Nivellement (topographie)
Le nivellement ou nivĂšlement en topographie est l'ensemble des opĂ©rations consistant Ă mesurer des diffĂ©rences de niveau (ou dĂ©nivelĂ©s ou dĂ©nivellation), gĂ©nĂ©ralement pour dĂ©terminer des altitudes. En d'autres termes, le nivellement permet de mesurer des dĂ©nivelĂ©s puis de dĂ©duire l'altitude de repĂšres ou de points caractĂ©ristiques du sol ou d'ouvrages. Les altitudes peuvent ĂȘtre rapportĂ©es Ă une rĂ©fĂ©rence locale (qu'il est d'usage de choisir plus basse que le point le plus bas de la zone Ă©tudiĂ©e pour ne pas avoir d'altitudes nĂ©gatives, et suffisamment diffĂ©rente du niveau de rĂ©fĂ©rence gĂ©nĂ©ral pour Ă©viter les confusions), ou Ă un systĂšme de rĂ©fĂ©rence plus gĂ©nĂ©ral.
Le systÚme utilisé en France métropolitaine, le Nivellement général de la France (NGF), rapporte toutes les altitudes à celle du niveau moyen de la mer mesuré au marégraphe de Marseille situé sur la Corniche, qui est l'altitude zéro, généralement dite « niveau de la mer ».
Difficultés du nivellement
Les difficultés du nivellement sont de deux types :
Le principal problÚme à résoudre par le nivellement est celui des écoulements d'eaux. C'est donc un problÚme physique, et non géométrique. La différence entre une forme théorique de la Terre et la forme réelle des surfaces de niveaux est parfois considérable. Les appareils utilisés jusqu'à une époque trÚs récente étaient tous réglés par une mesure physique (utilisation d'une nivelle ou d'un dispositif équivalent). L'utilisation de mesures GPS oblige aujourd'hui à modéliser le géoïde en recherchant une formule d'interpolation locale qui minimise les écarts constatés sur des repÚres connus à la fois dans un systÚme géométrique (WGS par exemple) et dans le systÚme physique.
Une autre difficulté tient à la propagation de la lumiÚre dans l'atmosphÚre : l'air ayant un poids, sa densité décroßt avec l'altitude, et ce gradient de densité occasionne un gradient d'indice de réfraction : les rayons lumineux, dans une atmosphÚre calme et à l'équilibre, sont incurvés vers la terre, dans une mesure qui dépend de la température et de l'altitude. Pour calculer les dénivelés, on doit appliquer une correction aux mesures, et cette correction est intégrée à celle due à la rotondité de la terre qui est de la forme[1] :
, avec de l'ordre de 60 ĂâŻ10â9 mâ1
Techniques du nivellement
- Le nivellement direct ou géométrique :
Le principe du nivellement gĂ©omĂ©trique est la mesure dâune diffĂ©rence dâaltitude, ou dâune succession de diffĂ©rences, par rapport Ă un point d'altitude connue, souvent un repĂšre de nivellement. L'altitude du point connu, et les diffĂ©rences d'altitude mesurĂ©es, permettent par simple soustraction de dĂ©terminer l'altitude des points.
Il est réalisé au niveau de chantier, au niveau optique ou au niveau numérique, et à l'aide d'une mire graduée. Le principe est en fait assez simple, le niveau faisant toujours une lecture à l'horizontale, chaque dénivelé est simplement lu sur la mire qui est tenue à la verticale.
La correction qDÂČ est nulle si le niveau est Ă Ă©gale distance des deux positions de la mire. Ces distances sont mesurĂ©es avec une prĂ©cision suffisante par lecture directe sur la mire, les rĂ©ticules de tous les niveaux intĂ©grant des repĂšres matĂ©rialisant un angle d'un centiradian, les longueurs des portĂ©es variant de trente Ă quatre-vingt mĂštres selon la prĂ©cision recherchĂ©e.
La prĂ©cision des mesures peut aller de 1/10 de mm Ă quelques mm, selon les matĂ©riels et protocoles mis en Ćuvre.
Les niveaux de précisions sont donnés pour un écart-type de 0,3 mm/km de cheminement double.
- Le nivellement indirect ou trigonométrique :
Le nivellement trigonométrique est réalisé par calcul du dénivelé et non plus sa mesure directe. On ne mesure plus le dénivelé entre deux points pour déduire une altitude, mais on calcule tout d'abord ce dénivelé grùce à des mesures d'angles et de distances réalisés à l'aide d'un théodolite ou d'un tachéomÚtre. Selon le matériel et le mode opératoire, on atteint des précisions centimétriques ou décimétriques.
- Le nivellement hydrostatique :
Cette méthode est peu employée, mais permet des mesures de haute précision. Elle est basée sur le principe des vases communicants et permet le calcul de dénivelés par différence de niveau d'un liquide. Elle est principalement utilisée pour le suivi d'ouvrage d'art, comme des barrages par exemple. Elle ne peut s'utiliser qu'en terrain plat, la pression du liquide atteindrait des valeurs élevées si le tuyau venait à se trouver beaucoup plus bas que les ampoules, et de plus elle pourrait donner des résultats erronés si la dilatation de liquide est trop hétérogÚne, la densité de l'eau variant de 0,6 % entre vingt et quarante degrés Celsius. En revanche elle permet de suivre le cours des fleuves avec une grande précision. C'est le procédé le plus simple, souvent utilisé en maçonnerie.
- Le nivellement barométrique :
Cette méthode relativement imprécise permet le calcul de dénivelés en s'appuyant sur des différences de pressions atmosphériques. Elle est néanmoins trÚs utilisée par le randonneur et par le parapentiste avec un altimÚtre barométrique.
- Le nivellement par positionnement satellitaire :
Il consiste à déterminer l'altitude d'un point à l'aide des signaux émis par des satellites de positionnement (exemple systÚmes GPS, Glonass, Galileo pour le futur). La précision dépend du mode opératoire utilisé lors des mesures, selon que l'on soit en systÚme de positionnement relatif (précision env. ±0,5 à 2 cm) ou absolu (précision ±5 à 100 m).
- Le nivellement photogrammétrique :
GrĂące Ă l'observation sous un stĂ©rĂ©orestituteur d'un couple de photographies aĂ©riennes figurant la mĂȘme portion de territoire vue sous deux angles de vue diffĂ©rents, il est possible de dĂ©terminer l'altitude d'un point au sol avec une prĂ©cision variable selon l'altitude de vol, l'objectif utilisĂ©, le type de restituteur, la qualitĂ© du film, les aptitudes de l'opĂ©rateur en photogrammĂ©trie ; elle peut atteindre ±10 cm dans de bonnes conditions.
Notes et références
- (en) Davis, Foote, and Kelly, Surveying Theory and Practice, 1966, p. 152.