Emmanuel Todd
Emmanuel Todd, né le à Saint-Germain-en-Laye, est un anthropologue, historien et essayiste français spécialiste des systèmes familiaux et de leur influence sur les sociétés humaines.
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Anne-Marie Nizan (d) |
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David Todd (d) |
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Son hypothèse centrale est le rôle déterminant des systèmes familiaux dans la constitution et l'évolution des idéologies politiques, des comportements électoraux et des religions. Il travaille principalement sur les thèmes de la parenté et de la famille. Il développe depuis une œuvre qui s'appuie sur la statistique des populations, l'histoire et la sociologie.
Il intervient régulièrement dans les médias sur l'Europe, l'immigration ou le protectionnisme depuis les années 1990.
Biographie
Famille et vie privée
Emmanuel Guillaume Francis Robert Todd est issu d'une famille d'intellectuels[1]. Son père est le journaliste Olivier Todd[2], fils d'un architecte juif austro-hongrois, Julius Oblatt, et d'une britannique immigrée en France, fille naturelle d'une mère lesbienne revendiquée, Dorothy Todd (en), qui fut rédactrice en chef de l'édition britannique du magazine américain Vogue dans le Londres des années 1922 à 1926. Sa mère est la publicitaire Anne-Marie Nizan (1928-1985), fille du philosophe et journaliste communiste Paul Nizan (1905-1940) et d'Henriette Alphen (1907-1993), issue de la bourgeoisie juive et cousine de l'anthropologue Claude Lévi-Strauss (1908-2009)[3] - [4].
Sa famille passe la Seconde Guerre mondiale aux États-Unis, à Hollywood[5].
L'historien Emmanuel Le Roy Ladurie, ami de sa famille, lui offre son premier livre d'histoire ; dès l'âge de dix ans, il veut être archéologue[6]. Il fait ses études secondaires au Lycée international de Saint-Germain-en-Laye en vue de préparer un baccalauréat scientifique. Il est alors membre des Jeunesses communistes. En juin 1968, alors qu'il prépare le baccalauréat, il adhère brièvement au Parti communiste français (trois de ses grands-parents étant ou ayant été communistes et le dernier, social-démocrate)[2].
Divorcé et brièvement remarié, Emmanuel Todd a quatre enfants de trois femmes différentes, deux filles et deux garçons. Ses parents étant très liés à la famille Guetta, il se lie d'amitié dans sa jeunesse avec leur fils Bernard, au point qu'Olivier Todd les surnommait les « NSU », pour « nourrissons socialistes unifiés ». Avec les droits d'auteur de son livre Après l'empire (2002), il s'achète une maison en Bretagne[2], près du port de Doëlan[7].
Études
Il poursuit ses études à l'Institut d'études politiques de Paris et à l’université Paris-Sorbonne où il obtient une maîtrise d'histoire en 1972, puis est envoyé par Le Roy Ladurie, devenu son professeur d'histoire moderne, au prestigieux Trinity College de l’université de Cambridge pour étudier durant trois ans les structures familiales auprès de Peter Laslett[8], qui sera son directeur de thèse. Fasciné par les mathématiques et les statistiques, il souhaite se spécialiser en histoire quantitative. Commençant par la démographie historique en plein essor à cette époque, il étudie les phénomènes de fécondité, mariage, mortalité, puis soutient une thèse de doctorat en anthropologie historique sur les communautés paysannes de l'Artois, de la Bretagne, de la Toscane et de la Suède[9]. La famille prise sous l'angle des systèmes familiaux devient alors le cœur de ses recherches[10]. Il entretient cependant des rapports exécrables avec son directeur de thèse Peter Laslett, le soupçonnant de lui voler ses idées[2].
Élève d'Emmanuel Le Roy Ladurie au moment où celui-ci participe à la fondation de l'anthropologie historique, Emmanuel Todd est dès ses débuts universitaires plongé au cœur de ce courant essentiellement franco-anglais qui en quelques années renouvelle en profondeur la pensée et les méthodes des historiens[11] - [12]. Caractérisée par son intérêt pour les formes les plus variées de la vie quotidienne et des phénomènes culturels (parenté, famille, enfance, alimentation, rituels et folklore, etc.) et par sa transdisciplinarité, l'anthropologie historique est une démarche d'ambition globalisante et universelle sur le plan thématique, mais aussi sur le plan méthodologique : portée en France par l'École des Annales et en Angleterre par l'université de Cambridge autour de Peter Laslett, elle s'appuie sur des sources historiques inédites ou oubliées, issues notamment de la démographie historique des années 1960 (registres paroissiaux, chartes successorales, documents fiscaux) et de la sociologie des systèmes familiaux de Frédéric Le Play (1806-1882).
C'est sous l'enseignement à Cambridge de Peter Laslett qu'Emmanuel Todd découvre la méthode leplaysienne[13], qui va durablement influencer ses travaux[8]. Plus largement, l'influence de l'histoire des Annales et la méthodologie novatrice de l'anthropologie et de la démographie historiques sont décisives dans l'orientation d'Emmanuel Todd, et vont se retrouver tout au long de son œuvre, notamment l'intérêt pour la cartographie et la statistique, et la conviction que sous les discours et comportement collectifs agissent des déterminismes de la longue durée historique, identifiables à travers les formes d'organisation familiale[14] - [15].
Ayant fait ses études à Cambridge, Todd garde des liens privilégiés avec le monde anglo-américain, où il passe la plupart de sa vie intellectuelle. Il explique dans une interview être « complètement pro-américain »[16].
Présentation générale
Todd travaille principalement sur les thèmes de la parenté et de la famille, selon la démarche de l'anthropologie historique. L'originalité de sa démarche consiste à considérer que l'analyse des systèmes familiaux permet d'expliquer l'évolution, les structures et l'idéologie des sociétés humaines sur la longue durée. Il avance ainsi que l'anthropologie des systèmes familiaux et des modèles de parenté fournit une des meilleures explications aux phénomènes sociaux de différents types : idéologie, hiérarchie sociale, modèle économique, choix politiques, des comportements électoraux et des religions.
Formé au début des années 1970 à la fois sous l'influence de l'école des Annales avec Emmanuel Le Roy Ladurie et de l'anthropologie britannique, il développe depuis une œuvre où l'analyse historique s'appuie sur la géographie et la statistique des populations. De l'école des Annales, il garde l'intérêt pour les phénomènes de longue durée et pour une approche interdisciplinaire combinant histoire et sciences sociales. De l'anthropologie britannique, il tire un intérêt pour la recherche anglo-saxonne et pour les pays anglophones, mais aussi un accent sur l'analyse empirique des données.
Ces travaux d'anthropologie se sont portés sur la France dans les années 1980, puis sur l'Europe dans les années 1990, puis sur les modèles familiaux dans le monde et sur l'histoire mondiale et de longue durée des femmes.
À ces recherches de fond, il associe aussi des essais portant sur le monde contemporain où il associe prise de position politique - de gauche, mais aussi "souverainiste" et anti-européennes - et des analyses sur le monde contemporain appuyés sur ces travaux anthropologique. Il revendique ainsi d'avoir "annoncé" la chute de l'URSS dans les années 1970 ainsi que le déclin des États-Unis dès le début des années 2000.
Les systèmes familiaux et de leur influence sur les sociétés
Anthropologie et sociologie de la France
Les analyses conjointes d'Emmanuel Todd avec le démographe Hervé Le Bras dans L'Invention de la France paru en 1981 décrivent la diversité anthropologique au sein de la société française. Selon cette thèse, la France est un pays où l'État a précédé la nation et a joué un rôle pour lui donner son unité. Les systèmes familiaux présents en France sont très différents et divers selon Todd et Le Bras, mais leur modèle d'organisation permet d'assurer une cohérence dans une grande diversité.
Todd collabore dès 1980 avec le démographe Hervé Le Bras. Ils éditent en 1981 L'Invention de la France, un atlas qui déroute les sociologues[17] en remodelant les représentations mentales de la France. C'est ainsi que la cartographie permet de dissocier vote communiste et monde ouvrier.
Systèmes familiaux et idéologies
En 1979, Le Fou et le Prolétaire est une première tentative pour expliquer l'émergence des idéologies au XXe siècle, mais dans une approche purement psychologique. La problématique de la schizophrénie est au cœur de sa réflexion.
Dans une approche holiste, Emmanuel Todd estime que de nombreux phénomènes socio-politiques et économiques sont déterminés par des facteurs anthropologiques. Emmanuel Todd attribue une influence prépondérante aux systèmes familiaux des sociétés, qu'il étudie de façon détaillée dans ses premiers ouvrages (en cela, il s'est largement inspiré des approches inaugurées par Le Play un siècle plus tôt). Cette idée traverse toute son œuvre.
Il s'intéresse aussi à différents facteurs démographiques, mais sans leur attribuer la même importance que les approches anthropologiques relatives aux systèmes familiaux : indice de fécondité, taux de mortalité infantile, taux d'alphabétisation etc.
La théorie du lien entre les systèmes familiaux et la nature des superstructures idéologiques, mais aussi sociales et économiques est, selon Emmanuel Todd, un modèle d'une grande puissance prédictive. Elle permet ainsi de construire une interprétation cohérente de l'Histoire humaine selon lui.
Cette approche peut avoir des applications explicatives et prospectives. Elle s'écarte de la perception universaliste radicale des modèles libéraux ou marxistes réduisant l'Homme à un « Homo œconomicus » mû par l'intérêt individuel ou collectif. Au contraire, selon Todd, il existe des mouvements longs de l'Histoire qui ne dépendent pas de conjonctures ou de cycles économiques ou politiques. Cette théorie valorise donc tout particulièrement l'intérêt des sciences sociales et de la démographie pour les phénomènes anthropologiques structurels de long terme.
L'essentiel des travaux d'Emmanuel Todd porte sur l'hypothèse d'une détermination des idéologies, des systèmes politiques ou religieux par les systèmes familiaux. Ces travaux donnent lieu à la publication de trois ouvrages : La Troisième Planète en 1983, L'Enfance du monde en 1984, L'Invention de l'Europe en 1990, qui souligne la grande diversité de l'Europe au sein du continent pour en conclure à l'absence de véritable culture commune.
Selon l'historien Pierre Chaunu, enthousiaste dès 1983, c'est une « bombe » : « Avec une pareille œuvre, Emmanuel Todd va troubler pour longtemps le domaine des sciences humaines. Plus rien ne sera désormais identique »[18] - [19]. Chaunu « salue une des rares pensées totalement cohérentes et vraiment fécondes de ce temps ».
De plus, Emmanuel Todd parvient à toucher un public non universitaire grâce aux maisons d'édition Le Seuil et Gallimard. Il est soutenu en particulier par Jean-Claude Guillebaud au Seuil.
Néanmoins, ces ouvrages furent dans l'ensemble mal accueillis par le monde universitaire qui leur reproche leur caractère réducteur à un unique facteur anthropologique[20] - [21] - [22]. Selon Emmanuel Todd, ses travaux ont été rejetés par les universitaires a priori, sans analyse suffisamment précise des données exposées[23]. Selon lui, des chercheurs qui avaient commencé à publier sur le sujet auraient été menacés: « J'ai passé ma vie dans le Moyen Âge », conclut-il dans une conférence.
L'invention de l'Europe
Todd tente d'expliquer les événements qui ont marqué l'Europe depuis 1500. Il se base pour cela notamment sur l'idée que l'Europe est constituée de modèles anthropologiques différents, ce qui selon lui rend impossible la création d'un modèle européen unique sous la houlette de l'Union européenne.
L'alphabétisation de masse s'est étendue en Europe par contagion à partir de régions dominées par la famille souche, à savoir un axe Suisse alémanique-Suède. Ce type familial a en effet un potentiel culturel particulièrement élevé (cf. l'alphabétisation précoce du Japon). L'alphabétisation de ces régions a entraîné dans son sillage l'expression sur le plan religieux des valeurs de ce type familial, à travers la Réforme (inégalité et autorité : doctrine de la prédestination et négation du libre-arbitre). La famille nucléaire absolue s'est aussi montrée sensible à la traduction sur le plan religieux de la valeur d'inégalité, mais en rétablissant le principe de libre-arbitre (anglicanisme)[24].
Le XVIIIe siècle voit la déchristianisation des régions dominées par la famille nucléaire égalitaire : bassin parisien, Italie méridionale, Espagne du sud. La déchristianisation aboutit d'abord dans le nord de la France à la fin du XVIIIe siècle et débouche sur la Révolution française. Il traduit les valeurs d'universalisme de la famille nucléaire égalitaire, égalitarisme et grande liberté (Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, propagation du Code civil français en Europe).
Avec l'arrivée du capitalisme, les idéologies se décomposent en trois pôles : un de gauche (le socialisme), un de droite (le nationalisme), et un troisième, religieux, en réaction aux deux premiers, dans les régions restées christianisées.
Les régions de famille nucléaire égalitaire, où la valeur d'autorité est faible, voient l'alternance d'un anarcho-socialisme (anarchisme espagnol, Commune de Paris, mouvements sociaux de 1936 ou mai 1968 en France) et d'un libéral-militarisme (bonapartisme, gaullisme, franquisme), réaction de discipline face à l'anarchie.
Idéologisation à partir du milieu du XIXe siècle de l'Allemagne protestante, selon ses valeurs d'inégalité et d'autorité (social-démocratie et nationalisme ethnocentrique), de l'Angleterre (travaillisme et libéral-isolationnisme).
La déchristianisation des régions catholiques dominées par la famille souche (Belgique, Allemagne du Sud, Irlande, sud de la France et nord de l'Espagne) se produit très tardivement, vers le milieu du XXe siècle. Entre-temps s'était développé dans ces régions une « contre-idéologie », la démocratie chrétienne.
Enfin, la désindustrialisation (et l'effondrement du prolétariat qui en résulte), l'augmentation générale du niveau de vie par la consommation de masse, et surtout la généralisation des études secondaires chez les citoyens européens, entraîne à la fin du XXe siècle une décomposition générale des idéologies créées depuis trois siècles.
Les systèmes familiaux dans le monde
Ces recherches ont été élargies, au moyen d'une approche diffusionniste basée sur le principe du conservatisme des zones périphériques issu du domaine de la linguistique, de manière à expliquer l'origine des systèmes familiaux dans le monde et leur évolution dans l'Histoire[25] - [26]. Ces derniers travaux ont permis d'affiner et d'étendre la définition des systèmes familiaux formulée initialement par Frédéric Le Play.
En 2011, Emmanuel Todd livre le premier des deux volumes de L'Origine des systèmes familiaux, consacré à l'Eurasie. Il s'agit de la somme de quarante années de recherches, d'une recension systématique des travaux des anthropologues sur les organisations familiales. Un travail consistant en une mise en forme dans une perspective historique des travaux des anthropologues de terrain. L'ouvrage conduit à la présentation d'un modèle d'interprétation de l'Histoire globale de l'humanité.
Il considère que le modèle de la famille nucléaire est le modèle archaïque de la famille et que les modèles de famille souche et de famille communautaire sont des constructions plus tardives. Il donne une interprétation du déclin de certaines sociétés qui avaient créé des institutions sociales importantes : l'État, la monnaie, l'écriture. En effet, sur la longue durée, la complexification des structures familiales, conduisant à l'abaissement du rôle de la femme, finit par étouffer les sociétés. Au contraire, le modèle archaïque de la famille nucléaire produit des sociétés certes moins imaginatives sur le plan social, mais plus dynamiques, sans cesse capables de se ressourcer.
Une histoire mondiale de l'humanité fondée sur l'anthropologie
Dans Où en sommes-nous? une esquisse de l’histoire humaine, Emmanuel Todd propose une théorie générale de l'histoire de l'humanité fondée sur sa théorie des systèmes familiaux.
Esquisse d'une histoire globale des femmes
En , Todd publie Où en sont-elles ? Une esquisse de l'histoire des femmes en réaction au mouvement #MeToo[27]. Il y affirme que l'émancipation des femmes est achevée[28] - [29] et conteste l'existence du patriarcat en Europe Occidentale[30].
Son ouvrage « passionnant et polémique » selon l'Express[30], « essentiel » selon Marianne[29], « audacieux » pour Le Point[27] renouvelle la vision du rapport entre les sexes pour Le Figaro[28]. A contrario, l'essai est considéré comme un « pavé pseudoscientifique » par L'Obs[31] et un « pamphlet masculiniste conservateur » par Télérama[32]. Sa méthode et ses analyses ont été sévèrement critiquées par l'anthropologue Maurice Godelier, qui dénonce des « affirmations [...] sans démonstration, révélant plus l’humeur et les préjugés de l'auteur que sa rigueur scientifique. »[33]
Déclin des États-Unis et de l'URSS
Contexte de la publication
À cette époque, dans un climat de dénonciation du totalitarisme, la plupart des essayistes et historiens soviétologues, relayés par les nouveaux philosophes, laissent plutôt craindre un accroissement de la « menace soviétique » et n'imaginent pas la disparition de l'URSS. Au moment de la publication de ce livre, le Parti communiste français est encore un des partis dominants à gauche et où le climat international est à la Détente, l'ouvrage d'Emmanuel Todd a un faible retentissement en France, mais il est bien accueilli[34].
Thèse de Todd sur l'URSS
Todd publie en 1976 La Chute finale, son premier livre. Todd y prédit « la décomposition de la sphère soviétique » au moyen d'une approche historique. Puisqu'il était impossible d'obtenir des données fiables provenant d'URSS, ou de visiter ce pays dans des conditions satisfaisantes, Todd voulait analyser ce pays avec des sources très limitées. Il cherchait pour cela à construire un modèle sur la base de quelques données statistiques, surtout démographiques, mortalité infantile, taux de suicide, etc[35]., de témoignages et de contes.
Ce n'est peut-être pas tant le thème de ce travail qui surprend[36] que la méthodologie qui retient donc l'attention : la puissance de son analyse repose sur une interprétation anthropologique.
Les comptes-rendus dans les médias furent nombreux[37]. L'historien Marc Ferro considère rétrospectivement qu'il s'agit du « succès le plus mémorable de la clairvoyance dans l'analyse critique »[38].
Todd travaille de 1977 à 1983 au secteur Histoire du service littéraire du quotidien Le Monde pour lequel il produit des comptes-rendus d'ouvrages[39] mais il se brouille avec une partie du milieu intellectuel[2].
Parallèlement, dans le sillage de Jean-François Revel auquel il succède et qui avait publié La chute finale, il dirige de 1979 à 1981 avec Georges Liébert la collection Libertés 2000 aux Éditions Robert Laffont. C'est ainsi qu'il publie en 1980 une traduction de l'ouvrage de Christopher Lasch, Le complexe de Narcisse, la nouvelle sensibilité américaine[40], auquel il se référera souvent par la suite, par exemple dans l'ouvrage Après la démocratie.
Déclin des États-Unis
Todd publie Après l'empire en 2002. Ce livre est une réflexion prospective sur le déclin de la puissance des États-Unis, leur effondrement économique et stratégique, leur impuissance à s'affirmer comme seule superpuissance au monde. Cet essai est l'occasion pour Todd d'anticiper une crise financière majeure : « Qu'est-ce que c'est que cette économie dans laquelle les services financiers, l'assurance et l'immobilier ont progressé deux fois plus vite que l'industrie entre 1994 et 2000 ? » et d'en arriver à la conclusion suivante : « Nous ne savons pas encore comment, et à quel rythme, les investisseurs européens, japonais et autres seront plumés, mais ils le seront. Le plus vraisemblable est une panique boursière d'une ampleur jamais vue suivie d'un effondrement du dollar, enchaînement qui aurait pour effet de mettre un terme au statut économique « impérial » des États-Unis. » L'ouvrage est un best-seller international, traduit dans plus de vingt-cinq langues[41]. Le , dans une de ses rares interventions publiques, Oussama ben Laden appelle le peuple américain à étudier les idées de certains intellectuels, et selon Pierre-André Taguieff, il ferait référence, sans le nommer, à l'ouvrage d'Emmanuel Todd Après l'empire[42].
Renvoyant dos à dos les théoriciens du « Choc des civilisations », Emmanuel Todd édite avec le démographe d'origine libanaise Youssef Courbage[43] Le Rendez-vous des civilisations (2007). Basé sur une analyse démographique du monde musulman, cet ouvrage scientifique renverse la perspective commune en montrant en particulier que le monde arabe est en cours de modernisation, avec une hausse de l'alphabétisation et une baisse rapide de la fécondité. Les auteurs s'étonnent que cette évolution, comparable à celle de l'Europe à d'autres moments de l'Histoire, ne produise pas une crise de transition qui, au-delà de l'extrémisme religieux, se traduirait par un bouleversement politique, en particulier en Tunisie. Après le déclenchement des révolutions arabes, Todd précise dans l'ouvrage Allah n'y est pour rien ! (2011) que l'effondrement de l'endogamie caractéristique de l'organisation de la famille arabe était la variable qui avait permis le déblocage de ces sociétés.
Crise de la démocratie française et critique de « l'islamophobie »
Critique du libre-Ă©change
Dans L'Illusion économique, en 1998, Todd étudie l'influence des catégories familiales pour expliquer la variété des systèmes capitalistes.
Immigration
Todd poursuit ses travaux sur la France et publie La Nouvelle France en 1988, dans lequel il souligne que la remontée en voix du Parti socialiste au début des années 1980 s'appuie sur un électorat catholique qui votait traditionnellement à droite.
Il présente en 1994 les modèles d'intégration des immigrés choisis par les différents systèmes nationaux du monde, dans Le Destin des immigrés.
Après la démocratie
En 2008, l'essai Après la démocratie s'appuie sur une contradiction entre ses analyses précédentes sur le système anthropologique français, l'élection de Nicolas Sarkozy et la candidature de Ségolène Royal à la présidence de la République en tant que candidate de la gauche. La France de 2008 se définirait par la stagnation éducative et par le vieillissement de sa population, dans un contexte de vide idéologique, mais dans un pays où, pourtant, les niveaux absolus d'éducation et de richesse n'ont jamais été aussi élevés, aux côtés d'un système de sécurité sociale toujours en place.
Le mystère français
En 2012 et en 2013, dans une nouvelle édition de L'Invention de la France puis dans Le mystère français, Emmanuel Todd et Hervé Le Bras présentent un approfondissement du travail entamé lors des années 1980. Grâce à de nouveaux outils statistiques, ils détaillent leur grille d'analyse à l'échelle communale et interprètent le vote Front national comme la caractéristique d'une France vivant en habitat groupé (notamment dans la partie est de la France) mais où la sociabilité de voisinage a disparu (par exemple du fait de la rurbanisation). Ils avancent également par la cartographie qu'il n'existe aucune corrélation entre les départements où on votait communiste et ceux où on vote Front national. Les deux chercheurs, à la lumière des études les plus récentes, donnent le portrait d'une France d'une grande diversité, où l'homogénéité n'a jamais existé, pays à la fois tolérant et fortement assimilateur selon eux, sur des territoires qui constituent autant de « provinces culturelles ».
Qui est Charlie ?
En mai 2015, Todd publie Qui est Charlie ? Sociologie d'une crise religieuse, ouvrage consacré aux manifestations des 10 et 11 janvier 2015, qui réagissaient aux attentats commis quelques jours plus tôt.
Dans cet ouvrage, l'auteur entend démontrer à partir d'une cartographie des manifestations, « l'hégémonie du bloc MAZ » (c'est-à -dire des classes moyennes, des personnes âgées et des « catholiques zombies ») sur la politique française. Pour Todd, la France géographiquement périphérique, de tradition autoritaire et inégalitaire, a pris le dessus sur la France centrale, libérale et égalitaire, à travers sa conquête du Parti socialiste, ce qui rappelle les tensions de l'affaire Dreyfus et de Vichy entre une France égalitaire et une France inégalitaire[44]. Le livre est particulièrement controversé, et le Premier ministre Manuel Valls signe dans Le Monde une tribune dénonçant un ouvrage dont les thèses « participent d’un cynisme ambiant, d’un renoncement en règle, d’un abandon en rase campagne de la part d’intellectuels qui ne croient plus en la France »[45]. Emmanuel Todd lui répond, comparant son optimisme à « celui du maréchal Pétain et de la Révolution nationale »[46]. Dans la même interview il affirme que « soit Manuel Valls n'a pas lu mon livre, soit il est vraiment bête »[47]. Manuel Valls réaffirme par la suite « avoir bien lu [son] livre »[47].
Le livre est critiqué du point de vue méthodologique. L'erreur écologique, dont il serait coutumier selon l'enseignant chercheur Thierry Joliveau, l'amènerait en effet à conclure à des corrélations individuelles « sur la seule base de corrélations à des niveaux géographiques supérieurs »[48]. Ainsi, selon les sociologues Vincent Tiberj et Nonna Mayer, « que les régions qui ont compté le plus grand nombre de manifestants soient d’anciens bastions du catholicisme ne permet pas de conclure que les catholiques ont été les plus nombreux à manifester[49] ». Cependant, cette affirmation d'Emmanuel Todd qui associerait les « catholiques » aux manifestations n'apparaît pas dans l'ouvrage. En effet, le groupe « catholique zombie » n'est pas constitué de « catholiques » et il est de surcroît associé au « bloc MAZ ». Les approximations de certaines critiques conduisent ainsi Anne Verjus, politiste, chercheuse au CNRS, membre du laboratoire Triangle à Lyon, à produire leur déconstruction méthodique dans une série de trois articles[50].
Pour Challenges, « camouflé derrière son statut "scientifique" de géographe-démographe-historien, il exprime sans fard ni détour le mépris et la honte que lui inspire la "France de Charlie" (...). Le mépris et la honte assénés sans guère d'argumentation »[51].
Selon l'écrivain Alain Mabanckou, Emmanuel Todd fait preuve dans ce livre d'une conception « à l'américaine », en promouvant l'idée que la satire ne doit pas s'exercer à l'encontre des plus faibles, en l'occurrence ici les musulmans[52]. Le livre génère un débat très important dans la presse et les médias et s'écoule à plus de 60 000 exemplaires au 5 juin 2015[53].
Les Luttes de classes en France au XXIe siècle
Dans cet ouvrage paru début 2020, qui se veut être « un livre de dévoilement de la société française »[54], Todd développe une analyse à contre-courant d'une vision d'une montée des inégalités en France, en montrant plutôt une homogénéisation de la société française, avec une baisse du niveau de vie des 99% des Français les plus pauvres.
S'inspirant de Karl Marx dans l'esprit, « également détesté par le monde universitaire »[55], Todd reprend le concept d'autonomisation de l’État français par rapport à la société. Critiquant la méthode de l'Insee, cet ouvrage lui vaut une nouvelle controverse avec Karine Berger[56], vieille connaissance qu'il a déjà croisée sur plusieurs plateaux TV[57] - [58], ex-députée et désormais cheffe du département des affaires financières de l'Insee.
Observant que « la police cogne pour Macron et vote pour Le Pen »[59], Emmanuel Todd développe après la parution du livre le concept de macro-lepénisme, c'est-à -dire une collaboration du Rassemblement National et de La République en Marche, deux forces politiques prétendument opposées, dans « l'exercice des violences faites à la société »[60].
Alors que le livre paraît au cœur de la mobilisation contre la réforme des retraites, Todd qualifie celle-ci de « Gleichschaltung macroniste »[61], avec l'idée centrale de mise au pas de la société[61].
RĂ©ception
RĂ©ception positive
Fernand Braudel écrit, en 1986, dans L'identité de la France, Espace et Histoire : « "La société industrielle, écrivent avec raison Hervé Le Bras et Emmanuel Todd, en 1981, n'a pas anéanti la diversité française. C'est ce que démontre l'analyse cartographique [de Todd et Le Bras] de plusieurs centaines d'indicateurs, allant de la structure des familles au suicide, de la fréquence des naissances d'enfants naturels à celle du divorce, de l'âge moyen au mariage à l'incidence de l'alcoolisme"(...). ».
Selon Pierre Chaunu, la démarche intellectuelle de Todd s'apparente à celle des « sciences dures »[62].
Le démographe Alain Blum écrit à propos de L'origine des systèmes familiaux : "On sent la fragilité de certains développements, quoiqu'ils soient présentés avec conviction. (...). Emmanuel Todd a une ambition qui est devenue trop rare aujourd'hui. (...) Se plaindra-t-on qu'un chercheur qui a encore la passion de la connaissance mondiale, des grandes théories qui font réfléchir (...)?[63]"
Selon Raymond Debord : "Où en sont-elles est un ouvrage d’une portée considérable, qui fera date. Le livre de Todd risque de beaucoup agacer, risquant d’être perçu comme un rappel brutal à la raison par un milieu intellectuel « matricentré ». Sa publication a ainsi suscité quelques réactions aussi épidermiques que peu argumentées dans la presse (...)."[64].
Critique
Hugues Lagrange écrit au sujet des explications des idéologies politiques par l'anthropologie historique : "Dans La troisième planète, une mégalomanie explicative tente de rapporter les faits complexes et mouvants révélés par l'histoire politique contemporaine aux formes les plus sédimentées de l'organisation domestique, courcircuitant souvent l'histoire, la sociologie et la psychologie sociale ; on est en présence d'un matérialisme moniste qui croit pouvoir fonder dans l'organisation domestique les tropismes d'autant plus irrévocables qu'ils sont inconscients. Toute anthropologie politique, et particulièrement celle des sociétés contemporaines, doit abandonner ce déterminisme unilinéaire[65]."
Où en sont-elles ? est considéré comme un « pavé pseudoscientifique » par L'Obs[31] et un « pamphlet masculiniste conservateur » par Télérama[32]. L'anthropologue Maurice Godelier se montre très critique[33] envers la méthode et les analyses déployées dans cet ouvrage, pointant du doigt des « affirmations [...] sans démonstration, révélant plus l’humeur et les préjugés de l'auteur que sa rigueur scientifique ». Bien que d'accord avec Todd à propos de l'imprécision scientifique du concept de patriarcat, il remet en cause sa compréhension de celui de genre : « Le concept de genre est analytiquement efficace et neutre idéologiquement. Il n’est pas un concept incertain. Il n’est pas un double puritain du mot sexe. Il n’est pas un concept idéologique porté par une petite bourgeoisie matridominante, et il permet de distinguer le social du biologique chez tout être humain, ce que nie l’auteur. » Godelier reproche au livre une vision simpliste, voire erronée, de certaines données ethnographiques (par exemple à propos de la paternité chez les peuples d'Océanie ou de la question des transgenres) puis conclut : « on n’est pas anthropologue quand on a fait des études d’anthropologie et qu’on en manipule les données à travers l’Atlas ethnographique de Murdock. Cela ne suffira jamais. »
Intervention dans le débat public
Emmanuel Todd entend intervenir dans le débat public en tant que chercheur, déclarant ainsi : « Je ne me considère pas comme un intellectuel. Je suis un chercheur, et je suis intervenu occasionnellement dans le débat parce que j'avais le sentiment d'avoir mis la main empiriquement sur des choses intéressantes que les gens n'avaient pas pour comprendre[66] ».
"La fracture sociale"
En 1995, il écrit, pour la fondation Saint-Simon, une note intitulée Aux origines du malaise politique français[67]. Cette analyse le fait connaître des médias, qui lui attribuent alors par erreur la paternité de l'expression « fracture sociale ». Mais Todd n'a jamais utilisé cette expression, bien qu'il ait décrit dans son texte un concept assez proche. Cette expression provient en réalité d'un texte de Marcel Gauchet que Todd avoue n'avoir jamais lu[68], et que Jacques Chirac réutilisera lors de sa campagne présidentielle[4]. Il s'est toujours défendu d'être le père de cette formule[3] - [69] - [70].
Traité de Maastricht
Todd prend une place importante dans le débat politique dans les années 1990 en s'opposant au Traité de Maastricht. Il gagne alors une notoriété publique importante.
Todd se déclare favorable au « non » au référendum de 1992 sur le traité de Maastricht. Dans le sillage des opposants, il rejoint en 1994 le club Phares et Balises de Jean-Claude Guillebaud et Régis Debray[71], puis brièvement la Fondation du 2-Mars (ex-"Fondation Marc-Bloch") en 1999, qu'il quitte sur un désaccord de principe[2].
Constitution européenne de 2005
En 2005, Todd se déclare favorable à la constitution européenne. Dans une interview au Monde[72], il revient sur son opposition à Maastricht, il explique qu’avec le recul, il valait mieux finalement avoir l’euro. « Nous sommes dans une crise mondiale majeure et l'on voit bien qu'au moment de la guerre en Irak la France qui s'y opposait a démultiplié sa puissance et sa capacité d'influence parce qu'elle était encastrée dans l'euro ».
Il explique aussi être en opposition stratégique avec le non de gauche. « Dans l'univers qui s'annonce, on ne peut confondre l'ultralibéralisme avec l'économie de marché. L'ultralibéralisme est en train de mourir avec l'économie qui le porte, cette économie américaine qui est maintenant attachée à un État devenu fou. L'Europe est en train de lui faire la peau, grâce à l'euro. Bientôt, dans un monde qui étouffe de ce libre-échangisme asymétrique, le centre de gravité réel de l'économie repassera l'Atlantique et c'est dans le cadre d'une Europe organisée que l'on pourra définir de nouvelles règles. »
Todd défend l’idée d’un protectionnisme qui permettra d'éviter la pression extérieure sur les salaires ouvriers. Mais selon lui, ce protectionnisme n'a de sens qu'à l'échelle européenne. D’où sa défense d’une préférence communautaire au sein de l’UE.
Euro
Todd a changé d'avis sur la question de la monnaie unique européenne. En 1995, dans un avant-propos à une réédition de L'Invention de l'Europe, il émet une hypothèse : « Soit la monnaie unique ne se fait pas, et L'Invention de l'Europe apparaîtra comme une contribution à la compréhension de certaines impossibilités historiques. Soit la monnaie unique est réalisée, et ce livre permettra de comprendre, dans vingt ans, pourquoi une unification étatique imposée en l'absence de conscience collective a produit une jungle plutôt qu'une société. »
Au début des années 2000, il se dit favorable à la monnaie unique et y voit même une des facettes de l'émancipation de l'Europe dans Après l'empire, ce qui l'amène à soutenir le projet de constitution européenne.
En janvier 2011, il affirme dans Le Soir que l'euro disparaîtra faute de réorientation politique de l'Europe : « S’il survit, ce sera dans un contexte de réorientation générale des politiques économiques européennes[73]. » À partir de ce moment, son avis sur l'euro devient de plus en plus négatif, jusqu'à considérer le déclin économique de la France (et de tous les pays européens à l'exception de l'Allemagne) comme principalement imputable à l'euro et donc à soutenir la sortie de la France de la zone euro[74].
Protectionnisme à l'échelle européenne
Todd défend l'idée protectionniste depuis les années 1990 en s'appuyant sur les travaux de Friedrich List, dont il initie la réédition de l'ouvrage Système national d'économie politique en 1998[75]. Todd affirme qu'un protectionnisme à l'échelle de l'Union européenne permettrait de compenser les dysfonctionnements de la monnaie unique, de combattre la montée des inégalités et la pression sur les salaires exercées sur l'Europe du fait du « libre-échange intégral ». Il milite pour cette option aux côtés des économistes Jean-Luc Gréau et Jacques Sapir, proposant un Manifeste pour un débat sur le libre-échange. Le 16 juin 2011, ils présentent un sondage de l'IFOP financé par ce groupe : « Les Français, le protectionnisme et le libre-échange »[76].
Néanmoins, depuis 2012, Emmanuel Todd ne milite plus en faveur de l'option protectionniste européenne, ne croyant plus en la possibilité de sauver l'euro qu'il considère comme irrémédiablement condamné, étant le facteur de divergences croissantes entre les pays de la zone euro. Il souligne que l'Europe est devenue un système hiérarchique et autoritaire, sous domination allemande[77], qui conduit à la désindustrialisation en particulier des pays membres de la zone euro[78]. Du point de vue de l'histoire de longue durée, Emmanuel Todd considère que cet échec montre que les nations européennes ne peuvent surmonter de trop grandes différences entre elles et que l'Europe retrouve le cours ordinaire de son histoire, avec ses vieilles contradictions, alors qu'elle avait été mise au pas par les grandes puissances de l'époque de l'Après-guerre[79].
Emeutes de 2005
Emmanuel Todd prend à contre-pied l'opinion commune en soulignant les spécificités des émeutes de l'automne 2005, qu'il insère dans la tradition française :
« Je ne vois rien dans les événements eux-mêmes qui sépare radicalement les enfants d'immigrés du reste de la société française. J'y vois exactement le contraire. J'interprète les événements comme un refus de marginalisation. Tout ça n'aurait pas pu se produire si ces enfants d'immigrés n'avaient pas intériorisé quelques-unes des valeurs fondamentales de la société française, dont, par exemple, le couple liberté-égalité. Je lis leur révolte comme une aspiration à l'égalité. Je trouve d'une insigne stupidité de la part de Nicolas Sarkozy d'insister sur le caractère étranger des jeunes impliqués dans les violences. Je suis convaincu au contraire que le phénomène est typique de la société française. Leur violence traduit aussi la désintégration de la famille maghrébine et africaine au contact des valeurs d'égalité françaises. Notamment l'égalité des femmes. »[80]
Religion
Dans Qui est Charlie ? publié en mai 2015, Emmanuel Todd revient notamment dans l'introduction sur les événements de janvier 2015, et les réactions ultérieures, et son refus de s'exprimer publiquement avant la sortie du livre : « Que le droit au blasphème sur sa propre religion ne devait pas être confondu avec le droit au blasphème sur la religion d'autrui, particulièrement dans le contexte socio-économique difficile qui est celui de la société française actuelle : blasphémer de manière répétitive, systématique, sur Mahomet, personnage central de la religion d'un groupe faible et discriminé, devrait être, quoi qu'en disent les tribunaux, qualifié d'incitation à la haine religieuse, ethnique ou raciale. »[81] - [82]. Au-delà de l'introduction, l'auteur expose tout au long du livre les raisons qui ont motivé sa réaction, particulièrement « l'hypocrisie »[83] des classes moyennes qui, d'un côté, manifestent massivement pour la liberté d'expression, mais de l'autre acceptent sans protestation politique une société où le chômage est élevé et le taux d'incarcération en forte augmentation : « Mais peut-on vraiment qualifier de "social" un État dont la gestion économique assure, sur la longue période, structurellement, un taux de chômage destructeur de vie supérieur à 10 % ? Un tel résultat évoque plutôt la politique d'une alliance de castes - mêlant fraternellement ploutocrates, retraités et classes moyennes, publiques et privées, le bloc MAZ [classes Moyennes, personnes Âgées, catholiques Zombies] qui accepte l'inégalité... quand cela l'arrange. »[84]
Élection présidentielle française de 2012, 2017 et 2022
Lors de l'élection présidentielle de 2012, Todd soutient François Hollande, dans le prolongement des conclusions de son ouvrage Après la démocratie. Il voit dans la candidature de Hollande un retour aux fondamentaux de la France, avec ses principes d'égalité, en opposition à Nicolas Sarkozy qu'il perçoit comme l'antithèse de ces principes. Face à une crise d'une intensité aussi violente que celle des années 1930, il parie sur une réaction « de gauche » de la France. Un tel processus serait proprement « révolutionnaire », Todd allant jusqu'à utiliser l'expression « hollandisme révolutionnaire »[85].
Dans une interview avant le premier tour de l'élection présidentielle de 2017, il indique réfléchir à s'abstenir de voter et déclare que dans l'hypothèse où il voterait, son suffrage irait à Jean-Luc Mélenchon ou Nicolas Dupont-Aignan[86].
En vue du second tour de l'élection présidentielle française qui oppose Emmanuel Macron à Marine Le Pen, il déclare qu'il s'abstiendra[87].
Concernant l'élection présidentielle de 2022, il déclare en février 2021 qu'il votera pour Arnaud Montebourg si ce dernier se présente, au motif qu'il présente les problèmes « en termes économiques » et qu'il est « le moins islamophobe »[88].
Russie et conspirationnisme
Emmanuel Todd est décrit par Le Monde et Challenges comme un « intellectuel français prorusse » ou plus précisément pro-Kremlin[89]. Ses positions, plus favorables à la politique de Vladimir Poutine qu'à celle de l'occident ou de l'Ukraine, sont également relevées par des chercheurs et spécialistes de la Russie[90] - [91]. Au début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie de 2022, il reste un peu en retrait mais reprend une parole publique début 2023, en reprenant à son compte l'idéologie du Kremlin, selon Challenges[92].
Emmanuel Todd tient des propos conspirationnistes, notamment en 2012 à propos de la crise économique selon Conspiracy Watch. Il « accrédite une vision conspirationniste de la crise financière, présentée comme une étape d'un plan concerté visant à renverser la démocratie »[93]. Il relaie également la thèse d'« agents provocateurs » qui seraient utilisés par le pouvoir pour discréditer les mouvements sociaux[94] - [95] - [96] - [97].
Passages dans les médias
Emmanuel Todd est régulièrement invité sur les plateaux des chaînes de télévision française pour faire la promotion de ses ouvrages et aussi pour ses analyses de politologue. Il passe pour la première[5] fois à la télé à l'occasion de la sortie de La chute finale (1976) sur le plateau de l'émission Radioscopie de Jacques Chancel[98]. Il apparaît également sur Antenne 2 en 1977 avec son père en vacances dans le Var[99].
Il intervient régulièrement sur les plateaux de télévision, à la radio, dans la presse et sur internet.
Bibliographie
Ouvrages
- La Chute finale : Essai sur la décomposition de la sphère soviétique, Paris, Éditions Robert Laffont, coll. « Libertés 2000 », décembre 1976 (ISBN 2221103270). Réédition revue et augmentée en avril 1990, Paris, Éditions Robert Laffont (ISBN 978-2221068434) puis une nouvelle édition en juin 2004, Paris, Éditions Robert Laffont (ISBN 978-2221103272). Traduit en anglais, espagnol, portugais, néerlandais et en italien.
- Le Fou et le Prolétaire, Paris, Éditions Robert Laffont, coll. « Libertés 2000 », février 1979 (ISBN 978-2221002018). Réédition revue et augmentée en poche en 1980, Paris, Le Livre de Poche, coll. « Pluriel » (ISBN 978-2253024392).
- L'Invention de la France: Atlas anthropologique et politique, (en collaboration avec Hervé Le Bras), Paris, Éditions Hachette, coll. Pluriel, 1981 (ISBN 978-2253027911). Réédition en poche en janvier 1992, Paris, Éditions Hachette, coll. « Pluriel inédit » (ISBN 978-2010093548). Nouvelle édition revue et augmentée en février 2012, Paris, Gallimard, coll. « NRF Essais » (ISBN 978-2070136438).
- La Troisième Planète : Structures familiales et systèmes idéologiques, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Empreintes », janvier 1983 (ISBN 978-2020063418). Traduit en en italien et en anglais.
- L'Enfance du monde : Structures familiales et développement, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Empreintes », septembre 1984 (ISBN 978-2020069342). Traduit en anglais.
- La Nouvelle France, Paris, Éditions du Seuil, coll. « L'Histoire immédiate », avril 1988 (ISBN 978-2020100908). Nouvelle édition mise à jour en poche en avril 1990, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points Politique » (ISBN 978-2020121088). traduit en anglais.
- L'Invention de l'Europe, Paris, Éditions du Seuil, coll. « L'Histoire immédiate », avril 1990 (ISBN 978-2020115728). Réédition en poche en octobre 1995, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points Essais », 704 pp. (ISBN 978-2757854167) avec une préface inédite. Traduit en japonais, espagnol et roumain.
- Le Destin des immigrés : Assimilation et ségrégation dans les démocraties occidentales, Paris, Éditions du Seuil, coll. « L'Histoire immédiate », octobre 1994 (ISBN 978-2020173049). Réédition en poche en avril 1997, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points Essais », (ISBN 978-2020314503). Traduit en allemand. Prix de l'Assemblée nationale 1995.
- L'Illusion économique : Essai sur la stagnation des sociétés développées, Paris, Gallimard, janvier 1998 (ISBN 978-2070748853). Réédition en poche en août 1999, Paris, Gallimard, coll. « Folio actuel » (ISBN 978-2070410583). Traduit en allemand, italien et espagnol.
- La Diversité du monde : Famille et modernité, Paris, Éditions du Seuil, coll. « L'Histoire immédiate », mars 1999 (ISBN 978-2-02-019466-2). Réédition en poche sous le titre un peu modifié La Diversité du monde : Structures familiales et modernité, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points Essais », avril 2017 (ISBN 978-2-7578-6312-1).
- Après l'empire : Essai sur la décomposition du système américain, Paris, Gallimard, septembre 2002 (ISBN 978-2070767106). Réédition en poche, Paris, Gallimard, coll. « Folio actuel » (ISBN 978-2070313006). Traduit en allemand, anglais, espagnol, italien, persan, polonais, suédois et turc.
- Le Rendez-vous des civilisations, avec Youssef Courbage, Paris, Le Seuil, coll. « La République des idées », septembre 2007 (ISBN 978-2020925976). Traduit en anglais, allemand, espagnol, italien et polonais.
- Après la démocratie, Paris, Gallimard, novembre 2008 (ISBN 978-2070786831) . Réédition en poche en octobre 2010, Paris, Gallimard, coll. « Folio actuel » (ISBN 978-2070341535). traduit en espagnol.
- Allah n'y est pour rien !, Paris, Le Publieur, coll. arretsurimages.net, juin 2011. Retranscription d'une émission publiée sur le site d'Arrêt sur images le 4 mars 2011[100]. Traduit en allemand.
- L'Origine des systèmes familiaux, Tome 1 : L'Eurasie, Paris, Gallimard, août 2011 (ISBN 9782070758425). Prix Paul-Michel Perret 2012 de l'Académie des Sciences Morales et Politiques.
- L'Invention de la France : Atlas anthropologique et politique (en collaboration avec Hervé Le Bras). Nouvelle édition en 1981, Paris, Gallimard, coll. « NRF Essais », février 2012 (ISBN 978-2-07-013643-8).
- Le Mystère français, (en collaboration avec Hervé Le Bras), Paris, Le Seuil, coll. « La République des idées », mars 2013 (ISBN 978-2021102161). Réédition en poche en octobre 2015, Paris, Points (Éditions du Seuil), coll. « Essais », (ISBN 978-2757855409).
- Qui est Charlie ? Sociologie d'une crise religieuse, Paris, Éditions du Seuil, mai 2015 (ISBN 978-2021279092). Réédition en poche, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points Essais », (ISBN 978-2757859575). traduit en anglais, allemand et néerlandais
- Où en sommes-nous ? Une esquisse de l'histoire humaine, Paris, Le Seuil, coll. « Sciences humaines », août 2017 (ISBN 9782021319002). Réédition en poche, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points Essais », 624 pp (EAN 978-2757874110). Traduit en anglais, allemand, portugais et italien.
- Les Luttes de classes en France au XXIe siècle avec Baptiste Touverey comme collaborateur, Paris, Seuil, coll. « Sciences humaines », janvier 2020 (ISBN 978-2021426823). Réédition en poche, Paris, Seuil, coll. « Points Essais », 480 pp. (ISBN 978-2757891124).
- Éloge de l'empirisme - Dialogue sur l'épistémologie des sciences sociales, dialogue avec Marc Joly, Paris, CNRS, juin 2020 (ISBN 978-2271133410).
- OĂą en sont-elles ? Une esquisse de l'histoire des femmes, Paris, Seuil, janvier 2022 (ISBN 9782021406474).
Articles
- Mobilité géographique et cycle de vie en Artois et en Toscane au XVIIIe siècle, Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 30e année, no 4, 1975, p. 726–744[101].
- La vie intellectuelle française, du Néant à l'Être, Le Débat, vol. 4, no. 4, 1980, p. 84-88[102].
- Une hypothèse sur l'origine du système familial communautaire, avec Laurent Sagart, Diogène, octobre-décembre 1992 (no 160), p. 145-175 (ISBN 2070726789).
- Malaise français, malaise ouvrier ? Sur le malaise français, Le Débat dans le dossier « Drame ou psychodrame ? Sur le malaise français », mai-août 1992/3 (no 70), p. 194-198 (ISBN 2070726789).
- Aux origines du malaise politique français. Les classes sociales et leur représentation, Le Débat dans le dossier « La France de Mitterrand, la France après Mitterrand », janvier-février 1995/1 (no 83) (ISBN 2070740641).
- Impérialisme ou isolement ?, Le Débat dans le dossier « Droit romain, common law : quel droit mondial ? », mai-août 2001/3 (no 115), p. 69-71 (ISBN 2070761746).
- Les États-Unis, l'Europe et le capitalisme, Le Débat, vol. 123, no. 1, 2003, p. 66-69[103].
- Le retour des Ă©lites, Sciences Humaines, vol. 204, no. 5, 2009, p. 26[104].
- Participation à l'ouvrage collectif De quoi l'avenir intellectuel sera-t-il fait ? Enquêtes 1980, 2010 avec un retour sur l'article écrit 30 ans plus tôt, Gallimard, coll. « Le Débat », mai 2010 (ISBN 978-2-07-012955-3).
- La guerre économique contre la guerre tout court, Le Débat dans le dossier « Où mène la crise ? », novembre-décembre 2010/5 (no 162), p. 189-191 (ISBN 978-2-07-013199-0).
- Mettre l’égalité au centre, Revue du Crieur, vol. 11, no. 3, 2018, p. 48-51[105].
Prix
- Prix de l'Assemblée nationale 1995 pour Le Destin des immigrés[106].
- Prix Paul-Michel Perret 2012 de l'Académie des Sciences Morales et Politiques pour L'Origine des systèmes familiaux, Tome 1 : L'Eurasie[107].
Notes et références
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- Rencontre avec Emmanuel Todd - Émission de Patrice Galbeau diffusée sur France Culture le 27 février 1983 en présence de l'auteur, de Pierre Chaunu et de Jean-Marie Gouesse, maître de conférences en histoire moderne à l'Université de Caen. Rediffusée le 27 janvier 2013
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- Commentaire en annexe de la réédition de La chute finale, 1990, p. 348
- Marc Ferro, L'Aveuglement : Une autre histoire de notre monde, Ă©ditions de Noyelles, 2015, p. 91.
- On pourra, par exemple, consulter une reproduction de sa critique de L'Histoire de la dissidence de Jean Chiama et Jean-François Soulet (1982), sur le site de l'auteur .
- « BnF Catalogue général », sur bnf.fr, R. Laffont (Paris), (consulté le ).
- Émission Esprits libres, animée par Guillaume Durand et diffusée le 14 septembre 2007 sur France 2
- Pierre-André Taguieff, La nouvelle propagande antijuive, PUF, mai 2010, p. 362
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- Émission de Patrice Galbeau, « Rencontre avec Emmanuel Todd », France Culture, 27 février 1983.
- https://www.lemonde.fr/livres/article/2011/09/15/l-origine-des-systemes-familiaux-tome-i-l-eurasie-d-emmanuel-todd_1572537_3260.html
- Debord, Raymond. « Emmanuel Todd, Où en sont-elles ? Une esquisse de l’histoire des femmes, Seuil, 2021, 400 p.: » Recherches familiales no 20, nᵒ 1 (8 mars 2023): 255‑57. https://doi.org/10.3917/rf.020.0256.
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Voir aussi
Liens externes
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