Accueil🇫🇷Chercher

Histoire de la Géorgie

L’Histoire de la Géorgie, pays situé aux confins de l'Europe et de l'Asie, dans le Caucase, s’étend sur des millénaires et s’enracine dans la préhistoire, lorsque les premiers hominidés connus hors de l’Afrique s’y sont établis il y a plus de 1,5 million d’années. Durant la Protohistoire, son territoire est l’un des foyers de civilisation agricole et lettrée, avec la Mésopotamie et l'Égypte. Depuis l’Antiquité, la Géorgie fut souvent disputée entre les puissances qui l’entouraient, de l’Empire hellénistique à la Russie moderne (qui contrôle indirectement une partie de son territoire), en passant par les empires perse, pontique, romain, romain d’Orient, arabe, mongol et turc. Chacun de ces facteurs influença l’identité géorgienne sans parvenir à l’effacer.

Devenue chrétienne en 337 (prenant alors le titre de troisième nation à choisir le Christianisme comme religion d'État), la Géorgie antique, connue sous le nom d’Ibérie, se divisa à la fin du VIe siècle en plusieurs principautés qui furent finalement réunifiées au XIe siècle sous le sceptre de Bagrat III. Peu à peu, le nouveau royaume de Géorgie se développa, atteignant son apogée au XIIIe siècle sous les règnes de Georges III et de sa fille Tamar. Toutefois, les invasions ultérieures divisèrent à nouveau le pays en quatre entités différentes à la fin du XVe siècle.

Dès lors, le territoire géorgien fut partagé entre les sphères d’influence de l’Empire ottoman et de la Perse séfévide, deux puissances musulmanes rivales. Les chrétiens du Caucase se tournèrent vers l’Empire russe au XIXe siècle pour obtenir sa protection, voire pour en espérer leur libération, ce qui fut le cas de la Géorgie. Après un siècle passé sous l’égide russe, la Géorgie retrouva une éphémère indépendance en tant que république démocratique de Géorgie, avant de tomber sous la domination de l’Union soviétique, dont elle fut l’une des 15 républiques. Alors même qu’un Géorgien, le dictateur Joseph Staline, imposait un régime de terreur en URSS et était maître indiscuté du mouvement communiste mondial, les Géorgiens furent durement réprimés par les autorités soviétiques et beaucoup d’entre eux furent déportés. Profondément déconsidérée, l’URSS finit par se disloquer et la Géorgie proclama son indépendance et rejeta le régime communiste en avril 1991.

Elle tenta à plusieurs reprises de s’éloigner de la Communauté des États indépendants qui avait succédé à l’URSS, et se trouva aussitôt confrontée à de forts mouvements anti-gouvernementaux armés, ce qui mena à une guerre civile dans les années 1990, et à la sécession de deux de ses trois républiques autonomes, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, d’où les majorités géorgiennes locales furent violemment chassées, ce qui mena à quatre « guerres de maintien de l’influence russe », en 1992, 1998, 2006 et 2008.

Aux origines

Préhistoire

Représentation d'un crâne d'Homo georgicus

Les humains vivent en Géorgie depuis très longtemps, comme le montrent les découvertes de 1999 et 2001[1] de deux crânes d'Homo erectus (désormais connu sous le nom de Homo georgicus) à Dmanissi[2], dans le sud du pays. La couche archéologique dans laquelle Homo georgicus repose (avec des centaines d'outils en pierre et de plusieurs ossements d'animaux) date d'environ 1,8 million d'années, car la couche de lave basaltique recouvrant le site date elle-même de cette période. Le site présente ainsi la plus ancienne preuve de la présence des hommes préhistoriques en dehors du continent africain[3].

Des sites datant du Paléolithique inférieur tardif et de l'Acheuléen ont été découverts dans les hautes terres de Géorgie, particulièrement dans les cavernes de Koudaro (à 1 600 mètres d'altitude) et de Tsona (2 000 mètres). Des sites ouverts de l'Acheuléen sont aussi connus dans d'autres régions de la Géorgie, comme le plateau de Djavakheti, où des bifaces de l'époque ont été découverts à 2 400 mètres d'altitude.

Le premier établissement définitif sur le territoire géorgien date du Paléolithique moyen, il y a plus de 200 000 ans. Des sites archéologiques ont également été découverts dans les régions de Kartlie intérieure, d'Iméréthie et d'Abkhazie.

Protégée par les hauts sommets du Caucase et bénéficiant de la création de la mer Noire, la région aurait servi de refuge biogéographique durant le Pléistocène. Ces privilèges géographiques épargnent ainsi la Transcaucasie des multiples oscillations climatiques de l'époque et autorisent les humains à prospérer sur la plus grande partie du territoire pendant des millénaires[4].

Au VIe millénaire avant notre ère, le lac Pontique devint la mer Noire

Des restes du Paléolithique supérieur ont été trouvés dans plusieurs cavernes, telles que Devis Khvreli, Sakajia, Sagvardjile, Dzoudzouana et Gvardjilas Klde. À cette époque, la partie orientale de la Transcaucasie apparaît avoir contenu une grande population (relativement aux autres régions du monde de l'époque), notamment dans les vallées du Rioni et du Kvirila, dans l'est géorgien. Le Paléolithique géorgien s'achève il y a quelque 10 000-12 000 ans et est suivi par la culture mésolithique. À cette période, les derniers changements géographiques dans le Caucase se déroulent, pour finalement atteindre l'aspect actuel.

Des signes de la culture du Néolithique et de la transition de la chasse et de la cueillette à l'agriculture et à la conservation des aliments datant de plus de 5 000 ans sont visibles en Géorgie. Les plus anciens sites néolithiques sont principalement situés dans l'ouest du pays, comme ceux de Khoutsoubani, Kistriki, Tetramitsa, Apiancha et Palouri. Au Ve millénaire av. J.-C., le bassin du Mtkvari (Koura) devient également habité de façon stable, et des établissements de la Géorgie orientale se distinguent rapidement par une longue et durable tradition, une architecture unique et des compétences remarquables dans le travail de la pierre[5]. La plupart de ces sites sont issus de la Culture de Choulaveri-Chomou, qui fleurit durant le Chalcolithique.

La Géorgie préhistorique a connu plusieurs inventions très utiles pour le monde futur. En effet, les premières traces de la culture du vin et de la vigne (datant d'il y a plus de 6 000 ans) ont été retrouvées dans le village de Choulaveris Gora. De même, le premier vase (amphore) a été découvert par les archéologues géorgiens. Plus récemment, en 2009, les plus anciennes fibres textiles en lin, faites il y a environ 36 000 ans, ont été mises au jour dans une grotte de Dzoudzouana, en Géorgie occidentale, par une équipe américano-géorgienne[6].

Dans les hautes terres de l'Anatolie orientale et du Sud-Caucase, la combinaison des animaux domestiques et de la culture des fruits et des légumes rend bientôt possible la plus ancienne agriculture du monde. En raison de toutes ces caractéristiques, la région de l'actuelle Géorgie peut ainsi être considérée comme l'un des « berceaux de la Civilisation »[7].

L'âge du bronze, du fer et les cultures caucasiennes

La culture kouro-araxe (clair) comparée à celle de l'Urartu (foncé)

De 3400 à , la région vit le développement de la culture kouro-araxe, ou première culture transcaucasienne, centrée, comme son nom l'indique, sur les bassins de la Koura et de l'Araxe. Durant cette ère, la stabilité économique axée sur la culture des bovidés et des ovidés fut achevée. Les chefs locaux devinrent bientôt des hommes de pouvoir et de richesse, comme le prouvent les tumulus faits en argent, en or et en pierres précieuses, et ils assimilèrent en quelque temps la culture du Moyen-Orient en affichant des scènes de rituels sur les parois de leur « mausolée ». Cette vaste et florissante culture rentra bientôt en contact avec la civilisation plus avancée de la Mésopotamie akkadienne, mais passa par la suite au stade du déclin, avant de se stagner vers 2300 avant notre ère, puis se diviser en une multitude de cultures régionales. L'un des plus anciens exemples d'une de ces cultures est celle de Bedeni, en Géorgie orientale.

Il existe aujourd'hui des preuves d'un développement économique considérable et d'une augmentation du commerce entre les tribus locales à la fin du IIIe millénaire av. J.-C. En Géorgie occidentale, une unique culture, connue sous le nom de culture colche, se développa entre 1800 et 700 av. J.-C., tandis qu'en Transcaucasie centrale, la culture de Trialeti atteint son apogée vers 1500 avant notre ère. Durant les derniers siècles du second millénaire avant Jésus-Christ, le travail du fer fit son apparition en Transcaucasie, avant que le véritable âge du fer débute, avec l'introduction d'outils et d'armes d'une qualité nouvelle. Ce changement important pour la culture régionale sera par la suite introduite au Proche-Orient, entre le Xe et le IXe siècle av. J.-C..

Durant cette période, comme les linguistes l'ont démontré, l'unité ethnique et linguistique des Proto-Géorgiens se sépara finalement en sept branches, qui forment aujourd'hui la famille sud-caucasienne, ou kartvélienne. La première à se séparer est la branche svane, dans le nord-ouest de la Géorgie, environ dix-neuf siècles avant l'ère actuelle. La culture zane, dont seront issus le laze et le mingrélien, se sépara à son tour au VIIIe siècle av. J.-C. Sur la base du langage, il a été établi que les toutes premières ethnies géorgiennes furent composées de quatre tribus voisines : les Géorgiens propres (« Karts »), les Zanes (Colches, Mingrélo-lazes) et les Svanes. Ces tribus forment aujourd'hui la base de la nation géorgienne moderne.

Le Caucase, carrefour des envahisseurs

À partir de la sortie de la Transcaucasie de l'âge du bronze, la Géorgie se retrouve divisée en deux. La Géorgie occidentale, connue plus tard sous le nom de Colchide, est par la suite colonisée par les Grecs, tandis que la Géorgie orientale devient plus tard l'Ibérie

La rivière Koura, entre Mer Caspienne et Mer Noire, est un tracé secondaire de la route de la soie.

Il existe aujourd'hui une légende sur l'origine des tribus géorgiennes. Selon la Chronique médiévale de Léon de Rouissi, les premiers humains sont venus dans le Caucase, région déserte située entre le Pont-Euxin et la Mer de Casp, à la suite de la Division des Langues et de l'épisode biblique de la Tour de Babel. Targamos, fils de Yavane, fils de Japhet, fils de Noé, est venu dans cette région de la planète avec ses enfants, dont ses deux fils aînés : Hayk et Karthlos. Le premier aurait reçu la partie sud des domaines familiaux, terres qui deviendront par la suite l'Arménie. Le second aurait reçu les terres au nord du pays, la future Géorgie.

Invasions des Scythes

Il est probable que les guerriers khazars qui envahirent jadis la Géorgie étaient en fait des Scythes

Dès la Haute-Antiquité, le nord de la Transcaucasie a affronté de terribles invasions. En effet, durant cette période, des tribus venant du nord, probablement des Scythes, ont dévasté la totalité du Caucase, de la chaîne du Grand Caucase au « Pays de l'Ararat » (Arménie). Commençant par les Nord-Caucasiens, les Scythes ont pris bientôt toutes les forteresses transcaucasiennes. Toutefois, les villes de l'actuelle Géorgie ont été épargnées (au début) par ces invasions, grâce à une défense remarquable des Géorgiens ; mais ces fortifications ont été à leur tour détruites et les agglomérations soumises à un tribut.

Après cette rapide conquête, les Barbares nordiques auraient placé un certain Ouobos sur le trône caucasien. Cet Ouobos, au début, a affronté une courte rébellion des Dzourdzouks, bientôt soumis par les Scythes. Une fois devenu gouverneur du Caucase, Ouobos a offert à son cousin la future Albanie du Caucase, en apanage, tandis que de nouvelles rébellions se déroulaient dans cette même région. Mais bientôt, les Scythes, nommés Khazars par la Chronique de Léon de Roussi, ont été expulsés, et remplacés par d'autres envahisseurs.

Arrivée des Perses

D'après le Shâh Nâmeh et les anciennes chroniques géorgiennes, les Perses firent leur première invasion en Géorgie durant la Haute-Antiquité

Après l'invasion des Scythes, l'histoire de la Transcaucasie se confond avec les légendes du Shâh Nâmeh. Il est dit qu'après plusieurs années de domination khazare, Fereïdoun, roi de Perse, a envahi la région, après avoir vaincu en quelque temps les premiers envahisseurs. Il a divisé le Caucase en plusieurs régions, dans lesquelles il a placé un eristavi (Gouverneur). Plus tard, un de ces généraux persans, Ardam, est venu définitivement à bout des Scythes et s'est fait l'Eristavi de Karthli. Il a conquis toute la région jusqu'au col de Daryal, et fondé la ville de Darouband. S'établissant à Mtskheta, il a fortifié la Citadelle d'Armaz, pilier de la mythologie géorgienne de l'époque, puis a entouré sa capitale de murs de défense.

Quand le roi Fereydoun a senti son heure arrivée, il a divisé son royaume entre ses trois fils : Salm, Tour et Īraj. Ce dernier a reçu la part la plus importante des conquêtes de son père avant lui, dont le Karthli. Mais les multiples guerres fraternelles entre les trois monarques permirent au gouvernorat géorgien de se déclarer indépendant. Il est probable que les Karthles s'allièrent avec les Grecs qui commençaient à émerger et à introduire leur culture sur les rives orientales du Pont-Euxin. Une coalition importante, menée par les Géorgiens, les Grecs et les Ossètes (arrivés récemment après l'invasion perse) réussit à se rebeller avec succès contre l'autorité des Perses. Le pays indépendant entretint alors des relations avec les Juifs qui venaient de franchir la mer Rouge, et la Transcaucasie entière adopta le judaïsme comme religion.

Toutefois, la courte indépendance de la Géorgie s'acheva bientôt quand le monarque Kekapous, qui régnait pour le compte des Perses dans l'actuel Azerbaïdjan, réussit à rendre les Géorgiens ses tributaires. Mais les sentiments nationalistes des Caucasiens de l'époque leur permirent de se rebeller une nouvelle fois, après avoir vaincu le même Kekapous, qui envoya à son tour son petit-fils Kaikhosro reprendre contrôle de la Géorgie et de l'Arménie.

Alexandre le Grand et l'aube de l'indépendance

L'empire achéménide à son apogée. Alexandre le Grand fera la conquête de la plus grande partie de cet empire.

Plusieurs années plus tard, quand Kaikhosro était déjà un général célèbre, une guerre éclata entre les Perses et les Touraniens. Toutefois, ces derniers furent défaits et décidèrent de s'allier aux Géorgiens, qui réussirent à se révolter contre leurs suzerains. L'indépendance du Caucase fut à nouveau renouvelé et le pays fut dès lors connu pour être une terre d'asile pour tous les réfugiés, venant du sud, du nord, de l'est ou de l'ouest. Ainsi, dans les années 580 av. J.-C., après la prise de Jérusalem par les Babyloniens, plusieurs colons juifs vinrent se réfugier en Géorgie, auprès du Mamasakhlissi (Archonte) de Mtskheta, dont la famille régnait sur le Karthli depuis des siècles. Les générations suivantes furent illustrées par de multiples retournements de situation : maintes fois, les Perses tentèrent de reprendre la Transcaucasie, mais maintes fois, les Géorgiens, alliés aux Arméniens, se révoltèrent.

Après une longue période de confusion dans laquelle les Géorgiens ne savaient guère à quelle nation ils appartenaient, le jeune roi de Macédoine Alexandre III, connu désormais sous le nom d'Alexandre le Grand, fit sa première apparition aux frontières du Caucase. En une seule expédition, il réussit à soumettre le pays, qu'il vida de tous ses colons étrangers. Intégrée à l'empire macédonien comme un pays vassal, la Géorgie se vit soumettre à un roi d'origine grecque, Azon. Ce dernier, tyran, fit tuer la presque totalité des descendants du mythique Karthlos. En quelques années, il soumit la totalité des tribus caucasiennes (exceptée l'Arménie) et introduisit en Géorgie les cultes grecs. À la mort d'Alexandre, le Caucase rentra le lot du diadoque Eumène de Cardia, avant de se soumettre au roi Séleucos Nicator.

L'antique Ibérie

Mais la tyrannie d'Azon ne fut pas la meilleure solution pour le maintenir sur son trône. En effet, afin de légitimer son pouvoir, il fit tuer tous les probables opposants qui pouvaient se poser au travers de son chemin. C'est ainsi qu'il fit tuer Samara, Mamasakhlissi de Mtskheta, et sa famille. Toutefois, la belle-sœur de celui-ci réussit à s'échapper avec ses enfants, qui grandirent dans les montagnes du Caucase. Pharnabaze, un des neveux de Samara, revint un jour dans sa patrie et, grâce aux richesses qu'il avait accumulées, fit une alliance avec le souverain d'Egrissi, Koudji. Les deux réussirent également à se mettre en accord avec les tribus du Caucase et bientôt, ils menèrent une révolte populaire contre Azon de Mtskheta, qui fut tué durant la guerre. Devenu unique souverain du Karthli, il devint le suzerain de toutes les régions qui l'avaient aidé et fut reconnu comme vassal mais aussi comme roi par le roi Séleucos Ier de Syrie.

Devenu roi d'Ibérie (nom occidentalisé du Karthli), Pharnabaze ne tarda guère à soumettre la totalité de son pays et gagna une courte guerre contre l'Arménie, soutenue par Cassandre de Macédoine. Par la suite, il réorganisa le pays. Il divisa sa contrée en neuf régions, gouvernées par des eristavis ou bien par un officier militaire du titre de Spaspet. Il officialisa le panthéon géorgien et donna de cette manière une seule religion à son peuple, puis réforma la langue du pays, et serait le créateur de l'alphabet géorgien.

Les débuts, entre difficulté et gloire

Le royaume d'Arménie à son apogée, sous Tigrane II, qui soumet l'Ibérie en -90

Pharnabaze Ier mourut au milieu du IIIe siècle av. J.-C. et laissa à ses successeurs un royaume supposé puissant et uni. Toutefois, une fois que Sauromace succéda à son père, la noblesse du pays se révolta contre son roi, qui dut se réfugier dans les montagnes du Caucase. Les tribus alliés à l'Ibérie envahirent alors le pays et éliminèrent la noblesse révoltée, en replaçant sur le trône Sauromace, qui nomma des dignitaires caucasiens comme gouverneurs de certaines régions. Or, les mêmes Caucasiens brisèrent l'alliance et dans les années -140, ils envahirent une nouvelle fois le Karthli, mais cette fois-ci pour y rester. La défense, menée par le roi Mirvan Ier, sortit vainqueur de l'invasion, la première de l'histoire de l'Ibérie, et même renforcée car ainsi, Mtskheta (capitale de l'Ibérie) réaffirma son pouvoir auprès des nobles. Bientôt, le même roi Mirvan Ier fit une alliance avec l'Arménie voisine, dirigée par la nouvelle dynastie artaxiade.

Dans les années 100 av. J.-C., le royaume d'Ibérie se développa considérablement. De nombreux temples en l'honneur des divinités locales furent érigés et de nouvelles villes furent construites. Toutefois, le culte géorgien fut laissé de côté par le roi Parnadjom Ier qui introduisit la religion grecque en Géorgie, au détriment du peuple. Celui-ci se rebella alors contre son monarque qui dut se réfugier en Syrie, auprès de ses protecteurs. Le roi d'Arménie en profita et, en 90 av. J.-C., Tigrane II le Grand plaça son cousin Artaxias sur le trône, après une courte guerre, devenant ainsi le suzerain de l'Ibérie.

Soumission à Rome

Buste de Pompée le Grand

Durant la période d'occupation arménienne de l'Ibérie, le royaume ne se développa guère plus qu'architecturalement. Jusque dans les années -30, en effet, les monarques issus de la dynastie artaxiade firent construire plusieurs villes et agrandirent leur capitale, Mtskheta. Toutefois, ces constructions ne furent guère suffisantes pour empêcher les Parthes (qui commençaient à devenir puissants) de dévaster la région. Plusieurs raids furent organisés par les Arsacides qui étaient venus à bout des Séleucides, les protecteurs traditionnels de l'Ibérie. Parallèlement, la Géorgie occidentale souffrait également. En effet, le Royaume du Pont grandissant avait à son tour soumis la Colchide, qui ne devint guère plus qu'un fief pour le fils puîné du roi.

Mais les vrais problèmes commencèrent dans les années -60. À cette époque, l'Ibérie, l'Arménie et l'Albanie du Caucase avaient rejoint le royaume du Pont lors de la Troisième guerre pontique, que se menaient le général Pompée le Grand et le roi Mithridate VI. Bientôt, l'Albanie du Caucase fut soumise à la République romaine, tandis que l'Arménie fut vaincue en 69 av. J.-C. L'Ibérie resta alors seule, contre la puissante république, qui, en une seule bataille (celle d'Armaz) vint à bout des forces du roi Artocès Ier (printemps -65). L'Ibérie perdit le soutien de l'Arménie et se retrouva vassalisée par les Romains.

Entre Perses et Romains

Dès l'an -65 et la défaite des Ibères contre Pompée le Grand, le royaume d'Ibérie s'affranchit de la suzeraineté arménienne pour rejoindre la sphère d'influence romaine. À partir de ce moment et jusqu'à l'annexion de l'Ibérie par la Perse à la fin du VIe siècle, la région fut une raison majeure de dispute entre les Romains et les Parthes (plus tard remplacés par les Perses). Ainsi, en 30 av. J.-C., le roi artaxiade Pharnabaze II fut détrôné puis tué par le prince Mirian, qui descendait des anciens rois pharnabazides et qui fut élevé en Parthie. L'Ibérie fut ainsi sortie provisoirement de la sphère d'influence romaine pour être incorporée au sein du monde arsacide. Mais trente ans plus tard, les Artaxiades revinrent en force et, faisant tuer le roi d'Ibérie, placèrent sur le trône le roi Pharsman, qui par sa famille, descendait de toutes les dynasties régnantes d'Ibérie.

Sous le règne de Pharsman Ier, l'Ibérie connut une période de croissance considérable. Non seulement en dehors de l'influence parthe, il réussit à devenir relativement indépendant vis-à-vis de Rome. En plus de cela, il fit doubler les terres de son royaume et alla même jusqu'à soumettre son ancien suzerain, l'Arménie. Ainsi, en l'an 35, il envahit l'Arménie parthe et plaça sur le trône son frère, Mithridate, qu'il remplacera en 51 par son propre fils, Rhadamiste, aujourd'hui tristement connu pour le drame français du XVIIIe siècle Rhadamiste et Zénobie. Le roi Pharsman avait également l'intention de transformer la vassalité de l'Arménie en une annexion totale, se réservant de donner le pays en fief à son fils puîné. Mais ce projet échoua en 54 lorsque les Parthes revinrent en force et envahirent l'Arménie. Rhadamiste dut se réfugier en Ibérie, puis fut tué sous les ordres de son père, prétextant un complot, mais sûrement en raison de l'échec qu'il provoqua.

L'histoire de l'Ibérie devient trouble dès la mort de Pharsman. En effet, il existe aujourd'hui deux théories concernant la succession du roi. La première est celle de la division. Il est dit dans la Chronique de Léon de Roussi (XIIIe siècle) qu'à la mort du roi, la noblesse s'accorda à diviser l'Ibérie en deux : le royaume de Mtskheta et le royaume d'Armaz. Le premier, correspondant au nord de la rivière Mtkvari, fut attribué au fils aîné du défunt monarque, Bartom II, tandis que le fils cadet de celui-ci, Qartam, reçut la partie opposée, le royaume d'Armaz. Mais malgré les efforts d'alliance, notamment contre l'Arménie, les deux royaumes se trouvèrent finalement ennemis, en raison de leurs influences : tandis que Mtskheta était vassalisé par les Parthes, Armaz s'alliait avec Rome. Selon cette même version, l'Ibérie resta ainsi divisée jusqu'à ce qu'en 129, après une guerre civile, le roi d'Armaz Rhadamiste réussisse à réunifier la Géorgie orientale. La seconde hypothèse fut émise pour la première fois par Marie-Félicité Brosset (), qui doute assez de l'exactitude de cette succession royale. Elle fut par la suite développée par le généalogiste Cyrille Toumanoff, qui nie complètement la division de l'Ibérie, en donnant le prince Mihrdat comme successeur de son père Pharsman.

D'après cette dernière version, aujourd'hui acceptée par la majorité des historiens, l'Ibérie regagna de sa gloire en 116, lorsque Pharsman II, dit « le Bon », accéda au trône. Ce descendant de son premier homonyme régnait toujours sous la protection de Rome dans les années 120 quand, grâce à sa puissance, il changea son titre de vassal en « allié » de Rome. Il s'entretint avec l'empereur romain Hadrien en Asie mineure, avant de visiter Rome sous le règne d'Antonin le Pieux. Là, il se prépara à une guerre probable contre les Parthes, mais la mort brusque de Pharsman à la fin des années 130 anéantit ce projet. Par la suite, l'Ibérie garda ce même statut d'allié de l'Empire romain pendant plusieurs décennies. Dans les années 180, l'Ibérie s'empara de l'Alanie, mais la puissante alliance avec Rome s'acheva en 189, quand les Parthes détrônèrent le roi Amazasp II, pour placer un prince arsacide sur le trône géorgien, Rev, dit « le Juste ». Ce dernier continua la politique intérieure de ses prédécesseurs en développant le pays et en supprimant les sacrifices humains du culte ibère, mais se rangea sous l'influence parthe.

Conversion au christianisme

Le destin de l'Ibérie changea en 224, quand le prince Ardachîr Ier s'empara de la Parthie pour fonder l'Empire sassanide. Dans les années 280, une coalition formée de l'Ibérie, de l'Arménie et de l'Empire romain commença une guerre contre les Sassanides dans le but de rétablir le roi Khosrov II en Arménie occidentale. La coalition fut victorieuse, mais bientôt, les Perses se vengèrent et en 284, le roi Vahram II envahit l'Ibérie et obligea le roi Aspagour à se réfugier dans les montagnes du Caucase, où il mourut. Alors, la noblesse géorgienne, qui s'occupait de la succession royale, décida de s'allier avec la Perse afin d'éviter une annexion probable et demandèrent le prince perse Mirian pour roi. Celui-ci devint, en 284, Mirvan III d'Ibérie et rapprocha son nouveau royaume de la Perse. Cependant, au fil du temps il l'orienta en définitive vers l'Occident : s'alliant d'abord avec le royaume du Bosphore, avant de marier son fils aîné à une fille du roi arménien Tiridate IV. Finalement, dans les années 320, il entama une longue série d'ententes avec l'empereur romain Constantin Ier.

Mirvan III et Nana d'Ibérie furent les premiers souverains chrétiens de la Géorgie

À cette époque, la religion officielle des rois d'Ibérie n'était guère définie. Des cultes locaux, elle passa au paganisme grec, avant de s'orienter vers le mazdéisme. Mais d'un autre côté, le christianisme commençait à se répandre dans le pays. En effet, depuis le Ier siècle, des communautés chrétiennes s'étaient formées partout en Géorgie et dès le début du IIIe siècle, les rois ibères furent introduits à cette nouvelle religion. Dans les années 330, sainte Nino de Cappadoce arriva dans les frontières de l'Arménie, qui était alors vassale de l'Ibérie, et commença à convertir les païens locaux. Vers 335, elle réussit à atteindre la reine Nana, mais son époux, le roi Mirvan III, resta perplexe vis-à-vis de la nouvelle religion, qui avait déjà gagné l'Arménie. Le samedi 20 juillet 337, Nino parvint enfin à faire baptiser le roi, qui fit adopter le christianisme comme religion d'État. Il créa par la même occasion le Catholicossat d'Ibérie et des centaines de Géorgiens furent baptisés. Cet évènement changea ainsi considérablement l'Ibérie qui choisit fermement ses positions et qui s'allia à Constantinople. Mirvan III alla même jusqu'à aider l'empereur Constance II contre les Perses lors d'une guerre en 360.

Mais les Perses n'apprécièrent guère cet affront et choisirent la force comme riposte. En 363, le chah Châhpûhr II envahit la Géorgie et plaça sur le trône ibère Varaz-Bakour, un fils de Mirvan III (Miria III) qui avait choisi le camp perse. Or, les Romains ne reconnurent pas ce Varaz-Bakour comme roi d'Ibérie et envahirent à leur tour la région pour venir en aide à l'ancien roi Sauromace II. En 370, une paix est conclue entre les Romains et les Perses, et la Géorgie se retrouva divisée en deux. La partie occidentale fut attribuée à Sauromace en tant que vassal chrétien de Constantinople, tandis que l'Orient du pays revint au pion perse. Toutefois, de nouveaux problèmes contre les envahisseurs, notamment les Goths, empêchèrent les Romains de venir en aide à Sauromace dont les terres furent annexées par la partie persane en 378. Mais les Romains se bornèrent à ne pas reconnaître la soumission de l'Ibérie aux Perses et il faut attendre 387 et la signature de la Paix d'Acilisène pour que Constantinople abandonne définitivement ses prétentions sur le Caucase.

Court apogée

En 407, le roi Pharsman IV se rebella contre la domination persane et s'allia avec l'Empire romain d'Orient, qui malheureusement ne put aider l'Ibérie contre une nouvelle soumission en 411. Après avoir perdu toutes chances de récupérer leur indépendance et leur ancienne gloire, les souverains régionaux se vassalisèrent définitivement auprès des Perses dans les années 420, période où le Christianisme redevint la religion officielle de l'État ibère. Les derniers règnes de la période antique furent relativement calmes, et ce jusqu'en 458.

À cette date, un nouveau personnage apparut sur la scène historique du Caucase : Vakhtang Gorgassali. Ce dernier avait accédé au trône quelques années plus tôt, mais sous la régence de sa mère, une princesse persane. Mais une fois avoir acquis les pleins pouvoirs, tout comme le fera plus tard Louis XIV de France, il soumit toute la noblesse mais dut bientôt affronter de nouveaux envahisseurs. D'un côté, il dut affronter les invasions des Byzantins qui occupaient déjà toute la Lazique et l'ancienne Colchide, avant de se présenter contre les Alains et les autres tribus caucasiennes. Bientôt, il s'allia et forma une sorte de coalition avec les autres pays transcaucasiens et la Perse contre les Barbares, et vint à bout des ancêtres des Ossètes après une guerre qui détermina le sort de cette tribu. Puis Vakhtang se dirigea contre Byzance et, après avoir dévasté toute l'Anatolie et une partie de l'Asie mineure, il conclut une paix avec Constantinople et épousa la fille de l'empereur Zénon. En réponse à cette alliance, les Sassanides décidèrent de récupérer le contrôle sur l'Ibérie et envahirent la région. Vakhtang dut se réfugier en Géorgie occidentale où il prépara une nouvelle guerre contre les Perses et réussit à les vaincre dans une bataille finale en 502.

Durant cette période de gloire pour l'Ibérie, d'importants changements intérieurs se produisirent également. Le roi Vakhtang Gorgassali fit construire de multiples églises et sous son règne, le christianisme remplaça le zoroastrisme. Roi pieux, il ne s'empêcha toutefois pas de renvoyer l'évêque Mikhail et de faire amener en Ibérie le prêtre grec Pierre, qui commença un règne religieux en déclarant son indépendance vis-à-vis du Patriarcat de Constantinople. Puis finalement, le Ve siècle fut également un siècle d'amélioration pour l'Ibérie : après avoir rajouté l'Egrissi et la Tao à son royaume, Vakhtang imita ses prédécesseurs et fit construire plusieurs villes. La plus célèbre est Tbilissi, qui obtiendra le titre de capitale dans les années 510. Tbilissi restera encore longtemps la capitale de la région et une fois la Géorgie établie au Moyen Âge, elle deviendra sa capitale définitive.

Annexion persane

À la mort du roi Vakhtang Gorgassali, l'Ibérie fut divisée en deux, dans un partage familial entre les enfants du défunt monarque. Ainsi, la partie orientale (avec Tbilissi) et le titre de roi fut attribué au fils aîné de Vakhtang, Vatché II, qui dut se résigner à accorder à ses demi-frères puînés Levan et Mihrdat l'occident du royaume avec le titre d'archiduc. Encore une nouvelle fois divisée sous deux sphères d'influence différentes (Sassanides pour le royaume et Byzantins pour l'archiduché), l'Ibérie rentra dans un court déclin qui se solda bientôt en annexion définitive de la Perse.

Au début des années 550, l'Ibérie dut se résoudre à abandonner tout espoir venant de l'Empire byzantin, alors trop occupé dans ses conquêtes en Italie, et le roi Pharasman V accepta officiellement la suzeraineté persane, en échange de la préservation de son pays et de sa religion. Or, les Sassanides ne respectèrent pas tout à fait leur part du contrat et annexèrent en quelques années la basse-Ibérie, où se situait Tbilissi. Bientôt, le royaume ne se limitait qu'à la région d'Oudjarma et il ne fallut attendre que la mort du roi Bakour III, dans les années 580, pour que la Transcaucasie soit totalement incorporé à la Perse, sans même une opposition de la noblesse, alors pourtant en réclamation de leurs droits d'indépendance vis-à-vis de l'Ibérie.

L'époque médiévale

Entre Sassanides, Byzantins et Arabes

Mais la domination totale de la Perse en Ibérie ne dura pas bien longtemps. En effet, dès 588, la population locale soutenue par la noblesse se révolta contre la tyrannie du chah Hormizd IV (579-590) et appela Gouaram, un prince géorgien réfugié en Lazique depuis l'annexion persane, pour régner sur le trône ibère. Celui-ci accepta, mais ne prit pas le titre de roi, gardant celui de Prince-Primat, ou erismtavari, avant de se soumettre à l'Empire byzantin de Maurice Ier et d'être nommé par ce dernier Curopalate d'Ibérie. Toutefois, le successeur de Gouaram, Stéphanos Ier (590-627), se retrouva dès les premières années de son règne dans une des nombreuses guerres que se menèrent les Sassanides et les Byzantins. Pour conserver son trône et dans la crainte d'une grande victoire perse, le monarque ibère dut retourner sous la domination du chah Khosro II, malgré son christianisme et la victoire romaine de 591 ne changea rien à son statut. Bien au contraire, Constantinople s'allia avec les Khazars et fit envahir l'Ibérie persane par ces barbares du nord. Ziebil, leur khan, atteint bientôt la frontière azerbaïdjanaise avec ses dizaines de milliers de troupes et après un long siège, Tbilissi, redevenue capitale de la Géorgie orientale, tomba aux mains des alliés khazaro-byzantins. Le prince-primat Stéphanos fut décapité et sa tête fut envoyée à Constantinople, tandis que l'empereur Héraclius Ier plaça sur le trône le prince de Kakhétie Adarnassé, fils du dernier roi Bakour III.

Empire omeyyade à son apogée

Mais tout bascula à nouveau en 645, quand de nouveaux conquérants arrivèrent aux portes de la Géorgie. Ceux-ci étaient les Arabes. Une fois convertis à l'Islam, ils allèrent très rapidement de conquêtes en conquêtes. En 634, les musulmans arrivèrent aux frontières sassanides et commencèrent une annexion progressive de l'empire perse qui durera jusqu'en 651. Mais entre-temps, en 645, ils étaient arrivés à un niveau où ils pouvaient facilement venir à bout de la faible Transcaucasie. Dès l'an 650, le prince-primat Stéphanos II dut accepter la suzeraineté arabe sur ses domaines. Après une courte transition byzantine, l'Ibérie devint bientôt une province vassale du Califat omeyyade. Sous le long règne d'Artchil Ier (663-748), les domaines géorgiens existèrent dans une période de calme relatif et de développement intérieur, illustré par les alliances entre la famille princière et la noblesse et la construction de nombreuses églises, symbolisant toutefois un refus de la Géorgie d'adopter l'Islam comme religion d'État. Cela provoqua une nouvelle série de raids des Arabes en Ibérie et l'exécution d'Artchil Ier, désormais connu sous le nom de « Martyr ».

En 786, la dynastie des Bagrations, qui, venant d'Arménie, régnait sur le duché de Tao depuis près d'un siècle, accéda au trône d'Ibérie sous la personne d'Achot Ier. Celui-ci décida de s'émanciper de la domination arabe en Géorgie et déplaça alors le centre administratif et religieux de la nation géorgienne du Karthli central à ses domaines héréditaires de Tao-Klardjétie, où il se reconnut vassal de l'Empire byzantin. Les Abbassides de Bagdad décidèrent alors d'annexer totalement la région de Tbilissi et créèrent un Émirat de Tiflis en remplacement de l'ancienne Ibérie. Achot se sentant en danger s'allia avec une nouvelle puissance caucasienne, le royaume d'Abkhazie, entité qui remplaçait l'Egrissi byzantine depuis les années 780. Avec cet État, il réussit à reprendre le contrôle de la région, mais ne put reprendre Tiflis (nouveau nom de Tbilissi), qui resta aux mains des Arabes, alliés quant à eux à la Kakhétie. Achot Ier mourut en 830 et ses domaines furent alors divisés entre ses fils. Le titre de Prince-Primat d'Ibérie et le duché de Tao Inférieur revint toutefois à son second fils, Bagrat Ier qui dut se soumettre à nouveau au Califat abbasside, tout en gardant le titre de Curopalate.

En 888 (ou 899), une nouvelle période pour la nation géorgienne fut ouverte quand le prince Adarnassé IV d'Ibérie, allié au roi d'Arménie Smbat Ier, prit le titre de « Roi des Géorgiens ». Et même si son règne fut principalement illustré par l'invasion et l'établissement de la domination abkhaze sur la Transcaucasie centrale, ce fut la première fois que le nom de Géorgie a été utilisé dans une titulature royale. Par ailleurs, cette domination du royaume d'Abkhazie s'acheva bientôt quand un nouveau personnage apparut sur la scène géorgienne : David le Grand.

Unification de l’État géorgien

David III Bagration était devenu souverain de la province héréditaire de Tao-Klardjétie en 966, à la mort de son père Adarnassé V. Par la même occasion, il reçut la distinction de Curopalate d'Ibérie, titre plus courtois qu'autre chose, l'Ibérie étant alors sous domination abkhaze. Toutefois, laissant tomber la situation transcaucasienne, il s'aventura vers le sud et en quelques années, il soumit les États musulmans qui le bordaient, diffusant par la même occasion la culture géorgienne du Pont au lac de Van. Devenu l'une des principales puissances régionales, David III arriva à se faire respecter par le Basileus Basile II qui n'hésita pas à s'allier avec lui, comme le feront les usurpateurs Bardas Sklèros et Bardas Phocas dans les années 980 et les rois arméniens Smbat II et Mouchel de Kars.

Le roi Bagrat III acheva l'unification de la Géorgie en 1010

Mais il y avait un problème dans la succession de David III, désormais surnommé « le Grand » : il n'avait pas d'héritier direct. Alors, pour remédier à la situation, il décida d'adopter son petit-cousin qu'il avait élevé à sa cour, le prince Bagrat. Souhaitant donner un pouvoir de facto à son nouveau descendant, David décida de s'allier avec le gouverneur révolté d'Ibérie Ioané Marouchisdzé, qui n'acceptait ni la domination abkhaze ni celle de la Kakhétie, qui avait envahi la région quelques années plus tôt. En 976, il réussit grâce aux conflits internes du royaume d'Abkhazie à vaincre les suzerains de la Géorgie intérieure et fit couronner Bagrat roi d'Ibérie, avant de le placer sous la régence du père naturel de son fils adoptif, Gourgen Ier. Or, la noblesse n'accepta pas de bon cœur cette nouvelle domination des Bagrations et décida de faire appel aux Kakhs récemment expulsés de la région. Ceux-ci reprirent contrôle de l'Ibérie en 978, avant d'être à nouveau vaincus par David le Grand, qui confia cette fois-ci la régence de Bagrat à sa mère Gourandoukht.

Cette dite Gourandoukht était à l'origine une princesse de la famille royale d'Abkhazie, sœur du roi Théodose III. Toutefois, ce monarque avait lui aussi un problème dans sa succession et s'accorda avec la noblesse locale pour nommer son neveu Bagrat héritier. Bientôt détrôné grâce aux efforts de Ioané Marouchisdzé (alors au service de David de Tao), Théodose dut se réfugier en Tayk et Bagrat devint roi d'Abkhazie sous le nom de Bagrat III. Unifiant ainsi l'ouest et le centre de la Géorgie, il grandit en puissance, ce qui attisa la jalousie de son protecteur David III Bagration qui mena par ailleurs une courte guerre contre lui dans les années 990, guerre qui n'eut toutefois aucune répercussion à long terme. Ce dernier fut d'ailleurs assassiné en 1000 et légua à l'empire byzantin ses domaines, en raison de son soutien à l'usurpateur Bardas Phocas en 987. Ces terres furent perdues à jamais pour la Géorgie mais une reconnaissance par Bagrat III de la nouvelle acquisition de l'empereur Basile II lui permit de recevoir le titre de Curopalate à son tour. En 1008, l'Ibérie et le royaume des Géorgiens tomba totalement dans les mains du jeune prince quand son père naturel Gourgen Ier mourut à son tour. Encouragé par ses exploits, Bagrat III décida d'entreprendre une campagne militaire contre la principauté de Kakhétie qui dut se résigner en 1010. À cette date, l'unification de la Géorgie fut un exploit. Pour la première fois, un État englobait la totalité de la nation géorgienne (si on ne prend pas en considération la Tao désormais byzantine) et le sceptre royal portait le brillant titre de « Roi des Abkhazes, des Kartvèls, des Rans et des Kakhs ».

Débuts difficiles

La première campagne de l'histoire de l'État géorgien fut organisée dès l'an 1012 et fut dirigée contre l'émirat cheddadide de Gandja dont le souverain, Fadloun, menait des raids destructeurs dans l'est du pays depuis des années. Heureusement, grâce à une alliance stratégique avec l'Arménie de Gagik Ier, l'État musulman dut bientôt supplier la paix et commencer à payer tribut, le kharadj, avant de se reconnaître vassal de Bagrat III. À la suite de cette première campagne victorieuse, le roi se dirigea contre son allié l'empire byzantin dans le but de reconquérir les terres de Tao-Klardjétie perdues à la mort de David III Bagration. Et à l'aide d'une diplomatie habile et d'une nouvelle alliance avec le Califat fatimide, réussit à prendre la Klardjétie, laissant toutefois le Tayk aux Byzantins, après avoir fait exécuter les gouverneurs de la région, Soumbat et Gourgen Bagration.

Bagrat III continua à régner comme un monarque absolu et amena son nouveau pays dans un court apogée, réussissant à étendre sa puissance jusqu'en Arménie et dans l'actuel Azerbaïdjan, avant de mourir dans une vieillesse assez tranquille, le . Toutefois, son successeur Georges Ier dut affronter de multiples problèmes intérieurs et extérieurs dès son avènement. En effet, en quelques mois, la Kakhétie réussit à redevenir indépendante grâce à une révolte des nobles que Bagrat III avait domiciliés en Abkhazie, ce qui mena les Byzantins à renforcer leurs positions dans le Tao dans le but de préparer une invasion à plus grande échelle. En 1016, toutefois, le Basileus Basile II fut appelé en Bulgarie pour vaincre des envahisseurs barbares et Georges Ier profita de la situation pour, après s'être allié à nouveau avec les Arabes, occuper la région. De là, il se posa en médiateur dans le conflit civil qui occupait l'Arménie durant cette période (le roi géorgien envahira par ailleurs Ani et obligera le royaume arménien de Smbat III de se reconnaître comme vassal de la Géorgie). Mais Basile II de Constantinople ne laissa pas la situation rester telle qu'elle l'était et répondit aux occupations géorgiennes en vainquant les forces de Georges Ier à Shirimni, le . Cette défaite annonça à la Géorgie la fin définitive des prétentions (de facto) sur l'Anatolie et dès 1030, une paix officielle fut signée à Constantinople, paix représentée par le mariage du nouveau monarque géorgien Bagrat IV et de la nièce de l'empereur byzantin Romain III, Hélène Argyrossa.

fresque représentant David IV de Géorgie

Toutefois, cette alliance de jure n'empêcha guère Byzance de soutenir la révolte de Démétrius, demi-frère du roi qui livra la forteresse d'Anacopia (Abkhazie) aux Romains en 1035. Mais Bagrat IV réussit à mater cette nouvelle révolte dès 1040 et détourna sa politique des relations avec l'empire. Au contraire, il tenta de réorganiser son royaume et de reprendre Tiflis des mains des Arabes. Allié au roi de Kakhétie Gagik Ier, il réussit à faire plusieurs sièges victorieux devant l'ancienne capitale ibère entre 1038 et 1040, mais refusa toutefois d'annexer la ville. En revanche, il ne se priva pas d'envahir l'Arménie alors sur le point de se faire annexer par Constantinople en 1045 et de remporter une nouvelle guerre civile contre la famille Orbéliani, alors en plein essor.

Mais bientôt, un nouvel ennemi apparut aux frontières de la Géorgie. Ceux-ci étaient déjà venus à bout des Arabes, ancien protecteur des Géorgiens, et commençaient à menacer les Byzantins, notamment après leur victoire à Mantzikert en 1071. Ceux-ci étaient les Seldjoukides. Cette tribu d'origine turque venant des steppes d'Asie centrale était rapidement arrivés à la frontière géorgienne après avoir soumis l'Arménie. Alp Arslan, leur sultan, dévasta les provinces de Kartli et d'Argvétie en 1069 et cinq ans plus tard, les Seldjoukides menés par Malik Chah réussirent à prendre la capitale du royaume de Géorgie, Koutaïssi, qui fut brûlée. L'économie du pays tomba à zéro en raison de la dépendance de celle-ci envers les milieux ruraux qui furent détruits par les Turcs et le roi Georges II dut se reconnaître tributaire de Malik Chah.

La Reconquista

En 1089, un conseil de la noblesse se réunit pour décider du sort de la Géorgie. De ce conseil sortit la décision de priver du pouvoir le roi Georges II qui dut abdiquer en faveur de son jeune fils David IV, alors âgé de 16 ans. Quand il accéda au trône, celui-ci n'était pas attendu pour être un roi puissant et un rétablisseur de l'unité géorgienne mais uniquement comme un souverain fantoche aux mains des nobles en quête de liberté. Toutefois, l'Histoire en prouva le contraire. En effet, dès les premières années de son règne, son suzerain l'empire seldjoukide rencontra de gros problèmes.

En 1092, le sultan seldjoukide Malik Chah Ier fut assassiné dans un complot du palais et son fils Mahmoud lui succéda. Ce dernier ne put empêcher une guerre civile entre ses frères et en quelques mois, le grand empire qu'avaient constitué Alp Arslan et Malik Chah se divisa en cinq sultanats. Puis avec le lancement de la Première Croisade par les Occidentaux en 1096, la Transcaucasie se détourna définitivement du lieu de concentration de la puissance seldjoukide de l'époque. Dès lors, David IV reprit contrôle de la situation et commença par punir les nobles trop ambitieux, notamment en emprisonnant Liparit Orbéliani, dont la famille avait si longtemps renié la puissance royale. En 1101, il se lança dans les conquêtes et déclara la guerre au royaume de Kakhétie, dont il priva la forteresse de Zédazadéni en vainquant le roi Kviriké IV. L'année suivante, le même roi, ancien vassal des Seldjoukides, mourut et Aghsartan II lui succéda, avant de se faire capturer par des nobles pro-géorgiens qui le livrèrent à David IV. La Kakhétie fut réintégrée au royaume de Géorgie et la nation géorgienne fut ainsi à nouveau réunifiée.

Puis petit à petit, la Géorgie réussit à ressortir complètement du chaos de la seconde moitié du XIe siècle, notamment grâce à une alliance diplomatique avec une autre tribu turque, celle des Qiptchaqs, dont une princesse fut donnée en mariage au roi David IV. Ces Qiptchaqs fournirent également près de 15 000 hommes à l'armée géorgienne qui aidèrent cette dite armée à expulser les Seldjoukides de la Géorgie en 1110, avant de faire arrêter leurs incursions saisonnières en 1115. L'année suivante, il réussit à expulser les derniers Turcs du sud-ouest du pays, tandis qu'en 1118, la conquête arménienne débuta avec la prise de Lorri des mains des anciens suzerains de la Géorgie. Cela mena le sultan seldjoukide du Khorasan Mahmoud II à déclarer la guerre sainte (djihad) contre David IV en 1121 et en août de la même année, une grande armée de soldats musulmans pénétra en Géorgie. Toutefois, l'invasion fut un échec quand, le 12 août, cette armée fut défaite dans une bataille décisive à Didgori.

L'année 1122 fut ensuite représentée par la prise de Tiflis des mains des Arabes, qui, comme il a été dit plus haut, a été le siège d'un émirat musulman depuis le VIIe siècle. Avec cette conquête, la capitale géorgienne fut transférée de Koutaïssi à la nouvelle prise et de nombreuses églises furent reconstruites au sein de la ville. Deux ans plus tard, David IV réussit à prendre les villes arméniennes de Sper et d'Ani, ce qui lui permit de conquérir l'Arménie historique de l'époque. Tous ces évènements représentèrent le début de l'Âge d'Or de la Géorgie, qui acquit une taille sans précédent (et toujours inégalée aujourd'hui) durant cette période. Le samedi , finalement, le monarque connu désormais sous le nom de « David IV le Reconstructeur » (დავით აღმაშენებელი) mourut. Il sera plus tard canonisé par l'Église orthodoxe géorgienne et restera jusque aujourd'hui dans les mémoires des Géorgiens.

Apogée et Âge d'Or

Georges III de Géorgie

À la mort de David IV, son fils Démétrius Ier lui succéda sur un trône géorgien puissant et uni. Toutefois, dès 1126, de légers problèmes se posèrent sur le chemin vers l'apogée du royaume de Géorgie, notamment la restauration de la dynastie musulmane des Cheddadides d'Ani, dont le chef Fadloun (1126-1132) garantit une indépendance à l'Arménie islamique, sous les conditions de vassalité envers Tiflis. Mais les petits évènements de ce genre ne bouleversèrent pas trop le cours de l'histoire géorgienne et une fois de plus, rien n'empêcha le monarque géorgien de prendre des mains des Turcs les seigneuries de Dmanissi et de Khouman, ou bien de vaincre encore une fois la puissante famille des Orbéliani, à l'aide des Seldjoukides d'Azerbaïdjan en 1135. Puis en trois ans, l'ancien siège de la principauté puissante de Gandja tomba à son tour aux mains des troupes géorgiennes. La puissance définitive des rois géorgiens vis-à-vis de la noblesse fut par la suite officiellement garanti avec l'exécution du dernier rebelle Ivané V Orbéliani en 1145.

En 1153, les Seldjoukides revinrent en force à partir du petit émirat d'Erzurum. Toutefois, ils furent rapidement vaincus par les troupes de Démétrius Ier aux portes d'Ani. Mais cette victoire n'empêcha guère un complot de se former et en 1155, un coup d'État mené par le propre fils du roi se produisit et le nouveau monarque prit le titre de David V de Géorgie. Celui-ci régna pendant six mois mais mourut la même année et le trône revint à Démétrius Ier qui continua à gouverner le pays pendant un an, avant d'abdiquer le trône pour son second fils Georges III et de prendre les habits religieux sous le nom de Daniel (1156).

L'avènement de Georges III sur le trône géorgien en 1156 inaugura une nouvelle période de l'histoire géorgienne. Celle-ci fut l'une des plus prospères et des plus riches aussi bien d'un point de vue politique, économique que dans un point de vue culturel. Cette période est aujourd'hui connue sous le nom « d'Âge d'Or » du royaume de Géorgie et durera encore pendant deux générations, avant de laisser place à un pays en déclin. L'un des premiers évènements de cet apogée géorgienne fut certainement la prise d'Ani par les troupes de Georges III le . L'année suivante fut marquée par le pillage de Dvin, autre ville arménienne sous contrôle cheddadide qui resta toutefois aux mains de l'émir Fadloun. Mais la noblesse refit alors un retour surprenant sur la scène politique géorgienne de l'époque notamment grâce à l'erreur faite par le roi d'avoir nommé Ivané Orbéliani Amir-Spassalari (ministre de la Guerre et de l'Armée). En effet, celui-ci profita de la majorité du prince Demna Bagration, fils de l'ancien usurpateur David V et héritier légitime du trône de Géorgie pour alimenter une révolte nobiliaire en 1177 avec pour but de placer à la tête du pays ledit Demna, une simple marionnette des Grands du royaume. Heureusement pour la famille royale, le complot échoua et les principaux instigateurs de la tentative de coup d'État furent exécutés, aveuglés ou castrés, tandis que les participants secondaires furent exilés dans les montagnes du Caucase. L'année suivante, Georges III comprit qu'il ne pouvait rien faire pour calmer les nobles de manière durable et, sachant qu'une femme sur le trône géorgien ne ferait qu'aggraver la situation, il décida d'associer au trône sa fille Tamar, pour que sa succession soit sûre. La même année, l'armée géorgienne reprit la ville de Lorri et le , la mort du roi garantit le trône à la première reine de Géorgie, Tamar.

Cette Tamar réussit à contenir la nation géorgienne unie contrairement aux espoirs des nobles et bien au contraire, elle réussit à amener son pays à un pic culturel, politique et économique inédit. Le début de son règne fut marqué par la diplomatie et les tentatives de rapprochement avec les autres pays chrétiens voisins. Ainsi, en 1187, elle se maria en premières noces avec le prince russe Youri Adreïevitch Bogolioubski (Georges le Russe), Prince de Novgorod et héritier de André Ier Bogolioubski, Grand-prince de Vladimir. Mais en raison de son « impureté » (il était adepte de la sodomie), il fut chassé du royaume en 1192, un an après la conquête du Shirak. Deux ans plus tard, il revint en force en Géorgie occidentale avec le soutien de plusieurs grands nobles dans le but de détrôner Tamar. Toutefois, la défense menée par le nouveau prince consort David Soslan (ancien roi d'Ossétie) fut victorieuse et Bogolioubski disparut dès lors de l'histoire. Cet acte confirma le règne de Tamar qui alla par la suite de conquête en conquête au détriment des principautés musulmanes, comme l'avait déjà fait son ancêtre David le Reconstructeur. Ainsi, Amberd et Gélakoun tombèrent en 1196 et Ani échappa à la constitution d'un État islamique indépendant en 1199. En 1201, Bidjnissi fut prise par les armées de David Soslan, tandis que deux ans plus tard, à la suite d'une victoire décisive le à Chamkhor, Gandja et Dvin furent annexées au royaume géorgien. Puis l'année qui suivit fut également marquée par la création d'une sphère d'influence géorgienne avec l'établissement de l'Empire de Trébizonde dans la région du Pont par les princes byzantins David et Alexis Comnène, élevés à la cour géorgienne depuis leur enfance. À cette date, l'empire géorgien était formé et la nation géorgienne s'étendait jusqu'à la Mer d'Azov, tandis que sa dite sphère d'influence allait du Tigre à l'actuelle Crimée et comprenait pas moins de sept États (dont six musulmans). En 1205, l'armée seldjoukide d'Erzurum fut anéantie, ce qui ouvrit le chemin de la Géorgie vers de nouvelles prises, dont Kars (1206) et Ardébil (1210) et des expéditions allant de plus en plus loin (Azerbaïdjan et Khorasan en 1210).


Avec la prospérité de la nation vint également une expansion remarquable d'une culture géorgienne distincte, un amalgame d'influences chrétiennes et séculières avec des affinités venant de l'Occident byzantin et de l'Orient iranien. La monarchie géorgienne présenta alors son association avec le Christianisme orthodoxe et sa position en tant que « présent de Dieu ». Durant cette période, le canon de l'architecture orthodoxe géorgienne fut redéfini et une série de grandes cathédrales furent construites. L'expression du pouvoir royal dérivant d'un style byzantin fut également modifiée dans plusieurs voies afin de souligner la position sans précédent de Tamar en tant que femme régnant de son propre droit. Les représentations murales de l'époque de la reine étaient vraiment inspirées des imageries byzantines mais présentent des thèmes propres aux Géorgiens avec une beauté féminine orientale. Cette intime connexion de la Géorgie avec le Moyen-Orient fut également illustré en numismatique, les pièces retrouvées portant des légendes en géorgien et en arabe. Une série de ces pièces datant des années 1200 furent donc retrouvées. Elles contenaient une face de style byzantin avec toutefois une inscription arabe proclamant Tamar comme « Champion du Messie » (expression rentrée depuis dans la titulature royale).

Sous le règne de la reine Tamar, un nouvel espoir revint dans les esprits des Européens de la Troisième croisade, durant laquelle de nombreuses colonies religieuses furent fondées en Terre sainte, sur l'île de Chypre et dans la Péninsule balkanique. Par ailleurs, dans son testament, la souveraine glorieuse demanda que ses ossements soient dispersés en Terre Sainte (il n'y a toutefois aucune preuve que cet acte se produisit). Cette effervescence du christianisme en Géorgie fut l'une des causes du développement du patriotisme et du nationalisme géorgien au fil des siècles qui suivirent. Une autre cause est probablement l'abondance des œuvres de littérature à cette époque. Les auteurs tel que Chota Roustaveli étaient nombreux dans le Caucase géorgien de l'époque et les travaux littéraires comme Le Chevalier à la peau de panthère étaient connus aussi bien dans le monde chrétien que musulman.

Déclin de la Géorgie

Les problèmes naissants de la Géorgie au XIIIe siècle

La reine Tamar la Grande mourut le et son fils et corégent depuis 1208 Georges IV Lacha lui succéda sur un trône puissant et absolu. Toutefois, dès l'année qui suivit, Gandja commença à montrer des signes de rébellion (notamment en cessant de payer son tribut) et Georges IV dut lancer une expédition victorieuse contre son vassal. Par la suite, un début de conflit entre la noblesse, l'Église et le pouvoir royal sembla également débuter quand les deux premières entités refusèrent de reconnaître l'union du roi et de sa maîtresse roturière, une paysanne de Kakhétie. Finalement, malgré les espoirs des Croisés et du monde catholique que représentait Georges Lacha, il ne put rien faire pour empêcher un nouvel envahisseur d'arriver aux frontières de l'empire géorgien. En effet, dès 1221, les terribles Mongols venant des steppes d'Asie de l'Est commencèrent leur invasion du Caucase unifié de l'époque[8]. Jusqu'en 1222, de nombreuses batailles se déroulèrent et même si les troupes géorgiennes sortaient la plupart du temps victorieuses de ces combats qui n'étaient en fait que des examens pour tester la puissance géorgienne par les conquérants, le début de l'année suivante fut très fatal, en raison des lourdes pertes que la Géorgie avait subi les deux dernières années. C'est ainsi que dans une bataille décisive, le roi succomba à ses blessures, le , dix ans jour pour jour depuis son avènement au trône.

Invasion des Khorazaniens

Les Mongols avaient déjà envahi le Khwarezm, royaume musulman puissant d'Asie centrale, en 1220. Son monarque, Ala ad-Din (1200-1220), s'était alors enfui et mourut lors de cette fuite, laissant un trône ne contrôlant qu'une partie de l'Azerbaïdjan à son fils Jalal ad-Din qui profita d'une courte accalmie pour se pencher sur des plans de conquêtes, dans le but de reconstituer un empire puissant sous sa direction. Il jeta alors son dévolu sur la Géorgie voisine et dès 1225, ses troupes envahirent l'Arménie zakaride, vassale du royaume de Géorgie, dont les principales villes (Dvin et Lorri) furent dévastées. La même année, il pénétra sur le territoire géorgien et brûla maintes villes, avant d'assiéger Tiflis, la capitale de la monarchie, qui tombera le grâce à une trahison de la population musulmane locale, alors que la cour de la reine Roussoudan Ire se réfugiait à Koutaïssi (Géorgie occidentale). Les chrétiens de la ville sont alors massacrés et les édifices religieux de l'Orthodoxie sont détruits, mais cette sévère occupation fut toutefois brièvement arrêtée par la reprise provisoire de Tiflis par les Géorgiens en . La reine géorgienne Roussoudan s'allia par la suite avec les Ossètes, ses vassaux dans les faits, et les Qiptchaqs, mais ne put empêcher une nouvelle défaite à Bolnissi en 1228. Heureusement pour la Géorgie, de nouveaux alliés se présentèrent aux frontières du royaume et une alliance familiale fut conclue avec les dernières principautés seldjoukides de l'époque qui vinrent à bout des troupes khorazaniennes en 1230, provoquant la fuite de Jalal ad-Din, qui fut finalement assassiné par un Kurde le .

Arrivée des Mongols et première occupation étrangère

À la mort de Jalal ad-Din en 1230, le royaume de Géorgie assista à un retour au calme durant une demi-douzaine d'années, afin de se remettre des plaies laissées par les envahisseurs. Petit à petit, le pays se remit de ses blessures mais en 1236, il dut affronter une nouvelle invasion, encore plus féroce et plus dévastatrice que la précédente.

Expansion de l'empire mongol (1206-1294)

Jusque-là, plusieurs évènements s'étaient produits au Moyen-Orient. Comme il a déjà été dit, le Khwarezm avait déjà été conquis par les Mongols au début des années 1220, acte marquant la fin de l'indépendance de la Perse. Peu après, ces dits Mongols continuèrent leur avancée, aussi bien au nord qu'au sud, à l'ouest qu'à l'est, jusqu'à la mort de Gengis Khan, leur leader, en 1227. Ögödei succéda à son père et commença à organiser le vaste empire constitué par ce dernier, mais ne se priva pas non plus de quelques guerres, telle que la conquête de la Russie. L'État mongol devenait plus puissant et plus effrayant de jour en jour et la Géorgie se rendit bien compte qu'elle ne pouvait rien faire contre l'empire.

Ainsi, en 1236, les nouveaux envahisseurs du Caucase commencèrent leur nouvelle pénétration en Géorgie, comme ils l'avaient déjà fait sous le règne de Georges IV. En quelque temps, la reine Roussoudan dut évacuer Tiflis et sa cour se réfugia une nouvelle fois à Koutaïssi. La Géorgie orientale fut alors laissée aux mains de certains nobles pacifiques sous la direction de la famille Mkhargrdzéli, qui capitula face aux Mongols sans même un seul combat. La Géorgie orientale quant à elle garantit son indépendance grâce à la lutte de Qvarqvaré Ier de Samtskhe. En 1238, celui-ci fut à son tour vaincu après une défense courageuse pour la monarchie géorgienne qui resta désormais seule. La reine Roussoudan cherchera alors plusieurs alliés, dont les Seldjoukides voisins et même le Pape Grégoire IX, a qui elle promit notamment de se convertir au Catholicisme en échange d'un soutien militaire. Toutefois, aucune de ces alliances ne fonctionna vraiment et la défaite du sultan de Roum Kay Khusraw II en 1242 fit stopper la résistance géorgienne. La reine accepta officiellement la suzeraineté du Grand Khanat de Töregene, ce qui lui permit de garder son royaume (qui se retrouvait toutefois en très piteux état, sans parler des nombreux territoires annexés par les Mongols), en échange d'un lourd tribut de 50 000 hyperperons (soit environ 250 000 ducats) par an. Toutefois, elle ne put guère régner longtemps après cette défaite, représentant officiellement la fin de l'Âge d'Or de la Géorgie, et mourut des suites d'une maladie en 1245.

Division et émancipation

Peu avant la mort de Roussoudan, la reine avait envoyé à la cour du Khanat mongol son fils unique David, qui avait déjà été couronné corégent en 1234 à Koutaïssi, afin qu'il soit reconnu comme héritier légitime de sa mère. La régente de l'empire mongole Töregene lui accorda alors ce titre mais le garda en otage à sa cour. Quand le moment de la succession de Roussoudan arriva, David fut reconnu roi sous le nom de David VI par les Mongols et la noblesse mais son absence inquiéta de plus en plus les Grands du royaume qui finirent par croire à sa mort. Dans un étonnant quiproquo, le fils illégitime de l'ancien roi Georges IV, un autre David, fut reconnu monarque légitime du royaume de Géorgie et David VI ne put rien faire, jusqu'à ce que sa vie soit confirmée en 1248, quand il fut reconnu auprès de Güyük Khan. Ce dernier décida de régler la situation dans le but d'empêcher une guerre civile en Géorgie et divisa le trône géorgien, donnant le plus de pouvoir à David, fils de Georges IV, qui reçut le titre de Oulou (« l'Aîné »), tandis que son cousin fut nommé Narin (« le Jeune »).

Les deux David régnèrent conjointement dans la paix jusqu'en 1259. Cette année, David VI Narin tenta sans succès de se révolter contre le joug mongol et sa défaite le fit quitter Tiflis pour rejoindre en vitesse Koutaïssi. Là, il déclara son indépendance et créa un royaume géorgien alternatif dans l'ouest du pays, divisant de facto la Géorgie en deux. Encouragé par cet acte de son cousin, David VII Oulou se rebella à son tour contre la domination étrangère en 1260, peu de temps après avoir participé à la prise de Bagdad par les Mongols. Le général (et futur Ilkhan) Arghun envahit alors la Géorgie orientale et la révolte fut un échec pour David Oulou qui dut se réfugier chez son cousin à Koutaïssi. En 1262, toutefois, une paix fut signée entre Oulou et les Mongols et le fils de Georges IV put retourner à Tiflis, malgré l'exécution de sa femme la reine Gvantsa Kakhaberidzé en représailles l'année suivante. Mais c'est également à cette période que l'empire mongol rencontra de sérieux problèmes et dut se diviser en quatre entités. La Géorgie occidentale refuse de reconnaître un suzerain parmi ces nouveaux empires mais entretint toutefois de bonnes relations avec la Horde d'or, qui aida le roi David Narin à combattre les Houlagides qui ravageaient alors la Géorgie orientale. En 1270, le roi de cette dernière entité David VII Oulou mourut, laissant un pays détruit dont la situation économique était désastreuse. À cette même période, la puissance de la noblesse commençait à revenir et plusieurs principautés de facto indépendantes commencèrent à apparaître aussi bien en Géorgie occidentale qu'orientale.

Le jeune fils de David Oulou, Démétrius II, accéda alors au trône, mais sa jeunesse le fit se placer sous la régence du prince Sadoun III Mankaberdéli jusqu'en 1273. Toutefois, la famille Mankaberdéli était en fait au service direct des Houlagides et quand Sadoun III mourut, il refusa de nommer régent le fils de celui-ci, Koutlou-Bouga qui dut quitter la Géorgie pour rejoindre la cour houlagide. Pendant ce temps, en Géorgie occidentale, les choses allaient bien mieux. Lors de la division de 1259, le royaume de David Narin prit également possession de la sphère d'influence chrétienne de la Géorgie, dont l'Empire de Trébizonde. Mais ce vassal de la Géorgie refusait toutefois de se soumettre entièrement à Koutaïssi et David VI profita d'une visite à Constantinople de l'empereur Jean II en pour envahir ses États et placer sur le trône anatolien la demi-sœur de Jean, Théodora, née d'une mère géorgienne. Celle-ci gardera son trône jusqu'en 1286 mais Jean II réussit à le récupérer grâce à une intervention de l'armée byzantine, qui reconnut alors officiellement l'indépendance de Trébizonde. Cette défaite géorgienne marqua la fin de la domination caucasienne sur l'entité grecque, qui était pourtant vassale de la Géorgie depuis le règne de David IV le Reconstructeur.

En 1288, la Géorgie annexa la province de Derbent, sur les bords de la Mer Caspienne, qui s'était révoltée contre la domination mongole. Par cet acte, la Géorgie de Démétrius II espérait s'attirer la sympathie de l'Ilkhan Arghun mais ce ne fut pas le cas. Ainsi, la même année, une tentative de coup d'État fut découverte dans le palais impérial houlagide et le roi Démétrius fut accusé de complicité en raison de son amitié le ministre instigateur du complot, Bougha, dont la famille fut exécutée. Démétrius II fut quant à lui convoqué à l'Ourdou (conseil) mongol (où travaillait Koutlou-Bouga Mankaberdéli, ennemi juré du roi) et fut accusé de trahison. De retour en Géorgie, il fut à nouveau appelé par l'Ourdou et malgré l'opposition de ses conseillers et des chefs religieux de la Géorgie, il se rendit à Movakan. Le , il fut décapité sous les ordres d'Arghun. Quand sa mort fut apprise, la noblesse décida d'accorder le royaume de Géorgie orientale à Vakhtang II, fils du roi David Narin de Géorgie occidentale. Par cet acte, les nobles espéraient organiser la réunification du royaume géorgien mais la brusque mort de Vakhtang II en 1292 empêcha la tentative, surtout que Narin mourut à son tour l'année suivante.


En 1301, la Géorgie orientale se retrouva à son tour divisée. En effet, en raison du refus du roi David VIII (1292-1310) de venir en aide à Ghazan Khan qui était alors en guerre pour le trône houlagide, les Mongols imposèrent son demi-frère Georges V sur le trône. Toutefois, les suzerains n'étant uniquement en possession que de la capitale Tiflis, ledit Georges ne put exercer son pouvoir en dehors de la principale ville du royaume et la même année, Vakhtang III fut porté au pouvoir par les mêmes Mongols. De 1301 à 1307, la Géorgie comptait alors quatre rois : sans parler de celui de Géorgie occidentale (Constantin Ier), la Géorgie orientale était alors dirigée à la fois par David VIII, Georges V et Vakhtang III, qui mourut en 1307, suivi trois ans plus tard par David VIII, auquel succéda Georges VI. Celui-ci ne fut confirmé qu'en 1314 sur le trône mais il mourut en 1318 et Georges V demeura l'unique maître de la Géorgie orientale. D'abord soutien et vassal fidèle de l'empire houlagide, il ne tarda pas à se révolter contre les Mongols dès le début des années 1320 et cessa bientôt de payer le tribut annuel aux envahisseurs, instauré il y a près de 80 ans sous le règne de Roussoudan. Et contrairement à ce qui était attendu, les Mongols ne réagirent point et la Géorgie redevint indépendante pour la première fois depuis 1242.

Detail de carte nautique d'Angelino Dulcert, montrant la côte géorgienne de la Mer Noire et Tiflis, vers 1339.

Tamerlan aux frontières de la Géorgie

Une fois avoir regagné l'indépendance et s'être séparé des griffes des terribles Mongols, la Géorgie commença à se remettre de ses plaies ouvertes. Puis bientôt, elle se remit au conquêtes. En 1329, le roi Georges V assiégea Koutaïssi, la capitale du royaume de Géorgie occidentale, en sécession du reste du pays. Il prit la ville la même année et réduisit le roi Bagrat Ier à l'état de « Duc de Chorapan ». Cinq ans plus tard, en 1334, il réussit à vaincre son puissant vassal (de jure) Qvarqvaré II Djakéli, prince de Samtskhe, réunissant ainsi les pays géorgiens au sein d'une même nation, sous un seul sceptre. Ne rencontrant plus aucun ennemi extérieur ou intérieur, il se lança dans le commerce et s'allia avec l'empire byzantin et les républiques marchandes de Venise et de Gênes, de même qu'il forme un accord avec les Mamelouks d'Égypte dans le but de restaurer les monastères géorgiens de Terre sainte. Par la suite, il intervint dans la guerre civile de Trébizonde et réussit à placer sa cousine germaine Anna Anachoutlou sur le trône impérial le , après bien sûr avoir envahi les domaines de l'ancien vassal du royaume de Géorgie. Cet acte était censé ramener l'Empire de Trébizonde dans la sphère d'influence de la Géorgie, dont il s'était échappé plus d'un demi-siècle auparavant, mais l'arrivée de la flotte alliée des Byzantins et des Génois le anéantit la tentative, étant donné qu'Anna fut étranglée quelque temps plus tard.

Empire de Tamerlan

À sa fin en 1346, le règne de Georges V (désormais connu sous le nom de Brillant) fut suivi par l'arrivée de l'épidémie de la peste noire en 1347, probablement apportée par des marchands de la Mer Noire. Cette épidémie qui dura une vingtaine d'années détruisit le royaume presque autant que les Mongols le firent et emporta même la reine Hélène Comnène en 1366. Mais encore une fois, ce fléau ne fut guère plus qu'un « prologue » pour ce qui allait se passer. En 1369, un nouvel empire s'était formé au Moyen-Orient, celui de Tamerlan, un prince qui prétendait descendre de Gengis Khan. Le Khwarezm dut par la suite se soumettre en 1371 et, après une longue campagne en Asie centrale, il revint au Proche-Orient et dès 1386, il occupa l'Arménie, l'Azerbaïdjan, Erzurum et Kars. Il ne fallut pas plus de temps pour que Tamerlan reçoive la soumission Béka II de Samtskhé et dès lors, la Géorgie se retrouva seule. Le roi Bagrat V, après avoir fait envoyer son héritier au trône Georges Bagration en Iméréthie pour sa protection, se prépara pour un siège difficile à Tiflis, ville prise avec la famille royale le . Le monarque géorgien dut accepter de se plier aux désirs du conquérant et dut accepter de se convertir formellement à l'Islam pour préserver son peuple et son pays de nouveaux ravages, qui ne pouvaient être qu'en addition à ceux faits par les Turcs ottomans en Kartli et en Kakhétie. L'année qui suivit fut également une terrible défaite pour la Couronne géorgienne quand le duc Alexandre Ier de Chorapan profita de la mauvaise situation en Géorgie orientale pour reprendre possession de l'ouest du pays et se faire couronner roi à Koutaïssi. Le reste de l'année 1387 fut illustrée par une nouvelle invasion de Tamerlan en Géorgie orientale en raison d'une révolte du roi Bagrat V qui fit massacrer une troupe de 12 000 soldats timourides.

Bagrat V mourut en 1395, trois ans après avoir soumis à la vassalité la Géorgie occidentale. Son fils Georges VII lui succéda et montra un caractère encore plus farouche que son père vis-à-vis de Tamerlan. C'est pour cette raison qu'entre 1399 et 1403, il dut subir pas moins de cinq invasions timourides et se reconnaître comme vassal chrétien de Tamerlan. Or, celui-ci mourut en 1405 et ses successeurs s'éloignèrent de la Géorgie, qui n'eut plus à craindre de nouveaux envahisseurs d'origines mongols.

Les Turcomans et le début de la fin

Toutefois cette fois-ci, la Géorgie n'eut pas le privilège de jouir d'un temps de répit pour se remettre des ravages causés par les nouveaux envahisseurs. Ainsi, seulement quelques mois après la mort de Tamerlan et le départ des Timourides du Caucase, une nouvelle tribu, celle des Turcomans Qara Qoyunlu (« Mouton Noir ») commença à pénétrer dans le désormais faible royaume de Géorgie. Dès 1405, les premières batailles entre les troupes royales géorgiennes et turcomanes se déroulèrent dans le Caucase et la même année, le roi Georges VII succomba à ses blessures lors d'une de ces batailles. Son fils et successeur, Constantin Ier, continua la lutte de son père et leva une armée de 2 000 hommes pour soutenir son allié de Shirvan, le Prince Ibrahim. Mais la défaite de ce prince fut suivie par de nouveaux raids en Géorgie de la part de la tribu du Mouton Noir de Qara Yusuf (1406-1420), qui réussit également à vaincre et à faire exécuter le roi Constantin lors de la bataille de Chalagan en .

Mais l'accession au trône du roi Alexandre Ier, alors âgé de 23 ans, annonça une nouvelle période pour la Géorgie. En effet, il réussit à vaincre les assassins de son père dès les premières années de son règne et en 1415, il réussit à rétablir la puissance de la Couronne sur les grands féodaux, dont faisaient partie le Dadian Mamia II de Mingrélie, le Duc Ioané III de Meschie et le Connétable d'Abkhazie. Ainsi, en une demi-douzaine d'années, il parvint à réinstaurer la paix intérieure dans le pays et commença des travaux de reconstruction des villes, des villages et des églises qui avaient souffert depuis près de deux siècles. Pour cela, il dut augmenter les impôts et restaurer de la même manière l'économie désastreuse du pays. Par ces moyens, il garantit de nouvelles sécurités aux monastères géorgiens de Terre sainte et racheta aux Timourides les 60 000 prisonniers géorgiens faits par Tamerlan au début du siècle, avant de pousser la croissance du pays en faisant établir de nombreuses colonies arméniennes en Djavakhétie. En 1431, Alexandre Ier reprit la ville de Lorri, perdue depuis les premières invasions des Mongols, avant de récupérer en 1434 la Svanétie alors en sécession. L'année suivante, il se recréa une sphère d'influence dans laquelle il mit les terres arméniennes jusqu'au Karabagh.

Le Sultan Mehmed II, conquérant de Constantinople (1453) et de Trébizonde (1461)

Mais Alexandre Ier fit également une erreur stratégique en 1433 quand il s'associa au trône ses quatre fils, quatre fils qui reçurent des domaines dans lesquels ils réussirent à se créer un parti prêt à appuyer leurs futurs revendications. Cet acte est aujourd'hui considéré comme l'acte déclencheur du début de la fin de la Géorgie : l'ouverture du dernier chapitre de l'histoire géorgienne avant la division qui se produira une soixantaine d'années plus tard. Finalement, avant de quitter le trône, Alexandre laissa une dernière mauvaise image de lui quand les Turcomans de Jihân Chah (1438-1467) obligèrent le roi à payer tribut en envahissant ses États et, après avoir fait exécuter 1 664 civils et soldats, prirent en otage pas moins de 10 000 Géorgiens. À la suite de ces derniers échecs (et malgré le fait que l'histoire le retiendra sous le nom de Grand), le monarque géorgien abdiqua en 1442 et prit les habits religieux sous le nom d'Athanase.

L'abdication d'Alexandre Ier n'arrêta toutefois pas les Turcomans qui continuèrent leurs raids saisonniers avant de se faire battre à Akhaltsikhe par le roi Vakhtang IV, qui ne put toutefois profiter de sa victoire car il mourut en 1446, la même année que son père, avant de laisser son trône à deux de ses demi-frères : Démétrius III et Georges VIII. Mais ces deux n'acceptèrent guère de ce partager le pouvoir et bientôt, seul Georges VIII s'imposa comme monarque, tandis que son co-roi dut régner en Géorgie occidentale jusqu'en 1452. Georges VIII, après avoir évincé son frère du trône, ne s'occupa guère de la situation interne mais plutôt des relations internationales de la Géorgie. Ainsi, quand les Turcs prirent Constantinople et tuèrent l'empereur Constantin XI Paléologue (dont la fiancée était une fille du roi géorgien) en , il entama des négociations avec l'Europe occidentale, notamment en envoyant des ambassadeurs à Philippe le Bon, duc de Bourgogne, et au Pape Nicolas V. Bientôt, plusieurs ambassadeurs orientaux (arméniens et perses) accompagnèrent les Géorgiens Nikoloz Tpiléli et Pharsadan Kartsikhéli [9], dans leurs voyages dans le monde catholique et après avoir rendu visite à l'empereur Frédéric III du Saint-Empire, au Sénat de Venise et au Pape Pie II à Rome en , ils allèrent en France pour entamer des discussions avec le roi Charles VII puis avec son successeur Louis XI pour fonder une coalition anti-ottomane. Toutefois, cette alliance ne se produisit jamais et à la chute de l'Empire de Trébizonde en 1461, la Géorgie se retrouva seule face à la nouvelle puissance grandissante des Ottomans.

Trois pays, une nation

Le Grand Conseil national et ses résultats

La Géorgie se retrouvait alors plus affaiblie que jamais en raison de son isolement politique qui suivit la prise de Trébizonde par les troupes ottomanes en 1461. Deux ans après cet évènement, le roi Georges VIII dut subir une révolte du roi Bagrat d'Imérétie, qui réussit à vaincre les troupes royales à Chirkhori. Plus tard, en 1465, le monarque géorgien fut capturé au lac Paravani par les troupes du puissant artabeg Qvarqvaré III de Samtskhe, qui luttait pour son indépendance désormais atteinte. Cette victoire du prince permit à Bagrat d'envahir la Kartli et de piller Tiflis. Bagrat se fit proclamer roi de Géorgie (alors limitée à l'est de la nation) et Georges VIII fut relâché et autorisé à régner en Kakhétie par le nouveau prince Baadour Ier Jakéli dans le but de créer un contrepoids au nouveau pouvoir géorgien. À ce stade de la situation, la Géorgie se retrouva de facto divisée. Il faudra en fait attendre jusqu'en 1918 et l'indépendance de la république démocratique de Géorgie pour retrouver une nation géorgienne indépendante et unifiée.

Bagrat VI régna sur un royaume dans les faits divisé pendant une dizaine d'années. Son règne, malgré l'unification de la Géorgie centrale et occidentale, fut désastreux et bientôt, il dut affronter ses anciens ennemis, les Turcomans, menés par Uzun Hasan. Celui-ci réussit par ailleurs à prendre et à piller Tiflis un an avant la mort du roi, en 1477. En 1478, le prince Alexandre Bagration, fils unique de Bagrat VI, tenta vainement d'accéder au trône mais fut rapidement évincé par son oncle Constantin II qui accéda au royaume uni de Kartli-Iméréthie. Toutefois, il perdit le contrôle sur la Géorgie occidentale quand il fut défait par l'artabeg de Samtskhe Manoutchar Ier Jakéli, qui soutenait la progéniture du précédent monarque, lors de la bataille d'Ardétie en 1483. Après une éphémère réunification en 1487, il fut contraint de laisser tomber le royaume d'Iméréthie aux mains d'Alexandre II quand les Aq Qoyunlu envahirent la région et ne put plus rien faire pour tenter l'unification de la Géorgie. Au contraire, il passa le reste de son règne à combattre les tendances indépendantistes des grands nobles. Ainsi, plus rien n'empêchait les Grands du royaume, encore nommé Géorgie à cette époque, de convoquer un Grand Conseil national pour décider du sort du pays en 1490.


Le Darbazi (Grand Conseil) officialisa la division du royaume de Géorgie en trois entités dirigées par un prince de la dynastie des Bagration avec le titre de roi :

  • le Kartli, région occupant le centre de l'ancien royaume avec les provinces de Lorri, Trialeti, Dvaleti et Khevi (cap. Tiflis). Le royaume fut laissé aux mains du roi Constantin II ;
  • L'Iméréthie, l'ouest de la Géorgie actuelle avec les provinces d'Abkhazie, de Svaneti, de Ratcha, de Gourie et de Mingrélie (cap. Koutaïssi). Conservée par le roi de Géorgie occidentale Alexandre II ;
  • La Kakhétie, région orientale du Caucase contentant la Khevsoureti, la Toucheti et l'Héréthie (cap. Gremi) et offerte à Alexandre Ier, fils de l'ancien roi Georges VIII.

À la sortie du conseil, le destin de la Géorgie fut définitivement perturbé. Les grands vainqueurs n'étaient ni les Turcomans, ni les Ottomans, mais des ennemis intérieurs bien plus puissants, les nobles qui, par ailleurs, réussirent à monter d'une marche dans leurs titres de noblesse (ainsi les ducs devinrent princes et les seigneurs, comtes). Et finalement, les vrais vaincus furent les conservateurs qui rêvaient de voir la Géorgie réunifiée sous un seul sceptre, sans domination étrangère, sans suzeraineté de quelque puissance extérieure.

Le roi Constantin II, qui régnait désormais sur le royaume de Kartli, continuait toutefois à se considérer comme l'unique maître de la nation géorgienne. Ainsi, il commença à entamer des négociations dans le but d'organiser une croisade contre les Turcs sur Constantinople au nom de celle-ci. Il envoya d'abord des ambassadeurs en Égypte, avec qui la Géorgie avait depuis toujours entretenu de bonnes relations, puis en Palestine pour garantir la sécurité des monastères géorgiens en Terre sainte, avant de s'engager dans une correspondance avec les Rois Catholiques d'Espagne qui avaient expulsé les musulmans de la péninsule ibérique en 1492, mais cela ne servit à rien et le roi mourut en 1505. À cette même période, la puissance turcomane fut détruite par de nouveaux envahisseurs, les Séfévides du chah Ismaïl Ier, qui restaura l'empire perse et qui réussit par la même occasion à gagner la vassalité du roi Alexandre Ier de Kakhétie en 1501.

Le sultan et le chah

David X de Karthli

À la mort du roi Constantin II, son fils David X commença son règne de 20 ans en Kartli. L'une de ses premières actions fut de réformer administrativement son royaume : il partagea le pays en quatre sadrocho, chacune dirigée par un gouverneur militaire nommé par le roi. Premier système de division administrative de la Géorgie ne dépendant pas de la noblesse, le monarque espérait ainsi atténuer la puissance des Grands du royaume qui avaient mis un terme au règne de son père en Géorgie une vingtaine d'années plus tôt. Par la suite, il s'attaqua à un projet bien plus complexe qui était de réunifier la nation géorgienne sous un seul sceptre. Dans ce but, il envahit en 1511 le royaume voisin de Kakhétie, qui était toutefois vassal de l'empire séfévide. Son armée captura le roi Georges Ier et la monarchie kakh fut de facto annexée en 1513 au royaume de Kartli. En réponse à cette invasion, le Chah Ismaïl Ier déclara la guerre à David X qui, pour éviter un nouveau conflit sanglant et dévastateur, dut se reconnaître à son tour vassal de la Perse. Il dut par la même occasion renoncer à ses prétentions sur le trône de Kakhétie et redonna la Géorgie orientale à l'héritier de Georges Ier, Léon, mais profita de la guerre turco-persane pour envahir de nouveau la Kakhétie. Toutefois, ladite guerre (qui ne se limita qu'à une unique bataille, celle de Tchaldiran) des musulmans fut remportée par les Turcs qui se retrouvèrent maîtres de la frontière sud de la Géorgie. Ils en profitèrent pour organiser des raids en Kartli et le roi David X dut abandonner l'invasion de la Kakhétie, avant de la reprendre en 1520. Vaincu par le roi Léon à la Bataille de Kiziki, il finit par s'allier avec lui contre l'envahisseur et abandonna ses projets de réunification. Les deux monarques décidèrent alors de former une coalition anti-ottomane et, après les avoir renvoyé dans leur territoire, ils s'attaquèrent aux Séfévides qui envahirent le Kartli et détruisirent Tiflis en 1522. À la mort de Chah Ismail Ier en 1524, David X organisa une dernière campagne durant laquelle il récupéra sa capitale, avant de mourir à son tour l'année suivante.

La Kakhétie fut épargnée de la guerre et le roi Léon Ier retourna rapidement dans le giron de la Perse. Il entreprit alors des réformes administratives à l'image de David X de Kartli. Ainsi, après avoir supprimé les saeristavos (ces provinces dirigées par des gouverneurs héréditaires et autonomes), il divisa le royaume en quatre régions militaires, chacune subdivisée en plusieurs petits samoouravos (bailliage), dont les dirigeants, les moouravs, n'avaient pas la capacité de lever une armée indépendante, ce qui les obligeait à s'orienter vers le roi lui-même pour leur défense. Ces réformes, couronnées de succès avec la disparition de l'ancienne génération des nobles, furent suivies par la première apparition de la Russie dans les affaires géorgiennes : dès 1564, le roi Léon de Kakhétie s'accorda avec le Tsarat d'Ivan IV le Terrible qui envoya un contingent dans ses domaines avec la capacité de menacer la suprématie des Ottomans ou des Séfévides dans le Caucase. Néanmoins, la menace que cela provoquait était bien trop dangereuse pour la faible Russie de l'époque et le dernier soldat russe dut quitter la Kakhétie la même année.

En 1534, le prince Louarsab, fils de David X, accéda au trône de Kartli après la disparition de son oncle Georges IX (1525-1534). Comme son père, il s'orienta vers une politique anti-impérialiste et lutta farouchement contre les envahisseurs séfévides qui réussirent malgré tout à reprendre Tiflis en 1541 grâce à une trahison du préfet de la ville. Le roi se réfugia dans le nord, à Mtskheta, et vainquit les armées persanes à Didgori mais dut se heurter à une nouvelle invasion en 1546. Celle-ci s'était cette fois-ci déroulée non pas dans un contexte de conquête mais dans un d'honneur : à cette date, tous les nobles géorgiens, dont le roi d'Imerétie et l'atabag de Samtskhe (traditionnellement vassaux de l'empire ottoman) vinrent se présenter devant le Chah Tahmasp pour lui prêter allégeance, si ce n'est le roi de Kartli. Pour répondre à cet affront, les envahisseurs se dirigèrent vers la Djavakhétie qu'il ravagèrent complètement, de même que l'Arménie et le Samtskhe, régions jadis occupées par l'armée de Louarsab Ier. Le tout se passait bien entendu dans un cadre de nouvel affrontement entre Ottomans et Séfévides. Les années de guerre passèrent et en 1555, un traité de paix fut enfin signé entre la Perse et la Turquie. D'après le pacte, la Géorgie se retrouva officiellement divisée en deux régions d'influence : l'Est (Imerétie et les principautés vassales de Gourie, d'Odichie et d'Abkhazie) et l'Ouest (Kakhétie, Kartli et Samtskhe-Saatabago). Toutefois, Louarsab de Kartli ne reconnut pas le traité et continua sa lutte contre les Perses. Ceux-ci ravagèrent à nouveau son royaume avant d'affronter l'armée kartlienne à Garissi en 1558. Durant cette bataille décisive, les Géorgiens sortirent vainqueurs de la bataille, mais le roi Louarsab, qui s'était élancé au-devant de ses troupes, y laissa son âme.

Simon Ier, fils de Louarsab, fut proclamé roi de Kartli par l'armée et reconnu comme tel par le peuple, mais pas par le Chah de Perse. Celui-ci préférait plutôt reconnaître le frère illégitime et musulman de Simon, Daoud Khan, qui fut proclamé à son tour roi à Qazvin en 1564 après s'être soumis à Tahmasp Ier. Toutefois, il ne contrôlait que le sud du pays avec sa capitale Tiflis et partit en guerre contre le monarque légitime. En pleine bataille, Simon Ier fut capturé et envoyé en Perse où il resta prisonnier jusqu'en 1578, quand il fut libéré pour continuer la lutte contre les Turcs, alors en guerre contre les Séfévides, maintenant que Daoud Khan était mort. Le roi mena le combat contre les Ottomans avec une détermination héroïque. Le peuple lui-même réussit à vaincre à plusieurs reprises l'armée turque, pourtant largement supérieure en nombre. Toutefois, cela ne servit pas à grand-chose car en 1590, une paix fut signée entre la Turquie et la Perse et d'après les accords, la totalité de la Géorgie (et du Caucase) se retrouva dans la sphère d'influence turque. Malgré cela, le roi de Kartli n'arrêta pas sa lutte acharnée et reprit Gori en 1599, avant de se faire vaincre à Nakhidouri en 1601, où il fut une nouvelle fois capturé et emmené en prison à Constantinople. Durant cette période, le Kartli était une région martyre qui souffrait de la politique expansionniste des puissances musulmanes, car situé au cœur du Caucase. La preuve en est que les mêmes tentatives d'indépendance de la Kakhétie ne furent pas brusquement réprimées par de sanglantes campagnes militaires sous le règne de Tahmasp Ier. En effet, alors que le roi Simon se battait en Kartli, le royaume voisin de Géorgie orientale s'orientait toujours vers le nord orthodoxe, vers la Russie naissante.

Cependant, en 1587, Abbas Ier le Grand accéda au trône séfévide et décida de reprendre le contrôle de la situation en Géorgie. Il ne laissa notamment pas impuni le roi Alexandre II de Kakhétie, accusé d'être pro-russe. Il le fit assassiner par son propre fils musulman Constantin en 1605 et nomma ce dernier gouverneur de la région. Toutefois, le peuple se souleva contre un monarque parricide et le roi Georges X de Karthli en profita pour envahir la Kakhétie, détrôner Constantin et placer sur le trône le chrétien Teimouraz Ier, petit-fils d'Alexandre II, en 1606. La même année, le roi de Kartli mourut et le Chah Abbas vint en personne à Tiflis pour assister au couronnement de son successeur, le jeune Louarsab II, maintenant qu'il avait repris le dessus sur les Turcs. Mais Abbas n'acceptait toujours pas le règne de Téimouraz Ier en Kakhétie et envahit en 1613 son royaume, avant de s'attaquer au Kartli, où le roi s'y était réfugié. Il dut alors repartir avec Louarsab II pour finalement trouver asile à la frontière turque, chez son cousin Georges II d'Imerétie.

Georges Saakadzé

À cette même période apparut en Géorgie un nouveau personnage important pour l'histoire nationale. Ce personnage est Georges Saakadzé, préfet de la ville de Tiflis et puissant allié du roi Louarsab II de Kartli qui avait épousé sa sœur en 1610. Toutefois, il rêvait de l'unification de la nation géorgienne et s'opposait à la noblesse dans ce projet pratiquement impossible. Alors, il décida de s'allier avec le Chah Abbas Ier qu'il utilisa pour se débarrasser des Grands qui avaient déjà repris contrôle du royaume de Kartli. C'est ainsi que Saakadzé s'était retrouvé aux côtés des troupes persanes lors de l'invasion de 1613. Toutefois, ses ennemis nobles parvinrent à convaincre Louarsab II de revenir dans sa capitale pour prêter allégeance au Chah séfévide, ce qu'il fit (laissant Teimouraz de Kakhétie en Iméréthie), avant se rendre en Perse. Pour punir le roi kakh, Abbas le Grand dévasta la Kakhétie et y plaça comme souverain le renégat musulman Isa Khan. Or, le peuple géorgien n'accepta pas l'occupation étrangère et se révolta. Teimouraz Ier revint en héros dans son pays en 1615, probablement aidé par les Turcs, et récupéra son trône avant d'engager une vague de révoltes anti-persanes dans tout le Caucase oriental. Pour se venger, Abbas Ier envahit et dévasta avec une colère inédite la Géorgie orientale. Il déporta des dizaines de milliers de Géorgiens en Perse en tant qu'esclaves et tenta de « persaniser » la Kakhétie en brûlant les principales églises du pays et en nommant un gouverneur régional, Peïkar Khan. La même année, il détrôna le roi Louarsab II de Kartli pour le remplacer par un autre renégat musulman, Bagrat Khan, fils de l'ancien Daoud Khan. Le roi déchu sera emprisonné en Perse et tué sur les ordres du Chah en 1622.

Teimouraz Ier n'avait pas pu conserver son trône. Toutefois, il réussit à unifier la cause géorgienne derrière lui et au nom de toute la nation, il envoya en vain des ambassadeurs auprès du Tsar Michel Ier de Russie, de Sigismond III de Pologne et des monarques occidentaux dès 1618. En 1619, le roi de Kartli Bagrat Khan mourut et son fils Semayoun Khan fut reconnu comme tel par la Perse. L'année suivante, Georges Saakadzé, menant une armée d'« observateurs » persans, pénétra dans sa patrie d'origine dans le but d'introniser officiellement Semayoun. Là, il s'occupa également des affaires intérieures du royaume voisin de Kakhétie et petit à petit, il bascula dans le camp anti-persan. Bientôt, il dirigea l'insurrection contre l'occupant en Kartli et en Kakhétie et vainquit les envahisseurs à Martkopi en 1625. Peu après cette victoire décisive, le peuple s'assembla et convoqua Teimouraz qui se vit garantir le trône de l'union monarchique de Kartli et de Kakhétie, indépendante de toute puissance étrangère.

Toutefois, l'unité de la Géorgie n'était pas destinée à durer pour toujours. Teimouraz Ier avait certes la double couronne de Kartli et de Kakhétie mais il ne contrôlait en fait que cette dernière, le Kartli restant dans les mains de Georges Saakadzé. Bientôt, celui-ci se considéra comme l'unique chef du royaume et se fit reconnaître comme « khan de Kartli » par le sultan turc Murad IV. Abbas Ier sut profiter de la situation et, à l'aide des nobles locaux, monta le roi contre le bailli, au point de déclencher une véritable guerre civile. Saakadzé se tourna alors vers la Géorgie occidentale et l'empire ottoman et en 1626, des détachements venant d'Iméréthie s'unirent avec les troupes du dissident, pour se faire vaincre au lac Bazaleti. Le chef du Kartli se réfugia à Constantinople pour demander une plus grande aide du sultan ottoman mais la paix conclue en 1627 entre la Turquie et la Perse l'empêcha de l'aider. Teimouraz se retrouvait maître de la Géorgie orientale et reprit contrôle sur la totalité du Kartli quand il évinça le pro-persan Simon-Khan du sud du pays en 1631, peu après la mort du Grand Shah Abbas Ier. La même année, il déclara la guerre à la Perse dans le cadre de la nouvelle guerre perso-turque et s'aligna sur la Turquie et la Russie, qui ne purent pourtant apporter une aide suffisante à Teimouraz. Après de faibles victoires à Gandja et au Karabakh, le roi de Géorgie orientale fut finalement vaincu en 1632. Il se réfugia en Iméréthie et ses domaines furent divisés : la Kakhétie fut gouvernée par un Kizilbach, Selim Khan, tandis que le Kartli fut donné à un musulman du nom de Rostom Khan.

Entre annexion et indépendance

En 1762, la Géorgie orientale fut en effet unifiée sous un seul sceptre, celui du roi Héraclius II, qui fonda ainsi le royaume de Kartl-Kakhétie, probablement dans un espoir de reconquête de l'indépendance perdue vis-à-vis des Perses. C'est pourquoi, en 1783, le roi signa à Gueorguievsk un traité de protection et de coopération militaire bilatérale avec l'empire russe de Catherine II, qui se posait désormais en suzeraine de la Géorgie. Toutefois, ce traité n'empêcha pas les Perses d'Agha Mohammad Shah de ravager le pays et de prendre la capitale, Tbilissi, qui fut complètement brûlée en 1795. Trois années plus tard, le roi Georges XII succéda à son père sur le trône géorgien et son court règne fit reconfirmer le traité de Gueorguievsk. Mais quand la mort de ce monarque arriva à son tour en 1800, la Russie n'hésita pas à annexer le royaume de Kartl-Kakhétie, qui devint une simple province de l'empire d'Alexandre Ier.

Ilia Tchavtchavadzé, écrivain géorgien du XIXe siècle

Ce dernier profita alors de sa nouvelle situation pour continuer son chemin dans le Caucase. En 1813, l'Émirat de Gandja fut annexé à l'empire et le Khanat d'Erevan dut se soumettre en 1828, après un siège d'une année. Puis bientôt, l'Iméréthie devint la dernière cible du gouvernement russe. Après une courte guerre, le roi Salomon II fut emprisonné et transporté à Tbilissi, avant de rejoindre l'Empire ottoman. Bientôt, toutes les principautés géorgiennes indépendantes (Abkhazie, Svanétie, Moukhran…) furent également annexées par l'empire russe. Dès lors, Saint-Pétersbourg créa la Vice-royauté du Caucase avec pour centre administratif Tbilissi, vice-royauté qui sera divisée en gouvernements, dont celui de Géorgie-Iméréthie, l'actuelle Géorgie.

Mais la période d'annexion russe fut également une époque de développement de la société et de la culture géorgienne. À cette période, en effet, maintes églises furent restaurées, des écoles furent créées et la littérature géorgienne accéda à son apogée, notamment grâce aux écrivains Ilia Tchavtchavadzé et Akaki Tsereteli, dont les œuvres sont encore aujourd'hui des références en la matière. Toutefois, alors que la culture transcaucasienne se réorientait vers le christianisme orthodoxe (se séparant de la tradition persane qui dominait le pays durant près de cinq siècles), le nationalisme fit également son apparition. Plusieurs révoltes se produisirent durant le XIXe siècle et le socialisme fut introduit en Géorgie dès l'émancipation des serfs de Géorgie en 1865. La mort controversée du prince Dimitri Kipiani en 1887 fit également éclater des manifestations antirusses dans toute la Géorgie et bientôt, les Géorgiens profitèrent de la mauvaise situation en Russie pour se proclamer indépendants.

Période russe

Vice-royauté du Caucase

Dans une communication faite à la Société de géographie de Genève en 1894, Victor Dingelstedt décrit ainsi la présence et l"influence russes[10] : « La Russie est bien parvenue à russifier les couches supérieures de la société de l'ancienne capitale de la Géorgie, en ce qui concerne au moins les apparences et du reste les Russes eux-mêmes forment un contingent considérable. Les indigènes de marque, femmes et hommes, abandonnent de plus en plus leurs costumes nationaux, et avec les modes de Paris, on accepte aussi, si ce n'est l'esprit, du moins les apparences de la vie occidentale. Contrairement au système anglais, la bureaucratie russe a largement ouvert ses rangs aux indigènes, qu'on trouve à Tiflis à toutes les échelles de l'administration civile et militaire. »

D'une Indépendance à l'autre : du 27 mai au 9 avril

République démocratique de Géorgie

Dès 1917, les trois pays transcaucasiens profitèrent de la révolution russe pour proclamer leur indépendance au sein d'une union, la république démocratique fédérative de Transcaucasie, qui était gouvernée principalement par des Géorgiens et dont la capitale était Tbilissi. Mais la cohabitation des trois peuples sud-caucasiens vira aux nationalismes et à peine un an plus tard, la république démocratique de Géorgie fut proclamée le . Deux jours plus tard, l'Arménie et l'Azerbaïdjan se séparèrent à leur tour et la RDFT disparut définitivement.

La situation géopolitique de la Géorgie de l'époque la mit sous la protection automatique des forces de la Triplice et les troupes allemandes débarquèrent bientôt à Batoumi, une des villes qui sera plus tard donnée à l'empire ottoman. Mais la fin de la Première Guerre mondiale changea la situation locale et le gouvernement menchevik de Tbilissi fut finalement reconnu par les alliés de la Triple-Entente, quand l'armée britannique établit une première base militaire dans la capitale du pays. Toutefois, cela n'empêcha pas les pays voisins de s'en prendre au jeune État indépendant et entre 1918 et 1921, maintes guerres opposèrent la RDG à la Turquie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Russie. Cette dernière, sous le contrôle d'un gouvernement révolutionnaire de la Ciscaucasie, fut par la suite remplacée par un gouvernement bolchévik qui signa un traité d'alliance avec Tbilissi en 1920. Or, malgré une coopération déclarée et une reconnaissance mutuelle, la Géorgie fut finalement envahie par les forces soviétiques en , mettant fin à l'éphémère indépendance du pays.

Annexion soviétique

Après l'invasion soviétique, la république socialiste soviétique de Géorgie est proclamée, et se développe bientôt un bras de fer entre les différentes fractions de Moscou, celles dirigées par Lénine et Staline, durant l'Affaire géorgienne des années 1920, qui mène également à la perte de près d'un tiers des territoires géorgiens au profit de ses différents voisins. En , l'URSS est proclamée, et la RSG devient une des trois républiques de la république socialiste fédérative soviétique de Transcaucasie, dissoute à son tour en 1936.

La Géorgie sous Joseph Staline


En 1922, Staline arrive à la tête de l'Union soviétique après avoir procédé à des éliminations politiques. À partir de cette époque, la destinée de la Géorgie change. En effet, le dictateur soviétique est né sous le nom de Joseph Djougachvili à Gori, en Géorgie et pour (entre autres) cette raison, le statut de la région change considérablement. Le soulèvement géorgien d'août 1924 en est une conséquence. Dans les années 1930, après avoir supprimé toute opposition anticommuniste, le gouvernement de Moscou fait de la Géorgie un endroit de détente pour les hommes riches de Russie. Puis petit-à-petit, la contrée se développa et après la Deuxième Guerre mondiale, plusieurs leaders du monde (dont Georges Pompidou, Fidel Castro…) visitent le pays.

La déstalinisation et ses conséquences

À la mort de Staline en 1953, son successeur Nikita Khrouchtchev entame une politique qui consiste à supprimer le culte de la personne de l'ancien chef d'État. Pour cette raison, plusieurs manifestations et révoltes éclatent à Tbilissi, et chacune d'entre elles est brutalement arrêtée. Bientôt, une opposition se développe et à partir des années 1970, un sentiment nationaliste fort se développe en Géorgie. En 1990, finalement, la RSS de Géorgie est dissoute et remplacée par le Conseil Suprême.

La Géorgie post–soviétique

En 1991, c'est la dislocation de l'URSS et la création de la Communauté des États indépendants (CEI).

La Présidence nationaliste

La Géorgie proclame son indépendance le et nomme comme chef d'État Zviad Gamsakhourdia. Celui-ci s'impose bientôt comme un dictateur nationaliste, et une opposition se développe quelques mois seulement après son arrivée au pouvoir. Entre-temps, le gouvernement profite de la situation pour supprimer l'autonomie de l'oblast d'Ossétie du Sud, qui est alors intégrée à la région de Mtskheta-Mtianétie. Cette action pousse les autochtones ossètes à se rebeller contre le gouvernement, et des affrontements militaires font des dizaines de morts jusqu'à la fin de l'année. Finalement, les troupes nationales perdent le contrôle du conflit quand les séparatistes, probablement soutenus par la Russie, proclament leur indépendance le 28 novembre.

Coup d'État et guerre civile

Edouard Chevardnadze, chef d'État de la Géorgie de 1992 à 2003.

Plus tard dans l'année, les membres de l'opposition s'arment quand le commandant limogé de la Garde Nationale Tenguiz Kitovani rejoint le camp anti-Gamsakhourdia. À la fin du mois de , ils commencent le siège du Parlement, qui est pris le , date du coup d'État qui amène l'exil du Président Gamsakhourdia chez ses voisins caucasiens. À ce moment, un Conseil d'État est formé et l'ancien chef du parti communiste géorgien Edouard Chevardnadze est désigné comme chef du Conseil intérimaire.

Conflits séparatistes

Celui-ci poursuit la guerre en Ossétie du Sud et, au lieu d'atténuer les conflits séparatistes, envoie des troupes géorgiennes en Abkhazie pour réprimer les nationalistes qui virent vers la sécession à leur tour. Mais Tbilissi se heurte à une opposition armée et soutenue logistiquement par la Russie. En un peu plus d'une année, la guerre est achevée et les séparatistes, après avoir déclaré à leur tour leur indépendance, se livrent à un nettoyage ethnique des Géorgiens présents sur leur territoire. À la suite de cette défaite, Tbilissi tente de se rapprocher politiquement de la Russie qui s'accorde à lui envoyer une aide militaire pour combattre les nouveaux opposants menés par Gamsakhourdia qui a établi un gouvernement en exil à Zougdidi. Cette ville est par la suite prise par les autorités géorgiennes en novembre 1993, et un mois plus tard Zviad Gamsakhourdia est retrouvé mort dans le village de Khiboula.

La défaite du nouveau gouvernement géorgien face aux séparatistes fait monter leur impopularité chez le peuple, dont une partie continue à se battre en l'honneur de Gamsakhourdia.

Présidence de Chevardnadze

En 1995, de nouvelles élections furent organisées et, à la suite de celles-ci, le Conseil d'État est dissous. Edouard Chevardnadze devient président de la république de Géorgie. Sa présidence est notamment caractérisée par une longue crise économique qui attise l'ire de plusieurs membres du gouvernement soutenus par les capitalistes occidentaux contre lui. En 2000, il est réélu à la présidence de la République, mais ne peut empêcher plusieurs partis d'opposition de se former.

Révolution des Roses

Par une dernière tentative, il essaie d'orienter sa politique en direction de l'Occident, notamment en concluant une alliance militaire avec les États-Unis, mais en novembre 2003 le peuple se révolte et mène la révolution des Roses qui aboutit à la destitution de Chevardnadze. Un gouvernement intérimaire est alors constitué et en janvier 2004, Mikheil Saakachvili est élu à la présidence.

Problèmes sous la présidence de Saakachvili

Ce dernier entame une ouverture économique et conclut des alliances avec les pays arabes et occidentaux, qui redressent la situation financière critique. Saakachvili met en œuvre également une politique anti-russe et pro-occidentale ; en particulier, la Géorgie demande son adhésion à l'OTAN avec l'Ukraine. Mais cela ne règle pas la situation des provinces sécessionnistes, qui ne sont toujours pas reconnues sur le plan international. Les échecs des tentatives de réunification du pays entraînent de nombreuses manifestations en novembre 2007, et Mikheil Saakachvili doit démissionner un mois plus tard, pour organiser des élections présidentielles anticipées. Il est à nouveau élu en janvier 2008, malgré une grande impopularité.

À partir de cette réélection, les affrontements militaires entre les séparatistes abkhazes et sud-ossètes et les Géorgiens se multiplient. En avril 2008, une crise aérienne oppose Tbilissi à l'Abkhazie, tandis que quelques mois plus tard une bombe tue des policiers géorgiens à la frontière sud-ossète.

Crise russo-géorgienne

Dans le but de reprendre le contrôle de la région, Moscou décide de distribuer des passeports russes aux habitants de Tskhinvali et alentours (pour utiliser par la suite le prétexte qu'ils sont tous citoyens Russes), et procède à l’évacuation des populations de la région vers la Russie avant de commencer l'occupation armée de la région. Or l'armée géorgienne arrive et prend la défense de la ville quasi vide de Tskhinvali. Les russes ont dès le début (le 8 août 2008) bombardé les pistes d’atterrissage et de décollage de l’aéroport militaire de Géorgie, rendant impossible l'utilisation de l'aviation géorgienne.

Toutefois les russes ne parviennent pas à prendre la ville de Tskhinvali par les forces terrestres (pourtant largement supérieures en nombre aux forces géorgiennes), à la suite de quoi les Russes décident de bombarder la ville. Dans les jours qui suivent, ils bombardent une grande zone du territoire géorgien largement en dehors de la zone du conflit, et leurs troupes militaires terrestres (avec tanks et blindées) avancent jusqu’à la ville de Kaspi dans la direction de Tbilissi. Le 12 août, Moscou arrête son avancée en direction de la capitale géorgienne. Les combats entre belligérants s’arrêtent. Dans la soirée, avec la médiation de la Présidence française de l’UE, la Russie et la Géorgie acceptent un accord sur un plan en 6 points.

La Russie, bien que signataire de cet accord, n'a, jusqu'à aujourd'hui, respecté aucun des points de ce dernier. Actuellement l'armée russe occupe environ 20 % de la Géorgie (l'Abkhazie, l'Ossétie du Sud et une partie de la région de Leningori).

Cette deuxième guerre d'Ossétie du Sud s'achève deux semaines plus tard, mais reste un sujet de forte tension entre Tbilissi et Moscou, qui reconnaît au mois d'août 2008 les indépendances de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud. L'exemple de Moscou est alors suivi seulement par le Nicaragua un mois plus tard et par le Venezuela un an plus tard, puis par Nauru en 2009.

Le , la Géorgie rompt toute relation diplomatique avec la fédération de Russie. Le gouvernement suisse accepte de représenter les intérêts de la Géorgie à Moscou, via une section des intérêts géorgiens[11].

Situation actuelle et future du pays

Le 27 octobre 2013, Guiorgui Margvelachvili remporte l'élection présidentielle de 2013, battant le candidat du parti du président Saakachvili, David Bakradze.

Références

  1. Skull D2700 sur Fossil Hominids.org
  2. Site officiel de Dmanissi
  3. Nodar Assatiani et Otar Janelidze, History of Georgia, Tbilissi, 2009, p. 8
  4. Ofer Bar-Yossef, Anna Belfer-Cohen et Daniel S. Adler, The Implications of the Middle-Upper Paleolithic Chronological Boundary in the Caucasus to Eurasian Prehistory, in Anthropologie XLIV/1:49-60, 2006.
  5. Aruchlo: An Early Neolithic Tell Settlement of the 6th Millennium BC Deutsches Archäologisches Institut, Consulté le
  6. Les plus anciennes fibres textiles retrouvées en Géorgie sur le Figaro du
  7. Ronald Grigor Suny, The Making of the Georgian Nation: Second Edition, Indiana University Press, 1994, p. 4-6
  8. Marie Favereau : La Horde, 2023, Éd. Perrin, (ISBN 978-2262099558)
  9. Nikoloz Tpiléli (en géorgien : ნიკოლოზ ტფილელი) et Pharsadan Kartsikhéli (en géorgien : ფარსადან ქარციხელი), source : conservateur du Musée national des manuscrits de Tbilissi
  10. (fr) Victor Dingelstedt, « La population du Caucase et la ville de Tiflis », Le Globe. Revue genevoise de géographie, tome 33, 1894. p. 86.
  11. lefigaro.fr avec AFP, « La Géorgie rompt ses relations diplomatiques avec Moscou », Le Figaro, (lire en ligne Accès libre, consulté le ).

Sources

  • Philipp Ammon, Georgien zwischen Eigenstaatlichkeit und russischer Okkupation: Die Wurzeln des russisch-georgischen Konflikts vom 18. Jahrhundert bis zum Ende der ersten georgischen Republik (1921). Klagenfurt, Kitab, 2015, 232 p.
  • Alexandre Manvelichvili, Histoire de la Géorgie, Paris, Nouvelles Éditions de la Toison d'Or, , 476 p.
  • Nodar Assatiani et Alexandre Bendianachvili, Histoire de la Géorgie, Paris, l'Harmattan, , 335 p. [détail des éditions] (ISBN 2-7384-6186-7, présentation en ligne)
  • Nodar Assatiani et Otar Janelidze, History of Georgia. Tbilissi, 2009
  • Marie-Félicité Brosset, Histoire de la Géorgie depuis l’Antiquité jusqu’au XIXe siècle, v. 1-7. Saint-Pétersbourg, 1848-58. (Lire ce livre avec Google Books : , )
  • Pierre Razoux, Histoire de la Géorgie, Paris, Perrin, 2009, (ISBN 978-2-262-02645-5)

Bibliographie annexe

  • Henri Barbusse, Voici ce qu'on a fait de la Géorgie, Flammarion, Paris, 1928, (dont pages 180-245 sur la Géorgie au sens strict),
  • Alexandre Grigoriantz, La montagne de sang (Histoire, rites et coutumes des peuples montagnards du Caucase), Paris, 1998, Georg,
  • Georges Mamouli, Les combats indépendantistes des Caucasiens entre URSS et puissances occidentales (Le cas de la Géorgie, 1921-1945), Paris, 2009, La Découverte,
  • Florence Hellot-Bellier & Irène Natchkebin, La Géorgie (entre Perse et Europe), Paris, 2009, L'Harmattan,

Annexes

Articles connexes

Histoire ancienne

Histoire récente

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.