Viaduc de Millau
Le viaduc de Millau est un pont Ă haubans franchissant la vallĂ©e du Tarn, dans le dĂ©partement de l'Aveyron, en France. Portant lâA75, il assure la jonction entre le causse Rouge et le causse du Larzac en franchissant une brĂšche de 2 460 mĂštres de longueur et de 343 mĂštres de profondeur au point le plus haut, dans un panorama de grande qualitĂ© et avec des vents susceptibles de souffler Ă plus de 200 km/h.
Viaduc de Millau | |
Viaduc de Millau. | |
GĂ©ographie | |
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Pays | France |
RĂ©gion | Occitanie |
DĂ©partement | Aveyron |
Commune | Millau - Creissels |
CoordonnĂ©es gĂ©ographiques | 44° 05âČ 14âł N, 3° 01âČ 15âł E |
Fonction | |
Franchit | le Tarn |
Fonction | Pont autoroutier |
Itinéraire | A75 |
Caractéristiques techniques | |
Type | Pont Ă haubans |
Longueur | 2 460 m |
Portée principale | 342 m |
Largeur | Chaussée 32 m |
Hauteur | Pile la plus haute 343 m |
Hauteur libre | sous tablier 270 m |
Matériau(x) | Béton armé - Acier |
Construction | |
Construction | Octobre 2001 - DĂ©cembre 2004 |
Inauguration | DĂ©cembre 2004 |
Architecte(s) | Foster and Partners Architectes associés : Chapelet-Defol-Mousseigne |
Ingénieur(s) | Michel Virlogeux Ingénieurs structure : SERF, Sogelerg, BEG Greisch |
MaĂźtre d'ouvrage | MinistĂšre de lâĂquipement, des Transports en commun, du Logement, du Tourisme et de la Mer. |
Entreprise(s) | Eiffage TP, Eiffel Constructions MĂ©talliques, Appia, Freyssinet International |
Gestion | |
Concessionnaire | CEVM (Compagnie Eiffage du Viaduc de Millau). |
AmĂ©nagement d'importance nationale et internationale, et maillon de lâautoroute A75 permettant de relier Clermont-Ferrand Ă BĂ©ziers, ce projet a nĂ©cessitĂ© treize ans d'Ă©tudes techniques et financiĂšres. Les Ă©tudes ont commencĂ© en 1987 et lâouvrage a Ă©tĂ© mis en service le , trois ans seulement aprĂšs la pose de la premiĂšre pierre. Dâun coĂ»t de 320 millions dâeuros, il a Ă©tĂ© financĂ© et rĂ©alisĂ© par le groupe Eiffage dans le cadre dâune concession, la premiĂšre de ce type, par sa durĂ©e de 78 ans dont trois de construction[1], dĂ©finie par le dĂ©cret no 2001-923 du [2].
Le pont des records
L'ouvrage cumule les records :
- c'est le pont routier avec l'ensemble pile-pylĂŽne le plus haut au monde (P2 : 343 m) et les deux piles les plus hautes au monde (P2 = 245 m et P3 = 221 m) ;
- son tablier, qui culmine à 270 mÚtres au-dessus du Tarn, était le plus long pour un pont haubané (2 460 mÚtres) jusqu'à la mise en service en 2013 du pont Jia-Shao (Jiaxing-Shaoxing) au-dessus de la RiviÚre Qiantang en Chine. Ce nouvel ouvrage possÚde une longueur de 2 680 mÚtres, soit 220 mÚtres de plus que le Viaduc de Millau[3] ;
- il est composĂ© de piles minces et dĂ©doublĂ©es sur leur partie supĂ©rieure et dâun tablier mĂ©tallique trĂšs fin avec seulement sept points dâappui au sol.
Le viaduc a permis de dĂ©velopper les activitĂ©s commerciales et industrielles de la rĂ©gion aveyronnaise, mais aussi de supprimer le « point noir » de Millau. Le pont a gĂ©nĂ©rĂ© un certain essor touristique, et sa construction a suscitĂ© lâintĂ©rĂȘt de nombreuses personnalitĂ©s politiques.
Histoire
L'autoroute A75
Avec les autoroutes A10 Ă proximitĂ© de la cĂŽte Atlantique, l' A20 Ă l'ouest du Massif central et l'A7 qui suit la vallĂ©e du RhĂŽne, lâautoroute A75 fait partie des quatre grands itinĂ©raires nord-sud pour traverser la partie mĂ©ridionale de la France et, au-delĂ , relier le nord de l'Europe Ă la MĂ©diterranĂ©e et Ă la pĂ©ninsule ibĂ©rique. Son tracĂ© dĂ©senclave le Massif central et la ville de Clermont-Ferrand en les ouvrant sur le sud. AssociĂ©e Ă l'autoroute A71, l'A75 permet de dĂ©lester l'axe rhodanien trĂšs utilisĂ©, en particulier par les vacanciers[D 1]. Sa construction a commencĂ© en 1975[4] et s'est achevĂ©e fin 2010 avec la mise en service de la liaison PĂ©zenas-BĂ©ziers[5].
Le Tarn est une riviÚre qui coule d'est en ouest, au sud du Massif central, coupant donc l'axe nord-sud et formant une brÚche de plus de 200 mÚtres difficile à franchir. Avant le viaduc, ce franchissement se faisait par un pont situé en fond de vallée, dans la ville de Millau. Millau était alors un trÚs gros point noir routier, connu et redouté. Des kilomÚtres d'embouteillages se formaient chaque année au moment des grands flux estivaux[6]. Ces ralentissements faisaient perdre tous les avantages de l'A75, dite autoroute d'aménagement du territoire, et entiÚrement gratuite sur 340 kilomÚtres.
Elle permet également aux poids lourds de relier l'Espagne autrement, en évitant ainsi de contourner Lyon par l'A46 en empruntant l'itinéraire classique A6/A7/A9.
Treize ans dâĂ©tudes et de concertation
Si les avantages dâun franchissement autoroutier de la vallĂ©e du Tarn sont indĂ©niables, plusieurs difficultĂ©s viennent Ă©mailler lâhistoire du viaduc. Les premiĂšres difficultĂ©s Ă rĂ©soudre sont techniques : les dimensions de la brĂšche Ă franchir, les vents violents de plus de 200 km/h et les conditions climatiques et sismiques nĂ©cessitent dâavoir recours Ă un ouvrage de dimensions exceptionnelles et soulĂšvent en outre quelques difficultĂ©s de rĂ©alisation.
Ătudes prĂ©liminaires
- « Grand Est »
- « Grand Ouest »
- « Proche de la RN9 »
- « Médiane »
Les Ă©tudes prĂ©liminaires visant Ă dĂ©terminer le tracĂ© de lâautoroute pour franchir la vallĂ©e du Tarn sont confiĂ©es au CETE MĂ©diterranĂ©e, service de lâĂtat, et sont rĂ©alisĂ©es en 1988-1989. Elles aboutissent Ă la proposition de quatre options de tracĂ©s[7] - [8] :
- une option dite « grand Est » passant Ă lâest de Millau et franchissant Ă grande hauteur les vallĂ©es du Tarn et de la Dourbie par lâintermĂ©diaire de deux grands ponts (portĂ©es de 800 Ă 1 000 m) dont la construction s'avĂšre difficile. Bien quâelle soit plus courte et plus favorable pour le trafic de transit, cette option est abandonnĂ©e car elle ne permet pas de desservir correctement Millau et sa rĂ©gion de façon satisfaisante puisquâil faut utiliser la longue et sinueuse descente existante de La Cavalerie ;
- une option dite « grand Ouest », empruntant la vallĂ©e du Cernon et plus longue que la prĂ©cĂ©dente dâune douzaine de kilomĂštres. Elle nâest pas retenue car elle prĂ©sente des impacts importants sur lâenvironnement, notamment au droit des villages pittoresques de Peyre et de Saint-Georges-de-Luzençon et elle est plus onĂ©reuse ;
- une option dite « proche de la RN9 » desservant bien Millau mais présentant des difficultés techniques et ayant un fort impact sur le milieu bùti existant ou projeté, également abandonnée ;
- une option dite « mĂ©diane » Ă lâouest de Millau bĂ©nĂ©ficiant dâune assez large approbation locale mais prĂ©sentant des difficultĂ©s de rĂ©alisation dâordre gĂ©ologique, notamment au niveau du franchissement de la vallĂ©e du Tarn. Les investigations des experts concluent Ă la possibilitĂ© de les surmonter c'est donc celle-lĂ qui sera choisie.
- Puis cinq options de viaducs vont ĂȘtre proposĂ©es, c'est celui Ă haubans qui sera retenu.
Cette derniÚre option est choisie par décision ministérielle le [9]. Il faut encore choisir entre deux familles de solutions locales pour franchir le Tarn[10] :
- une famille « haute », faisant appel à un viaduc de 2 500 m passant à plus de 200 m au-dessus du Tarn ;
- une famille « basse », descendant dans la vallée, franchissant le Tarn grùce à un ouvrage de 600 m puis atteignant le Larzac par un viaduc de 2 300 m prolongé par un tunnel.
AprĂšs de longues Ă©tudes et des consultations locales, la famille « basse » est abandonnĂ©e, notamment parce que le tunnel aurait traversĂ© une nappe phrĂ©atique, et Ă cause de son coĂ»t, de lâimpact sur lâurbanisation et de lâallongement de trajet qu'elle implique. Moins longue, moins chĂšre et offrant de meilleures conditions de sĂ©curitĂ© pour les usagers, la famille « haute » apparaĂźt la plus intĂ©ressante. Le choix est arrĂȘtĂ© par dĂ©cision ministĂ©rielle le 29 octobre 1991[9]. Ce choix aboutira Ă l'ouverture d'une enquĂȘte publique prescrite par arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral du 4 octobre 1993. La commission d'enquĂȘte rend ses conclusions le 7 fĂ©vrier 1994.
Opposition
Plusieurs associations se sont manifestĂ©es contre le projet comme la WWF, France nature environnement, la FĂ©dĂ©ration nationale des associations d'usagers des transports (FNAUT) ou Agir pour l'environnement qui affirme : « ce projet pharaonique [âŠ] qui dĂ©figure la vallĂ©e [âŠ] accumule les nuisances, dĂ©truit le paysage, menace lâenvironnement pour un coĂ»t prohibitif et contribue Ă la dĂ©sertification du territoire [âŠ], faisant perdre Ă Millau une part importante de son activitĂ© touristique »[11]. Plusieurs Ă©lus politiques ont Ă©galement critiquĂ© le projet, comme le prĂ©sident de la rĂ©gion Auvergne ValĂ©ry Giscard d'Estaing. Des Ă©lus locaux, soutenus par les Verts et le Parti Ă©cologiste, avaient de mĂȘme proposĂ© dĂ©but 1996 un contre-projet moins coĂ»teux[12].
Les opposants ont avancé différents arguments :
- le tracé plus à l'ouest sera un meilleur tracé : plus long de trois kilomÚtres mais trois fois moins cher avec ses trois ouvrages d'art classiques ;
- l'objectif du viaduc ne sera pas atteint : du fait du péage, le viaduc sera peu emprunté et ne sera pas la solution aux célÚbres embouteillages de Millau ;
- l'Ă©quilibre financier sera impossible : les revenus du pĂ©age ne permettront jamais le retour sur investissement et la sociĂ©tĂ© concessionnaire devra ĂȘtre soutenue par des subventions ;
- la réalisation technique sera imparfaite, donc dangereuse et peu pérenne : les piles ne seront pas solides du fait qu'elles s'assoient sur la marne de la vallée du Tarn ;
- le viaduc est une déviation : la diminution du passage des touristes à Millau freinera l'économie de la ville de Millau.
DĂ©claration dâutilitĂ© publique
Le projet est dĂ©clarĂ© d'utilitĂ© publique, aprĂšs avis du Conseil d'Ătat, par dĂ©cret en date du 10 janvier 1995 signĂ© par le Premier ministre Ădouard Balladur, et cosignĂ© par le ministre de l'Ăquipement, des transports et du tourisme, Bernard Bosson, et par le ministre de l'Environnement, Michel Barnier[13].
1991-1998 : choix de lâouvrage
Le tracĂ© retenu nĂ©cessite la construction dâun viaduc dâune longueur de 2 500 m. De 1991 Ă 1993, la division « Ouvrages dâart » du SĂ©tra, dirigĂ©e par Michel Virlogeux, rĂ©alise des Ă©tudes prĂ©liminaires et vĂ©rifie la faisabilitĂ© dâun ouvrage unique franchissant la vallĂ©e. Compte tenu des enjeux techniques, architecturaux et financiers, la direction des routes met alors en compĂ©tition des bureaux dâĂ©tudes et des architectes afin dâĂ©largir la recherche des solutions possibles. En juillet 1993, 17 bureaux dâĂ©tudes et 38 architectes se portent candidats pour la rĂ©alisation des premiĂšres Ă©tudes. Avec lâaide dâune commission pluridisciplinaire, la direction des routes sĂ©lectionne huit bureaux dâĂ©tudes pour les Ă©tudes techniques et sept architectes pour les Ă©tudes architecturales[9].
En fĂ©vrier 1994, un collĂšge dâexperts prĂ©sidĂ© par Jean-François Coste identifie, sur la base des propositions des architectes et des bureaux dâĂ©tudes, cinq familles de solutions[9]. La compĂ©tition est relancĂ©e : cinq couples architecte-bureaux dâĂ©tudes, constituĂ©s des meilleurs candidats de la premiĂšre phase, sont formĂ©s et chacun dâeux approfondit lâĂ©tude dâune famille de solutions.
Le 15 juillet 1996, Bernard Pons, ministre de lâĂquipement, entĂ©rine la proposition du jury constituĂ© dâĂ©lus, dâhommes de lâart et dâexperts et prĂ©sidĂ© par le directeur des routes, Ă lâĂ©poque Christian Leyrit. La solution du viaduc multihaubanĂ© prĂ©sentĂ©e par le groupement de bureaux dâĂ©tudes Sogelerg (devenu Artelia Ville & Transport), Europe Ătudes Gecti (aujourdâhui Arcadis) et Serf et le cabinet dâarchitectes Foster + Partners est retenue[14] - [15].
Le groupement retenu affine les Ă©tudes de 1996 Ă 1998. Ă cette fin, il met en place un comitĂ© technique (animĂ© par Bernard Gausset et Michel Virlogeux), supervisant des Ă©quipes dâĂ©tudes spĂ©cialisĂ©es affectĂ©es Ă chacun des domaines spĂ©cifiques : Ă©tude au vent, tablier en bĂ©ton, tablier en mĂ©tal, piles, gĂ©otechnique et Ă©quipements[15].
Un concours final dont l'intitulé est « Mise au point et étude complÚte de la solution métallique lancée » est institué. C'est le Bureau d'études liégeois Greisch (BEG) qui est retenu (solution lauréate issue du concours).
AprĂšs des essais en soufflerie, la forme du tablier est remaniĂ©e et le dessin des piles fait lâobjet de minutieuses mises au point. Les Ă©tudes de dĂ©tail ayant Ă©tĂ© menĂ©es Ă leur terme, les caractĂ©ristiques dĂ©finitives de lâouvrage sont approuvĂ©es Ă la fin de lâannĂ©e 1998[14].
Choix d'un concessionnaire
La construction dâun tel ouvrage soulevait en outre des difficultĂ©s financiĂšres. LâĂtat hĂ©sitait Ă investir deux milliards de francs de lâĂ©poque (320 millions dâeuros). Câest ainsi quâil abandonna lâidĂ©e dâune autoroute totalement gratuite pour recourir au pĂ©age sur le viaduc[D 2]. Mais ce recours au privĂ© amena Ă son tour des difficultĂ©s dâordre politique. Ainsi le prĂ©sident du Conseil gĂ©nĂ©ral de lâAveyron, Jean Puech, ne partage pas cette idĂ©e de recourir au pĂ©age[D 2].
Câest finalement Jean-Claude Gayssot, ministre communiste, qui prend la dĂ©cision de recourir au privĂ© en signant le 20 mai 1998 le dĂ©cret de mise en concession. Il est accompagnĂ© dans sa dĂ©cision par la ministre de lâAmĂ©nagement du territoire et de lâenvironnement Dominique Voynet qui signe le document Ă contrecĆur[D 2].
L'enquĂȘte publique est alors lancĂ©e et se dĂ©roule du 16 dĂ©cembre au 26 janvier 1998[12]. La commission dâenquĂȘte rend un avis favorable au projet le 28 fĂ©vrier 1999. L'instruction mixte, Ă savoir l'ensemble des procĂ©dures internes de consultations des diffĂ©rentes administrations, s'achĂšve le 31 aoĂ»t 1999 et le projet est finalement dĂ©clarĂ© d'utilitĂ© publique, aprĂšs avis du Conseil dâĂtat, par dĂ©cret cosignĂ© par les ministres Jean-Claude Gayssot et Dominique Voynet le 23 novembre 1999[16].
Un avis de publicitĂ© de marchĂ© public pour appels d'offres est alors lancĂ© par le gouvernement aux niveaux français et europĂ©en avec une remise de candidatures pour le 24 janvier 2000. Quatre consortiums rĂ©pondent Ă lâappel dâoffres[17] :
- le groupement Compagnie Eiffage du Viaduc de Millau (CEVM), avec Eiffage agissant pour le compte des entreprises Eiffage Construction et Eiffel ;
- le groupement mené par l'espagnol Dragados, avec Skanska (SuÚde) et Bec (France) ;
- le groupement Société du viaduc de Millau, comprenant les sociétés françaises ASF, Egis, GTM, Bouygues Travaux Publics, SGE, CDC Projets, Tofinso et l'italienne Autostrade ;
- le groupement mené par la Générale RoutiÚre, avec Via GTI (France) et Cintra, Nesco, Acciona et Ferrovail Agroman (Espagne).
La Compagnie Eiffage du viaduc de Millau est finalement pressentie au terme de cette procĂ©dure. Mais il faut attendre la signature de l'ordonnance du 28 mars 2001[18] ratifiĂ©e par la loi du 5 novembre 2001[19] modifiant le rĂ©gime des concessions autoroutiĂšres pour signer cette convention de concession entre l'Ătat et la Compagnie EIFFAGE du viaduc de Millau.
Jean-Claude Gayssot, ministre de l'Ăquipement, des transports et du logement pour l'Ătat et Jean-François Roverato, prĂ©sident-directeur gĂ©nĂ©ral de la Compagnie Eiffage du viaduc de Millau, la signent le 27 septembre 2001. Elle est approuvĂ©e par dĂ©cret no 2001-923 du 8 octobre 2001 du Premier ministre Lionel Jospin[20]. Le viaduc de Millau est ainsi le premier amĂ©nagement autoroutier Ă entrer dans le cadre de la rĂ©forme de 2001[Note 1]. Il est financĂ© par des fonds privĂ©s dans le cadre d'un contrat de concession : l'ouvrage est la propriĂ©tĂ© de l'Ătat français, les dĂ©penses pour la rĂ©alisation et l'exploitation de l'ouvrage sont Ă la charge du concessionnaire, les revenus du pĂ©age sont attribuĂ©s au concessionnaire.
Durée de la concession
La concession de lâouvrage prendra fin le 31 dĂ©cembre 2079[2]. Cette durĂ©e de concession de 78 ans est exceptionnellement longue en comparaison des concessions autoroutiĂšres habituelles, en raison du nĂ©cessaire Ă©quilibre de l'opĂ©ration. Il a souvent Ă©tĂ© dit quâil Ă©tait impossible de prĂ©voir tous les alĂ©as inhĂ©rents Ă la construction de lâautoroute sur une durĂ©e aussi longue ou que celle-ci risquait de confĂ©rer au concessionnaire une « rente de situation » par la perspective dâune sur-rentabilitĂ©[21].
Sur le premier aspect, il ne sâagit pas de tout prĂ©voir sur 78 ans, pas plus que sur 35 ou 40 ans. Il sâagit simplement de prendre en compte un Ă©tat dâimprĂ©vision en apprĂ©ciant les risques Ă©ventuels et les jaugeant au vu des Ă©vĂ©nements passĂ©s. Cette durĂ©e est en outre un facteur de sĂ©curitĂ© qui permet dâĂ©taler dans le temps les charges dâamortissement[22].
Quant au risque de sur-rentabilitĂ©, les parties ont mis en Ćuvre un dispositif de fin anticipĂ©e de la concession. Ainsi lâarticle 36 du cahier des charges prĂ©voit que lâĂtat peut demander quâil soit mis un terme Ă la concession sans aucune indemnitĂ©, moyennant un prĂ©avis de 24 mois, dĂšs lors que le chiffre dâaffaires rĂ©el cumulĂ©, actualisĂ© Ă fin 2000 au taux de 8 %, dĂ©passe trois-cent-soixante-quinze millions d'euros. Cette clause ne peut sâappliquer quâĂ partir du 1er janvier 2045[2].
Bien que la concession ne porte que sur 78 ans, le concessionnaire a dĂ» concevoir et rĂ©aliser le viaduc pour une durĂ©e dâutilisation de projet de 120 ans[2]. La durĂ©e dâutilisation de projet est la durĂ©e pendant laquelle le viaduc doit pouvoir ĂȘtre utilisĂ© comme prĂ©vu, en faisant lâobjet de lâentretien et de la maintenance escomptĂ©s mais sans quâil soit nĂ©cessaire de faire des rĂ©parations majeures.
Coût global
Cinq ans aprĂšs avoir retenu la solution de Norman Foster, le concessionnaire est retenu et les travaux peuvent commencer. Le coĂ»t de rĂ©alisation de l'ensemble des travaux est Ă©valuĂ© Ă prĂšs de 400 millions d'euros. Aucune subvention publique nâa Ă©tĂ© nĂ©cessaire pour lâĂ©quilibre, mais le dĂ©compte total ne prend pas en compte lâensemble des travaux rĂ©alisĂ©s par lâĂtat pour amĂ©nager les abords.
Les acteurs
L'architecte du viaduc est le britannique Norman Foster.
Le consortium de construction du pont comprend la sociĂ©tĂ© Eiffage TP pour la construction des piles en bĂ©ton et les viaducs d'accĂšs, la sociĂ©tĂ© Eiffel pour le tablier mĂ©tallique[Note 2], la sociĂ©tĂ© Enerpac pour le poussage hydraulique du tablier[Note 3], la sociĂ©tĂ© Appia pour l'application du revĂȘtement bitumineux formant la chaussĂ©e sur le tablier et la sociĂ©tĂ© Forclum pour les installations Ă©lectriques. Ce sont en fait tous les mĂ©tiers du groupe Eiffage qui ont participĂ© au chantier.
La seule entreprise d'un autre groupe ayant eu un rĂŽle « noble » sur ce chantier est Freyssinet International, filiale du groupe Vinci spĂ©cialisĂ©e en prĂ©contrainte, qui s'est vu confier la mise en place et la mise en tension des haubans, la filiale de prĂ©contrainte du groupe Eiffage s'Ă©tant chargĂ©e de la prĂ©contrainte des tĂȘtes de piles.
La maĂźtrise d'Ćuvre a Ă©tĂ© confiĂ©e Ă la SETEC, branche Travaux publics et industriels, et en partie Ă l'ingĂ©nierie SNCF.
La technique du tablier en acier et le poussage hydraulique du tablier (solution laurĂ©ate issue du concours « Mise au point et Ă©tude complĂšte de la solution mĂ©tallique lancĂ©e ») ont Ă©tĂ© conçus par le Bureau d'Ă©tudes liĂ©geois Greisch (BEG)[Note 4] dont les Ă©tudes d'exĂ©cution comprenaient les calculs gĂ©nĂ©raux et calculs de rĂ©sistance aux vents de 225 km/h, les calculs des phases de lançage, le dimensionnement et le calcul du tablier, des pylĂŽnes et du haubanage, le dimensionnement des Ă©quipements, la conception des mĂ©thodes d'exĂ©cution et des ouvrages provisoires. Enfin, en suivant une procĂ©dure dĂ©jĂ appliquĂ©e pour de multiples ponts et viaducs haubanĂ©s par ses ingĂ©nieurs, Greisch assura sur place une assistance aux opĂ©rations de lançage, de montage et de mise en place des pylĂŽnes, et de mise en Ćuvre des haubans sous le contrĂŽle en temps rĂ©el du centre de calcul de l'universitĂ© de LiĂšge en Belgique.
Trois ans de construction
La premiÚre pierre est posée le 14 décembre 2001 et le viaduc est ouvert à la circulation le 16 décembre 2004[D 3], soit trois ans seulement aprÚs le début des travaux, avec plusieurs semaines d'avance sur le calendrier prévu par le cahier des charges.
- Vue d'ensemble du pont durant la construction.
Janvier 2002 â mars 2002 : fondations des piles
Les travaux de creusement des puits de fondation sur lesquels reposeront les sept piles du viaduc commencent dĂšs janvier 2002[D 4].
AprĂšs ferraillage, les puits sont bĂ©tonnĂ©s et une semelle de trois Ă cinq mĂštres d'Ă©paisseur est coulĂ©e pour les sept piles. Chaque opĂ©ration nĂ©cessite le coulage en une seule fois de 2 000 m3 de bĂ©ton sur une trentaine dâheures. Dâune surface de 200 m2 Ă la base, Ă©quivalente Ă la surface dâun terrain de tennis, les piles se termineront Ă leur sommet avec une surface de seulement 30 m2.
Mars à novembre 2002 : construction des culées
De mars Ă juin 2002 a lieu la construction de la culĂ©e C8, cĂŽtĂ© plateau du Larzac au sud, puis de juin Ă novembre 2002 est construite la culĂ©e C0[D 5]. Câest Ă partir de ces culĂ©es que seront ensuite lancĂ©s les Ă©lĂ©ments de tablier. Les caissons sont soudĂ©s les uns aux autres Ă l'arriĂšre des Ă©lĂ©ments dĂ©jĂ lancĂ©s, sur une plate-forme en arriĂšre des culĂ©es, sur une longueur de 171 mĂštres. Chaque partie de tablier est ensuite lancĂ©e dans le vide puis est appuyĂ©e sur un appui provisoire ou dĂ©finitif[D 5].
Avril 2002 à décembre 2003 : construction des piles
Chaque pile fait lâobjet dâun chantier spĂ©cifique, avec ses propres Ă©quipes et son chef de pile. Au dĂ©but de lâĂ©tĂ© 2002, six fĂ»ts de piles ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© commencĂ©s et 23 000 m3 ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© coulĂ©s. Lâavancement se fait Ă raison de 25 m3 Ă lâheure. Chaque « levĂ©e » de bĂ©ton coffrĂ© grĂące Ă un coffrage glissant, correspondant Ă une Ă©lĂ©vation de quatre mĂštres de la pile, rĂ©clame 200 m3 et est programmĂ©e tous les trois jours, car il faut compter deux jours et demi de mise au point. Le coulage commence en milieu dâaprĂšs-midi pour se terminer vers deux heures du matin[23].
En juillet 2002, prĂšs de huit cents personnes sont dĂ©jĂ intervenues sur le site, mais certaines sont dĂ©jĂ parties : trois cents peuvent y ĂȘtre comptabilisĂ©es en cet Ă©tĂ© 2002[23]. En hiver 2002, on en compte alors prĂšs de cinq cents : plus de trois cents ouvriers en gĂ©nie civil, environ cent ouvriers sur le tablier en construction derriĂšre les culĂ©es et quatre-vingts cadres et ingĂ©nieurs[D 6].
La verticalité des piles est assurée grùce à des guidages laser et GPS. Le 21 février 2003, la P2 dépassait 141 mÚtres et faisait tomber le record de France détenu par les viaducs de Tulle et de VerriÚres. Le 12 juin, elle atteint la hauteur de 183 mÚtres, battant ainsi le record du monde des 176 mÚtres du viaduc de Kochertal en Allemagne. Le 20 octobre 2003, elle culmine à 245 mÚtres[24].
Le jeudi 20 novembre 2003, les sept piles sont achevĂ©es. Ă cette occasion, un tube de cuivre a Ă©tĂ© glissĂ© dans les derniĂšres strates de bĂ©ton de la pile P3. Il contient les noms des 537 personnes qui ont travaillĂ© Ă lâĂ©rection des piles et une piĂšce commĂ©morative de 1,5 euro Ă©ditĂ©e lors du lancement de la monnaie europĂ©enne, avec un beffroi cĂŽtĂ© face et un viaduc cĂŽtĂ© pile[25]. Le 9 dĂ©cembre est organisĂ© un grand feu dâartifice[25].
2004 : construction des chaussées et mise en service
Pendant le printemps 2004, un test du complexe dâĂ©tanchĂ©itĂ© a lieu Ă Rivesaltes (PyrĂ©nĂ©es-Orientales) sur un caisson tĂ©moin. Fin juillet, un essai grandeur nature de pose d'enrobĂ© est rĂ©alisĂ© sur le tablier lui-mĂȘme[26].
Dâavril Ă septembre, les plaques dâĂ©tanchĂ©itĂ© sont installĂ©es. Dans un premier temps, un lĂ© dâun mĂštre de largeur est mis en Ćuvre manuellement, de part et dâautre de lâouvrage, sur la rive de la chaussĂ©e. Ă partir de la mi-juillet les machines dâapplication des sociĂ©tĂ©s Sacan et Siplast Icopal prennent le relais pour assurer la pose de lâĂ©tanchĂ©itĂ© sur la section courante de lâouvrage[26].
Les enrobĂ©s sont mis en Ćuvre du 21 au 24 septembre par la sociĂ©tĂ© Mazza, filiale dâAppia, associĂ©e avec plusieurs sous-traitants et de nombreuses autres filiales du groupe[26].
Les essais de chargement statique (21 cas de chargement au total nĂ©cessitant lâutilisation de 32 camions de 30 t environ) et dynamiques consistant en deux « lĂąchers » de cĂąbles de 100 t chacun, pour simuler une rupture de haubans, se dĂ©roulent entre le 17 et le 25 novembre[27].
Lâouvrage est inaugurĂ© par le prĂ©sident de la RĂ©publique Jacques Chirac le [28] puis mis en service le 16 dĂ©cembre Ă 9 h[29].
Description de l'ouvrage
Le viaduc est un pont à haubans de 2 460 m de longueur. Il traverse la vallée du Tarn à prÚs de 270 m de hauteur au-dessus de la riviÚre. Son tablier de 32 m de large accueille une autoroute de 2 fois 2 voies et 2 voies de secours.
Il est maintenu par sept piles prolongées chacune par un pylÎne de 87 m de hauteur auquel sont arrimées 11 paires de haubans.
Le pont a un rayon de courbure de 20 km, ce qui permet aux vĂ©hicules d'avoir une trajectoire plus prĂ©cise qu'en ligne droite. Des structures de bĂ©ton assurent lâappui du tablier Ă la terre ferme sur le causse du Larzac dâun cĂŽtĂ© et le causse Rouge de lâautre.
Géologie et géotechnique
SchĂ©matiquement, le sous-sol du site du viaduc est constituĂ© par une sĂ©rie sĂ©dimentaire liasique et jurassique dont le pendage moyen est de 5 Ă 10° SE ; il est affectĂ©e par quelques failles E-W ou SE-NW subverticales ou inverses Ă chevauchement nord. La sĂ©rie dĂ©bute par les dolomies du causse Rouge sur tout le versant nord, aval pendage, et le pied du versant sud, amont pendage, dont les pentes moyennes sont dâenviron 20° ; elle passe ensuite Ă une alternance de marne, calcaire et calcaire argileux puis devient franchement marneuse sur la majeure partie du versant sud, amont pendage, dont la pente moyenne est dâenviron 6â° ; la partie haute de ce versant est couronnĂ©e par les cĂŽtes calcaires et dolomitiques Ă©tagĂ©es du bord du causse du Larzac ; ces cĂŽtes sĂ©parĂ©es par des bancs marneux sont festonnĂ©es par les reculĂ©es karstiques de St-Martin et dâIssis, au fond desquelles des exsurgences Ă©mergent Ă travers des Ă©croulements rocheux et ont bĂąti des entablements de tuf[30].
Sur le versant nord, la culĂ©e et les piles 1 et 2 sont fondĂ©es sur les dolomies ; sur le versant sud, la pile 3 est aussi fondĂ©e sur les dolomies, les piles 4 et 5 sont fondĂ©es sur le calcaire argileux, les piles 6 et 7 sont fondĂ©es sur la marne ; la culĂ©e sud est fondĂ©e sur le calcaire. Les fondations de chacune des piles sont constituĂ©es de quatre puits marocains de 5 m de diamĂštre, profonds de 9 m dans les dolomies (P1 Ă P3) et 17 m dans la marne oĂč leur base a Ă©tĂ© Ă©largie (P4 Ă P7) ; elles portent des semelles de liaison Ă©paisses de 3 Ă 5 m ; afin de ne pas Ă©branler aux explosifs les roches fragiles, les puits ont Ă©tĂ© creusĂ©s au brise-roche par passes de 1,5 m et Ă mesure de lâavancement, leurs parois Ă©taient enduites de bĂ©ton projetĂ© pour Ă©viter lâaltĂ©ration ; les culĂ©es en bĂ©ton sont fondĂ©es en fond de fouille des tranchĂ©es dâaccĂšs, sur la dolomie au sud et sur le calcaire au nord.
Fondations et semelles
Chaque pile prend appui sur une semelle en bĂ©ton reposant sur quatre puits marocains de 4,50 Ă 5 m de diamĂštre et de 9 Ă 17 m de profondeur. Les puits ont Ă©tĂ© creusĂ©s Ă lâaide de pelles hydrauliques de type Liebherr 942 Ă©quipĂ©es de brise-roche par passes successives de 1,50 m avec confortement successif en bĂ©ton projetĂ©. Les puits des appuis P4 Ă P7 ont Ă©tĂ© Ă©largis en partie basse, constituant ainsi une forme de « pattes dâĂ©lĂ©phant »[T 1].
Les semelles prĂ©sentent une largeur de 17 m et une longueur de 24,5 m pour une Ă©paisseur variable entre 3 et 5 m. Les volumes de bĂ©ton Ă mettre en Ćuvre varient ainsi de 1 100 Ă 2 100 m3. La durĂ©e de bĂ©tonnage a pu atteindre jusquâĂ 30 heures[T 1].
LâĂ©lĂ©vation de tempĂ©rature du bĂ©ton, liĂ©e Ă la prise du ciment, a pu ĂȘtre limitĂ©e grĂące au choix dâun ciment Ă faible dĂ©gagement de tempĂ©rature et Ă la rĂ©duction de son dosage[T 1]. Lâutilisation de fumĂ©e de silice (Ă raison de 30 kg/m3) a en particulier permis de rĂ©duire ce dosage Ă 300 kg/m3 et de limiter la variation de tempĂ©rature Ă 35 °C, contre 50 °C possibles sans fumĂ©e de silice, ce qui a conduit avec un bĂ©ton Ă la tempĂ©rature ambiante de 25 °C Ă une tempĂ©rature maximale de 60 °C qui est le niveau requis pour Ă©viter le risque de rĂ©action sulfatique dans un milieu oĂč il peut y avoir circulation dâeau[T 1] - [24]. Il a par ailleurs Ă©tĂ© calculĂ© que la carbonatation des bĂ©tons des semelles ne dĂ©passera pas 44 mm en 120 ans, Ă©paisseur infĂ©rieure aux 50 mm dâenrobage des aciers mis en Ćuvre[T 2].
Descriptif des piles
Les piles non pas massives mais creuses, ont Ă©tĂ© dimensionnĂ©es pour rĂ©sister, en exploitation comme en construction, aux charges verticales apportĂ©es par le tablier, aux dĂ©placements de leur tĂȘte sous les effets de dilatation thermique du tablier et aux effets du vent. Dans le sens transversal, la largeur de la pile varie paraboliquement de 27 m[31] Ă la base Ă 10 m au sommet, pour la pile P2, la plus haute.
Monolithiques Ă leur base, elles sont dĂ©doublĂ©es sur les 90 mĂštres supĂ©rieurs. Ceci ne rĂ©sulte pas dâune recherche dâesthĂ©tique, mais plutĂŽt de la prise en compte des contraintes auxquelles ces piles sont soumises, en particulier le balancement transversal du tablier pouvant atteindre 60 cm sous l'effet de forts vents ainsi que sa dilatation pouvant entraĂźner un dĂ©placement des piles qui peut atteindre 40 cm[G 1].
Les hauteurs des piles sont variables en fonction de la topographie du site et du profil en long de lâouvrage[D 7] :
P1 | P2 | P3 | P4 | P5 | P6 | P7 |
---|---|---|---|---|---|---|
94,501 m | 244,96 m | 221,05 m | 144,21 m | 136,42 m | 111,94 m | 77,56 m |
Construction des piles
Un bĂ©ton hautes performances (BHP) B60 a Ă©tĂ© utilisĂ© pour construire les piles. Il a Ă©tĂ© fabriquĂ© par deux centrales Liebherr dâune capacitĂ© nominale de 80 m3/h. Les trente premiers mĂštres des piles ont Ă©tĂ© bĂ©tonnĂ©s Ă la pompe. Au-delĂ , le bĂ©tonnage des levĂ©es de pile a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© Ă la benne Ă lâaide de chacune des grues Ă tour Potain K5-50C de 65 m de flĂšche et dâune capacitĂ© de 20 tonnes[T 3].
Tous les coffrages extĂ©rieurs progressent vers le haut dâune phase Ă lâautre, hydrauliquement et sans grue, Ă lâaide de coffrages auto-grimpants ACS (Automatic Climbing System) Ă©laborĂ©s par la sociĂ©tĂ© PĂ©ri SAS[32] - [Note 5].
Chaque levĂ©e de bĂ©tonnage est faite sur une hauteur de quatre mĂštres. En partie basse des piles, la durĂ©e de bĂ©tonnage rĂ©alisĂ©e Ă la benne de 3 m3 Ă©tait comprise entre six et sept heures en moyenne. La quantitĂ© de bĂ©ton la plus importante mise en Ćuvre dans une levĂ©e a Ă©tĂ© de 322 m3 pour la levĂ©e 62 de la pile P2, la plus haute, pour une durĂ©e de bĂ©tonnage de douze heures. En partie haute des piles, le rythme de bĂ©tonnage Ă©tait de 15 Ă 25 m3 par heure[T 3].
Les fĂ»ts dĂ©doublĂ©s des piles ont Ă©tĂ© prĂ©contraints sur toute leur hauteur afin de rĂ©duire les efforts de traction extrĂȘmes et donc de retarder et de limiter leur fissuration dans les conditions des Ă©tats limites de service. Cette prĂ©contrainte est faite Ă l'aide de huit cĂąbles 19T15 Super du procĂ©dĂ© Dywidag[27] - [T 2] : quatre sont ancrĂ©s dans des bossages en saillie juste au-dessus du palier situĂ© Ă -60 m et quatre autres sont ancrĂ©s dans des bossages en saillie entre les deux paliers de la jonction des jambes Ă -90 m, juste au-dessus du palier infĂ©rieur.
Les gaines de prĂ©contrainte sont des tubes lisses en acier de diamĂštre 101,6 mm intĂ©rieur. L'enfilage des torons depuis la partie basse du cĂąble n'Ă©tant pas rĂ©alisable, seul l'enfilage par le haut et toron par toron Ă©tait possible. Pour l'enfilage, des prĂ©cautions ont Ă©tĂ© prises au droit des ancrages infĂ©rieurs et supĂ©rieurs pour assurer le maintien des cĂąbles dans leur gaine avant la mise en tension. Cette derniĂšre se fait par l'ancrage actif sur le chevĂȘtre de la pile (ancrage passif en partie basse)[27] - [T 2].
Une pompe d'injection capable d'injecter les 100 mÚtres de cùble depuis l'ancrage bas était installée sur le palier de séparation des deux fûts dédoublés (-100 m environ). Des évents ont été positionnés au niveau des deux paliers intermédiaires des fûts dédoublés afin de mieux contrÎler la montée du coulis et servir éventuellement de point d'injection en cas de problÚme[27] - [T 2].
Les appareils dâappuis fixes sur piles (quatre au total par pile soit deux par fĂ»t dĂ©doublĂ©) sont du type Ă calottes sphĂ©riques prĂ©sentant une surface de glissement en alliage de bronze trĂšs spĂ©cifique. En effet, compte tenu de la taille de ces appareils dâappui, il nâĂ©tait pas possible de faire reprendre le glissement par le matĂ©riau le plus classique et le plus utilisĂ© Ă ce jour quâest le tĂ©flon[T 4].
Construction des culées
Les culĂ©es sont du type creuses dâune largeur de 13 m, plus Ă©troites que le tablier, et munies dâencorbellements latĂ©raux qui prolongent la forme du tablier jusquâĂ son entrĂ©e dans le terrain naturel. Le bĂ©ton mis en Ćuvre est un bĂ©ton B 35G 0/14 dosĂ© Ă 385 kg/m3 de ciment[T 4].
La culĂ©e nord, la plus proche de la zone de la barriĂšre de pĂ©age du viaduc, renferme les locaux techniques nĂ©cessaires Ă lâexploitation du viaduc. Le tablier repose sur les massifs dâappui de chacune des culĂ©es par lâintermĂ©diaire dâappuis glissants[T 4].
85 000 m3 de béton, dont plus de 50 000 de béton haute performance, ont été utilisés pour la réalisation des piles et des culées, soit au total plus de 205 000 t de béton[33].
Descriptif
Le tablier surplombe la vallĂ©e du Tarn Ă 270 m au point le plus haut et relie le causse du Larzac au causse Rouge. Il prĂ©sente une lĂ©gĂšre pente de 3,025 % correspondant Ă un dĂ©nivelĂ© de 74 mĂštres entre le nord et le sud ; cette pente est destinĂ©e Ă rassurer l'usager par une meilleure visibilitĂ© ainsi qu'un rayon Ă plat de 20 km pour crĂ©er l'illusion que le viaduc ne s'arrĂȘte jamais[34].
Le tablier est un caisson fermé et caréné présentant un profil aérodynamique pour pouvoir résister à des vents de plus de 205 km/h[T 1].
Il est constituĂ© dâune dalle orthotrope comme la partie centrale du pont de Normandie[35]. Chacun des 173 Ă©lĂ©ments prĂ©sente une largeur de 27,60 m et une hauteur de 4,20 m. Ils sont constituĂ©s de tĂŽles raidies et de profilĂ©s standardisĂ©s soudĂ©s et boulonnĂ©s. Ces caissons sont prolongĂ©s Ă chacune de leur extrĂ©mitĂ© d'une corniche de 2,20 m de large, supportant elle-mĂȘme un Ă©cran brise-vent[G 2]. Afin dâĂ©viter ou du moins de ralentir la progression de la corrosion dans le tablier, celui-ci est muni dâun systĂšme de ventilation dâair sec, de plusieurs capteurs dâhumiditĂ© et dâun systĂšme de rĂ©cupĂ©ration des eaux de ruissellement efficace[36].
La longueur totale du tablier est de 2 460 m. La masse totale d'acier dépasse les 36 000 tonnes soit environ quatre fois celle de la tour Eiffel (dont la masse totale est de 10 100 tonnes)[D 8] - [34].
Fabrication
La section transversale du tablier, qui a été proposée par Eiffel, tient compte des possibilités de fabrication en usine, de transport et de montage sur site. Elle comprend un caisson central de largeur 4 m et de hauteur 4,20 m ; des panneaux intermédiaires raidis de 3,75 à 4,20 m ; deux caissons latéraux de 3,84 m et des bracons (en bleu sur le schéma ci-dessus) en profilé métallique UPN rigidifiant transversalement le tout[T 5].
Les caissons centraux ont été fabriqués par l'entreprise Eiffel dans son usine de Fos-sur-Mer[37], les caissons latéraux ont quant à eux été fabriqués dans l'usine de Lauterbourg, en Alsace[38].
Afin de pouvoir construire les Ă©lĂ©ments dans les dĂ©lais impartis, lâentreprise Eiffel a investi dans des Ă©quipements de trĂšs haute technologie dont en particulier une machine dâoxycoupage Ă plasma et un robot de soudage Ă deux tĂȘtes. La machine dâoxycoupage permet de porter trĂšs rapidement la tempĂ©rature du mĂ©lange flamme et oxygĂšne Ă 2 800 degrĂ©s grĂące Ă lâinjection du plasma dans ce mĂ©lange. Le chalumeau ainsi constituĂ©, vĂ©ritable « couteau Ă mĂ©tal » peut ainsi dĂ©couper avec une prĂ©cision extrĂȘme jusquâĂ 1,80 m dâacier Ă la minute[T 6].
Assemblage et lançage
Lâassemblage des caissons a Ă©tĂ© effectuĂ© sur des chantiers in situ Ă chaque extrĂ©mitĂ© de lâouvrage. Ceci a permis dâĂ©viter dâeffectuer ces tĂąches en grande hauteur. Celui-ci a demandĂ© 20 mois de travail et mobilisĂ© 150 personnes[39].
Câest par lançage, spĂ©cialitĂ© du Bureau d'Ă©tudes liĂ©geois Greisch (BEG)[Note 6], c'est-Ă -dire par translation avec avancĂ©e dans le vide en porte-Ă -faux, que les Ă©lĂ©ments de tablier ont Ă©tĂ© mis en place. Chaque Ă©lĂ©ment de la longueur dâune demi-travĂ©e, soit 171 m, a ainsi Ă©tĂ© poussĂ© dans le vide grĂące Ă des translateurs puis liaisonnĂ© avec celui dĂ©jĂ en place[Note 7]
Pour franchir la premiÚre demi-travée entre les appuis de lançage que constituent les piles et les palées provisoires, les 342 premiers mÚtres du tablier lancé cÎté nord et du tablier lancé cÎté sud ont été équipés du pylÎne définitif sans son chapeau supérieur (P2 au nord et P3 au sud soit une hauteur totale de 70 m) et de six paires de haubans définitifs sur les onze que comporte chaque nappe de haubans[T 7].
Il y avait deux translateurs sur les palées provisoires à l'extrémité du viaduc, quatre sur les autres palées provisoires, quatre translateurs par piles béton et six translateurs sur la route de chaque cÎté du viaduc soit un total de 64 translateurs[Note 8]. Ils étaient séparés de 4 mÚtres en latéral et de 21 mÚtres en longitudinal. Les translateurs étaient couplés par deux et étaient posés sur huit vérins simple effet qui servaient à guider le tablier. Sur chaque translateur, il y avait un vérin de levage de 250 t de poussée et deux vérins d'avancement de 60 t de poussée chacun. Chaque translateur mesure sept mÚtres de long, un mÚtre de haut et pÚse quatorze tonnes et fonctionnait à sept cents bars de pression. La vitesse d'avancement était de 60 cm en quatre minutes, soit de 9 m en une heure et de 171 m en deux jours. Chaque poussée était guidée par GPS et guidée laser[40] - [41].
Treize phases ont Ă©tĂ© nĂ©cessaires pour assembler le tablier ; pour l'ensemble de ces phases, le Bureau d'Ă©tudes Greisch assura sur place une assistance aux opĂ©rations de lançage, de mise en place des pylĂŽnes, de montage et de mise en Ćuvre des haubans sous le contrĂŽle en temps rĂ©el du centre de calcul de l'universitĂ© de LiĂšge en Belgique.
- Phase 1 : mise en place du 1er tronçon
- Phase 2 : lançage 114 m et ajout du 2e tronçon
- Phase 3 : ajout du 3e tronçon (57 m), mise en place du pylÎne et des haubans
- Phase 4 : lançage 114 m
- Phase 5 : lançage 171 m et ajout du 4e tronçon (171 m)
- Phase 6 nord : lançage 114 m et ajout du 5e tronçon (147 m)
- Phase 7 nord : dernier lançage nord de 171 m et abaissement en P1 (0,14 m) et p1 (3,55 m)
- Phase 6 à 11 sud : lançages successifs de 171 m et ajout de tronçons de 171 m
- Phase 12 : lançage 171 m et ajout du 11e tronçon de 147 m
- Phase 13 : dernier lançage de 171 m et abaissement en P7 (0,14 m) et p7 (3,55 m)
Les pylÎnes, qui étaient prépositionnés couchés sur le tablier, ont ensuite été levés puis tous les haubans ont été tendus.
LâĂ©cran brise-vent
Le caisson du tablier est prolongĂ© sur chacun de ses cĂŽtĂ©s par un Ă©cran brise-vent qui contribue Ă la forme aĂ©rodynamique gĂ©nĂ©rale du tablier et donc Ă la stabilitĂ© gĂ©nĂ©rale de lâouvrage et protĂšge les usagers du viaduc des rafales de vent qui pourraient ĂȘtre dangereuses. Le matĂ©riau utilisĂ© est un plexiglas spĂ©cial fabriquĂ© par la sociĂ©tĂ© allemande Degussa, un verre acrylique thermoformable transparent deux fois plus lĂ©ger quâun verre minĂ©ral utilisĂ© habituellement pour la rĂ©alisation de murs anti-bruit, permettant ainsi de limiter la surcharge du tablier. Lâusine autrichienne qui a fabriquĂ© le produit a dĂ» mettre au point des Ă©tuves spĂ©cifiques afin de rĂ©pondre au profil spĂ©cial exigĂ© par lâarchitecte. Par ailleurs des fils de polyamide transparents anti-fragmentation sont incorporĂ©s Ă lâintĂ©rieur du matĂ©riau, Ă©vitant ainsi une dispersion des dĂ©bris qui pourraient ĂȘtre particuliĂšrement dangereux en cas de chute 245 mĂštres plus bas[42].
La chaussée
Pour Ă©viter de faire subir Ă lâouvrage un poids trop important, le principe dâune fine couche de roulement posĂ©e sur la chape dâĂ©tanchĂ©itĂ© de lâouvrage a Ă©tĂ© retenu. La difficultĂ© consistait Ă concevoir un complexe Ă©tanchĂ©itĂ©-roulement qui puisse suivre les dĂ©formations du support parfois trĂšs importantes, le protĂ©ger contre la corrosion et assurer les fonctions principales dâune couche de roulement : confort et sĂ©curitĂ©.
Performances attendues
Selon le cahier des charges, cette structure (feuille dâĂ©tanchĂ©itĂ© + enrobĂ©) devait satisfaire Ă des essais trĂšs exigeants portant sur les liants, les granulats et le complexe proprement dit. Un essai particulier, lâessai de flexion sous moment nĂ©gatif ou essai de flexion cinq points, permettait de mesurer la performance de la couche de roulement et du collage de lâĂ©tanchĂ©itĂ© sous trafic. Dans le cadre de cet essai, le complexe dâĂ©tanchĂ©itĂ© pour une plaque dâacier de 14 mm devait satisfaire les critĂšres suivants : aucune fissure Ă deux millions de cycles pour une tempĂ©rature de +10 °C, aucune fissure Ă un million de cycles pour une tempĂ©rature de - 10 °C et aucun dĂ©collement aux interfaces acier-Ă©tanchĂ©itĂ© et Ă©tanchĂ©itĂ© enrobĂ©[26].
Structure
Lâentreprise Appia a mis 80 semaines pour Ă©laborer cette structure[43]. Le complexe retenu est du type Ă©pais multicouche et comprend un vernis de protection et de collage, une couche dâĂ©tanchĂ©itĂ© par feuilles et une couche de roulement[26] :
Couche | Produit | Fournisseur | Ăpaisseur/Dosage |
---|---|---|---|
Roulement | Orthochape | Appia | 70 mm |
ĂtanchĂ©itĂ© | Parafor Ponts | Siplast | 4 mm |
Vernis | Siplast Primer | Siplast | 100 Ă 150 g/m2 |
Bien que dâune Ă©paisseur extrĂȘmement faible par rapport Ă une chaussĂ©e classique, 74 mm, lâensemble pĂšse malgrĂ© tout 13 000 tonnes[42].
La chape dâĂ©tanchĂ©itĂ©
La chape d'Ă©tanchĂ©itĂ© Parafor Ponts est fabriquĂ©e par la sociĂ©tĂ© Siplast-Icopal[44]. Elle est constituĂ©e par une feuille prĂ©fabriquĂ©e Ă base de bitume modifiĂ© par un polymĂšre SBS avec une armature en non-tissĂ© de polyester. Elle comporte une protection de surface en granulĂ©s cĂ©ramique. Elle est soudĂ©e Ă chaud (en gĂ©nĂ©ral au chalumeau ou par des cylindres chauffants) sur le support prĂ©alablement prĂ©parĂ©[45]. PrĂ©alablement Ă lâapplication du procĂ©dĂ© dâĂ©tanchĂ©itĂ©, la tĂŽle de platelage a Ă©tĂ© soumise Ă un dĂ©capage mĂ©canique par grenaillage, puis le vernis a Ă©tĂ© Ă©talĂ© manuellement immĂ©diatement aprĂšs pour Ă©viter le retour de lâoxydation de la tĂŽle de platelage. Le soudage de la feuille dâĂ©tanchĂ©itĂ© bitumineuse a ensuite Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par la sociĂ©tĂ© Sacan qui a utilisĂ© deux machines spĂ©ciales.
LâenrobĂ©
LâenrobĂ© retenu aprĂšs essais pour la couche de roulement est un bĂ©ton bitumineux 0/10 mm de granulomĂ©trie continue (BBSG 0/10) avec 6 % de teneur en vides et 5,8 % de bitume (par rapport au poids sec des granulats). Il a Ă©tĂ© dĂ©nommĂ© par la suite Orthochape. Le liant qui entre dans sa composition est un bitume modifiĂ© par des polymĂšres type SBS, dĂ©nommĂ© OrthoprĂšne. Les granulats utilisĂ©s sont des amphibolites de la carriĂšre dâArvieu et ayant de bonnes propriĂ©tĂ©s mĂ©caniques[26].
La fabrication, le transport et la mise en Ćuvre de lâenrobĂ© Orthochape nâont pas nĂ©cessitĂ© lâutilisation de matĂ©riel spĂ©cifique. Le liant a Ă©tĂ© fabriquĂ© Ă lâusine de Corbas (Lyon) et transportĂ© sur le chantier par camions. La fabrication des enrobĂ©s Ă©tait assurĂ©e par deux postes mobiles (TSM 17 et TSM 21) installĂ©s au nord de lâouvrage. Lâatelier de mise en Ćuvre Ă©tait composĂ© dâun alimentateur dâenrobĂ© Franex, dâun finisseur grande largeur ABG 525 (Ă©quipĂ© dâune trĂ©mie de rĂ©ception et de deux poutres de 15 m) et dâun finisseur Vogele 1900 pour la BAU[26]. LâenrobĂ© a Ă©tĂ© mis en Ćuvre Ă la tempĂ©rature de 170 °C.
La compacitĂ© est un Ă©lĂ©ment essentiel pour lâobtention des performances mĂ©caniques dâun enrobĂ©. Dans le cas de lâOrthochape, vu son mode de sollicitation mĂ©canique, cet Ă©lĂ©ment est prĂ©pondĂ©rant pour la pĂ©rennitĂ© de la couche de roulement. Un objectif de 94 % de compacitĂ© a Ă©tĂ© fixĂ© pour garantir les performances mĂ©caniques de lâenrobĂ©. Lâatelier de compactage Ă©tait composĂ© de cylindres Ă double bille vibrants Bomag du type BW 180 AD. Dans un souci dâordre esthĂ©tique, trois petits cylindres BW 120 assuraient lâeffacement des Ă©ventuelles traces de mise en Ćuvre[26].
Descriptif
Les sept pylĂŽnes ont la forme dâun V renversĂ©. Hauts de 88,92 m et pesant environ 700 tonnes, ils prennent appui sur les piles. Chacun d'entre eux permet l'ancrage de onze paires de haubans qui assurent ainsi le soutien du tablier[G 3].
Le pylĂŽne de la pile P2 culmine Ă 343 m au-dessus du sol[39].
Dans un pont Ă une seule travĂ©e haubanĂ©e, les efforts transmis aux appuis via les pylĂŽnes sont verticaux. Dans le cas dâun viaduc multihaubanĂ©, il en va autrement. En effet, le fait quâune travĂ©e soit chargĂ©e et pas les autres induit une dissymĂ©trie dans la rĂ©partition des efforts. Les haubans tirent sur les pylĂŽnes qui, s'ils ne prĂ©sentent aucune rigiditĂ© propre, entraĂźnent les travĂ©es adjacentes dans leur mouvement. Seule la rigiditĂ© propre du tablier est alors mobilisĂ©e et le haubanage s'avĂšre trĂšs peu efficace[G 3].
Pour Ă©viter un Ă©paississement du tablier, trĂšs prĂ©judiciable Ă lâouvrage car la charge totale en serait trĂšs fortement accrue, seul un ancrage du pylĂŽne sur la pile permet dâobtenir un ensemble rigidifiĂ© pouvant supporter ces efforts transversaux. LâĂ©videment du haut de la pile et, par voie de consĂ©quence, la forme en V renversĂ© du pylĂŽne avec une largeur en pied de 15,5 m, rĂ©sultent dâun compromis entre ce choix de rigidification et de la volontĂ© dâĂ©viter dâavoir des piles et pylĂŽnes trop massifs[G 3].
Fabrication et mise en place
Les pylĂŽnes mĂ©talliques ont Ă©tĂ© fabriquĂ©s dans lâusine Munch, filiale dâEiffel Ă Frouard. Les Ă©lĂ©ments de pylĂŽne rĂ©alisĂ©s en atelier selon le mĂȘme principe que les Ă©lĂ©ments du tablier ont Ă©tĂ© livrĂ©s sur chantier par convois routiers exceptionnels en Ă©lĂ©ments de longueur infĂ©rieure Ă douze mĂštres. Le poids maximal dâun Ă©lĂ©ment Ă©tait de 75 t[T 7].
La mise en place s'est faite en deux temps : l'Ă©lĂ©vation d'un pylĂŽne sur le premier Ă©lĂ©ment de tablier lancĂ© puis le levage des autres aprĂšs finition du tablier. Ainsi sur le premier Ă©lĂ©ment de tablier lancĂ© Ă©tait dĂ©jĂ fixĂ© un pylĂŽne arrimĂ© par cinq haubans dâun cĂŽtĂ© et six de lâautre. Au fur et Ă mesure du poussage du tablier, le premier Ă©lĂ©ment avançait donc avec son pylĂŽne fixĂ©[T 7].
Dix-huit opĂ©rations de lançage ont Ă©tĂ© nĂ©cessaires pour joindre les deux parties du viaduc. Ce nâest quâaprĂšs la jonction au-dessus du Tarn, fin mai 2004, que les autres pylĂŽnes ont Ă©tĂ© amenĂ©s Ă demeure par des chariots automoteurs puis Ă©levĂ©s[T 7].
Descriptif
Chaque travĂ©e est supportĂ©e par une nappe centrale en forme dâĂ©ventail de onze paires de haubans ancrĂ©s dans les structures mĂ©talliques du tablier et des pylĂŽnes. Il y a sept pylĂŽnes et donc 154 haubans[G 4].
Ces haubans, fabriquĂ©s par la sociĂ©tĂ© Freyssinet, sont constituĂ©s de faisceaux de monotorons parallĂšles, chaque monotoron Ă©tant lui-mĂȘme un assemblage de sept fils Ă©lĂ©mentaires. Chaque hauban comporte 45 Ă 91 torons de 150 mm2 de section. La rĂ©sistance d'un hauban peut ainsi varier de 12 500 Ă 25 000 kN[T 8]. Le hauban Freyssinet HD, qui peut comprendre de 1 Ă 169 torons, repose dans son principe sur lâindĂ©pendance de chacun de ces Ă©lĂ©ments Ă tous les niveaux : ancrage, protection contre la corrosion, installation, mise en tension voire remplacement. Câest ce qui a conduit Ă le prĂ©fĂ©rer aux haubans classiques livrĂ©s prĂ©fabriquĂ©s, mais qui, en cas de dĂ©fectuositĂ©, doivent ĂȘtre changĂ©s dans leur ensemble[46].
Fabrication
Les fils Ă©lĂ©mentaires, constituant un toron de 15,7 mm de diamĂštre, sont galvanisĂ©s Ă chaud avant leur dernier trĂ©filage. Ils sont assemblĂ©s dans une gaine en polyĂ©thylĂšne Ă haute densitĂ© (PEHD) pour former un monotoron. Celui-ci est ensuite injectĂ© avec une cire Ă raison dâau moins 12 g/m3[47].
Les monotorons sont assemblĂ©s parallĂšlement, sans remplissage intermĂ©diaire, pour constituer un hauban. L'ensemble est entourĂ© dâun gainage extĂ©rieur en polyĂ©thylĂšne. Cette gaine constitue une barriĂšre anti-UV et comporte Ă sa surface des spirales discontinues afin de lutter contre les vibrations dues Ă lâeffet combinĂ© de la pluie et du vent[T 8].
Mise en place
Sur chacun des pylĂŽnes P2 et P3, 12 haubans ont dâabord Ă©tĂ© utilisĂ©s comme cĂąbles de lançage supportant le porte-Ă -faux du tablier, et, sous lâeffet des dĂ©formations du tablier, ont Ă©tĂ© successivement mis en tension, lorsque le tablier abordait les palĂ©es et les piles, puis dĂ©tendus. Afin de limiter et de contrĂŽler les dĂ©formations angulaires quâils subissaient au niveau des ancrages, ils Ă©taient Ă©quipĂ©s sur les pylĂŽnes et le tablier de selles de dĂ©viation spĂ©ciales[46].
Afin de pouvoir rĂ©aliser les dĂ©tensions nĂ©cessaires sur certains haubans pendant certaines phases de lançage, ceux-ci ont nĂ©cessitĂ© des courses de rĂ©glage importantes allant jusquâĂ 900 mm[T 8].
Les variations de tension dans lâouvrage en cours de construction Ă©taient trĂšs importantes. Pour Ă©viter les risques de vibration des haubans peu tendus, des aiguilles provisoires de 40 mm de diamĂštre en chanvre ont Ă©tĂ© disposĂ©es. Les aiguilles ont Ă©tĂ© tendues puis dĂ©tendues au fur et Ă mesure de la progression du tablier, en fonction des besoins pour empĂȘcher les haubans de vibrer. Les plus longs haubans mis en Ćuvre ont une longueur totale de 180 m et pĂšsent environ 25 tonnes[T 8].
Lâinstallation Ă©lectrique
Les installations Ă©lectriques du viaduc sont assez importantes et proportionnelles Ă l'immense ouvrage. Ainsi, le pont possĂšde 30 km de cĂąbles Ă courant fort, 20 km de fibres optiques, 10 km de cĂąbles Ă courant faible et 357 prises tĂ©lĂ©phoniques, pour permettre aux Ă©quipes d'entretien de communiquer entre elles et avec le poste de commandement, oĂč qu'elles se trouvent dans le tablier, les piles et les pylĂŽnes. Les donnĂ©es, centralisĂ©es dans un premier temps au niveau de la culĂ©e C0, sont ensuite acheminĂ©es au PC de surveillance de la barriĂšre de pĂ©age[48]. Ă la moindre anomalie, une alarme se dĂ©clenche dans la salle de supervision et des procĂ©dures d'intervention sont alors activĂ©es[49].
Capteurs destinĂ©s Ă la surveillance de lâouvrage
Par ailleurs de nombreux capteurs sont disposĂ©s Ă de multiples endroits de l'ouvrage afin de dĂ©tecter le moindre mouvement ou la moindre anomalie. Les dĂ©placements du tablier au niveau des culĂ©es sont ainsi surveillĂ©s au millimĂštre prĂšs, de mĂȘme que les dĂ©placements des semelles par rapport aux puits marocains ou le vieillissement des haubans[48]. Le tablier mĂ©tallique est dotĂ© de plusieurs capteurs dâhumiditĂ© afin de vĂ©rifier que lâhygromĂ©trie de lâair ne favorisera pas la corrosion[36] et dâaccĂ©lĂ©romĂštres qui contrĂŽlent les phĂ©nomĂšnes oscillatoires qui peuvent survenir sur les tabliers des ponts[50]. Les piles, soumises Ă dâimportants efforts mĂ©caniques, notamment en cas de vents forts, sont Ă©quipĂ©es dâextensomĂštres pouvant mesurer des mouvements au micromĂštre prĂšs et capables de faire jusquâĂ cent mesures par seconde. La semelle de la pile P2, trĂšs sollicitĂ©e, est Ă©quipĂ©e de douze extensomĂštres Ă fibre optique et des extensomĂštres Ă©lectriques sont rĂ©partis sur toute la longueur des piles P2 et P7[50].
Ces nombreux capteurs alimentent le systÚme de « contrÎle de santé intégré » de l'ouvrage.
Capteurs destinés au trafic automobile
De plus, deux capteurs piézoélectriques séparés par une boucle de comptage recueillent de multiples données concernant le trafic : poids des véhicules, vitesse moyenne, densité du flux de circulation, etc. Ce systÚme est capable de distinguer 14 types de véhicules différents[48].
Sur le plan de la sĂ©curitĂ©, un systĂšme de dĂ©tection automatique dâincident (DAI) permet aux opĂ©rateurs dâĂȘtre alertĂ©s sur toute anomalie, comme un vĂ©hicule qui sâimmobiliserait sur lâouvrage ou la prĂ©sence de tout objet suspect sur la chaussĂ©e[51] - [52].
En cas d'accident majeur, un plan de secours spĂ©cialisĂ© destinĂ© Ă lâouvrage a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© par la prĂ©fecture de lâAveyron. Il prĂ©voit les moyens dâintervention sur lâouvrage et leur organisation[51].
Aménagements connexes
La barriÚre de péage
C'est sur le causse Rouge Ă quatre kilomĂštres au nord du viaduc, prĂšs du village de Saint-Germain, que se situe l'unique barriĂšre de pĂ©age de l'A75 (en dehors de celle de BĂ©ziers avant de rejoindre l'autoroute A9) et les bĂątiments rĂ©servĂ©s Ă lâĂ©quipe dâexploitation commerciale et technique. Ces installations sont situĂ©es sur la commune de Millau[53].
La barriĂšre de pĂ©age comportait Ă la mise en service 14 voies[54]. Un tel amĂ©nagement permet dâabsorber 35 000 vĂ©hicules par jour sans ralentissements, suffisant donc pour Ă©couler les 28 000 vĂ©hicules prĂ©vus par jour, hors jour de forte affluence[29]. En cas de faible affluence, la cabine centrale a Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©e pour gĂ©rer le passage des vĂ©hicules dans les deux directions[53].
Cet ouvrage a Ă©tĂ© conçu par lâarchitecte Michel Herbert[55]. L'auvent de la barriĂšre de pĂ©age se prĂ©sente sous la forme dâun voile de 100 m de long sur 28 m de large Ă la gĂ©omĂ©trie complexe et dâune finesse extrĂȘme, variant de 20 Ă 85 cm dâĂ©paisseur. Il est composĂ© de 53 voussoirs rĂ©alisĂ©s avec un BĂ©ton FibrĂ© ultra-hautes performances (BFuhp) mis au point par Eiffage TP[56], en collaboration avec Sika, lâun des spĂ©cialistes mondiaux de la chimie du bĂ©ton[57]. Ce bĂ©ton prĂ©sente des performances exceptionnelles puisque les rĂ©sistances maximales sont de 200 MPa en compression et de 45 MPa en flexion[58] - [Note 9].
Extension de la barriÚre de péage
à la suite des bouchons produits par le grand chassé-croisé des vacanciers pendant le mois d'août 2005, le concessionnaire a souhaité agrandir la barriÚre de péage en la portant de 14 à 18 voies (deux voies nouvelles de chaque cÎté)[59].
Les Ă©tudes d'avant-projet et le suivi des travaux ont Ă©tĂ© confiĂ©s Ă la sociĂ©tĂ© Setec TPI[60]. Avec ce nouvel amĂ©nagement, une configuration en 11 + 7, c'est-Ă -dire 11 voies de pĂ©ages ouvertes dans un sens et 7 dans lâautre, peut ĂȘtre retenue lors des pics maximums et ainsi absorber un trafic de 3 000 vĂ©hicules par heure, trafic horaire maximum possible pour une autoroute Ă 2 Ă 2 voies[29] - [59].
Les travaux ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s entre le 31 janvier et la mi-juin 2006[59]. Afin d'amĂ©liorer l'adaptabilitĂ© du dispositif aux variations de trafic par sens de circulation, trois cabines ont Ă©tĂ© reprofilĂ©es pour pouvoir accueillir les automobilistes dans les deux sens. En outre des cabines ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es lĂ oĂč il nây avait que des bornes automatiques. Le coĂ»t de ces travaux s'est Ă©tabli Ă 4,2 millions dâeuros[61] - [59].
Aire de repos de Brocuéjouls
L'aire de repos de BrocuĂ©jouls est inaugurĂ©e par Mme Chantal Jourdan, prĂ©fet de l'Aveyron, le vendredi 30 juin 2006, Ă l'issue de sept mois de travaux[62]. Le coĂ»t de ces travaux s'Ă©tablit Ă 5,8 millions d'euros : 4,8 millions d'euros de crĂ©dits d'Ătat pour la rĂ©alisation de l'aire (voirie dâaccĂšs, parkings, aire de repos, sanitairesâŠ)[62] ; 1 million d'euros pour la restauration des bĂątiments de la ferme de BrocuĂ©jouls (ensemble des deux tranches)[62].
La ferme de Brocuéjouls et ses abords immédiats pourront accueillir des actions d'animation et de promotion touristique[62].
- L'aire de repos de Brocuéjouls.
Espace Info Viaduc
Le centre d'informations avec expositions et tours guidés se trouve cÎté sud, accessible par Millau et Creissels. Un accÚs direct de l'autoroute n'est pas possible.
Exploitation de lâouvrage
Trafic
Le trafic prĂ©visionnel Ă deux ans Ă©tait estimĂ©, avant mise en service, Ă 10 000 vĂ©hicules par jour avec 10 % de poids lourds, 25 000 vĂ©hicules en Ă©tĂ©, et il Ă©tait prĂ©vu un rythme de croissance de 3 % par an sur quinze ans[63]. Le dimensionnement initial de la barriĂšre de pĂ©age a ainsi Ă©tĂ© fait dans un premier temps pour pouvoir assimiler un flot nâexcĂ©dant pas 28 000 vĂ©hicules par jour sans ralentissement[29].
En 2005 et 2006, environ 4 300 000 véhicules ont franchi le viaduc, soit en moyenne un peu moins de 12 000 véhicules par jour. à la suite du pic de trafic de 50 018 véhicules du 31 juillet 2005 ayant généré plus de 12 km d'embouteillages, la Compagnie Eiffage a construit 4 voies de péages supplémentaires portant le nombre de 14 à 18. Ces gares nouvelles ont été mises en service en juin 2006[64] - [65]. 4 532 485 véhicules ont franchi le viaduc en 2007[66] et 4 670 449 en 2008. Le 10 000 000e usager a été enregistré le 9 mai 2007[67] et le 18 millioniÚme le 20 décembre 2008[68]. Le 3 octobre 2009, le 22 millioniÚme véhicule traverse le viaduc[69]. Le 23 juillet 2010, la barre symbolique du 25 millioniÚme véhicule est franchie[70].
Le vendredi 22 juillet 2011, c'est le 30 millioniÚme véhicule qui franchit le Viaduc de Millau. Le 16 décembre 2012, le cap des 37 millions de véhicules est franchi[71].
Globalement, les trafics annuels constatés sont en 2013 largement en avance sur les prévisions :
Année | Trafic tous véhicules | Trafic moyen journalier | Pic de trafic | Poids lourds | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Trafic annuel | Taux dâĂ©volution (%) |
RĂ©el | PrĂ©vision | Nombre | Date | Nombre | Taux dâĂ©volution (%) | |
2005[29] | 10 000 | 50 018 | 30 juillet | |||||
2006 | 4 347 930[65] | 11 912[65] | 10 300 | 53 795[65] | 12 août[65] | 326 821[65] | ||
2007 | 4 532 485[66] | 4,24 | 12 418[66] | 10 609 | 54 281[66] | 18 août[66] | 362 772 | 11 |
2008 | 4 670 449[68] | 3,04 | 12 760[68] | 10 927 | 58 826[68] | 2 août[68] | 392 048[68] | 8,07 |
2009 | 4 706 438[69] | 0,77 | 12 894[69] | 11 255 | 62 279[69] | 1er août[69] | 369 462[69] | -5,76 |
2010 | 4 753 503[72] | 1,00 | 13 023[72] | 11 593 | 62 931[72] | 31 juillet[72] | 385 000[72] | 4,1 |
2011 | 4 815 299[73] | 1,30 | 13 193[73] | 11 941 | 344 000[73] | -10,7 | ||
2012 | 4 723 808[74] | -1,9 | 12 906[74] | 12 300 | 63 500[74] | 18 août[74] | 325 000[73] | -3,7 |
2013 | 4 703 669[75] | -0.3 | 11 800 | 12 667 | 63 121[76] | 22 juillet [76] | -2.0 | |
2014 | 12 000 | 13 048 | ||||||
2015 | 13 439 | |||||||
2016 | 4 998 862 | 13 695 | 13 842 | 65 828 | 13 août | |||
2017 | 5 millions | 14 257 | ||||||
2018 | 5 172 971[77] | 15 000 | 14 999 | 75 000 | Mi-août | 400 000[78] |
Fréquentation
En tant que destination touristique, le viaduc fait l'objet d'une fréquentation non négligeable :
PĂ©age
Les tarifs de péage perçus par le concessionnaire sont fixés chaque année dans le cadre de plans quinquennaux approuvés par les deux signataires de la convention, en application de formules de révision définies à l'article 25 de cette convention[2].
Cinq classes de péage sont définies[80] :
- classe 1 : vĂ©hicules lĂ©gers â hauteur infĂ©rieure ou Ă©gale Ă 2 mĂštres et poids total en charge (PTAC) infĂ©rieur ou Ă©gal Ă 3,5 tonnes ;
- classe 2 : vĂ©hicules intermĂ©diaires â hauteur comprise entre 2 et 3 mĂštres et poids total en charge (PTAC) infĂ©rieur ou Ă©gal Ă 3,5 tonnes ;
- classe 3 : poids lourds 1 â vĂ©hicules Ă 2 essieux hauteur supĂ©rieure Ă 3 mĂštres et poids total en charge (PTAC) supĂ©rieur Ă 3,5 tonnes ;
- classe 4 : poids lourds 2 â plus de 2 essieux ;
- classe 5 : motos.
Pour chacune d'elles, un tarif de base, applicable en Ă©tĂ©, est dĂ©fini pour la mise en service. Il est ensuite rĂ©visĂ© le 1er fĂ©vrier de chaque annĂ©e, suivant une formule faisant intervenir lâindice des prix Ă la consommation hors tabac. Le tarif hors Ă©tĂ© se dĂ©duit du tarif de base par rĂ©faction dâun certain pourcentage. Ă compter de l'Ă©tĂ© 2016, le tarif d'Ă©tĂ© est applicable du 15 juin au 15 septembre[81], auparavant il Ă©tait applicable uniquement du 1er juillet au 31 aoĂ»t.
Les tarifs appliqués depuis la mise en service ont évolué comme suit[82] :
Année | classe 1 véhicules légers |
classe 2 véhicules intermédiaires |
classe 3 2 essieux > 3,5 tonnes |
classe 4 3 essieux et plus |
classe 5 motos | ||
---|---|---|---|---|---|---|---|
hors Ă©tĂ© (en âŹ) |
Ă©tĂ© (en âŹ) |
hors Ă©tĂ© (en âŹ) |
Ă©tĂ© (en âŹ) |
(en âŹ) | (en âŹ) | (en âŹ) | |
2005 | 4,9 | 6,5 | |||||
2007[83] | 5,4 | 7,0 | 8,1 | 10,6 | 19,4 | ||
2008[84] | 5,6[82] | 7,4[82] | 8,5 | 11 | 20,2 | ||
2009[85] | 6[82] | 7,7 | 9 | 11,6 | 21,3 | ||
2010[86] | 6,1 | 7,9 | 9,2 | 11,8 | 21,7 | ||
2011[87] | 6,4 | 8,2 | 9,6 | 12,3 | 22,5 | ||
2012[88] | 6,7 | 8,6 | 10,1 | 12,8 | 23,5 | 31,2 | 4,3 |
2013[89] | 7 | 8,9 | 10,5 | 13,3 | 24,4 | 32,4 | 4,4 |
2014[90] | 7,3 | 9,1 | 10,9 | 13,7 | 25,1 | 33,4 | 4,6 |
2015[91] | 7,5 | 9,4 | 11,2 | 14 | 25,7 | 34,2 | 4,7 |
2016[92] | 7,8 | 9,8 | 11,6 | 14,6 | 26,7 | 34,8 | 4,8 |
2017[93] | 8,0 | 10,1 | 12,0 | 15,1 | 27,4 | 35,7 | 4,9 |
2018[94] | 8,3 | 10,4 | 12,4 | 15,6 | 28,2 | 36,7 | 5,1 |
2019[95] | 8,6 | 10,8 | 12,9 | 16,1 | 29,3 | 37,6 | 5,3 |
2020[96] | 8,9 | 11,0 | 13,3 | 16,5 | 30,0 | 38,0 | 5,4 |
2021[97] | 9 | 11,2 | 13,6 | 16,8 | 30,4 | 38,6 | 5,5 |
2022[98] | 9,5 | 11,7 | 14,2 | 17,5 | 31,8 | 40,3 | 5,7 |
Vitesse maximale autorisée
La vitesse maximale autorisĂ©e, initialement fixĂ©e Ă 130 km/h comme sur toute autoroute, a Ă©tĂ© ramenĂ©e en juin 2005 Ă 110 km/h, pour Ă©viter des accidents. De trop nombreux automobilistes ralentissaient en effet au droit du viaduc pour tenter de voir le paysage et l'ouvrage[99]. L'arrĂȘtĂ© a Ă©tĂ© pris par le prĂ©fet le 31 mai 2005, mais n'a Ă©tĂ© applicable qu'aprĂšs la pose des panneaux[100] - [59].
Maintenance
La maintenance de lâouvrage, bien plus qu'un simple entretien, vise Ă vĂ©rifier pĂ©riodiquement le viaduc afin dâen apprĂ©cier lâĂ©tat de dĂ©gradation et de planifier des rĂ©parations. LâĂ©tat rĂ©fĂ©rentiel, ou « point zĂ©ro », premier Ă©tat des lieux complet de chaque Ă©lĂ©ment du viaduc a Ă©tĂ© effectuĂ© de mi-octobre Ă mi-dĂ©cembre 2005. Il sert de comparatif lors des inspections annuelles et tri-annuelles de certains Ă©lĂ©ments de lâouvrage et lors de lâinspection complĂšte qui a lieu tous les six ans. Lâinspection de la sous-face du tablier est menĂ©e grĂące Ă une nacelle nĂ©gative[101], lâextĂ©rieur des piles et des pylĂŽnes a Ă©tĂ© vĂ©rifiĂ© grĂące Ă des camĂ©ras trĂšs puissantes et lâintĂ©rieur du viaduc par des techniciens[102].
Impacts sur le milieu local
Sur l'environnement
Le viaduc passe entiĂšrement au-dessus de la vallĂ©e du Tarn du causse Rouge au causse du Larzac. Il traverse la route dĂ©partementale 992 Albi-Millau, le Tarn, la voie ferrĂ©e de la ligne des causses et la route dĂ©partementale 41 Millau-Peyre. Le tracĂ© respecte les sites naturels majeurs, paysages exceptionnels situĂ©s au confluent des vallĂ©es de la Dourbie et du Tarn, tout en assurant une desserte facile de lâagglomĂ©ration de Millau.
Au-delĂ du souci esthĂ©tique et de bonne intĂ©gration dans le paysage diurne, les solutions techniques retenues (tablier mĂ©tallique fin et piles en bĂ©ton) ont permis d'allĂ©ger les structures porteuses et donc les impacts indirects liĂ©s au chantier et Ă la consommation de ressources en amont. De mĂȘme, conformĂ©ment aux prĂ©conisations de l'Ă©tude d'impact sur l'environnement, tout au long de la construction, des dispositions ont Ă©tĂ© prises afin de minimiser l'impact sur les localitĂ©s voisines et le milieu ambiant. Ainsi, une rĂ©duction des travaux sur site (prĂ©fabrication en usine dâĂ©lĂ©ments du tablier) a permis une diminution des volumes de matĂ©riaux Ă mettre en Ćuvre sur place par rapport Ă une solution tout bĂ©ton. Moins dâengins, moins de camions, moins dâagrĂ©gats Ă transporter ont rĂ©duit les nuisances pour les populations concernĂ©es par le trafic propre au chantier[6] - [103].
Des dispositifs ont Ă©galement Ă©tĂ© prĂ©vus pour retraiter les eaux utilisĂ©es par le chantier afin dâĂ©viter une pollution du sol[6]. La gestion des dĂ©chets du chantier a Ă©tĂ© aussi une autre composante du plan d'assurance qualitĂ© accompagnant toute la phase de construction. Le mĂȘme souci perdure aprĂšs la mise en service de lâouvrage, puisque sont intĂ©grĂ©s dans la structure plusieurs moyens permanents de rĂ©cupĂ©ration et de traitement des eaux pluviales et des rĂ©sidus de nettoyage des voiries[6] - [103].
Sur le tourisme local
Lâouvrage connaĂźt un trĂšs franc succĂšs en matiĂšre de frĂ©quentation touristique : lors de sa seule construction, plus de 500 000 personnes se sont dĂ©placĂ©es pour l'admirer. Aujourd'hui, l'affluence record aux points de vue panoramiques sur le pont, comme celui de la descente de la RN9 sur Millau ou encore celui de l'aire de BrocuĂ©jouls qui a Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©e en aire de repos pour l'A75, est notable. Les produits dĂ©rivĂ©s sont rapidement apparus dans les commerces du centre de la ville et mĂȘme dans tout l'Aveyron et les dĂ©partements voisins du Cantal, de la LozĂšre et de l'HĂ©rault[104].
Le viaduc a Ă©galement une forte influence sur la frĂ©quentation des sites qui lui sont proches. Par exemple, les caves de Roquefort et le site de Micropolis, la citĂ© des insectes Ă Saint-LĂ©ons ont vu le nombre de leurs visiteurs croĂźtre rapidement aprĂšs sa mise en service. De mĂȘme, la restauration et l'hĂŽtellerie millavoises ont vu leur chiffre d'affaires augmenter grĂące à « l'effet viaduc », malgrĂ© leurs craintes d'origine, en particulier la dĂ©sertification du centre-ville[104].
Le viaduc de Millau et le pays millavois ont été reconnus par le Conseil régional des Midi-Pyrénées comme l'un des 18 Grands Sites de Midi-Pyrénées pour leur patrimoine culturel, technique et industriel et leur capacité d'accueil touristique[105].
Sur le tissu Ă©conomique local
L'achÚvement du viaduc de Millau[106] en 2004 a permis d'accélérer l'importance de l'axe car les bouchons autour de Millau en été étaient un frein important à son utilisation.
La construction du viaduc sâest accompagnĂ©e dâun nouvel Ă©lan dans le domaine du dĂ©veloppement Ă©conomique. Une zone dâactivitĂ©s reprĂ©sentant quatre-vingt-dix permis de construire a ainsi vu le jour Ă Millau. Deux parcs dâactivitĂ©s ont de mĂȘme Ă©tĂ© crĂ©Ă©s, Ă SĂ©vĂ©rac-le-ChĂąteau et sur le Larzac, Ă la Cavalerie[107]. En 2005, cette derniĂšre Ă©tait dĂ©jĂ presque complĂštement occupĂ©e[108]. En outre la situation gĂ©ostratĂ©gique du sud du dĂ©partement conjuguĂ©e avec lâartĂšre que constitue lâautoroute A75, sont autant d'atouts qui peuvent attirer de nombreuses sociĂ©tĂ©s Ă vocation europĂ©enne, particuliĂšrement dans le domaine de la logistique[108].
Le viaduc a aussi eu un effet économique positif sur la région aveyronnaise désenclavée par le viaduc et l'autoroute A75. Ainsi, l'activité d'« Aveyron Expansion », l'agence économique du conseil général de l'Aveyron, a augmenté de 40 %, et de nombreuses entreprises ont profité du désenclavement pour s'implanter dans le département[109]. à titre d'exemple, le marché au bétail de Laissac, situé à 60 km du viaduc a ainsi vu son activité augmenter et est devenu le premier marché du sud de la France[110].
- Le viaduc de Millau et la ville de Millau Ă droite.
Notoriété et manifestations
Records
Lâouvrage dĂ©tient quatre records du monde[D 9] :
- le tablier haubané le plus long au monde (2 460 m), devant celui du pont Rion-Antirion qui franchit le golfe de Corinthe en GrÚce ;
- la pile la plus haute du monde : les piles P2 et P3, avec des hauteurs respectives de 244,96 et 221,05 mĂštres, dĂ©passent lâancien record de France dĂ©tenu par les viaducs de Tulle et de VerriĂšres (141 m) et le record du monde dĂ©tenu prĂ©cĂ©demment par le viaduc de Kochertal (Allemagne) qui culmine Ă 181 mĂštres[24] ;
- le pylĂŽne le plus haut du monde pour un pont routier : le haut du pylĂŽne surplombant la pile P2 culmine Ă 343 m au-dessus du sol[111], soit 13 mĂštres de plus que la hauteur de la Tour Eiffel ;
- la plus grande portée à franchir lors du lançage d'un tablier de pont : 171 m[111].
Il possĂšde le cinquiĂšme tablier routier le plus haut du monde avec 270 m Ă son point le plus haut par rapport au sol, aprĂšs le Pont du Beipanjiang chinois (565 m), le pont du Siduhe chinois (496 m), le pont de Baluarte mexicain (403 m) et le pont du Balinghe chinois (370 m).
RĂ©compenses
Le viaduc de Millau a reçu les récompenses suivantes :
- le prix Environmental Design and Architecture Award 2005, décerné par la fondation britannique « Design & Art Direction[112] » ;
- le prix Outstanding Structure Award de l'année 2006, décerné par l'International Association for Bridge and Structural Engineering (Association internationale des ponts et structures). Ce prix a également été attribué au musée Guggenheim de Bilbao (Espagne) et au Stade de France à Saint-Denis (France)[113] - [114].
- la médaille Gustav Lindenthal décernée par l'Engineers' Society of Western Pennsylvania lors de la Conférence internationale sur les ponts de 2005 pour une réalisation exceptionnelle présentant une harmonie avec l'environnement, des qualités esthétiques et une concertation réussie[115].
Notoriété internationale
La construction de cet ouvrage a suscitĂ© lâintĂ©rĂȘt de divers pays, tant sur le plan technique que pour le montage de lâopĂ©ration. Ainsi le ministre chinois des transports a visitĂ© le viaduc lors du premier anniversaire de sa mise en service. La dĂ©lĂ©gation s'est intĂ©ressĂ©e aux prouesses techniques accomplies par la sociĂ©tĂ© Eiffage pour rĂ©aliser cet ouvrage monumental, mais Ă©galement au montage juridique et financier du viaduc dont il n'est pas prĂ©vu, toutefois, selon le ministre, de construire une rĂ©plique en rĂ©publique populaire de Chine[116].
De mĂȘme, le cabinet du gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger, qui envisageait la construction d'un pont dans la baie de San Francisco, a demandĂ© des conseils Ă la mairie de Millau sur le consensus de la population lors de la construction du viaduc[117] - [118].
- Le viaduc de Millau.
Course Ă pied
Bien que le viaduc soit interdit aux piétons, il a cependant été accessible à quelques occasions en 2004, 2007, 2012 et 2014.
Peu de temps avant l'inauguration du viaduc en , 19 000 promeneurs et coureurs de la balade des trois viaducs ont eu la possibilité de parcourir l'ouvrage jusqu'à la pile P1.
Le , 10 496 coureurs ont pris le dĂ©part de la place du Mandarous, dans le centre de Millau pour une course de 23,8 km. AprĂšs ĂȘtre montĂ©s sur le causse Rouge, cĂŽtĂ© nord, ils traversent le viaduc puis reviennent sur leurs pas. Cette course d'endurance dans la nature est imaginĂ©e par Odile Baudrier et Gilles Bertrand, dĂ©jĂ Ă l'origine du premier trail en France douze ans plus tĂŽt[119] - [120]. Alors qu'initialement la manifestation ne devait pas ĂȘtre renouvelĂ©e[121], une « course Eiffage du viaduc de Millau » a finalement Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e en 2010, avec une 2e Ă©dition le [122]. Depuis cette date, la course du viaduc a lieu tous les deux ans et une association Ă but non lucratif « loi du » est crĂ©Ă©e pour gĂ©rer l'Ă©vĂšnementiel[120] - [123] - [124]. En raison du contexte national de confinement liĂ© Ă l'Ă©pidĂ©mie de Covid-19, l'organisation a dĂ©cidĂ© l'annulation de la 6e Ă©dition de la course 2020 pour la reporter au [123].
Moto
Le viaduc de Millau a Ă©tĂ© traversĂ© par 1 052 motos le dans le cadre d'une opĂ©ration organisĂ©e par lâassociation des motards du Viaduc. Le nombre est officiel et a Ă©tĂ© validĂ© par un huissier de justice pour une publication dans le livre des records. 1 099 motos l'ont franchi le [125].
Roller
Du au , une équipe de trois patineurs à roulettes a parcouru les sept cents kilomÚtres séparant Paris du viaduc en cinq jours[126].
Sport extrĂȘme
ParticuliĂšrement attractif depuis sa construction, le viaduc est considĂ©rĂ© comme un « spot » pour les amateurs de « base-jump » dont le « sport extrĂȘme » consiste Ă sauter dans le vide avant de dĂ©ployer un parachute. Dans la mĂȘme journĂ©e d', vingt sauteurs de l'extrĂȘme se sont jetĂ©s depuis l'ouvrage d'art en Ă©tablissant un record de saut filmĂ© par un drone pour livrer les images impressionnantes[127].
Visiteurs célÚbres
Lors de la construction, de nombreuses personnalités de tous les milieux ont visité le pont[128]. Parmi celles-ci :
- Jacques Chirac lors de l'inauguration le ;
- Gilles de Robien le et ;
- Norman Foster le et le ;
- Jean-Pierre Raffarin le ;
- José Bové le ;
- le prince Philip, duc d'Ădimbourg le ;
- Marc Blondel le ;
- Dominique Bussereau le ;
- Roselyne Bachelot en ;
- Henri Salvador (été 2002) ;
- Jean-Claude Gayssot le ;
- Top Gear (saison 7, Ă©pisode 3).
Philatélie
Afin de porter la notoriĂ©tĂ© de la construction au-delĂ des frontiĂšres et des spĂ©cialistes des ouvrages dâart, la ministre dĂ©lĂ©guĂ©e Ă l'industrie a retenu lâĂ©dition dâun timbre sur le viaduc de Millau dans le programme philatĂ©lique 2004, dans la sĂ©rie « CommĂ©moratifs et divers[129] ». Il a Ă©tĂ© dessinĂ© par la Creisseloise Sarah Lazarevic et mis en prĂ©-vente le jour de lâinauguration du viaduc par le prĂ©sident de la RĂ©publique, le 14 dĂ©cembre 2004, et le lendemain. Il a Ă©tĂ© trĂšs rapidement Ă©puisĂ©[130].
Notes et références
Notes
- La concession de l'autoroute A28 entre Rouen et Alençon a été approuvée par décret du 29 novembre 2001 alors que celle du viaduc de Millau l'a été par décret du 8 octobre 2001.
- Lointain clin d'Ćil de l'histoire au viaduc de Garabit, pont ferroviaire en acier construit en 1884 par Gustave Eiffel dans le Cantal voisin
- Site officiel de l'entreprise Enerpac
- La conception Greisch du Viaduc de Millau, e.a. de "tablier lancé"
- « Principe du coffrage auto-grimpant », sur Leviaducdemillau.free.fr (consulté le )
- La conception Greisch du Viaduc de Millau, e.a. de "tablier lancé"
- « Les 6 étapes hors du commun de la construction du viaduc », sur le site officiel du Viaduc de Millau
- https://www.greisch.com/projet/viaduc_millau/ Voir une vidéo du systÚme de translation du tablier]
- Pour comparaison, un béton ordinaire résiste en compression à 35 MPa et le béton hautes performances utilisé pour les piles du viaduc de Millau résiste à 60 MPa.
Références
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- p. 25
- p. 26
- p. 27
- p. 30
- p. 31
Annexes
Articles connexes
- Pont Ă haubans
- Liste de ponts Ă haubans remarquables
- Liste de ponts de l'Aveyron
- Millau
- Chronologie de la construction du viaduc de Millau
- Liste des acteurs de la conception et de la réalisation du viaduc de Millau
- Liste d'articles sur le viaduc de Millau
- Dimensionnement du viaduc de Millau
- Liste de ponts remarquables
- Autoroute A75
Liens externes
- Site officiel
- Ressources relatives Ă l'architecture :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Projet Viaduc de Millau du Bureau d'Ă©tudes Greisch
- Siplast Icopal - Projet Viaduc de Millau - ĂtanchĂ©itĂ©
- Visite virtuelle du viaduc de Millau en Aveyron
Articles de revue
Les revues spécialisées dans le domaine du génie civil et des travaux publics ont trÚs largement couvert la conception et la construction du viaduc. Le Moniteur des travaux publics et du bùtiment a ainsi consacré plus d'une quinzaine d'articles sur le sujet. Les numéros de revues présentés ici sont uniquement ceux consacrés au sujet.
- « Viaduc de Millau », Travaux, no 816,â Page de prĂ©sentation du numĂ©ro ConsultĂ©e le 19 mai 2009
- « Tunnel de Toulon - Viaduc de Millau », Travaux, no 808,â Page de prĂ©sentation du numĂ©ro ConsultĂ©e le 19 mai 2009
- « Viaduc de Millau », Bulletin Ponts mĂ©talliques, no 23,â
- « Viaduc de Millau », Viaduc Magazine, no 1,â
- « Le viaduc de Millau », Bulletin annuel de l'AFGC, no 6,â
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- « L'apogĂ©e du systĂšme Freyssinet », Sols & Structures, no 220,â (lire en ligne)
- Jean-Pierre Martin, Marc Buonomo et Claude Servant, « La construction des appuis et le lançage du tablier du viaduc de Millau », Travaux, no 803,â
Livres
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- Denys Breysse, Méthodologie d'évaluation non destructive de l'état d'altération des ouvrages en béton, Paris (France), Presses de l'école nationale des Ponts et Chaussées, (ISBN 2859784055) ;
- IREX, SynthĂšse des travaux du projet national BHP 2000 sur les bĂ©tons Ă hautes performances, Paris (France), Presses de l'Ăcole des Ponts et ChaussĂ©es, (ISBN 285978408X) ;
- Martha Torres Arcila, Bridges - Ponts - BrĂŒcken, Mexico (Mexique), Atrium, (ISBN 8495692619), p. 396â397 ;
- Michel Lyonnet du Moutier, Lâaventure de la tour Eiffel : rĂ©alisation et financement, Paris, Publications de la Sorbonne, (ISBN 9782859446284), chap. 5 (« De la tour Eiffel au viaduc de Millau »)
- Collectif Midi Libre Centre Presse, Le Viaduc de Millau, t. 1 : un défi humain une prouesse technologique, Saint-Jean-de-Vedas (Hérault), Midi Libre Centre Presse, , 112 p. (ISBN 2-84350-219-5).
Documentaire
- Le GĂ©ant de Millau dâAgnĂšs Zerwetz et Philippe Kimmerling, coproduit par SCĂRĂN-CNDP et France 5, 53 minutes, 2006. PrĂ©sentation du documentaire
- Cher Viaduc !, par l'équipe d'Attention Grands Travaux, réalisé par Camille Juza, produit par LCP-Public Sénat et Point du Jour, 29 min, 2011. Visible en ligne.