durer encore plusieurs semaines vraisemblablement. Des vaporisateurs ont en outre Ă©tĂ© installĂ©s « pour accompagner ces opĂ©rations et limiter le plus possible les problĂ©matiques d’odeurs». Le prĂ©fet note « des rĂ©sultats trĂšs significatifs sur Rouen et [pense] que pour la population c’est quelque chose de trĂšs prĂ©cieux, tant ces odeurs Ă©taient incommodantes, dĂ©rangeantes et j’ajoute anxiogĂšnes » [64].

Par ailleurs, 160 fĂ»ts altĂ©rĂ©s par l'incendie, qui se trouvaient sur une aire de stockage, doivent ĂȘtre Ă©vacuĂ©s. Ils contiennent un agent chimique qui peut dĂ©gager de l'hydrogĂšne sulfurĂ©. S'il est chauffĂ©, cet agent peut aussi produire du mercaptan, un gaz peu toxique mais trĂšs malodorant qui s’était dĂ©gagĂ© lors de l’accident de 2013. Pour retirer ces fĂ»ts, Lubrizol va faire appel Ă  un spĂ©cialiste de l’élimination des dĂ©chets industriels. Une tente fermĂ©e et en dĂ©pression, de 55 mĂštres sur 25, devrait ĂȘtre installĂ©e sur la zone. Elle sera reliĂ©e « au dispositif pĂ©renne dont est Ă©quipĂ© le site pour l’élimination des Ă©missions de mercaptan et d’hydrogĂšne sulfurĂ© ». Les fĂ»ts seront dĂ©placĂ©s dans une benne Ă  l’aide d’une pelle Ă  pinces. Des vaporisateurs d’eau installĂ©s autour de la tente pourront intercepter d’éventuelles molĂ©cules odorantes rĂ©siduelles[65].

Personnes sensibles

Pour les personnes sensibles, à savoir les enfants et les personnes ùgées, des mesures particuliÚres sont recommandées.

Les Ă©tablissements scolaires (Ă©coles, collĂšges, lycĂ©es) ainsi que les crĂšches sont ainsi fermĂ©s dans 13 communes les 26 et 27 septembre (Rouen rive-droite, Bois-Guillaume, Mont-Saint-Aignan, Isneauville, Quincampoix, Saint-Georges-sur-Fontaine, Saint-AndrĂ©-sur-Cailly, La Rue-Saint-Pierre, Saint-Germain-sous-Cailly, Cailly, Bosc-GuĂ©rard-Saint-Adrien, Canteleu et Bihorel)[63]. Les communes affectĂ©es par l’accident rouvrent leurs Ă©coles lundi , aprĂšs avoir procĂ©dĂ© au nettoyage des jeux dans les cours de rĂ©crĂ©ation. Des inquiĂ©tudes subsistent nĂ©anmoins pour certains parents qui n’ont pas amenĂ© leur enfant Ă  l’école, des doutes subsistant par rapport Ă  l’eau ou au nettoyage des suies[66]. Selon le cabinet du maire de Rouen, entre cinq et six Ă©coles rouennaises sont, mardi , « soit fermĂ©es, car les enseignants ont fait usage de leur droit de retrait, soit [parce qu'ils] ont demandĂ© aux parents de venir chercher leurs enfants quand ils le pouvaient Ă  cause de l'odeur »[67].

Restrictions de circulation

Par mesure de prĂ©caution, la prĂ©fecture conseille dĂšs le d’éviter dans l’agglomĂ©ration de Rouen les dĂ©placements non indispensables, de ne pas s’exposer inutilement aux fumĂ©es et de rester Ă  l’intĂ©rieur autant que possible. Par ailleurs, elle ferme les axes N338, N1338, le pont Gustave-Flaubert et l'autoroute A150 en direction de Rouen pour une durĂ©e indĂ©terminĂ©e. Des itinĂ©raires de dĂ©viations sont mis en place sur le terrain[63].

DĂ©clenchement du plan Polmar

Le plan Polmar, un dispositif dĂ©clenchĂ© en cas de pollution maritime accidentelle qui prĂ©voit notamment la mise en place de « barrages antipollution », est dĂ©ployĂ© pour Ă©carter une pollution de la Seine. Le prĂ©fet prĂ©cise qu’il n'est « pas impossible qu'on relĂšve quelques traces au-delĂ  des barrages Ă  l'occasion de la marĂ©e » mais elles seront « aisĂ©ment rĂ©cupĂ©rables car en surface »[68] - [69].

Cellule post-accident technologique

Le samedi , le prĂ©fet annonce la mise en place d’une cellule post-accident technologique pour prendre le relais de la cellule de crise activĂ©e lors de l’accident. Les missions qui lui sont confiĂ©es portent sur l’évaluation de la situation, l’organisation des campagnes de prĂ©lĂšvements dans les diffĂ©rents milieux environnementaux (air, eau, sols) et le suivi sanitaire de l’évĂ©nement en lien avec SantĂ© Publique France[70].

Accompagnement de la population

L'ARS, en coordination avec la Préfecture, met en place un accueil psychologique au centre municipal Charlotte Delbo (rue Roger Besus à Rouen) les 2, 3 et [71].

Produits chimiques impliqués dans l'incendie

Le , aprĂšs de multiples demandes des habitants, le prĂ©fet communique la liste des produits chimiques stockĂ©s dans l'entrepĂŽt de l'entreprise Lubrizol dont le tonnage est de 5 253 tonnes, en prĂ©cisant que depuis les attentats de 2015 ce type de donnĂ©es concernant une usine Seveso seuil haut ne sont pas publiques et sont communiquĂ©es exceptionnellement. Cette liste comprend diverses amines (1 000 tonnes) dont de l'acide diĂ©thyldithiophosphorique et des sels de zinc correspondants, du triphĂ©nyl phosphite, de l'acide benzĂšnesulfonique, du dodĂ©cylphĂ©nol, de l'hydroxytoluĂšne butylĂ©, du triphĂ©nylphosphorothioate, du bismuthiol, de l'aniline ainsi que 3 308 tonnes de produits finis identifiĂ©s comme des « additifs pour lubrifiants multiusages» contenant un tiers de polysulfures d'olĂ©fine[72] et des sels de thiophosphates et sulfonates mĂ©langĂ©s Ă  des polymĂšres, esters et hydrocarbures[71]. Ces documents sont accompagnĂ©s des 479 fiches de sĂ©curitĂ© qui prĂ©cisent les caractĂ©ristiques des produits et les risques associĂ©s, notamment en cas de combustion. Le prĂ©fet prĂ©cise que depuis les attentats de 2015 ce type de donnĂ©es concernant une usine Seveso seuil haut ne sont pas publiques et sont communiquĂ©es exceptionnellement. La note d'accompagnement prĂ©cise que tous les produits ne sont pas dangereux. La dangerositĂ© dĂ©pend de la quantitĂ© prĂ©sente, du devenir des molĂ©cules aprĂšs avoir brĂ»lĂ© et de la maniĂšre dont on est exposĂ© (contact cutanĂ©, inhalation, ingestion)[73].

Le , le prĂ©fet annonce que la liste de produits publiĂ©e le est incomplĂšte. En effet, concomitamment Ă  l'incendie du site de Lubrizol, les entrepĂŽts de l'usine voisine, Normandie Logistique, non classĂ©e Seveso, ont Ă©galement brĂ»lĂ©. Sur ses trois entrepĂŽts de stockage, contenant 9 050 tonnes de marchandises, un a entiĂšrement brĂ»lĂ© et deux ont Ă©tĂ© partiellement dĂ©truits. Or, contrairement Ă  Lubrizol, l’entreprise n’a pas Ă©tĂ© capable (au ) de dire prĂ©cisĂ©ment quels produits avaient brĂ»lĂ© et en quelle quantitĂ©. Selon le prĂ©fet, « ce site, crĂ©Ă© en 1947, est un peu ce qu'on appelait avant des magasins gĂ©nĂ©raux ». Il rajoute toutefois que cette entreprise hĂ©bergeait Ă©galement des produits « de chez Lubrizol ». « Ils Ă©taient lĂ  de maniĂšre dĂ©portĂ©e, avant d'ĂȘtre rapatriĂ©s sur le site de Lubrizol », et annonce l’ouverture d’une enquĂȘte administrative pour savoir si cette situation Ă©tait « rĂ©guliĂšre ou pas ». La prĂ©fecture communique ainsi sur son site de nouvelles informations sur de nouveaux produits susceptibles d’avoir brĂ»lĂ©. Les 9 050 tonnes de produits stockĂ©s dans les trois bĂątiments de Normandie Logistique au se rĂ©partissent en : 4 157 tonnes de produits Lubrizol (des matiĂšres premiĂšres et des produits finis) et 139 tonnes de produits Total (des asphaltes), soit un peu moins de 4 300 tonnes, et des produits divers Ă  hauteur d’un peu moins de 4 750 tonnes (des produits alimentaires, tels que la gomme arabique, ou des produits tels que de la magnĂ©sie ou de la bauxite). Au total, selon l'Ineris (), « les produits « Lubrizol » sur l’ensemble des 2 sites se prĂ©sentaient sous la forme de 617 rĂ©fĂ©rences diffĂ©rentes pour un tonnage de 9 419 tonnes. »[74]. Cette nouvelle information fait rĂ©agir des associations Ă©cologiques qui ne comprennent pas pourquoi Normandie Logistique n’a pas Ă©tĂ© incluse dans la zone Seveso pour la soumettre Ă  des contrĂŽles[75].

Évaluation et surveillance sanitaires

En accompagnement de la liste des produits chimiques prĂ©sents sur site et dĂ©truits lors de l’incendie diffusĂ©e le 1er octobre, une note d'explication prĂ©cise les modalitĂ©s des premiĂšres Ă©valuations, Ă©lĂ©ments prĂ©sentĂ©s par le prĂ©fet lors de sa confĂ©rence de presse. Il apparaĂźt ainsi qu'« en urgence, certains produits toxiques aigus classiques dans les feux d’hydrocarbures ont Ă©tĂ© recherchĂ©s par les pompiers pour Ă©liminer ceux qui ont un impact immĂ©diat sur la santĂ©. En leur absence, aucune Ă©vacuation n’a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e mais une zone de confinement a Ă©tĂ© Ă©tablie et des mesures de prĂ©caution prises (Ă©coles). »[73]. Le prĂ©fet informe que, sur la base de la liste communiquĂ©e et en s’appuyant sur l'expertise de l'INERIS et de l'ANSES, la premiĂšre campagne de prĂ©lĂšvements sera « si nĂ©cessaire complĂ©tĂ©e afin de procĂ©der Ă  une Ă©valuation quantitative des risques sanitaires qui se dĂ©roulera pendant plusieurs semaines ». Une surveillance sanitaire adaptĂ©e de la population pourrait ensuite ĂȘtre mise en place[67].

Pas de dĂ©clenchement de l’état de catastrophe technologique

Divers Ă©lus locaux et responsables Ă©cologistes demandent rapidement le dĂ©clenchement de l’état de catastrophe technologique, introduit en droit français aprĂšs le drame d'AZF en 2001, pour faire prendre en charge certains travaux par les assurances. Le gouvernement rĂ©pond, par la voie de son porte-parole Sibeth Ndiaye le , que ce dispositif ne peut pas ĂȘtre dĂ©clenchĂ© parce qu’« il faut qu’il y ait des destructions de logements rendus de fait inhabitables ». De fait les articles L128-1 et R128-1 fixent les conditions de cette garantie, dĂ©clenchĂ©e en cas de survenance d’un accident dans une installation relevant du titre 1er du livre V du code de l’environnement : l’état de catastrophe technologique est constatĂ© en cas de survenance d’un accident rendant inhabitables plus de cinq cents logements. Celui-ci doit ĂȘtre dĂ©cidĂ© dans les quinze jours qui suivent l’accident, par un arrĂȘtĂ© publiĂ© au Journal officiel. Selon les demandeurs, cette interprĂ©tation des textes pourrait se discuter, puisque la notion de “destruction” soulignĂ©e ici par la ministre n’y figure pas. D’autres affirment que ce n’est pas la loi de 2003 qui pose problĂšme ici, mais le dĂ©cret trĂšs restrictif qui de 2005, et qu’un nouveau dĂ©cret pourrait ĂȘtre pris Ă©largir cette garantie aux dĂ©gĂąts observĂ©s Ă  Rouen[76] - [77] - [78].

Conséquences sanitaires et environnementales

Bilan humain

Une vingtaine de personnes Ă©taient prĂ©sentes sur le site au moment du dĂ©clenchement de l’incendie. Aucun mort ni blessĂ© n’est Ă  dĂ©plorer[79] - [80].

NĂ©anmoins, selon le SAMU, 51 personnes ont consultĂ© les Ă©tablissements de santĂ© rouennais jeudi et vendredi matin Ă  cause de l’incendie, dont cinq, des adultes qui avaient dĂ©jĂ  des pathologies respiratoires auparavant, ont Ă©tĂ© hospitalisĂ©s[81]. De mĂȘme, tout prĂšs de Rouen, au centre hospitalier du BelvĂ©dĂšre, qui abrite la plus importante maternitĂ© de Normandie, les patientes ont Ă©tĂ© incitĂ©es, par mesure de prĂ©caution, Ă  reporter leurs rendez-vous, et les interventions chirurgicales, sauf urgences, pour ne pas exposer les mamans et leurs bĂ©bĂ©s[82]. Au , l'agence rĂ©gionale de santĂ© (ARS) de Normandie a informe qu'Ă  cette date, 224 personnes se sont prĂ©sentĂ©es aux urgences hospitaliĂšres pour une pathologie « en lien » avec l'incendie. Huit ont Ă©tĂ© hospitalisĂ©es, et une l’était encore le [75].

À la suite de l'incendie, aucun suivi sanitaire n'a Ă©tĂ© mis en place malgrĂ© l’exposition des habitants aux produits chimiques et la contamination de l'environnement[83] - [84].

Panache de fumée noire et suie

Un panache de fumĂ©e toxique[85], opaque, noir et odorant s'est Ă©tendu sur une vingtaine de kilomĂštres et sur environ km de large, orientĂ© vers le nord-est. Des dĂ©pĂŽts noirs huileux et riches en suies sont observĂ©s au sol, sur les constructions et la vĂ©gĂ©tation. Le vent (d'environ 30 km/h en dĂ©but de matinĂ©e et de 30-50 km/h Ă  la mi-journĂ©e[86]) a localement rabattu les fumĂ©es prĂšs du sol, de mĂȘme que la pluie. Le panache a touchĂ© le pays de Bray en s'attĂ©nuant et se dispersant peu Ă  peu en traversant la rĂ©gion des Hauts-de-France (oĂč des odeurs d'hydrocarbures ont Ă©tĂ© signalĂ©es) vers la Belgique[87].

Selon le quotidien belge Le Soir, le nuage a atteint la Belgique cinq Ă  six heures aprĂšs le dĂ©but du dĂ©gagement des fumĂ©es, soit dans la matinĂ©e du 26 septembre. Les molĂ©cules principales identifiĂ©es sont le monoxyde de carbone et le dioxyde de soufre. En raison des prĂ©cipitations, ces fumĂ©es ont Ă©tĂ© lavĂ©es et puis dispersĂ©es par le vent. Le centre de crise, citĂ© par le quotidien belge, prĂ©cise que « les concentrations en particules fines qui ont pu parvenir en Wallonie sont donc trĂšs faibles, ce qui est confirmĂ© par le rĂ©seau de mesures de la Cellule interrĂ©gionale de l’environnement (CELINE). La qualitĂ© de l’air reste donc bonne Ă  l’heure actuelle ». Dans le Hainaut, des habitants ont observĂ© des dĂ©pĂŽts localisĂ©s de suie. Le centre de crise leur conseille d’aĂ©rer leur habitation, de porter des gants pour nettoyer les rĂ©sidus et de bien laver les fruits et lĂ©gumes produits localement[88].

Premiers résultats

DĂšs le dĂ©but de l'accident, Ă  Rouen et Ă  proximitĂ©, une odeur forte et acre est ressentie plusieurs jours durant, mais malgrĂ© l'incommodation causĂ©e, la prĂ©fecture de Seine-Maritime affirme que la fumĂ©e et les suies ne prĂ©sentent « pas de toxicitĂ© aiguĂ« » (seuil dĂ©fini par la dose qui risque Ă  50 % de tuer un ĂȘtre vivant) et que « le risque pour la santĂ© reste faible »[89]. Des journalistes de France 3 Normandie relatent toutefois des maux de tĂȘte persistants suivis de vomissements et dĂ©noncent une carence de communication de la part des autoritĂ©s[90].

Dans un communiquĂ© du 28 septembre 2019, la prĂ©fecture de Seine-Maritime donne les rĂ©sultats des premiĂšres mesures effectuĂ©es par divers intervenants. Les prĂ©lĂšvements de gaz effectuĂ©s par les pompiers sur le site Lubrizol et autour de celui-ci le 26 septembre pendant l’incendie font apparaĂźtre que les composĂ©s organiques volatils sont tous infĂ©rieurs au seuil de quantification (quantitĂ© trop faible pour ĂȘtre mesurĂ©e) et font apparaĂźtre un Ă©tat habituel de la qualitĂ© de l’air sur le plan sanitaire Ă  l’exception de la mesure effectuĂ©e sur le site de Lubrizol pour ce qui concerne le benzĂšne[71]. Sur cette question du benzĂšne, FrĂ©dĂ©ric Henry, PDG de l’entreprise, interviewĂ© par Paris Normandie le 30 septembre, ne comprend pas son origine puisque l’entreprise ne stocke pas des fĂ»ts de benzĂšne. Il Ă©met l’hypothĂšse que l’entrepĂŽt voisin qui a brĂ»lĂ© aussi pouvait entreposer ce type de produit[91].

Par ailleurs, Atmo Normandie, association loi de 1901 agrĂ©Ă©e par le ministĂšre chargĂ© de l’environnement, a effectuĂ© des analyses en continu. Comme son rĂ©seau de mesure permanent localisĂ© dans l’agglomĂ©ration de Rouen n’était pas dans le panache de fumĂ©e, Atmo Normandie a installĂ© jeudi 26 septembre en dĂ©but d’aprĂšs-midi des moyens de mesure complĂ©mentaires en les positionnant sous la trajectoire des vents. En parallĂšle, 6 collecteurs de retombĂ©es atmosphĂ©riques ont Ă©tĂ© positionnĂ©s dans des communes sous le panache. Les rĂ©sultats sont disponibles sur son site internet[92]. Outre la communication des mesures en direct, l’association publie quotidiennement un communiquĂ© de presse sur la qualitĂ© de l’air. Le samedi , le communiquĂ© de presse prĂ©cisait que « la qualitĂ© de l'air reste dĂ©gradĂ©e Ă  Rouen, Ă  la suite de l'incendie de Lubrizol. Et ce, malgrĂ© le fait que l'indice Atmo de qualitĂ© de l'air soit de 4 (qualificatif "bon")[93]. En effet, de fortes odeurs sont encore perçues dans l'agglomĂ©ration rouennaise sous les vents de l'usine »[94]. De mĂȘme l'ARS des Hauts-de-France diffuse un communiquĂ© le prĂ©sentant les rĂ©sultats de l’association Atmo Hauts-de-France, affirmant que les niveaux de particules sont restĂ©s largement en deçà des seuils rĂ©glementaires journaliers[95].

Toutefois, dans une interview Ă  Europe 1 le 29 septembre, Ginette Vastel, chargĂ© du rĂ©seau risques et impacts industriels chez France nature environnement, dĂ©plore que les autoritĂ©s n’aient toujours pas diffusĂ©, trois jours aprĂšs l’évĂ©nement, la nature de tous les produits qui ont brĂ»lĂ© en prĂ©cisant que « pour pouvoir avoir une idĂ©e des risques, il faut connaĂźtre cette liste de produits. Aujourd'hui, des mesures ont Ă©tĂ© faites, mais elles sont correctes uniquement pour des polluants spĂ©cifiques »[96]. L'eurodĂ©putĂ© EELV Yannick Jadot ainsi que Delphine Batho, prĂ©sidente de GĂ©nĂ©ration Écologie, expriment la mĂȘme requĂȘte. Cette derniĂšre qualifiant mĂȘme cette non diffusion d’une « faute de l’État » [97].

Le , relayant l'Ineris, la prĂ©fecture confirme que certains agents d’extinctions (mousses) Ă©taient des tensioactifs fluorĂ©s[49] (composĂ©s organofluorĂ©s toxiques, Ă©cotoxiques et persistants, mais qui ont permis d'Ă©teindre plus rapidement le feu).

Dioxines et furanes

Au lendemain de la parution de la liste de produits impliquĂ©s dans l’incendie, divers experts chimistes et toxicologues comparent la combustion de tels produits Ă  celle qui se produit dans les incinĂ©rateurs et qui peut gĂ©nĂ©rer des dioxines et furanes (organochlorĂ©s toxiques, persistants et bioaccumulables, et figurant dans la liste des cancĂ©rigĂšnes certains.
AgnĂšs Buzyn, ministre de la SantĂ©, rĂ©pond Ă  la question des dioxines qu’« en rĂ©alitĂ©, aujourd'hui, personne ne sait exactement ce que donnent ces produits mĂ©langĂ©s lorsqu'ils brĂ»lent. C'est la demande que nous allons faire Ă  l'Ineris, qui est l'agence chargĂ©e de l'Ă©valuation des risques industriels »[98] - [99].

  • Le , l'Institut national de l'environnement industriel et des risques confirme devant la presse qu'il est « possible que l'incendie ait conduit Ă  l'Ă©mission de dioxine »[100].
  • Le mĂȘme jour, le site de la prĂ©fecture publie des rĂ©sultats encore partiels et peu nombreux : les valeurs mesurĂ©es sous le panache sont infĂ©rieures ou supĂ©rieures au bruit de fond, dans un ordre de grandeur comparable aux valeurs d'une zone tĂ©moin non affectĂ©e par l'accident (de 0,04 Ă  0,20 nano-gramme d’équivalent dioxine par mĂštre carrĂ© ; alors que le « blanc » a Ă©tĂ© mesurĂ© Ă  0,06). La prĂ©fecture prĂ©cise que des rĂ©sultats complĂ©mentaires sont nĂ©cessaires pour approfondir les premiĂšres observations[71].
  • Le 8-, Atmo-Normandie prĂ©sente les rĂ©sultats d'analyse de dioxines-furanes Ă©chantillonnĂ©s dans la pluie dans 5 communes[101], le jour de l'accident et l'aprĂšs-midi du lendemain, le : le taux de dioxines-furanes de l'Ă©chantillon fait Ă  PrĂ©aux, qui Ă©tait alors situĂ© sous le panache de fumĂ©e est de 12,66 pg/m2/jour I‐TEQ [I-TEQ signifie Equivalent Toxique International ; International Toxic Equivalent en anglais] ; un niveau "relativement" Ă©levĂ©, prĂšs de 4 fois le niveau mĂ©dian pour la Normandie (mĂ©diane calculĂ©e sur la base de 228 Ă©chantillons de pluie faits en Normandie de 2009 Ă  2017)[102]. Atmo prĂ©cise qu'une « analyse de sols et produits cultivĂ©s est nĂ©cessaire pour connaĂźtre le risque sanitaire (exposition majoritaire par ingestion) »[103] - [104].
  • le , l'Ineris publie les analyses de prĂ©lĂšvements (sur lingettes) faits le Ă  Forges-les-Eaux, Neufchatel-en-Bray et Saint-SaĂ«ns oĂč des retombĂ©es de suies ont Ă©tĂ© signalĂ©es. Les taux de dioxines sont compris entre 0,12 et 0,24 ngTEQ/mÂČ (comparables aux mesures faites Ă  Rouen, sauf pour une valeur de 2,80 ngTEQ/mÂČ relevĂ©e Ă  Saint-Saens (qui pourrait Ă©ventuellement ĂȘtre due Ă  la peinture de la table de ping-pong oĂč le prĂ©lĂšvement a Ă©tĂ© fait selon l'Ineris ; pour « lever le doute sur cette valeur singuliĂšre, des analyses supplĂ©mentaires sur cette peinture vont ĂȘtre rĂ©alisĂ©es par l’INERIS »[105].

Question des suies

Les sols peuvent avoir Ă©tĂ© contaminĂ©s par les retombĂ©es des suies et d'autres produits polluants susceptibles d’avoir Ă©tĂ© emportĂ©s dans le panache. Les analyses des premiers prĂ©lĂšvements de surface effectuĂ©s le 26 septembre durant la journĂ©e dont un prĂ©lĂšvement tĂ©moin situĂ© hors du panache ne mettent pas en Ă©vidence de diffĂ©rences significatives entre le prĂ©lĂšvement tĂ©moin et les autres sites situĂ©s sous le panache pour les HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques). Les rĂ©sultats sur les mĂ©taux ne mettent pas non plus en Ă©vidence d’impact sous le panache[71].

L'Agence rĂ©gionale de santĂ© (ARS) des Hauts-de-France annonce, dimanche 29 septembre, que les services de l’État font procĂ©der Ă  un recensement des territoires « susceptibles » d'avoir Ă©tĂ© touchĂ©s par des suies dues au nuage de fumĂ©e. Sur Internet et dans la presse locale, des tĂ©moignages font Ă©tat de suies Ă  Lille, dans l'Aisne et l'Oise notamment[106].

« Jusqu'Ă  nouvel ordre et Ă  titre de prĂ©caution », la prĂ©fecture recommande d'Ă©viter les dĂ©placements non indispensables ; elle demande aux Ă©leveurs, propriĂ©taire d'animaux (de rente notamment) et agriculteurs situĂ©s dans la zone du panache de fumĂ©e de rentrer et de sĂ©curiser les animaux et leur abreuvement et alimentation en les plaçant sous abri et en veillant Ă  ce qu'ils ne mangent pas de nourriture souillĂ©e (les ruminants doivent ĂȘtre dĂ©placĂ©s vers des pĂątures saines, exemptes de dĂ©pĂŽt de suie ou consommer une nourriture d'ensilage ou un foin ou tout autre aliment qui aura Ă©tĂ© protĂ©gĂ©. Les animaux ne doivent pas s'abreuver Ă  l'extĂ©rieur[71].

En attendant des précisions sur le risque, les agriculteurs ne doivent pas récolter leurs productions.

Les particuliers ne doivent pas manger de fruits et lĂ©gumes du jardin « qui ne pourraient ĂȘtre Ă©pluchĂ©s ou lavĂ©s de façon approfondie »[71]

Les recommandations de la préfecture pour le nettoyage des dépÎts de suies sont les suivantes[71] :

  • « Ă©viter tout contact cutanĂ© » ;
  • « nettoyer les locaux, fenĂȘtres, mobiliers et jeux extĂ©rieurs et les abords (prĂ©au, cours
) uniquement Ă  l'eau » ;
  • « ne pas utiliser de nettoyeur haute pression pouvant mettre en suspension des particules » ;
  • « ne pas effectuer de balayage Ă  sec » ;
  • « ne pas utiliser d'aspirateur » ;
  • « lors du nettoyage, protĂ©ger sa peau par le port de gants de mĂ©nage » ;
  • « ne pas consommer les vĂ©gĂ©taux souillĂ©s par les suies et se laver les mains en cas de contact ».

Voiries

Les prĂ©lĂšvements rĂ©alisĂ©s notamment sur les voiries et sur des sites extĂ©rieurs mettent en Ă©vidence des teneurs en mĂ©taux pouvant ĂȘtre plus Ă©levĂ©es, dans certains secteurs Ă  proximitĂ© du site ou sous les vents. Il s’agit du plomb, pour lequel une valeur maximale de 2 230 Â”g/m2 a Ă©tĂ© relevĂ©e sur la gare maritime. Deux valeurs proches de 1 000 Â”g/m2 sur des prĂ©lĂšvements extĂ©rieurs en proximitĂ© de voirie (grille et conteneur Ă  verre) sont susceptibles de relever d’une source historique. Il n’y a pas de seuil rĂ©glementaire et de valeurs de rĂ©fĂ©rences sanitaires concernant la prĂ©sence de plomb dans les poussiĂšres dĂ©posĂ©es sur la voirie. Toutefois, il n’y avait pas de plomb sur le site. Les valeurs observĂ©es sont cohĂ©rentes avec celles qui peuvent ĂȘtre rencontrĂ©es en milieu urbain et par consĂ©quent il n’est a priori pas possible d’attribuer l’origine de ces valeurs Ă  l’évĂ©nement[71].

Sols agricoles

En attendant qu'un bilan des risques soit fait, la prĂ©fecture prĂ©conise que les agriculteurs ne doivent pas rĂ©colter, et les Ă©leveurs sont invitĂ©s Ă  rentrer leurs bĂȘtes[107].

Le lundi dimanche , il ressort que les autoritĂ©s d'une centaine de communes ont interdit « Ă  titre conservatoire » la rĂ©colte des cultures et des denrĂ©es alimentaires d'origine animale en raison des retombĂ©es de suie occasionnĂ©es par le nuage qui « sont susceptibles de prĂ©senter un risque de santĂ© publique ». Le lait, le miel collectĂ©s et les Ɠufs d'Ă©levage en plein air pondus depuis jeudi « sont consignĂ©s sous la responsabilitĂ© de l’exploitant jusqu'Ă  l'obtention de garanties sanitaires sur les productions, sur la base de contrĂŽles officiels, » peut-on lire dans ces arrĂȘtĂ©s[45].

Selon le quotidien Le Monde, ce sont 137 000 hectares de superficie agricole utilisĂ©e (SAU) qui sont concernĂ©s, soit 1 370 km2. Cela reprĂ©sente environ 2 000 entreprises dont la production ne peut ĂȘtre vendue si elle a Ă©tĂ© rĂ©coltĂ©e aprĂšs le , jour de l’incendie, car elle est « susceptible d’avoir Ă©tĂ© exposĂ©e Ă  la contamination »[108].

Cas de l’amiante

La prĂ©sence d'amiante dans la toiture des bĂątiments qui ont brĂ»lĂ© est confirmĂ©e dans le communiquĂ© de la prĂ©fecture du 28 septembre. Il s’agit d’un sujet identifiĂ© qui est suivi tant pour la protection des travailleurs et sapeurs-pompiers que des riverains. Un programme de mesures de fibres dans l'air a Ă©tĂ© engagĂ© dans le site et dans un rayon de 300 mĂštres et sera complĂ©tĂ© par des analyses complĂ©mentaires au-delĂ  des 300 mĂštres. Le retour d'expĂ©rience sur ce genre de sinistre montre, selon la prĂ©fecture, que le risque de dispersion de fibres est limitĂ© par l'effondrement rapide de la toiture[71]. Le 1er octobre, le prĂ©fet assure que les premiers rĂ©sultats n'ont pas rĂ©vĂ©lĂ© de « risques avĂ©rĂ©s » concernant la prĂ©sence d'amiante dans l'air ou sur les surfaces environnantes. En revanche, il prĂ©cise que des fragments de fibrociment, qui composaient la toiture de l'usine, ont Ă©tĂ© projetĂ©s dans les environs Ă  la suite de l'explosion de celle-ci. Ces fragments comportent de l'amiante et le prĂ©fet a demandĂ© « aux particuliers, aux entreprises et aux riverains de ne pas y toucher », assurant que des entreprises spĂ©cialisĂ©es seront chargĂ©es de les Ă©liminer [109]. Les journalistes de l'Ă©mission "EnvoyĂ© spĂ©cial" du 6 janvier 2023, apportent des informations sur la possible sous-estimation de la dissĂ©mination de l'amiante dans les jardins, les toitures, Ă  la suite de l'accident[110] - [111].

QualitĂ© de l’eau

La mĂ©tropole Rouen Normandie, qui regroupe 71 communes, est compĂ©tente en matiĂšre d’assainissement et de gestion des eaux sur ce territoire. Elle prĂ©cise que les rĂ©servoirs d’eau potable de la rive nord de la mĂ©tropole, sur laquelle s’est concentrĂ© le panache de fumĂ©e, ont tous Ă©tĂ© vĂ©rifiĂ©s, en lien avec l’ARS de Normandie[112] et qu’aucune trace de contamination n’a Ă©tĂ© relevĂ©e. Un contrĂŽle renforcĂ© est mis en place sur les captages pour suivre les Ă©ventuels impacts sur l’eau des nappes phrĂ©atiques sur le court et le moyen terme[113]. Elle communique en outre la liste des 29 molĂ©cules analysĂ©es et les rĂ©sultats des analyses des prĂ©lĂšvements rĂ©alisĂ©s les 26 et par l’ARS[114].

Conséquences économiques

Les premiĂšres consĂ©quences Ă©conomiques concernent l’entreprise elle-mĂȘme dont l’activitĂ©, dans le site sinistrĂ©, est arrĂȘtĂ©e. Mais de nombreux autres acteurs sont affectĂ©s.

Entreprises locales et activité partielle

D’autres entreprises locales sont affectĂ©es, notamment les sous-traitants de l’entreprise Lubrizol ou les entreprises situĂ©es dans le pĂ©rimĂštre interdit Ă  la circulation, comprenant le pont Gustave-Flaubert, les rues et routes du pĂ©rimĂštre proches de l’incendie, susceptibles d’ĂȘtre affectĂ©es par une rupture d’approvisionnement ou l’impossibilitĂ© d’accĂ©der Ă  des chantiers ou aux entreprises par exemple. Dans ce contexte, la prĂ©fecture mobilise le dispositif d'activitĂ© partielle pour les entreprises qui permet aux entreprises, confrontĂ©es Ă  une conjoncture Ă©conomique difficile ou Ă  des circonstances exceptionnelles liĂ©es notamment Ă  un sinistre, de rĂ©duire ou suspendre temporairement leur activitĂ©, tout en assurant aux salariĂ©s une indemnisation en compensation de la perte de rĂ©munĂ©ration qui en dĂ©coule et en garantissant Ă  l’employeur une prise en charge partielle de cette indemnisation par l’État. Pour toute heure chĂŽmĂ©e, les entreprises bĂ©nĂ©ficient d’une allocation horaire, financĂ©e par les partenaires sociaux d’un montant de 7,74 â‚Ź, pour les entreprises de 1 Ă  250 salariĂ©s et de 7,23 â‚Ź pour les entreprises de plus de 250 salariĂ©s. Cette prise en charge est limitĂ©e Ă  un contingent de 1 000 heures, par annĂ©e civile, par salariĂ©[115].

Exploitations agricoles

Le ministĂšre de l'Agriculture indique le mardi qu’au moins 1 800 agriculteurs ont Ă©tĂ© touchĂ©s par les suies de l'incendie. Les agriculteurs qui ne peuvent pas vendre leurs productions seront indemnisĂ©s grĂące au Fonds de mutualisation du risque sanitaire et environnemental. Le coĂ»t des pertes agricoles n'est pas encore possible Ă  estimer aujourd'hui, a jugĂ© sur France Info la prĂ©sidente de la FNSEA, Christiane Lambert. Le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, a dĂ©clarĂ© que c'est le principe du pollueur-payeur qui devra s'appliquer. « Il faudra que celui qui est responsable paye. [..] Ce n'est pas au contribuable français, ce n'est pas Ă  ceux qui paient des impĂŽts Ă  Rouen de payer pour se protĂ©ger et pour protĂ©ger les paysans » [116].

Au , 216 communes avaient fait, selon terre-net.fr, l’objet d’arrĂȘtĂ©s prĂ©fectoraux visant Ă  limiter certaines activitĂ©s agricoles et Ă  restreindre la mise sur le marchĂ© de produits alimentaires d'origine animale et vĂ©gĂ©tale. Cinq dĂ©partements sont concernĂ©s : l'Aisne, le Nord, l'Oise, le Pas-de-Calais et la Seine-Maritime. 206 arrĂȘtĂ©s ont Ă©tĂ© pris dĂšs les premiers jours suivant l’incendie. Deux nouveaux arrĂȘtĂ©s prĂ©fectoraux - un dans l'Oise, un autre dans l'Aisne - ont Ă©tĂ© pris le , ajoutant 4 communes de l'Oise et 6 autres dans l'Aisne Ă  la liste des communes concernĂ©es [117] - [118] - [119].

Carte des communes françaises ayant fait l’objet d’arrĂȘtĂ©s prĂ©fectoraux visant Ă  limiter certaines activitĂ©s agricoles et Ă  restreindre la mise sur le marchĂ© de produits alimentaires d'origine animale et vĂ©gĂ©tale.

RĂ©ponses : Le , un accord est annoncĂ© entre l’État et Lubrizol, visant Ă  indemniser 453 Ă©leveurs de 6 dĂ©partements[120] concernĂ©s par l'interdiction de vendre leur lait, avec l'aide du Fonds de mutualisation des risques sanitaires et environnementaux (FMSE) [121]. Lubrizol crĂ©e en complĂ©ment un fonds de solidaritĂ© (50 millions d’euros annoncĂ©s) pour compenser les pertes subies par les agriculteurs et autres secteurs Ă©conomiques concernĂ©s[121].

Levée de l'interdiction sur le lait

AprĂšs la parution de l'avis de l'Anses du dernier, le Ministre de l'Agriculture a confirmĂ© la levĂ©e des mesures de restriction sur le lait. Les prĂ©fets des cinq dĂ©partements vont donc abroger les arrĂȘtĂ©s prĂ©fectoraux pris pour la protection des consommateurs. Les 130 prĂ©lĂšvements et analyses effectuĂ©s ne prĂ©sentent pas de signes de bioaccumulation dans le temps et les rĂ©sultants figurent en deçà des valeurs rĂ©glementaires. Toutefois, une veille et une surveillance rapprochĂ©e doit ĂȘtre maintenue.

Autres conséquences

Sur les autres sites Seveso

La ministre de la Transition Ă©cologique et solidaire, Élisabeth Borne, adresse le une instruction aux prĂ©fets relative aux premiĂšres mesures Ă  prendre dans les sites Seveso Ă  la suite de l'accident de l'usine Lubrizol. Elle demande aux prĂ©fets de rappeler aux exploitants d'Ă©tablissements Seveso « leur pleine responsabilitĂ© sur la conformitĂ© de leurs installations au regard des engagements pris dans leur Ă©tude de dangers » et de la nĂ©cessitĂ© que ceux-ci « disposent en temps rĂ©el d'une connaissance de la nature et des quantitĂ©s de produits prĂ©sents aux diffĂ©rents emplacements de leur site ». Elle leur demande Ă©galement de sensibiliser les exploitants au caractĂšre opĂ©rationnel « des mesures de prĂ©vention, limitation et protection d'un accident » et qu’ils doivent « s'assurer Ă  nouveau de la connaissance par tous les opĂ©rateurs des risques prĂ©sentĂ©s par les installations et les attitudes Ă  tenir en cas d'alerte. »[122].

EnquĂȘtes

Sur place, l'enquĂȘte est menĂ©e par le SRPJ de Rouen, l’Office central de lutte contre les atteintes Ă  l'environnement et Ă  la santĂ© publique (Oclaesp) et l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN)[123]. Le dĂ©but des investigations sur le terrain commence le , la persistance de certains points chauds empĂȘchant jusqu'alors la venue sur place d'enquĂȘteurs. Le parquet rappelle qu'au 18 enquĂȘteurs du SRPJ ont d'ores et dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ© 39 auditions et saisi plusieurs dizaines de vidĂ©os, extraites des systĂšmes de vidĂ©o-surveillance, qui sont en cours d'analyse. L'OCLAESP et des unitĂ©s spĂ©ciales de la gendarmerie ont Ă©galement Ă©tĂ© mis Ă  contribution[124].

Plaintes pour mise en danger d'autrui

Le jeudi , le parquet annonce ouvrir une enquĂȘte pour destructions involontaires. Plusieurs plaintes contre X sont dĂ©posĂ©es, pour la plupart par des personnes se disant victimes de malaises, de nausĂ©es ou de vertiges[125]. Devant ces nouveaux Ă©lĂ©ments, le chef d’accusation est Ă©largi par le parquet, le samedi 28, Ă  la mise en danger d'autrui[126]. D'autres plaintes suivent la saisine du parquet, comme celle des syndicats de France TĂ©lĂ©visions au nom des salariĂ©s de France 3 Rouen MĂ©tropole, qui travaillent dans un bĂątiment tout proche du site de l'incendie de l’usine chimique Lubrizol, disant craindre des rĂ©percussions pour leur santĂ©[127].
Le le parquet de Rouen se dessaisit au profit du pĂŽle de santĂ© publique du tribunal de Paris en raison notamment de la technicitĂ© du dossier et « du nombre de plaintes pour mise en danger d'autrui »[67]. Le , deux communes, Mont-Saint-Aignan et Bois-Guillaume, portent Ă©galement plainte pour mise en danger de la vie d'autrui[75]. Elles sont suivies par le maire de Rouen qui porte Ă©galement plainte contre X le au nom de la commune de Rouen et de la mĂ©tropole Rouen Normandie[128]. À cette date, 130 plaintes ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es par des particuliers ou Ă©lus locaux[129].

Plainte contre X du directeur de l'entreprise

Le samedi , le PDG de l’entreprise, FrĂ©dĂ©ric Henry, qui avait Ă©mis immĂ©diatement des doutes quant Ă  l'origine de l'incendie, porte plainte contre X. Sur la foi d'enregistrements de vidĂ©osurveillance et de tĂ©moins oculaires, il suggĂšre que l’origine du feu serait extĂ©rieure Ă  Lubrizol et que le feu se serait propagĂ© ensuite au site[43].

Référé-constat

Le lundi , Corinne Lepage saisit la justice en dĂ©posant, pour l'association Respire et cent citoyens, un rĂ©fĂ©rĂ© constat devant le tribunal administratif de Rouen. Cette procĂ©dure d’urgence permet, selon elle, « d'avoir des informations contradictoires dans un dĂ©lai trĂšs court ». Elle prĂ©cise toutefois qu’elle ne dit pas que les informations du prĂ©fet sont partiales, mais qu’« elles nous semblent partielles ». L'ancienne ministre de l'Écologie dit craindre que l'on n'ait pas cherchĂ© les bons polluants ou pas collectĂ© les Ă©chantillons au bon endroit. « Dans le cas des Ă©coles, pointe-t-elle, pourquoi se contenter de prĂ©lĂšvements sans toucher au sol? On sait que les mĂ©taux lourds par principe retombent au sol[130]. ». La juge des rĂ©fĂ©rĂ©s du tribunal administratif de Rouen nomme le un expert en produits chimiques et industriels pour procĂ©der Ă  « un constat des consĂ©quences environnementales » de l'incendie. Cette mission d’expertise a pour objet de « prĂ©server d'Ă©ventuelles preuves qui pourraient permettre aux parties de dĂ©terminer les analyses et Ă©tudes complĂ©mentaires Ă  mener »[75]. Cet expert doit rendre son rapport avant le [131].

EnquĂȘte pour dĂ©marchages abusifs

Les services de Direction gĂ©nĂ©rale de la Concurrence, de la Consommation et de la RĂ©pression des fraudes (DGCCRF) ouvrent une enquĂȘte pour « dĂ©marchage abusif » aprĂšs l'incendie de cette usine. Des habitants riverains de l'usine Lubrizol dĂ©clarent avoir Ă©tĂ© dĂ©marchĂ©s par des laboratoires se disant mandatĂ©s par la prĂ©fecture de Seine-Maritime pour venir mesurer la qualitĂ© de l'air juste aprĂšs l'incendie, mesures leur ayant ensuite Ă©tĂ© facturĂ©es. Le site d'information Franceinfo, qui rapporte l’information, rappelle que les consommateurs qui s'estiment victimes de prĂ©lĂšvements abusifs ont 14 jours pour se rĂ©tracter. Il met Ă©galement en garde contre une autre arnaque, celle d'entreprises se disant mandatĂ©es pour rĂ©cupĂ©rer des morceaux de tĂŽle en fibrociment emportĂ©s par l'incendie de l'usine[132] - [133].

Mission d'information de l'Assemblée nationale

Plusieurs dĂ©putĂ©s demandent l’ouverture d’une enquĂȘte parlementaire. DĂšs le , le dĂ©putĂ© socialiste, Christophe Bouillon, fait une demande dans ce sens, appuyĂ© par Olivier Faure[134]. Les dĂ©putĂ©s de la France Insoumise relayent cette requĂȘte, suivis de Delphine Batho, dĂ©putĂ©e non-inscrite et ancienne ministre de l’Environnement. À droite, Christian Jacob, le prĂ©sident du groupe LR, prĂ©fĂšre une « mission d’information » tandis que Nicolas Dupont-Aignan, prĂ©sident de Debout la France, demande Ă©galement une enquĂȘte parlementaire[135]. La ConfĂ©rence des prĂ©sidents de l'AssemblĂ©e nationale dĂ©cide finalement, le mercredi au matin, d’ouvrir une mission d’information sur l’incendie de l’usine Lubrisol[136]. La premiĂšre rĂ©union se tient le [121].

EnquĂȘte parlementaire sĂ©natoriale

Le jeudi par celle du prĂ©sident LR du SĂ©nat, GĂ©rard Larcher, dĂ©clare de son cĂŽtĂ© sur LCI qu'une commission d'enquĂȘte parlementaire diligentĂ©e par le sĂ©nat sera crĂ©Ă©e « dans quelques jours » pour une durĂ©e maximale de six mois, aux prĂ©rogatives plus larges que la mission d’information de l'AssemblĂ©e nationale[137]. Cette commission d’enquĂȘte, dite transpartisane, est crĂ©Ă©e au SĂ©nat le [121].

EnquĂȘtes administratives

Le , le prĂ©fet annonce l’ouverture d’une enquĂȘte administrative pour dĂ©terminer s’il Ă©tait normal que l’entreprise voisine de Lubrizol, Ă  savoir Normandie Logistique, hĂ©bergeait temporairement des produits en provenance de l’usine Lubrizol. Deux de ses entrepĂŽts ont en effet brĂ»lĂ©, sans que l’on sache formellement la quantitĂ© de produits impliquĂ©s[75].

EnquĂȘtes journalistiques

Le media d'investigation normand, Le Poulpe, s'est fait connaßtre par ses révélations sur l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen[138].

Traitement médiatique de l'événement et réseaux sociaux

Difficultés de communication

Cinq ministres se succĂšdent Ă  Rouen dans les cinq jours suivant l’accident pour tenter de rassurer la population, sans y parvenir complĂštement. Jeudi 26, aprĂšs l’incendie, c’est d’abord le ministre de l’IntĂ©rieur, Christophe Castaner, qui se rend sur place et dĂ©clare qu’il n’y a « pas d’élĂ©ment qui permette de penser qu’il y a un risque liĂ© aux fumĂ©es » et ajoute « ne paniquons pas sur cette situation mais il faut ĂȘtre d’une grande prudence »[139]. Il est suivi vendredi 27 par la ministre des SolidaritĂ©s et de la SantĂ© AgnĂšs Buzyn qui dĂ©clare « La ville est clairement polluĂ©e par les suies » et Élisabeth Borne, la ministre de la Transition Ă©cologique et solidaire, qui assure qu'il n'y a « pas de polluants anormaux dans les prĂ©lĂšvements effectuĂ©s »[140]. Ce mĂȘme jour, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, se rend Ă  l’Inspection acadĂ©mique de Seine-Maritime pour vĂ©rifier la mobilisation des Ă©quipes de l’Éducation nationale et assurer que « toutes les Ă©coles seront en mesure de rouvrir leurs portes lundi »[141]. Enfin le Premier Ministre, Édouard Philippe, se dĂ©place lundi 30 et dĂ©clare que les odeurs provoquĂ©es par l’incendie sont « gĂȘnantes » mais assure qu’elles ne sont « pas nocives »[142]. Il promet « l'absolue transparence » et rĂ©affirme, devant le site, sa « volontĂ© extrĂȘmement ferme de dire ce que nous savons dĂšs que nous le savons »[143].

La critique de la communication gouvernementale tient Ă  plusieurs raisons. D’abord, les informations sont parfois contradictoires, d'un orateur Ă  l'autre, voire au sein de certaines dĂ©clarations, et certaines rĂ©serves laissent subsister un doute. Ensuite, la liste des produits brĂ»lĂ©s n'est pas immĂ©diatement dĂ©voilĂ©e, ce qui laisse le champ libre Ă  de nombreuses infox sur les rĂ©seaux sociaux. Enfin, le souvenir d'anciens scandales sanitaires persiste (catastrophe de Tchernobyl, affaire du sang contaminĂ© et incendie de Notre-Dame de Paris)[144].

Mais les autoritĂ©s ne sont pas les seules Ă  avoir eu une communication dĂ©faillante. Le silence de Lubrizol a, par ricochet, accru le ressenti d'incertitude sur la fiabilitĂ© des informations donnĂ©es par l'État. Le , Édouard Philippe dĂ©clare d'ailleurs que Lubrizol a Ă©tĂ© « trop absente dans sa communication », ajoutant qu'il « aurait aimĂ© la voir plus prompte Ă  s'engager pour accompagner financiĂšrement les riverains qui ont subi des dommages »[145] - [146] - [147]. Les prises de position de scientifiques critiquant l'action des autoritĂ©s sanitaires ont contribuĂ© aussi Ă  brouiller la parole de l'État. Jour aprĂšs jour, le prĂ©fet de Seine-Maritime continue de livrer les rĂ©sultats des analyses en prĂ©sence des services de l'État concernĂ©s (ARS, Dreal, Protection des populations
) et Ă  les diffuser sur le site Internet parfois sans dĂ©cryptage. Enfin, certaines initiatives prises par des personnes publiques sous couvert du principe de prĂ©caution ont, au mieux crĂ©Ă© de la confusion, au pire de l'anxiĂ©tĂ©. Autant d’élĂ©ments, avec la surenchĂšre des rĂ©seaux sociaux et des chaĂźnes d’information en continu, qui ont contribuĂ© Ă  une hystĂ©rie collective et une dĂ©fiance gĂ©nĂ©ralisĂ©e vis-Ă -vis de la parole de l’État[148].

Plateforme d'information

Souhaitant montrer sa dĂ©termination Ă  communiquer et Ă  fournir aux habitants de Rouen et de son agglomĂ©ration les rĂ©ponses Ă  leurs questions, le gouvernement met en ligne le une plateforme d’information[149]. Ce nouveau dispositif, organisĂ© en quatre sections : « les informations clefs, les actions de l' État, les numĂ©ros d'informations et les questions frĂ©quentes », vise Ă  rassurer sur la qualitĂ© de l'air et de l'eau, Ă  rassembler les diffĂ©rents rĂ©sultats d'analyses rendus publics au fur et Ă  mesure, Ă  recenser les produits prĂ©sents dans les entrepĂŽts qui ont brĂ»lĂ© et Ă  diffuser les recommandations sanitaires Ă©mises Ă  l'attention de la population[150].

Comité pour la transparence et le dialogue

Poursuivant sa politique de transparence souhaitĂ©e par Édouard Philippe, le gouvernement met en place le un « comitĂ© pour la transparence et le dialogue », rĂ©unissant Ă©lus, industriels, associations, organisations professionnelles et syndicales, acteurs Ă©conomiques, services de santĂ© et reprĂ©sentants du monde agricole. Trois ministres, Élisabeth Borne, AgnĂšs Buzyn et Didier Guillaume, respectivement chargĂ©s de l'environnement, de la santĂ© et de l’agriculture et de l’alimentation, se rendent Ă  Rouen Ă  cette occasion. Elisabeth Borne dĂ©clare que ce comitĂ© « a vocation Ă  associer l’ensemble des acteurs du territoire afin d’assurer un suivi, dans la durĂ©e, des consĂ©quences de la catastrophe industrielle et de partager toutes les informations »[151] - [121].

DĂ©sinformation et rumeurs

Quelques rares infox se sont propagées sur les réseaux sociaux[152].

Un film vidéo d'une catastrophe dans une zone industrielle, tourné de nuit, circule sur Twitter dans les premiÚres heures de la catastrophe : il s'agit d'images tournées à Tianjin (Chine) le [153].

Des photos et vidĂ©os d'oiseaux morts ont circulĂ©. Certaines n'ont pas Ă©tĂ© authentifiĂ©es comme consĂ©cutives Ă  l'incendie, d'autres ont Ă©tĂ© prises en Chine[154]. Par la suite, l'auteur des photos a minimisĂ© : « Je ne pense pas que ça soit Ă  cause de l'incendie », a expliquĂ© que les deux pigeons sont peut-ĂȘtre bien tombĂ©s d'un nid qui se trouvait juste au-dessus, sur une poutre, et reconnaĂźt finalement ĂȘtre « allĂ© un peu vite en besogne dans ses conclusions »[155]. Les soigneurs du dĂ©partement confirment : « Nous n'avons constatĂ© aucun surcroĂźt d'activitĂ© depuis l'incendie de Rouen, qu'il s'agisse des oiseaux ou de toute autre espĂšce »[156].

Un faux communiqué censé émaner de l'Agence régionale de santé de la région Hauts-de-France et de la préfecture de Seine-Maritime en date du est également diffusé[157].

Des vidéos « d'eau noire » sortant de robinets de lavabo sont massivement relayées sur les réseaux sociaux le lundi . Ces vidéos n'ont pas été authentifiées[158]. La Métropole Rouen Normandie diffuse alors le communiqué suivant : « des analyses ont été réalisées par le laboratoire indépendant LABEO sous le contrÎle de l'ARS le sur les réservoirs d'eau potable de l'agglomération et le sur ceux de Morgny la Pommeraye ». Aucune anomalie n'a été constatée[159].

RĂ©actions

MalgrĂ© un appel Ă  ne pas encombrer les lignes par des signalements concernant des phĂ©nomĂšnes dĂ©jĂ  pris en compte (odeur, fumĂ©e, etc.), Ă  15 h 00 plus de 1 200 appels avaient Ă©tĂ© enregistrĂ©s par le Centre d’Information au Public (CIP) ouvert le matin mĂȘme par la PrĂ©fecture pour rĂ©pondre aux questions (hors urgences mĂ©dicales). La prĂ©fecture a signalĂ© que de lĂ©gĂšres cĂ©phalĂ©es d’apparition progressive et des irritations de la gorge ont Ă©tĂ© observĂ©es. Elle a recommandĂ© de contacter le 15 en cas de difficultĂ©s respiratoires, ou cĂ©phalĂ©es intenses ou persistantes.

Sur les rĂ©seaux sociaux notamment, des commentaires reprochent aux mĂ©dias d'avoir principalement parlĂ© du dĂ©cĂšs de Jacques Chirac, survenu le mĂȘme jour, au dĂ©triment de cet accident industriel[160]. TĂ©lĂ©rama publie un article intitulĂ© "Une usine classĂ©e Seveso brĂ»le et les tĂ©lĂ©s regardent ailleurs"[161], paraphrase de la dĂ©claration de Jacques Chirac lors du IVe Sommet de la Terre en 2002 : « notre maison brĂ»le et nous regardons ailleurs ».

Plusieurs organisations (EELV, LFI, la CGT et le PCF) ont rĂ©clamĂ© vendredi une totale transparence sur l’accident en regrettant le manque d’informations de la population par les autoritĂ©s sur la nature des produits qui ont brĂ»lĂ© et sur les possibles consĂ©quences sanitaires[162] :

  • David Cormand demande « des informations prĂ©cises et rĂ©guliĂšres »[162] ;
  • Fabien Roussel (PCF) demande plus de transparence et dĂ©plore des « consĂ©quences Ă©cologiques dramatiques pour nos vies pour le climat »[162] ;
  • Jacky Bonnemains (ONGE "Robin des bois ») estime que les suies posent un « problĂšme diffus mais majeur » et craint une pollution de la Seine ou de la station d’épuration de Rouen ;
  • GĂ©rald Le Corre (CGT), jugeant qu'il « est impossible de faire confiance Ă  cette communication Ă©tatique qui se veut rassurante »[162], demande une « transparence complĂšte sur les risques encourus » et « la communication de la liste des produits prĂ©sents sur la partie du site en feu ainsi que l'ensemble des Ă©tudes toxicologiques sur ces mĂȘmes produits », « la communication immĂ©diate sur le site Internet de la prĂ©fecture des rĂ©sultats d'analyse effectuĂ©s et leur mise Ă  jour au fil de l'eau », ainsi que « la transparence sur les raisons de ce nouvel incendie »[86] ;
  • François Veillerette (Association GĂ©nĂ©rations futures) estime qu’on ne peut pas exclure des maladies chroniques ou effets Ă  long terme. Prenant l’exemple des suies (« cancĂ©rogĂšne avĂ©rĂ© ») ainsi que du benzĂšne (cancĂ©rogĂšne avĂ©rĂ© retrouvĂ© sur le site), il suggĂšre un suivi Ă©pidĂ©miologique des personnes ayant Ă©tĂ© exposĂ©es, suivi Ă  maintenir sur le long terme, y compris des gens qui dĂ©mĂ©nageront[163] ;
  • Un Rouennais (Gregory Simonklein) a crĂ©Ă© un collectif dĂ©nommĂ© « Lubrizol », demandant aux autoritĂ©s la vĂ©ritĂ© sur cet accident et des solutions[163].

Une autre conséquence de ce type d'accident est une réputation dégradée à la fois pour l'industrie de la chimie et pour les autorités administratives devant la contrÎler[164].

Notes et références

Notes

  1. AntĂ©rieurement Ă  cette date, l’établissement relevait de la directive Seveso II transposĂ©e en droit français par l’arrĂȘtĂ© ministĂ©riel du relatif Ă  la prĂ©vention des accidents majeurs - ArrĂȘtĂ© du 10 mai 2000 sur LĂ©gifrance (consultĂ© le ).
  2. Sous la directive Seveso 2, l’établissement relevait du rĂ©gime de l’autorisation avec servitude (AS). « DĂ©finition du rĂ©gime des installations classĂ©es », sur MinistĂšre de l'Écologie, (version du 25 octobre 2019 sur Internet Archive) (consultĂ© le ).
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  162. Incendie de l’usine Lubrizol Ă  Rouen : ce que l'on sait. AprĂšs l'incendie spectaculaire de l’usine Lubrizol Ă  Rouen, qui n’a pas fait de victime, les inquiĂ©tudes demeurent sur les consĂ©quences sanitaires et Ă©cologiques de cet accident industriel, et la dangerositĂ© du site. voir le paragraphe intitulĂ© « les rĂ©actions » ]
  163. Incendie de l'usine Lubrizol : "On ne peut pas exclure qu’il y ait des maladies chroniques », 29 septembre 2019, 10h53
  164. Étienne J (2014) Les incidents industriels: un enjeu de rĂ©putation pour la chimie et l’administration publique françaises. RĂ©actions Ă  risque: regards croisĂ©s sur la sĂ©curitĂ© dans la chimie (Coll. Sciences du risque et du danger), 169.

Voir aussi

Bibliographie

  • C. Chivas, J. Cescon, ToxicitĂ© et dispersion des fumĂ©es d’incendie - PhĂ©nomĂ©nologie et modĂ©lisation des effets, INERIS, , 66 p. (lire en ligne)

Avis de l'Anses

  • 14 octobre : sur les analyses de lait des prĂ©lĂšvements postaccidentels liĂ©s Ă  l’incendie
  • 16 octobre : sur l’établissement d’un programme de surveillance adaptĂ© des eaux destinĂ©es Ă  la consommation humaine
  • 18 octobre : relatif aux Ă©valuations de risques post-accidentelles

Vidéographie

Articles connexes

Liens externes

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