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Erzurum

Erzurum ou ErzĂ©roum (ÔżŐĄÖ€Ő«Ő¶ (K'arin ou Garin[1]) en armĂ©nien ; ერზურუმი (Erdzurumi) en gĂ©orgien ; ErzĂźrom en kurmandji) est une ville d'Anatolie orientale, aujourd'hui en Turquie. PrĂ©fecture de la province du mĂȘme nom, elle compte une population de 561 874 habitants (recensement de 2008).

Erzurum
Blason de Erzurum
HĂ©raldique
Erzurum
Administration
Pays Drapeau de la Turquie Turquie
RĂ©gion Anatolie orientale
Province Erzurum
District Erzurum
Maire
Mandat
Mehmet Sekmen (AKP)
2019-2024
PrĂ©fet Celalettin GĂŒvenç
2004
Indicatif téléphonique international +(90)
Plaque minéralogique 25
DĂ©mographie
Population 561 874 hab.
DensitĂ© 23 hab./km2
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 39° 54â€Č nord, 41° 16â€Č est
Altitude 1 945 m
Superficie 2 474 100 ha = 24 741 km2
Localisation
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Erzurum
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Erzurum
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Erzurum
Liens
Site de la mairie http://www.erzurum.bel.tr
Site de la province http://www.erzurum.gov.tr

    GĂ©ographie

    Topographie

    SituĂ©e Ă  1 945 mĂštres d'altitude sur le haut-plateau armĂ©nien, cette ville du nord-est de la Turquie est une des plus hautes de la rĂ©gion. La ville se trouve dans une plaine parsemĂ©e de quelques collines de roches volcaniques dont la plus Ă©levĂ©e porte la citadelle.

    GĂ©ologie

    La ville est confrontĂ©e Ă  des sĂ©ismes assez rĂ©guliers : le 27 octobre 1843, un sĂ©isme fit d’importants dĂ©gĂąts matĂ©riels et le 19 aoĂ»t 1966, un sĂ©isme fit quelques victimes. En 1983, un nouveau sĂ©isme de 6,9 sur l’échelle de Richter frappa la ville[2].

    Climat

    Erzurum connaĂźt un climat continental marquĂ©, avec une tempĂ©rature moyenne de −11 °C en janvier. Les tempĂ©ratures tombent frĂ©quemment en dessous des −35 °C en hiver, avec de fortes chutes de neige. Le climat de la ville est relativement rigoureux Ă©tant donnĂ© la position continentale et l’altitude Ă©levĂ©e. Les tempĂ©ratures oscillent en moyenne entre -8,6 °C l’hiver et 19,6 °C l’étĂ© mais peuvent atteindre des extrĂȘmes : jusque – 30 °C en janvier et +34 °C en aoĂ»t[2]. L’hiver est assez long avec une couverture neigeuse en place pendant plusieurs mois et des chutes de neige sont possibles en plein Ă©tĂ©. La vĂ©gĂ©tation naturelle est plus ou moins steppique et les paysages verdoyants uniquement lors de la fonte des neiges font apparaitre une teinte roussĂątre[2]. Les arbres sont assez rares puisque les plus proches forĂȘts se trouvent Ă  100 km au Nord‑Est. Les possibilitĂ©s agricoles sont assez limitĂ©es puisque le froid d’hiver exclut les cĂ©rĂ©ales et l’étĂ© dessĂšche les pĂąturages[2].

    Normales et records pour la période 1991-2020 à Erzurum
    Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
    TempĂ©rature minimale moyenne (°C) −15,9 −14,7 −7,5 −0,7 3,4 6,1 9,9 10 4,4 0,3 −6 −12,4 −1,9
    TempĂ©rature moyenne (°C) −10,2 −8,8 −1,9 5,5 10,5 14,8 19,1 19,5 14,3 8,1 0,2 −7,1 5,3
    TempĂ©rature maximale moyenne (°C) −4 −2,4 3,9 12,1 17,6 22,9 27,7 28,5 23,7 16,4 7,3 −1,2 12,7
    Record de froid (°C)
    date du record
    −36
    23/1995
    −37
    6/1991
    −33,2
    15/2000
    −22,4
    1/2003
    −7,1
    8/2003
    −5,6
    3/1997
    −1,8
    11/1992
    −1,1
    19/1987
    −6,8
    23/1987
    −14,1
    31/2003
    −34,3
    23/2001
    −37,2
    28/2002
    −37,2
    28/12/2002
    Record de chaleur (°C)
    date du record
    8
    4/1953
    10,6
    28/1955
    21,4
    28/2001
    26,5
    25/2008
    29,6
    29/1948
    32,2
    29/1958
    35,6
    31/2000
    36,5
    11/2006
    33,3
    1/2006
    27
    4/1981
    20,7
    17/1930
    14
    4/2005
    36,5
    11/8/2006
    Ensoleillement (h) 108,5 121,5 155 183 235,6 300 331,7 316,2 252 201,5 144 89,9 2 438,9
    Précipitations (mm) 16,2 19,4 34,9 56,2 72,4 42,1 21,9 16,5 22,7 46,8 25,6 21,3 396
    Nombre de jours avec précipitations 9,9 9,8 12,27 16,93 19,27 12,63 8,43 7,9 6,9 10,8 8,5 9,97 133,3
    Source : Turkish State Meteorological Service[3]
    Diagramme climatique
    JFMAMJJASOND
    −4
    −15,9
    16,2
    −2,4
    −14,7
    19,4
    3,9
    −7,5
    34,9
    12,1
    −0,7
    56,2
    17,6
    3,4
    72,4
    22,9
    6,1
    42,1
    27,7
    9,9
    21,9
    28,5
    10
    16,5
    23,7
    4,4
    22,7
    16,4
    0,3
    46,8
    7,3
    −6
    25,6
    −1,2
    −12,4
    21,3
    Moyennes : ‱ Temp. maxi et mini °C ‱ PrĂ©cipitation mm

    Histoire

    Si un canton de Karin dans la province historique arménienne de Haute-Arménie est connu par la Géographie d'Anania de Shirak, et que ce canton semble avoir fait partie du domaine royal arsacide avant la fin du IVe siÚcle[4], il ne paraßt pas avoir compris une ville, mais plutÎt un village[5]. C'est sur le site de ce village que la ville de Théodosio(u)polis est fondée[6].

    La naissance d'Erzurum remonte au Ve siĂšcle lorsque l'empereur ThĂ©odose II fonda une place militaire aux confins orientaux de l’empire byzantin : Theodosiopolis, objet de luttes entre Sassanides, musulmans et byzantins.

    Forteresse importante du limes oriental, fortifiĂ©e sous Justinien, elle est prise par les Arabes, dĂ©truite par Constantin V en 751-752, reconstruite par les Arabes, puis reconquise par les Byzantins au Xe siĂšcle, et enfin mise Ă  sac par les Seldjoukides en 1048[4]. En 1048, la population de la ville d'Arzen, situĂ©e Ă  l'est, est chassĂ©e par les Seldjoukides et vient s'installer dans la ville de Theodosiopolis qui devient Arzen-er-Roum (Roum signifie l'Empire byzantin), d'oĂč le nom actuel d'Erzurum [7].

    AprĂšs 1071 et la bataille de Manzikert qui voit la conquĂȘte de la ville par les musulmans, elle prend le nom d’Arz al-Roum (en arabe : ÊŸarឍ ar-rĆ«m, ۣ۱۶ Ű§Ù„Ű±ÙˆÙ…, « terre des Roum Â»). Elle aurait Ă©tĂ© nommĂ©e ainsi Ă  cause des ArmĂ©niens rĂ©fugiĂ©s venant d'une ville proche nommĂ©e Arzan et dĂ©truite en 1049 par les Seldjoukides[8] - [9]. Ce nom Ă©volue ensuite en Erzerum et Erzurum.

    La ville passa successivement aux mains des Seldjoukides qui lui donnĂšrent d’importants monuments puis des Mongols et des Ottomans des Safavides pour entrer dĂ©finitivement dans l’empire ottoman Ă  la fin du XVIe siĂšcle[7].

    La citĂ© a Ă©tĂ© prise par Akkonyunlu Turkman Uzun Hassan en 1468 aprĂšs la mort du dirigeant de la fĂ©dĂ©ration tribale d’origine turcomane Kara koyunlu, Jihan shah. AprĂšs la chute d’Akkonyunlu, le contrĂŽle de la ville passe au Shah Ismail et aux Qizilbash. Les Ottomans ont pris le contrĂŽle de la citĂ© en 1514 par Selim Ier dans sa campagne Ă  Chaldrian. Les diverses conquĂȘtes au XVe et XVIe siĂšcle ainsi que les guerres ont provoquĂ© des mouvements de population forcĂ©s ce qui a contribuer Ă  faire baisser la population de la ville.

    Erzurum n’a jamais connu de paix avant la fin du XVIe siĂšcle. Soliman le Magnifique (10e sultan ottoman) a entrepris trois campagnes contre les Safavides. Erzurum Ă©tait une citĂ© forteresse Ă  partir de laquelle les gouverneurs locaux ont menĂ© des offensives contre les Safavides et Erzurum Ă©tait un terrain de bataille pendant les guerres Ă  l’est. Au XVIe siĂšcle, Erzurum Ă©tait une citĂ© frontiĂšre qui subissait les consĂ©quences de sa position.

    Erzururm a longtemps Ă©tĂ© un important centre culturel, commercial et militaire de l'est de l'Anatolie. Sa prospĂ©ritĂ© reposait sur des routes d’échange entre Tabriz, Ardabil, TrĂ©bizonde, SĂ©baste, Tokat et des villes productrices de soie en Iran [2].

    Selim Ier l'a conquise des Safavides et Soliman a ordonnĂ© sa restauration qui dĂ©buta en 1529 sous les ordres de Ferhat-pacha Sokolović. La citĂ© devint une forteresse pour les campagnes militaires contre les Safavides. Soliman y mena d’importantes campagnes contre les Safavides en 1534, 1548 et 1554.

    La population d'Erzurum est restée faible puisque la cité a été en proie à de nombreux conflits. En 1540, la ville était pratiquement vide de population, elle était considérée comme une ville principalement militaire. Il a fallu attendre le rÚgne de Mourad IV dÚs 1639 pour que la ville retrouve la paix. Pendant trois siÚcles la ville est une place forte ottomane face aux Iraniens et surtout aux russes.

    La ville fut dirigée par les Ottomans jusqu'en 1829 lorsque l'Empire russe s'en empara. Mais le traité d'Andrinople signé quelques mois plus tard met fin à cette situation et les Turcs récupÚrent rapidement la ville. La situation se reproduit quelques années plus tard, aprÚs la guerre russo-turque de 1877-1878. Cette fois-ci, c'est le traité de Berlin qui permet à l'Empire ottoman de récupérer Erzurum[2].

    En 1867, Erzurum comptait 70 000 habitants selon Frans Outendirck. Dans la ville, on travaille la soie, le coton, le cuir, le cuivre, l'acier, et les sabres d'Erzurum ont une grande rĂ©putation[10].

    Victimes des massacres hamidiens Ă  Erzurum ().

    La ville connaĂźt les heures les plus sombres de son histoire pendant les massacres hamidiens (1894-1896), oĂč de nombreux citoyens, surtout armĂ©niens, sont tuĂ©s[11], puis pendant le gĂ©nocide armĂ©nien (1915-1917) oĂč elle devient un important centre de dĂ©portation et d'extermination[12]. Sur les 20 000 ArmĂ©niens de la ville, seule une centaine survivent ; il est estimĂ© que 90 % des ArmĂ©niens de la rĂ©gion ont Ă©tĂ© exterminĂ©s durant le gĂ©nocide armĂ©nien[13].

    Durant la PremiÚre Guerre mondiale, la ville est finalement prise par l'armée russe de Nikolaï Ioudenitch le (la Bataille d'Erzurum). En 1918, la Turquie récupÚre Erzurum par le traité de Brest-Litovsk.

    C’est Ă  Erzurum que se rĂ©unit, le , le CongrĂšs qui choisit Mustafa Kemal pour prĂ©sident mais la rĂ©volution kĂ©maliste abandonna la ville pour Sivas puis Ankara. Le congrĂšs d'Erzurum marque le dĂ©but de la guerre d'indĂ©pendance de la Turquie.

    Économie

    La ville d’Erzurum est un point stratĂ©gique puisqu’elle est le point final du gazoduc du sud Caucase, aussi appelĂ© le gazoduc Baku-Tbiliss-Erzurum (BTE). Depuis une quinzaine d’annĂ©es, le gaz de la Caspienne est transportĂ© par ce biais vers le port turc de Ceyhan et les marchĂ©s europĂ©ens. La ville devait Ă©galement ĂȘtre le point de dĂ©part du gazoduc de Nabucco qui devait transporter de la mer Caspienne vers plusieurs pays membres de l’Union EuropĂ©enne. Le projet a Ă©tĂ© avortĂ© en 2013[14].

    L’une des plus larges sources de revenus de la ville provient de l’UniversitĂ© AtatĂŒrk crĂ©Ă©e en 1950 et qui abrite plus de 40 000 Ă©tudiants. Il s’agit de l’une des plus grandes universitĂ©s de Turquie. Le tourisme est Ă©galement une source importante de revenus pour la ville. Erzurum abrite des monuments Seldjoukides, mais c’est aussi une station de ski trĂšs prisĂ©e en hiver.

    Erzurum est Ă©galement cĂ©lĂšbre pour la production d’objets fabriquĂ©s Ă  partir de pierre d’Oltu, une forme de jais naturel travaillĂ©e et exploitĂ©e Ă  Erzurum depuis le XVIIIe siĂšcle. AppelĂ©e aussi « ambre noir » ou « ambre d’Erzurum », c’est une pierre semi-prĂ©cieuse qui est utilisĂ©e dans la fabrication de bijoux, Ă©pingles Ă  cravates, fume-cigarettes, chapelets. Dans le centre d’Erzurum, le Tashan, un espace de deux Ă©tages datant du Moyen Age, lui est dĂ©diĂ©.

    Politique

    Erzurum, connue comme The Rock (« Le Rocher ») dans le code OTAN, a servi de base aérienne la plus sud-orientale de l'OTAN durant la Guerre froide.

    Lieux et monuments

    Sports

    Les tremplins de Kiremitliktepe constituent l'unique site de Turquie consacré au saut à ski. Il a été construit pour l'Universiade d'hiver de 2011. Depuis, des compétitions internationales de saut à ski y ont été organisées, notamment le Festival olympique d'hiver 2017 de la jeunesse européenne, et des épreuves de Coupe continentale de saut à ski en 2017.

    Dans les arts

    Dans le 22e album des Aventures de Tintin Vol 714 pour Sydney, en page 30, le milliardaire Laszlo Carreidas parle de son grand-pÚre maternel qui était « sucreur de rahat-lokum à Erzeroum » (sic).

    Notes et références

    1. La lettre <Կ> se prononce [k] en arménien classique, [k'] en arménien oriental et [g] en arménien occidental cf l'article Ken (arménien).
    2. Marcel Bazin, « Erzurum : un centre rĂ©gional en Turquie », Revue GĂ©ographique de l'Est, vol. 9, no 3,‎ , p. 269–314 (DOI 10.3406/rgest.1969.2033, lire en ligne, consultĂ© le )
    3. (tr) « Resmi Ä°statistikler: Ä°llerimize Ait Mevism Normalleri (1991–2020) », Turkish State Meteorological Service (consultĂ© le ).
    4. Nina G. GarsoĂŻan, « La date de la fondation de ThĂ©odosioupolis-Karin Â», dans Revue des Ă©tudes byzantines, 62 (2004), p. 181.
    5. Nina G. GarsoĂŻan, op. cit., p. 182.
    6. Nina G. GarsoĂŻan, op. cit., p. 183.
    7. (en) Ronald C. Jennings, « Urban Population in Anatolia in the Sixteenth Century: A Study of Kayseri, Karaman, Amasya, Trabzon, and Erzurum », International Journal of Middle East Studies, vol. 7, no 1,‎ .
    8. (en) Martijn Theodoor Houtsma, E.J. Brill's First Encyclopaedia of Islam, 1913-1936 (9 volumes), vol. I, BRILL, , 5164 p. (ISBN 978-900408265-6, présentation en ligne, lire en ligne), « Arzan », p. 473 (la fin de l'article).
    9. Ibn Battûta (trad. C. Defrémery et B. R. Sanguinetti (1858)), Voyages (3 volumes), De la Mecque aux steppes russes, vol. II, Paris, François Maspero, coll. « La Découverte », , (.pdf) 392 (ISBN 2-7071-1303-4, présentation en ligne, lire en ligne), p. 134, note 247
      Introduction et notes de Stéphane Yerasimov.
    10. Frans Outendirck, La Turquie à propos de l'exposition universelle de 1867, Paris, Typographie de Ad. Lainé et J. Havard, 1867, p. 126 (lire en ligne).
    11. (en) Vahakn Dadrian, Warrant for Genocide: Key Elements of Turko-Armenian Conflict, New Brunswick and London: Transaction Publishers, 1999, p. 141.
    12. (en) Peter Balakian, The Burning Tigris: The Armenian Genocide and America's Response, p. 176.
    13. Robert Hewsen, « Summit of the Earth: The Historical Geography of Bardzr Hayk Â», dans Richard G. Hovannisian (dir.), Armenian Karin/Erzerum, Mazda Publishers, Costa Mesa, 2003 (ISBN 9781568591513), p. 51-56, 60.
    14. « BiĂ©lorussie, Turquie : l’Union EuropĂ©enne Ă  l’heure des États pivots », sur The Conversation, (consultĂ© le ).
    15. « Erzurum Archaeology Museum », sur Ministery of culture and tourism (consulté le )

    Voir aussi

    Articles connexes

    Liens externes

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