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Pont Gustave-Flaubert

Le pont Gustave-Flaubert est un pont levant routier qui franchit la Seine dans l'ouest de Rouen. Il se trouve en aval du pont Guillaume-le-Conquérant, qui marque la limite de la partie du fleuve accessible aux navires de mer. Il a été mis en service le , après quatre ans de travaux.

Pont Gustave-Flaubert
Image illustrative de l’article Pont Gustave-Flaubert
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Normandie
DĂ©partement Seine-Maritime
Commune Rouen
CoordonnĂ©es gĂ©ographiques 49° 26′ 37″ N, 1° 03′ 50″ E
Fonction
Franchit Seine
Fonction Voirie routière urbaine
Itinéraire N 1338
Caractéristiques techniques
Type Pont levant
Longueur 670 m
PortĂ©e principale 120 m
Largeur 2 Ă— 18 m
Hauteur 86 m
Matériau(x) Béton
Acier
Construction
Construction 2004 — 2007
Concepteur Eurodim
Aymeric Zublena
Michel Virlogeux
Architecte(s) Moussard (Arcadis)
Jean-Pierre Ghilardi (Eurodim)
François Gillard (SCAU)
Claude Servant (Serf)
Aymeric Zublena (SCAU)
Entreprise(s) Quille
Eiffel
Eiffage Travaux Publics
Victor Buyck construction métallique

Projet

L'ouvrage se trouve sur la liaison entre l'autoroute de Normandie (A13), via la RN338, et l'autoroute A150 qui est reliée aux autoroutes A29 et A28. Cette liaison doit permettre de désengorger les quartiers ouest de Rouen tout en assurant la liaison nécessaire avec la zone économique et le port de Rouen.

Choix du site

Deux fuseaux de passage de cette liaison ont été étudiés :

Le fuseau ouest a été abandonné à cause de son dénivelé important et de son passage en forêt. Le fuseau est a été retenu parce qu'il permet un passage au plus près des quartiers du centre de Rouen.

Solutions mises Ă  l'Ă©tude

Plusieurs types d'ouvrage sont possibles pour franchir la Seine tout en conservant la possibilité aux plus grands bateaux d'accéder au port de Rouen.

  • pont fixe Ă  gabarit maritime : il est nĂ©cessaire pour ce type d'ouvrage d'assurer un gabarit de 55 mètres de hauteur au-dessus des plus hautes eaux navigables (PHEN). Son insertion urbaine devient difficile ; en particulier, si on veut limiter les pentes des viaducs d'accès, il n'est pas possible de prĂ©voir des Ă©changeurs avec les voies sur berge Ă  proximitĂ© du pont. Cette solution avait Ă©tĂ© utilisĂ©e pour le franchissement de la Loire Ă  l'ouest de Nantes pour le pont de ChevirĂ©.
  • tunnel fluvial : cette solution a un coĂ»t important - pour sa construction et son exploitation - et pose des problèmes de sĂ©curitĂ© pour le passage des matières dangereuses. De plus, il est difficile de prĂ©voir des Ă©changeurs Ă  proximitĂ© des berges. Cette solution a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e pour le tunnel du Vieux-Port de Marseille.
  • pont fixe Ă  gabarit fluvial : cette solution permet de limiter le gabarit Ă  7 mètres de hauteur. Mais elle ne permet plus d'accès aux bateaux de croisière au cĹ“ur de la ville et d'organiser des rassemblements de voiliers du type Armada.

Toutes ces solutions ayant Ă©tĂ© rejetĂ©es par la ville de Rouen, la direction dĂ©partementale de l'Ă©quipement (service de l'Etat) a alors proposĂ©, en 1992, que le franchissement de la Seine soit rĂ©alisĂ© par un ouvrage mobile, afin de respecter le gabarit fluvial durant toute l'annĂ©e et le gabarit maritime pendant les quelques passages de grands bateaux. Une telle solution est rarement utilisĂ©e pour un axe aussi important qu'une autoroute urbaine, mais apparaissait ici possible du fait que le passage de grands bateaux n'est nĂ©cessaire que 20 Ă  30 fois par an. Plusieurs maquettes ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es, pour comparer un pont tournant avec les solutions tunnel fluvial et pont fixe Ă  gabarit fluvial (le pont fixe Ă  gabarit maritime Ă©tant Ă©liminĂ© d'office). La prĂ©sentation de ces maquettes devant le conseil municipal a conduit Ă  prendre la dĂ©cision d'Ă©tudier plus en dĂ©tail la solution de pont mobile.

Trois types d'ouvrages ont alors été étudiés :

  • un pont basculant : mais cette solution pose un problème de rĂ©alisation des appuis en Seine pour Ă©viter d'avoir des travĂ©es trop importantes. Cette solution a Ă©tĂ© choisie pour le pont levant de La Seyne-sur-Mer ou le Tower Bridge.
  • un pont tournant qui a l'inconvĂ©nient de neutraliser un linĂ©aire important de quais et nĂ©cessite leurs renforcements. C'est une solution qui a Ă©tĂ© retenue pour le pont de Caronte.
  • un pont levant. Cette solution nĂ©cessite la rĂ©alisation de pylĂ´nes de grande hauteur de part et d'autre permettant de dĂ©gager le gabarit maritime. Cette solution permet de dĂ©gager les diffĂ©rentes contraintes au plus près. Le levage de la travĂ©e centrale nĂ©cessite de couper la circulation routière. C'est le type d'ouvrage mis en Ĺ“uvre Ă  Brest pour le pont de Recouvrance.

C'est la solution d'un pont levant qui est retenue Ă  l'issue des Ă©tudes.

Caractéristiques

À ses pieds, sur la rive droite, se trouve une ancienne zone portuaire en pleine réhabilitation, qui comprend entre autres le musée maritime et sur la rive gauche, une friche industrielle qui doit donner lieu à une grande opération immobilière.

Il s'agit d'un pont levant d'une portĂ©e de 120 mètres et d'une hauteur totale de 86 mètres, soit le 3e bâtiment le plus haut de Rouen après la cathĂ©drale Notre-Dame de Rouen et la tour des archives. Le tirant d'air est de 7 mètres lorsque le tablier est en position basse, compatible avec le passage de pĂ©niches, et de 55 mètres au-dessus de la Seine en position haute. Ses caractĂ©ristiques en ont fait, en 2008, le plus haut pont levant au monde[1]. Il relie l'A150 au nord (direction Barentin / Dieppe) Ă  la rocade sud de Rouen qui rejoint l'autoroute de Normandie. Sa longueur totale, y compris les viaducs d'accès, est de 670 mètres.

Pose des papillons.

Le tablier double, long de 120 mètres et pesant deux fois 1 300 tonnes, est supportĂ© par quatre pylĂ´nes (jumelĂ©s deux Ă  deux) implantĂ©s dans le lit de la Seine. Il se lève en douze minutes, d'après les prĂ©visions en moyenne une trentaine de fois par an, notamment pour laisser le passage aux voiliers de l'Armada qui reviennent pĂ©riodiquement Ă  Rouen et aux paquebots de croisière qui accostent au centre-ville (terminal près du pont Guillaume-le-ConquĂ©rant).

Le marchĂ© de la construction du pont se monte, sans les viaducs d'accès, Ă  102 millions d'euros TTC. Il a Ă©tĂ© remportĂ© en par une filiale du groupe Bouygues, la sociĂ©tĂ© rouennaise Quille, en association avec Eiffel, Eiffage Travaux Publics et la sociĂ©tĂ© belge Victor Buyck construction mĂ©tallique (nl). Le coĂ»t total de l'opĂ©ration, avec les accès routiers, est de 166 millions d'euros TTC[2]. La dĂ©claration d'utilitĂ© publique date de [3].

Les travaux ont débuté en . La pose des « papillons » au sommet des piles a eu lieu les 16 et , celle des tabliers les 21 et .

L'équipe des concepteurs, qui avait pour mandataire la société d'ingénierie Arcadis, comprenait le bureau d'études Eurodim, spécialiste en mécanismes, ainsi que Aymeric Zublena, l'un des architectes du Stade de France, et Michel Virlogeux, concepteur du pont de Normandie et du Viaduc de Millau.

Le trafic prĂ©visionnel est estimĂ© Ă  50 000 vĂ©hicules par jour. Il est censĂ© dĂ©barrasser le centre ville du quart des 190 000 camions qui franchissent chaque jour le fleuve[4].

DĂ©tails d'un pilier.
Vue de face, lors de l'Armada 2008.

Son nom, en hommage à l'écrivain Gustave Flaubert, a été décidé le par le conseil municipal de Rouen, à la suite d'une consultation des habitants amenés à donner leur avis sur les propositions : Pont Gustave-Flaubert, Pont de Rouen ou Pont Cavelier-de-la-Salle (pour l'explorateur rouennais René Robert Cavelier de La Salle). Jusqu'à cette date, il était temporairement dénommé le 6e Pont.

Le , le trois-mâts barque Belem, à quai depuis un mois, a franchi le pont Gustave-Flaubert, après les premiers essais permettant à celui-ci de se lever suffisamment pour le laisser passer. Une foule de Rouennais s'était alors donné rendez-vous pour applaudir à l'événement.

Critiques

Depuis sa mise en service, le pont donne lieu à une polémique sur son utilité : entre ceux qui pensent que le pont ne se lèvera qu'à l'occasion de l'Armada, soit une vingtaine de fois tous les quatre ans ; ou encore les armateurs qui craignent une retenue de leurs bateaux en cas de panne. Un nouveau terminal de plaisance a d'ores et déjà été construit en aval[5].

Statistiques

En , le nombre annuel de levĂ©es du pont est de 15 et le trafic chiffrĂ© Ă  60 000 vĂ©hicules-jour [6].

En 2019, pendant l'Armada, le pont se lève à six reprises[7].

Résumé des données de fonctionnement en 2019

À l'occasion de l'Armada 2019, un rappel des données de fonctionnement du pont a été dressé[7] :

  • Quatre ans de travaux : en projet depuis les annĂ©es 1970, la construction, commencĂ©e en 2004, s'est achevĂ©e en 2008 ;
  • 155 millions d’euros : c’est le coĂ»t estimĂ© pour la construction du pont, dont 25 millions pour le système de levage ;
  • 1 300 tonnes par tablier ;
  • 32 moteurs : pour lever chaque tablier, ces moteurs actionnent des treuils qui tirent sur des câbles ;
  • 4,2 mètres par minute : pour lever un tablier Ă  55 mètres, il faut une dizaine de minutes ;
  • 10 000 euros Ă  chaque levĂ©e, coĂ»t intĂ©grant le bon de commande, l'Ă©lectricitĂ© et les salariĂ©s ;
  • 86 m de hauteur, soit le 3e bâtiment le plus haut de Rouen derrière la cathĂ©drale (151 m) et la tour des Archives (89 m) ;
  • 50 000 vĂ©hicules par jour : nombre moyen de voitures et camions qui empruntent le pont ;
  • 15 levages par an : en moyenne, pour de la maintenance et du fluvial (les gros bateaux s'arrĂŞtent plutĂ´t en aval).

Notes, sources et références

  1. Antoine Hudin, « Le pont levant le plus haut du monde se trouve à Rouen », Arts & Métiers Magazine, no 308,‎ .
  2. « Rouen Le sixième pont déclaré d'utilité publique », Le Moniteur, no 5110,‎ , p. 247 (lire en ligne).
  3. DĂ©cret du 28 septembre 2001, JORF no 227 du 30 septembre 2001, p. 15442, NOR EQUR0101149D, sur LĂ©gifrance.
  4. « On roule sur le pont Gustave-Flaubert », Le Moniteur, no 5471,‎ , p. 10.
  5. France Soir - Rouen : Le pont levant qui ne se lève jamais - 3 mars 2011.
  6. Actu.fr, 30 mai 2017.
  7. Le pont Flaubert se lèvera six fois pendant l’Armada de Rouen : tout ce qu'il faut savoir, 5 juin 2019.

Voir aussi

Bibliographie

  • Patrick Coupechoux et Bertrand Lemoine, photogr. JĂ©rĂ´me Lallier, Le Pont Gustave Flaubert, le plus grand pont levant d'Europe, Textuel, 2007, 103 p. (ISBN 978-2-84597-252-0)
  • Pierre Thiry Le Mystère du Pont Gustave-Flaubert, Books on Demand, 2012 (ISBN 978-2810623716)

Liens externes

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