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Hormizd IV

Hormizd IV est le Shahanshah (empereur) d'Iran sous la dynastie sassanide ayant régné de 579 à 590.

Hormizd IV
Illustration.
PiĂšce du rĂšgne de Hormizd IV.
Titre
Empereur sassanide
–
Prédécesseur Khosro Ier
Successeur Khosro II
Biographie
Dynastie Sassanides
Date de décÚs
PĂšre Khosro Ier
MĂšre Kayen
Enfants Khosro II, Kavadh, Merzeban

Biographie

Origines

Hormizd est le fils de Khosro Ier, reconnu l'un des plus célÚbres souverains sassanides. Les sources orientales et les historiens modernes ont fait de IstÀmi, le grand-pÚre maternel d'Hormizd. C'est un khagan des Turcs, qui s'allie avec Khosro vers 560 pour vaincre les Hephtalites à la bataille de Gol-Zarriun. Khosro Ier reçoit alors la fille de IstÀmi en mariage et Hormizd serait né de cette union. Cependant, l'historien Shapur Shahbazi rejette cette hypothÚse car des sources affirment que Hormizd est envoyé par son pÚre pour contenir la menace que fait peser IstÀmi sur le territoire sassanide, à la suite de la division des terres des Hephtalites entre les Perses et les Turcs.

Les historiens s'accordent en général sur une naissance vers 540, étant donné que son fils, le futur Khosro II, naßt vers 570. Selon le chroniqueur Sébéos, la mÚre d'Hormizd est la fille d'un khagan des Turcs, dénommée Kayen. Mais pour Al-Mas'ûdß, elle s'appelle Faqom et serait la fille du chef des Khazars. Selon Shahbazi, le grand-pÚre maternel d'Hormizd serait alors le khagan des Khazars, sachant que ce peuple est souvent confondu avec les Turcs. Enfin, selon Ibn Khordadbeh, il y a bien un mariage d'organiser entre Khosro Ier et le chef des Khzaras, chacun épousant la fille de l'autre.

RĂšgne

DĂšs lors que Khosro s'aperçoit des qualitĂ©s de leader d'Hormizd, il le nomme comme son hĂ©ritier. Le lignage noble d'Hormizd du cĂŽtĂ© maternel rajoute Ă  sa lĂ©gitimitĂ© par rapport aux autres fils de Khosro, dont les mĂšres sont de plus basse extraction. Ainsi, en 579, il s'installe su le trĂŽne et, selon des chroniqueurs comme al-Tabari, il se montre cultivĂ© et plein de bonnes intentions, attentif aux pauvres et aux plus faibles. Il poursuit la politique de son pĂšre consistant Ă  soutenir la classe de propriĂ©taire terrien (les dehkan) contre l'aristocratie, de mĂȘme qu'il cherche Ă  protĂ©ger les droits des couches les plus basses de la population et Ă  contrecarrer le dĂ©sir des prĂȘtres zoroastriens de croĂźtre en influence. Il en vient Ă  recourir aux exĂ©cutions pour affirmer son autoritĂ©, ce qui lui vaut l'opposition voire l'hostilitĂ© des zoroastriens, d'autant qu'il refuse de persĂ©cuter les chrĂ©tiens, en dĂ©clarant que tous ses sujets peuvent exercer leur religion librement. Finalement, plusieurs prĂȘtres sont mis Ă  mort, dont le mobed, prĂȘtre d'une particuliĂšre importance.

Ses relations avec la haute aristocratie sont elles aussi difficiles et il en exécute un grand nombre. Beaucoup d'entre eux sont des figures du régime de son pÚre, comme le ministre Bozorgmehr, le commandant militaire (spahbod) du Khorasan Chihr-Burzen, le spahbod Bahram-i Mah Adhar, le haut dignitaire Izadgushasp ou le spahbod du Khwarwaran Shapur, appartenant à la maison des Ispahbodhan, l'une des principales familles de l'Empire, à laquelle Hormizd est apparenté par son grand-pÚre paternel. Néanmoins, Hormizd ne purge pas l'ensemble de la famille dont des membres continuent d'occuper des postes de haut rang.

En raison des persĂ©cutions menĂ©es Ă  l'Ă©gard de la noblesse et du clergĂ©, Hormizd est vivement critiquĂ© par les sources sassanides, Ă  l'image de Yazdgard Ier qui, au Ve siĂšcle, est dĂ©noncĂ© pour sa tolĂ©rance envers les sujets non zoroastriens de l'Empire et son refus de satisfaire aux demandes de l'aristocratie et du clergĂ©. Les sources modernes sont gĂ©nĂ©ralement plus favorables Ă  Hormizd. L'orientaliste allemand Theodor Nöldeke estime que le portrait d'Hormizd dressĂ© par les chroniqueurs anciens est excessivement nĂ©gatif. Il considĂšre que l'empereur est un souverain bien intentionnĂ© et dĂ©sireux de restreindre l'influence de la noblesse et du clergĂ©, pour allĂ©ger le fardeau qui pĂšse sur les couches plus pauvres. Ses efforts sont justifiĂ©s mais les consĂ©quences de sa politique montrent qu'il n'Ă©tait peut-ĂȘtre pas le mieux placĂ© pour conduire sa politique dans une relative sĂ©rĂ©nitĂ©.

Guerre contre les Byzantins

De son pĂšre, Hormizd hĂ©rite d'une guerre avec l'Empire byzantin. Des nĂ©gociations sont alors en cours avec TibĂšre II Constantin, qui propose d'abandonner toute prĂ©tention sur l'ArmĂ©nie et de rĂ©trocĂ©der l'ArzenĂšre, occupĂ©e par les Byzantins, en faveur de Dara, une forteresse byzantine prise par les Sassanides. NĂ©anmoins, Hormizd demande le paiement d'un tribut annuel, sur la base de celui acceptĂ© par Justinien. Si une trĂȘve persiste en MĂ©sopotamie, les combats reprennent en ArmĂ©nie, oĂč Varaz Vzour succĂšde Ă  Tamkhosrau comme gouverneur perse de la rĂ©gion.

Les Byzantins remportent rapidement des succĂšs, dont une victoire des gĂ©nĂ©raux Jean Mystacon et Cours. Au dĂ©but de l'annĂ©e 580, les Lakhmides, un peuple alliĂ© des Sassanides, sont vaincus par les Ghassanides, eux-mĂȘmes vassaux des Romains d'Orient. La mĂȘme annĂ©e, une armĂ©e romaine pille la province de Garamig ud Nodarshiragan (au nord de Dastagird), jusqu'Ă  la MĂ©die. Hormizd nomme alors Khosro comme gouverneur de l'Albanie du Caucase pour nĂ©gocier et convaincre les IbĂšres de les soutenir, avec succĂšs.

En 581, le général byzantin Maurice conduit une expédition avec les forces ghassanides d'Al-Mundhir III ibn al-Harith, en direction de Ctésiphon, la capitale des Sassanides. L'armée progresse le long de l'Euphrate, soutenue par une flotte, et détruit la forteresse d'Anatha avant de pénétrer dans l'Assuristan, à proximité directe de la capitale. Néanmoins, Hormizd a fait détruire le pont sur le fleuve et envoyé le général Adarmahan opérer au nord de la Mésopotamie pour perturber les lignes de ravitaillement ennemies. Le commandant perse pille l'OsroÚne et contraint Maurice à se replier quand il s'empare d'Edesse et menace Callinicum. Si le danger d'une attaque directe contre Ctésiphon s'éloigne, Byzantins et Ghassanides mettent un temps de cÎté leurs critiques pour vaincre Adarmahan.

Guerre contre les Turcs

En 588, le khagan des Turcs Bagha Qaghan et ses vassaux hephtalites envahissent la rĂ©gion de l’Oxus et dĂ©font une armĂ©e sassanide Ă  Balkh. AprĂšs la prise de la ville, ils s’emparent consĂ©cutivement de Talaqan, Badghis et HĂ©rat. C’est Bahram Chobin qui est choisi pour contre-attaquer et recevoir le gouvernement du Khorasan. Il semble avoir eu une armĂ©e de 12 000 cavaliers et parvient Ă  vaincre les envahisseurs avant de reprendre Balkh oĂč il s’empare du trĂ©sor de guerre des Turcs, dont le trĂŽne dorĂ© du khagan. Il traverse ensuite l’Oxus et remporte une victoire dĂ©cisive, lors de laquelle il aurait abattu Bagha Qaghan d’une flĂšche. Il va jusqu’aux alentours de Boukhara et dĂ©fait une armĂ©e du fils de Bagha, Birmudha, qu’il capture et envoie Ă  CtĂ©siphon.

Birmudha est bien reçu par Hormizd, qui le renvoie Ă  Bahram quarante jours plus tard. Le gĂ©nĂ©ral perse doit le ramener en Transoxiane, tandis que les Sassanides deviennent les suzerains de la Sogdiane et des citĂ©s de Chach et Samarcande. Bahram est ensuite envoyĂ© repousser une invasion de nomades dans le Caucase, probablement des Khazars. Il combat aussi les Byzantins et les vainc en GĂ©orgie, avant d’ĂȘtre battu Ă  son tour sans grande consĂ©quence sur les rives de l’Araxe. Hormizd, peut-ĂȘtre jaloux des succĂšs de son gĂ©nĂ©ral, en profite pour le congĂ©dier et l’humilier.

La rébellion de Vahram et la chute

La noblesse et les Ă©tats de service de Bahram jouent en sa faveur et il accumule rapidement des soutiens d’importance. Pendant deux ans, de 589 Ă  591, l’Empire sassanide est le thĂ©Ăątre d’une guerre civile. Bahram nomme d’abord un gouverneur pour le Khorasan et se dirige sur CtĂ©siphon. C’est un coup sĂ©rieux portĂ© Ă  la lĂ©gitimitĂ© de la maison des Sassanides, qui occupent le trĂŽne depuis le renversement des Parthes et l’arrivĂ©e au pouvoir d’Ardachir Ier en 224. Azen Gushnap est envoyĂ© rĂ©primer la rĂ©bellion mais il est assassinĂ© Ă  Hamadan par un de ses hommes, du nom de Zadespras. Une autre armĂ©e est envoyĂ©e, dirigĂ©e par Saramas l’AĂźnĂ© mais elle est vaincue par Bahram, qui fait exĂ©cuter le gĂ©nĂ©ral par ses Ă©lĂ©phants de guerre. Bahram semble suivre une route sur le versant nord du plateau iranien. Il se dirige ensuite vers le sud et la MĂ©die, oĂč se trouvent les rĂ©sidences d’étĂ© des souverains sassanides.

Hormizd se dirige ensuite vers le Grand Zab pour couper les communications entre CtĂ©siphon et les soldats sassanides Ă  la frontiĂšre. Dans le mĂȘme temps, les soldats autour de Nisibis, principale citĂ© du nord de la MĂ©sopotamie, se rĂ©voltent contre Hormizd et rejoignent Bahram. Quant Ă  l'armĂ©e loyaliste envoyĂ©e face Ă  lui, elle est abreuvĂ©e de propagande rebelle et finit par se retourner contre l'empereur. Pour Hormizd, la situation devient intenable et il finit par ĂȘtre victime d'un complot palatin menĂ© par ses deux beaux-frĂšres, Vistahm et Vinduyih qui, selon JosuĂ© le Stylite, haĂŻssent Hormizd[1]. Ils le font aveugler avec une aiguille chauffĂ©e au fer rouge et mettent sur le trĂŽne son fils aĂźnĂ©, Khosro II. Plus tard, dans le courant de l'Ă©tĂ© 590, les deux frĂšres mettent Ă  mort Hormizd, probablement avec l'accord tacite de Khosro II. NĂ©anmoins, Bahram ne s'arrĂȘte pas pour autant et proclame vouloir venger Hormizd[2]. La mort de celui-ci demeure un enjeu fort au plus haut sommet de la hiĂ©rarchie sassanide. Quelques annĂ©es plus tard, Khosro II exĂ©cute Vistahm et Vinduyih, aux cĂŽtĂ©s d'autres aristocrates impliquĂ©s dans la mort de son pĂšre. Enfin, quand Khosro lui-mĂȘme est renversĂ© par son fils Kavadh II, celui-ci l'accuse de rĂ©gicide pour sa compromission dans le meurtre de Hormizd[3].

Postérité

Hormizd IV a épousé une fille anonyme de l'Asparapet Shùpur, de la famille féodale des Ispahbudhān. Il laisse plusieurs fils dont :

Notes et références

  1. Shahbazi 1989, p. 180-182.
  2. Rezakhani 2017, p. 178.
  3. Pourshariati 2008, p. 155.
  4. Anthony Stokvis, prĂ©face de H. F. Wijnman, Manuel d'histoire, de gĂ©nĂ©alogie et de chronologie de tous les États du globe, depuis les temps les plus reculĂ©s jusqu'Ă  nos jours, IsraĂ«l, ; GĂ©nĂ©alogie des Sassanides : « Chapitre VIII, Tableau GĂ©nĂ©alogique no 3 ».

Bibliographie

  • (en) « Hormizd IV », dans EncyclopĂŠdia Britannica, 1911 [IV (en) Lire en ligne sur Wikisource]. .
  • (en) A. Shapur Shahbazi, « Hormizd IV », dans EncyclopĂŠdia Iranica, (lire en ligne).
  • (en) Parvaneh Pourshariati, Decline and Fall of the Sasanian Empire: The Sasanian-Parthian Confederacy and the Arab Conquest of Iran, Londres, I.B. Tauris, (ISBN 978-1-84511-645-3)
  • (en) Touraj Daryaee, Sasanian Persia. The rise and fall of an Empire, Londres, I.B. Tauris & Co, (ISBN 9781780763781), p. 31-32.
  • ClĂ©ment Huart et Louis Delaporte, L'Iran Antique, Elam, Perse et civilisation iranienne, Paris, Albin Michel, .
  • Christiane & Jean Palou La Perse Antique PUF paris (1962) Que sais-je ? no 979

Liens externes

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