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Viaduc de Millau

Le viaduc de Millau est un pont Ă  haubans franchissant la vallĂ©e du Tarn, dans le dĂ©partement de l'Aveyron, en France. Portant l’A75, il assure la jonction entre le causse Rouge et le causse du Larzac en franchissant une brĂšche de 2 460 mĂštres de longueur et de 343 mĂštres de profondeur au point le plus haut, dans un panorama de grande qualitĂ© et avec des vents susceptibles de souffler Ă  plus de 200 km/h.

Viaduc de Millau
Viaduc de Millau.
Viaduc de Millau.
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Occitanie
DĂ©partement Aveyron
Commune Millau - Creissels
CoordonnĂ©es gĂ©ographiques 44° 05â€Č 14″ N, 3° 01â€Č 15″ E
Fonction
Franchit le Tarn
Fonction Pont autoroutier
Itinéraire A75
Caractéristiques techniques
Type Pont Ă  haubans
Longueur 2 460 m
PortĂ©e principale 342 m
Largeur ChaussĂ©e 32 m
Hauteur Pile la plus haute 343 m
Hauteur libre sous tablier 270 m
Matériau(x) Béton armé - Acier
Construction
Construction Octobre 2001 - DĂ©cembre 2004
Inauguration DĂ©cembre 2004
Architecte(s) Foster and Partners
Architectes associés : Chapelet-Defol-Mousseigne
Ingénieur(s) Michel Virlogeux
Ingénieurs structure : SERF, Sogelerg, BEG Greisch
Maütre d'ouvrage Ministùre de l’Équipement, des Transports en commun, du Logement, du Tourisme et de la Mer.
Entreprise(s) Eiffage TP, Eiffel Constructions MĂ©talliques, Appia, Freyssinet International
Gestion
Concessionnaire CEVM (Compagnie Eiffage du Viaduc de Millau).
Les sept paires de nappes de haubans du viaduc de Millau.
Chaussée droite du viaduc bordée par l'écran brise-vent d'un cÎté et la nappe axiale de haubans de l'autre.
Le tablier est suspendu par des cĂąbles issus de pylĂŽnes.

AmĂ©nagement d'importance nationale et internationale, et maillon de l’autoroute A75 permettant de relier Clermont-Ferrand Ă  BĂ©ziers, ce projet a nĂ©cessitĂ© treize ans d'Ă©tudes techniques et financiĂšres. Les Ă©tudes ont commencĂ© en 1987 et l’ouvrage a Ă©tĂ© mis en service le , trois ans seulement aprĂšs la pose de la premiĂšre pierre. D’un coĂ»t de 320 millions d’euros, il a Ă©tĂ© financĂ© et rĂ©alisĂ© par le groupe Eiffage dans le cadre d’une concession, la premiĂšre de ce type, par sa durĂ©e de 78 ans dont trois de construction[1], dĂ©finie par le dĂ©cret no 2001-923 du [2].

Le pont des records

L'ouvrage cumule les records :

  • c'est le pont routier avec l'ensemble pile-pylĂŽne le plus haut au monde (P2 : 343 m) et les deux piles les plus hautes au monde (P2 = 245 m et P3 = 221 m) ;
  • son tablier, qui culmine Ă  270 mĂštres au-dessus du Tarn, Ă©tait le plus long pour un pont haubanĂ© (2 460 mĂštres) jusqu'Ă  la mise en service en 2013 du pont Jia-Shao (Jiaxing-Shaoxing) au-dessus de la RiviĂšre Qiantang en Chine. Ce nouvel ouvrage possĂšde une longueur de 2 680 mĂštres, soit 220 mĂštres de plus que le Viaduc de Millau[3] ;
  • il est composĂ© de piles minces et dĂ©doublĂ©es sur leur partie supĂ©rieure et d’un tablier mĂ©tallique trĂšs fin avec seulement sept points d’appui au sol.

Le viaduc a permis de dĂ©velopper les activitĂ©s commerciales et industrielles de la rĂ©gion aveyronnaise, mais aussi de supprimer le « point noir » de Millau. Le pont a gĂ©nĂ©rĂ© un certain essor touristique, et sa construction a suscitĂ© l’intĂ©rĂȘt de nombreuses personnalitĂ©s politiques.

Histoire

L'autoroute A75

Les quatre options de trajets Perpignan - Paris

Avec les autoroutes A10 Ă  proximitĂ© de la cĂŽte Atlantique, l' A20 Ă  l'ouest du Massif central et l'A7 qui suit la vallĂ©e du RhĂŽne, l’autoroute A75 fait partie des quatre grands itinĂ©raires nord-sud pour traverser la partie mĂ©ridionale de la France et, au-delĂ , relier le nord de l'Europe Ă  la MĂ©diterranĂ©e et Ă  la pĂ©ninsule ibĂ©rique. Son tracĂ© dĂ©senclave le Massif central et la ville de Clermont-Ferrand en les ouvrant sur le sud. AssociĂ©e Ă  l'autoroute A71, l'A75 permet de dĂ©lester l'axe rhodanien trĂšs utilisĂ©, en particulier par les vacanciers[D 1]. Sa construction a commencĂ© en 1975[4] et s'est achevĂ©e fin 2010 avec la mise en service de la liaison PĂ©zenas-BĂ©ziers[5].

Le Tarn est une riviĂšre qui coule d'est en ouest, au sud du Massif central, coupant donc l'axe nord-sud et formant une brĂšche de plus de 200 mĂštres difficile Ă  franchir. Avant le viaduc, ce franchissement se faisait par un pont situĂ© en fond de vallĂ©e, dans la ville de Millau. Millau Ă©tait alors un trĂšs gros point noir routier, connu et redoutĂ©. Des kilomĂštres d'embouteillages se formaient chaque annĂ©e au moment des grands flux estivaux[6]. Ces ralentissements faisaient perdre tous les avantages de l'A75, dite autoroute d'amĂ©nagement du territoire, et entiĂšrement gratuite sur 340 kilomĂštres.

Elle permet également aux poids lourds de relier l'Espagne autrement, en évitant ainsi de contourner Lyon par l'A46 en empruntant l'itinéraire classique A6/A7/A9.

Treize ans d’études et de concertation

Si les avantages d’un franchissement autoroutier de la vallĂ©e du Tarn sont indĂ©niables, plusieurs difficultĂ©s viennent Ă©mailler l’histoire du viaduc. Les premiĂšres difficultĂ©s Ă  rĂ©soudre sont techniques : les dimensions de la brĂšche Ă  franchir, les vents violents de plus de 200 km/h et les conditions climatiques et sismiques nĂ©cessitent d’avoir recours Ă  un ouvrage de dimensions exceptionnelles et soulĂšvent en outre quelques difficultĂ©s de rĂ©alisation.

Études prĂ©liminaires
Tracés des quatre projets de l'autoroute A75 aux environs de Millau
  • « Grand Est »
  • « Grand Ouest »
  • « Proche de la RN9 »
  • « MĂ©diane »

Les Ă©tudes prĂ©liminaires visant Ă  dĂ©terminer le tracĂ© de l’autoroute pour franchir la vallĂ©e du Tarn sont confiĂ©es au CETE MĂ©diterranĂ©e, service de l’État, et sont rĂ©alisĂ©es en 1988-1989. Elles aboutissent Ă  la proposition de quatre options de tracĂ©s[7] - [8] :

  • une option dite « grand Est » passant Ă  l’est de Millau et franchissant Ă  grande hauteur les vallĂ©es du Tarn et de la Dourbie par l’intermĂ©diaire de deux grands ponts (portĂ©es de 800 Ă  1 000 m) dont la construction s'avĂšre difficile. Bien qu’elle soit plus courte et plus favorable pour le trafic de transit, cette option est abandonnĂ©e car elle ne permet pas de desservir correctement Millau et sa rĂ©gion de façon satisfaisante puisqu’il faut utiliser la longue et sinueuse descente existante de La Cavalerie ;
  • une option dite « grand Ouest », empruntant la vallĂ©e du Cernon et plus longue que la prĂ©cĂ©dente d’une douzaine de kilomĂštres. Elle n’est pas retenue car elle prĂ©sente des impacts importants sur l’environnement, notamment au droit des villages pittoresques de Peyre et de Saint-Georges-de-Luzençon et elle est plus onĂ©reuse ;
  • une option dite « proche de la RN9 » desservant bien Millau mais prĂ©sentant des difficultĂ©s techniques et ayant un fort impact sur le milieu bĂąti existant ou projetĂ©, Ă©galement abandonnĂ©e ;
  • une option dite « mĂ©diane » Ă  l’ouest de Millau bĂ©nĂ©ficiant d’une assez large approbation locale mais prĂ©sentant des difficultĂ©s de rĂ©alisation d’ordre gĂ©ologique, notamment au niveau du franchissement de la vallĂ©e du Tarn. Les investigations des experts concluent Ă  la possibilitĂ© de les surmonter c'est donc celle-lĂ  qui sera choisie.
  • Puis cinq options de viaducs vont ĂȘtre proposĂ©es, c'est celui Ă  haubans qui sera retenu.

Cette derniÚre option est choisie par décision ministérielle le [9]. Il faut encore choisir entre deux familles de solutions locales pour franchir le Tarn[10] :

  • une famille « haute », faisant appel Ă  un viaduc de 2 500 m passant Ă  plus de 200 m au-dessus du Tarn ;
  • une famille « basse », descendant dans la vallĂ©e, franchissant le Tarn grĂące Ă  un ouvrage de 600 m puis atteignant le Larzac par un viaduc de 2 300 m prolongĂ© par un tunnel.

AprĂšs de longues Ă©tudes et des consultations locales, la famille « basse » est abandonnĂ©e, notamment parce que le tunnel aurait traversĂ© une nappe phrĂ©atique, et Ă  cause de son coĂ»t, de l’impact sur l’urbanisation et de l’allongement de trajet qu'elle implique. Moins longue, moins chĂšre et offrant de meilleures conditions de sĂ©curitĂ© pour les usagers, la famille « haute » apparaĂźt la plus intĂ©ressante. Le choix est arrĂȘtĂ© par dĂ©cision ministĂ©rielle le 29 octobre 1991[9]. Ce choix aboutira Ă  l'ouverture d'une enquĂȘte publique prescrite par arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral du 4 octobre 1993. La commission d'enquĂȘte rend ses conclusions le 7 fĂ©vrier 1994.

Opposition

Plusieurs associations se sont manifestĂ©es contre le projet comme la WWF, France nature environnement, la FĂ©dĂ©ration nationale des associations d'usagers des transports (FNAUT) ou Agir pour l'environnement qui affirme : « ce projet pharaonique [
] qui dĂ©figure la vallĂ©e [
] accumule les nuisances, dĂ©truit le paysage, menace l’environnement pour un coĂ»t prohibitif et contribue Ă  la dĂ©sertification du territoire [
], faisant perdre Ă  Millau une part importante de son activitĂ© touristique »[11]. Plusieurs Ă©lus politiques ont Ă©galement critiquĂ© le projet, comme le prĂ©sident de la rĂ©gion Auvergne ValĂ©ry Giscard d'Estaing. Des Ă©lus locaux, soutenus par les Verts et le Parti Ă©cologiste, avaient de mĂȘme proposĂ© dĂ©but 1996 un contre-projet moins coĂ»teux[12].

Les opposants ont avancé différents arguments :

  • le tracĂ© plus Ă  l'ouest sera un meilleur tracĂ© : plus long de trois kilomĂštres mais trois fois moins cher avec ses trois ouvrages d'art classiques ;
  • l'objectif du viaduc ne sera pas atteint : du fait du pĂ©age, le viaduc sera peu empruntĂ© et ne sera pas la solution aux cĂ©lĂšbres embouteillages de Millau ;
  • l'Ă©quilibre financier sera impossible : les revenus du pĂ©age ne permettront jamais le retour sur investissement et la sociĂ©tĂ© concessionnaire devra ĂȘtre soutenue par des subventions ;
  • la rĂ©alisation technique sera imparfaite, donc dangereuse et peu pĂ©renne : les piles ne seront pas solides du fait qu'elles s'assoient sur la marne de la vallĂ©e du Tarn ;
  • le viaduc est une dĂ©viation : la diminution du passage des touristes Ă  Millau freinera l'Ă©conomie de la ville de Millau.
DĂ©claration d’utilitĂ© publique

Le projet est dĂ©clarĂ© d'utilitĂ© publique, aprĂšs avis du Conseil d'État, par dĂ©cret en date du 10 janvier 1995 signĂ© par le Premier ministre Édouard Balladur, et cosignĂ© par le ministre de l'Équipement, des transports et du tourisme, Bernard Bosson, et par le ministre de l'Environnement, Michel Barnier[13].

1991-1998 : choix de l’ouvrage

Les cinq familles de solutions proposées lors de l'appel d'offres.

Le tracĂ© retenu nĂ©cessite la construction d’un viaduc d’une longueur de 2 500 m. De 1991 Ă  1993, la division « Ouvrages d’art » du SĂ©tra, dirigĂ©e par Michel Virlogeux, rĂ©alise des Ă©tudes prĂ©liminaires et vĂ©rifie la faisabilitĂ© d’un ouvrage unique franchissant la vallĂ©e. Compte tenu des enjeux techniques, architecturaux et financiers, la direction des routes met alors en compĂ©tition des bureaux d’études et des architectes afin d’élargir la recherche des solutions possibles. En juillet 1993, 17 bureaux d’études et 38 architectes se portent candidats pour la rĂ©alisation des premiĂšres Ă©tudes. Avec l’aide d’une commission pluridisciplinaire, la direction des routes sĂ©lectionne huit bureaux d’études pour les Ă©tudes techniques et sept architectes pour les Ă©tudes architecturales[9].

En fĂ©vrier 1994, un collĂšge d’experts prĂ©sidĂ© par Jean-François Coste identifie, sur la base des propositions des architectes et des bureaux d’études, cinq familles de solutions[9]. La compĂ©tition est relancĂ©e : cinq couples architecte-bureaux d’études, constituĂ©s des meilleurs candidats de la premiĂšre phase, sont formĂ©s et chacun d’eux approfondit l’étude d’une famille de solutions.

Le 15 juillet 1996, Bernard Pons, ministre de l’Équipement, entĂ©rine la proposition du jury constituĂ© d’élus, d’hommes de l’art et d’experts et prĂ©sidĂ© par le directeur des routes, Ă  l’époque Christian Leyrit. La solution du viaduc multihaubanĂ© prĂ©sentĂ©e par le groupement de bureaux d’études Sogelerg (devenu Artelia Ville & Transport), Europe Études Gecti (aujourd’hui Arcadis) et Serf et le cabinet d’architectes Foster + Partners est retenue[14] - [15].

Le groupement retenu affine les Ă©tudes de 1996 Ă  1998. À cette fin, il met en place un comitĂ© technique (animĂ© par Bernard Gausset et Michel Virlogeux), supervisant des Ă©quipes d’études spĂ©cialisĂ©es affectĂ©es Ă  chacun des domaines spĂ©cifiques : Ă©tude au vent, tablier en bĂ©ton, tablier en mĂ©tal, piles, gĂ©otechnique et Ă©quipements[15].

Un concours final dont l'intitulé est « Mise au point et étude complÚte de la solution métallique lancée » est institué. C'est le Bureau d'études liégeois Greisch (BEG) qui est retenu (solution lauréate issue du concours).

AprĂšs des essais en soufflerie, la forme du tablier est remaniĂ©e et le dessin des piles fait l’objet de minutieuses mises au point. Les Ă©tudes de dĂ©tail ayant Ă©tĂ© menĂ©es Ă  leur terme, les caractĂ©ristiques dĂ©finitives de l’ouvrage sont approuvĂ©es Ă  la fin de l’annĂ©e 1998[14].

Choix d'un concessionnaire

La construction d’un tel ouvrage soulevait en outre des difficultĂ©s financiĂšres. L’État hĂ©sitait Ă  investir deux milliards de francs de l’époque (320 millions d’euros). C’est ainsi qu’il abandonna l’idĂ©e d’une autoroute totalement gratuite pour recourir au pĂ©age sur le viaduc[D 2]. Mais ce recours au privĂ© amena Ă  son tour des difficultĂ©s d’ordre politique. Ainsi le prĂ©sident du Conseil gĂ©nĂ©ral de l’Aveyron, Jean Puech, ne partage pas cette idĂ©e de recourir au pĂ©age[D 2].

C’est finalement Jean-Claude Gayssot, ministre communiste, qui prend la dĂ©cision de recourir au privĂ© en signant le 20 mai 1998 le dĂ©cret de mise en concession. Il est accompagnĂ© dans sa dĂ©cision par la ministre de l’AmĂ©nagement du territoire et de l’environnement Dominique Voynet qui signe le document Ă  contrecƓur[D 2].

L'enquĂȘte publique est alors lancĂ©e et se dĂ©roule du 16 dĂ©cembre au 26 janvier 1998[12]. La commission d’enquĂȘte rend un avis favorable au projet le 28 fĂ©vrier 1999. L'instruction mixte, Ă  savoir l'ensemble des procĂ©dures internes de consultations des diffĂ©rentes administrations, s'achĂšve le 31 aoĂ»t 1999 et le projet est finalement dĂ©clarĂ© d'utilitĂ© publique, aprĂšs avis du Conseil d’État, par dĂ©cret cosignĂ© par les ministres Jean-Claude Gayssot et Dominique Voynet le 23 novembre 1999[16].

Un avis de publicitĂ© de marchĂ© public pour appels d'offres est alors lancĂ© par le gouvernement aux niveaux français et europĂ©en avec une remise de candidatures pour le 24 janvier 2000. Quatre consortiums rĂ©pondent Ă  l’appel d’offres[17] :

  • le groupement Compagnie Eiffage du Viaduc de Millau (CEVM), avec Eiffage agissant pour le compte des entreprises Eiffage Construction et Eiffel ;
  • le groupement menĂ© par l'espagnol Dragados, avec Skanska (SuĂšde) et Bec (France) ;
  • le groupement SociĂ©tĂ© du viaduc de Millau, comprenant les sociĂ©tĂ©s françaises ASF, Egis, GTM, Bouygues Travaux Publics, SGE, CDC Projets, Tofinso et l'italienne Autostrade ;
  • le groupement menĂ© par la GĂ©nĂ©rale RoutiĂšre, avec Via GTI (France) et Cintra, Nesco, Acciona et Ferrovail Agroman (Espagne).

La Compagnie Eiffage du viaduc de Millau est finalement pressentie au terme de cette procĂ©dure. Mais il faut attendre la signature de l'ordonnance du 28 mars 2001[18] ratifiĂ©e par la loi du 5 novembre 2001[19] modifiant le rĂ©gime des concessions autoroutiĂšres pour signer cette convention de concession entre l'État et la Compagnie EIFFAGE du viaduc de Millau.

Jean-Claude Gayssot, ministre de l'Équipement, des transports et du logement pour l'État et Jean-François Roverato, prĂ©sident-directeur gĂ©nĂ©ral de la Compagnie Eiffage du viaduc de Millau, la signent le 27 septembre 2001. Elle est approuvĂ©e par dĂ©cret no 2001-923 du 8 octobre 2001 du Premier ministre Lionel Jospin[20]. Le viaduc de Millau est ainsi le premier amĂ©nagement autoroutier Ă  entrer dans le cadre de la rĂ©forme de 2001[Note 1]. Il est financĂ© par des fonds privĂ©s dans le cadre d'un contrat de concession : l'ouvrage est la propriĂ©tĂ© de l'État français, les dĂ©penses pour la rĂ©alisation et l'exploitation de l'ouvrage sont Ă  la charge du concessionnaire, les revenus du pĂ©age sont attribuĂ©s au concessionnaire.

Durée de la concession

La concession de l’ouvrage prendra fin le 31 dĂ©cembre 2079[2]. Cette durĂ©e de concession de 78 ans est exceptionnellement longue en comparaison des concessions autoroutiĂšres habituelles, en raison du nĂ©cessaire Ă©quilibre de l'opĂ©ration. Il a souvent Ă©tĂ© dit qu’il Ă©tait impossible de prĂ©voir tous les alĂ©as inhĂ©rents Ă  la construction de l’autoroute sur une durĂ©e aussi longue ou que celle-ci risquait de confĂ©rer au concessionnaire une « rente de situation » par la perspective d’une sur-rentabilitĂ©[21].

Sur le premier aspect, il ne s’agit pas de tout prĂ©voir sur 78 ans, pas plus que sur 35 ou 40 ans. Il s’agit simplement de prendre en compte un Ă©tat d’imprĂ©vision en apprĂ©ciant les risques Ă©ventuels et les jaugeant au vu des Ă©vĂ©nements passĂ©s. Cette durĂ©e est en outre un facteur de sĂ©curitĂ© qui permet d’étaler dans le temps les charges d’amortissement[22].

Quant au risque de sur-rentabilitĂ©, les parties ont mis en Ɠuvre un dispositif de fin anticipĂ©e de la concession. Ainsi l’article 36 du cahier des charges prĂ©voit que l’État peut demander qu’il soit mis un terme Ă  la concession sans aucune indemnitĂ©, moyennant un prĂ©avis de 24 mois, dĂšs lors que le chiffre d’affaires rĂ©el cumulĂ©, actualisĂ© Ă  fin 2000 au taux de 8 %, dĂ©passe trois-cent-soixante-quinze millions d'euros. Cette clause ne peut s’appliquer qu’à partir du 1er janvier 2045[2].

Bien que la concession ne porte que sur 78 ans, le concessionnaire a dĂ» concevoir et rĂ©aliser le viaduc pour une durĂ©e d’utilisation de projet de 120 ans[2]. La durĂ©e d’utilisation de projet est la durĂ©e pendant laquelle le viaduc doit pouvoir ĂȘtre utilisĂ© comme prĂ©vu, en faisant l’objet de l’entretien et de la maintenance escomptĂ©s mais sans qu’il soit nĂ©cessaire de faire des rĂ©parations majeures.

Coût global

Cinq ans aprĂšs avoir retenu la solution de Norman Foster, le concessionnaire est retenu et les travaux peuvent commencer. Le coĂ»t de rĂ©alisation de l'ensemble des travaux est Ă©valuĂ© Ă  prĂšs de 400 millions d'euros. Aucune subvention publique n’a Ă©tĂ© nĂ©cessaire pour l’équilibre, mais le dĂ©compte total ne prend pas en compte l’ensemble des travaux rĂ©alisĂ©s par l’État pour amĂ©nager les abords.

Les acteurs

L'architecte du viaduc est le britannique Norman Foster.

Le consortium de construction du pont comprend la sociĂ©tĂ© Eiffage TP pour la construction des piles en bĂ©ton et les viaducs d'accĂšs, la sociĂ©tĂ© Eiffel pour le tablier mĂ©tallique[Note 2], la sociĂ©tĂ© Enerpac pour le poussage hydraulique du tablier[Note 3], la sociĂ©tĂ© Appia pour l'application du revĂȘtement bitumineux formant la chaussĂ©e sur le tablier et la sociĂ©tĂ© Forclum pour les installations Ă©lectriques. Ce sont en fait tous les mĂ©tiers du groupe Eiffage qui ont participĂ© au chantier.

La seule entreprise d'un autre groupe ayant eu un rĂŽle « noble » sur ce chantier est Freyssinet International, filiale du groupe Vinci spĂ©cialisĂ©e en prĂ©contrainte, qui s'est vu confier la mise en place et la mise en tension des haubans, la filiale de prĂ©contrainte du groupe Eiffage s'Ă©tant chargĂ©e de la prĂ©contrainte des tĂȘtes de piles.

La maĂźtrise d'Ɠuvre a Ă©tĂ© confiĂ©e Ă  la SETEC, branche Travaux publics et industriels, et en partie Ă  l'ingĂ©nierie SNCF.

La technique du tablier en acier et le poussage hydraulique du tablier (solution laurĂ©ate issue du concours « Mise au point et Ă©tude complĂšte de la solution mĂ©tallique lancĂ©e ») ont Ă©tĂ© conçus par le Bureau d'Ă©tudes liĂ©geois Greisch (BEG)[Note 4] dont les Ă©tudes d'exĂ©cution comprenaient les calculs gĂ©nĂ©raux et calculs de rĂ©sistance aux vents de 225 km/h, les calculs des phases de lançage, le dimensionnement et le calcul du tablier, des pylĂŽnes et du haubanage, le dimensionnement des Ă©quipements, la conception des mĂ©thodes d'exĂ©cution et des ouvrages provisoires. Enfin, en suivant une procĂ©dure dĂ©jĂ  appliquĂ©e pour de multiples ponts et viaducs haubanĂ©s par ses ingĂ©nieurs, Greisch assura sur place une assistance aux opĂ©rations de lançage, de montage et de mise en place des pylĂŽnes, et de mise en Ɠuvre des haubans sous le contrĂŽle en temps rĂ©el du centre de calcul de l'universitĂ© de LiĂšge en Belgique.

Trois ans de construction

La premiÚre pierre est posée le 14 décembre 2001 et le viaduc est ouvert à la circulation le 16 décembre 2004[D 3], soit trois ans seulement aprÚs le début des travaux, avec plusieurs semaines d'avance sur le calendrier prévu par le cahier des charges.

  • Vue d'ensemble du pont durant la construction.
    Vue d'ensemble du pont durant la construction.

Janvier 2002 – mars 2002 : fondations des piles

Partie sud en construction, cÎté Creissels.

Les travaux de creusement des puits de fondation sur lesquels reposeront les sept piles du viaduc commencent dĂšs janvier 2002[D 4].

AprĂšs ferraillage, les puits sont bĂ©tonnĂ©s et une semelle de trois Ă  cinq mĂštres d'Ă©paisseur est coulĂ©e pour les sept piles. Chaque opĂ©ration nĂ©cessite le coulage en une seule fois de 2 000 m3 de bĂ©ton sur une trentaine d’heures. D’une surface de 200 m2 Ă  la base, Ă©quivalente Ă  la surface d’un terrain de tennis, les piles se termineront Ă  leur sommet avec une surface de seulement 30 m2.

Mars à novembre 2002 : construction des culées

De mars Ă  juin 2002 a lieu la construction de la culĂ©e C8, cĂŽtĂ© plateau du Larzac au sud, puis de juin Ă  novembre 2002 est construite la culĂ©e C0[D 5]. C’est Ă  partir de ces culĂ©es que seront ensuite lancĂ©s les Ă©lĂ©ments de tablier. Les caissons sont soudĂ©s les uns aux autres Ă  l'arriĂšre des Ă©lĂ©ments dĂ©jĂ  lancĂ©s, sur une plate-forme en arriĂšre des culĂ©es, sur une longueur de 171 mĂštres. Chaque partie de tablier est ensuite lancĂ©e dans le vide puis est appuyĂ©e sur un appui provisoire ou dĂ©finitif[D 5].

Avril 2002 à décembre 2003 : construction des piles

Appareil de coffrage glissant en tĂȘte de pile en construction, au-dessus du dĂ©but du dĂ©doublement du fĂ»t.

Chaque pile fait l’objet d’un chantier spĂ©cifique, avec ses propres Ă©quipes et son chef de pile. Au dĂ©but de l’étĂ© 2002, six fĂ»ts de piles ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© commencĂ©s et 23 000 m3 ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© coulĂ©s. L’avancement se fait Ă  raison de 25 m3 Ă  l’heure. Chaque « levĂ©e » de bĂ©ton coffrĂ© grĂące Ă  un coffrage glissant, correspondant Ă  une Ă©lĂ©vation de quatre mĂštres de la pile, rĂ©clame 200 m3 et est programmĂ©e tous les trois jours, car il faut compter deux jours et demi de mise au point. Le coulage commence en milieu d’aprĂšs-midi pour se terminer vers deux heures du matin[23].

En juillet 2002, prĂšs de huit cents personnes sont dĂ©jĂ  intervenues sur le site, mais certaines sont dĂ©jĂ  parties : trois cents peuvent y ĂȘtre comptabilisĂ©es en cet Ă©tĂ© 2002[23]. En hiver 2002, on en compte alors prĂšs de cinq cents : plus de trois cents ouvriers en gĂ©nie civil, environ cent ouvriers sur le tablier en construction derriĂšre les culĂ©es et quatre-vingts cadres et ingĂ©nieurs[D 6].

La verticalitĂ© des piles est assurĂ©e grĂące Ă  des guidages laser et GPS. Le 21 fĂ©vrier 2003, la P2 dĂ©passait 141 mĂštres et faisait tomber le record de France dĂ©tenu par les viaducs de Tulle et de VerriĂšres. Le 12 juin, elle atteint la hauteur de 183 mĂštres, battant ainsi le record du monde des 176 mĂštres du viaduc de Kochertal en Allemagne. Le 20 octobre 2003, elle culmine Ă  245 mĂštres[24].

Le jeudi 20 novembre 2003, les sept piles sont achevĂ©es. À cette occasion, un tube de cuivre a Ă©tĂ© glissĂ© dans les derniĂšres strates de bĂ©ton de la pile P3. Il contient les noms des 537 personnes qui ont travaillĂ© Ă  l’érection des piles et une piĂšce commĂ©morative de 1,5 euro Ă©ditĂ©e lors du lancement de la monnaie europĂ©enne, avec un beffroi cĂŽtĂ© face et un viaduc cĂŽtĂ© pile[25]. Le 9 dĂ©cembre est organisĂ© un grand feu d’artifice[25].

2004 : construction des chaussées et mise en service

Vue depuis la route de Brunas Creissels

Pendant le printemps 2004, un test du complexe d’étanchĂ©itĂ© a lieu Ă  Rivesaltes (PyrĂ©nĂ©es-Orientales) sur un caisson tĂ©moin. Fin juillet, un essai grandeur nature de pose d'enrobĂ© est rĂ©alisĂ© sur le tablier lui-mĂȘme[26].

D’avril Ă  septembre, les plaques d’étanchĂ©itĂ© sont installĂ©es. Dans un premier temps, un lĂ© d’un mĂštre de largeur est mis en Ɠuvre manuellement, de part et d’autre de l’ouvrage, sur la rive de la chaussĂ©e. À partir de la mi-juillet les machines d’application des sociĂ©tĂ©s Sacan et Siplast Icopal prennent le relais pour assurer la pose de l’étanchĂ©itĂ© sur la section courante de l’ouvrage[26].

Les enrobĂ©s sont mis en Ɠuvre du 21 au 24 septembre par la sociĂ©tĂ© Mazza, filiale d’Appia, associĂ©e avec plusieurs sous-traitants et de nombreuses autres filiales du groupe[26].

Les essais de chargement statique (21 cas de chargement au total nĂ©cessitant l’utilisation de 32 camions de 30 t environ) et dynamiques consistant en deux « lĂąchers » de cĂąbles de 100 t chacun, pour simuler une rupture de haubans, se dĂ©roulent entre le 17 et le 25 novembre[27].

L’ouvrage est inaugurĂ© par le prĂ©sident de la RĂ©publique Jacques Chirac le [28] puis mis en service le 16 dĂ©cembre Ă  9 h[29].

Description de l'ouvrage

Le viaduc est un pont Ă  haubans de 2 460 m de longueur. Il traverse la vallĂ©e du Tarn Ă  prĂšs de 270 m de hauteur au-dessus de la riviĂšre. Son tablier de 32 m de large accueille une autoroute de 2 fois 2 voies et 2 voies de secours.

Il est maintenu par sept piles prolongĂ©es chacune par un pylĂŽne de 87 m de hauteur auquel sont arrimĂ©es 11 paires de haubans.

Le pont a un rayon de courbure de 20 km, ce qui permet aux vĂ©hicules d'avoir une trajectoire plus prĂ©cise qu'en ligne droite. Des structures de bĂ©ton assurent l’appui du tablier Ă  la terre ferme sur le causse du Larzac d’un cĂŽtĂ© et le causse Rouge de l’autre.

ÉlĂ©vation du viaduc de Millau.

Géologie et géotechnique

SchĂ©matiquement, le sous-sol du site du viaduc est constituĂ© par une sĂ©rie sĂ©dimentaire liasique et jurassique dont le pendage moyen est de 5 Ă  10° SE ; il est affectĂ©e par quelques failles E-W ou SE-NW subverticales ou inverses Ă  chevauchement nord. La sĂ©rie dĂ©bute par les dolomies du causse Rouge sur tout le versant nord, aval pendage, et le pied du versant sud, amont pendage, dont les pentes moyennes sont d’environ 20° ; elle passe ensuite Ă  une alternance de marne, calcaire et calcaire argileux puis devient franchement marneuse sur la majeure partie du versant sud, amont pendage, dont la pente moyenne est d’environ 6⁰ ; la partie haute de ce versant est couronnĂ©e par les cĂŽtes calcaires et dolomitiques Ă©tagĂ©es du bord du causse du Larzac ; ces cĂŽtes sĂ©parĂ©es par des bancs marneux sont festonnĂ©es par les reculĂ©es karstiques de St-Martin et d’Issis, au fond desquelles des exsurgences Ă©mergent Ă  travers des Ă©croulements rocheux et ont bĂąti des entablements de tuf[30].

Cadre géologique et géotechnique

Sur le versant nord, la culĂ©e et les piles 1 et 2 sont fondĂ©es sur les dolomies ; sur le versant sud, la pile 3 est aussi fondĂ©e sur les dolomies, les piles 4 et 5 sont fondĂ©es sur le calcaire argileux, les piles 6 et 7 sont fondĂ©es sur la marne ; la culĂ©e sud est fondĂ©e sur le calcaire. Les fondations de chacune des piles sont constituĂ©es de quatre puits marocains de m de diamĂštre, profonds de m dans les dolomies (P1 Ă  P3) et 17 m dans la marne oĂč leur base a Ă©tĂ© Ă©largie (P4 Ă  P7) ; elles portent des semelles de liaison Ă©paisses de 3 Ă  m ; afin de ne pas Ă©branler aux explosifs les roches fragiles, les puits ont Ă©tĂ© creusĂ©s au brise-roche par passes de 1,5 m et Ă  mesure de l’avancement, leurs parois Ă©taient enduites de bĂ©ton projetĂ© pour Ă©viter l’altĂ©ration ; les culĂ©es en bĂ©ton sont fondĂ©es en fond de fouille des tranchĂ©es d’accĂšs, sur la dolomie au sud et sur le calcaire au nord.

Fondations et semelles

Chaque pile prend appui sur une semelle en bĂ©ton reposant sur quatre puits marocains de 4,50 Ă  5 m de diamĂštre et de 9 Ă  17 m de profondeur. Les puits ont Ă©tĂ© creusĂ©s Ă  l’aide de pelles hydrauliques de type Liebherr 942 Ă©quipĂ©es de brise-roche par passes successives de 1,50 m avec confortement successif en bĂ©ton projetĂ©. Les puits des appuis P4 Ă  P7 ont Ă©tĂ© Ă©largis en partie basse, constituant ainsi une forme de « pattes d’élĂ©phant »[T 1].

Les semelles prĂ©sentent une largeur de 17 m et une longueur de 24,5 m pour une Ă©paisseur variable entre 3 et 5 m. Les volumes de bĂ©ton Ă  mettre en Ɠuvre varient ainsi de 1 100 Ă  2 100 m3. La durĂ©e de bĂ©tonnage a pu atteindre jusqu’à 30 heures[T 1].

L’élĂ©vation de tempĂ©rature du bĂ©ton, liĂ©e Ă  la prise du ciment, a pu ĂȘtre limitĂ©e grĂące au choix d’un ciment Ă  faible dĂ©gagement de tempĂ©rature et Ă  la rĂ©duction de son dosage[T 1]. L’utilisation de fumĂ©e de silice (Ă  raison de 30 kg/m3) a en particulier permis de rĂ©duire ce dosage Ă  300 kg/m3 et de limiter la variation de tempĂ©rature Ă  35 °C, contre 50 °C possibles sans fumĂ©e de silice, ce qui a conduit avec un bĂ©ton Ă  la tempĂ©rature ambiante de 25 °C Ă  une tempĂ©rature maximale de 60 °C qui est le niveau requis pour Ă©viter le risque de rĂ©action sulfatique dans un milieu oĂč il peut y avoir circulation d’eau[T 1] - [24]. Il a par ailleurs Ă©tĂ© calculĂ© que la carbonatation des bĂ©tons des semelles ne dĂ©passera pas 44 mm en 120 ans, Ă©paisseur infĂ©rieure aux 50 mm d’enrobage des aciers mis en Ɠuvre[T 2].

Descriptif des piles

Les piles non pas massives mais creuses, ont Ă©tĂ© dimensionnĂ©es pour rĂ©sister, en exploitation comme en construction, aux charges verticales apportĂ©es par le tablier, aux dĂ©placements de leur tĂȘte sous les effets de dilatation thermique du tablier et aux effets du vent. Dans le sens transversal, la largeur de la pile varie paraboliquement de 27 m[31] Ă  la base Ă  10 m au sommet, pour la pile P2, la plus haute.

Monolithiques Ă  leur base, elles sont dĂ©doublĂ©es sur les 90 mĂštres supĂ©rieurs. Ceci ne rĂ©sulte pas d’une recherche d’esthĂ©tique, mais plutĂŽt de la prise en compte des contraintes auxquelles ces piles sont soumises, en particulier le balancement transversal du tablier pouvant atteindre 60 cm sous l'effet de forts vents ainsi que sa dilatation pouvant entraĂźner un dĂ©placement des piles qui peut atteindre 40 cm[G 1].

Les hauteurs des piles sont variables en fonction de la topographie du site et du profil en long de l’ouvrage[D 7] :

P1 P2 P3 P4 P5 P6 P7
94,501 m 244,96 m 221,05 m 144,21 m 136,42 m 111,94 m 77,56 m

Construction des piles

Une pile en construction.

Un bĂ©ton hautes performances (BHP) B60 a Ă©tĂ© utilisĂ© pour construire les piles. Il a Ă©tĂ© fabriquĂ© par deux centrales Liebherr d’une capacitĂ© nominale de 80 m3/h. Les trente premiers mĂštres des piles ont Ă©tĂ© bĂ©tonnĂ©s Ă  la pompe. Au-delĂ , le bĂ©tonnage des levĂ©es de pile a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© Ă  la benne Ă  l’aide de chacune des grues Ă  tour Potain K5-50C de 65 m de flĂšche et d’une capacitĂ© de 20 tonnes[T 3].

Tous les coffrages extĂ©rieurs progressent vers le haut d’une phase Ă  l’autre, hydrauliquement et sans grue, Ă  l’aide de coffrages auto-grimpants ACS (Automatic Climbing System) Ă©laborĂ©s par la sociĂ©tĂ© PĂ©ri SAS[32] - [Note 5].

Chaque levĂ©e de bĂ©tonnage est faite sur une hauteur de quatre mĂštres. En partie basse des piles, la durĂ©e de bĂ©tonnage rĂ©alisĂ©e Ă  la benne de m3 Ă©tait comprise entre six et sept heures en moyenne. La quantitĂ© de bĂ©ton la plus importante mise en Ɠuvre dans une levĂ©e a Ă©tĂ© de 322 m3 pour la levĂ©e 62 de la pile P2, la plus haute, pour une durĂ©e de bĂ©tonnage de douze heures. En partie haute des piles, le rythme de bĂ©tonnage Ă©tait de 15 Ă  25 m3 par heure[T 3].

ÉlĂ©vation d’un fĂ»t dĂ©doublĂ© avec reprĂ©sentation des cĂąbles de prĂ©contraintes

Les fĂ»ts dĂ©doublĂ©s des piles ont Ă©tĂ© prĂ©contraints sur toute leur hauteur afin de rĂ©duire les efforts de traction extrĂȘmes et donc de retarder et de limiter leur fissuration dans les conditions des Ă©tats limites de service. Cette prĂ©contrainte est faite Ă  l'aide de huit cĂąbles 19T15 Super du procĂ©dĂ© Dywidag[27] - [T 2] : quatre sont ancrĂ©s dans des bossages en saillie juste au-dessus du palier situĂ© Ă  -60 m et quatre autres sont ancrĂ©s dans des bossages en saillie entre les deux paliers de la jonction des jambes Ă  -90 m, juste au-dessus du palier infĂ©rieur.

Les gaines de prĂ©contrainte sont des tubes lisses en acier de diamĂštre 101,6 mm intĂ©rieur. L'enfilage des torons depuis la partie basse du cĂąble n'Ă©tant pas rĂ©alisable, seul l'enfilage par le haut et toron par toron Ă©tait possible. Pour l'enfilage, des prĂ©cautions ont Ă©tĂ© prises au droit des ancrages infĂ©rieurs et supĂ©rieurs pour assurer le maintien des cĂąbles dans leur gaine avant la mise en tension. Cette derniĂšre se fait par l'ancrage actif sur le chevĂȘtre de la pile (ancrage passif en partie basse)[27] - [T 2].

coupe d'un fût dédoublé de pile avec position des cùbles de précontraintes

Une pompe d'injection capable d'injecter les 100 mĂštres de cĂąble depuis l'ancrage bas Ă©tait installĂ©e sur le palier de sĂ©paration des deux fĂ»ts dĂ©doublĂ©s (-100 m environ). Des Ă©vents ont Ă©tĂ© positionnĂ©s au niveau des deux paliers intermĂ©diaires des fĂ»ts dĂ©doublĂ©s afin de mieux contrĂŽler la montĂ©e du coulis et servir Ă©ventuellement de point d'injection en cas de problĂšme[27] - [T 2].

Les appareils d’appuis fixes sur piles (quatre au total par pile soit deux par fĂ»t dĂ©doublĂ©) sont du type Ă  calottes sphĂ©riques prĂ©sentant une surface de glissement en alliage de bronze trĂšs spĂ©cifique. En effet, compte tenu de la taille de ces appareils d’appui, il n’était pas possible de faire reprendre le glissement par le matĂ©riau le plus classique et le plus utilisĂ© Ă  ce jour qu’est le tĂ©flon[T 4].

Construction des culées

Les culĂ©es sont du type creuses d’une largeur de 13 m, plus Ă©troites que le tablier, et munies d’encorbellements latĂ©raux qui prolongent la forme du tablier jusqu’à son entrĂ©e dans le terrain naturel. Le bĂ©ton mis en Ɠuvre est un bĂ©ton B 35G 0/14 dosĂ© Ă  385 kg/m3 de ciment[T 4].

La culĂ©e nord, la plus proche de la zone de la barriĂšre de pĂ©age du viaduc, renferme les locaux techniques nĂ©cessaires Ă  l’exploitation du viaduc. Le tablier repose sur les massifs d’appui de chacune des culĂ©es par l’intermĂ©diaire d’appuis glissants[T 4].

85 000 m3 de bĂ©ton, dont plus de 50 000 de bĂ©ton haute performance, ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour la rĂ©alisation des piles et des culĂ©es, soit au total plus de 205 000 t de bĂ©ton[33].

Descriptif

Coupe du tablier

Le tablier surplombe la vallĂ©e du Tarn Ă  270 m au point le plus haut et relie le causse du Larzac au causse Rouge. Il prĂ©sente une lĂ©gĂšre pente de 3,025 % correspondant Ă  un dĂ©nivelĂ© de 74 mĂštres entre le nord et le sud ; cette pente est destinĂ©e Ă  rassurer l'usager par une meilleure visibilitĂ© ainsi qu'un rayon Ă  plat de 20 km pour crĂ©er l'illusion que le viaduc ne s'arrĂȘte jamais[34].

Le tablier est un caisson fermé et caréné présentant un profil aérodynamique pour pouvoir résister à des vents de plus de 205 km/h[T 1].

Il est constituĂ© d’une dalle orthotrope comme la partie centrale du pont de Normandie[35]. Chacun des 173 Ă©lĂ©ments prĂ©sente une largeur de 27,60 m et une hauteur de 4,20 m. Ils sont constituĂ©s de tĂŽles raidies et de profilĂ©s standardisĂ©s soudĂ©s et boulonnĂ©s. Ces caissons sont prolongĂ©s Ă  chacune de leur extrĂ©mitĂ© d'une corniche de 2,20 m de large, supportant elle-mĂȘme un Ă©cran brise-vent[G 2]. Afin d’éviter ou du moins de ralentir la progression de la corrosion dans le tablier, celui-ci est muni d’un systĂšme de ventilation d’air sec, de plusieurs capteurs d’humiditĂ© et d’un systĂšme de rĂ©cupĂ©ration des eaux de ruissellement efficace[36].

La longueur totale du tablier est de 2 460 m. La masse totale d'acier dĂ©passe les 36 000 tonnes soit environ quatre fois celle de la tour Eiffel (dont la masse totale est de 10 100 tonnes)[D 8] - [34].

Fabrication

Tablier en cours de construction, avec sa structure creuse bien visible

La section transversale du tablier, qui a Ă©tĂ© proposĂ©e par Eiffel, tient compte des possibilitĂ©s de fabrication en usine, de transport et de montage sur site. Elle comprend un caisson central de largeur m et de hauteur 4,20 m ; des panneaux intermĂ©diaires raidis de 3,75 Ă  4,20 m ; deux caissons latĂ©raux de 3,84 m et des bracons (en bleu sur le schĂ©ma ci-dessus) en profilĂ© mĂ©tallique UPN rigidifiant transversalement le tout[T 5].

Les caissons centraux ont été fabriqués par l'entreprise Eiffel dans son usine de Fos-sur-Mer[37], les caissons latéraux ont quant à eux été fabriqués dans l'usine de Lauterbourg, en Alsace[38].

Afin de pouvoir construire les Ă©lĂ©ments dans les dĂ©lais impartis, l’entreprise Eiffel a investi dans des Ă©quipements de trĂšs haute technologie dont en particulier une machine d’oxycoupage Ă  plasma et un robot de soudage Ă  deux tĂȘtes. La machine d’oxycoupage permet de porter trĂšs rapidement la tempĂ©rature du mĂ©lange flamme et oxygĂšne Ă  2 800 degrĂ©s grĂące Ă  l’injection du plasma dans ce mĂ©lange. Le chalumeau ainsi constituĂ©, vĂ©ritable « couteau Ă  mĂ©tal » peut ainsi dĂ©couper avec une prĂ©cision extrĂȘme jusqu’à 1,80 m d’acier Ă  la minute[T 6].

Assemblage et lançage

Le tablier cÎté sud et les palées provisoires en rouge.

L’assemblage des caissons a Ă©tĂ© effectuĂ© sur des chantiers in situ Ă  chaque extrĂ©mitĂ© de l’ouvrage. Ceci a permis d’éviter d’effectuer ces tĂąches en grande hauteur. Celui-ci a demandĂ© 20 mois de travail et mobilisĂ© 150 personnes[39].

C’est par lançage, spĂ©cialitĂ© du Bureau d'Ă©tudes liĂ©geois Greisch (BEG)[Note 6], c'est-Ă -dire par translation avec avancĂ©e dans le vide en porte-Ă -faux, que les Ă©lĂ©ments de tablier ont Ă©tĂ© mis en place. Chaque Ă©lĂ©ment de la longueur d’une demi-travĂ©e, soit 171 m, a ainsi Ă©tĂ© poussĂ© dans le vide grĂące Ă  des translateurs puis liaisonnĂ© avec celui dĂ©jĂ  en place[Note 7]

Pour franchir la premiĂšre demi-travĂ©e entre les appuis de lançage que constituent les piles et les palĂ©es provisoires, les 342 premiers mĂštres du tablier lancĂ© cĂŽtĂ© nord et du tablier lancĂ© cĂŽtĂ© sud ont Ă©tĂ© Ă©quipĂ©s du pylĂŽne dĂ©finitif sans son chapeau supĂ©rieur (P2 au nord et P3 au sud soit une hauteur totale de 70 m) et de six paires de haubans dĂ©finitifs sur les onze que comporte chaque nappe de haubans[T 7].

Il y avait deux translateurs sur les palĂ©es provisoires Ă  l'extrĂ©mitĂ© du viaduc, quatre sur les autres palĂ©es provisoires, quatre translateurs par piles bĂ©ton et six translateurs sur la route de chaque cĂŽtĂ© du viaduc soit un total de 64 translateurs[Note 8]. Ils Ă©taient sĂ©parĂ©s de 4 mĂštres en latĂ©ral et de 21 mĂštres en longitudinal. Les translateurs Ă©taient couplĂ©s par deux et Ă©taient posĂ©s sur huit vĂ©rins simple effet qui servaient Ă  guider le tablier. Sur chaque translateur, il y avait un vĂ©rin de levage de 250 t de poussĂ©e et deux vĂ©rins d'avancement de 60 t de poussĂ©e chacun. Chaque translateur mesure sept mĂštres de long, un mĂštre de haut et pĂšse quatorze tonnes et fonctionnait Ă  sept cents bars de pression. La vitesse d'avancement Ă©tait de 60 cm en quatre minutes, soit de m en une heure et de 171 m en deux jours. Chaque poussĂ©e Ă©tait guidĂ©e par GPS et guidĂ©e laser[40] - [41].

L’écran brise-vent

Une section du brise-vent du viaduc.

Le caisson du tablier est prolongĂ© sur chacun de ses cĂŽtĂ©s par un Ă©cran brise-vent qui contribue Ă  la forme aĂ©rodynamique gĂ©nĂ©rale du tablier et donc Ă  la stabilitĂ© gĂ©nĂ©rale de l’ouvrage et protĂšge les usagers du viaduc des rafales de vent qui pourraient ĂȘtre dangereuses. Le matĂ©riau utilisĂ© est un plexiglas spĂ©cial fabriquĂ© par la sociĂ©tĂ© allemande Degussa, un verre acrylique thermoformable transparent deux fois plus lĂ©ger qu’un verre minĂ©ral utilisĂ© habituellement pour la rĂ©alisation de murs anti-bruit, permettant ainsi de limiter la surcharge du tablier. L’usine autrichienne qui a fabriquĂ© le produit a dĂ» mettre au point des Ă©tuves spĂ©cifiques afin de rĂ©pondre au profil spĂ©cial exigĂ© par l’architecte. Par ailleurs des fils de polyamide transparents anti-fragmentation sont incorporĂ©s Ă  l’intĂ©rieur du matĂ©riau, Ă©vitant ainsi une dispersion des dĂ©bris qui pourraient ĂȘtre particuliĂšrement dangereux en cas de chute 245 mĂštres plus bas[42].

La chaussée

Pour Ă©viter de faire subir Ă  l’ouvrage un poids trop important, le principe d’une fine couche de roulement posĂ©e sur la chape d’étanchĂ©itĂ© de l’ouvrage a Ă©tĂ© retenu. La difficultĂ© consistait Ă  concevoir un complexe Ă©tanchĂ©itĂ©-roulement qui puisse suivre les dĂ©formations du support parfois trĂšs importantes, le protĂ©ger contre la corrosion et assurer les fonctions principales d’une couche de roulement : confort et sĂ©curitĂ©.

Performances attendues

Selon le cahier des charges, cette structure (feuille d’étanchĂ©itĂ© + enrobĂ©) devait satisfaire Ă  des essais trĂšs exigeants portant sur les liants, les granulats et le complexe proprement dit. Un essai particulier, l’essai de flexion sous moment nĂ©gatif ou essai de flexion cinq points, permettait de mesurer la performance de la couche de roulement et du collage de l’étanchĂ©itĂ© sous trafic. Dans le cadre de cet essai, le complexe d’étanchĂ©itĂ© pour une plaque d’acier de 14 mm devait satisfaire les critĂšres suivants : aucune fissure Ă  deux millions de cycles pour une tempĂ©rature de +10 °C, aucune fissure Ă  un million de cycles pour une tempĂ©rature de - 10 °C et aucun dĂ©collement aux interfaces acier-Ă©tanchĂ©itĂ© et Ă©tanchĂ©itĂ© enrobĂ©[26].

Structure

L’entreprise Appia a mis 80 semaines pour Ă©laborer cette structure[43]. Le complexe retenu est du type Ă©pais multicouche et comprend un vernis de protection et de collage, une couche d’étanchĂ©itĂ© par feuilles et une couche de roulement[26] :

Couche Produit Fournisseur Épaisseur/Dosage
RoulementOrthochapeAppia70 mm
ÉtanchĂ©itĂ©Parafor PontsSiplastmm
VernisSiplast PrimerSiplast100 Ă  150 g/m2

Bien que d’une Ă©paisseur extrĂȘmement faible par rapport Ă  une chaussĂ©e classique, 74 mm, l’ensemble pĂšse malgrĂ© tout 13 000 tonnes[42].

La chape d’étanchĂ©itĂ©

La chape d'Ă©tanchĂ©itĂ© Parafor Ponts est fabriquĂ©e par la sociĂ©tĂ© Siplast-Icopal[44]. Elle est constituĂ©e par une feuille prĂ©fabriquĂ©e Ă  base de bitume modifiĂ© par un polymĂšre SBS avec une armature en non-tissĂ© de polyester. Elle comporte une protection de surface en granulĂ©s cĂ©ramique. Elle est soudĂ©e Ă  chaud (en gĂ©nĂ©ral au chalumeau ou par des cylindres chauffants) sur le support prĂ©alablement prĂ©parĂ©[45]. PrĂ©alablement Ă  l’application du procĂ©dĂ© d’étanchĂ©itĂ©, la tĂŽle de platelage a Ă©tĂ© soumise Ă  un dĂ©capage mĂ©canique par grenaillage, puis le vernis a Ă©tĂ© Ă©talĂ© manuellement immĂ©diatement aprĂšs pour Ă©viter le retour de l’oxydation de la tĂŽle de platelage. Le soudage de la feuille d’étanchĂ©itĂ© bitumineuse a ensuite Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par la sociĂ©tĂ© Sacan qui a utilisĂ© deux machines spĂ©ciales.

L’enrobĂ©

L’enrobĂ© retenu aprĂšs essais pour la couche de roulement est un bĂ©ton bitumineux 0/10 mm de granulomĂ©trie continue (BBSG 0/10) avec 6 % de teneur en vides et 5,8 % de bitume (par rapport au poids sec des granulats). Il a Ă©tĂ© dĂ©nommĂ© par la suite Orthochape. Le liant qui entre dans sa composition est un bitume modifiĂ© par des polymĂšres type SBS, dĂ©nommĂ© OrthoprĂšne. Les granulats utilisĂ©s sont des amphibolites de la carriĂšre d’Arvieu et ayant de bonnes propriĂ©tĂ©s mĂ©caniques[26].

La fabrication, le transport et la mise en Ɠuvre de l’enrobĂ© Orthochape n’ont pas nĂ©cessitĂ© l’utilisation de matĂ©riel spĂ©cifique. Le liant a Ă©tĂ© fabriquĂ© Ă  l’usine de Corbas (Lyon) et transportĂ© sur le chantier par camions. La fabrication des enrobĂ©s Ă©tait assurĂ©e par deux postes mobiles (TSM 17 et TSM 21) installĂ©s au nord de l’ouvrage. L’atelier de mise en Ɠuvre Ă©tait composĂ© d’un alimentateur d’enrobĂ© Franex, d’un finisseur grande largeur ABG 525 (Ă©quipĂ© d’une trĂ©mie de rĂ©ception et de deux poutres de 15 m) et d’un finisseur Vogele 1900 pour la BAU[26]. L’enrobĂ© a Ă©tĂ© mis en Ɠuvre Ă  la tempĂ©rature de 170 °C.

La compacitĂ© est un Ă©lĂ©ment essentiel pour l’obtention des performances mĂ©caniques d’un enrobĂ©. Dans le cas de l’Orthochape, vu son mode de sollicitation mĂ©canique, cet Ă©lĂ©ment est prĂ©pondĂ©rant pour la pĂ©rennitĂ© de la couche de roulement. Un objectif de 94 % de compacitĂ© a Ă©tĂ© fixĂ© pour garantir les performances mĂ©caniques de l’enrobĂ©. L’atelier de compactage Ă©tait composĂ© de cylindres Ă  double bille vibrants Bomag du type BW 180 AD. Dans un souci d’ordre esthĂ©tique, trois petits cylindres BW 120 assuraient l’effacement des Ă©ventuelles traces de mise en Ɠuvre[26].

Descriptif

ÉlĂ©vation d’un pylĂŽne

Les sept pylĂŽnes ont la forme d’un V renversĂ©. Hauts de 88,92 m et pesant environ 700 tonnes, ils prennent appui sur les piles. Chacun d'entre eux permet l'ancrage de onze paires de haubans qui assurent ainsi le soutien du tablier[G 3].

Le pylĂŽne de la pile P2 culmine Ă  343 m au-dessus du sol[39].

Dans un pont Ă  une seule travĂ©e haubanĂ©e, les efforts transmis aux appuis via les pylĂŽnes sont verticaux. Dans le cas d’un viaduc multihaubanĂ©, il en va autrement. En effet, le fait qu’une travĂ©e soit chargĂ©e et pas les autres induit une dissymĂ©trie dans la rĂ©partition des efforts. Les haubans tirent sur les pylĂŽnes qui, s'ils ne prĂ©sentent aucune rigiditĂ© propre, entraĂźnent les travĂ©es adjacentes dans leur mouvement. Seule la rigiditĂ© propre du tablier est alors mobilisĂ©e et le haubanage s'avĂšre trĂšs peu efficace[G 3].

Pour Ă©viter un Ă©paississement du tablier, trĂšs prĂ©judiciable Ă  l’ouvrage car la charge totale en serait trĂšs fortement accrue, seul un ancrage du pylĂŽne sur la pile permet d’obtenir un ensemble rigidifiĂ© pouvant supporter ces efforts transversaux. L’évidement du haut de la pile et, par voie de consĂ©quence, la forme en V renversĂ© du pylĂŽne avec une largeur en pied de 15,5 m, rĂ©sultent d’un compromis entre ce choix de rigidification et de la volontĂ© d’éviter d’avoir des piles et pylĂŽnes trop massifs[G 3].

Fabrication et mise en place

Les pylĂŽnes mĂ©talliques ont Ă©tĂ© fabriquĂ©s dans l’usine Munch, filiale d’Eiffel Ă  Frouard. Les Ă©lĂ©ments de pylĂŽne rĂ©alisĂ©s en atelier selon le mĂȘme principe que les Ă©lĂ©ments du tablier ont Ă©tĂ© livrĂ©s sur chantier par convois routiers exceptionnels en Ă©lĂ©ments de longueur infĂ©rieure Ă  douze mĂštres. Le poids maximal d’un Ă©lĂ©ment Ă©tait de 75 t[T 7].

La mise en place s'est faite en deux temps : l'Ă©lĂ©vation d'un pylĂŽne sur le premier Ă©lĂ©ment de tablier lancĂ© puis le levage des autres aprĂšs finition du tablier. Ainsi sur le premier Ă©lĂ©ment de tablier lancĂ© Ă©tait dĂ©jĂ  fixĂ© un pylĂŽne arrimĂ© par cinq haubans d’un cĂŽtĂ© et six de l’autre. Au fur et Ă  mesure du poussage du tablier, le premier Ă©lĂ©ment avançait donc avec son pylĂŽne fixĂ©[T 7].

Dix-huit opĂ©rations de lançage ont Ă©tĂ© nĂ©cessaires pour joindre les deux parties du viaduc. Ce n’est qu’aprĂšs la jonction au-dessus du Tarn, fin mai 2004, que les autres pylĂŽnes ont Ă©tĂ© amenĂ©s Ă  demeure par des chariots automoteurs puis Ă©levĂ©s[T 7].

Descriptif

Coupe d'un hauban Ă  91 monotorons, plus gros des haubans du viaduc

Chaque travĂ©e est supportĂ©e par une nappe centrale en forme d’éventail de onze paires de haubans ancrĂ©s dans les structures mĂ©talliques du tablier et des pylĂŽnes. Il y a sept pylĂŽnes et donc 154 haubans[G 4].

Ces haubans, fabriquĂ©s par la sociĂ©tĂ© Freyssinet, sont constituĂ©s de faisceaux de monotorons parallĂšles, chaque monotoron Ă©tant lui-mĂȘme un assemblage de sept fils Ă©lĂ©mentaires. Chaque hauban comporte 45 Ă  91 torons de 150 mm2 de section. La rĂ©sistance d'un hauban peut ainsi varier de 12 500 Ă  25 000 kN[T 8]. Le hauban Freyssinet HD, qui peut comprendre de 1 Ă  169 torons, repose dans son principe sur l’indĂ©pendance de chacun de ces Ă©lĂ©ments Ă  tous les niveaux : ancrage, protection contre la corrosion, installation, mise en tension voire remplacement. C’est ce qui a conduit Ă  le prĂ©fĂ©rer aux haubans classiques livrĂ©s prĂ©fabriquĂ©s, mais qui, en cas de dĂ©fectuositĂ©, doivent ĂȘtre changĂ©s dans leur ensemble[46].

Fabrication

Nappe axiale de haubans.

Les fils Ă©lĂ©mentaires, constituant un toron de 15,7 mm de diamĂštre, sont galvanisĂ©s Ă  chaud avant leur dernier trĂ©filage. Ils sont assemblĂ©s dans une gaine en polyĂ©thylĂšne Ă  haute densitĂ© (PEHD) pour former un monotoron. Celui-ci est ensuite injectĂ© avec une cire Ă  raison d’au moins 12 g/m3[47].

Les monotorons sont assemblĂ©s parallĂšlement, sans remplissage intermĂ©diaire, pour constituer un hauban. L'ensemble est entourĂ© d’un gainage extĂ©rieur en polyĂ©thylĂšne. Cette gaine constitue une barriĂšre anti-UV et comporte Ă  sa surface des spirales discontinues afin de lutter contre les vibrations dues Ă  l’effet combinĂ© de la pluie et du vent[T 8].

Mise en place

Sur chacun des pylĂŽnes P2 et P3, 12 haubans ont d’abord Ă©tĂ© utilisĂ©s comme cĂąbles de lançage supportant le porte-Ă -faux du tablier, et, sous l’effet des dĂ©formations du tablier, ont Ă©tĂ© successivement mis en tension, lorsque le tablier abordait les palĂ©es et les piles, puis dĂ©tendus. Afin de limiter et de contrĂŽler les dĂ©formations angulaires qu’ils subissaient au niveau des ancrages, ils Ă©taient Ă©quipĂ©s sur les pylĂŽnes et le tablier de selles de dĂ©viation spĂ©ciales[46].

Afin de pouvoir rĂ©aliser les dĂ©tensions nĂ©cessaires sur certains haubans pendant certaines phases de lançage, ceux-ci ont nĂ©cessitĂ© des courses de rĂ©glage importantes allant jusqu’à 900 mm[T 8].

Les variations de tension dans l’ouvrage en cours de construction Ă©taient trĂšs importantes. Pour Ă©viter les risques de vibration des haubans peu tendus, des aiguilles provisoires de 40 mm de diamĂštre en chanvre ont Ă©tĂ© disposĂ©es. Les aiguilles ont Ă©tĂ© tendues puis dĂ©tendues au fur et Ă  mesure de la progression du tablier, en fonction des besoins pour empĂȘcher les haubans de vibrer. Les plus longs haubans mis en Ɠuvre ont une longueur totale de 180 m et pĂšsent environ 25 tonnes[T 8].

L’installation Ă©lectrique

Les installations Ă©lectriques du viaduc sont assez importantes et proportionnelles Ă  l'immense ouvrage. Ainsi, le pont possĂšde 30 km de cĂąbles Ă  courant fort, 20 km de fibres optiques, 10 km de cĂąbles Ă  courant faible et 357 prises tĂ©lĂ©phoniques, pour permettre aux Ă©quipes d'entretien de communiquer entre elles et avec le poste de commandement, oĂč qu'elles se trouvent dans le tablier, les piles et les pylĂŽnes. Les donnĂ©es, centralisĂ©es dans un premier temps au niveau de la culĂ©e C0, sont ensuite acheminĂ©es au PC de surveillance de la barriĂšre de pĂ©age[48]. À la moindre anomalie, une alarme se dĂ©clenche dans la salle de supervision et des procĂ©dures d'intervention sont alors activĂ©es[49].

Capteurs destinĂ©s Ă  la surveillance de l’ouvrage

Par ailleurs de nombreux capteurs sont disposĂ©s Ă  de multiples endroits de l'ouvrage afin de dĂ©tecter le moindre mouvement ou la moindre anomalie. Les dĂ©placements du tablier au niveau des culĂ©es sont ainsi surveillĂ©s au millimĂštre prĂšs, de mĂȘme que les dĂ©placements des semelles par rapport aux puits marocains ou le vieillissement des haubans[48]. Le tablier mĂ©tallique est dotĂ© de plusieurs capteurs d’humiditĂ© afin de vĂ©rifier que l’hygromĂ©trie de l’air ne favorisera pas la corrosion[36] et d’accĂ©lĂ©romĂštres qui contrĂŽlent les phĂ©nomĂšnes oscillatoires qui peuvent survenir sur les tabliers des ponts[50]. Les piles, soumises Ă  d’importants efforts mĂ©caniques, notamment en cas de vents forts, sont Ă©quipĂ©es d’extensomĂštres pouvant mesurer des mouvements au micromĂštre prĂšs et capables de faire jusqu’à cent mesures par seconde. La semelle de la pile P2, trĂšs sollicitĂ©e, est Ă©quipĂ©e de douze extensomĂštres Ă  fibre optique et des extensomĂštres Ă©lectriques sont rĂ©partis sur toute la longueur des piles P2 et P7[50].

Ces nombreux capteurs alimentent le systÚme de « contrÎle de santé intégré » de l'ouvrage.

Capteurs destinés au trafic automobile

De plus, deux capteurs piĂ©zoĂ©lectriques sĂ©parĂ©s par une boucle de comptage recueillent de multiples donnĂ©es concernant le trafic : poids des vĂ©hicules, vitesse moyenne, densitĂ© du flux de circulation, etc. Ce systĂšme est capable de distinguer 14 types de vĂ©hicules diffĂ©rents[48].

Sur le plan de la sĂ©curitĂ©, un systĂšme de dĂ©tection automatique d’incident (DAI) permet aux opĂ©rateurs d’ĂȘtre alertĂ©s sur toute anomalie, comme un vĂ©hicule qui s’immobiliserait sur l’ouvrage ou la prĂ©sence de tout objet suspect sur la chaussĂ©e[51] - [52].

En cas d'accident majeur, un plan de secours spĂ©cialisĂ© destinĂ© Ă  l’ouvrage a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© par la prĂ©fecture de l’Aveyron. Il prĂ©voit les moyens d’intervention sur l’ouvrage et leur organisation[51].

Aménagements connexes

La barriÚre de péage

C'est sur le causse Rouge Ă  quatre kilomĂštres au nord du viaduc, prĂšs du village de Saint-Germain, que se situe l'unique barriĂšre de pĂ©age de l'A75 (en dehors de celle de BĂ©ziers avant de rejoindre l'autoroute A9) et les bĂątiments rĂ©servĂ©s Ă  l’équipe d’exploitation commerciale et technique. Ces installations sont situĂ©es sur la commune de Millau[53].

La barriĂšre de pĂ©age comportait Ă  la mise en service 14 voies[54]. Un tel amĂ©nagement permet d’absorber 35 000 vĂ©hicules par jour sans ralentissements, suffisant donc pour Ă©couler les 28 000 vĂ©hicules prĂ©vus par jour, hors jour de forte affluence[29]. En cas de faible affluence, la cabine centrale a Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©e pour gĂ©rer le passage des vĂ©hicules dans les deux directions[53].

Cet ouvrage a Ă©tĂ© conçu par l’architecte Michel Herbert[55]. L'auvent de la barriĂšre de pĂ©age se prĂ©sente sous la forme d’un voile de 100 m de long sur 28 m de large Ă  la gĂ©omĂ©trie complexe et d’une finesse extrĂȘme, variant de 20 Ă  85 cm d’épaisseur. Il est composĂ© de 53 voussoirs rĂ©alisĂ©s avec un BĂ©ton FibrĂ© ultra-hautes performances (BFuhp) mis au point par Eiffage TP[56], en collaboration avec Sika, l’un des spĂ©cialistes mondiaux de la chimie du bĂ©ton[57]. Ce bĂ©ton prĂ©sente des performances exceptionnelles puisque les rĂ©sistances maximales sont de 200 MPa en compression et de 45 MPa en flexion[58] - [Note 9].

Extension de la barriÚre de péage

À la suite des bouchons produits par le grand chassĂ©-croisĂ© des vacanciers pendant le mois d'aoĂ»t 2005, le concessionnaire a souhaitĂ© agrandir la barriĂšre de pĂ©age en la portant de 14 Ă  18 voies (deux voies nouvelles de chaque cĂŽtĂ©)[59].

Les Ă©tudes d'avant-projet et le suivi des travaux ont Ă©tĂ© confiĂ©s Ă  la sociĂ©tĂ© Setec TPI[60]. Avec ce nouvel amĂ©nagement, une configuration en 11 + 7, c'est-Ă -dire 11 voies de pĂ©ages ouvertes dans un sens et 7 dans l’autre, peut ĂȘtre retenue lors des pics maximums et ainsi absorber un trafic de 3 000 vĂ©hicules par heure, trafic horaire maximum possible pour une autoroute Ă  2 Ă— 2 voies[29] - [59].

Les travaux ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s entre le 31 janvier et la mi-juin 2006[59]. Afin d'amĂ©liorer l'adaptabilitĂ© du dispositif aux variations de trafic par sens de circulation, trois cabines ont Ă©tĂ© reprofilĂ©es pour pouvoir accueillir les automobilistes dans les deux sens. En outre des cabines ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es lĂ  oĂč il n’y avait que des bornes automatiques. Le coĂ»t de ces travaux s'est Ă©tabli Ă  4,2 millions d’euros[61] - [59].

Aire de repos de Brocuéjouls

L'aire de repos de BrocuĂ©jouls est inaugurĂ©e par Mme Chantal Jourdan, prĂ©fet de l'Aveyron, le vendredi 30 juin 2006, Ă  l'issue de sept mois de travaux[62]. Le coĂ»t de ces travaux s'Ă©tablit Ă  5,8 millions d'euros : 4,8 millions d'euros de crĂ©dits d'État pour la rĂ©alisation de l'aire (voirie d’accĂšs, parkings, aire de repos, sanitaires
)[62] ; 1 million d'euros pour la restauration des bĂątiments de la ferme de BrocuĂ©jouls (ensemble des deux tranches)[62].

La ferme de Brocuéjouls et ses abords immédiats pourront accueillir des actions d'animation et de promotion touristique[62].

  • L'aire de repos de BrocuĂ©jouls.
    L'aire de repos de Brocuéjouls.

Espace Info Viaduc

Le centre d'informations avec expositions et tours guidés se trouve cÎté sud, accessible par Millau et Creissels. Un accÚs direct de l'autoroute n'est pas possible.

Exploitation de l’ouvrage

Trafic

Le trafic prĂ©visionnel Ă  deux ans Ă©tait estimĂ©, avant mise en service, Ă  10 000 vĂ©hicules par jour avec 10 % de poids lourds, 25 000 vĂ©hicules en Ă©tĂ©, et il Ă©tait prĂ©vu un rythme de croissance de 3 % par an sur quinze ans[63]. Le dimensionnement initial de la barriĂšre de pĂ©age a ainsi Ă©tĂ© fait dans un premier temps pour pouvoir assimiler un flot n’excĂ©dant pas 28 000 vĂ©hicules par jour sans ralentissement[29].

En 2005 et 2006, environ 4 300 000 vĂ©hicules ont franchi le viaduc, soit en moyenne un peu moins de 12 000 vĂ©hicules par jour. À la suite du pic de trafic de 50 018 vĂ©hicules du 31 juillet 2005 ayant gĂ©nĂ©rĂ© plus de 12 km d'embouteillages, la Compagnie Eiffage a construit 4 voies de pĂ©ages supplĂ©mentaires portant le nombre de 14 Ă  18. Ces gares nouvelles ont Ă©tĂ© mises en service en juin 2006[64] - [65]. 4 532 485 vĂ©hicules ont franchi le viaduc en 2007[66] et 4 670 449 en 2008. Le 10 000 000e usager a Ă©tĂ© enregistrĂ© le 9 mai 2007[67] et le 18 millioniĂšme le 20 dĂ©cembre 2008[68]. Le 3 octobre 2009, le 22 millioniĂšme vĂ©hicule traverse le viaduc[69]. Le 23 juillet 2010, la barre symbolique du 25 millioniĂšme vĂ©hicule est franchie[70].

Le vendredi 22 juillet 2011, c'est le 30 millioniĂšme vĂ©hicule qui franchit le Viaduc de Millau. Le 16 dĂ©cembre 2012, le cap des 37 millions de vĂ©hicules est franchi[71].

Globalement, les trafics annuels constatés sont en 2013 largement en avance sur les prévisions :

Année Trafic tous véhicules Trafic moyen journalier Pic de trafic Poids lourds
Trafic annuel Taux
d’évolution (%)
Réel Prévision Nombre Date Nombre Taux
d’évolution (%)
2005[29]10 00050 01830 juillet
20064 347 930[65]11 912[65]10 30053 795[65]12 aoĂ»t[65]326 821[65]
20074 532 485[66]4,2412 418[66]10 60954 281[66]18 aoĂ»t[66]362 77211
20084 670 449[68] 3,0412 760[68]10 92758 826[68]2 aoĂ»t[68]392 048[68]8,07
20094 706 438[69] 0,7712 894[69]11 25562 279[69]1er aoĂ»t[69]369 462[69]-5,76
20104 753 503[72]1,0013 023[72]11 59362 931[72]31 juillet[72]385 000[72]4,1
20114 815 299[73]1,3013 193[73]11 941344 000[73]-10,7
20124 723 808[74]-1,912 906[74]12 30063 500[74]18 aoĂ»t[74]325 000[73]-3,7
2013 4 703 669[75] -0.3 11 800 12 667 63 121[76] 22 juillet [76] -2.0
2014 12 000 13 048
2015 13 439
2016 4 998 862 13 695 13 842 65 828 13 aoĂ»t
2017 5 millions 14 257
2018 5 172 971[77] 15 000 14 999 75 000 Mi-aoĂ»t 400 000[78]

Fréquentation

En tant que destination touristique, le viaduc fait l'objet d'une fréquentation non négligeable :

  • En 2010, il a reçu 1 161 000 visiteurs[79].
  • En 2011, il a reçu 1 153 000 visiteurs[79].
  • En 2012, il a reçu 1 135 000 visiteurs[79].
  • En 2013, il a reçu 1 079 754 visiteurs[79].
  • En 2014, il a reçu 1 087 452 visiteurs[79].

PĂ©age

Les tarifs de péage perçus par le concessionnaire sont fixés chaque année dans le cadre de plans quinquennaux approuvés par les deux signataires de la convention, en application de formules de révision définies à l'article 25 de cette convention[2].

Cinq classes de péage sont définies[80] :

  • classe 1 : vĂ©hicules lĂ©gers – hauteur infĂ©rieure ou Ă©gale Ă  2 mĂštres et poids total en charge (PTAC) infĂ©rieur ou Ă©gal Ă  3,5 tonnes ;
  • classe 2 : vĂ©hicules intermĂ©diaires – hauteur comprise entre 2 et 3 mĂštres et poids total en charge (PTAC) infĂ©rieur ou Ă©gal Ă  3,5 tonnes ;
  • classe 3 : poids lourds 1 – vĂ©hicules Ă  2 essieux hauteur supĂ©rieure Ă  3 mĂštres et poids total en charge (PTAC) supĂ©rieur Ă  3,5 tonnes ;
  • classe 4 : poids lourds 2 – plus de 2 essieux ;
  • classe 5 : motos.

Pour chacune d'elles, un tarif de base, applicable en Ă©tĂ©, est dĂ©fini pour la mise en service. Il est ensuite rĂ©visĂ© le 1er fĂ©vrier de chaque annĂ©e, suivant une formule faisant intervenir l’indice des prix Ă  la consommation hors tabac. Le tarif hors Ă©tĂ© se dĂ©duit du tarif de base par rĂ©faction d’un certain pourcentage. À compter de l'Ă©tĂ© 2016, le tarif d'Ă©tĂ© est applicable du 15 juin au 15 septembre[81], auparavant il Ă©tait applicable uniquement du 1er juillet au 31 aoĂ»t.

Les tarifs appliqués depuis la mise en service ont évolué comme suit[82] :

Année classe 1
véhicules légers
classe 2
véhicules intermédiaires
classe 3
2 essieux
> 3,5 tonnes
classe 4
3 essieux
et plus
classe 5
motos
hors été
(en €)
été
(en €)
hors été
(en €)
été
(en €)
(en €) (en €) (en €)
20054,96,5
2007[83]5,47,08,110,619,4
2008[84]5,6[82]7,4[82]8,51120,2
2009[85]6[82]7,7911,621,3
2010[86]6,17,99,211,821,7
2011[87]6,48,29,612,322,5
2012[88]6,78,610,112,823,531,24,3
2013[89]78,910,513,324,432,44,4
2014[90]7,39,110,913,725,133,44,6
2015[91]7,59,411,21425,734,24,7
2016[92]7,89,811,614,626,734,84,8
2017[93]8,010,112,015,127,435,74,9
2018[94]8,310,412,415,628,236,75,1
2019[95]8,610,812,916,129,337,65,3
2020[96]8,911,013,316,530,038,05,4
2021[97]911,213,616,830,438,65,5
2022[98]9,511,714,217,531,840,35,7

Vitesse maximale autorisée

La vitesse maximale autorisĂ©e, initialement fixĂ©e Ă  130 km/h comme sur toute autoroute, a Ă©tĂ© ramenĂ©e en juin 2005 Ă  110 km/h, pour Ă©viter des accidents. De trop nombreux automobilistes ralentissaient en effet au droit du viaduc pour tenter de voir le paysage et l'ouvrage[99]. L'arrĂȘtĂ© a Ă©tĂ© pris par le prĂ©fet le 31 mai 2005, mais n'a Ă©tĂ© applicable qu'aprĂšs la pose des panneaux[100] - [59].

Maintenance

La maintenance de l’ouvrage, bien plus qu'un simple entretien, vise Ă  vĂ©rifier pĂ©riodiquement le viaduc afin d’en apprĂ©cier l’état de dĂ©gradation et de planifier des rĂ©parations. L’état rĂ©fĂ©rentiel, ou « point zĂ©ro », premier Ă©tat des lieux complet de chaque Ă©lĂ©ment du viaduc a Ă©tĂ© effectuĂ© de mi-octobre Ă  mi-dĂ©cembre 2005. Il sert de comparatif lors des inspections annuelles et tri-annuelles de certains Ă©lĂ©ments de l’ouvrage et lors de l’inspection complĂšte qui a lieu tous les six ans. L’inspection de la sous-face du tablier est menĂ©e grĂące Ă  une nacelle nĂ©gative[101], l’extĂ©rieur des piles et des pylĂŽnes a Ă©tĂ© vĂ©rifiĂ© grĂące Ă  des camĂ©ras trĂšs puissantes et l’intĂ©rieur du viaduc par des techniciens[102].

Impacts sur le milieu local

Vue d'ensemble.

Sur l'environnement

Le viaduc passe entiĂšrement au-dessus de la vallĂ©e du Tarn du causse Rouge au causse du Larzac. Il traverse la route dĂ©partementale 992 Albi-Millau, le Tarn, la voie ferrĂ©e de la ligne des causses et la route dĂ©partementale 41 Millau-Peyre. Le tracĂ© respecte les sites naturels majeurs, paysages exceptionnels situĂ©s au confluent des vallĂ©es de la Dourbie et du Tarn, tout en assurant une desserte facile de l’agglomĂ©ration de Millau.

Le viaduc de Millau et l'A75 vus depuis 7000 m d'altitude. On distingue également le viaduc de VerriÚres tout en haut de la photo. L'ouest de la ville de Millau est à droite et on aperçoit le village de Saint-Georges-de-Luzançon sur la gauche de la photo.

Au-delĂ  du souci esthĂ©tique et de bonne intĂ©gration dans le paysage diurne, les solutions techniques retenues (tablier mĂ©tallique fin et piles en bĂ©ton) ont permis d'allĂ©ger les structures porteuses et donc les impacts indirects liĂ©s au chantier et Ă  la consommation de ressources en amont. De mĂȘme, conformĂ©ment aux prĂ©conisations de l'Ă©tude d'impact sur l'environnement, tout au long de la construction, des dispositions ont Ă©tĂ© prises afin de minimiser l'impact sur les localitĂ©s voisines et le milieu ambiant. Ainsi, une rĂ©duction des travaux sur site (prĂ©fabrication en usine d’élĂ©ments du tablier) a permis une diminution des volumes de matĂ©riaux Ă  mettre en Ɠuvre sur place par rapport Ă  une solution tout bĂ©ton. Moins d’engins, moins de camions, moins d’agrĂ©gats Ă  transporter ont rĂ©duit les nuisances pour les populations concernĂ©es par le trafic propre au chantier[6] - [103].

Des dispositifs ont Ă©galement Ă©tĂ© prĂ©vus pour retraiter les eaux utilisĂ©es par le chantier afin d’éviter une pollution du sol[6]. La gestion des dĂ©chets du chantier a Ă©tĂ© aussi une autre composante du plan d'assurance qualitĂ© accompagnant toute la phase de construction. Le mĂȘme souci perdure aprĂšs la mise en service de l’ouvrage, puisque sont intĂ©grĂ©s dans la structure plusieurs moyens permanents de rĂ©cupĂ©ration et de traitement des eaux pluviales et des rĂ©sidus de nettoyage des voiries[6] - [103].

Sur le tourisme local

L’ouvrage connaĂźt un trĂšs franc succĂšs en matiĂšre de frĂ©quentation touristique : lors de sa seule construction, plus de 500 000 personnes se sont dĂ©placĂ©es pour l'admirer. Aujourd'hui, l'affluence record aux points de vue panoramiques sur le pont, comme celui de la descente de la RN9 sur Millau ou encore celui de l'aire de BrocuĂ©jouls qui a Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©e en aire de repos pour l'A75, est notable. Les produits dĂ©rivĂ©s sont rapidement apparus dans les commerces du centre de la ville et mĂȘme dans tout l'Aveyron et les dĂ©partements voisins du Cantal, de la LozĂšre et de l'HĂ©rault[104].

Le viaduc a Ă©galement une forte influence sur la frĂ©quentation des sites qui lui sont proches. Par exemple, les caves de Roquefort et le site de Micropolis, la citĂ© des insectes Ă  Saint-LĂ©ons ont vu le nombre de leurs visiteurs croĂźtre rapidement aprĂšs sa mise en service. De mĂȘme, la restauration et l'hĂŽtellerie millavoises ont vu leur chiffre d'affaires augmenter grĂące Ă  « l'effet viaduc », malgrĂ© leurs craintes d'origine, en particulier la dĂ©sertification du centre-ville[104].

Le viaduc de Millau et le pays millavois ont Ă©tĂ© reconnus par le Conseil rĂ©gional des Midi-PyrĂ©nĂ©es comme l'un des 18 Grands Sites de Midi-PyrĂ©nĂ©es pour leur patrimoine culturel, technique et industriel et leur capacitĂ© d'accueil touristique[105].

Sur le tissu Ă©conomique local

L'achÚvement du viaduc de Millau[106] en 2004 a permis d'accélérer l'importance de l'axe car les bouchons autour de Millau en été étaient un frein important à son utilisation.

La construction du viaduc s’est accompagnĂ©e d’un nouvel Ă©lan dans le domaine du dĂ©veloppement Ă©conomique. Une zone d’activitĂ©s reprĂ©sentant quatre-vingt-dix permis de construire a ainsi vu le jour Ă  Millau. Deux parcs d’activitĂ©s ont de mĂȘme Ă©tĂ© crĂ©Ă©s, Ă  SĂ©vĂ©rac-le-ChĂąteau et sur le Larzac, Ă  la Cavalerie[107]. En 2005, cette derniĂšre Ă©tait dĂ©jĂ  presque complĂštement occupĂ©e[108]. En outre la situation gĂ©ostratĂ©gique du sud du dĂ©partement conjuguĂ©e avec l’artĂšre que constitue l’autoroute A75, sont autant d'atouts qui peuvent attirer de nombreuses sociĂ©tĂ©s Ă  vocation europĂ©enne, particuliĂšrement dans le domaine de la logistique[108].

Le viaduc a aussi eu un effet Ă©conomique positif sur la rĂ©gion aveyronnaise dĂ©senclavĂ©e par le viaduc et l'autoroute A75. Ainsi, l'activitĂ© d'« Aveyron Expansion », l'agence Ă©conomique du conseil gĂ©nĂ©ral de l'Aveyron, a augmentĂ© de 40 %, et de nombreuses entreprises ont profitĂ© du dĂ©senclavement pour s'implanter dans le dĂ©partement[109]. À titre d'exemple, le marchĂ© au bĂ©tail de Laissac, situĂ© Ă  60 km du viaduc a ainsi vu son activitĂ© augmenter et est devenu le premier marchĂ© du sud de la France[110].

  • Le viaduc de Millau et la ville de Millau Ă  droite.
    Le viaduc de Millau et la ville de Millau Ă  droite.

Notoriété et manifestations

Records

L’ouvrage dĂ©tient quatre records du monde[D 9] :

  • le tablier haubanĂ© le plus long au monde (2 460 m), devant celui du pont Rion-Antirion qui franchit le golfe de Corinthe en GrĂšce ;
  • la pile la plus haute du monde : les piles P2 et P3, avec des hauteurs respectives de 244,96 et 221,05 mĂštres, dĂ©passent l’ancien record de France dĂ©tenu par les viaducs de Tulle et de VerriĂšres (141 m) et le record du monde dĂ©tenu prĂ©cĂ©demment par le viaduc de Kochertal (Allemagne) qui culmine Ă  181 mĂštres[24] ;
  • le pylĂŽne le plus haut du monde pour un pont routier : le haut du pylĂŽne surplombant la pile P2 culmine Ă  343 m au-dessus du sol[111], soit 13 mĂštres de plus que la hauteur de la Tour Eiffel ;
  • la plus grande portĂ©e Ă  franchir lors du lançage d'un tablier de pont : 171 m[111].


Il possĂšde le cinquiĂšme tablier routier le plus haut du monde avec 270 m Ă  son point le plus haut par rapport au sol, aprĂšs le Pont du Beipanjiang chinois (565 m), le pont du Siduhe chinois (496 m), le pont de Baluarte mexicain (403 m) et le pont du Balinghe chinois (370 m).

RĂ©compenses

Le viaduc de Millau a reçu les récompenses suivantes :

  • le prix Environmental Design and Architecture Award 2005, dĂ©cernĂ© par la fondation britannique « Design & Art Direction[112] » ;
  • le prix Outstanding Structure Award de l'annĂ©e 2006, dĂ©cernĂ© par l'International Association for Bridge and Structural Engineering (Association internationale des ponts et structures). Ce prix a Ă©galement Ă©tĂ© attribuĂ© au musĂ©e Guggenheim de Bilbao (Espagne) et au Stade de France Ă  Saint-Denis (France)[113] - [114].
  • la mĂ©daille Gustav Lindenthal dĂ©cernĂ©e par l'Engineers' Society of Western Pennsylvania lors de la ConfĂ©rence internationale sur les ponts de 2005 pour une rĂ©alisation exceptionnelle prĂ©sentant une harmonie avec l'environnement, des qualitĂ©s esthĂ©tiques et une concertation rĂ©ussie[115].

Notoriété internationale

La construction de cet ouvrage a suscitĂ© l’intĂ©rĂȘt de divers pays, tant sur le plan technique que pour le montage de l’opĂ©ration. Ainsi le ministre chinois des transports a visitĂ© le viaduc lors du premier anniversaire de sa mise en service. La dĂ©lĂ©gation s'est intĂ©ressĂ©e aux prouesses techniques accomplies par la sociĂ©tĂ© Eiffage pour rĂ©aliser cet ouvrage monumental, mais Ă©galement au montage juridique et financier du viaduc dont il n'est pas prĂ©vu, toutefois, selon le ministre, de construire une rĂ©plique en rĂ©publique populaire de Chine[116].

De mĂȘme, le cabinet du gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger, qui envisageait la construction d'un pont dans la baie de San Francisco, a demandĂ© des conseils Ă  la mairie de Millau sur le consensus de la population lors de la construction du viaduc[117] - [118].

  • Le viaduc de Millau.
    Le viaduc de Millau.

Course Ă  pied

Bien que le viaduc soit interdit aux piétons, il a cependant été accessible à quelques occasions en 2004, 2007, 2012 et 2014.

Peu de temps avant l'inauguration du viaduc en , 19 000 promeneurs et coureurs de la balade des trois viaducs ont eu la possibilitĂ© de parcourir l'ouvrage jusqu'Ă  la pile P1.

Le , 10 496 coureurs ont pris le dĂ©part de la place du Mandarous, dans le centre de Millau pour une course de 23,8 km. AprĂšs ĂȘtre montĂ©s sur le causse Rouge, cĂŽtĂ© nord, ils traversent le viaduc puis reviennent sur leurs pas. Cette course d'endurance dans la nature est imaginĂ©e par Odile Baudrier et Gilles Bertrand, dĂ©jĂ  Ă  l'origine du premier trail en France douze ans plus tĂŽt[119] - [120]. Alors qu'initialement la manifestation ne devait pas ĂȘtre renouvelĂ©e[121], une « course Eiffage du viaduc de Millau » a finalement Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e en 2010, avec une 2e Ă©dition le [122]. Depuis cette date, la course du viaduc a lieu tous les deux ans et une association Ă  but non lucratif « loi du » est crĂ©Ă©e pour gĂ©rer l'Ă©vĂšnementiel[120] - [123] - [124]. En raison du contexte national de confinement liĂ© Ă  l'Ă©pidĂ©mie de Covid-19, l'organisation a dĂ©cidĂ© l'annulation de la 6e Ă©dition de la course 2020 pour la reporter au [123].

Moto

Le viaduc de Millau a Ă©tĂ© traversĂ© par 1 052 motos le dans le cadre d'une opĂ©ration organisĂ©e par l’association des motards du Viaduc. Le nombre est officiel et a Ă©tĂ© validĂ© par un huissier de justice pour une publication dans le livre des records. 1 099 motos l'ont franchi le [125].

Roller

Du au , une équipe de trois patineurs à roulettes a parcouru les sept cents kilomÚtres séparant Paris du viaduc en cinq jours[126].

Sport extrĂȘme

ParticuliĂšrement attractif depuis sa construction, le viaduc est considĂ©rĂ© comme un « spot » pour les amateurs de « base-jump » dont le « sport extrĂȘme » consiste Ă  sauter dans le vide avant de dĂ©ployer un parachute. Dans la mĂȘme journĂ©e d', vingt sauteurs de l'extrĂȘme se sont jetĂ©s depuis l'ouvrage d'art en Ă©tablissant un record de saut filmĂ© par un drone pour livrer les images impressionnantes[127].

Visiteurs célÚbres

Lors de la construction, de nombreuses personnalités de tous les milieux ont visité le pont[128]. Parmi celles-ci :

Philatélie

Afin de porter la notoriĂ©tĂ© de la construction au-delĂ  des frontiĂšres et des spĂ©cialistes des ouvrages d’art, la ministre dĂ©lĂ©guĂ©e Ă  l'industrie a retenu l’édition d’un timbre sur le viaduc de Millau dans le programme philatĂ©lique 2004, dans la sĂ©rie « CommĂ©moratifs et divers[129] ». Il a Ă©tĂ© dessinĂ© par la Creisseloise Sarah Lazarevic et mis en prĂ©-vente le jour de l’inauguration du viaduc par le prĂ©sident de la RĂ©publique, le 14 dĂ©cembre 2004, et le lendemain. Il a Ă©tĂ© trĂšs rapidement Ă©puisĂ©[130].

Notes et références

Notes

  1. La concession de l'autoroute A28 entre Rouen et Alençon a été approuvée par décret du 29 novembre 2001 alors que celle du viaduc de Millau l'a été par décret du 8 octobre 2001.
  2. Lointain clin d'Ɠil de l'histoire au viaduc de Garabit, pont ferroviaire en acier construit en 1884 par Gustave Eiffel dans le Cantal voisin
  3. Site officiel de l'entreprise Enerpac
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  8. https://www.greisch.com/projet/viaduc_millau/ Voir une vidéo du systÚme de translation du tablier]
  9. Pour comparaison, un béton ordinaire résiste en compression à 35 MPa et le béton hautes performances utilisé pour les piles du viaduc de Millau résiste à 60 MPa.

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  13. Décret du 10 janvier 1995 déclarant d'utilité publique les travaux de construction des sections de l'autoroute A 75 comprises entre Engayresque et Lasparets (mise aux normes autoroutiÚres du P.R. 23,520 au P.R. 26,580), entre Lasparets et La Cavalerie Sud (du P.R. 26,580 au P.R. 66,820) y compris les voies de raccordement à Saint-Germain (R.D. 911), à la CÎte rouge (R.D. 999) et à La Cavalerie (R.N. 9), de l'échangeur d'Engayresque, des aires de repos, de la section de route à créer pour assurer la continuité de l'itinéraire de substitution d'Engayresque à Lasparets ainsi que des mesures d'accompagnement sur cet itinéraire à Aguessac et à Millau, classant dans la catégorie des autoroutes l'ensemble de la voie comprise entre l'échangeur d'Engayresque et La Cavalerie Sud (du P.R. 22,700 au P.R. 66,820) dans le département de l'Aveyron et portant mise en compatibilité des plans d'occupation des sols des communes d'Aguessac, Millau, Creissels et Saint-Georges-de-Luzençon
  14. Le viaduc de Millau : un ouvrage exceptionnel initiĂ© par le ministĂšre de l’équipement, op. cit., p. 5
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  16. Décret du 23 novembre 1999 déclarant d'utilité publique les travaux d'aménagements nécessaires à l'exploitation sous concession du viaduc de Millau compris dans la section Engayresque-La Cavalerie Sud de l'autoroute A 75, portant mise en compatibilité du plan d'occupation des sols de la commune de Millau (département de l'Aveyron), modifiant en ce qu'il a de contraire le décret du 10 janvier 1995 déclarant notamment d'utilité publique les travaux de construction de cette section et prorogeant les effets de ce décret
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  19. Loi no 2001-1011 du 5 novembre 2001 portant ratification de l'ordonnance no 2001-273 du 28 mars 2001 transposant certaines dispositions de la directive 1999/62/CE du Parlement et du Conseil du 17 juin 1999 relative à la taxation des poids lourds pour l'utilisation de certaines infrastructures et réformant le régime d'exploitation de certaines sociétés concessionnaires d'autoroutes
  20. DĂ©cret no 2001-923 du 8 octobre 2001 approuvant la convention de concession passĂ©e entre l'État et la Compagnie Eiffage du viaduc de Millau pour le financement, la conception, la construction, l'exploitation et l'entretien du viaduc de Millau et le cahier des charges annexĂ© Ă  cette convention
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  7. p. 30
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Annexes

Articles connexes

Liens externes

Articles de revue

Les revues spécialisées dans le domaine du génie civil et des travaux publics ont trÚs largement couvert la conception et la construction du viaduc. Le Moniteur des travaux publics et du bùtiment a ainsi consacré plus d'une quinzaine d'articles sur le sujet. Les numéros de revues présentés ici sont uniquement ceux consacrés au sujet.

  • « Viaduc de Millau », Travaux, no 816,‎ Page de prĂ©sentation du numĂ©ro ConsultĂ©e le 19 mai 2009
  • « Tunnel de Toulon - Viaduc de Millau », Travaux, no 808,‎ Page de prĂ©sentation du numĂ©ro ConsultĂ©e le 19 mai 2009
  • « Viaduc de Millau », Bulletin Ponts mĂ©talliques, no 23,‎
  • « Viaduc de Millau », Viaduc Magazine, no 1,‎
  • « Le viaduc de Millau », Bulletin annuel de l'AFGC, no 6,‎
  • « JournĂ©es techniques de la route - Autour du viaduc de Millau », Revue GĂ©nĂ©rale des Routes et autoroutes, no 819,‎
  • « L'apogĂ©e du systĂšme Freyssinet », Sols & Structures, no 220,‎ (lire en ligne)
  • Jean-Pierre Martin, Marc Buonomo et Claude Servant, « La construction des appuis et le lançage du tablier du viaduc de Millau », Travaux, no 803,‎

Livres

  • Collectif Midi Libre Centre Presse, Le viaduc de Millau : le pont le plus haut du monde, Romain Pages Éditions, , 143 p. (ISBN 978-2-84350-267-5 et 2-84350-267-5) ;
  • Denys Breysse, MĂ©thodologie d'Ă©valuation non destructive de l'Ă©tat d'altĂ©ration des ouvrages en bĂ©ton, Paris (France), Presses de l'Ă©cole nationale des Ponts et ChaussĂ©es, (ISBN 2859784055) ;
  • IREX, SynthĂšse des travaux du projet national BHP 2000 sur les bĂ©tons Ă  hautes performances, Paris (France), Presses de l'École des Ponts et ChaussĂ©es, (ISBN 285978408X) ;
  • Martha Torres Arcila, Bridges - Ponts - BrĂŒcken, Mexico (Mexique), Atrium, (ISBN 8495692619), p. 396–397 ;
  • Michel Lyonnet du Moutier, L’aventure de la tour Eiffel : rĂ©alisation et financement, Paris, Publications de la Sorbonne, (ISBN 9782859446284), chap. 5 (« De la tour Eiffel au viaduc de Millau »)
  • Collectif Midi Libre Centre Presse, Le Viaduc de Millau, t. 1 : un dĂ©fi humain une prouesse technologique, Saint-Jean-de-Vedas (HĂ©rault), Midi Libre Centre Presse, , 112 p. (ISBN 2-84350-219-5).

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