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Émergence de la Russie comme superpuissance

La fédération de Russie a parfois été décrite comme une potentielle future superpuissance émergente au XXIe siècle[1], aux côtés des États-Unis, de l'Inde et de la République populaire de Chine ; voire possiblement de l'Union européenne et du Brésil.

L'Union soviétique, une ancienne superpuissance

La Russie auparavant était la principale composante d'une superpuissance : l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), mais, ayant perdu la guerre froide à la fin du XXe siècle, celle-ci s'est fragmentée en quinze états dont trois, les pays baltes, ont rompu leurs liens avec la Russie pour rejoindre l'Union européenne et l'OTAN. La fédération de Russie est le plus grand, peuplé et puissant (industriellement et militairement) des pays issus de l'URSS, avec environ les trois quarts du territoire, plus de la moitié de la population et une très grande partie de l'économie de l'URSS. Elle est aussi l'héritière de tout son arsenal nucléaire et du siège permanent au Conseil de Sécurité des Nations unies[2] - [3] - [4] - [5].

L'héritage laissé par l'URSS en Russie

Effondrement

Lorsque la fédération de Russie succède à l'Union soviétique en 1991, la glasnost (transparence), révèle l'existence (auparavant occultée par la propagande omniprésente du Parti unique et la manipulation des statistiques[6]) de graves problèmes économiques et sociaux : faiblesse de la valeur réelle du rouble face aux autres monnaies, sous-activité chronique désormais traduite en chômage massif, privilèges de la nomenklatura (bureaucratie, police politique et hiérarchie militaro-industrielle, environ un sixième de la population) et misère des citoyens ordinaires (les cinq autres sixièmes) désormais visibles sous forme d'inégalités, corruption et mafias avec émergence d'oligarques richissimes, problèmes de santé, alcoolisme et mortalité supérieure à la natalité[7]. Économiquement également, la Russie doit rembourser les dettes de l'URSS, et n'arrive plus à gérer ses dépenses, ce qui conduit à un krach financier dans le pays en 1998.

De la crise au succès

Boris Eltsine misait sur une intégration de la Russie dans le concert des nations démocratiques, sans cependant y parvenir en raison des faiblesses de l'économie, du maintien de pratiques sociales éloignées de l'état de droit (corruption, répression des médias) et des actions menées par son gouvernement pour maintenir sa sphère d'influence (première guerre en Géorgie, guerre en Moldavie, guerres en Tchétchénie, seconde guerre en Géorgie). Son successeur Vladimir Poutine renonce à cette intégration, revendique une « voie politique russe » selon « ses propres critères », vise le retour d'un État fort, renforce le contrôle étatique sur les médias et l'économie, notamment sur les oligarques, profite d'un retour de croissance entre 2000 et 2012 grâce à la hausse du prix du pétrole et retrouve la puissance de la sphère d'influence russe perdue dans les années 1990, en poursuivant avec davantage de moyens et de résultats les actions non seulement dans l'« étranger proche » (états ex-soviétiques : troisième guerre en Géorgie, quatrième guerre en Géorgie, annexion de la Crimée, guerre en Ukraine, succès politique des pro-russes en Moldavie), mais aussi à l'extérieur de cette zone (missions en Syrie, succès politique des pro-russes en Bulgarie). Ces succès restent néanmoins fragiles, l'économie dépendant beaucoup des ressources naturelles et des fluctuations de leurs prix[8].

La Russie comme potentielle superpuissance

Atouts

Selon l'économiste Steven Rosefielde de l'Université « Chapel Hill » de Caroline du Nord, la Russie a l'intention de « refaire surface en tant que superpuissance à part entière », et « contrairement aux idées reçues, cet objectif serait facilement à la portée du Kremlin, mais le coût pour le peuple russe et la sécurité mondiale serait immense ». Rosefielde fait valoir en outre que la Russie « a une armée et un complexe industriel presque intacts... et que sa richesse au niveau des matières premières permettraient de réveiller la superpuissance endormie » et que « certaines contraintes n'empêcheront pas son retour » [9]. Ces analyses ont trouvé le plus cinglant des démentis lors de la guerre d'agression globale déclenchée par la Russie contre l'Ukraine le 24 février 2022, dont Poutine voulait annihiler l'existence comme nation indépendante et État souverain. Son armée impuissante et son PIB du niveau de l'Espagne ont révélé que la Russie était toujours une puissance pauvre comme l'avait écrit Sokolov.

L'analyste militaire Alexandre Golts du St. Petersburg Times pense quant à lui que les confrontations de Poutine avec les États-Unis sur les questions nucléaires ont également pour but de faire regagner à la Russie son statut de superpuissance[10]. Il ajoute également que la politique étrangère de la Russie envers les pays limitrophes a pour but de rétablir son influence à l'entour. Mike Ritchie, un autre analyste dit aussi que « la Russie a toujours été une superpuissance qui a utilisé son énergie pour gagner des amis et son influence parmi ses anciens satellites soviétiques. Rien n'a vraiment changé. Ils sont dans le jeu, ils ont plusieurs alliés proches. »

Désavantages

Selon d'autres analyses, l'économie de la Russie reste défaillante avec une exportation basée principalement sur les matières premières et sur l'industrie de l'armement. Celle-ci est en 2016 au 15e rang mondial avec un produit national brut nominal estimé par le fonds monétaire international à 1133 milliards de dollars américains (derrière l'Espagne et le Mexique)[11] tandis le problème de la diminution de la population n'est pas réglé à long terme, malgré un faible accroissement de la population en 2009[12]. Des réformes très importantes devraient être mises en application si la Russie veut revenir à jouer un rôle international fort, notamment une meilleure transparence économique. Le gouvernement pourrait être sauvé par une hausse du prix du gaz, mais ces analystes se demandent si cela durera longtemps[13]. De plus, la corruption dans le pays équivaut à la moitié du PIB russe, plaçant la Russie parmi les pays les plus corrompus du monde, à la 146e place sur 180 en 2010[14].

Notes et références

  1. (en) Simon Hooper, « Russia: A superpower rises again », Cable News Network, (consulté le )
  2. ISRIA.com; Feb. 16, 2010; cite "Netanyahu: Russia is an important « superpower »
  3. Los Angeles Times by Megan K. Stack Sept 11, 2009: “Venezuela's Hugo Chavez recognizes Russia as superpower” Venezuela's Hugo Chavez recognizes independence of breakaway Georgia republics - Los Angeles Times
  4. Premier.gov.ru - Feb. 16, 2010 cite Transcript: Russia a Superpower in every Aspect Prime Minister of the Russian Federation - Events- Prime Minister Vladimir Putin meets with Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu
  5. Gulf News Derechos.org Aug 30, 2008 cite transcript: “Russia indeed a superpower says diplomat” www.derechos.org
  6. Andreï Amalrik, L'Union soviétique survivra-t-elle en 1984 ? Fayard 1970, OCLC 462991990.
  7. Emmanuel Todd, La Chute finale : Essai sur la décomposition de la sphère soviétique, Robert Laffont, 1976, (ISBN 2221103270).
  8. « La résistible superpuissance russe », Les Échos, 19 août 2008.
  9. Russia in the 21st Century - Cambridge University Press
  10. action_id=2&story_id=23554
  11. [image] Largest economies by nominal GBP
  12. Russie-population: léger accroissement en 2009 (Rosstat) | Russie | RIA Novosti
  13. http://gulfnews.com/opinions/columnists/russia-s-fall-as-A-1.491662-superpuissance
  14. Le Monde avec AFP, « La corruption en Russie équivaudrait à la moitié de son PIB », Le Monde, (lire en ligne).

Annexes

Articles connexes

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