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Georges Saakadzé

Georges SaakadzĂ© (en gĂ©orgien : გიორგი áƒĄáƒáƒáƒ™áƒáƒ«áƒ”, Giorgi Saakadze ; nĂ© vers 1570, mort le ), Ă©galement connu sous le nom de Grand Mouravi (en gĂ©orgien : დიდი მოურავი, didi mouravi), de MĆ«rāv-Beg en Iran et de Maghraw-Bey dans l’Empire ottoman, est un noble gĂ©orgien qui a exercĂ© les fonctions de Mouravi (« bailli » ou « gouverneur ») de Tiflis et joue un rĂŽle politique et militaire important dans la GĂ©orgie orientale au dĂ©but du XVIIe siĂšcle.

Georges Saakadzé
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Georges Saakadzé, vers 1626 par Christophe Castel
Alias
Grand Mouravi
Naissance ca. 1570
DĂ©cĂšs
Nationalité Géorgie
Profession
Mouravi

Biographie

La famille SaakadzĂ© est issue de la petite noblesse des aznauri, mais Georges n'est pas un parvenu d’origine roturiĂšre comme le voudront ses adversaires nobles ni un « fils du peuple » comme le prĂ©senteront ses thurifĂ©raires marxisants. Son pĂšre Siaush SaakadzĂ© est un officier qui joue un rĂŽle important dans l’armĂ©e du roi Simon Ier de Karthli, dans laquelle Georges fait ses premiĂšres armes (1588-1593). Au dĂ©but du rĂšgne du jeune roi Louarsab II de Karthli, Georges SaakadzĂ© est promu en 1608 Ă  la fonction de Mourav de Tbilissi, Tskhinvali, et Dvaleti.

L’influence et le prestige de Saakadze s’accroissent lorsqu’en juin 1609 il dĂ©truit Ă  Tashiskari une armĂ©e d’invasion de Tatars de CrimĂ©e menĂ©e par Djelal Pacha qui, aprĂšs la prise de Bagdad par l'Iran, vient renforcer les troupes ottomanes qui opĂšrent en GĂ©orgie et qui ont pour mission de s’emparer du roi Louarsab II[1].

Giorgi Saakadze, 1913, Niko Pirosmani.

En 1611, le roi Louarsab II Ă©pouse Macrine, la sƓur de Georges SaakadzĂ©, ce qui accroĂźt le ressentiment de la haute noblesse Ă  son Ă©gard, qui craint l’ambition et les aspirations au pouvoir de ce parvenu reprĂ©sentant d’une classe sociale qu’elle juge infĂ©rieure et qui est devenu l’homme le plus puissant du Karthli. La noblesse de Karthli se divise en deux partis : l’un menĂ© par Parsardam II Tsitsischvili, prince de Satsitsiano (1609-1640), et Shadiman Baratashvili, et l’autre par SaakadzĂ© et ses partisans. Le premier triomphe en mai 1612 lorsque la haute noblesse persuade le roi Louarsab II de la trahison de Georges SaakadzĂ©, qui est obligĂ© de s’enfuir en Iran pour sauvegarder sa vie, et lorsque le roi Louarsab II accepte d’annuler son union avec Macrine pour Ă©pouser une princesse de MingrĂ©lie.

À la cour d’Ispahan, Georges SaakadzĂ©, qui se convertit Ă  l’islam, est reçu avec faveur. Il sait faire rapidement apprĂ©cier ses compĂ©tences militaires dans la guerre contre l’Empire ottoman et gagne la confiance de Chah Abbas Ier dont il devient en outre le conseiller pour les affaires gĂ©orgiennes. En 1614, SaakadzĂ© prend ainsi sa revanche sur la haute noblesse et le roi en participant Ă  l’invasion du Karthli par l’armĂ©e de Chah Abbas Ier qui met fin au rĂšgne de Louarsab II, qui doit s’enfuir en ImĂ©rĂ©thie comme Teimouraz Ier de KakhĂ©tie. Pendant la pĂ©riode 1613-1617, environ 200 000 GĂ©orgiens sont dĂ©portĂ©s en Iran afin de dĂ©velopper l’agriculture et l’artisanat des provinces.

En 1619, le Chah le nomme vekil (« rĂ©gent ») du roi Bagration musulman Bagrat Khan, qu’il installe Ă  la tĂȘte du Karthli. Georges SaakadzĂ© devient ainsi le maĂźtre du royaume. En 1623, 10 000 KakhĂ©tes qui rĂ©sistaient Ă  la dĂ©portation sont massacrĂ©s par les Perses. L’attitude de SaakadzĂ© lors de ce drame demeure discutable.

Lors de la reprise des hostilitĂ©s avec l’Empire ottoman, SaakadzĂ© sert comme gĂ©nĂ©ral dans l’armĂ©e perse de 1621 Ă  1623. Sa valeur militaire amĂšne Chah Abbas Ier Ă  le promouvoir au printemps 1625 dans l’état-major de Kartchika-Khan qui commande une armĂ©e de 35 000 hommes destinĂ©e Ă  mettre fin Ă  la rĂ©bellion en GĂ©orgie orientale. Cette derniĂšre est menĂ©e par le propre beau-frĂšre de SaakadzĂ©, le prince Zourab Sidamoni d’Aragvi (1620-1630), et le roi Teimouraz Ier de KakhĂ©tie, beau-frĂšre de Louarsab II de Karthli qui veut recueillir sa succession. SaakadzĂ© ne tarde pas Ă  prendre contact avec les deux chefs de l’insurrection.

La rencontre dĂ©cisive intervient lors de la bataille de Martqopi le . L’armĂ©e iranienne, forte de 30 000 hommes commandĂ©s par le gĂ©nĂ©ral en chef en personne, se prĂ©sente devant les forces gĂ©orgiennes rĂ©unies. Georges SaakadzĂ©, qui est dans les rangs perses, tue de sa lance Kartchika-Khan devant sa tente avant de retourner ses troupes et de les unir Ă  l’armĂ©e gĂ©orgienne qui Ă©crase les envahisseurs ; la capitale Tiflis est prise et les GĂ©orgiens interviennent en KakhĂ©tie[2]. En reprĂ©sailles, Chah Abbas Ier fait mettre Ă  mort Paata, le jeune fils de Georges SaakadzĂ© qui a Ă©tĂ© laissĂ© en otage Ă  la cour d’Ispahan. Cette grande victoire met fin Ă  la tentative d’implantation de nomades turcomans qizilbash en GĂ©orgie Ă  la place des populations locales prĂ©cĂ©demment dĂ©portĂ©es en Iran. Les troupes de KakhĂ©tie et de Karthli unies mĂšnent une expĂ©dition contre les garnisons perses de Gandja et du Karabagh.

Giorgi Saakadze défendant la Géorgie de ses ennemis, Niko Pirosmani.

La contre-offensive iranienne ne tarde pas Ă  s’organiser et la nouvelle armĂ©e d’invasion de 60 000 hommes commandĂ©s par le renĂ©gat Isa Khan, le propre gendre d’Abbas Ier, remporte le contre les 20 000 hommes des forces gĂ©orgiennes du Karthli et de la KakhĂ©tie rĂ©unis la coĂ»teuse victoire de Marabda prĂšs de la riviĂšre Algeti, oĂč pĂ©rissent 9 000 GĂ©orgiens et 14 000 Qizilbash[3].

À la fin de 1625, SaakadzĂ© met en dĂ©route les Iraniens prĂšs d’Aspindza et s’empare des importantes forteresses d’Atskuri et de Khertvisi. Il invite alors Teimouraz Ier de KakhĂ©tie Ă  prendre la couronne de Karthli et Ă  unir de facto les deux principautĂ©s. SaakadzĂ© se retire ensuite dans les montages du Caucase oĂč il organise une puissante rĂ©sistance contre les forces du Chah et tue 12 000 soldats iraniens dans la vallĂ©e de la Ksani[4]. Abbas Ier sera finalement obligĂ© de reconnaĂźtre Teimouraz Ier comme roi de Karthli en 1629.

Bien qu’au dĂ©but de l’annĂ©e 1626, Georges SaakadzĂ© expulse encore les garnisons iraniennes de plusieurs forteresses du Karthli, l’unitĂ© des GĂ©orgiens Ă©clate bientĂŽt du fait de l’opposition entre SaakadzĂ© et le roi Teimouraz Ier au sujet du contrĂŽle du gouvernement du Karthli. Le conflit se termine sur un champ de bataille fratricide prĂšs du lac Bazaleti Ă  l’automne 1626[5]. La victoire de l’armĂ©e royale gĂ©orgienne oblige Georges SaakadzĂ© Ă  s’exiler Ă  Constantinople et Ă  entrer au service du sultan Ibrahim Ier. SaakadzĂ© n’hĂ©site pas Ă  revenir Ă  l’islam et obtient le gouvernement de Konya. Il combat contre les Iraniens Ă  Erzurum en 1627-1628 et au Samtskhe en 1628.

Cependant le Grand vizir Ekrem HĂŒsrev Pacha ne tarde pas Ă  l’accuser de trahison et le fait exĂ©cuter avec son fils aĂźnĂ© Avtandil et 40 personnes de son entourage gĂ©orgien le .

Union et descendance

Selon Cyrille Toumanoff, Georges SaakadzĂ© a Ă©pousĂ© Nino Sidamoni, fille Baadour Sidamoni et sƓur de Nougzar Ier Sidamoni, duc d'Aragvi, dont :

  • Paata, exĂ©cutĂ© comme otage en Iran en 1623 ;
  • Avtandil, exĂ©cutĂ© avec son pĂšre par les Ottomans ;
  • Vakhtang ;
  • Kai-Khosrov ;
  • Tarkhan, ancĂȘtre de la famille princiĂšre gĂ©orgienne des Tarkhan-Mouravi ;
  • BĂ©jan ou Agapet, abbĂ© de Kvatakhevi (1643) ;
  • Jotham ou Joram (1643-1663) ;
  • Christophe, abbĂ© de Kvatakhevi (1663) ;
  • David, vers 1663 ;
  • Schiosh, vers 1663, pĂšre de Joseph SaakadzĂ©, mĂ©tropolitain de Tiflis (1662-1688) ;
  • Djandier, vers 1663 ;
  • Marie, Ă©pouse de Parad, Pacha d'Aspindza ;
  • Ne, Ă©pouse de Schoschita II, duc de Ratcha (?-1684) ;
  • Ne, Ă©pouse de ThĂ©ĂŻmouraz II de Mukhran ;
  • Ne, Ă©pouse de JessĂ© II, duc de Ksani (1659-1675).

Notoriété posthume

Georges Saakadzé, statue de Merab Berdzebishvili dans le parc Saakadzé à Tbilissi.

Giorge SaakadzĂ© demeure un des personnages les plus populaires mais Ă©galement des plus controversĂ©s de l’histoire de la GĂ©orgie. L’historiographie traditionnelle, largement influencĂ©e par le prince Vakhoucht Bagration et Marie-FĂ©licitĂ© Brosset, le considĂšre comme un aventurier fĂ©odal, un ambitieux et un fauteur de troubles.

La premiĂšre tentative de rĂ©habilitation de Georges SaakadzĂ© est l’Ɠuvre de son petit-fils, le mĂ©tropolitain de Tiflis Joseph SaakadzĂ©, qui a Ă©crit sur lui un long poĂšme intitulĂ© « Le Grand Mouravi » (en gĂ©orgien დიდმოურავიანი, didmouraviani, 1681-1687).

Les historiens nationalistes modernes soulignent le rĂŽle qu’il a jouĂ© dans la mise en Ă©chec en 1625 du plan de Chah Abbas Ier de transformer l’est de la GĂ©orgie en un khanat qizilbash.

Les historiens d’obĂ©dience marxiste de la RĂ©publique socialiste soviĂ©tique de GĂ©orgie l’ont prĂ©sentĂ© comme un hĂ©ros national populaire luttant contre les forces fĂ©odales et les impĂ©rialismes Ă©trangers. À l'Ă©poque de la Seconde Guerre mondiale, Staline lui-mĂȘme n’a pas hĂ©sitĂ© en 1940 Ă  proclamer que « le Grand Mouravi avait Ă©tĂ© pour la GĂ©orgie un espoir d’unification et d’établissement de l’absolutisme royal visant Ă  la liquidation du pouvoir des princes ». À une Ă©poque oĂč les films historiques et les biographies d’inspiration patriotiques sont trĂšs prisĂ©s en URSS, le metteur en scĂšne Michael Tchiaourelli[6] consacre en 1942-1943 un film Ă  la gloire de Georges SaakadzĂ©[7].

Dans l’édition française de son Histoire de la GĂ©orgie de 1951, Alexandre Manvelichvili qualifie Georges SaakadzĂ© de « glorieux patriote »[8].

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Giorgi Saakadze » (voir la liste des auteurs).
  1. Alexandre Manvelichvili, Histoire de la GĂ©orgie, Paris, Nouvelles Éditions de la Toison d'Or, , 476 p., p. 286.
  2. Nodar Assatiani et Alexandre Bendianachvili, Histoire de la Géorgie, Paris, l'Harmattan, , 335 p. [détail des éditions] (ISBN 2-7384-6186-7, présentation en ligne), p. 188.
  3. En 1624 selon Marie-FĂ©licitĂ© Brosset, MatĂ©riaux pour servir Ă  l’Histoire de la GĂ©orgie, p. 201.
  4. Nodar Assatiani et Alexandre Bendianachvili, op. cit., p. 190.
  5. Marie-Félicité Brosset, op. cit., p. 201.
  6. Ou Mikhail Chiaureli, metteur en scÚne géorgien.
  7. GĂ©rard Peron, Histoire du CinĂ©ma, Éditions Gisserot, 2001 (ISBN 2877475573), p. 45.
  8. Alexandre Manvelichvili, op. cit., p. 290.

Voir aussi

Bibliographie

  • Nodar Assatiani et Alexandre Bendianachvili, Histoire de la GĂ©orgie, Paris, l'Harmattan, , 335 p. [dĂ©tail des Ă©ditions] (ISBN 2-7384-6186-7, prĂ©sentation en ligne), p. 185-190.
  • Marie-FĂ©licitĂ© Brosset, Histoire de la GĂ©orgie depuis l'AntiquitĂ© jusqu'au XIXe siĂšcle, partie 2 : Histoire moderne. Livraison 1, Adamant Media Corporation (ISBN 0543944808), p. 53-59 & 489-497.
  • Alexandre Manvelichvili, Histoire de la GĂ©orgie, Paris, Nouvelles Éditions de la Toison d'Or, , 476 p., p. 286-290.
  • Cyrille Toumanoff, Les dynasties de la Caucasie chrĂ©tienne de l'AntiquitĂ© jusqu'au XIXe siĂšcle : Tables gĂ©nĂ©alogiques et chronologiques, Rome, , p. 443-444.

Liens externes

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