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Royaume du Pont

Le royaume du Pont (en grec ancien : Î ÏŒÎœÏ„ÎżÏ‚, Pontos, qui veut dire la mer, la haute mer) est un royaume antique situĂ© sur la cĂŽte mĂ©ridionale de la mer Noire, dont il contrĂŽlait aussi plus ou moins le pourtour. Aujourd'hui, le cƓur de cette rĂ©gion se trouve en Turquie.

Royaume du Pont
grec Î ÏŒÎœÏ„ÎżÏ‚ / Pontos

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Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Royaume du Pont (en foncé) et empire à son extension maximale.
Informations générales
Statut Monarchie
Capitale Amasée
Sinope
Langue(s) Grec ancien
DĂ©mographie
Gentilé Pontique
Histoire et événements
88-63 av. J.-C. Guerres contre Rome

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Le royaume du Pont tire son nom de la mer Noire, appelĂ©e anciennement par les Grecs Pont-Axin (ÁxeÎčnos PĂłntos / ገΟΔÎčÎœÎżÏ‚ Î ÏŒÎœÏ„ÎżÏ‚), soit la Mer inhospitaliĂšre, en raison des populations qui vivaient sur ses rivages. Par la suite, et par antiphrase, le nom devint ho EuxĂ©inos ho Pontos (ᜁ ΕᜐΟΔÎčÎœÎżÏ‚ ᜁ Î ÎżÎœÏ„ÎżÏ‚) la Mer l'hospitaliĂšre, traduit par le Pont-Euxin. Le premier Ă  le mentionner est XĂ©nophon dans son Anabase. Les limites de la rĂ©gion ont souvent changĂ©, de mĂȘme que les noms des royaumes limitrophes. Sa seule vĂ©ritable frontiĂšre, intangible et essentielle, Ă©tait celle qui bordait la mer Noire. Ce n’est qu’avec la constitution du royaume du Pont (301-36 av. J.-C.) que la rĂ©gion deviendra plus nettement dĂ©limitĂ©e.

Le Pont est une région sauvage de l'Asie Mineure, montagneuse, trÚs boisée et peu peuplée à l'est, bien que riche en minerais, tandis que les vallées du Halys, de l'Iris et de leurs affluents font de la partie occidentale une zone riche et cultivable, la communication et le commerce étant facilités par les routes construites sous différents empires.

Histoire

Origines

Peuplé initialement de Casquéens[1], le Pont a vu s'élever sur sa cÎte les colonies grecques de Sinope, Amaseia, Cerasus et Trébizonde au VIe siÚcle av. J.-C..

Il fut rattaché en 546 à la satrapie d'Axaïna de l'Empire perse. Axaïna (« Indigo ») était le nom iranien de la mer Noire. La région fut conquise par Alexandre en 331. AprÚs sa mort, lors du partage de Triparadisos (321 av. J.-C.), elle est attribuée avec le reste de l'Anatolie à Antigone Monophtalmos. Celui-ci est vaincu par Lysimaque et Séleucos Ier à la bataille d'Ipsos en 301 av. J.-C.. L'ouest et le centre de l'Asie Mineure sont attribués à Lysimaque, qui détient déjà la Thrace.

Fondation

Pendant les guerres des Diadoques au dĂ©but de l'Ă©poque hellĂ©nistique, Antigone, SĂ©leucos et Lysimaque se disputent l'Anatolie. Mais le Pont reste hors de leur tutelle. Mithridate Ier, un Perse hellĂ©nisĂ© (fils de Mithridate de Cios au service d'Antigone, tuĂ© en 301 av. J.-C.) s'empare du Pont au dĂ©but du IIIe siĂšcle av. J.-C. et se dĂ©clare indĂ©pendant. Il lui faut de longues guerres, mal connues, pour s’affranchir dĂ©finitivement des SĂ©leucides.

La langue officielle du royaume du Pont était le grec ancien. Lors de la création du royaume, la capitale était Amaseia ; elle est déplacée à Sinope quand cette ville est rattachée au royaume en 183 av. J.-C. Le royaume est trÚs prospÚre : il dispose de terres fertiles et d'importantes mines d'argent, qui permettent un monnayage abondant et répandu à partir de Mithridate III du Pont.

Le royaume est relativement homogĂšne territorialement, grĂące aux communications faciles, terrestres et maritimes. Devenu une thalassocratie en mer Noire, il s’agrandit progressivement vers la cĂŽte est, puis au nord de la mer, incluant la CrimĂ©e. Les colonies grecques de la cĂŽte ouest, autour des bouches du Danube, deviennent ses alliĂ©es. À l'intĂ©rieur de l'Anatolie, Mithridate V reçoit de Rome la Phrygie, mais son successeur Mithridate VI doit la restituer.

Le rĂšgne de Mithridate VI EupatĂŽr

On dispose de beaucoup d'informations sur Mithridate VI EupatĂŽr (le « Bien-nĂ© »). Sous son rĂšgne, le royaume va connaĂźtre une importante vague d’expansion et une lutte de longue haleine contre Rome. Il s'empare de la rĂ©gion de Petite ArmĂ©nie vers 113 av. J.-C. Cette rĂ©gion lui permet d'implanter plusieurs forteresses et garnisons qui lui serviront dans sa lutte contre Rome[2].

Sous l'Empire romain

La Bithynie et le Pont dans l'Empire romain, vers 120.

Le Pont est finalement vaincu par PompĂ©e en et progressivement annexĂ© Ă  Rome. La partie occidentale est d’abord rattachĂ©e Ă  la province de Bithynie, dĂ©sormais connue comme province de « Bithynie et Pont Â». La partie orientale est confiĂ©e au Galate Dejotarus, alliĂ© romain. En 47, Pharnace II, roi du Bosphore et fils de Mithridate VI, profite de la guerre civile Ă  Rome pour Ă©tendre ses possessions en envahissant la Colchide et une partie du royaume de Galatie. Le roi Dejotarus, client romain, rĂ©clame alors l’aide de Cneius Domitius Calvinus, proconsul d’Asie nommĂ© par CĂ©sar. L’affrontement tourne Ă  l’avantage de Pharnace qui obtient la victoire Ă  Nicopolis et occupe le reste des territoires de l’ancien royaume paternel, le Pont et le nord de la Cappadoce.

CĂ©sar apprend ces Ă©vĂ©nements alors qu’il se trouve en Égypte et part affronter Pharnace dans le Pont. La rencontre a lieu au nord de la Cappadoce, prĂšs de la ville de ZĂ©la. La bataille est une victoire rapide pour CĂ©sar qui anĂ©antit les forces de Pharnace. Ce dernier fuit jusqu’au Bosphore avec une fraction de sa cavalerie. DĂ©sormais impuissant, il est assassinĂ© par un concurrent au trĂŽne du Bosphore. Revenu Ă  Rome aprĂšs sa victoire, CĂ©sar dĂ©clare au SĂ©nat : « Veni, vidi, vici », allusion Ă  sa victoire complĂšte et rapide.

La partie orientale du Pont est de nouveau confiĂ©e Ă  Dejotarus de Galatie en 47. AprĂšs sa mort en 41 av. J.-C., le Pont oriental reste dĂ©pendant de la Galatie avant d’ĂȘtre confiĂ© Ă  des rois clients par Rome, qui le rattache dĂ©finitivement Ă  la province de Galatie-Cappadoce en 63 apr. J.-C. À cette occasion, NĂ©ron divise la rĂ©gion en trois districts :

  • Ă  l’ouest le Pont galatique, voisin de la Galatie ;
  • au centre le Pont polĂ©moniaque, qui prend le nom de sa mĂ©tropole Polemonium ;
  • Ă  l’est le Pont cappadocien, voisin de la Cappadoce et correspondant Ă  l’ArmĂ©nie Mineure.

SévÚre Alexandre sépare le Pont de la Bithynie entre 222 et 235 et l'érige en une province distincte confiée à un procurateur de rang équestre, remplacé en 248 par un vir perfectissimus de rang sénatorial dépendant de la province de Galatie. Lors de la réorganisation du systÚme provincial sous Dioclétien vers 295, les districts pontiques sont répartis au sein de quatre provinces faisant partie du nouveau diocÚse du Pont :

Entre 384 et 387 apparaüt la nouvelle province d’Honoriade. Justinien modifie l’organisation provinciale encore une fois en 536 :

  • le Pont polĂ©moniaque est dissous, sa partie occidentale (Polemonium et NĂ©ocĂ©sarĂ©e) est rĂ©unie Ă  l’HĂ©lĂ©nopont, Comana Ă  la nouvelle province d’ArmĂ©nie seconde, le reste (TrapĂšze et Cerasus) Ă  celle de Grande ArmĂ©nie premiĂšre ;
  • l’HĂ©lĂ©nopont reçoit Polemonium et NĂ©ocĂ©sarĂ©e, tandis que Zela est rattachĂ©e Ă  l’ArmĂ©nie seconde. Le gouverneur de la province prend le nom de modĂ©rateur ;
  • la Paphlagonie absorbe l’Honoriade et est placĂ©e sous l’autoritĂ© d’un prĂ©teur.

Le systÚme des districts militaires (les thÚmes byzantins) remplace à son tour cette organisation à partir de la fin du VIIe siÚcle et le Pont fait alors partie des thÚmes des Arméniaques, de Chaldée et de Colonée.

L’intĂ©gration Ă  l’Empire romain ne changea que trĂšs peu la vie de cette sociĂ©tĂ©, fondĂ©e sur une oligarchie grecque ou hellĂ©nisĂ©e gouvernant des habitants d'origine casquĂ©enne ou caucasienne (Chaldiens, Chalybes, Colchides, Macrons, MossynoĂšques, TibarĂšnes[3]) qui eux aussi adoptent progressivement la langue grecque. La religion grĂ©co-romaine se gĂ©nĂ©ralise, non sans de nombreux apports orientaux (cultes de Mithra et d'Isis, du serpent guĂ©risseur Glycon
). La rĂ©gion n'est pas linguistiquement romanisĂ©e.

Durant cette pĂ©riode, le christianisme se substitue progressivement aux religions antĂ©rieures. Devenus chrĂ©tiens de langue grecque et citoyens romains, les habitants du Pont sont dĂ©sormais des « RomĂ©es » (áżŹÏ‰ÎŒÎ±ÎŻÎżÎč) : ils deviennent, aprĂšs l'effondrement de la partie occidentale de l'Empire, des sujets de l'« empire des RomĂ©es » (ΒασÎčλΔία áżŹÏ‰ÎŒÎ±ÎŻÏ‰Îœ, ou « byzantin ») ; plus tard, les Turcs les appellent « Roum » (nom qui, en turc, signifie « Grecs »).

  • Monnaie du Pont (Amisos), droit
    Monnaie du Pont (Amisos), droit
  • Monnaie du Pont (Amisos) en bronze
    Monnaie du Pont (Amisos) en bronze
  • Tombeaux des rois pontiques Ă  Amasya
    Tombeaux des rois pontiques Ă  Amasya

Capitales

Amasée

Le site Ă©tait dĂ©jĂ  occupĂ© au Chalcolithique. La plus ancienne mention de la ville provient d’un document hittite, oĂč elle est nommĂ©e Hakmis, elle Ă©tait alors soit une ville de garnison soit un centre religieux. En 291 av. J.-C., elle devient la capitale du Royaume du Pont. Elle porte alors le nom d’Amassaseias. AprĂšs sa conquĂȘte, PompĂ©e en fait une ville libre et le centre administratif d’un territoire qui sera sous l’empire romain l’un des plus prospĂšres de la rĂ©gion.

Selon Strabon, nĂ© lui-mĂȘme Ă  AmasĂ©e, les gigantesques tombeaux creusĂ©s dans la falaise au-dessus de la citĂ© Ă©taient ceux de la dynastie des rois du Pont[4]. Ces cinq tombeaux correspondraient aux cinq premiers rois de la dynastie mithridatique avant que la capitale ne soit dĂ©placĂ©e Ă  Sinope. On y accĂšde par des escaliers vertigineux. Les tombes sont surmontĂ©es soit d’un arc surbaissĂ©, soit d’un linteau droit. La tombe proprement dite est une sorte de cube taillĂ© en retrait de la falaise, et le plus souvent ornĂ© de deux colonnes ou pilastres surmontĂ©s de chapiteaux bruts. La façade du tombeau comprend une ouverture au centre avec des pourtours sculptĂ©s donnant l’impression qu’il s’agit d’une porte ou d’une fenĂȘtre. Elle recevait sans doute une porte en pierre fermant le tombeau.

Sinope

Il existe trois légendes sur la fondation de Sinope[5]. Tout d'abord, Sinope viendrait de SinopÚ, une Amazone, ou d'aprÚs le pseudo-Scymnos, une nymphe fille du fleuve Asopos coulant dans la région. D'aprÚs un récit du IIe ou du Ier siÚcle av. J.-C., elle aurait été fondée par une fratrie de trois Grecs, Autolykos, Phlogios et Déïléon. Enfin, toujours d'aprÚs des passages du pseudo-Scymnos, la cité aurait été refondée aprÚs une incursion des Cimmériens par Koos et KrétinÚs.

FondĂ©e par des colons originaires de Milet, Sinope avait jadis dominĂ©, grĂące Ă  sa flotte, l’ensemble du Pont-Euxin et aidĂ© les villes grecques situĂ©es sur d’autres cĂŽtes ; indĂ©pendante, elle n’avait, pendant longtemps, connu d’autre loi que la sienne. MalgrĂ© tout, Sinope avait Ă©tĂ© annexĂ©e par les rois du Pont et c’est dans ces murs qu’en 132 av. J.-C. naquit Mithridate EupatĂŽr.

Construite sur une petite presqu’üle bordĂ©e, de part et d’autre, par des chantiers navals et par des installations portuaires, elle possĂ©dait une vaste agora, des pĂ©ristyles et un gymnase. La pĂȘche au thon, les vergers, les champs fertiles et les pĂąturages qui s’étendaient au sud de la citĂ© pourvoyaient Ă  la subsistance de sa population ; cĂŽtĂ© mer, des rĂ©cifs et une cĂŽte abrupte et d’accĂšs difficile, cĂŽtĂ© terre, des remparts couronnĂ©s de tours assuraient sa protection.

Listes des dirigeants du Pont

Satrapes perses

Rois hellénistiques

Notes et références

  1. Les CasquĂ©ens, Kaska, Gasgas ou KaĆĄku en cunĂ©iforme, Ă©taient un peuple non-indo-europĂ©en d'origine caucasienne probablement apparentĂ© aux Hattis, pĂȘcheurs, bĂ»cherons et guerriers mercenaires, impliquĂ©s dans les guerres entre Hittites, Égyptiens puis Assyriens, MĂšdes et Perses.
  2. Dmitrij Borisovič Ć elov, « Le royaume Pontique de Mithridate Eupator », Journal des Savants, vol. 3, no 1,‎ , p. 243–266 (DOI 10.3406/jds.1982.1453, lire en ligne, consultĂ© le )
  3. Westermann Grosser Atlas zur Weltgeschichte, pages 11, 15, 20 Ă  23, 27 Ă  29 et 39, (ISBN 3-14-100919-8)
  4. Strabon, GĂ©ographie, Livre XII, III, 39
  5. Askold I. Ivantchik, « Les lĂ©gendes de fondation de Sinope du Pont », Revue des Études Anciennes, vol. 99, no 1,‎ , p. 33–45 (DOI 10.3406/rea.1997.4675, lire en ligne, consultĂ© le )

Voir aussi

Sources antiques

Ouvrages généraux

  • Laurianne Martinez-SĂšve, Atlas du monde hellĂ©nistique (336-31 av. J.-C.), Pouvoir et territoires aprĂšs Alexandre le Grand, Paris, Autrement, 2011.
  • Édouard Will, Histoire politique du monde hellĂ©nistique 323-30 av. J.-C., Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », 2003.

Articles

  • Askold Ivantchik, article « Les lĂ©gendes de fondation de Sinope du Pont », in Revue des Études Anciennes, 1997, 99-1-2, p. 33-45.
  • Bernard RĂ©my, article « Royaume du Pont », in Jean Leclant (dir.), Dictionnaire de l’AntiquitĂ©, Paris, PUF, coll. « Quadrige », , 2464 p. (ISBN 2-13-055018-5).
  • Maurice Sartre, article « Province romaine du Pont », in Jean Leclant (dir.), Dictionnaire de l’AntiquitĂ©, Paris, PUF, coll. « Quadrige », , 2464 p. (ISBN 2-13-055018-5).
  • Dmitrij Borisovič Ć elov, article, « Le royaume Pontique de Mithridate EupatĂŽr »n in Journal des Savants, 1982, 3-4, p. 243-266.

Articles connexes

Liens externes

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