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Carbonatation

La carbonatation est une réaction de combinaison avec le dioxyde de carbone. Ce sont les bases qui sont carbonatées, éventuellement à l'air, celui-ci contenant un peu de ce gaz.

La décarbonatation est la réaction chimique inverse. Elle correspond à la dissolution des carbonates des substrats calcaires par les eaux de pluie chargées en gaz carbonique.

Carbonatation de la chaux

La chaux, sous sa forme hydroxyde de calcium portant des noms différents, « chaux éteinte », « chaux grasse » et « chaux aérienne », de formule Ca(OH)2, se carbonate par absorption du dioxyde de carbone de l'air. Il se forme du carbonate de calcium CaCO3. Cette réaction n'est possible qu'en présence d'eau. Cette réaction se représente par

Ca(OH)2 + CO2 → CaCO3 + H2O

Cette réaction se déroule sur les murs passés à la chaux, ce qui forme une croûte superficielle de carbonate de calcium. Quand le mur se craquelle, la chaux sous-jacente se retrouve à son tour à l'air et se carbonate. Le mur s'auto-régénÚre.

Carbonatation du ciment

La carbonatation du ciment diminue son pH et induit la corrosion des armatures métalliques qu'il contient.

Le ciment est prĂ©parĂ© avec de l'oxyde de calcium CaO comme constituant principal, transformĂ©, une fois gĂąchĂ©, en hydroxyde de calcium Ca(OH)2 (voir ci-dessus). Cette espĂšce chimique confĂšre au ciment un pH Ă©levĂ© (entre 12,5 et 13), suffisant pour passiver les armatures mĂ©talliques qui y sont incluses[1]. La carbonatation du ciment est une rĂ©action lente entre le dioxyde de carbone atmosphĂ©rique qui est un acide et le ciment qui est constituĂ© principalement d'une base. Elle fait baisser ce pH et permet alors aux armatures d'ĂȘtre corrodĂ©es. Cette corrosion peut se propager Ă  l'armature et mettre en danger la soliditĂ© de l'Ă©difice. Cette fragilitĂ© est renforcĂ©e par le fait que l'oxyde de fer possĂšde un volume supĂ©rieur au fer (dĂ» Ă  l'incorporation de 1,5 atome d'oxygĂšne par atome de fer prĂ©sent), ce qui conduit Ă  craquer le ciment au voisinage.

Épuration du sucre

L'opération d'épuration du sucre comporte trois étapes :

  1. Un jus sucré est obtenu à partir de la betterave par diffusion du sucre dans un bain d'eau chaude (osmose) ;
  2. Le jus obtenu est traité à la chaux pour éliminer les composants autres que le sucre (principalement les protéines des parois cellulaires, et aussi acides organiques, minéraux) ;
  3. Les impuretés coagulent puis le barbotage de gaz carbonique (CO2) permet de former un précipité de carbonate de calcium (CaCO3) qui facilite la filtration et l'obtention d'un jus sucré clair.

Carbonatation de la soude

La soude se carbonate facilement à l'air. Cette réaction explique les amoncellement blancs qui se forment autour des flacons contenant de la soude. Ce produit blanc est, pour l'essentiel, du carbonate de sodium. Son équation de formation est

2HO− + CO2 → CO32− + H2O
et les ions carbonate précipitent avec les ions sodium présents
2Na+ + CO32− → Na2CO3

La soude se carbonate Ă©galement sans qu'il y ait formation d'un prĂ©cipitĂ©. Il en rĂ©sulte que la solution, initialement constituĂ©e de la seule base forte HO−, en plus des ions sodium, contient aussi la base faible CO32−.

Carbonatation d'un organomagnésien

Les organomagnĂ©siens, de formule RMgX, peuvent ĂȘtre carbonatĂ©s. La rĂ©action se dĂ©roule le plus souvent en ajoutant de la carboglace Ă  une solution de l'organomagnĂ©sien dans l'Ă©ther. Il se forme ainsi l'acide carboxylique RCOOH aprĂšs hydrolyse acide [2]. Par exemple

C6H5MgBr + CO2 → C6H5CO2− + Mg2+ + Br−
puis
C6H5CO2− + H3O+ → C6H5CO2H + H2O

C'est une technique de synthĂšse des acides carboxyliques (et sur cet exemple de l'acide benzoĂŻque). Cette rĂ©action prĂ©sente l'intĂ©rĂȘt de produire un allongement d'un atome de carbone du rĂ©actif.

Cette réaction est également une réaction parasite des synthÚses magnésiennes qu'il est préférable de protéger avec un léger courant d'azote.

Argiles de décarbonatation

Sur la craie blanche de la falaise d'Étretat, des dĂ©pĂŽts constituĂ©s par des argiles rĂ©siduelles Ă  silex remplissent un systĂšme de poches de dĂ©carbonatation au sommet. La dissolution de la craie par le ruissellement est Ă  l'origine des coulĂ©es d'argile ocre.
Quand des argiles de décarbonatation s'accumulent dans les rigoles de dissolution d'un lapiaz, une végétation rase (herbacées, arbustes) peut s'y installer[3].

Les argiles de dĂ©carbonatation sont des argiles rĂ©siduelles libĂ©rĂ©es de roches carbonatĂ©es (craies, calcaire). La dissolution des carbonates des substrats calcaires donne naissance Ă  un matĂ©riau composĂ© de minĂ©raux rĂ©siduels (fraction insoluble constituĂ© d'argiles[4] qui peuvent piĂ©ger des hydroxydes et oxydes de fer selon le processus d'adsorption, donnant des teintes allant de l'ocre clair, au jaune jusqu'au rouge, suivant leur niveau d'oxydation et d'hydratation ; d'autres silicates, notamment des sables). Ces argiles peuvent ĂȘtre d'origine pĂ©dogĂ©nĂ©tique (argiles de dĂ©carbonatation de surface apparaissant sous l'influence de l'action mĂ©tĂ©orique), ou liĂ©e Ă  l'Ă©rosion karstique (argiles de dĂ©carbonatation souterraine)[5].

La formation des argiles de dĂ©carbonatation superficielle est favorisĂ©e par le climat (prĂ©cipitations, fonte des neiges, tempĂ©rature, humiditĂ© maintenue dans les sols) et la prĂ©sence d'Ă©lĂ©ments solubles trĂšs efficaces (gaz carbonique et divers acides organiques) pour dissoudre les particules fines de CaCO3 (calcaire actif issu de l'altĂ©ration mĂ©canique). L'activitĂ© biologique de la litiĂšre et de l'humus (principalement la respiration racinaire et microbienne, et la dĂ©gradation de la matiĂšre organique par les micro-organismes du sol[6]) pour les argiles de dĂ©carbonatation de surface, et les circulations d’air chargĂ© en CO2 dans les milieux souterrains pour les argiles de dĂ©carbonatation souterraine, jouent un rĂŽle majeur dans la production de ces Ă©lĂ©ments corrosifs[7].

Ces formations rĂ©siduelles s'accumulent dans les fentes ou les dĂ©pressions de la roche. Elles « peuvent rester en place, au-dessus de la roche qui leur a donnĂ© naissance (formations autochtones), ĂȘtre dĂ©placĂ©es sur de courtes distances (formations subautochtones), ĂȘtre remobilisĂ©es par les agents de la gĂ©odynamique de surface (gravitĂ©, glace, eau, vent) et secondairement dĂ©posĂ©es (formations allochtones), et ĂȘtre exceptionnellement enfouies »[8].

Les argiles à chailles et à silex sont des argiles de décarbonatation riches en fer contenant des quantités variables de chailles pour les premiÚres, de silex pour les secondes[9].

Notes et références

  1. « Pourbaix diagram of iron », sur Corrosion-doctors.org (consulté le ).
  2. Norman L. Allinger, Michael P. Cava, Don C. De Jongh, Carl R. Johnson, Norman A. Lebel et Calvin L. Stevens (trad. de l'anglais), Chimie organique, Paris, Ediscience/McGraw-Hill, , 1re Ă©d., 1060 p. (ISBN 2-7042-0030-0).
  3. Ces rigoles apparaissent soit Ă  partir des diaclases initialement prĂ©sentes dans la roche, soit le long de la ligne de plus grande pente par simple dissolution. Le gaz carbonique dissous dans ces eaux de ruissellement « provient un peu du CO2 atmosphĂ©rique. Mais comme souvent les fractures sont tapissĂ©es de voiles bactĂ©riens, de concentrations de cyanobactĂ©ries et mĂȘme remplies d'humus abritant vĂ©gĂ©taux et champignons, c'est surtout la respiration de ces ĂȘtres vivants (bactĂ©ries, champignons, racines des vĂ©gĂ©taux
) qui produit le CO2, CO2 que ces organismes ont eux-mĂȘmes directement ou indirectement extrait de l'atmosphĂšre par la photosynthĂšse ». Cf. Matthias Schultz et Pierre Thomas, « Un exemple de petit lapiaz : le lapiaz de Loulle (Jura) », sur planet-terre.ens-lyon.fr, .
  4. Illite, kaolinite, smectite, etc.
  5. Clément Mathieu et Jean Lozet, Dictionnaire encyclopédique de science du sol, Lavoisier, , p. 49.
  6. La colonisation de la roche calcaire par des espÚces pionniÚres (microalgues dans des vasques), mousses, lichens dans des rigoles de dissolution, assure la dégradation biologique primaire qui édifie une couche d'humus. Cette couche supérieure du sol se forme dans ces dépressions piégeant des formations détritiques argilo-sableuses dont la bonne capacité de rétention d'eau et la présence de matiÚre organique décomposée sont à l'origine de sols fertiles qui favorisent une couverture végétale contrastée.
  7. Philippe Duchaufour, L'Ă©volution des sols, Masson, , p. 22.
  8. Denis Baize, Petit lexique de pédologie, éditions QuÊ, , p. 90.
  9. Denis Baize, Petit lexique de pédologie, éditions QuÊ, , p. 24.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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