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Procurateur

Dans la Rome antique, le terme procurateur désigne au départ un personnage nommé par un autre pour s'occuper d'une tâche précise, mais l’usage le plus courant du terme désigne, à partir d'Auguste, un fonctionnaire impérial choisi par l’empereur romain dans l’ordre équestre ou parmi ses anciens esclaves, on parle alors de procurateur affranchi.

DĂ©signation

Les procurateurs dĂ©pendaient directement de l’empereur, exerçant leur pouvoir et leur charge en son nom. Ainsi les empereurs purent Ă©laborer peu Ă  peu une administration qui ne dĂ©pendait que d’eux et contrĂ´ler des services importants ou une province impĂ©riale, fonction bien Ă©videmment rĂ©servĂ©e aux seuls membres de l’ordre Ă©questre. Assez souvent les procurateurs issus de l’ordre Ă©questre Ă©taient secondĂ©s par un procurateur affranchi, l’empereur pouvant ainsi mieux les surveiller. Entre le premier et le troisième siècle le nombre de procurateurs Ă©questres a assez fortement augmentĂ© en mĂŞme temps que se mettait en place un organigramme hiĂ©rarchique fondĂ© sur des Ă©chelons de salaire : 60 000 (procuratèle sexagĂ©naire), 100 000 (procuratèle centĂ©naire) et 200 000 sesterces (procuratèle ducenaire), puis après Marc Aurèle, 300 000 sesterces (procuratèle trĂ©centĂ©naire). Une carrière Ă©questre s’est ainsi Ă©laborĂ©e qui commençait par un service militaire (milices Ă©questres), se poursuivait parmi les diffĂ©rents postes de procuratèles et pouvait culminer après les postes de la chancellerie impĂ©riale, par les grandes prĂ©fectures : prĂ©fecture des Vigiles, de l’annone, d'Égypte et finalement du prĂ©toire. Les procurateurs Ă©questres ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s de manière extrĂŞmement approfondie par Hans-Georg Pflaum dont l’œuvre constitue la rĂ©fĂ©rence de tout travail sur les procurateurs.

Fonction

L’institution des procurateurs semble apparaître sous Auguste. On distingue plusieurs catégories de procurateurs selon leur champ d'action. En premier lieu, les procurateurs dans les provinces :

  • Le procurateur gouverneur, qui dirige une province peu importante (province procuratorienne). Il y cumule tous les pouvoirs, militaire, administratif, judiciaire et financier. Il se distingue de ses homologues des provinces plus importantes par le fait qu’il n’a pas de lĂ©gion sous ses ordres, mais seulement des unitĂ©s auxiliaires.
  • Le procurateur financier, qui fait office d'adjoint pour un lĂ©gat proprĂ©torien, gouverneur d'une province impĂ©riale importante. Comme son nom l'indique, ses attributions sont principalement d'ordre financier et administratif.

Dans l’administration centrale, on distingue plusieurs procurateurs. Ces fonctions confiées d'abord à des affranchis, sont transférées à des chevaliers sous les Flaviens et les Antonins.

Inscription d'Éphèse donnant la carrière d'un procurateur du règne de Claude (AE 1924, 00078)
  • Procurateurs du fiscus impĂ©rial, c'est-Ă -dire des impĂ´ts perçus dans les provinces impĂ©riales. Cette fonction est unifiĂ©e sous le titre de procurateur a rationibus (« aux comptes Â»), puis de rationalis sous Marc Aurèle et de rationalis summarum rationum sous les SĂ©vères.
  • Procurateur a libellis (« aux libelles Â») qui dirige le bureau des requĂŞtes concernant la justice. Ce procurateur est trĂ©cĂ©naire, c'est-Ă -dire que son traitement s'Ă©lève Ă  300 000 sesterces.
  • Procurateur a cognitionibus (« aux connaissances Â») qui dirige le bureau chargĂ© de l'instruction des procès jugĂ©s en personne par l'empereur. Il est Ă©galement trĂ©cĂ©naire.
  • Procurateur a studiis (« aux Ă©tudes Â») qui dirige le bureau de la documentation. C'est aussi un procurateur trĂ©cĂ©naire
  • Procurateur ab epistulis latinis (« aux lettres latines Â») qui dirige le bureau chargĂ© de la correspondance officielle et de la publication des actes en latin. Il a Ă©tĂ© crĂ©Ă© par dĂ©membrement du bureau ab epistulis. Ce procurateur est centĂ©naire, c'est-Ă -dire qu'il touche un traitement de 100 000 sesterces.
  • Procurateur ab epistulis graecis (« aux lettres grecques Â») qui dirige le bureau chargĂ© de la correspondance officielle et de la publication des actes en grec. Ce procurateur est sexagĂ©naire, c'est-Ă -dire qu'il touche 60 000 sesterces.
  • Procurateur du patrimoine impĂ©rial, qui devient sous Septime SĂ©vère le procurateur rei privatæ (« des choses privĂ©es Â»). Il est de mĂŞme rang que l’a rationibus.
  • Procurator monetae, chargĂ© de l'atelier monĂ©taire impĂ©rial de Rome, procuratèle centĂ©naire[1]. Selon une inscription très mutilĂ©e trouvĂ©e Ă  proximitĂ© de la Basilique Saint-ClĂ©ment-du-Latran[2], il pouvait ĂŞtre en mĂŞme temps responsable des jeux (ludi gladiatorii)[3].

Notes et références

  1. Liste des procuratores monetae connus : Ségolène Demougin, Procurator monetae, Revue numismatique, 1997, p. 43.
  2. CIL 06, 1647.
  3. Coarelli 1994, p. 139.

Voir aussi

Bibliographie

  • Filippo Coarelli (trad. de l'italien par Roger Hanoune), Guide archĂ©ologique de Rome, Paris, Hachette, (1re Ă©d. 1980), 350 p. (ISBN 2-01-235428-9)
  • Sabine Lefebvre, L'Administration de l'Empire romain d'Auguste Ă  DioclĂ©tien, Paris, Armand Collin, coll. « Cursus Histoire », , 222 p. (ISBN 978-2-200-35575-3)
  • Hans-Georg Pflaum, Les Procurateurs Ă©questres sous le Haut-Empire romain, 1950, Paris
  • Hans-Georg Pflaum, Carrières procuratoriennes Ă©questres, SupplĂ©ments, 1982, Paris
Articles
  • SĂ©golène Demougin, « Procurator monetae », Revue numismatique, 6e sĂ©rie - Tome 152, annĂ©e 1997, pp. 41-45, consultable sur PersĂ©e
  • SĂ©golène Demougin, « NouveautĂ©s pour les procurateurs des Gaules et des Germanies », Cahiers du Centre Gustave-Glotz, 9, 1998, pp. 219-227, consultable sur PersĂ©e
  • Sabine Lefebvre, « Profils de carrière : douze procurateurs des Gaules et Germanies », Cahiers du Centre Gustave-Glotz, 9, 1998, pp. 247-264, consultable sur PersĂ©e

Liens externes

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