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Pont de Recouvrance

Le pont de Recouvrance est un pont levant qui franchit la Penfeld, à Brest, Finistère. Dominant l'arsenal et le port militaire, il relie le bas de la rue de Siam au quartier de Recouvrance, en remplacement du pont tournant (pont National) détruit en 1944 par les bombardements alliés.

Pont de Recouvrance
Image illustrative de l’article Pont de Recouvrance
GĂ©ographie
Pays France
RĂ©gion Bretagne
Département Finistère
Commune Brest
CoordonnĂ©es gĂ©ographiques 48° 23′ 04″ N, 4° 29′ 47″ O
Fonction
Franchit Penfeld
Itinéraire Rue et  Tram A
Caractéristiques techniques
Type Pont levant
Longueur 88 m
Hauteur 70 m
Matériau(x) Béton armé, acier
Construction
Construction 1950-1954
GĂ©olocalisation sur la carte : Brest
(Voir situation sur carte : Brest)
Pont de Recouvrance
Géolocalisation sur la carte : Finistère
(Voir situation sur carte : Finistère)
Pont de Recouvrance
GĂ©olocalisation sur la carte : Bretagne
(Voir situation sur carte : Bretagne)
Pont de Recouvrance
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Pont de Recouvrance

InaugurĂ© le , il fut longtemps le plus grand pont levant d’Europe. Chaque pylĂ´ne, construit en bĂ©ton armĂ©, mesure 70 m de haut. La travĂ©e mobile actuelle, en acier, installĂ©e en 2011, est longue de 88 m, large de 15 m, et pèse 625 tonnes.

Historique

L'histoire de la ville de Brest s'est construite notamment autour du franchissement de la Penfeld.

Le pont National, inauguré le , s’écroula dans la rivière en , pendant les bombardements alliés pour la libération de Brest de l’occupation allemande.

Après-guerre, après des solutions temporaires, comme l'utilisation par les civils des ponts Gueydon ou de Kervallon, diverses études furent menées pour le remplacement du pont National. Début 1945, les Travaux maritimes étudient différentes solutions — pont fixe, pont flottant, bac — et concluent, au vu des contraintes liées au dégagement du gabarit et au matériel disponible, que la solution du bac serait la meilleure, malgré l’acuité des pentes des cales disponibles au bas des rues de Siam et de la Porte ; toutefois, en raison des temps d’attente, l’utilisation du bac ne procurerait pas un gain temporel substantiel par rapport au trajet via Kervallon.

Les réflexions sur la construction d'un ouvrage « en dur » sur la Penfeld se poursuivent. Avant même la signature de la capitulation allemande du 8 mai 1945, les autorités nationales avaient décidé de reconstruire deux ponts, l’un fixe sur lequel passerait la route nationale 12, ce sera le pont de l'Harteloire, et l’autre, mobile, au cœur de la ville, destiné à la desserte locale, ce sera le pont de Recouvrance.

Études, financement

Le pont de Recouvrance et la Penfeld.

Les caractéristiques techniques du pont de Recouvrance sont liées aux impératifs dus à sa situation au cœur du port et des installations militaires.

D'une part, le pont devait laisser le passage aux plus hautes mâtures : il devait donc disposer d'un tirant d'air sous tablier d'au moins 45 mètres. D'autre part, on ne voulait plus courir le risque de voir Ă  nouveau, en cas de conflit, des bateaux bloquĂ©s dans l'arrière-port ou ses sept bassins de radoub rendus inutilisables. On formula donc le souhait d'un pont qui, en plus de ses deux positions normales d’ouverture et de fermeture, prĂ©senterait une disposition spĂ©ciale dite de sĂ©curitĂ© prĂ©venant tout risque d'obstruction de l'arrière-port.

Le premier projet présenté en instruction mixte en était un pont tournant, de technique similaire à celle de l’ancien pont National. Cette première esquisse fut refusée par la Marine, car elle condamnait, en position de sécurité, l'un des postes de réparations de l’arsenal. Les premières esquisses d’un pont levant apparaissent en : cette solution permet de remplir les exigences imposées par la Marine, entre autres le souhait — non l’exigence — de disposer d’un tirant d’air illimité, qui ne pouvait être obtenu que par la dépose du tablier en position de sécurité. En pratique, cette disposition n’a encore jamais été utilisée.

Les études menées par le Service central des études techniques du ministère des Travaux publics et des Transports conduisent finalement à la construction du nouveau pont par la société Fives-Lille. Le financement est pris en charge par la ville de Brest, la Marine nationale, le ministère de l’Intérieur et le département du Finistère.

Configuration d'origine et première travée mobile (1954)

Le pont, lors du jubilé de 2004, avec son ancienne travée mobile.

Le pont fut mis en chantier en . La travée centrale fut construite dans le bassin 4 de l’arsenal par la DCAN, en sous-traitance pour le compte des établissements Fives-Lille, puis transportée vers l’aplomb des piles du pont le . Le transport fut effectué par deux chalands en béton armé construits par les établissements Limousin, de Paris, dans le cadre des travaux de construction du pont Albert-Louppe. Ils avaient servi avant-guerre à la mise en place et à l’enlèvement du cintre du pont, puis, en 1948-1949, à sa reconstruction. Ils avaient été embossés en attendant à Landévennec. Une fois la travée mobile mise en place, la dalle de béton formant la chaussée fut coulée sur le tablier, et les essais de charge eurent lieu le , suivis de l'inauguration officielle le . Il s’agissait alors du plus haut pont levant d’Europe.

Une plaque de commémoration de la Libération fut apposée, sur la rive droite, à l’occasion de « Brest 1992 ». En , l’association Vivre la Rue, en collaboration avec la ville de Brest, a organisé un jour de jubilé (exposition, remise de visas de passage, animations) pour les 50 ans du pont de Recouvrance.

L'ancienne travĂ©e mobile Ă©tait Ă©quilibrĂ©e par quatre contrepoids principaux de 109,5 tonnes et quatre contrepoids auxiliaires de 18 tonnes, chaque pylĂ´ne abritant un contrepoids principal et un contrepoids auxiliaire. Les câbles et poulies reliant la travĂ©e aux contrepoids permettent d'Ă©quilibrer exactement la masse de la travĂ©e lorsqu'elle est hissĂ©e et qu'elle ne repose plus sur ses bĂ©quilles. En revanche, lorsqu'elle est en position routière et qu'elle repose sur ses bĂ©quilles, en mollissant les câbles de manĹ“uvre (en bleu sur le schĂ©ma ci-dessous) et en hissant davantage les contrepoids auxiliaires (en rose), on Ă©tablit une prĂ©pondĂ©rance du poids de la travĂ©e de 72 tonnes, permettant ainsi de stabiliser le tablier et de rĂ©sister Ă  d'Ă©ventuels efforts ascendants (action du vent par exemple)[1].

Principes de fonctionnement du pont de Recouvrance. En bleu les contrepoids principaux et leurs câbles ; en rose les contrepoids auxiliaires et leurs câbles. Les différentes molettes et poulies de renvoi sont fixes par rapport à la structure du pont, tout comme les béquilles symbolisées par les carrés noirs. Le tablier figure en gris clair.

Depuis le tablier du pont, on peut facilement observer les molettes de 4 mètres de diamètre situĂ©es en haut des piles et les câbles de manĹ“uvre qui, après ĂŞtre passĂ©s dans les rĂ©as de ces molettes, viennent se fixer aux quatre coins de la travĂ©e.

Ce dispositif particulier était doublé, à l'époque de la construction du pont, d'un système innovant de synchronisation des moteurs des treuils de hissage des piles côté Recouvrance et côté Brest : les câbles des piles aval et amont d'une même rive sont hissés à l'aide d'un treuil unique situé en dessous du tablier des viaducs d'accès. L'asservissement du système de fermeture des barrières oscillantes empêchant l'accès au tablier et du déclenchement de la sirène et des feux de signalisation préalablement à la levée du pont était également une nouveauté remarquable.

La travĂ©e mobile, gris clair selon le choix des Ă©lus municipaux de l'Ă©poque, Ă©tait repeinte tous les 8 ans.

Aménagement du tramway et seconde travée mobile (2011)

Le pont est réaménagé dans le cadre des travaux pour le futur tramway de Brest : en , le mécanisme de levage est reconstruit à l'identique, mais avec une puissance supérieure exigée par la nouvelle travée mobile, rendue plus lourde par la double voie ferrée qui s'y trouve incorporée. L'ancienne travée mobile, déposée le , a été évacuée par barge pour démolition.

La travĂ©e actuelle fut installĂ©e le , dans le cadre des travaux pour l'installation de la première ligne de tramway. L'ancienne travĂ©e, construite après guerre par les chantiers de l'arsenal de Brest, pesait 538,7 tonnes et prĂ©sentait une largeur de m, soit m de moins que la travĂ©e actuelle. Ce gain fut obtenu par l'ajout de deux passerelles piĂ©tonnes larges de 2,8 m de part et d'autre du pont, le cheminement des piĂ©tons se faisant dorĂ©navant en contournant les piles par l'extĂ©rieur[2].

La nouvelle travĂ©e mobile mesure 88 mètres de long et pèse 625 tonnes, dont 485 tonnes d'acier. Elle se dĂ©place sur quatre pylĂ´nes de bĂ©ton armĂ© qui s’élèvent Ă  64 mètres au-dessus des quais.

La nouvelle travée mobile, en position levée.

Quatre positions sont possibles : haute, qui Ă©lève le tablier Ă  51 mètres au-dessus du niveau des basses marĂ©es ; exceptionnelle, Ă  53 mètres ; la fermeture, Ă  26,4 mètres de hauteur ; une position de sĂ©curitĂ© qui abaisse la travĂ©e mobile au niveau de l’eau afin qu’elle puisse ĂŞtre Ă©vacuĂ©e et mise Ă  l’abri. Cette position de sĂ©curitĂ© peut ĂŞtre atteinte grâce au positionnement judicieux des contrepoids, qui ne sont qu’à mi-hauteur des piles lorsque le pont est en position normale, et grâce Ă  la prĂ©sence de bĂ©quilles rĂ©tractables.

Le pont devait ĂŞtre rĂ©servĂ© aux vĂ©hicules lĂ©gers, mais fut calculĂ© pour supporter le passage de poids lourds (deux camions de 25 t). Il put livrer passage aux anciens trolleybus du rĂ©seau brestois, puis aux autobus du rĂ©seau Bibus. La limitation de circulation aux poids lourds Ă©tait essentiellement liĂ©e, Ă  l’origine, Ă  l’étroitesse de la chaussĂ©e.

La nouvelle travĂ©e installĂ©e en 2011 a Ă©tĂ© conçue pour supporter le passage simultanĂ© de deux rames de tramway (40 tonnes chacune environ). L'Ă©largissement de la travĂ©e elle-mĂŞme permit le passage de la chaussĂ©e de 6 Ă  9 m de large.

La nuit du 21 au , une première rame de tramway franchit le nouveau tablier[3].

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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