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Autisme

L’autisme, dont les manifestations sont dĂ©crites sous l'intitulĂ© de troubles du spectre de l'autisme (TSA), est caractĂ©risĂ© par des difficultĂ©s dans les interactions sociales et la communication, et des comportements et intĂ©rĂȘts Ă  caractĂšre restreint, rĂ©pĂ©titif et stĂ©rĂ©otypĂ©. Il existe diffĂ©rents niveaux de sĂ©vĂ©ritĂ© des traits autistiques, d'oĂč la notion de « spectre ». Le diagnostic est indĂ©pendant des niveaux langagier et intellectuel de la personne. Les troubles associĂ©s sont frĂ©quents. L'autisme a vraisemblablement jouĂ© un rĂŽle positif dans l'histoire Ă©volutive humaine.

Autisme
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Aligner ou classer des objets d'une maniÚre répétitive, avec une hyperconcentration est un comportement occasionnel chez les personnes autistes.
Causes Causes de l'autisme
SymptĂŽmes Auto-stimulation, trouble de l'intĂ©gration sensorielle, trouble des fonctions exĂ©cutives (en), sincĂ©ritĂ©, Ă©cholalie, centres d'intĂ©rĂȘt restreints (d), hyperfocus, crise autistique (en), Ă©quinisme et syndrome sĂ©mantique pragmatique

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

La comprĂ©hension de l'autisme a grandement Ă©voluĂ©, d'une pathologie (ou maladie) jadis considĂ©rĂ©e comme rare et sĂ©vĂšre dĂ©crite par des symptĂŽmes, un regroupement de traits communs, on parle aujourd'hui de troubles du spectre de l'autisme (ou TSA) prĂ©cĂ©demment nommĂ©s troubles envahissants du dĂ©veloppement (TED) en rĂ©fĂ©rence Ă  la neurodiversitĂ© plutĂŽt qu'Ă  une maladie. Ils pourraient avoir des causes diverses, provoquant les mĂȘmes types de comportements chez les personnes concernĂ©es[HAS 1]. Leurs origines comprennent une part gĂ©nĂ©tique majoritaire et complexe, impliquant plusieurs gĂšnes, et des influences environnementales mineures. La notion de « spectre de l'autisme » reflĂšte la diversitĂ© des phĂ©notypes observĂ©s. Cette diversitĂ© suggĂšre que les troubles du spectre de l'autisme ne sont que l'extrĂ©mitĂ© neurologique d'un spectre de conditions normalement prĂ©sentes parmi toute la population.

L'autisme pourrait provenir d'un développement différent du cerveau, notamment lors de la formation des réseaux neuronaux, et au niveau du fonctionnement des synapses. Les recherches se poursuivent dans différents domaines : la neurophysiologie[1], la psychologie cognitive[2], ou encore l'épigénétique[3]. Ces études visent à mieux cerner les différentes causes, permettre une meilleure classification, et concevoir des interventions adaptées, par progression vers une médecine personnalisée. Des centaines de mutations génétiques semblent modifier la neurologie du cerveau, le métabolisme, le systÚme immunitaire, et la flore intestinale[4]. Les garçons sont plus souvent diagnostiqués que les filles en raison de leurs symptÎmes plus visibles et du retard de la recherche quant au spectre sous la condition féminine. Le ratio de l'autisme diagnostiqué est d'environ trois garçons pour une fille, ces différences liées au sexe étant en cours d'étude[5].

L’ histoire de l'autisme est complexe. L'Ă©volution des critĂšres de dĂ©finition, notamment depuis 2013 avec la 5e Ă©dition du DSM, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux[6] a mis fin Ă  l'approche catĂ©gorielle de l'autisme. La CIM-11, Classification internationale des maladies, retient cette mĂȘme notion dimensionnelle prenant en compte l'Ă©volution des individus dans la sociĂ©tĂ©.

Le 2 avril est la « journée mondiale de la sensibilisation à l'autisme »[7]. L'autisme est reconnu par l'ONU comme étant un handicap, en vertu de la Convention relative aux droits des personnes handicapées[8].

La communauté autiste préfÚre généralement reconnaßtre l'autisme comme une différence neurologique, un trouble neurodéveloppemental ou un handicap, plutÎt qu'une maladie ou une pathologie.


Description

L'autisme est principalement décrit sur la base de l'observation clinique des personnes autistes, et de la recherche de ses déterminants (ses causes)[9]. La description de l'autisme est fournie par la Classification internationale des maladies (CIM), et le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM).

Le DSM 5 associe deux critÚres, l'un social et l'autre comportemental[6]. Ces deux critÚres se substituent à la notion de triade autistique qui fait néanmoins toujours office de définition de référence (dans la CIM 10)[10], sans contradiction car elle ne fait que distinguer communication et interaction dans le volet social.

Cette triade mise en Ă©vidence cliniquement est la suivante[11] :

  • troubles qualitatifs de la communication verbale et non verbale ;
  • altĂ©rations qualitatives des interactions sociales ;
  • comportements prĂ©sentant des activitĂ©s et des centres d'intĂ©rĂȘt restreints, stĂ©rĂ©otypĂ©s et rĂ©pĂ©titifs.

« Ces anomalies qualitatives constituent une caractéristique envahissante du fonctionnement du sujet, en toutes situations[10] - [HAS 2] - [N 1]. »

La notion de « sĂ©vĂ©ritĂ© de l'autisme », souvent Ă©voquĂ©e, se rĂ©fĂšre Ă  la sĂ©vĂ©ritĂ© du niveau de handicap de la personne autiste, sans qu'il y ait de parallĂ©lisme entre le handicap et le degrĂ© de troubles fonctionnels[9]. D'un point de vue phĂ©nomĂ©nologique, il convient donc de distinguer les manifestations de l'autisme de l'autisme lui-mĂȘme : d'aprĂšs le philosophe Florian Forestier « Toute la question est de savoir si l’autisme s’explique uniquement Ă  partir du champ des fonctions dĂ©ficientes conduisant aux situations de handicap qui en constituent la face apparente », une idĂ©e « peu Ă  peu relativisĂ©e par la mise en Ă©vidence des dĂ©terminants sous-jacents de l’autisme »[9].

Les parents peuvent percevoir des premiers signes de l'autisme durant les deux premiÚres années de leur enfant, par l'absence ou la présence d'un certain nombre de comportements[12], par exemple : une impression d'indifférence au monde sonore (ne réagit pas à son prénom) et aux personnes ; l'absence de tentative de communication avec l'entourage par les gestes ou le babillage ; la difficulté à fixer le regard ou un regard périphérique. Le décalage avec les comportements des autres enfants apparaßt de plus en plus important avec l'avancée en ùge, néanmoins certains enfants se développent d'abord « normalement », puis « régressent » soudainement[13] - [14].

Étymologie

« Autisme » est une traduction du mot Autismus, crĂ©Ă© par le psychiatre zurichois Eugen Bleuler[15] - [16] Ă  partir du grec ancien αᜐτός, autĂłs (« soi-mĂȘme »)[17] - [18]. Bleuler introduit ce mot en 1911, « dans son ouvrage majeur, Dementia praecox ou groupe des schizophrĂ©nies »[19].

Évolution des descriptions

  • En 1911, Eugen Bleuler individualise chez le jeune adulte le « groupe des schizophrĂ©nies »[20]. Sur la base du radical grec « Î±áœÏ„ÎżÏ‚ » qui signifie « soi-mĂȘme », il crĂ©e le terme d'autisme (autismus) pour qualifier certains symptĂŽmes de cette pathologie, qui coexistent avec d'autres symptĂŽmes comme le dĂ©lire hallucinatoire.
  • En 1943, les signes et symptĂŽmes de rĂ©fĂ©rence catĂ©gorisant l'autisme comme un trouble infantile distinct sont Ă©tablis par le pĂ©dopsychiatre Leo Kanner[21], mais ce n'est qu'en 1980 qu'ils sont distinguĂ©s sous le nom d’« autisme infantile » dans le DSM, et non plus comme un type infantile de schizophrĂ©nie[22].
  • En 1983, la psychiatre Lorna Wing Ă©tablit la triade autistique de rĂ©fĂ©rence[11] (voir triade de Wing), aprĂšs avoir mis en Ă©vidence la notion de continuitĂ© au sein des troubles du spectre autistique[23] sur la base de travaux rĂ©habilitant ceux de Hans Asperger[24], qui furent concomitants Ă  ceux de Kanner. Elle crĂ©e ce faisant la notion moderne des troubles autistiques.
  • En 1987, la catĂ©gorie autisme infantile est renommĂ©e « trouble autistique » avant de devenir « trouble envahissant du dĂ©veloppement » (TED) en 1994 dans le DSM IV[22]. Elle deviendra enfin « troubles du spectre de l'autisme » (TSA) en 2013 dans le DSM 5, qui instaure des critĂšres diagnostiques continus, en les quantifiant sur une Ă©chelle Ă  trois degrĂ©s, distinguant l’intensitĂ© et le retentissement de troubles sociaux d'une part et comportementaux d'autre part, en supprimant les sous-catĂ©gories comme le syndrome d'Asperger[6].
  • En 1996, l'autisme est reconnu en France comme un handicap[25]. Si les critĂšres du DSM servent mondialement de rĂ©fĂ©rence (en plus du CIM trĂšs proche), l'autisme en France reste souvent abordĂ© selon une approche distincte, et c'est la classification française des troubles mentaux de l'enfant et de l'adolescent (CFTMEA) qui reste utilisĂ©e, notamment par les psychiatres non spĂ©cialistes de l'autisme, mĂȘme si la FĂ©dĂ©ration Française de Psychiatrie impose depuis 2005 une correspondance selon les rĂ©fĂ©rences internationales (CIM-10)[HAS 3].
  • La version « Beta Draft » de la CIM-11, rendue publique par l'OMS, reprend la formulation habituellement traduite « troubles du spectre de l'autisme ». Ces « troubles du spectre de l'autisme » figurent dans ce document officiel prĂ©sentĂ© Ă  la consultation mondiale des professionnels comme l'item diagnostique Ă  propos d'autisme, « troubles » comportant l'ensemble des niveaux de fonctionnement intellectuel et de capacitĂ© de langage[26] - [27].

Recherches des symptĂŽmes physiologiques

Des recherches ont identifié de multiples singularités physiologiques cérébrales chez des personnes autistes.

Des diffĂ©rences au niveau du cerveau ont Ă©tĂ© observĂ©es chez les personnes autistes, apportant une signature anatomique Ă  la dĂ©finition antĂ©rieure par des critĂšres cliniques. Les Ă©tudes en neurosciences ont montrĂ© des diffĂ©rences dans l’organisation du cortex[28] - [29], au niveau des dendrites (arborescences des neurones) et des synapses (connexion entre neurones), voire des modifications plus larges de structures cĂ©rĂ©brales. Il est possible que les diffĂ©rences corticales apparaissent au cours d'un stade de dĂ©veloppement antĂ©natal[28].

En corrélation avec les différences fonctionnelles observées au niveau comportemental, les études d'Eric Courchesne et de son équipe relÚvent que les enfants autistes ont un nombre de neurones plus élevé de 67 % en moyenne dans le cortex préfrontal[30], et une croissance cérébrale plus importante que la moyenne au niveau des lobes frontaux, ce qui s'est traduit dans la littérature scientifique antérieure par des observations de périmÚtre crùnien plus élevé[31].

Cependant, le , dans une Ă©tude basĂ©e sur des donnĂ©es par imagerie par rĂ©sonance magnĂ©tique (IRM), des chercheurs de l'UniversitĂ© Ben-Gourion du NĂ©guev et de l'UniversitĂ© Carnegie-Mellon (États-Unis) ont estimĂ© que les diffĂ©rences anatomiques entre le cerveau de personnes autistes de plus de 6 ans et celui de personnes du mĂȘme Ăąge non autistes sont indiscernables[32] - [33]. Pour arriver Ă  ce rĂ©sultat, ces chercheurs ont utilisĂ© la base de donnĂ©es Autism Brain Imaging Data Exchange (ABIDE), qui a permis pour la premiĂšre fois de procĂ©der Ă  des comparaisons de grande Ă©chelle de scanners IRM entre des groupes de personnes autistes et des groupes contrĂŽle[34]. Cette base de donnĂ©es est une collection mondiale de scanners IRM de plus de 1 000 personnes, pour la moitiĂ© autistes, ĂągĂ©s de 6 Ă  35 ans[35].

L'Institut de neurosciences de la Timone (Marseille, France) a identifié un marqueur anatomique spécifique de l'autisme, détectable par IRM et présent dÚs l'ùge de deux ans. Ce marqueur consiste en un plissement spécifique du cortex cérébral. Il est appelé « racine du sillon »[36] - [37] - [38].

À l'Ă©chelle des synapses, des Ă©tudes mettent en Ă©vidence des modifications dans le systĂšme des neurotransmetteurs, en particulier celui du transport de la sĂ©rotonine en association notamment avec des modifications de gĂšnes impliquĂ©s. L'implication du systĂšme dopaminergique ou glutamatergique semble moins bien dĂ©montrĂ©e. Enfin, des Ă©tudes sont en cours sur le rĂŽle du systĂšme cholinergique, de l'ocytocine ou encore de certains acides aminĂ©s impliquĂ©s dans la neurotransmission[39].

Causes

Elles semblent le plus souvent d'origine « multifactorielle, avec une forte implication de facteurs génétiques[40] » et de nombreux facteurs de risques concomitants[39].

La modification de gÚnes liée à la maturation synaptique semble principalement en cause et oriente ainsi les études neurobiologiques vers les modifications de la connectivité et des neurones induites par l'expression de ces gÚnes[39]. Leurs suppressions chez des rongeurs provoquent des symptÎmes pseudo-autistiques[41] - [42].

Des travaux sur l'hĂ©ritabilitĂ© de l'autisme suggĂšrent que 90 % de la variabilitĂ© est attribuable Ă  des facteurs gĂ©nĂ©tiques[39]. Selon une Ă©tude parue en [43], l'une des plus vastes rĂ©alisĂ©es, l'autisme n'est gĂ©nĂ©tique qu'Ă  hauteur de 50 %, Ă  parts Ă©gales avec les facteurs environnementaux[44]. Il est cependant difficile de distinguer les facteurs gĂ©nĂ©tiques et les facteurs environnementaux, l'autisme Ă©tant un caractĂšre phĂ©notypique issu d’interactions complexes[45]. Selon une Ă©tude de 2015, 50 % des cas d'autisme s'expliqueraient par des mutations de novo[46].

Les structures cĂ©rĂ©brales caractĂ©ristiques Ă©tant acquises durant la grossesse[47], il n'est pas possible d'isoler l'effet de l'environnement en Ă©tudiant les jumeaux monozygotes qui sont exposĂ©s aux mĂȘmes conditions de dĂ©veloppement prĂ©natal. Les interactions des gĂšnes liĂ©s Ă  l'autisme entre eux et avec l'environnement sont complexes : un mĂȘme profil gĂ©nĂ©tique et le mĂȘme environnement peut produire des individus autistes et normaux, les jumeaux monozygotes n'Ă©tant pas systĂ©matiquement autistes ou neurotypiques. Dans les annĂ©es 1990, l'autisme Ă©tait considĂ©rĂ© comme une maladie polygĂ©nique de 5 Ă  15 gĂšnes Ă  transmission non mendĂ©lienne. Or, depuis les annĂ©es 2000, plusieurs centaines de gĂšnes Ă  transmission mendĂ©lienne impliquĂ©s dans l'autisme ont Ă©tĂ© mis en Ă©vidence[48]. L’autisme serait liĂ© Ă  1 034 gĂšnes diffĂ©rents, et les effets de mutations spontanĂ©es ne sont pas nĂ©gligeables[49].

Des indices laissaient penser que des maladies inflammatoires de l'intestin (MII) parentales puissent prĂ©disposer l'enfant Ă  naĂźtre Ă  l'autisme. Ceci a Ă©tĂ© rĂ©cemment prouvĂ© par un article de Aws Sadik et Coll. (paru dans Nature en juillet 2022). En combinant quatre approches complĂ©mentaires, les auteurs y estiment « avoir trouvĂ© des preuves d'un lien de causalitĂ© potentiel entre les MICI parentales, en particulier maternelles, et l'autisme chez les enfants. Un dĂ©rĂšglement immunitaire pĂ©rinatal, une malabsorption des micronutriments et une anĂ©mie peuvent ĂȘtre impliquĂ©s »[50].

Facteurs environnementaux

Quelques facteurs ont été positivement corrélés à la survenue d'un TSA :

  • L'exposition in utero Ă  l’acide valproĂŻque, un antiĂ©pileptique formellement contre-indiquĂ© pendant la grossesse[51] ;
  • L'hypothyroĂŻdie maternelle non Ă©quilibrĂ©e durant le premier trimestre de sa grossesse[52] ;
  • Les situations de dĂ©tresse respiratoire aiguĂ« ou d'hypoxie en pĂ©rinatal[53] ;
  • L'exposition de la mĂšre Ă  des maltraitances durant son enfance[54] ;
  • La prĂ©maturitĂ©, les petits poids de naissances, et l'accouchement par cĂ©sarienne[55] ;
  • L'hypothĂšse qu'une concentration amniotique Ă©levĂ©e de testostĂ©rone lors d'un stade critique de la vie fƓtale, qui pourrait favoriser un cerveau « hyper-masculin », alors source de comportements stĂ©rĂ©otypĂ©s masculins tels que la systĂ©matisation, la construction de machines, et d'une moindre capacitĂ© d'empathie et de vie sociale (qualitĂ©s supposĂ©es plus fĂ©minines selon cette approche) et l'apparition de traits autistiques, fait l'objet de diverses Ă©tudes. Cette hypothĂšse proposĂ©e dans les annĂ©es 1990, par Simon Baron-Cohen en Angleterre, qui a pu s'appuyer sur des indices montrant (en 2009) qu'une exposition fƓtale Ă  la testostĂ©rone peut modifier certaines structures cĂ©rĂ©brales[56], mais elle a Ă©tĂ© au moins remise en cause en 2016[57] puis en 2019, par une Ă©tude qui n'a trouvĂ© aucun effet de la testostĂ©rone sur l'empathie (chez l'homme adulte)[58] ;
  • L'exposition fƓtale Ă  l'hyperglycĂ©mie lors d'un diabĂšte gestationnel[59] ;
  • La proximitĂ© du lieu de rĂ©sidence de la mĂšre durant la grossesse avec des champs traitĂ©s par des insecticides de la famille des organophosphorĂ©s et des pyrĂ©throĂŻdes[60]. Il faut noter que cette Ă©tude ne dĂ©crit pas de mĂ©canisme et ne comprend pas de mesures de la contamination rĂ©elle des mĂšres ;
  • Diverses Ă©tudes, sujettes Ă  caution, Ă©voquent une cause intestinale Ă  l'autisme. La prĂ©valence des troubles gastriques et intestinaux est effectivement plus Ă©levĂ©e chez les autistes, mais nĂ©anmoins considĂ©rĂ©s par la plupart des chercheurs comme un trouble associĂ© (une consĂ©quence et non une cause). NĂ©anmoins, on a trouvĂ© chez des souris prĂ©sentant des symptĂŽmes pseudo-autistiques, qu’une molĂ©cule appelĂ©e 4-ethylphenylsulphate (4EPS) Ă©tait prĂ©sente Ă  des taux 46 fois plus Ă©levĂ©s dans la flore intestinale d'animaux souffrant de troubles pseudo-autistiques et que ce composĂ© chimique possĂ©dait une structure similaire Ă  celle du paracresol (en), une molĂ©cule retrouvĂ©e en quantitĂ© importante chez les personnes autistes[61] - [62]. Quand cette molĂ©cule est injectĂ©e dans la flore intestinale de souris non autistes, celles-ci commencent Ă  se comporter comme les souris pseudo-autistes, rĂ©pĂ©tant plusieurs fois le mĂȘme mouvement ou couinant de maniĂšre inhabituelle. D'autre part, ces souris pseudo-autistes prĂ©sentent une hyperpermĂ©abilitĂ© intestinale (leaky guts)[61] - [63]. Et enfin, leur intestin abrite moins de bactĂ©ries de l'espĂšce Bacteroides fragilis (en) que celui des souris « non autistes » et en nourrissant les rongeurs pseudo-autistes avec la bactĂ©rie en question, leurs comportements ainsi que leurs troubles digestifs sont amĂ©liorĂ©s[63]. « Il est incroyable de voir qu’en ajoutant uniquement cette bactĂ©rie on peut inverser les symptĂŽmes de l’autisme » explique John Cryan, un pharmacien de l’University College Cork en Irlande[64]. Les interactions entre la flore intestinale et l'expression des symptĂŽmes de l'autisme sont en cours d'Ă©tude[65].

Diagnostic

Dépistage précoce (12-30 mois)

Environ la moitié des parents d'enfants présentant un trouble du spectre de l'autisme remarquent la présence de comportements inhabituels chez leur enfant avant l'ùge de 18 mois, et environ les 4/5 avant l'ùge de 24 mois[66]. La présence d'un ou plus des signes d'alerte suivant nécessite de consulter un médecin spécialiste[67] (voir les recommandations de la Haute Autorité de Santé[HAS 4]) :

  • absence de babillage Ă  12 mois ;
  • absence de gestes communicatifs (pointer, faire coucou, etc.) Ă  12 mois ;
  • aucun mot isolĂ© prononcĂ© Ă  16 mois ;
  • aucune phrase de deux mots prononcĂ©e spontanĂ©ment Ă  24 mois (Ă  l'exception de phrases Ă©cholaliques) ;
  • toute rĂ©gression des capacitĂ©s sociales et langagiĂšres, quel que soit l'Ăąge de l'enfant.

Le dĂ©pistage et le diagnostic prĂ©coce de l'autisme sont essentiels afin de mettre en place une prise en charge adaptĂ©e le plus tĂŽt possible[67]. De nombreux outils de dĂ©pistages standardisĂ©s ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©s dans ce but. Parmi ces outils, on peut noter l'Ă©chelle de dĂ©veloppement psychomoteur de la premiĂšre enfance (Brunet-LĂ©zine), le test M-CHAT (« Modified Checklist for Autism in Toddlers », une version francophone en ligne est disponible ici), le test ESAT (« Early Screening of Autistic Traits Questionnaire »), et le questionnaire FYI (« First Year Inventory »). Les donnĂ©es prĂ©liminaires rĂ©coltĂ©es concernant le test M-CHAT et son prĂ©dĂ©cesseur, le test CHAT (« Checklist for Autism in Toddlers »), chez de jeunes enfants de 18-30 mois suggĂšrent d'une part que ces tests sont d'autant plus utiles qu'ils sont administrĂ©s dans un contexte clinique, et d'autre part que la sensibilitĂ© de ces tests est basse (fort taux de faux-nĂ©gatifs) mais que leur spĂ©cificitĂ© est Ă©levĂ©e (peu de faux-positifs)[68]. L'efficacitĂ© de ces outils de dĂ©pistages prĂ©coces est augmentĂ©e lorsqu'ils sont prĂ©cĂ©dĂ©s d'un dĂ©pistage plus large des troubles neuro-dĂ©veloppementaux en gĂ©nĂ©ral[69]. Enfin, il faut noter qu'un test de dĂ©pistage dĂ©veloppĂ© et validĂ© au sein d'une culture particuliĂšre doit ĂȘtre adaptĂ© avant d'ĂȘtre gĂ©nĂ©ralisĂ© Ă  une culture diffĂ©rente : par exemple, regarder son interlocuteur dans les yeux est un comportement normal et attendu dans certaines cultures mais pas dans d'autres[70].

Les tests génétiques ne sont généralement pas indiqués dans le cadre d'un diagnostic d'autisme, sauf en présence d'autres symptÎmes tels que des troubles neurologiques ou une dysmorphie faciale[71].

DĂ©tection lors de l'usage du mamanais

Une étude de Catherine Saint-Georges tente de démontrer un lien entre faiblesse ou absence de synchronie lors de l'utilisation du mamanais (ou parentais) dans la petite enfance et présence de traits autistiques[72] chez l'enfant.

Diagnostic clinique et paraclinique

Il n'existe à ce jour pas d'examens complémentaires permettant de dépister l'autisme. Le diagnostic de l'autisme et des autres troubles envahissants du développement (TED) est clinique[HAS 1] et se fonde sur une double approche :

  • un entretien approfondi avec les parents, afin de prĂ©ciser au mieux les diffĂ©rentes Ă©tapes du dĂ©veloppement de l'enfant et d'Ă©tablir un bilan de ses comportements et interactions actuels ;
  • l'observation de l'enfant et des mises en situation Ă  visĂ©e interactive, afin d'Ă©valuer les diffĂ©rentes manifestations du syndrome autistique qu'il peut prĂ©senter, et le degrĂ© de son aptitude Ă  nouer des liens sociaux, communiquer et interagir avec un environnement donnĂ© ;

Le diagnostic doit ĂȘtre supervisĂ© par un mĂ©decin spĂ©cialiste (psychiatre ou neuropĂ©diatre) et comprend obligatoirement l'Ă©limination de pathologies qui peuvent se manifester d'une maniĂšre proche de celle d'un autisme (voir les recommandations de la HAS[HAS 4]) :

  • un bilan auditif, pour Ă©liminer une surditĂ© Ă©ventuelle ; en effet, un enfant malentendant peut manifester des comportements similaires Ă  ceux d'un enfant autiste (ces diagnostics ne sont cependant pas totalement exclusifs, une personne peut ĂȘtre Ă  la fois sourde et autiste) ;
  • un ou plusieurs bilans-diagnostics avec un psychiatre spĂ©cifiquement formĂ© : ADI-R, ADOS, CARS sont les plus connus et validĂ©s ;
  • un bilan psychomoteur : afin d'Ă©valuer la prĂ©sence de troubles du dĂ©veloppement moteur, sensoriel, de la communication et de la sociabilitĂ© ;
  • un bilan d'orthophonie (dĂ©veloppement du langage oral), afin d'Ă©valuer le niveau de retard de langage s'il y a lieu ;

En complément :

  • un examen neurologique pour dĂ©tecter une pathologie neurologique ou une Ă©pilepsie associĂ©e ;
  • si jugĂ© nĂ©cessaire par le neurologue, une IRM pour rechercher des anomalies visibles du cerveau ;
  • une enquĂȘte gĂ©nĂ©tique pour dĂ©pister certaines affections gĂ©nĂ©tiques connues pouvant entraĂźner un TED.

Le spĂ©cialiste (psychiatre ou neuropĂ©diatre) effectue la synthĂšse de ces Ă©lĂ©ments et de ses propres observations cliniques pour dĂ©livrer le diagnostic, qui doit ĂȘtre posĂ© selon la nomenclature de la CIM-10.

En France, étant donné le déficit de professionnels formés à ce sujet, il est recommandé, en cas de soupçon de TED, d'effectuer le diagnostic dans un des Centres Ressource Autisme régionaux[73].

Une Ă©tude menĂ©e par l'UniversitĂ© de Caroline du Nord (Chapel Hill) a montrĂ© qu'une IRM pratiquĂ©e Ă  l'Ăąge d'un an sur un enfant ayant dĂ©jĂ  un frĂšre ou une sƓur prĂ©sentant un trouble du spectre de l'autisme permettait de prĂ©dire le dĂ©veloppement d'un TSA Ă  l'Ăąge de deux ans avec une sensibilitĂ© de 81 % et une spĂ©cificitĂ© de 97 %[74] - [75]. Toutefois, les rĂ©sultats demandent Ă  ĂȘtre confirmĂ©s et les applications cliniques potentielles sont limitĂ©es car la mĂ©thode n'est pas prĂ©dictive sur la population gĂ©nĂ©rale[74].

Catégorisation et spectre autistique

Si le DSM 5 ne fait plus de distinction interne au spectre autistique autre que la quantification des troubles sociaux d'une part et comportementale d'autre part, la CIM-10 distingue principalement trois diagnostics :

  1. L’autisme infantile — en tant que diagnostic distinct — appelĂ© aussi trouble autistique (DSM-IV) ou parfois autisme de Kanner en rĂ©fĂ©rence aux premiers critĂšres cliniques Ă©tablis par ce dernier ;
  2. Le syndrome d'Asperger (sous-catégorie supprimée dans le DSM-5) ;
  3. L’autisme atypique, par exclusion des deux prĂ©cĂ©dents.
Les classifications de l’autisme et des TED[HAS 5]
CIM-10 CIM-10[76] DSM-IV DSM-5 CFTMEA
F.84 TED TED TSA Psychoses précoces (TED)
F.84.0 Autisme infantile Troubles autistiques Inclus dans les TSA Autisme infantile prĂ©coce – type

Kanner

F.84.1 Autisme atypique NC Autres formes de l’autisme
F.84.2 Syndrome de Rett Syndrome de Rett NC[77] Troubles dĂ©sintĂ©gratifs de l’enfance
F.84.3 Autres troubles dĂ©sintĂ©gratifs de l’enfance Troubles dĂ©sintĂ©gratifs de l’enfance NC[78]
F.84.4 Troubles hyperactifs avec retard mental et stéréotypies NC NC NC
F.84.5 Syndrome d'Asperger Syndrome d'Asperger Inclus dans les TSA Syndrome d'Asperger
F.84.8 Autres troubles envahissants du développement NC NC NC
F.84.9 Trouble envahissant du développement non spécifié Trouble envahissant du développement non spécifié Inclus dans les TSA NC

Autisme infantile

Exemple de comportement stéréotypé d'un enfant autiste.

Le terme renvoie aux troubles autistiques du contact affectif dĂ©finis en 1943 par Leo Kanner[21]. Il a officiellement Ă©tĂ© distinguĂ© sous ce nom d’autisme infantile pour la premiĂšre fois dans le DSM III en 1980[22].

Dans le mĂȘme temps, la notion, appelĂ©e autisme par commoditĂ©, a Ă©voluĂ© au point que ces critĂšres premiers sont distinguĂ©s comme autisme typique (ou autisme de Kanner, ou encore autisme infantile prĂ©coce), tandis que l'ensemble plus vaste est appelĂ© trouble envahissant du dĂ©veloppement (TED) dans le DSM-IV[22] et la CIM 10, et tend Ă  devenir celui des troubles du spectre autistique dans les Ă©volutions.

Syndrome d'Asperger

Un intĂ©rĂȘt hors norme pour un domaine d'Ă©tude particulier (ici la structure molĂ©culaire), peut ĂȘtre reprĂ©sentatif de l'autisme.

Appelé psychopathie autistique en 1943 par Hans Asperger[79], ce syndrome est formalisé cliniquement en 1981 par Lorna Wing[24]. Ses travaux suivants[23] - [11] permettent d'inclure ce syndrome dans l'autisme et de définir une triade autistique qui dÚs lors sera la définition de référence de l'autisme en général[10].

Ce syndrome, qui incarne donc la continuité d'un spectre autistique, rejoint dans un premier temps les critÚres diagnostiques dans le CIM-10 en 1993 et le DSM IV en 1994[22], puis la distinction spécifique tend à disparaßtre au profit d'une notion de continuité incarnée par les critÚres diagnostiques du DSM V en 2013[6].

Autisme atypique

C'est un critĂšre diagnostique qui distingue un caractĂšre autistique autre que l'autisme infantile ou le syndrome d'Asperger. Contrairement au diagnostic de trouble envahissant du dĂ©veloppement non spĂ©cifiĂ©, le caractĂšre autistique est clairement indiquĂ© (il pointe l’existence des trois critĂšres de rĂ©fĂ©rence de l'autisme, sociaux, communicationnel et de centre d’intĂ©rĂȘt).

Autres troubles

Certaines affections connues et identifiées sont parfois associées à un diagnostic d'autisme, et considérées comme une cause des troubles autistiques. Parmi elles :

  • le trouble dĂ©sintĂ©gratif de l'enfance ; un trouble rare caractĂ©risĂ© par l'apparition soudaine et tardive d'une rĂ©gression sĂ©vĂšre et rapide des habiletĂ©s sociales, verbales et motrices ; n'est plus un diagnostic officiel depuis la parution du DSM-V, mais des cas ont Ă©tĂ© observĂ©s ;
  • le syndrome de Rett, maladie gĂ©nĂ©tique ou trouble neurodĂ©veloppemental concernant la substance grise du cerveau n'affectant que les filles ;
  • le syndrome de l'X fragile, une autre maladie gĂ©nĂ©tique aussi appelĂ©e syndrome de Martin-Bell, ou syndrome d'Escalante (plus employĂ© dans les rĂ©gions d'AmĂ©rique du Sud) dont un seul gĂšne est la cause d'un retard mental ;
  • Isodicentric 15 (en) ;
  • syndrome de dĂ©lĂ©tion 22q13 — aussi connu sous le nom de syndrome de Phelan-McDermid. Il s'agit d'un trouble causĂ© par une microdĂ©lĂ©tion sur le chromosome 22 ;
  • neurones Spindle, aussi appelĂ© neurones von Economo ; c'est une catĂ©gorie spĂ©cifique de neurones caractĂ©risĂ©s par un large soma fusiforme, qui s'effile progressivement vers son seul axone apical, et qui n'a qu'une seule dendrite.

Dans l'ensemble, le fait de parler d'autisme dans ces cas n'est pas consensuel. Ainsi, pour faire les comptes épidémiologiques, le syndrome de Rett a été tantÎt inclus, tantÎt exclu des décomptes. « Il est à noter que leur appartenance au spectre des troubles autistiques est actuellement en cours de discussion[40]. »

Diagnostic différentiel

Le diagnostic différentiel des troubles du spectre autistique se fonde en partie sur une évaluation des trois critÚres centraux du spectre : socialisation, communication, comportement[N 2].

Trouble autistiqueSyndrome d'AspergerTrouble envahissant du développement non spécifié
Âge au diagnostic0–3 ans (3–5 ans)> 3 ans (6–8 ans)Variable
RĂ©gression≈25 % (sociale / communication)NonVariable
Ratio (m:f)2:14:1M>F (variable)
SocialisationPauvre (> 2 critĂšres DSM-IV)VariableVariable
CommunicationEn retard, anormale ; peut ĂȘtre non verbalePas de retard prĂ©coce ; difficultĂ©s qualitatives et pragmatiques plus tardVariable
ComportementPlus sĂ©vĂšrement atteint (inclut comp. stĂ©rĂ©otypĂ©s)Variable (intĂ©rĂȘts circonscrits)Variable
DĂ©ficience intellectuelle> 60 %AbsenteAvec ou sans DI (trĂšs variable)
CausePlus probable d'établir des causes génétiques autres que dans s.A. ou PDD-NOSVariableVariable
Épilepsie25 % sur la durĂ©e de l'existenceAutour de 10 %Autour de 10 %
PronosticAutisme sévÚreAutisme légerAutisme modéré

Il est à noter que le DSM-5, version la plus récente des classifications internationales, ne distingue plus le syndrome d'Asperger et le trouble envahissant du développement non spécifié du Trouble autistique mais les inclut dans le trouble du spectre de l'autisme. Le diagnostic de trouble du spectre de l'autisme ainsi défini ne s'accompagne pas nécessairement d'un retard de langage ou d'une déficience intellectuelle. Ces deux éléments viennent éventuellement préciser le diagnostic s'ils sont présents, mais leur présence n'est pas nécessaire pour poser un diagnostic de trouble du spectre de l'autisme[80].

Le DSM-5 inclut aussi le trouble pragmatique du langage dans le diagnostic différentiel, les symptÎmes décrits dans le TPL n'étant pas définis dans le DSM-4, de nombreuses personnes avec les symptÎmes du TPL peuvent avoir été diagnostiqués avec un Trouble envahissant du développement non spécifié, une personne présentant ces symptÎmes mais ne présentant pas les autres symptÎmes des Troubles du Spectre Autistique serait diagnostiquée avec un trouble pragmatique du langage selon les nouveaux critÚres du DSM-5[81].

Le trouble du spectre de l'alcoolisation fƓtale (TSAF), dĂ» Ă  la consommation de boissons alcoolisĂ©es pendant la grossesse, prĂ©sente des symptĂŽmes pouvant ĂȘtre Ă  tort interprĂ©tĂ©s comme ceux du spectre autistique[82], bien que les facteurs de cause ne soient pas les mĂȘmes[83]. Au QuĂ©bec, de faux diagnostics de TSA sont dĂ©libĂ©rĂ©ment posĂ©s Ă  des personnes avec TSAF afin de leur permettre d'accĂ©der Ă  des services de soutien[84].

Troubles associés à l'autisme

La pédopsychiatre française Catherine Barthélémy estime que 12 à 37 % des personnes autistes ont des troubles associés, d'origine diverse[85]. Les raisons de ces associations restent méconnues, mais la présence de troubles associés génÚre un sur-handicap[85]. Un examen clinique complémentaire au diagnostic de l'autisme permet de les repérer[85]. D'aprÚs elle, 18 % des personnes autistes ont une hyperacousie[86], et 11 % un trouble de l'audition[86].

L'épilepsie est beaucoup plus fréquente que dans la population générale, avec environ 25 % de personnes autistes épileptiques[86] - [87]. Cette association est plus fréquente chez les personnes ayant à la fois un TSA et des troubles d'apprentissage ce qui évoque des causes neurodéveloppementales précoces[88].

La question de l'association entre l'autisme et la dĂ©ficience intellectuelle est controversĂ©e, en raison d'une probable sur-Ă©valuation des retards acquis au cours du dĂ©veloppement de l'enfant[86]. L'INSERM retient un taux d'environ un tiers d'association entre l'autisme et la dĂ©ficience intellectuelle[87]. L'autisme peut ainsi ĂȘtre associĂ© au syndrome de l'X fragile[87]. Selon Laurent Mottron[N 3], 10 % des personnes autistes souffrent d'une maladie neurologique associĂ©e qui diminue l'intelligence (par exemple, le syndrome de l'X fragile)[89]. Selon Fabienne Cazalis, neuroscientifique, « 70 % des autistes ont une intelligence dans la norme, voire supĂ©rieure »[90].

Les troubles du sommeil, l'anxiété et la dépression sont également rapportés[87]. Un risque de dépression existe à l'adolescence, lors de la prise de conscience difficile de la différence avec les autres durant cette période du développement psycho-affectif[91].

L'association de l'autisme avec le trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité et/ou des TOCs est fréquente et souvent alors accompagnée d'une fatigue chronique[92] - [93], mais la prévalence de ces associations reste difficile à estimer en raison du fort chevauchement de leurs symptÎmes[94] - [95].

Bien que l'apragmatisme, y compris sans rapports avec des troubles de l'humeur et sans rapports avec une comorbidité de psychose, soit fréquent chez les autistes, il est généralement peu abordé et reste un angle mort des représentations populaires sur l'autisme[96] - [97] - [98].

Accompagnement des personnes

Une intervention adaptée au profil des enfants autistes est souvent associée à une diminution des troubles observés.
Deux petits robots humanoïdes réalistes créés par l'université du Hertfordshire Royaume-Uni) pour enseigner aux enfants atteints de troubles du spectre autistique certaines compétences sociales de bases (réciprocité ; toucher les autres avec une force et d'une maniÚre appropriées
).
Voiture de la patrouille de la police municipale de Cocoa dédiée à la sensibilisation de la population à l'autisme.

Il existe diffĂ©rentes dimensions d'accompagnement des personnes autistes pour les aider Ă  compenser leur handicap, selon plusieurs approches — Ă©ducatives, psychologiques ou mĂ©dicales — et donc diverses mĂ©thodes plus ou moins en concurrence[99].

En France, le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) émet le dans son avis no 102 le constat suivant :

« Il n’y a pas aujourd’hui de traitement curatif, mais une sĂ©rie de donnĂ©es indiquent depuis plus de quarante ans qu’un accompagnement et une prise en charge individualisĂ©s, prĂ©coces et adaptĂ©s, Ă  la fois sur les plans Ă©ducatif, comportemental, et psychologique augmentent significativement les possibilitĂ©s relationnelles et les capacitĂ©s d’interaction sociale, le degrĂ© d’autonomie, et les possibilitĂ©s d’acquisition de langage et de moyens de communication non verbale par les enfants atteints de ce handicap[100]. »

L'autisme affecte parents et proches (anxiété, fatigue, dépression) du fait de l'insuffisance de structures adaptées à la prise en charge scolaire, éducative, sociale et thérapeutique de leurs enfants[101].

Dans le cadre d’une recherche menĂ©e en Suisse, V. Zbinden Sapin, E. Thommen, A. Eckert et Ch. Liesen[102] analysent la situation des enfants, adolescents et les jeunes adultes, et identifient diffĂ©rents manques notamment au niveau des mesures prises pour le diagnostic : nombre insuffisant de centres diagnostiques compĂ©tents, mĂ©thode diagnostique standardisĂ©e souvent absente et dĂ©ficit quant Ă  la qualification de base des professionnels impliquĂ©s dans les processus de diagnostic. Dans cette Ă©tude, d’autres manques sont Ă©galement identifiĂ©s en lien avec les interventions (notamment la nĂ©cessitĂ© d’avoir plus de mesures d’éducation prĂ©coce intensive), l’éducation et la formation, l’intĂ©gration professionnelle, le soutien aux familles et l’encouragement de l’autonomie ainsi que le conseil et la coordination. Une autre recherche menĂ©e auprĂšs d’institutions spĂ©cialisĂ©es proposant des formations professionnelles en Suisse francophone a montrĂ© que les besoins spĂ©cifiques des jeunes prĂ©sentant un TSA ne sont pas toujours pris en compte[103].

À l'Ăąge adulte, des modalitĂ©s de prises en charge sont proposĂ©es par le rapport d'Autisme Europe de 2009 :
« Le projet thĂ©rapeutique adulte doit mettre l’accent sur :

  • l’accĂšs au logement avec des rĂ©seaux de soutien ;
  • la participation au monde du travail et l’emploi ;
  • l’éducation continue et permanente ;
  • le soutien nĂ©cessaire pour prendre ses propres dĂ©cisions, d’agir et de parler en son propre nom ;
  • l’accĂšs Ă  la protection et aux avantages garantis par la loi[104]. »

Le stress associĂ© Ă  des troubles mentaux chez les personnes autistes, ainsi que le taux Ă©levĂ© de suicide chez cette population (voir MortalitĂ© des personnes autistes), pourraient ĂȘtre associĂ© Ă  la stigmatisation des minoritĂ©s[105]. Ces donnĂ©es montrent que l'autisme et les problĂšmes de santĂ© mentale ne sont pas intrinsĂšquement liĂ©s, et que ces derniers pourraient ĂȘtre limitĂ©s par des mesures de lutte contre la discrimination[105].

Comportements des personnes autistes

L'autisme se caractérise par des comportements divers. Ce trouble neurodéveloppemental provoque, en effet, des comportements qui nécessitent un regard particulier, afin de comprendre et d'accompagner au mieux les personnes concernées.

Selon Brigitte Harrisson, au quotidien, il n'est pas rare qu'une personne autiste regarde tourner des ventilateurs ou encore des toupies[106]. Les mouvements rĂ©guliers et prĂ©visibles de ces objets procurent beaucoup de plaisir Ă  ces personnes[106]. De plus, le cerveau d'une personne autiste traite ce qu'il reconnaĂźt[106]. Ce type de mouvement est donc plus apte Ă  ĂȘtre reconnu et traitĂ©[106]. En revanche, tout mouvement instable peut dĂ©ranger la personne autiste[106].

D'aprÚs la recension de la littérature scientifique effectuée sur Spectrum News en 2015, 70 % des personnes autistes ont une hypersensibilité sensorielle aux sons, à la lumiÚre, ou à d'autres stimuli[107].

Les réactions des personnes autistes à la douleur sont souvent atypiques[107]. Toutes les personnes autistes ressentent la douleur, mais leur maniÚre de l'exprimer a donné lieu à des croyances délétÚres trÚs problématiques, débouchant en particulier sur des interventions médicales invasives[107]. Le docteur en psychologie Serge Dalla Piazza cite (2007) des cas d'enfants autistes non verbaux recousus de leurs plaies à vif, au motif qu'ils n'auraient pas de perception de la douleur[108]. La défense de ces enfants contre la douleur était, de plus, interprétée à tort comme relevant d'un acte de violence contre le personnel médical[108]. Le syndrome de sensibilité centrale (CSS) est plus courant chez les autistes (femmes notamment) que dans la population moyenne[109], et chez les personnes autistes, la sensibilité sensorielle, l'anxiété, l'ùge et le sexe sont des prédicteurs significatifs des symptÎmes du CSS[109].

Un nombre important de personnes autistes adopte des « comportements alimentaires aberrants » (tels que la consommation excessive d'un aliment en particulier)[110]. Par ailleurs, « il existe des preuves empiriques et un consensus scientifique global soutenant une association entre la sélectivité alimentaire et les troubles du spectre autistique »[110].

Approches psycho-Ă©ducatives

Des interventions cognitives et comportementales, notamment l'Analyse du Comportement Appliquée (ABA), dont est aussi dérivé le ModÚle de Denver, le TEACCH, et le PECS (moyen de communication alternatif), sont proposées pour aider les personnes autistes à gagner en autonomie et à développer des habitudes de communication[111].

D'aprÚs la collaboration Cochrane (2017), les preuves d'efficacité réelles des interventions comportementales intensives précoces (ICIP) de type ABA chez les jeunes enfants sont trÚs limitées, en raison des petits échantillons de ces études et d'un fort risque de biais[112]. En revanche, il existe quelques preuves d'efficacité des groupes d'habiletés sociales pour les personnes entre 6 et 21 ans[113].

Les personnes militant pour la neurodiversitĂ© (qu'elles soient elles-mĂȘmes autistes comme Michelle Dawson, chercheurs comme Laurent Mottron, ou parents), sont globalement opposĂ©es aux approches de type ABA, qu'elles jugent non Ă©thiques[114] - [115]. Il est aussi suggĂ©rĂ© qu'une exposition rĂ©pĂ©tĂ©e aux approches de type ABA gĂ©nĂšre un trouble de stress post-traumatique chez la personne autiste[116].

MĂ©dicaments

D'aprÚs l'Organisation mondiale de la santé, « il n'existe pas de traitement curatif » de l'autisme[117]. Aucun traitement médicamenteux n'est recommandé officiellement[118]. La collaboration Cochrane note des études trÚs limitées sur la rispéridone[119], le niveau trÚs faible voire l'absence de preuve d'efficacité des ISRS (avec effets délétÚres constatés)[120], des preuves contradictoires concernant les antidépresseurs tricycliques (là aussi avec effets secondaires délétÚres)[121], et l'absence totale de preuve d'efficacité des injections intraveineuses de sécrétine[122].

Certains traitements médicamenteux ciblent les troubles associés à l'autisme. La prescription de mélatonine pourrait améliorer significativement le temps de sommeil total[123] - [124] - [N 4]. Un nombre important de personnes autistes étant épileptiques, elles reçoivent des médicaments anti-épileptiques afin de prévenir les crises[125].

Des améliorations du langage et de la communication ont été constatées grùce à l'utilisation d'une forme de vitamine B9 (l'acide folinique), d'aprÚs une étude publiée dans Molecular psychiatry[126].

L'influence psychanalytique remise en question

Le rapport de la psychanalyse avec la notion d'autisme est complexe et fortement relié aux travaux des précurseurs de la psychanalyse (Jung, Freud ou Bleuler, cf. l'Histoire de la notion d'autisme).

Dans l'ensemble, l'approche psychanalytique reste source de vives controverses, qu'elle concerne les théories sur l'origine des troubles autistiques ou leur prise en charge[99]. En France, des recommandations spécifiques[100] - [HAS 6] ont été élaborées en 2012 par la Haute Autorité de Santé. Celles-ci, aprÚs une consultation pluridisciplinaire sur l'état des connaissances[HAS 2], classent l'approche thérapeutique psychanalytique dans la catégorie des approches « non consensuelles ». Ces recommandations ont entraßné un vif débat qui reflÚte la grande influence des méthodes psychanalytiques en France, à l'opposé de nombreux pays anglo-saxons. Des associations de familles militant pour que l'approche psychanalytique soit considérée comme « non recommandée » ont exprimé leur déception[127] et certaines associations de psychanalystes ont protesté[128]. Faisant suite à la dénonciation répétée de la psychanalyse dans la prise en charge de l'autisme[129], une proposition de résolution parlementaire visant à l'interdire a été formulée en 2016 par le député Daniel Fasquelle[130], soutenu publiquement par le porte-parole du collectif Autisme Florent Chapel[131].

Cette controverse est notamment centrĂ©e sur l'importance des thĂ©ories psychanalytiques culpabilisant le rĂŽle de la mĂšre dans le dĂ©veloppement de l'autisme. Notamment les thĂ©ories Ă©mises par Bruno Bettelheim, qui a proposĂ© l'idĂ©e de « mĂšre rĂ©frigĂ©rateur » en s'inspirant des propos de Leo Kanner[N 5] pour dĂ©signer des mĂšres comme cause de l'autisme de leur enfant[132]. Bien qu'il prĂŽne une prise en charge psychoĂ©ducative[133] et qu'il exclue de sa dĂ©finition de l'autisme les causes innĂ©es[N 6] (lĂ  oĂč Kanner fait le contraire[134]) il reste le symbole du refus d’entendre la part gĂ©nĂ©tique, innĂ©e de ces troubles. Ses thĂ©ories ont souvent Ă©tĂ© reprises en psychanalyse de l'autisme[135].

Les faibles possibilités de prise en charge autre que celles d'inspiration psychanalytique ont été dénoncées par des associations de parents, accusant les théories psychanalytiques de guider un nombre important de pédopsychiatres français[99] - [136] - [137]. Ces théories culpabilisantes seraient progressivement abandonnées par les praticiens d'inspiration psychanalytique actuels, certains prenant acte des avancées scientifiques et mettent l'accent sur une position éthique de respect de la souffrance des patients et de leur famille[138] - [139].

En 2009, le psychiatre et psychanalyste Hochmann qui a retracé l'histoire de l'autisme écrit :

« La psychanalyse bien comprise et les hypothĂšses qu’elle permet de faire sur la psychopathologie de l’autisme n’ont aucune prĂ©tention causale[N 7]. »

Dans une tribune adressĂ©e au journal Le Monde, les scientifiques Yehezkel Ben-Ari, neurobiologiste, Nouchine Hadjikhani, neuroscientifique et Éric Lemonnier, pĂ©dopsychiatre, ont soulignĂ© le manque de fondement scientifique de la psychanalyse et rĂ©cusĂ© sa prĂ©tention Ă  guĂ©rir une maladie biologique comme l'autisme[140].

D'aprÚs les résultats préliminaires d'une étude scientifique française, effectuée dans le cadre de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, l'approche psychothérapeutique de l'autisme, qu'elle soit d'inspiration psychanalytique ou d'inspiration cognitivo-comportementale, donne des améliorations significatives de l'état des enfants autistes[141] - [142]. L'étude fait l'objet d'une bonne réception de la part de divers psychiatres, psychologues cliniciens et psychanalystes[143] mais également de critiques venant du cognitiviste Franck Ramus[144]. Cette étude n'est qu'un premier pas, et montre le besoin d'un plus grand nombre d'analyses scientifiques rigoureuses à grande échelle pour estimer les effets de la psychothérapie, qu'elle soit d'orientation psychanalytique ou autre, dans la prise en charge de l'autisme.

Traitements « alternatifs » et dérives

L'autisme reste mal compris. Ceci peut entraĂźner une grande anxiĂ©tĂ© dans les familles, et un douloureux phĂ©nomĂšne d'impuissance[145]. Ce contexte a favorisĂ© le dĂ©veloppement de mĂ©thodes « alternatives » soi-disant miracles, souvent facturĂ©es Ă  des prix trĂšs Ă©levĂ©s[145] - [146]. Une pseudoscience s'est dĂ©veloppĂ©e autour de l'autisme, de ses causes hypothĂ©tiques, de son accompagnement, voire d'une supposĂ©ment possible « guĂ©rison », impliquant un grand nombre de thĂ©rapies non conventionnelles. Certaines sont basĂ©es sur des rĂ©gimes[147]. De prĂ©tendus traitements oraux se rĂ©vĂšlent parfois dangereux (« Miracle Mineral Solution »), et parfois simplement inefficaces(« Coconut kefir »)[145]. La « thĂ©rapie par chĂ©lation » a entraĂźnĂ© la mort d'un enfant autiste[148], et de mĂȘme que l'exposition Ă  l'oxygĂšne en caisson hyperbare, n'est pas recommandĂ©e[145].

Certaines méthodes classées comme alternatives ou complémentaires montrent des bénéfices pour certains enfants. C'est le cas par exemple du contact avec des chevaux[149] - [150] - [151] (encore à confirmer[152]) ; c'est aussi le cas de méthodes dites sensorielles basées sur l'eau (le snoezelen, la natation, la plongée sous-marine et d'autres méthodes de balnéothérapies ou d'hydrothérapie (« méthode Halliwick »)[153] - [154] durant 10 à 14 semaines sont appréciés de nombreux autistes qui peuvent trouver une source d'amélioration de confiance en soi, des interactions sociales et des comportements[155], mais certaines formes d'hydrothérapie sont inadaptées aux cas d'hypersensibilité proprioceptive, faisant que des stimuli externes appliqués avec une force excessive (ex. : jet d'eau) « conduisent souvent à une réponse des systÚmes de stress qui ne correspond pas aux capacités de compensation du corps »)[156].
Mais beaucoup de méthodes ont un niveau de preuve encore insuffisant[157], et certaines n'ont simplement pas pu démontrer la moindre efficacité[145].

En 2012, des méthodes peu ou non évaluées, telles que la méthode Son-Rise et la méthode des 3i, sont non recommandées par la HAS en France[158].

Comptant sur la fragilitĂ© Ă©motionnelle des familles, des charlatans et certaines sectes[146] se proposent de traiter par des recettes miracles ce qu'ils prĂ©tendent ĂȘtre des causes de l'autisme, comme les vaccins[159] - [160], le gluten[161] ou encore le thiomersal[162] (agent mercuriel autrefois prĂ©sents dans de nombreux vaccins), ou Ă©voquent des thĂ©ories du complot. Les Ă©tudes scientifiques nient tout lien entre ces Ă©lĂ©ments et l'autisme, dont les causes rĂ©elles sont sans doute beaucoup plus complexes[163]. En 2004, le comitĂ© d'examen de l'innocuitĂ© de l'immunisation de l'Institute of Medicine a rejetĂ© l'hypothĂšse d'une relation causale entre thimĂ©rosal et autisme, au motif notamment que le thimĂ©rosal est mĂ©tabolisĂ© en Ă©thylmercure bien moins toxique que le mĂ©thylmercure et en thiosalicylate[164], mais certains auteurs plaident pour qu'elle soit encore examinĂ©e[165].

GrĂące aux importants revenus gĂ©nĂ©rĂ©s par ces pseudo-thĂ©rapies, de puissants instituts se sont formĂ©s aux États-Unis pour promouvoir et centraliser ce genre de mĂ©thodes (comme l’Autism Society of America, l’Autism Research Institute et le Strategic Autism Initiative), appuyĂ©s par une communication et un lobbyisme actifs, impliquant jusqu'Ă  Donald Trump[166]. Cette communication est gĂ©nĂ©ralement basĂ©e sur des tĂ©moignages isolĂ©s et invĂ©rifiables et une grande force de persuasion, parfois assortis de fausses Ă©tudes scientifiques[145]. En rĂ©ponse, la FDA amĂ©ricaine a publiĂ© un guide intitulĂ© « Beware of False or Misleading Claims for Treating Autism »[145], et des associations d'aide aux victimes se sont montĂ©es, comme la Autism Rights Watch, en lien en France avec la Mission interministĂ©rielle de vigilance et de lutte contre les dĂ©rives sectaires[146].

Perceptions de la famille

Dans le processus d’un diagnostic du trouble du spectre de l’autisme, les parents sont aussi affectĂ©s par cette situation de plusieurs maniĂšres.

Selon une Ă©tude portant sur l'impact du diagnostic par les pĂšres ; avant l’annonce du diagnostic de leur enfant, les pĂšres ont peu de connaissances sur le trouble du spectre de l’autisme. Celles qu’ils ont sont gĂ©nĂ©ralement sur les anomalies du langage ou de l’audition, sur les interactions sociales difficiles, des retards de dĂ©veloppement et des intĂ©rĂȘts particuliers[167].

Lors de l’annonce du diagnostic, les sentiments des pĂšres sont trĂšs variĂ©s. À la suite de cette situation, peu d’entre eux ont Ă©tĂ© soutenus par leur famille. En fait ils ont plutĂŽt reçu du soutien de la part de leurs amis et leurs collĂšgues de travail[167].

La transition vers les services est difficile Ă  cause d’un manque d’accessibilitĂ©, mais les pĂšres sont habituellement satisfaits des services reçus malgrĂ© tout. Ces services ont des effets positifs pour l’enfant sur le langage, la communication, la motricitĂ©, les comportements et l’autonomie. Par contre, les pĂšres ont des difficultĂ©s concernant la gestion du temps et de l’investissement de temps demandĂ© par les services[167].

Selon une Ă©tude portant sur l'intĂ©gration scolaire par les mĂšres ; les mĂšres croient que l’intĂ©gration en classe d’un enfant avec un trouble du spectre de l’autisme est influencĂ©e par les caractĂ©ristiques du personnel scolaire parce qu’il est important d’avoir les connaissances, attitudes et compĂ©tences pour rĂ©pondre Ă  leurs besoins[168].

Les services et l’environnement scolaire ont aussi une influence sur l’intĂ©gration de l’enfant, et d’aprĂšs les mĂšres, il est nĂ©cessaire qu’il ait un accĂšs rapide aux services de soutien spĂ©cialisĂ© ainsi qu’un environnement adaptĂ© Ă  ses besoins uniques[168].

L’implication des mĂšres dans l’intĂ©gration scolaire d’un enfant avec un trouble du spectre de l’autisme est importante parce qu’il est facile pour une personne qui a de profondes connaissances sur ce trouble d’indiquer ce qui est favorable dans le dĂ©veloppement de la personne en question. De plus, lorsqu’il s’agit d’une personne proche tel qu’un parent qui possĂšde ces connaissances, il est encore plus facile de bien cibler les besoins de l’enfant et d’adapter l’environnement de celui-ci pour son dĂ©veloppement[168]

Pronostic et Ă©volution

Temple Grandin, qui s'exprime ici sur l'autisme en tant qu'autiste[169], est un exemple d'accĂšs Ă  l'autonomie, dont l'histoire est prĂ©sentĂ©e dans le film du mĂȘme nom.

L'autisme est officiellement reconnu comme générant un handicap. La perspective d'une évolution hors du handicap est cependant possible, notamment en termes d'autonomie. Parmi les exemples notables de personnes autistes devenues autonomes[170] figure Donald Grey Triplett[171], premier enfant diagnostiqué comme autiste par Leo Kanner[172].

Sortie des critĂšres diagnostiques

Certains enfants diagnostiquĂ©s comme autistes sortent des critĂšres diagnostiques au fil du temps, ce qui a pu ĂȘtre interprĂ©tĂ©, Ă  tort, comme une « guĂ©rison »[173] - [174]. Environ 9 % des enfants autistes ne rencontrent plus les critĂšres diagnostiques Ă  l'Ăąge adulte, la plupart du temps, parmi ceux qui ont Ă©tĂ© diagnostiquĂ©s sans handicap mental associĂ©[175]. Le fait est que la plupart des enfants autistes apprennent Ă  " masquer " leurs traits autistiques afin de paraitre plus acceptable socialement, comme un rĂ©flexe de survie face au rejet de leurs diffĂ©rences d'ĂȘtre, ce qui n'est pas sans consĂ©quence (dĂ©veloppent des troubles dĂ©pressifs, des troubles anxieux, etc en grandissant). Le "masking" est un rĂ©flexe de survie pour les enfants autistes qui apprennent Ă  mimer pour mieux se fondre dans la masse, et qui s'efforcent d'entrer dans le moule Ă©ducationnel imposĂ© afin d'avoir l'air " normaux " ou " guĂ©ris " en grandissant.

Intégration sociale et professionnelle

Les difficultĂ©s liĂ©es Ă  l'autisme, et surtout l'exclusion sociale, font que les personnes autistes sont peu intĂ©grĂ©es dans la sociĂ©tĂ© : accĂšs Ă  l'Ă©cole (en France en 2014, seuls 20 % des enfants autistes sont scolarisĂ©s[176]), Ă  un travail
 Leur insertion dans le monde du travail est difficile, notamment lorsque le relationnel a beaucoup d'importance (aux États-Unis, par exemple, 10 % des autistes ne peuvent pas parler, 90 % n'ont pas d'emploi rĂ©gulier et 80 % des adultes autistes sont dĂ©pendants de leurs parents).

Une étude suisse a montré que les situations de stress des familles d'enfants autistes sont nombreuses et douloureuses, et qu'elles concernent aussi la vie sociale et quotidienne ainsi que les relations aux professionnels[177].

Avantages et désavantages conférés par l'autisme

Zones activées en situation de coordination visualo-motrice : [jaune] pour le groupe des autistes ; [bleu] pour le groupe-témoin ; [vert] pour les deux groupes.
Ces diffĂ©rences pourraient ne pas ĂȘtre qu'une preuve d'un trouble fonctionnel, mais aussi la preuve d'une « organisation alternative du cerveau », parfois plus efficace (cf. tests d'intelligence non verbale)[89].

Les points forts visuo-spatiaux des personnes autistes ont été étudiés à travers des études expérimentales : la perception visuelle est plus fine, avec une meilleure attention aux détails, une habilité à repérer visuellement des motifs tels qu'une figure cachée plus rapidement, et une capacité supérieure à reconnaßtre des motifs répétitifs[178] - [179] - [180] - [181] - [182] - [183]. La perception auditive est également accrue, par comparaison avec les personnes non-autistes[184].

Plusieurs études soutiennent que l'autisme a joué un role positif dans l'histoire évolutive humaine[185] - [186] - [187] - [188] - [189], une idée développée par Simon Baron-Cohen dans son ouvrage The Pattern Seekers, dans lequel il déclare que que « les personnes autistes ont réellement contribué aux progrÚs humains »[190].

Ces points forts coexistent avec du handicap : l'attention aux détails s'associe à une anxiété accrue, une hypersensibilité et une inflexibilité[178]. Les neuroscientifiques britanniques Francesca Happé[191] et Simon Baron-Cohen[192], ainsi que le chercheur franco-canadien Laurent Mottron[193], postulent que les avantages et les désavantages conférés par l'autisme sont indissociables, constituant un style cognitif à part entiÚre.

Les centres d'intĂ©rĂȘts intenses pour un ou plusieurs sujets en particulier, qui se manifestent dĂšs l'Ăąge scolaire, peuvent constituer un avantage, mais aussi un dĂ©savantage en cas de rĂ©pĂ©tition incontrĂŽlĂ©e d'un mĂȘme comportement[194]. D'aprĂšs une recension systĂ©matique de la littĂ©rature scientifique effectuĂ©e en 2020 par Simon M. Bury et al., il existe trĂšs peu d'Ă©tudes et trĂšs peu de preuves d'avantages confĂ©rĂ©s par l'autisme dans les milieux professionnels, bien que la recherche clinique ait dĂ©montrĂ© l'existence de points forts individuels[178] - [195]. Chaque centre d'intĂ©rĂȘt d'une personne autiste, prise individuellement, doit ĂȘtre examinĂ© Ă  la lumiĂšre de ce qu'il lui apporte en termes d'avantages et de dĂ©savantages, dans un contexte donnĂ©[196].

Plusieurs chercheurs, en particulier Laurent Mottron, plaident pour que les scientifiques et les intervenants spécialisés s'appuient sur les points forts des personnes autistes, plutÎt que d'employer une approche basée sur les seuls déficits et handicaps[89] - [197] - [198].

Des recommandations de vocabulaire sont formulĂ©es par l'association Autisme Europe[199] ainsi que par des Ă©quipes de chercheurs[198] - [89] : elles recommandent d'Ă©viter les mots nĂ©gatifs Ă  l'Ă©gard des personnes autistes et de l'autisme (tels que « dĂ©ficit », « symptĂŽme »[198], « maladie », « souffrir d'autisme » et « ĂȘtre victime d'autisme »[199]), de ne pas prĂ©senter l'autisme comme un dĂ©faut Ă  corriger[89], et de prĂ©fĂ©rer des mots neutres tels que « condition », « handicap », « caractĂ©ristique » et « diffĂ©rence »[198] - [199].

Initiatives

Les personnes autistes sont victimes de discrimination Ă  l’embauche ; l’accĂšs au travail Ă©tant limitĂ© puisque les employeurs ont gĂ©nĂ©ralement peur du handicap et de ses consĂ©quences. Ceux-ci se prĂ©occupent de l’image de leur entreprise reflĂ©tĂ©e par ces personnes. Cependant, des initiatives associatives permettent Ă  ces personnes de pouvoir intĂ©grer les entreprises. Certaines, dans l'informatique notamment, ont compris la plus-value qu'elles pouvaient en retirer. En Europe, la sociĂ©tĂ© danoise Specialisterne a aidĂ© plus de 170 autistes Ă  trouver un emploi entre 2004 et 2011, et sa sociĂ©tĂ©-mĂšre, la fondation Specialist People Foundation, vise Ă  aider un million de personnes autistes Ă  trouver un travail[89]. En 2013, le groupe SAP annonce un objectif d'embauche de personnes autistes correspondant Ă  1 % de ses salariĂ©s pour l’annĂ©e 2020[200] - [201]

DécÚs prématurés

Selon un rapport publié en 2016 par l'ONG anglaise Autistica, une personne autiste (TSA) meurt environ 18 ans plus tÎt que la moyenne (et 30 ans plus tÎt que la moyenne si elle a une déficience intellectuelle)[88].

Une Ă©tude Ă©pidĂ©miologique publiĂ©e en 2015 a portĂ© sur plus de 27 000 SuĂ©dois avec TSA, 6 500 d'entre eux prĂ©sentaient aussi une dĂ©ficience intellectuelle. Le risque de dĂ©cĂšs prĂ©maturĂ© Ă©tait chez eux environ 2,5 fois plus Ă©levĂ© que pour l'ensemble du groupe, souvent liĂ© Ă  un risque accru de diabĂšte et de maladies respiratoires (pour lesquels le diagnostic pourrait souvent ĂȘtre retardĂ© en raison de difficultĂ© pour ces patients Ă  exprimer leurs symptĂŽmes aux mĂ©decins ou Ă  l'entourage (l'un des auteurs souligne Ă  ce propos que les mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes devraient mieux explorer les symptĂŽmes et antĂ©cĂ©dents des patients autistes))[88]. Cette Ă©tude suĂ©doise a aussi montrĂ© que les adultes autistes sans trouble d'apprentissage Ă©taient neuf fois plus susceptibles que la population tĂ©moin de mourir par suicide, surtout chez les femmes, ce qui pourrait ĂȘtre une consĂ©quence de l'isolement social et/ou d'un risque accru de dĂ©pression[202].

ÉpidĂ©miologie et politique de santĂ© dans le monde

Comme le précise l'INSERM, l'idée d'une « épidémie d'autisme » est erronée[203].

ÉpidĂ©miologie

Plusieurs publications font Ă©tat d'une prĂ©valence de plus de 60 enfants sur 10 000, concernĂ©s par une forme d'autisme, soit 1 enfant sur 166. Aux États-Unis en 2000[N 8] ; en Angleterre en 2001[204] ; en France en 2002[205].

Ce chiffre serait en augmentation selon les derniĂšres Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques menĂ©es aux États-Unis depuis 2000 par les CDC (Centres pour le contrĂŽle et la prĂ©vention des maladies), sur des centaines de milliers d'enfants : la prĂ©valence de l'autisme atteindrait dĂ©sormais un enfant sur 150[206], un garçon sur 94 ; il est question en 2008 d'1 sur 88[207] pour les troubles du spectre autistique, en 2010, il s'agit d'1 enfant sur 68 (1 garçon /42, 1 fille /189)[208] et en 2012 d'un chiffre en augmentation[209]. Au Royaume-Uni, une Ă©tude de 2009 arrivait Ă  une estimation de 1 enfant sur 64[210]. Une Ă©tude en CorĂ©e en 2011 estime la prĂ©valence de l'autisme Ă  1 sur 38 (prĂ©valence 2,64 %, Ă©chantillon de 22 337 enfants) dans la population gĂ©nĂ©rale[211]. En SuĂšde, la prĂ©valence a Ă©tĂ© multipliĂ©e par 3,5 entre 2001 et 2011[212].

S'est alors posée la question de la raison de cette évolution du nombre de personnes autistes diagnostiquées. Les réponses proposées sont une amélioration du diagnostic, une inclusion plus large d'enfants auparavant diagnostiqués d'une autre maniÚre, une augmentation du nombre de personnes autistes ou, plus vraisemblablement, une combinaison de ces facteurs[213].

« Nous avons estimé qu'un enfant sur quatre qui reçoit un diagnostic d'autisme aujourd'hui n'aurait pas été diagnostiqué ainsi en 1993. Ce constat n'exclut pas la contribution éventuelle d'autres facteurs étiologiques, y compris les toxines environnementales, la génétique ou leurs interactions, dans l'augmentation de la prévalence de l'autisme. En fait, il nous aide à reconnaßtre que de tels facteurs jouent certainement un rÎle important dans l'augmentation de la prévalence de l'autisme. Il n'y a aucune raison de croire que l'une de ces hypothÚses de travail est erronée et de nombreuses raisons de croire que l'augmentation de la prévalence de l'autisme est en fait le résultat de plusieurs processus qui s'auto-renforcent »[213].

En Belgique

En , le Conseil SupĂ©rieur de la SantĂ© a publiĂ© un avis scientifique trĂšs complet sur la qualitĂ© de vie des jeunes enfants autistes et de leur famille. Le Conseil a notamment rĂ©alisĂ© un aperçu des politiques existantes et Ă  mettre en Ɠuvre en Belgique pour amĂ©liorer la qualitĂ© de vie des enfants autistes (de moins de 6 ans) et celle de leur famille. Un « Plan National Autisme » devrait d’ailleurs faire Ă  la suite de ces recommandations et de celles du Centre fĂ©dĂ©ral d'expertise des soins de santĂ© (KCE). Pour la Belgique, le Conseil recommande notamment[214] :

  • de se rĂ©fĂ©rer Ă  l’avenir Ă  la dĂ©finition du DSM-5 pour les troubles du spectre de l’autisme (TSA), tout en faisant attention Ă  ne pas exclure des services les jeunes enfants ayant le syndrome d’Asperger ;
  • coordination et renforcement des centres de rĂ©fĂ©rences et des structures d’accueil ;
  • formation continue et promotion des pratiques les plus documentĂ©es À l’heure actuelle, il n'existe pas assez de preuves scientifiques et d’évaluation critique des approches psychanalytiques pour que certaines soient, plus que d'autres, recommandĂ©es. Par contre, le « Plan personnalisĂ© d’intervention » (PPI) est l’outil majeur de coordination des interventions entre les professionnels bien sĂ»r mais aussi avec la famille. Il faut associer Ă  cela l’importance du coordinateur professionnel, et le partenariat Ă©troit avec les parents. Ensuite, les pratiques recommandĂ©es pour les jeunes enfants de moins de 4 ans sont « les interventions Ă©ducatives, comportementales et dĂ©veloppementales » (par exemple, ABA et Treatment and Education of Autistic and related Communication Handicapped Children (TEACCH)) d’une durĂ©e d’au moins 25 heures par semaine par des professionnels formĂ©s ou de 20 heures par semaine + 5 heures par semaine par les parents avec un taux d’encadrement 1/1 – y compris les temps de scolarisation avec un accompagnement individuel adaptĂ© et les activitĂ©s en petit groupe, organisĂ©es dans un environnement structurĂ© adaptĂ© aux particularitĂ©s de l’enfant. L’analyse comportementale appliquĂ©e, ou Applied Behavior Analysis (ABA) est la mĂ©thode de traitement la plus dĂ©taillĂ©e et Ă©valuĂ©e. Quand cette mĂ©thode est appliquĂ©e de maniĂšre trĂšs intensive (20 Ă  40 heures par semaine ; on parle alors d’Intervention Comportementale Intensive PrĂ©coce, ICIP) il semble que les jeunes enfants avec un TSA Ă©voluent plus positivement que si on applique des traitements Ă©clectiques plus conventionnels. Ces interventions intensives sont cependant encore difficiles Ă  mettre en application en Belgique. L’accompagnement Ă  domicile et la revalidation sont en effet limitĂ©s Ă  quelques heures par semaine ;
  • simplification et clarification des dĂ©marches et de l’offre de prise en charge et renforcement du support global pour familles et les fratries ;
  • importance de la dĂ©tection et du dĂ©pistage prĂ©coces par les enfants et tous les intervenants du secteur de la petite enfance et directives de qualitĂ© pour le diagnostic dans un dĂ©lai infĂ©rieur Ă  trois mois ;
  • en Belgique, les enfants avec un TSA se retrouvent aussi bien dans l’enseignement normal que spĂ©cialisĂ© de diffĂ©rents types. Ici aussi, une meilleure collaboration devrait permettre Ă  plus d’enfants d’ĂȘtre intĂ©grĂ©s dans l’enseignement normal, en bĂ©nĂ©ficiant de moyens spĂ©cifiques. Les enseignants devraient Ă©galement ĂȘtre formĂ©s Ă  cet accueil inclusif (le systĂšme scolaire s’adapte aux enfants avec un TSA et non le contraire). Le Conseil souligne Ă©galement la problĂ©matique des enfants avec un TSA (surtout en dessous de 6 ans, et particuliĂšrement en RĂ©gion Bruxelloise) qui ne sont pas scolarisĂ©s ;
  • que les institutions prĂ©vues Ă  cet effet doivent informer et aider les parents dans leurs dĂ©marches pour faire valoir les droits fondamentaux des enfants avec un TSA.

En Chine

Une Ă©tude prĂ©liminaire sur la prĂ©valence du syndrome autistique en Chine, menĂ©e de façon concertĂ©e, suggĂšre qu'un pour cent de la population chinoise pourrait ĂȘtre concernĂ©[215].

En France

L'Inserm Ă©voque 100 000 personnes de moins de 20 ans ayant un TED en France, avec un ratio masculin/fĂ©minin de 4 pour 1[216].

DĂ©pistage

La Haute Autorité de santé, dans ses « Recommandations sur le dépistage et le diagnostic de l'autisme », précise que le diagnostic se fonde sur divers arguments cliniques avec la collaboration des proches de la personne, et émet des recommandations destinées aux professionnels et intervenants[217].

La Fédération française de psychiatrie a émis depuis 2005 des recommandations pour le diagnostic de ces troubles[HAS 7]. Tout patient ou représentant légal du patient (par exemple, s'agissant d'enfants, les parents) est en droit de s'opposer à un diagnostic (y compris « en contre ») qui n'a pas été réalisé selon ces recommandations et à demander à un autre praticien de réaliser ce diagnostic selon les recommandations.

Les associations Autisme France et Autistes sans FrontiĂšres proposent des indications sur les signes d'alerte pouvant indiquer un autisme durant la petite enfance[218] - [219].

Un dĂ©pistage prĂ©coce peut ĂȘtre effectuĂ© Ă  partir de 18 mois de maniĂšre assez fiable (avec le test M-CHAT) par un pĂ©diatre ou par les parents le cas Ă©chĂ©ant[220]. En cas de doute, Ă  la suite de ce test il est recommandĂ© d'effectuer dans les mois qui suivent un diagnostic plus prĂ©cis en milieu spĂ©cialisĂ© avec l'ADOS et l'ADI-R (Autism Diagnostic Interview). La possibilitĂ© d'un dĂ©pistage prĂ©coce, avant 18 mois, est un enjeu important et fait l'objet d'intenses recherches. De nombreuses Ă©tudes sur le dĂ©veloppement des personnes autistes dĂ©montrent par ailleurs qu'un dĂ©pistage prĂ©coce permet la mise en place d'une prise en charge adaptĂ©e au plus tĂŽt, ce qui permet d'augmenter notablement les chances de progression ultĂ©rieure de l'enfant.

Concernée par le diagnostic des adultes, la Haute Autorité de santé a également publié en une recommandation de bonne pratique[HAS 8] visant à améliorer le repérage des troubles et le diagnostic des TED chez l'adulte, grùce à une meilleure sensibilisation des professionnels de la santé. En Suisse, les centres diagnostics compétents sont en augmentation et proposent de poser un diagnostic différencié et standardisé fondé sur des connaissances interdisciplinaires. Ces centres restent néanmoins peu présents dans certaines régions et une méthode de diagnostic standardisée est encore trop souvent absente[221].

La Fondation FondaMental, fondation de coopération internationale de recherche en santé mentale, créée en juillet 2007 par le ministÚre de la Recherche et de la Santé, bien qu'acceptant la notion de trouble du spectre de l'autisme et de syndrome d'Asperger, considÚre que l'autisme est « assimilé aux maladies mentales »[222]. Marion Leboyer et Pierre-Michel Llorca considÚrent l'autisme au titre de trouble psychiatrique aux cÎtés de la dépression, de la schizophrénie, des troubles bipolaires et des conduites suicidaires[223].

Politique de santé

Ruban de participation Ă  la campagne de prise de conscience de l'autisme au Royaume-Uni (Autism Awareness Campaign UK (en)).

La France est le seul pays dans lequel il existe un autre systĂšme de rĂ©fĂ©rence que la CIM et le DSM : la CFTMEA. Un ensemble de praticiens y reste trĂšs attachĂ©, tandis qu'un ensemble de parents d'autistes y est trĂšs opposĂ©. En 2003, un rapport du dĂ©putĂ© Jean-François Chossy exposant la situation des personnes atteintes d'autisme est remis au Premier ministre[224]. Rendu en 2007, l'avis no 102 du ComitĂ© consultatif national d'Ă©thique (CCNE) – saisi par des associations de familles d'autistes en 2005 – indique que la France accuse un retard, en comparaison aux pays d'Europe du Nord ou anglo-saxons, en ce qui concerne le diagnostic et l'accĂšs Ă  un accompagnement Ă©ducatif adaptĂ©[100].

Plusieurs associations estiment le retard en France d'ĂȘtre environ de 50 ans en matiĂšre d'autisme[225]principalement Ă  cause de l'utilisation persistante de la psychanalyse malgrĂ© la recherche et les recommandations internationales[226] et une approche du handicap archaĂŻque contraire Ă  l'Ă©volution du droit international[227].

Parmi les sujets de controverse, on trouve la notion de psychose, le rapport Ă  la psychanalytique et l’éventuelle dĂ©duction thĂ©orique sur le rĂŽle des parents. Ces derniers, regroupĂ©s en association, ont amenĂ© ces controverses en politique ; c'est pourquoi il y a eu dans les annĂ©es 2000 de nombreuses interventions politiques qui ont abouti Ă  des recommandations sur les bonnes pratiques par le ComitĂ© consultatif national d'Ă©thique (CCNE) en 2005[100] et la Haute AutoritĂ© de santĂ© (HAS) en 2012[HAS 6]. QualifiĂ© d'interventionniste, cette situation n'est pas du goĂ»t de tous les praticiens[99].

En décembre 2020, l'Université de Cambridge a publié un article sur l'utilisation de la psychanalyse en France[228]. On explique l'historique de cette pratique en France et pourquoi le pays l'utilise toujours malgré les recommandations de la HAS.

À partir de 2005

Une circulaire interministérielle demande en une évaluation quantitative et qualitative de la politique concernant les personnes autistes ou atteintes de TED, afin d'établir un état des lieux et de définir les réponses à apporter, notamment en ce qui concerne les centres de ressources autisme[229].

Les familles ou proches de personnes autistes disposent en France depuis 2005 de centres Ressources Autisme (CRA) dans leur rĂ©gion, structures dĂ©diĂ©es rĂ©sultant du Plan Autisme 2005-2007[230] - [231] pour obtenir un diagnostic selon les critĂšres internationaux. Des associations de parents et de professionnels ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es pour accompagner les 600 000 autistes français et leurs familles avec une prise en charge Ă©ducative des sujets autistes et un soutien aux familles[232].

2012, Recommandations de la HAS et plan autisme 3

En 2012, des recommandations ont Ă©tĂ© Ă©mises par la Haute AutoritĂ© de SantĂ© Ă  l'attention des professionnels du pays[HAS 6], deux ans aprĂšs le bilan sur l'Ă©tat des connaissances sur le sujet[HAS 2]. À cette occasion, la HAS note que « l’absence de donnĂ©es sur leur efficacitĂ© et la divergence des avis exprimĂ©s ne permettent pas de conclure Ă  la pertinence des interventions fondĂ©es sur les approches psychanalytiques ou la psychothĂ©rapie institutionnelle »[HAS 9] et elle considĂšre ces donnĂ©es comme Ă©tant « non consensuelles »[HAS 9]. Ces recommandations ont Ă©galement entraĂźnĂ© un vif dĂ©bat. Les associations de familles militant pour que l'approche psychanalytique soit considĂ©rĂ©e comme « non recommandĂ©e » ont exprimĂ© leur dĂ©ception[127], certaines associations de psychanalystes ont protestĂ©[128].

La revue médicale Prescrire a émis des réserves sur la méthodologie d'élaboration de ces recommandations, évoquant un « faux-consensus »[233]. Laurent Mottron, neuroscientifique spécialiste de l'autisme par ailleurs trÚs hostile à l'utilisation de la psychanalyse dans le traitement de l'autisme, a critiqué la trop grande importance donnée à la méthode ABA tout en reconnaissant que « le rapport argumentaire de la HAS et ses recommandations sont dans leur quasi-totalité un travail remarquable »[234].

Les résultats des premiÚres structures expérimentales de « Centres Experts sur ABA » du plan autisme 3 montrent que seulement 3 % des enfants autistes ont intégré l'école ordinaire et les résultats sont en deçà des études originelles des méthodes comportementales[235].

Droit international

La France a Ă©tĂ© Ă©pinglĂ©e par l'Organisation des Nations Unies (ONU) plusieurs fois Ă  propos de la situation des personnes autistes dans le pays. En 2015, l'ONU dĂ©nonce la violation des droits des enfants autistes[236]. En cause : une vision archaĂŻque de l'autisme, notamment l'utilisation persistante de la psychanalyse. La mĂȘme annĂ©e, l'ONU a demandĂ© Ă  la France de cesser l'institutionnalisation d'un enfant autiste dans un hĂŽpital psychiatrique[237]. En 2017, Catalina Devandas-Aguilar, rapporteuse de l'ONU sur les droits des personnes handicapĂ©es, a rappelĂ© la France Ă  respecter la Convention Relative aux Personnes HandicapĂ©es. Elle s'est dit trĂšs prĂ©occupĂ©e par le manque de donnĂ©es officielles (limitĂ©es, voire inexistantes) relative aux personnes autistes ainsi que les soins psychiatriques sans consentement[238]. En 2021, l'ONU s'est dit trĂšs prĂ©occupĂ©e encore du fait que les enfants autistes soient particuliĂšrement concernĂ©s par le recours aux traitements mĂ©dicaux et Ă  la surmĂ©dication en France[239]. Dans ce mĂȘme rapport, l'ONU constate avec inquiĂ©tude que les enfants autistes en France soient soumis Ă  des traitements qui visent Ă  « faire disparaĂźtre » leur autisme, ce qui constitue une atteinte Ă  leur identitĂ©, et au « packing », en dĂ©pit des dĂ©clarations publiques selon lesquelles cette pratique est interdite. En 2023, l'ONU a rĂ©itĂ©rĂ© son inquiĂ©tude quant Ă  la situation des enfants handicapĂ©s, y compris les enfants autistes, notamment Ă  l'Ă©gard de la discrimination Ă  l'Ă©cole sur la base du handicap et l'institutionnalisation[240]. Ce mĂȘme ComitĂ© dĂ©plore que la dĂ©tection de l’autisme se fasse trop tard chez les enfants, en moyenne Ă  l'Ăąge de 7 ans.

Au Canada

Le nombre des personnes autistes ou avec un TED a Ă©tĂ© Ă©valuĂ© Ă  69 000 en 2003, soit une personne sur 450[241]. Une Ă©tude de l'HĂŽpital de MontrĂ©al pour enfants sur l'annĂ©e 2003-2004 indique une prĂ©valence de 0,68 pour 1 000 ; une augmentation du taux chez les enfants scolarisĂ©s est Ă©voquĂ©e dans plusieurs provinces par la SociĂ©tĂ© canadienne d'autisme[241].

En Inde

Des initiatives ont vu le jour, telle la Society For The Autistics In India (SAI), organisme créé en 1995 à Bangalore ; ses objectifs sont l'intervention précoce et un programme de développement de la communication[242].

Au Maroc

La part de la population autiste au Maroc est estimĂ©e en 2000 de 4 000 Ă  26 000 personnes[243], dont la plus grande partie est prise en charge exclusivement par la famille. Il existait des centres d'accueil dans les grandes mĂ©tropoles telles que Casablanca et Rabat, qui sont d’ailleurs fermĂ©s jusqu'Ă  prĂ©sent. La scolarisation des enfants autistes dĂ©pend essentiellement des initiatives privĂ©es. Le milieu associatif tente d'Ă©tablir un partenariat avec le ministĂšre de l'Éducation nationale (MNE) afin de disposer de classes adaptĂ©es dans les Ă©coles primaires publiques et d'auxiliaires de vie scolaire[244].

Histoire

Leo Kanner expose en 1943 les « dérangements autistiques du contact affectif ».

En 1908, le professeur autrichien Théodore Heller décrit un trouble qu'il présente comme une « démence juvénile » et qui sera dénommé plus tard sous le nom générique de « trouble désintégratif de l'enfance ».

La premiÚre formalisation clinique d'un trouble infantile distinct des schizophrénies a été faite en 1943 par Leo Kanner qui définit les « troubles autistiques du contact affectif » à travers onze cas correspondants[21].

Il reprend le terme « autisme » crĂ©Ă© en 1911 par le psychiatre Eugen Bleuler Ă  partir de la racine grecque αᜐτός qui signifie « soi-mĂȘme »[245]. Il l'utilisait alors pour distinguer l'un des trois comportements typiques des schizophrĂ©nies (adulte)[20] pour faire face Ă  une rĂ©alitĂ© oppressante. Ce premier comportement, nommĂ© « autisme », consistait pour y faire face Ă  l'ignorer ou Ă  l'Ă©carter ; un deuxiĂšme consistait Ă  la reconstruire, c'est la psychose ; et un troisiĂšme consistait Ă  la fuir par dĂ©-socialisation, ce qu'il associait aussi Ă  la plainte somatique (hypocondrie). Bleuler est alors marquĂ© par les travaux de psychopathologie de Wilhelm Wundt et par les idĂ©es de Sigmund Freud qui lui furent transmises par Carl Jung, alors son assistant.

Le besoin de distinguer et d'isoler un trouble propre au jeune enfant se retrouve avant 1943 chez Melanie Klein comme le rapporte Jacques Hochmann[246].

Vers la fin des annĂ©es 1970, Lorna Wing redĂ©couvre le travail oubliĂ© de Hans Asperger qui, comme Leo Kanner la mĂȘme annĂ©e, avait isolĂ© des cas cliniques d'un trouble spĂ©cifiquement infantile qualifiĂ© d'« autistique »[79]. Elle publie en 1981 sa propre Ă©tude sur ce qu'elle nomme syndrome d'Asperger[24]. En 1982, elle propose l'idĂ©e d'une continuitĂ© entre les distinctions faites par Kanner et celles faites par Asperger[23], ce qu'elle met en Ă©vidence l’annĂ©e suivante (1983) en dĂ©finissant trois critĂšres de rĂ©fĂ©rence[11] :

  • troubles qualitatifs de la communication verbale et non verbale ;
  • altĂ©rations qualitatives des interactions sociales rĂ©ciproques ;
  • comportement prĂ©sentant des activitĂ©s et des centres d'intĂ©rĂȘt restreints, stĂ©rĂ©otypĂ©s et rĂ©pĂ©titifs.

Cette « triade autistique » reste aujourd’hui une rĂ©fĂ©rence pour identifier et dĂ©finir l'autisme et le trouble envahissant du dĂ©veloppement. Cette catĂ©gorie (en abrĂ©gĂ© : TED) est apparue en 1994 avec le passage du DSM III au DSM IV[22], mais la tendance en 2011 semble ĂȘtre Ă  la prĂ©fĂ©rence de la notion de spectre autistique et Ă  la simplification de la triade en deux critĂšres : l'un social, l'autre comportemental[247]. Cette description clinique a permis le dĂ©veloppement, dans les annĂ©es 1990, de la recherche en gĂ©nĂ©tique et en neurophysiologie sur les causes et le traitement de l'autisme, puis du spectre autistique.

D'aprĂšs Simon Baron-Cohen[248], l'archĂ©ologue Penny Spikins[249], le philosophe Josef Schovanec[250], ainsi que le journaliste Steve Silberman[251], l'autisme a jouĂ© un rĂŽle positif Ă  l'Ă©chelle de l'histoire de l'humanitĂ©, en permettant des avancĂ©es et dĂ©couvertes, en termes d'ingĂ©niĂ©rie notamment, mais aussi de linguistique et d'art. Baron-Cohen estime dans son ouvrage The Pattern Seekers que l'inventivitĂ© de l'espĂšce humaine est intimement liĂ©e Ă  la capacitĂ© de systĂ©misation, elle-mĂȘme favorisĂ©e par l'autisme, qui a jouĂ© un rĂŽle clĂ© dans la rĂ©volution cognitive prĂ©historique[252].

Autisme et genre

Les caractĂ©ristiques, aptitudes et difficultĂ©s personnelles liĂ©es aux diffĂ©rences neurologiques classĂ©es dans les TSA prĂ©sentent une grande diversitĂ© individuelle. Un constat est que les hommes semblent plus souvent touchĂ©s par l’autisme que les femmes, tout particuliĂšrement pour le syndrome d'Asperger[253]. Le genre d'une personne influence les probabilitĂ©s d'ĂȘtre diagnostiquĂ© autiste, les femmes semblant ĂȘtre sous-diagnostiquĂ©es (voir section suivante)[90].

Or dans la psyché, la sexualité et la vie sociale, l'individu est généralement « genré », d'une maniÚre plus ou moins ressentie, marquée, subie ou affirmée. Et selon sa catégorie de genre, il sera plus ou moins facilement inclus ou marginalisé dans la société. Une personne autiste et appartenant à une minorité sexuelle (LGBTQ ; personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenre et queer) présenterait donc un double risque d'exclusion de la vie sociale et sexuelle[254], ainsi qu'un risque trÚs accru de frustration sexuelle si son TSA est trÚs handicapant, car les familles et institutions ont longtemps supposé que les handicapés étaient asexuels (phénomÚne d'« angélisation »)[255], ou présentaient une bestialité sexuelle[256]. En institution, leurs droits à l'intimité et à la sexualité sont peu respectés, avec en outre un risque accru de violences sexuelles[257] - [258].

Depuis que Robert Stoller a, en 1964, formulĂ© la notion d'identitĂ© de genre (« gender identity ») on distingue de plus en plus le genre de l'orientation sexuelle. Et depuis la fin des annĂ©es 1990, parallĂšlement aux Ă©tudes de genre (en particulier aux travaux sur la diversitĂ© sexuelle et de genre, sur l'identitĂ© de genre, sur le rĂŽle de genre et plus gĂ©nĂ©ralement sur le genre dans les sciences sociales), un nombre croissant d'enquĂȘtes et d'Ă©tudes scientifiques se sont aussi intĂ©ressĂ©es Ă  l'autisme au sein des diffĂ©rentes minoritĂ©s de genre et de sexualitĂ©[254]. Dans ce contexte, divers·e·s auteur·e·s, intervenant·e·s et organisations militantes explorent la question des influences rĂ©ciproques entre expĂ©rience vĂ©cue de l’autisme et influence du genre : existe-t-il, et si oui dans quelle mesure et avec quelles consĂ©quences, des liens significatifs entre identitĂ© de genre, orientation sexuelle et autisme ? Les modĂšles thĂ©oriques disponibles (sociopsychologiques ou autres) expliquent-ils ces liens ? Quelle est l'expĂ©rience vĂ©cue par les personnes autistes qui s'identifient membres de la communautĂ© LGBTQ et comment la mieux prendre en compte dans les dĂ©marches de reconnaissance et d'accompagnement de l'autisme ?[254].

Ces travaux sont compliquĂ©s par les dĂ©bats sur les conceptualisations sociopsychiatriques de l’autisme d'une part, et sur celles des minoritĂ©s de genre et de sexualitĂ© d'autre part. Mais il ressort des revues d'Ă©tudes faites dans les annĂ©es 2000-2010 qu'« il existe une plus grande prĂ©valence des personnes des minoritĂ©s de genre chez la population autiste qu’au sein de la population neurotypique et, rĂ©ciproquement, une plus grande prĂ©valence de l’autisme chez les populations trans et non binaires que chez les personnes cisgenres »[254]. Ces relations entre autisme, identitĂ© de genre et orientation sexuelle sont actuellement des cooccurrences dĂ©montrĂ©es, et non des relations de causes effet. Selon Laflamme et Chamberland, sur la base d'une revue de la littĂ©rature publiĂ©e en 2020, la quantification et la comprĂ©hension de ces liens (occurrences, causalitĂ© ?) nĂ©cessitent d'affiner la connaissance du sujet, qui est facilement confrontĂ© Ă  des limites mĂ©thodologiques, mais aussi Ă  des conceptions diverses et parfois rĂ©ductrice de la neurodiversitĂ©, y compris sexuelle et de genre[254].

Ce constat laisse penser qu'il existe une aggravation des difficultés quotidiennes pour les personnes à la fois autistes et LGBTQ. Des recommandations émergent au sein de la littérature académique comme au sein de la littérature militante pour aider ces personnes souvent doublement stigmatisées[254], via par exemple une plus grande ouverture à la diversité sexuelle, à la pluralité des genres et à la neurodiversité dans l'éducation à la sexualité, la prévention des souffrances et agressions sexuelles, la création d'espaces sécuritaires, etc[259].

L'autisme chez les femmes

D'aprĂšs l'Ă©quipe de Laurent Mottron, l'autisme chez les femmes peut ĂȘtre sous-diagnostiquĂ© ou sur-diagnostiquĂ©, en fonction des cliniciens impliquĂ©s et de l'insistance de certaines femmes pour obtenir ce diagnostic ; le diagnostic diffĂ©rentiel avec le trouble de la personnalitĂ© limite et le trouble de stress post-traumatique est ainsi particuliĂšrement ardu[260]. Ceci peut ĂȘtre attribuĂ© au fait que les femmes ont Ă©tĂ© Ă©duquĂ©es pour dĂ©velopper plus de stratĂ©gies d'adaptation (imitation et camouflage inclus) que les hommes, ce qui les aiderait Ă  dissimuler leurs traits autistiques. Elles seraient par exemple plus nombreuses Ă  s’entrainer Ă  converser avant de socialiser ou Ă  imiter leur entourage, ce qui expliquerait que les intĂ©rĂȘts des filles autistes s’alignent frĂ©quemment sur ceux des filles neurotypiques de leurs Ăąges, contrairement aux garçons qui dĂ©veloppent des intĂ©rĂȘts plus atypiques. Les filles autistes auraient alors plus de facilitĂ© Ă  se faire des amis que les garçons, mais seraient moins facilement diagnostiquĂ©es[261]. Parmi les personnes diagnostiquĂ©es, il est estimĂ© que le ratio homme-femme s’élĂšve Ă  1 sur 4 alors que le ratio rĂ©el serait estimĂ© Ă  1 sur 3[262]. Effectivement, Les Ă©valuations des TSA ont d'abord Ă©tĂ© conçues en se basant exclusivement sur des cas de garçons autistes ; comme l'autisme fĂ©minin se prĂ©sente diffĂ©remment, beaucoup de femmes concernĂ©es peuvent ne pas ĂȘtre diagnostiquĂ©es.

Il existe une association francophone de femmes autistes qui sensibilise Ă  ces questions[263].

Il n'existe pas encore de consensus à ce sujet, mais des études suggÚrent qu'il y aurait dans la population autiste (par rapport à la population neurotypique) une surreprésentation de personnes issues des minorités de genre, et au sein de ces derniÚres, les personnes assignées femmes à la naissance seraient sur-représentées[264] - [265].
D'autres Ă©tudes n'ont pas observĂ© de significativitĂ© pour cette recherche de corrĂ©lation particuliĂšre[266] - [267] - [268], ou ne se sont pas mĂȘme intĂ©ressĂ© Ă  l’appartenance de genre dans la prĂ©sentation des rĂ©sultats obtenus[269] - [270].

Questionnements Ă©thiques

Le psychiatre franco-quĂ©bĂ©cois Laurent Mottron souligne l'existence d'un risque eugĂ©niste ciblant les personnes autistes, par analogie avec la situation des personnes avec trisomie 21 : plusieurs responsables et dĂ©cideurs de politiques de santĂ© publique se sont en effet exprimĂ©s en faveur d'une « Ă©radication » de l'autisme[271]. Les personnes autistes actives dans les mouvements de la neurodiversitĂ© s'opposent Ă  des projets de recherche gĂ©nomique tels que Spectrum 10K, dans le but que les rĂ©sultats de ces recherches ne puissent pas ĂȘtre utilisĂ©s Ă  des fins eugĂ©niques[272] - [273]. Ils identifient une forme de dissonance cognitive chez des chercheurs qui souhaitent activement dĂ©couvrir une sĂ©quence gĂ©nĂ©tique de l'autisme identifiable en prĂ©natal, tout en se dĂ©clarant opposĂ©s Ă  l'eugĂ©nisme[272].

Annexes

Bibliographie

Par ordre chronologique de parution

Ouvrages

  • Uta Frith, L’Énigme de l’autisme, Paris, Odile Jacob, 1988.
  • Simon Baron-Cohen, La CĂ©citĂ© mentale, un essai sur l'autisme et la thĂ©orie de l'esprit, PUG, 1998.
  • Anne Alvarez, Susan Reid, Autisme et PersonnalitĂ©, Ed. du Hubbot, 1999.
  • Trehin Paul, Laxer Gloria, Les Troubles du comportement, Mougins, Autisme France Diffusion, 2001.
  • Howard Buten et Catherine Dolto-Tolitch, Ces enfants qui ne viennent pas d'une autre planĂšte : les autistes, Gallimard Jeunesse, (ISBN 2-07-054955-0 et 978-2-07-054955-9, OCLC 57362891, lire en ligne)
  • Tony Attwood, Le Syndrome d'Asperger, Dunod 2003
  • Roge Bernadette, L’Autisme : comprendre et agir, Paris, Dunod, 2003.
  • Tardif Carole, Gepner Bruno, L’Autisme, Paris, Nathan UniversitĂ©, 2003.
  • Laurent Mottron, L’Autisme : une autre intelligence, Belgique, Pierre MARDAGA Ă©diteur, 2004.
  • Howard Buten, Il y a quelqu'un lĂ -dedans : des autismes, O. Jacob, (ISBN 2-7381-1227-7 et 978-2-7381-1227-9, OCLC 154656436, lire en ligne)
  • Berthoz, A., L'Autisme, de la recherche Ă  la pratique, Odile Jacob, mai 2005.
  • Pierre Delion et Bernard Golse, L'enfant autiste, le bĂ©bĂ© et la sĂ©miotique, Presses Universitaires de France, (ISBN 2-13-055119-X et 978-2-13-055119-5, OCLC 494248399, lire en ligne)
  • Unapei & Arapi, L’Autisme, oĂč en est-on aujourd’hui ?, Unapei, 2007.
  • Henri Rey-Flaud, L'Enfant qui s'est arrĂȘtĂ© au seuil du langage, Paris, Aubier, 2008
  • Jacques Hochmann, Histoire de l'autisme, Paris, Odile Jacob, 2009.
  • Henri Rey-Flaud, Les Enfants de l’indicible peur, Paris, Aubier, 2010
  • Jean-Daniel Causse, Les Paradoxes de l'autisme (dir.), Ă©ditions ÉrĂšs, 2011
  • Claire Grand, Toi qu'on dit autiste, L'Harmattan 2012.
  • Eric Laurent, La Bataille de l'autisme, Navarin, Paris, 2012.
  • Jean-Claude Maleval, L'Autiste et sa voix, Seuil, Paris, 2012.
  • [BarthĂ©lĂ©my 2012] Catherine BarthĂ©lĂ©my, L'Autisme : de l'enfance Ă  l'Ăąge adulte, Lavoisier, (ISBN 978-2-257-20399-1 et 2-257-20399-2, OCLC 805035710, lire en ligne)
  • [Mottron 2016] Laurent Mottron, L'Intervention prĂ©coce pour enfants autistes : nouveaux principes pour soutenir une autre intelligence, Éd. Mardaga, (ISBN 978-2-8047-0262-5 et 2-8047-0262-6, OCLC 952060648, lire en ligne)
  • Catherine Vanier (dir.), Bernadette Costa-Prades (coll.), Austisme : comment rendre les parents fous !, Albin Michel, 2014
  • Sophie Le Callenec et Florent Chapel, Autisme, la grande enquĂȘte, Les ArĂšnes, Paris, 2016.
  • Judith Bluestone, L'Autisme en lumiĂšre, Le souffle d'or, 2019.
  • Steve Silberman, NeuroTribus Autisme : plaidoyer pour la neurodiversitĂ©, Quanto, Lausanne, 2020 [2015].
  • Brigitte Chamak, Controverses sur l'autisme : dĂ©crypter pour dĂ©passer les antagonismes, Toulouse, ÉrĂšs, (ISBN 978-2-7492-6994-8, DOI 10.3917/eres.chama.2021.0 1, lire en ligne)

Références anciennes (à titre indicatif)

  • Bruno Bettelheim, La Forteresse vide, France, Gallimard, (1re Ă©d. 1967)
    Ouvrage considéré obsolÚte de par les théories développées.
    • ThĂ©o Peeters (trad. du nĂ©erlandais par Brigitte Nelles), Autisme, la forteresse Ă©clatĂ©e, Ă©d. Pro Aid Autisme, , 158 p. (ISBN 2-907798-00-6)
      Ouvrage démontrant l'obsolescence de La Forteresse vide.
  • Frances Tustin, Autisme et Psychose de l'enfant, Ă©ditions du Seuil, coll. « Points », 1972.
  • Frances Tustin, Autisme et Protection, Ă©ditions du Seuil, coll. « La couleur des idĂ©es », 1992 (ISBN 2-02-013661-9).
  • Donald Meltzer, Exploration dans le monde de l'autisme, Éd. Payot, 1975.
  • Frances Tustin, Les États autistiques chez l'enfant, Ă©ditions du Seuil, 1986.

Articles

  • Franck Ramus, Quelles questions pose l’autisme ? Comment y rĂ©pondre ?, le Bulletin scientifique de l’arapi, automne 2013, numĂ©ro 32. (en ligne)
  • Jacqueline Nadel, Quelques commentaires suscitĂ©s par la conclusion de l’UniversitĂ© d’automne de l’arapi, faite par Franck Ramus, le Bulletin scientifique de l’arapi, automne 2013, numĂ©ro 32. (en ligne)

Recommandations et rapports

  • CECE (rapporteur : Christel PRADO), Avis Le coĂ»t Ă©conomique et social de l'autisme (et synthĂšse), saisine parlementaire de l'AssemblĂ©e nationale, rapport adoptĂ© le 09/10/2012, publiĂ© le 09/10/2012
  • Guide français de 1996[274], et rapport consultatif est paru en 2010[HAS 10];
  • Guide de bonnes pratiques du MinistĂšre de la santĂ© espagnol en 2006[275] ;
  • SIGN pour l'Écosse en 2007[276] ;
  • Guide de l'État de New York[277].

Autobiographies de personnes autistes

  • (en) Temple Grandin et Margaret Scariano, Emergence : labeled autistic, New York, Warner Books, , 180 p. (ISBN 978-0-446-67182-8, OCLC 34357106)
  • Donna Williams (trad. Fabienne GĂ©rard, prĂ©f. Dr Lawrence Bartak), Si on me touche, je n'existe plus : le tĂ©moignage exceptionnel d'une jeune autiste, Paris, Ed. J'ai lu, coll. « J'ai lu » (no 3445), (rĂ©impr. 1993, 1998, 2003, 2008), 310 p. (ISBN 978-2-290-13445-0, OCLC 708530731).
  • Donna Williams (trad. Paule Collet), Quelqu'un, quelque part [« Somebody, somewhere »], Paris, Éd. J'ai lu, coll. « J'ai lu » (no 4144), , 318 p. (ISBN 978-2-277-24144-7, OCLC 463781280).
  • Temple Grandin (trad. Virginie Schaefer, prĂ©f. Oliver Sacks), Penser en images : et autres tĂ©moignages sur l'autisme [« Thinking in pictures and other reports from my life with autism »], Paris, O. Jacob, , 261 p. (ISBN 978-2-7381-0487-8, OCLC 37621631)
  • Gunilla Gerland (trad. Sigurd Amundsen, prĂ©f. Étienne-Henri Charamon), Une personne Ă  part entiĂšre [« En riktig mĂ€nniska »], Mougins, Autisme France diffusion, , 240 p. (ISBN 978-2-9517464-3-5, OCLC 469602613)
  • Daniel Tammet, Je suis nĂ© un jour bleu, Paris, Les ArĂšnes, (ISBN 978-2-290-01143-0)
  • Naoki Higashida, Sais-tu pourquoi je saute ? [« Jiheishƍ no Boku ga Tobihaneru RiyĆ« ~Kaiwa no Dekinai ChĆ«gakusei ga Tsuzuru Uchinaru Kokoro~ »], Paris, Les ArĂšnes, , 176 p. (ISBN 978-2352043522)
  • Hugo Horiot, L'empereur, c'est moi, Paris, L'Iconoclaste, , 205 p. (ISBN 978-2-913-36658-9)

Autres biographies

Littérature

Cinéma et télévision

De nombreux films — documentaires ou de fiction — et sĂ©ries mettent en scĂšne l'autisme :

  • Un enfant attend, film de fiction amĂ©ricain de John Cassavetes (1963).
  • Le Moindre Geste, Fernand Deligny et son Ă©quipe (1962 Ă  1964) Tournage amateur du quotidien avec les enfants sans/hors langage dans les CĂ©vennes ; fiction sur l'Ă©vasion de deux adolescents d'un asile et leur parcours.
  • L'Enfant sauvage de François Truffaut (1969) Le rĂ©alisateur aborde le cas d'un enfant dont le comportement Ă©voque l'autisme.
  • Ce gamin, lĂ  de Renaud Victor (1972-1976), rĂ©ponse Ă  L'Enfant sauvage de François Truffaut.
  • A Miracle of Love, par Glenn Jordan (1979). Un rĂ©sumĂ© de l'histoire de la crĂ©ation du programme Son-Rise et du traitement rĂ©ussi de Raun K Kaufman.
  • Pipicacadodo (titre original : Chiedo asilo) de Marco Ferreri (1980).
  • The Wall d'Alan Parker (1982). Bien que l'autisme n'en constitue pas le thĂšme central, le disque de Pink Floyd The Wall (1979) et le film d'Alan Parker qui en a Ă©tĂ© tirĂ© contiennent de trĂšs nettes allusions Ă  l'univers autistique.
  • Mario, film quĂ©bĂ©cois de Jean Beaudin (1984).
  • Rain Man de Barry Levinson (1989). ƒuvre de fiction inspirĂ©e d'un personnage rĂ©el, Kim Peek.
  • Silent Fall de Bruce Beresford (1994) Film policier oĂč un enfant autiste est le tĂ©moin du meurtre de ses parents.
  • Code Mercury de Harold Becker (1997) Film d'action avec Bruce Willis qui met en scĂšne un enfant autiste non verbal.
  • Cube de Vincenzo Natali (1997).
  • Molly de John Duigan (1999).
  • Hillbilly Eyes de Adam Feinstein (2002).
  • Les Diables de Christophe Ruggia (2002).
  • My Family and Autism, documentaire de Fran Landsman diffusĂ© sur la BBC Two le 30 juillet 2003.
  • L'autisme est un monde, tĂ©lĂ©film documentaire de Gerardine Wurzburg (2004).
  • Main Aisa Hi Hoon de Harry (2005).
  • Shen hai de Wen-Tang Cheng (2005).
  • Marathon de Jeong Yun-Cheol (2005). Film qui retrace fidĂšlement la vie d'un jeune homme autiste qui se prĂ©pare pour le marathon de SĂ©oul.
  • Mozart and the Whale (Crazy in love pour la diffusion en France) de Petter NĂŠss (2005). L'histoire d'un gĂ©nie des mathĂ©matiques qui tombe amoureux d'une experte en art et en musique. Leur amour est compromis par leurs syndromes d'Asperger respectifs.
  • The Boy Inside de Marianne Kaplan (2006).
  • Snow Cake de Marc Evans (2006). En plein hiver, Ă  Wawa en l'Ontario, Alex, un quinquagĂ©naire britannique plutĂŽt introverti, frappe Ă  la porte de Linda, une femme autiste.
  • Beautiful Son de Don King et Julianne King (2007).
  • Ben X de Nic Balthazar (Belgique, 2007) Film inspirĂ© d'un fait vĂ©cu : le suicide d'un jeune enfant avec syndrome d'Asperger, victime d'intimidation Ă  l'Ă©cole.
  • Elle s'appelle Sabine de Sandrine Bonnaire (janvier 2008). Portrait de l'une de ses sƓurs
  • Mon petit frĂšre de la lune, court mĂ©trage d'animation d'un parent d'enfant autiste. Le film le met en scĂšne par le regard de sa grande sƓur ; sur le blog de la Fondation Orange, 7 mai 2008.
  • Mary et Max d'Adam Elliot (2009). Film d'animation racontant l'histoire d'une relation par correspondance entre une jeune fille de 8 ans vivant en Australie et un homme de 44 ans de New York atteint du syndrome d'Asperger.
  • The Whole Truth, sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e amĂ©ricaine (2010), saison 1, Ă©pisode 10. Kelly Burne, jeune fille de 14 ans qui est autiste, voit un homme tirer sur sa mĂšre et dĂ©cide d'aller tĂ©moigner devant le juge au tribunal.
  • Temple Grandin, tĂ©lĂ©film amĂ©ricain de Mick Jackson (2010). Documentaire, portrait d'une femme autiste, docteure et enseignante, qui a rĂ©volutionnĂ© les pratiques de traitement des animaux dans les ranchs et les abattoirs.
  • Hors du langage, un territoire (2010) Documentaire sonore autour du lieu de vie initiĂ© par Fernand Deligny et quelques autres dans les CĂ©vennes, avec des enfants autistes.
  • Le Mur, film documentaire de Sophie Robert (septembre 2011).
  • Le Cerveau d'Hugo, documentaire-fiction de Sophie RĂ©vil (2012).
  • Touch, sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e amĂ©ricaine (2012-2013).
  • Le Monde de Nathan (2014) de Morgan Matthews
  • Presque comme les autres, de Renaud Bertrand avec Bernard Campan (2015).
  • DerniĂšres Nouvelles du cosmos, documentaire de Julie Bertuccelli (2016).
  • Good Doctor (sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e, 2017), sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e amĂ©ricaine (2017).
  • Atypical (sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e, 2017-2019), sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e originale de Netflix, qui consiste en un rĂ©cit initiatique d'un adolescent (Keir Gilchrist).
  • Rachel, l'autisme Ă  l'Ă©preuve de la justice, documentaire de Marion Angelosanto (2019).
  • Hors normes, comĂ©die dramatique rĂ©alisĂ© par Olivier Nakache et Éric Toledano, (2019).
  • Histoires d'amour et d'autisme, Ă©mission de tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ© australienne co-crĂ©Ă©e par Cian O'Clery (2019)
  • Astrid et RaphaĂ«lle, sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e policiĂšre franco-belge dont l'une des deux protagonistes principales, la documentaliste Astrid Nielsen, est autiste (2019).
  • Extraordinary Attorney Woo, sĂ©rie judiciaire corĂ©enne (읎상한 ëł€í˜žì‚Ź 우영우), dont la protagoniste est une avocate autiste, Woo Young-Woo (2022)

Bande dessinée

Notes et références

Notes

  1. Le DSM-IV prĂ©cise que ces derniers doivent ĂȘtre accompagnĂ©s d'un trouble dans au moins un des trois domaines suivants : les interactions sociales, le langage utilisĂ© dans la communication sociale, la symbolique ou les jeux d'imagination. Il exclut notamment le syndrome de Rett et le trouble dĂ©sintĂ©gratif de l'enfance : dĂ©finition exacte en anglais, traduction française
  2. Tableau présenté au sein de l'article Levy 2009 pour fins de diagnostic différentiel, la colonne « autism » est une sous-catégorie d'« autism spectrum disorders ». Dans la source que l'article du Lancet entend résumer (cet article) l'acception du mot autisme est précisée en se référant à Leo Kanner, mais il est bien précisé que la correspondance avec des critÚres du DSM IV est remise en cause.
  3. Laurent Mottron est professeur en psychiatrie, titulaire d'une chaire de neurosciences cognitives de l'autisme à l'Université de Montréal et dirige un programme sur l'autisme à l'hÎpital de RiviÚre-des-Prairies de Montréal.
  4. Jonas Melke, Hany Goubran-Botros, Pauline Chaste et Catalina Betancur, « Abnormal melatonin synthesis in autism spectrum disorders », Molecular Psychiatry, vol. 13, no 1,‎ , p. 90–98 (ISSN 1359-4184, PMID 17505466, PMCID 2199264, DOI 10.1038/sj.mp.4002016, lire en ligne, consultĂ© le ).
  5. « ils ont Ă©tĂ© soigneusement rangĂ©s dans un rĂ©frigĂ©rateur qui ne dĂ©congelait pas. Leur repli sur eux-mĂȘmes semble ĂȘtre une façon d'Ă©chapper Ă  cette situation en cherchant le rĂ©confort de la solitude ». De l'anglais : « the beginning to parental coldness, obsessiveness, and a mechanical type of attention to material needs only.... They were left neatly in refrigerators which did not defrost. Their withdrawal seems to be an act of turning away from such a situation to seek comfort in solitude. » Leo Kanner (1943) Nerv Child 2: 217–50. Reprinted in Kanner, L (1968) « Autistic disturbances of affective contact » Acta Paedopsychiatr. 35(4):100–36. PMID 4880460
  6. « On notera que la dĂ©finition qu’il donne de l’autisme concorde avec celle de Kanner (1943), laquelle exclut les handicapĂ©s et les arriĂ©rĂ©s mentaux. » Karen Zelan dans Perspectives : revue trimestrielle d’éducation comparĂ©e vol. XXIII, no 1-2, 1993, p. 83-100 ; Citation page 9-10 du pdf consultable en ligne ici
  7. Jacques Hochmann Un phĂ©nomĂšne social : l'autisme (source utilisĂ©e) il prĂ©cise ensuite : « Elles cherchent Ă  Ă©lucider les mĂ©canismes qu’utilise un enfant, privĂ©, pour toutes sortes de raisons, en grande partie biologiques, d’une communication normale avec son environnement, afin d’organiser sa reprĂ©sentation du monde. »
  8. L'Ă©tude de Brick, rĂ©alisĂ©e en 2000 dans le New Jersey (États-Unis), auprĂšs d'une population de 8 886 enfants donne 67,4/10 000 enfants appartenant au « spectre autistique ». (ensemble des troubles envahissants du dĂ©veloppement hors syndrome de Rett et trouble dĂ©sintĂ©gratif de l'enfance).

Références

  1. Bruno Gepner et C. Tardif, « Le monde va trop vite pour l'enfant autiste », La Recherche, no 436,‎ , p. 56 (lire en ligne).
  2. Brigitte Chamak et David Cohen, « L’autisme: vers une nĂ©cessaire rĂ©volution culturelle », M/S : mĂ©decine sciences, vol. 19, no 11,‎ , p. 1152-1159 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  3. François Medjkane et GisĂšle Apter, « ÉpigĂ©nĂ©tique et autisme. Entre innĂ© et acquis : un espace de convergence », L'information psychiatrique, vol. 9, no 90,‎ , p. 753-759 (DOI 10.1684/ipe.2014.1262, lire en ligne).
  4. Ashley M. Kopec, Maria R. Fiorentino et Staci D. Bilbo, « Gut-immune-brain dysfunction in autism : importance of sex », Brain Research,‎ (ISSN 1872-6240, PMID 29360468, DOI 10.1016/j.brainres.2018.01.009, lire en ligne, consultĂ© le ).
  5. Rachel Loomes, Laura Hull et William Polmear Locke Mandy, « What is the male-to-female ratio in autism spectrum disorder ? A systematic review and meta-analysis », Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, vol. 56, no 6,‎ , p. 466–474 (ISSN 1527-5418, PMID 28545751, DOI 10.1016/j.jaac.2017.03.013, lire en ligne, consultĂ© le ).
  6. Explication des changements (en) Autism Spectrum Disorder DSM V
  7. « Texte de la résolution adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU », Organisation des Nations unies, .
  8. « Autisme & convention des Nations Unies relatives aux droits des personnes handicapées », Autisme Europe, (consulté le ).
  9. Florian Forestier, « Comme un tremblement dans l’ĂȘtre au monde : L’autisme comme question adressĂ©e Ă  la phĂ©nomĂ©nologie », Annales de phĂ©nomĂ©nologie - Nouvelle sĂ©rie, vol. 19,‎ , p. 375-396 (lire en ligne).
  10. CIM-10 section F84
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  78. Le trouble dĂ©sintĂ©gratif de l’enfance est exclu du Trouble du Spectre de l'Autisme (TSA) dans le DSM-5. Diverses Ă©tudes ont relevĂ© des diffĂ©rences importantes entre ces deux troubles : une rĂ©gression importante ainsi que la prĂ©sence de symptĂŽmes physiques (notamment la perte du contrĂŽle sphinctĂ©rien) sont observĂ©es dans le trouble dĂ©sintĂ©gratif de l’enfance et non dans le trouble autistique.
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  131. « Tout au long de ce livre, je soutiens que le facteur qui précipite l'enfant dans l'autisme infantile est le désir de ses parents qu'il n'existe pas » Bruno Bettelheim, La Forteresse vide, p. 171
  132. « Dans un chapitre intitulĂ© « Le dĂ©fi de l’apprentissage » [de L’amour ne suffit pas, (1950)] il expose en dĂ©tail les mĂ©thodes Ă©ducatives employĂ©es Ă  l’École orthogĂ©nique, qui reposent sur des idĂ©es empruntĂ©es non seulement Ă  John Dewey, mais aussi Ă  Maria Montessori, et adaptĂ©es par Bettelheim. Celui-ci a reconnu le rĂŽle particuliĂšrement important jouĂ© par l’expĂ©rience sensorielle, en tant que prĂ©curseur de l’apprentissage intellectuel, dans l’éducation des jeunes autistes (1962) » Karen Zelan dans Perspectives : revue trimestrielle d’éducation comparĂ©e vol. XXIII, no 1-2, 1993, p. 83-100 ; Citation page 2 du pdf consultable en ligne ici
  133. « De la toute premiÚre à la derniÚre de mes publications je parle sans ambiguïté d'une condition congénitale. Mais parce que j'ai décrit les particularités de certains parents en tant qu'individus, on a sorti mes paroles de leur contexte pour me faire dire : Tout est de la faute des parents. » de l'anglais : « anglais : From the very first publication until the last, I spoke of this condition in no uncertain terms as "innate." But because I described some of the characteristics of the parents as persons, I was misquoted often as having said that "it is all the parents' fault. » 1969, Leo Kanner au meeting de l'Autism Society of America. (source)
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  139. « Ni rituel psychanalytique ni réductionnisme génétique ! » sur www.lemonde.fr/idees du 9 mars 2012, par Yehezkel Ben-Ari, neurobiologiste, Nouchine Hadjikhani, neuroscientifique et Eric Lemonnier, pédopsychiatre. « La prétention des psychanalystes de guérir cette maladie avec des séances de psychanalyse ne tient pas, car on ne peut pas ignorer la biologie. Le manque de fondement scientifique de cette branche et le fait qu'elle s'affranchit du minimum de preuves statistiques auxquelles sont astreints tous ceux qui veulent développer des traitements est inacceptable. »
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  142. Voir par exemple :
  143. ainsi Franck Ramus, professeur attachĂ© Ă  l'École normale supĂ©rieure en sciences cognitives, qui estime sur son blog qu'elle « ne permet de strictement rien conclure, ni quant Ă  l'efficacitĂ© de la prise en charge psychothĂ©rapique, ni quant Ă  des mĂ©canismes qui pourraient expliquer une Ă©ventuelle efficacitĂ© » cf. Franck Ramus, « Approches psychothĂ©rapiques de l'autisme : A propos d'une Ă©tude française de 50 cas », sur Blog de Franck Ramus, (consultĂ© le )
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Documents de la HAS

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  10. résumé

Voir aussi

Articles connexes

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