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Mouvement pour les droits des personnes autistes

Le mouvement pour les droits des personnes autistes, Ă©galement connu sous le nom de mouvement pour la culture autiste, est un mouvement social nĂ© Ă  la fin des annĂ©es 1980 sur l’initiative de personnes autistes revendiquant leur droit Ă  l'expression de la diversitĂ© humaine, tout en luttant contre l'exclusion. Les idĂ©es centrales de ce mouvement dâ€Čautonomisation sont de participer Ă  l'auto-soutien des personnes autistes, et de dĂ©fendre la neurodiversitĂ©, en refusant les politiques eugĂ©nistes et les reprĂ©sentations nĂ©gatives en matiĂšre d'autisme. L'idĂ©e d'une « guĂ©rison de l'autisme Â» est remise en cause. Ce mouvement recherche une meilleure comprĂ©hension entre personnes autistes et non autistes, ainsi que leur droit Ă  vivre dignement au sein de la sociĂ©tĂ©, avec les particularitĂ©s dues aux troubles du spectre de l'autisme (TSA). Certains militants souhaitent pouvoir exprimer librement des comportements dus Ă  l'autisme, tels que le refus de sociabilisation et les stĂ©rĂ©otypies. D'autres soutiennent les interventions permettant de rĂ©duire ou de supprimer ces comportements. En 2004, l'association Aspies For Freedom a demandĂ© la reconnaissance de la communautĂ© autiste en tant que minoritĂ© culturelle. Depuis 2008, l'ONU a dĂ©fini les droits des personnes autistes grĂące Ă  la convention relative aux droits des personnes handicapĂ©es, signĂ©e par 160 pays en 2016.

Symbole de l'infini aux couleurs de l'arc-en-ciel.
Un symbole de l'infini aux couleurs de l'arc-en-ciel symbolise le spectre autistique et le mouvement de la neurodiversité.

Le mouvement compte de multiples associations, principalement de droit amĂ©ricain, dont la premiĂšre est lâ€ČAutism Network International, fondĂ©e en 1991. La premiĂšre association francophone, SATEDI, est enregistrĂ©e en 2004. En plus des messages adressĂ©s aux personnes non autistes et aux professionnels de santĂ© pour mieux partager leur subjectivitĂ©, les personnes autistes souhaitent participer aux politiques de santĂ© publique qui les concernent, et organisent des rĂ©unions Ă©vĂ©nementielles par et pour leur communautĂ©. Lâ€ČAutistic Pride Day, ou « journĂ©e de la fiertĂ© autiste Â», a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 2005. Une multitude de sites web, des vidĂ©os et une abondante blogosphĂšre sont consacrĂ©s Ă  ce mouvement. Temple Grandin fut la premiĂšre personne impliquĂ©e, aux États-Unis. Elle est suivie par Jim Sinclair, Donna Williams en Australie, Michelle Dawson au Canada, plus rĂ©cemment Josef Schovanec en France. Le militantisme en ce domaine reste surtout anglo-saxon. Certains chercheurs et professionnels de santĂ© du domaine de l'autisme, notamment Tony Attwood et Laurent Mottron, soutiennent eux aussi la reconnaissance de l'autisme comme une diffĂ©rence plutĂŽt qu'une maladie Ă  combattre.

Ces revendications font l'objet de critiques issues d'horizons variĂ©s, principalement de parents d'enfants autistes, mais aussi d'autres militants et de professionnels de santĂ©. Ils soulignent des dĂ©rives communautaristes, le comportement de militants qui nourrissent un sentiment de supĂ©rioritĂ©, des sur-diagnostics ou auto-diagnostics d'autisme, et la nĂ©cessitĂ© du « soin Â» pour le bien-ĂȘtre et l'avenir des enfants autistes plus lourdement handicapĂ©s. Les problĂšmes mĂ©dicaux et sociaux rencontrĂ©s dans l'accompagnement des personnes autistes moins fonctionnelles sont souvent cachĂ©s ou minimisĂ©s par ce mouvement.

DĂ©finition et description

Des enfants portant une banniĂšre, suivis par des adultes.
L'expression « Différents, mais pas inférieurs ! Nous sommes unis » (« Different, not less! We are unified », en anglais), pendant le mois de sensibilisation à l'autisme (Autism Awareness Month).

Ce mouvement social est nĂ© dans les pays anglo-saxons, sous le nom anglais de Autism Rights Movement[1], abrĂ©gĂ© « ARM Â». En français, on parle de « mouvement pour les droits des personnes autistes », pour la « culture autiste Â», ou encore de « mouvement pour la neurodiversitĂ© Â»[2]. À la fois identitaire et culturel, ce mouvement ne recherche pas les causes mĂ©dicales de l'autisme, mais celles de l'exclusion sociale des personnes autistes[3], en s'appuyant sur le modĂšle social du handicap[4] - [5]. La situation de handicap est supposĂ©e ĂȘtre causĂ©e par le rejet de la diffĂ©rence (vue comme de la folie ou de l'idiotie), et par les hypo ou hypersensibilitĂ©s sensorielles des personnes autistes[6]. De ce point de vue, les personnes qui s'Ă©cartent de la norme ne devraient pas ĂȘtre corrigĂ©es mĂ©dicalement[7]. Une grande partie des militants cherchent Ă  ne plus ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des patients Ă  soigner[8]. Un slogan du mouvement est « rien pour nous sans nous »[9] (en anglais, nothing about us, without us), signifiant le dĂ©sir de contribuer activement Ă  la recherche scientifique et aux politiques de santĂ© publique en matiĂšre d'autisme[10].

Le mouvement vise la dĂ©fense des droits des autistes par l'auto-soutien (self-advocacy) et lâ€Čautonomisation (empowerment), Ă  travers la constitution d'une communautĂ© et l'augmentation de sa visibilitĂ© publique, tout en luttant contre le modĂšle mĂ©dical de l'autisme, qui dĂ©finit l'autisme comme une maladie, du moins comme un trouble Ă  corriger. Les militants re-dĂ©finissent l'autisme comme une diffĂ©rence, qui peut ĂȘtre source de fiertĂ©[3] - [11]. Ils s'inscrivent dans la lignĂ©e des mouvements pour les droits des personnes handicapĂ©es[3] et les droits de l'homme revendiquĂ©s par les minoritĂ©s, Ă  travers la dĂ©fense d'une culture autiste, et la demande adressĂ©e Ă  la sociĂ©tĂ© d'« accepter [les personnes autistes] comme elles sont ». D'aprĂšs la journaliste scientifique Bijal Trivedi, l'organisation d’évĂ©nements internationaux, durant lesquels dĂ©filent des personnes revendiquant leur « fiertĂ© d'ĂȘtre autistes Â», s'apparente, dans ses idĂ©es et son dĂ©roulement, Ă  des Ă©vĂ©nements comme la Gay Pride, organisĂ©e par les personnes homosexuelles[12].

D'aprĂšs la sociologue française Brigitte Chamak, l'idĂ©e centrale de ce mouvement est la revendication du concept de neurodiversitĂ© au sein d'associations de personnes autistes, et le changement de dĂ©finition de l'autisme, vu comme un mode de fonctionnement cognitif alternatif qui ne demande aucun traitement[13]. Ce mouvement est Ă  l'origine de la crĂ©ation et de la diffusion de nouveaux mots et concepts, tels que celui de « neurodiversitĂ© Â», l'expression « neurotypique Â» pour dĂ©signer les personnes non autistes, et des diminutifs, comme « Aspie Â» pour les personnes avec syndrome d'Asperger, et « Autie Â» pour les personnes ayant un autisme classique[3]. Il dĂ©fend l'idĂ©e selon laquelle l'humanitĂ© a besoin de la neurodiversitĂ© apportĂ©e par les personnes autistes, de la mĂȘme maniĂšre qu'elle a besoin de biodiversitĂ©[3]. Un certain humour est omniprĂ©sent, apparaissant en contraste avec l'idĂ©e gĂ©nĂ©rale selon laquelle les personnes autistes en manqueraient[3].

Chamak note Ă©galement que le mouvement vise Ă  modifier la culpabilitĂ© en matiĂšre d'autisme, en passant du modĂšle mĂ©dical qui blĂąme la personne autiste elle-mĂȘme pour son comportement, au modĂšle social accusant le systĂšme et la sociĂ©tĂ©. Cette accusation contre la sociĂ©tĂ© est globalement partagĂ©e par tous les acteurs du mouvement[6] : le sociologue amĂ©ricain David A. Snow l'analyse comme Ă©tant centrale dans la participation des groupes d'auto-soutien, dans la mesure oĂč elle permet aussi de changer positivement l'image que les personnes concernĂ©es se font d'elles-mĂȘmes[14]. Certains militants parviennent Ă  redĂ©finir leur identitĂ© en participant Ă  ce mouvement, et deviennent eux-mĂȘmes des spĂ©cialistes de l'autisme[6]. Chamak souligne le dĂ©veloppement d’une identitĂ© collective, qui « se forge Ă  travers la transformation des problĂšmes individuels en cause collective »[2]. Pour Anne M. Lovell, Nicolas Henckes, AurĂ©lien Troisoeufs et Livia Velpry, les associations et rĂ©seaux constituent un milieu qui permet Ă  leurs membres et participants de passer de la stigmatisation Ă  ce que le sociologue et linguiste amĂ©ricain Erving Goffman nomme la « stigmaphilie Â»[15], c'est-Ă -dire de se rĂ©approprier de maniĂšre positive des caractĂ©ristiques Ă©tiquetĂ©es nĂ©gativement par les « normaux Ȥ 9_16-0">[16]. Le mouvement participe de la « biosocialitĂ© », une notion proposĂ©e par l'anthropologue amĂ©ricain Paul Rabinow[17] - [18] afin de rendre compte de l'Ă©mergence de « nouvelles formes d'associations avec d'autres individus sur la base du partage d'une catĂ©gorie dĂ©finie par la mĂ©decine Ȥ 9_16-1">[16]. Le but de tous les mouvements de ce type est gĂ©nĂ©ralement de dĂ©finir un nouveau contrat entre sciences et sociĂ©tĂ©[19].

L'utilisation d'Internet est essentielle dans la diffusion de ces idées[20] - [21], l'absence de bruits parasites et la non-nécessité d'un contact visuel rendant l'usage du Web plus attrayant[9]. En 1999, l'activiste autiste néerlandais Martijn Dekker avance qu'Internet est aux personnes autistes ce que la langue des signes est aux personnes sourdes. Brigitte Chamak voit également un lien entre le mouvement pour la culture sourde et celui de la culture autiste[3].

Droits applicables aux personnes autistes

  • États partis Ă  la Convention
  • États ayant signĂ©, mais non ratifiĂ© la Convention
  • États non signataires

L'autisme Ă©tant reconnu par l'ONU comme un handicap, les autistes bĂ©nĂ©ficient de droits internationaux depuis le , date de l'entrĂ©e en vigueur de la Convention relative aux droits des personnes handicapĂ©es. Elle garantit le respect de leur dignitĂ© intrinsĂšque, de leur autonomie individuelle, de leur libertĂ© de choix, de leur participation Ă  la sociĂ©tĂ©, de leur diffĂ©rence, l’acceptation « comme faisant partie de la diversitĂ© humaine et de l’humanitĂ© » et, enfin, le droit Ă  prĂ©server leur identitĂ©[22]. En 2016, 160 pays sont signataires de cette convention. Le , un rapport spĂ©cial est remis. La rapporteuse y prĂ©sente une Ă©tude thĂ©matique sur le droit des personnes handicapĂ©es, y compris autistes, Ă  participer aux prises de dĂ©cisions qui les concernent. Le point 36 stipule que les organisations reprĂ©sentatives « doivent ĂȘtre reconnues par le secteur qu’elles prĂ©tendent reprĂ©senter, et peuvent mettre en Ɠuvre diverses stratĂ©gies pour promouvoir leurs objectifs » (de plaidoyer, de sensibilisation, des prestations de services et de soutien par les pairs). Le point 37 souligne le rĂŽle jouĂ© par la convention dans l'accĂ©lĂ©ration de « la crĂ©ation d’organisations composĂ©es de personnes atteintes d’un handicap mental ou d’autisme ou d’autres personnes qui dĂ©fendent elles-mĂȘmes leurs droits et peuvent avoir besoin d’un accompagnement poussĂ© pour pouvoir exprimer leurs vues », et signale qu'« au sein de ces organisations, le rĂŽle des parents devrait s’orienter de plus en plus vers la prestation d’un appui, les personnes handicapĂ©es ayant les pleins pouvoirs ». Le rapport insiste Ă©galement sur la nĂ©cessitĂ© de distinguer les organisations « de » personnes handicapĂ©es de celles « pour » les personnes handicapĂ©es, qui s'expriment en leur nom, et sur les tensions qui en dĂ©coulent en matiĂšre de lĂ©gitimitĂ©, choix, contrĂŽle et allocation des ressources. Il recommande que les États veillent « Ă  promouvoir la participation vĂ©ritable des personnes handicapĂ©es aux processus de prise de dĂ©cisions »[23].

Dans l'Union européenne, l'association Autisme Europe a présenté, lors de son 4e CongrÚs qui s'est tenu à La Haye le [24], un projet de Charte européenne des droits des personnes autistes[25]. Le Parlement européen l'a adoptée le , mais sous la forme d'une déclaration écrite[24], de sorte qu'elle est dépourvue de portée normative[26]. En 1999, le chercheur américain en éducation spécialisée Michael Wehmeyer soutenait le droit à l'autodétermination des étudiants autistes[27].

Histoire

portrait d'un vieil homme.
Le neurologue britannique Oliver Sacks a contribué à faire connaßtre positivement les différences des personnes autistes.

En raison de l'histoire de l'autisme, la crĂ©ation du mouvement pour les droits des personnes autistes est beaucoup plus rĂ©cente que celle des associations de parents d'enfants autistes[11]. Leo Kanner, premier psychiatre Ă  dĂ©crire l'autisme en 1943, le considĂšre comme une forme de psychose infantile rare, associĂ©e Ă  un mutisme ou Ă  des troubles graves du langage, proche de la schizophrĂ©nie, et causĂ©e par une mauvaise relation avec les parents. D'aprĂšs Steve Silberman, cette vision incompatible avec une quelconque notion de « fiertĂ© autiste Â»[28] contribue Ă  nourrir un sentiment de honte et une stigmatisation des familles concernĂ©es[29]. Elle est reprise par Bruno Bettelheim qui, sous l'influence de son expĂ©rience des camps de concentration nazis et de la psychanalyse, trĂšs prĂ©sente Ă  l'Ă©poque aux États-Unis, dĂ©finit l'autisme comme une maladie infantile psychogĂšne, causĂ©e par une « mĂšre rĂ©frigĂ©rateur Â». Il dĂ©veloppe la notion de parentalitĂ© toxique qui, jusque dans les annĂ©es 1980, sert de rĂ©fĂ©rentiel aux interventions en autisme[29]. D'aprĂšs le neuropathologue Manuel F. Casanova et son Ă©quipe, « le rĂ©sultat final de ces ruminations psychanalytiques fait supporter aux personnes autistes le poids d'interventions mal avisĂ©es menant Ă  l'isolement de leurs proches, et en fait les cibles de pratiques invasives »[Trad 1] - [30].

En rĂ©action aux thĂ©ories psychanalytiques, un courant behavioriste, initiĂ© par le psychologue norvĂ©gien Ole Ivar LĂžvaas, conduit de nombreux parents et professionnels de santĂ© Ă  considĂ©rer la normalisation ou la guĂ©rison des enfants autistes comme la seule option souhaitable[31] - [30], une idĂ©e illustrĂ©e par la crĂ©ation de rĂ©seaux et d'Ă©vĂ©nements comme Defeat Autism Now! (Vaincre l'autisme maintenant !, abrĂ©gĂ© DAN)[32], et la crĂ©ation d'associations comme Vaincre l'autisme, dont l'un des objectifs statutaires est d'« Ă©radiquer l'autisme »[33]. Les premiers militants pour les droits des personnes autistes rencontrent une forte rĂ©sistance de la part des professionnels de santĂ©, qui se basent uniquement sur le modĂšle mĂ©dical[5]. Les divers mouvements pour dĂ©fendre les droits des minoritĂ©s et les prĂ©cĂ©dents groupes d'auto-soutien concernaient les handicaps physiques, puis mentaux, aprĂšs avoir Ă©tĂ© initiĂ©s par les alcooliques anonymes en 1935[34] - [19]. Ce mouvement trouve aussi ses sources dans l'antipsychiatrie, qui prĂŽne l'arrĂȘt des traitements coercitifs, la libertĂ© de mouvement des personnes institutionnalisĂ©es, et s'appuie Ă©galement sur le modĂšle social du handicap[30] - [35].

Pour Brigitte Chamak, « si les mouvements des personnes handicapĂ©es ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s comme la derniĂšre gĂ©nĂ©ration des mouvements sociaux, les actions des personnes autistes peuvent ĂȘtre envisagĂ©es comme la derniĂšre gĂ©nĂ©ration des mouvements de personnes handicapĂ©es »[8].

Intégration de l'autisme à haut niveau de fonctionnement

En 1981, la psychiatre britannique Lorna Wing rĂ©actualise les travaux oubliĂ©s du mĂ©decin autrichien Hans Asperger. Elle dĂ©montre l'existence d'une continuitĂ© dans le « spectre autistique Â», des personnes adolescentes et adultes sans troubles du langage pouvant Ă©galement ĂȘtre autistes[28]. D'aprĂšs Brigitte Chamak, cet Ă©largissement des critĂšres diagnostiques de l'autisme, permettant l'inclusion de personnes « sans dĂ©ficience intellectuelle Â» au sein de la notion de Troubles envahissants du dĂ©veloppement (TED, crĂ©Ă©e dans la CIM-10 en 1990), est dĂ©terminant dans la crĂ©ation du mouvement pour les droits des personnes autistes, dans la mesure oĂč l'autisme Ă©tait auparavant considĂ©rĂ© comme un trouble rare ne concernant que des enfants sans langage[3]. Cela permet Ă  des adultes (y compris surdouĂ©s), comme Temple Grandin, de se re-dĂ©finir comme Ă©tant autistes (plus prĂ©cisĂ©ment sous les formes dites du syndrome d'Asperger et de l'autisme Ă  haut niveau de fonctionnement), plutĂŽt que comme « psychotiques Â» ou « dĂ©sĂ©quilibrĂ©s Â»[36]. Il s'ensuit un fort accroissement du nombre de diagnostics d'autisme[37].

D'aprĂšs Chamak, « cette Ă©tiquette, si stigmatisante jusque-lĂ , devenait un Ă©tendard pour des personnes fiĂšres de revendiquer le qualificatif d’autisme et dĂ©cidĂ©es Ă  en changer les reprĂ©sentations, refusant la vision nĂ©gative et pessimiste et les descriptions perçues comme insultantes, que les professionnels, les mĂ©dias ou les parents faisaient de l’autisme »[8].

Effet Rain Man

Dustin Hoffman recevant l'Oscar.
Dustin Hoffman pendant la réception de son Oscar du meilleur acteur pour son rÎle dans Rain Man, en 1989.

À la mĂȘme Ă©poque, la sortie du film Rain Man (1988) entraĂźne une fascination pour l'autisme savant, conduisant Ă  revaloriser l'image des autistes auprĂšs du grand public dans les pays occidentaux, qui en vient parfois Ă  considĂ©rer l'autisme comme une forme de gĂ©nie potentielle[38]. Au dĂ©but des annĂ©es 1990, pour la majoritĂ© du monde mĂ©dical comme pour le grand public, l'autisme constitue toujours une maladie infantile grave. La premiĂšre publication vulgarisĂ©e prĂ©sentant le syndrome d'Asperger paraĂźt en 1989. Les sites web traitant d'autisme, Ă  l'Ă©poque, tenus par des associations de parents, ne prĂ©sentent que l'autisme infantile. L'existence d'adultes autistes reste presque inconnue[39]. L'« effet Rain Man » influence des chercheurs et professionnels de l'autisme, qui ouvrent leur champ de recherche aux personnes « sans dĂ©ficience intellectuelle », et rĂ©visent les classifications internationales dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux[40] (DSM). D'aprĂšs le sociologue amĂ©ricain Gil Eyal, ce phĂ©nomĂšne favorise l'acceptation du syndrome d'Asperger dans les classifications mĂ©dicales, ainsi que la mĂ©diatisation des « autistes de gĂ©nie »[41]. Steve Silberman souligne l'importance et la rapiditĂ© de ces changements de sociĂ©tĂ© en matiĂšre de perception de l'autisme, survenus en un temps trĂšs court, entre autres sous l'influence d'Oliver Sacks[42].

Interventions de Temple Grandin

C'est dans ce cadre que Temple Grandin, alors presque inconnue, prend la parole en s'identifiant comme autiste, lors d'une confĂ©rence en Caroline du Nord, en 1989, pour tĂ©moigner que les personnes autistes peuvent connaĂźtre le succĂšs professionnel grĂące aux particularitĂ©s dues Ă  leur autisme, comme la pensĂ©e visuelle. Elle plaide pour la reconnaissance de l'autisme en tant que handicap, plutĂŽt que comme maladie mentale. Cette intervention, trĂšs apprĂ©ciĂ©e et largement suivie[43] d'aprĂšs Silberman, contribue Ă  « briser des dĂ©cennies de honte et de stigmatisation »[44]. Pour de nombreux professionnels de santĂ© de l'Ă©poque, l'existence d'une personne autiste adulte, titulaire d'un doctorat et menant une carriĂšre professionnelle fructueuse, semble impossible. Certains remettent en cause la persistance de sa condition d'autiste[44]. Son autobiographie, parue trois ans auparavant (1986), Emergence (traduite en français en sous le titre Ma vie d'autiste[45]), est prĂ©facĂ©e par Bernard Rimland, qui la prĂ©sente comme « le premier livre Ă©crit par une personne qui a guĂ©ri de l'autisme »[44] - [46]. Par la suite, Temple Grandin tĂ©moigne de ses particularitĂ©s neurologiques et sensorielles, expliquant son succĂšs non par une « guĂ©rison Â» de l'autisme, mais par un apprentissage continu des normes sociales[44]. Elle dĂ©clare refuser toute possibilitĂ© de guĂ©rison de son autisme, cette condition faisant partie de son identitĂ©[47]. Elle dĂ©fend l'existence du continuum des TSA, et s'oppose Ă  l'Ă©radication des gĂšnes de l'autisme Ă  l'occasion de discours adressĂ©s Ă  des parents et des professionnels de santĂ©[48] :

« Ils devraient se demander pourquoi Dieu ou la nature a créé des conditions aussi terribles que l'autisme, les maniaco-dépressions et la schizophrénie. Toutefois, si les gÚnes qui causent ces conditions étaient éliminés, il y aurait un prix terrible à payer[Trad 2]. »

— Temple Grandin

Elle devient de fait la premiÚre militante pour les droits des autistes[41]. Le neurologue britannique Oliver Sacks dresse dans ses ouvrages L'Homme qui prenait sa femme pour un chapeau et Un anthropologue sur Mars des portraits sensibles de certaines personnes autistes remarquables[42], en particulier celui de Temple Grandin, qu'il rencontre en 1991 aprÚs avoir douté qu'elle soit bien l'auteur de son autobiographie[49]. D'aprÚs Silberman, « aprÚs cinquante ans d'études de cas présentant les personnes autistes comme des robots ou des imbéciles, Sacks a présenté Grandin dans toute la grandeur de son humanité »[50]. AprÚs cette publication, Sacks reçoit de trÚs nombreux courriers de personnes qui se reconnaissent ou reconnaissent leurs proches ou leurs collÚgues comme des adultes autistes, grùce au portrait qu'il a fait de Temple Grandin[47].

CrĂ©ation de lâ€ČAutism Network International

Le mouvement pour les droits des personnes autistes trouve son origine dans l'expression des personnes diagnostiquĂ©es comme autistes dans le monde anglo-saxon, notamment Temple Grandin et l'Australienne Donna Williams, qui a rĂ©digĂ© son autobiographie Nobody Nowhere (Si on me touche, je n'existe plus) en 1992, six ans aprĂšs celle de Grandin. D'aprĂšs Brigitte Chamak, ces Ă©crits ont contribuĂ© Ă  construire une « identitĂ© autiste » et ont Ă©tĂ© largement diffusĂ©s sur Internet (en anglais dans un premier temps), entre personnes autistes[13] qui ont reconnu dans ces portraits la nature de leur sensation d'ĂȘtre diffĂ©rentes[11].

En 1984, Jim Sinclair, rĂ©cemment diagnostiquĂ© autiste « Ă  haut niveau de fonctionnement », s'inscrit aux infolettres de parents rattachĂ©s Ă  lâ€ČAutism Society of America (ASA), qui avaient eux aussi rencontrĂ© des difficultĂ©s Ă  obtenir le diagnostic pour leurs enfants verbaux[51]. Il rencontre d'autres adolescents et jeunes adultes autistes[52], dont Donna Williams, et initie avec eux une sĂ©rie d'Ă©changes sur le Web Ă  la fin des annĂ©es 1980, notamment sur des forums de discussion crĂ©Ă©s par des associations de parents[8]. Il donne Ă©galement des confĂ©rences sur invitation de l'ASA, afin de partager son point de vue sur l'autisme[53]. La crĂ©ation de l'ANI (Autism Network International), premiĂšre association de personnes autistes, remonte Ă  1991, en rĂ©action au traitement du groupe de Jim Sinclair par l'ASA, jugĂ© irrespectueux et paternaliste[8]. D'aprĂšs Silberman, les membres fondateurs de l'ANI ont tous Ă©tĂ© diagnostiquĂ©s avec un autisme lourd ou sĂ©vĂšre dans l'enfance, ce qui ne les a pas empĂȘchĂ©s de progresser ni de suivre avec succĂšs des cursus universitaires[54]. Ils conçoivent leurs premiers slogans, tels que « Je ne suis pas Ă©trange, je suis autiste »[Trad 3], et « J'ai survĂ©cu aux modifications de mon comportement »[Trad 4] - [55]. Peu aprĂšs la crĂ©ation de l'ANI, Jim Sinclair fait l'objet d'attaques de la part de membres de l'ASA quant Ă  la rĂ©alitĂ© de son autisme[56] - [6], ce qui, d'aprĂšs Brigitte Chamak, rĂ©sulte d'une tentative de discrĂ©diter son action[8].

Les premiĂšres actions de l'ANI visent Ă  faire part de l'expĂ©rience de vie avec l'autisme, et Ă  favoriser l'intercomprĂ©hension entre personnes autistes et non autistes[11]. Le premier numĂ©ro du journal Our Voice (« Notre Voix Â») paraĂźt en [8], principalement Ă  destination d'un public de parents d'autistes et de professionnels de santĂ©[56]. En juin 1993, Jim Sinclair prononce un discours adressĂ© aux parents d'enfants autistes, pendant une confĂ©rence internationale Ă  Toronto, dont l'idĂ©e centrale est que l'autisme fait partie intĂ©grante de l'identitĂ© de la personne :

« L'autisme est une maniĂšre d'ĂȘtre. [...] Il n'est pas possible de sĂ©parer la personne de l'autisme[Trad 5]. »

— Jim Sinclair, Ne nous pleurez pas[57]

Ce discours fortement médiatisé[3] fait office de manifeste pour la communauté autiste naissante, et d'aprÚs Silberman, « change le cours de l'histoire »[58]. Alors que l'expression de ce mouvement était réduite à une poignée de personnes, parmi lesquelles des parents d'autistes[7], un fort développement se produit entre 1993 et 1994 grùce au discours de Jim Sinclair. L'ANI récupÚre de nombreux nouveaux adhérents. En 1994, le forum de l'ASA recevant trop de messages adressés à l'ANI, l'association crée son propre forum. AprÚs une conférence d'enfants autistes organisée par leurs parents en 1995, une conférence organisée de maniÚre autonome par des personnes autistes, Autreat, voit le jour en 1996[59].

Prise de conscience politique et naissance de la culture autiste

Le nombre de sites web crĂ©Ă©s par des personnes autistes augmente nettement Ă  partir du milieu des annĂ©es 1990, entraĂźnant une diffusion plus large des idĂ©es du mouvement[60]. De nouvelles listes de discussion se crĂ©ent, dont celle du NĂ©erlandais Martijn Dekker qui lance Independant Living on the Autism Spectrum (InLv), accueillant notamment le journaliste du New York Times Harvey Blume, un pionnier de la neurodiversitĂ©, en 1997[61]. Ces Ă©changes entre personnes autistes quant aux attaques et difficultĂ©s dont elles sont victimes permettent une prise de conscience politique, puis l'Ă©closion d'une culture propre et d'un vocabulaire spĂ©cifique, le tout marquĂ© par l'usage du « nous Â»[13]. Avec l'augmentation du nombre de diagnostics d'autisme Asperger et Ă  haut niveau de fonctionnement, il s'ensuit une prise de conscience progressive d'appartenance Ă  une « communautĂ© autiste », renforcĂ©e par le dialogue sur Internet[62] :

« En partageant leurs rĂ©cits de vie, ils [les adultes autistes rĂ©cemment diagnostiquĂ©s] ont dĂ©couvert que la plupart des dĂ©fis auxquels ils font face quotidiennement ne sont pas dus aux « symptĂŽmes Â» de leur autisme, mais Ă  des souffrances imposĂ©es par une sociĂ©tĂ© qui refuse des adaptations de base en faveur des personnes avec handicaps cognitifs, comme elle en fait pourtant en direction des personnes avec handicaps physiques, tels que la surditĂ© ou la cĂ©citĂ©[Trad 6]. »

— Steve Silberman, NeuroTribes[63].

En 1999, Judy Singer crĂ©e son site web de dĂ©fense de la « neurodiversitĂ© Â», et « analyse le dĂ©veloppement de l'identitĂ© autiste comme le dĂ©fi Ă  relever pour le mouvement des personnes prĂ©sentant un handicap »[13]. L'idĂ©e d'auto-soutien (self-advocacy) est Ă©galement trĂšs rĂ©cente, ne remontant pas au-delĂ  de 2003[7]. En 2001, Steve Silberman Ă©crit l'article The Geek Syndrome (« Le Syndrome geek Â») dans Wired, portant sur la prĂ©sence frĂ©quente du syndrome d'Asperger chez les ingĂ©nieurs de la Silicon Valley. Cet article est considĂ©rĂ© comme significatif dans le changement de perception de l'autisme. Il influence fortement la communautĂ© autiste des États-Unis[64]. Silberman reçoit par la suite de trĂšs nombreux courriels d'ingĂ©nieurs de la Silicon Valley et de leur famille, tĂ©moignant que son article leur a permis de comprendre qu'ils sont porteurs de traits autistiques transmis gĂ©nĂ©tiquement Ă  leurs enfants[65]. Des employeurs du domaine de l'informatique, entre autres Microsoft, tĂ©moignent du fait que certains de leurs meilleurs ingĂ©nieurs sont autistes[66].

En 2004, deux adolescents, Alex Plank et Dan Grover, mettent en ligne Wrong Planet, qui constitue, d'aprĂšs Silberman, l'un des premiers espaces web destinĂ©s Ă  accueillir des autistes. Tous deux sont des enfants du numĂ©rique, Alex Plank Ă©tant Ă©galement un contributeur rĂ©gulier Ă  WikipĂ©dia en anglais. Le site attire trĂšs rapidement de nombreux jeunes autistes[67]. La confĂ©rence Autreat organisĂ©e cette mĂȘme annĂ©e accueille des participants venus de nombreux pays, en plus des États-Unis, du Royaume-Uni et du Canada, oĂč le mouvement a historiquement dĂ©marrĂ©. Entre autres, ils viennent d'Australie, de Finlande, d'IsraĂ«l, du Japon, de Nouvelle-ZĂ©lande et de NorvĂšge[8]. La mĂȘme annĂ©e, The New York Times consacre un article Ă  ce mouvement[68]. Amy Nelson, fondatrice de l'association Aspies For Freedom (AFF), rĂ©dige et met en ligne un communiquĂ© de presse le sur PRWeb. Elle y demande que l'ONU reconnaisse la communautĂ© autiste comme groupe communautaire[69]. L'image de l'autisme fait l'objet d'une valorisation, symbolisĂ©e par la crĂ©ation en juin 2005 de lâ€ČAutistic Pride Day, ou jour de la fiertĂ© autiste, sous l'impulsion d'AFF[13]. En 2007, la vidĂ©o d'une femme autiste non verbale capable de taper 120 mots Ă  la minute, Amanda Baggs, est diffusĂ©e sur CNN, puis vue plus d'un million de fois sur YouTube. Elle y demande la libertĂ© de pouvoir exprimer sa joie de vivre avec ses auto-stimulations autistiques, sans susciter de sentiment de pitiĂ©[70]. L'expression du mouvement s'effectue essentiellement sur Internet, Ă  travers des vidĂ©os YouTube, ou encore un environnement dĂ©diĂ© dans Second Life, l’üle virtuelle Brigadoon, fondĂ©e par John Lester en 2005[9].

En fin d'annĂ©e 2007, d'aprĂšs Silberman, les actions de lâ€ČAutistic Self Advocacy Network, lancĂ©es et gĂ©rĂ©es directement par des personnes autistes, constituent le premier exemple d'association d'auto-soutien par et pour des autistes[71]. La publication de nouvelles autobiographies contribue Ă  mieux faire connaĂźtre le point de vue des personnes autistes[72], notamment Je suis nĂ© un jour bleu et Embrasser le ciel immense de Daniel Tammet, traduits en français respectivement en 2007 et 2009. Je suis Ă  l'Est ! de Josef Schovanec, paru en 2012, devient l'un des premiers succĂšs de librairie ayant pour langue originale le français[73] - [74]. En 2015, l'Ă©crivain-journaliste Steve Silberman publie NeuroTribes, un essai en faveur de la neurodiversitĂ©[75], qui devient un succĂšs de librairie dans le monde anglo-saxon[76] et obtient une couverture mĂ©diatique considĂ©rable. L'ouvrage fait rĂ©agir la communautĂ© scientifique[77] - [78]. Il prĂ©sente les personnes autistes de maniĂšre positive, plaidant pour le refus de l'eugĂ©nisme et davantage d'ouverture Ă  l'altĂ©ritĂ©[79] - [76].

Boycott dâ€ČAutism Speaks

Portrait d'un homme aux cheveux gris
John Elder Robison, auteur et militant autiste, a dĂ©missionnĂ© en 2013 du comitĂ© directeur dâ€ČAutism Speaks.

Autism Speaks (AS, l'« Autisme parle Â») est la plus importante des associations de l'autisme dans le monde[63]. CrĂ©Ă©e Ă  l'origine aux États-Unis par des parents d'enfants autistes pour soutenir financiĂšrement la recherche, elle est souvent critiquĂ©e pour donner une image nĂ©gative et alarmiste des TSA, ainsi que pour ignorer et exclure la position des personnes autistes[80]. Stephen M. Shore a dĂ©veloppĂ© des outils pour cette association, et a fait partie du comitĂ© d'Ă©tude pour l'Ă©laboration du DSM-5[81]. En 2013, John Elder Robison, alors seul membre autiste au comitĂ© directeur dâ€ČAutism Speaks, dĂ©missionne en protestation contre un Ă©ditorial publiĂ© par Suzanne Wright, la cofondatrice, proclamant que les familles concernĂ©es par l'autisme vivent dans le « dĂ©sespoir » et la « peur de l'avenir »[82] - [83].

Autism Speaks est Ă  l'origine de trois films qui ont soulevĂ© l'opposition de la communautĂ© autiste, notamment le documentaire Autism Every Day (L'Autisme au quotidien)[84]. En raison de ces nombreuses rĂ©clamations, Autism Speaks a fait l'objet de campagnes de protestation organisĂ©es par des personnes autistes[85] - [86], gĂ©nĂ©ralement par l'association Autistic Self Advocacy Network[87] (ASAN). En 2013, une association nouvellement crĂ©Ă©e, Boycott Autism Speaks, publie la liste des donateurs et leurs informations de contact, appelant Ă  un boycott actif[88]. Un mois plus tard, l'ASAN publie une lettre ouverte aux sponsors dâ€ČAutism Speaks signĂ©e par 26 associations du domaine du handicap, appelant Ă  la responsabilitĂ© morale des sponsors et des donateurs[89].

Le , Autism Speaks modifie ses statuts pour la premiÚre fois depuis sa création en 2005, en Îtant la recherche d'un remÚde à l'autisme de la liste de ses objectifs. Steve Silberman salue ce changement comme étant une petite avancée vers l'acceptation de la neurodiversité[90].

Actions et concepts

Le premier type d'action entrepris historiquement par les associations de personnes autistes a Ă©tĂ© de communiquer en direction des personnes non autistes. Le professeur Ă©mĂ©rite Ian Hacking utilise la mĂ©taphore des extra-terrestres, expliquant que les diffĂ©rences entre personnes autistes et non autistes rendent la communication aussi difficile qu'entre les ĂȘtres humains et les extra-terrestres. Ces associations prĂ©sentent souvent les personnes autistes comme des « Ă©trangĂšres Â» qui ne comprennent pas le fonctionnement de la sociĂ©tĂ©, telle qu'elle est conçue et organisĂ©e par les personnes non autistes[91]. La mĂ©taphore extra-terrestre est Ă©galement utilisĂ©e dans le titre du site web pour personnes autistes Wrong Planet (« Mauvaise planĂšte Â»), et fortement rĂ©pandue parmi les reprĂ©sentations sociales de l'autisme[92]. Cependant, cette mĂ©taphore est de plus en plus rejetĂ©e par les membres du mouvement, qui prĂ©fĂšrent se concentrer sur la lutte contre les discriminations[93].

Les personnes impliquĂ©es dans le mouvement demandent que leur expĂ©rience puisse ĂȘtre reconnue comme une connaissance Ă  prendre en compte pour comprendre le fonctionnement de l'autisme, ce qui revient Ă  les considĂ©rer comme des partenaires, et non comme des patients Ă  soigner[91]. D'aprĂšs Sarah Chiche, sans ĂȘtre recherchĂ© ou revendiquĂ©, « l'usage du nous participe Ă  la construction d'une communautĂ© avec une culture propre, des expressions et un humour spĂ©cifique »[34].

La double lutte contre une sélection eugéniste à la naissance et contre les représentations négatives de l'autisme, le présentant comme une maladie psychiatrique qui prend les enfants en otage[94], fait également partie des objectifs de militants cherchant à préserver leur dignité[95]. D'aprÚs la juriste et éthicienne Margaret Somerville, les militants estiment que le désespoir ressenti par certains parents et professionnels de santé face à l'autisme ne saurait justifier une telle rhétorique[96]. Ils s'opposent également à une idée parfois défendue par les tenants du modÚle médical de l'autisme, selon laquelle l'épidémiologie de l'autisme témoignerait de l'existence d'une épidémie, renvoyant à la notion de maladie[97]. En effet, l'intégration des personnes avec syndrome d'Asperger au sein du groupe des troubles envahissants du développement (TED), puis du spectre de l'autisme, est allée de pair avec une augmentation du nombre de diagnostics d'autisme, popularisant l'idée de l'existence d'une « épidémie »[98].

Défense de la neurodiversité

Par la crĂ©ation du concept de neurodiversitĂ©, les personnes autistes se rĂ©approprient le discours des neurosciences[99], notamment Ă  travers le site web Ă©ponyme et prĂ©curseur neurodiversity.com[100], issu de l'influence de pionniers du mouvement comme Jim Sinclair, et par l'intermĂ©diaire dâ€ČAutism Network International. Le concept de neurodiversitĂ©, central dans ce mouvement, prĂŽne l'existence d'un continuum de la variĂ©tĂ© neurologique chez l'espĂšce humaine, « pour que l'autisme soit envisagĂ© comme un fonctionnement cognitif Ă  part entiĂšre »[34].

Initialement, le terme a Ă©tĂ© crĂ©Ă© par Judy Singer[34], mais sa diffusion est attribuĂ©e Ă  Harvey Blume, en 1998, dans un article intitulĂ© Neurodiversity, dans lequel il reprend une terminologie issue du monde informatique — il parle de geek et de nerd — et la mĂ©lange avec l'expression « neurotypique », abrĂ©gĂ©e « NT », expression du fonctionnement standard. Il diffuse notamment le site web de Laura Tisoncik, l’Institute for the Study of the Neurologically Typical[101] (Institut pour l'Ă©tude du syndrome neurologique typique), une parodie du discours tenu par de nombreux instituts et pĂ©riodiques Ă©tudiant l'autisme[102]. Ce site web renverse la perception de l'autisme comme maladie en dĂ©finissant le « syndrome neurotypique » comme « un trouble neurobiologique caractĂ©risĂ© par des prĂ©occupations sociales, une illusion de supĂ©rioritĂ©, et une obsession pour la conformitĂ© »[103] - [3].

Ce discours fait valoir que les personnes autistes, grùce à leur perception différente du monde, sont à l'origine de découvertes et de contributions importantes dans les domaines de l'ingénierie, de l'art, des mathématiques ou encore de l'informatique. Sa diffusion a été facilitée par l'« effet Rain Man ». Le chercheur Laurent Mottron partage cette conviction dans la revue Nature, en 2011, écrivant que des personnes ont contribué significativement aux avancées en sciences grùce à leur autisme, et non malgré lui[10]. Lors de ses conférences, Temple Grandin suggÚre que certaines inventions comme le lance-pierre sont le fait d'individus peu intéressés par les relations sociales, et donc probablement autistes[104]. Bien qu'il émerge du mouvement autiste à la base, le concept de neurodiversité n'est pas limité au spectre de l'autisme. Il a été repris pour désigner d'autres conditions, faisant de lui une catégorie générale qui regroupe toutes les neurodiversités (par exemple dyslexie) exprimées par l'espÚce humaine[105].

Refus de l'eugénisme

Un sujet de prĂ©occupation important pour les membres du mouvement est l'arrivĂ©e potentielle prochaine de sĂ©lections eugĂ©nistes en matiĂšre d'autisme, des tests prĂ©nataux Ă©tant en cours de conception pour dĂ©tecter l'autisme pendant la grossesse, ce qui pourrait conduire Ă  l'Ă©limination de nombreux fƓtus autistes par avortement[13], comme cela est dĂ©jĂ  le cas pour la trisomie 21, oĂč en France plus de 90 % des fƓtus font l'objet d'un avortement[106]. Cette peur a poussĂ© une partie des militants Ă  s'opposer Ă  la recherche gĂ©nĂ©tique sur l'autisme[107], et Ă  poser la question de l'Ă©limination des personnes autistes avant leur naissance. Dans le cadre de ce dĂ©bat Ă©thique, les militants estiment que l'Ă©limination de l'autisme du gĂ©nome humain est contraire Ă  la sĂ©lection naturelle, car l'autisme s'accompagne Ă©galement d'avantages sĂ©lectifs et de talents[108]. Ils dĂ©plorent que certains professionnels de santĂ© et travailleurs sociaux dĂ©couragent les personnes autistes d'avoir des enfants[12].

CritÚres de définition de l'autisme

livres empilés
Le DSM-5, version originale anglaise, avec son prédécesseur, le DSM-IV-TR, version française.

Il est possible que le dĂ©bat sociĂ©tal autour de la neurodiversitĂ© ait influencĂ© la rĂ©vision des sous-catĂ©gories propres Ă  l'autisme, et la crĂ©ation de la notion de troubles du spectre autistique (TSA) dans le DSM-5. D'aprĂšs Lilia Sahnoun et Antoine Rosier, « au-delĂ  mĂȘme de cette modification fondamentale de l'apprĂ©hension de l'autisme, passant d'un modĂšle critĂ©riologique Ă  un modĂšle dimensionnel, les enjeux sous-jacents Ă  cette nouvelle reprĂ©sentation nous renvoient, avec la notion de neurodiversitĂ©, Ă  un discours de type culturaliste et identitaire. D'une pathologie psychiatrique au pronostic sĂ©vĂšre Ă  une simple diffĂ©rence, l'autisme devient une singularitĂ©, simple variante du fonctionnement cognitif humain »[109].

La disparition du syndrome d'Asperger dans le DSM-5 a cependant Ă©tĂ© vĂ©cue par certaines personnes autistes comme une attaque contre leur identitĂ©[110]. Temple Grandin et Liane Holliday Willey se sont exprimĂ©es pour le maintien de la catĂ©gorie Asperger en argumentant de l'existence d'une grande communautĂ© qui se dĂ©finit comme telle, « une raison par elle-mĂȘme de maintenir le diagnostic Â»[109].

La plupart des ouvrages scientifiques consacrĂ©s au sujet ne remettent pas en cause le modĂšle mĂ©dical de l'autisme, mais la position de la communautĂ© scientifique est en Ă©volution. Simon Baron-Cohen a, en 2015, suggĂ©rĂ© que le terme de disorder (« trouble Â») ne devrait plus ĂȘtre utilisĂ© pour dĂ©finir l'autisme dans le DSM-5, mais ĂȘtre remplacĂ© par « condition », seules les comorbiditĂ©s des troubles du spectre de l'autisme pouvant ĂȘtre dĂ©finies comme un ensemble de maladies ou de troubles[111].

D'aprĂšs Chamak, les militants des droits des autistes ont Ă©galement popularisĂ© l'idĂ©e, sur Internet, selon laquelle des gĂ©nies cĂ©lĂšbres sont autistes (entre autres Albert Einstein et Glenn Gould)[8], une possibilitĂ© envisagĂ©e par certains professionnels de santĂ©[112] - [113] mais rĂ©futĂ©e par de nombreux autres, dans le cadre de diagnostics rĂ©trospectifs de l'autisme[114]. Cela « contribue Ă  alimenter un sentiment de fiertĂ© et, parfois mĂȘme de supĂ©rioritĂ© » chez certains militants, qui se jugent « plus rationnels et objectifs que ces « neurotypiques » guidĂ©s par leurs Ă©motions, leurs sympathies et leurs inimitiĂ©s »[8].

Défense de la subjectivité des personnes autistes

Une volontĂ© partagĂ©e par l'ensemble de ce mouvement est celle de mieux faire connaĂźtre l'expĂ©rience du monde par les personnes autistes. Le nombre d'autobiographies et de tĂ©moignages rĂ©digĂ©s sur des blogues, des sites web et des forums par des personnes autistes a augmentĂ© depuis le milieu des annĂ©es 1990, ce qui permet de mieux accĂ©der Ă  leur subjectivitĂ©. Cependant, comme le prĂ©cise Brigitte Chamak, ces rĂ©cits ne sont pas reprĂ©sentatifs de l'expĂ©rience de vie de l'ensemble des personnes autistes, seule une minoritĂ© parvenant Ă  s'exprimer de cette maniĂšre[115]. Plusieurs militants disent ne pas « souffrir » de l'autisme, dont Michelle Dawson, qui estime que « l'impossibilitĂ© de faire les choses de la mĂȘme maniĂšre que les neurotypiques » n'est pas une source de souffrance[116]. Elle a dĂ©noncĂ© le « pire crime de Bettelheim », la culpabilisation des parents, comme Ă©tant responsable du dĂ©placement de cette culpabilitĂ© vers les personnes autistes, conduisant Ă  une prise de pouvoir des associations de parents d'autistes considĂ©rant leurs enfants comme des « poltergeists » qui doivent absolument ĂȘtre soignĂ©s[117] :

« « Quel est le pire aspect dans le fait d'ĂȘtre autiste ? » m'a demandĂ© une fois, sur un ton infantilisant, un professionnel de la santĂ© doucereux. Je rĂ©pondis, « ĂȘtre haĂŻe »[Trad 7]. »

— Michelle Dawson, Le Pire Crime de Bettelheim

La description mĂ©dicale des particularitĂ©s et du comportement des personnes autistes n'est pas toujours en accord avec ce qu'elles expĂ©rimentent et ressentent. Ari Ne'eman pense que parler de « dĂ©ficits Ă©motionnels » rĂ©sulte par exemple d'une incomprĂ©hension. Il insiste sur le fait qu'il s'agit plutĂŽt selon lui de problĂšmes de communication et de surcharges sensorielles[118]. Une partie des problĂšmes de cohabitation entre personnes autistes et non autistes provient du fait que les secondes attendent des dĂ©monstrations bien visibles d'amour et d'affection de la part des premiĂšres. Kathleen Seidel insiste sur le respect de la diffĂ©rence des autistes, pour qui le contact visuel et les cĂąlins sont dĂ©sagrĂ©ables[118]. D'aprĂšs Jim Sinclair, les hypersensibilitĂ©s sensorielles que prĂ©sentent de nombreuses personnes autistes leur rendent difficile toute participation Ă  un Ă©vĂ©nement organisĂ© par des personnes non autistes, y compris les confĂ©rences sur le thĂšme de l'autisme[56]. Dans sa vidĂ©o virale diffusĂ©e sur YouTube, la femme autiste non verbale Amanda Baggs a demandĂ© que les personnes autistes qualifiĂ©es comme elle de « sĂ©vĂšres » ou de « dĂ©ficientes mentales » soient mieux comprises dans leur façon de communiquer[119]. Alicia Broderick et Ari Ne'eman soulignent la violence que reprĂ©sente la pose d'un diagnostic de « dĂ©ficit intellectuel Â» pour la personne autiste qui le reçoit, et rappellent qu'un tel diagnostic n'est utile ni sur le plan mĂ©dical, ni sur le plan social[120]. Il existe une confusion dommageable entre l'incapacitĂ© Ă  parler et le fait de n'avoir rien Ă  dire, conduisant Ă  la construction sociale de l'association entre autisme et dĂ©ficience intellectuelle[120].

Le site parodique Institute for the Study of the Neurologically Typical dénonce un manque d'autisme (allism) des personnes non autistes, caractérisé par un déficit de théorie de l'esprit envers les personnes autistes, c'est-à-dire l'absence de compréhension de leur point de vue[121].

Création et aménagement d'espaces sans surcharges sensorielles

Les indications Autism friendly permettent de signaler un environnement accueillant pour les personnes autistes.

Depuis les années 2010, un concept trÚs récent parmi ce mouvement vise à promouvoir l'adaptation de lieux dits autism friendly (amicaux pour les autistes), c'est-à-dire sans surcharges sensorielles, sur le modÚle de ce qui est proposé pendant les conférences Autreat. Ce concept comprend la création d'espaces de retrait dans les écoles afin de permettre l'inclusion des élÚves autistes, la suppression des lumiÚres fluorescentes et des bruits violents, et l'autorisation d'utiliser du matériel qui réduit les surcharges sensorielles sur les lieux d'étude ou de travail[122], tel qu'un casque antibruits et des lunettes de soleil[123]. Le concept s'est étendu depuis 2011 à l'organisation de divertissements adaptés aux particularités sensorielles des autistes (suppression des lumiÚres vives, mise à disposition d'espaces plus calmes, etc.) La motivation n'est pas uniquement humaniste : les personnes autistes et les parents d'enfants autistes hésitent souvent à se rendre dans des lieux tels que des restaurants et des salles de cinéma, à cause du bruit et des lumiÚres vives. Leur proposer des espaces adaptés permet de les encourager à consommer[123].

Remise en cause du principe de guérison

Un autre pilier de ce mouvement est l'opposition Ă  la volontĂ© de « guĂ©rir Â» l'autisme, souvent issue des parents. Selon de nombreux militants, ce n'est pas d'une maladie dont on pourrait venir Ă  bout afin de retourner Ă  la normalitĂ©. Cette idĂ©e est prĂ©sente dĂšs les premiers textes de Jim Sinclair, notamment dans son discours de 1993 :

« L'autisme n'est ni quelque chose qu'une personne a, ni une coquille dans laquelle elle se trouve enfermĂ©e. Il n'y a pas d'enfant normal cachĂ© derriĂšre l'autisme. L'autisme est une maniĂšre d'ĂȘtre. Il est envahissant ; il teinte toute sensation, perception, pensĂ©e, Ă©motion, tout aspect de la vie. Il n'est pas possible de sĂ©parer l'autisme de la personne — et si c'Ă©tait possible, la personne qui resterait ne serait plus la mĂȘme [
] Par consĂ©quent quand les parents disent : « Je voudrais que mon enfant n'ait pas d'autisme », ce qu'ils disent vraiment c'est : « Je voudrais que l'enfant autiste que j'ai n'existe pas. Je voudrais avoir Ă  la place un enfant diffĂ©rent (non autiste) ». C'est ce que nous entendons quand vous vous lamentez sur notre existence et que vous priez pour notre guĂ©rison. »

— Jim Sinclair, Ne nous pleurez pas[57]

Cette controverse a Ă©clatĂ© lors d'Ă©changes de courriels sur l'autisme, dans lesquels le mot anglais curebie est employĂ© de maniĂšre pĂ©jorative pour dĂ©signer des parents « esclaves de la conformitĂ©, si prĂ©occupĂ©s par le fait que leurs enfants paraissent normaux qu'ils ne peuvent respecter leur maniĂšre de communiquer »[68]. Ari Ne'eman s'oppose au discours qui prĂŽne l'Ă©radication complĂšte de l'autisme, estimant que « ne plus ĂȘtre autiste n'est pas un meilleur rĂ©sultat qu'ĂȘtre une personne autiste qui vit indĂ©pendamment, a des amis, un travail, et contribue activement Ă  la sociĂ©tĂ© »[124].

L'association Aspies For Freedom (AFF) a initiĂ© des rĂ©clamations et des protestations contre des organismes qui promeuvent le soin de l'autisme, tels que la National Alliance for Autism Research, Cure Autism Now!, et le Judge Rotenberg Educational Center[68]. Cependant, tous les militants ne partagent pas cette remise en cause. Alex Plank, l'un des fondateurs de Wrong Planet, estime que ce dĂ©bat n'a pas lieu d'ĂȘtre puisque par dĂ©finition, aucun traitement 100 % fiable n'existe. C'est Ă©galement la position de Kathleen Seidel (neurodiversity.com), pour qui la prioritĂ© est de mettre un terme Ă  l'exclusion sociale des personnes autistes[125]. En 2012, lâ€ČAutism Society et lâ€ČAutistic Self Advocacy Network ont exprimĂ© leurs craintes que les nouveaux critĂšres diagnostiques du DSM-5 excluent les personnes ayant des formes d'autisme considĂ©rĂ©es comme lĂ©gĂšres des politiques de santĂ©, en raison de soupçons de sur-diagnostic[126].

Refus des thérapies dangereuses, invasives ou inutiles

Photo noir et blanc d'une jeune fille qui se cache la tĂȘte dans les mains.
Une adolescente autiste de 14 ans.

Des personnes autistes et des défenseurs de leurs droits se sont exprimés quant à certaines thérapies ou méthodes de prises en charge de l'autisme. Temple Grandin et Gunilla Gerland se sont exprimées contre les psychothérapies et la psychanalyse, alors que Donna Williams est pour[127]. Josef Schovanec[128] et Hugo Horiot[129] ont dénoncé de nombreuses dérives dans les approches psychanalytiques appliquées à l'autisme en France, et des prescriptions inutiles de médicaments surdosés ou inadaptés (un problÚme français que dénonce également Stéfany Bonnot-Briey)[130]. D'aprÚs Brigitte Chamak, les personnes autistes s'opposent globalement aux psychothérapies lorsque ces derniÚres leur sont imposées, seules celles qui ont librement choisi d'en suivre une estiment en avoir retiré un bénéfice[131].

Michelle Dawson a soulignĂ© des violences dans les thĂ©rapies cognitivo-comportementales[127]. L'association Aspies For Freedom a fait valoir que les mĂ©thodes d'analyse du comportement appliquĂ©e (ABA) et la thĂ©rapie par aversion sont violentes et invasives pour les personnes autistes, car en visant Ă  supprimer leurs comportements d'auto-stimulation et leurs stĂ©rĂ©otypies, elles provoquent une souffrance. Elle ajoute que des traitements alternatifs non recommandĂ©s tels que la chĂ©lation sont dangereux[132]. Une militante, Jane Meyerding, s'oppose Ă  toutes les thĂ©rapies qui viseraient Ă  supprimer des comportements autistiques, car elle estime que ces comportements sont des tentatives de communication de la part des personnes autistes[68]. Cette remise en cause des thĂ©rapies n'est cependant pas partagĂ©e par tous les militants. Ari Ne'eman soutient fortement l'utilisation des mĂ©thodes de prise en charge de l'autisme qui amĂ©liorent la communication et aident Ă  dĂ©velopper des compĂ©tences cognitives et sociales pour pouvoir vivre de maniĂšre indĂ©pendante[124]. De mĂȘme, Emmanuelle Dubrulle (SATEDI) dĂ©clare souhaitable de balayer les comportements autistiques afin que la personne puisse vivre avec les neurotypiques[133]. Stephen M. Shore, docteur en Ă©ducation diagnostiquĂ© « autiste rĂ©gressif » Ă  18 mois[134], estime qu'il n'existe pas de mĂ©thode unique adaptĂ©e Ă  tous[135]. Il recommande « une intervention comportementale, dĂ©veloppementale et Ă©ducative prĂ©coce » pour donner aux personnes autistes « de fortes chances de rĂ©aliser des progrĂšs majeurs vers les aptitudes requises pour rĂ©ussir Ă  l'Ă©cole et en sociĂ©tĂ© »[136]. Temple Grandin dĂ©clare que « tous les spĂ©cialistes de l'autisme s'accordent pour dire que plus tĂŽt un enfant autiste entame un programme spĂ©cialisĂ©, meilleurs seront les rĂ©sultats », tĂ©moignant que sa prise en charge prĂ©coce dĂšs l'Ăąge de 2 ans et demi lui a Ă©tĂ© trĂšs bĂ©nĂ©fique[137].

Steve Silberman a lui aussi dĂ©noncĂ© des excĂšs dans l'application intensive de la mĂ©thode ABA, et des maltraitances d'enfants autistes par leurs parents, qui les forcent Ă  les regarder dans les yeux, Ă  leur faire des cĂąlins, et les punissent lorsqu'ils expriment des comportements autistiques tels que les auto-stimulations et les stĂ©rĂ©otypies, dans l'espoir de les « guĂ©rir Â»[138]. La recherche effrĂ©nĂ©e d'un remĂšde par certains parents a Ă©galement conduit Ă  des pratiques non Ă©valuĂ©es scientifiquement, voire prĂ©judiciables Ă  la santĂ© des autistes, telles que le refus de vaccination, la chĂ©lation, et le rĂ©gime alimentaire sans casĂ©ine et sans gluten[139].

Refus de la normalisation

Un autre questionnement rĂ©current des acteurs de ce mouvement est de savoir Ă  quel point les personnes autistes devraient se normaliser pour ĂȘtre mieux acceptĂ©es par la sociĂ©tĂ©. Jim Sinclair tĂ©moigne avoir entendu de nombreuses personnes autistes partager les souffrances que leur ont causĂ©es les tentatives de leurs parents ou de professionnels de santĂ© pour les rendre « normales Â», c'est-Ă -dire conformes au comportement des neurotypiques. Cela a poussĂ© des militants Ă  re-dĂ©finir le comportement autistique comme Ă©tant leur norme, et le comportement neurotypique comme Ă©tant anormal[6]. Dans son autobiographie, Josef Schovanec s'interroge sur « l'anomalie de la normalitĂ© ». Il estime que le comportement de nombreuses personnes autistes est perçu comme anormal en raison des reprĂ©sentations sociales et de sa raretĂ©, alors que des comportements problĂ©matiques de personnes non autistes, tels que celui des supporters de matchs de football, sont perçus comme normaux pour les mĂȘmes raisons et parce qu'ils sont frĂ©quents[140]. De mĂȘme, il pose la question de l'Ă©limination des stĂ©rĂ©otypies autistiques :

« Il ne faut pas croire que les autistes ont des stĂ©rĂ©otypies et que les non-autistes n’en ont pas. Les stĂ©rĂ©otypies des personnes non autistes passent simplement pour naturelles, sont mieux acceptĂ©es socialement. »

— Josef Schovanec, Je suis à l’Est ![141]

Le comportement des personnes non autistes peut Ă©galement paraĂźtre Ă©tranger aux personnes autistes.

Une partie des militants revendiquent leur droit de vivre d'une maniĂšre jugĂ©e « anormale Â» par la majoritĂ© non autiste, par exemple de façon solitaire et sans avoir de contacts sociaux, dans la mesure oĂč cette façon de vivre ne gĂȘne en rien les autres personnes[12].

Protagonistes, événements et campagnes

Portrait d'une femme aux cheveux gris levant l'index.
Temple Grandin, la premiĂšre personne autiste Ă  s'exprimer sur sa condition.

Les personnes impliquĂ©es dans ce dĂ©bat sont majoritairement des adultes autistes regroupĂ©s en associations. Des parents[142], des scientifiques et des voix indĂ©pendantes se sont Ă©galement illustrĂ©s par un soutien aux idĂ©es dĂ©fendues par ce mouvement. D'aprĂšs Chamak, « un nouveau courant, orientĂ© vers un engagement direct et la lĂ©gitimation des prises de parole des personnes autistes, s’est rĂ©cemment constituĂ© Ă  l’échelle internationale »[8]. Le mouvement est largement relayĂ© dans le monde anglo-saxon, notamment en AmĂ©rique du Nord et au Royaume-Uni. De nombreuses disability studies rattachĂ©es Ă  la dĂ©fense du modĂšle social du handicap par opposition au modĂšle mĂ©dical de l'autisme y sont publiĂ©es, entraĂźnant une large diffusion de ces connaissances[143]. De mĂȘme, « les chercheurs en sciences cognitives qui travaillent avec des personnes autistes sans dĂ©ficience intellectuelle et qui font rĂ©fĂ©rence Ă  la neurodiversitĂ© vivent au Royaume-Uni et au QuĂ©bec »[8]. En Inde, le mouvement reste Ă  constituer, les prĂ©jugĂ©s Ă©tant gĂ©nĂ©ralement nombreux contre les handicaps, bien que la connaissance de l'autisme ait fortement progressĂ© depuis les annĂ©es 2000[144]. Depuis , lâ€ČAutism Society of West Africa (ASWA) [« SociĂ©tĂ© de l'autisme de l'Afrique de l'Ouest »] organise, en avril, l'Autism Awareness and Acceptance Month (« Mois de la sensibilisation et de l'acceptation de l'autisme Â»)[145]. Depuis , elle organise, chaque annĂ©e, avec le British Council Ă  Accra, trois jours de confĂ©rences sur l'autisme et la technologie, qui se tiennent autour de la JournĂ©e mondiale de la sensibilisation Ă  l'autisme. En 2016, le thĂšme de ces confĂ©rences est « Celebrating neurodiversity in West Africa Â» (« CĂ©lĂ©brer la neurodiversitĂ© en Afrique de l'Ouest Â»), thĂšme qui correspond au programme 2016 de l'ASWA[146].

En Australie

Des citoyens australiens ont participĂ© Ă  la naissance de ce mouvement. Membre fondatrice de l'ANI, Donna Williams a Ă©crit plusieurs ouvrages autobiographiques relevant de questions identitaires[62], dont le best-seller Nobody Nowhere, traduit en français en 1992, l'annĂ©e de sa sortie, sous le titre de Si on me touche, je n'existe plus. Contrairement Ă  de nombreux autres tĂ©moignages, elle voit l'autisme comme une condition extĂ©rieure Ă  elle-mĂȘme, source de problĂšmes de comprĂ©hension[147]. Judy Singer, une autre femme australienne formĂ©e Ă  l'anthropologie et Ă  la sociologie, a dĂ©fini l'idĂ©e de neurodiversitĂ© sur la base de ses observations de personnes autistes Asperger et de sa lecture des ouvrages de Donna Williams[148].

En Belgique

Le Belge Emmanuel Dubrulle, polyglotte et diagnostiquĂ© Asperger, milite pour la reconnaissance des droits des personnes autistes en Belgique et en France. Il s'est fait connaĂźtre en interpellant les grands mĂ©dias français dĂ©but 2002, pour demander la prise en compte de l'avis des personnes autistes, en pleine controverse sur la place de la psychanalyse dans la prise en charge[149]. D'aprĂšs lui, « jusqu’à la fin des annĂ©es 1990, dĂ©but des annĂ©es 2000, il y avait un tas de gens qui parlaient de TSA, Trouble envahissants du dĂ©veloppement, autisme, en Ă©tablissant des thĂ©ories et des hypothĂšses parfois loufoques sur ce qui se passe dans nos tĂȘtes sans ĂȘtre personnellement concernĂ©s ni toujours faire preuve de bon sens »[150]. Devenu prĂ©sident de l'association SATEDI en 2006, alors seule association francophone de personnes autistes, il a participĂ© aux recommandations de la Haute AutoritĂ© de santĂ© en 2012[149]. Il s'oppose personnellement au communautarisme, et dĂ©nonce des sur-diagnostics posĂ©s dans les pays anglo-saxons sur des personnes introverties ou « anormales Â». Lui-mĂȘme se dĂ©clare peu attachĂ© Ă  l'« Ă©tiquette Â» Asperger[133].

Au Canada

Dans les annĂ©es 1990, les QuĂ©bĂ©cois Georges Huard, Michelle Dawson et Brigitte Harrisson commencent Ă  tĂ©moigner de leur vie avec l'autisme[151]. Originaire de MontrĂ©al, Michelle Dawson est Ă  la fois militante auprĂšs des pouvoirs publics et chercheuse en sciences cognitives[8]. Elle tient un blogue dans lequel elle revendique la reconnaissance de l'autisme en tant que « diffĂ©rence Â», sur le modĂšle de la reconnaissance du droit des minoritĂ©s[109]. Dans les annĂ©es 2000, elle gagne en notoriĂ©tĂ© lorsqu'elle dĂ©nonce l'exclusion sociale des personnes autistes au Canada. Elle rassemble des documents sur un site web intitulĂ© par provocation No autistics allowed : Exploration in discriminations against autistics (en français : « AccĂšs interdit aux autistes : Exploration des discriminations contre les autistes Â»). Elle soulĂšve la trĂšs faible reprĂ©sentation des autistes parmi les associations officielles canadiennes censĂ©es dĂ©fendre leurs droits, lesquelles sont gĂ©nĂ©ralement tenues par des parents non autistes[152]. Elle condamne une dĂ©claration officielle du dirigeant de la SociĂ©tĂ© canadienne de l'autisme au SĂ©nat canadien en 2003 : « l'autisme est pire que le cancer Ă  bien des Ă©gards, parce que la personne avec autisme a une durĂ©e de vie normale. Le problĂšme est avec vous pour toute une vie »[153]. Elle demande une Ă©valuation du coĂ»t de la lutte contre l'autisme en tant que maladie[154].

« Historiquement, les groupes exclus de toute discussion publique Ă  propos d’eux-mĂȘmes – la discussion sociale, juridique, politique et morale – ont souffert les consĂ©quences les pires et les plus coĂ»teuses. Dans le cas de l’autisme, la discussion publique, de laquelle nous sommes absents, s’est intensifiĂ©e au point oĂč tous nos talents et notre persistance, notre esprit et notre courage, ne seront plus capables de rĂ©sister Ă  cette marĂ©e. Vous allez perdre l’accĂšs Ă  nos talents extraordinaires et vous – votre ministĂšre, votre gouvernement, votre pays – allez dĂ©couvrir que nulle quantitĂ© d’argent ou de reconnaissance ne pourra jamais satisfaire ceux qui cherchent Ă  nous bannir, nous dĂ©nigrer, et nous exterminer. »

— Michelle Dawson, Accùs interdit aux autistes[155]

Elle dĂ©nonce Ă©galement des dĂ©rives dans l'application systĂ©matique des thĂ©rapies cognitivo-comportementales de type ABA chez les enfants diagnostiquĂ©s autistes dans The Misbehaviour of Behaviourists (en français : Le mauvais comportement des comportementalistes)[11]. Elle s'oppose Ă  l'idĂ©e selon laquelle 75 % des autistes seraient dĂ©ficients intellectuels[156]. Michelle Dawson souhaite que les pouvoirs publics tiennent davantage compte de l’avis des personnes autistes dans les politiques de santĂ© publique qui les concernent[8].

Aux États-Unis

Portrait d'une femme aux cheveux longs.
Rudy Simone, créatrice du mot « Aspergirl ».

Historiquement, la plupart des militants pour les droits des autistes sont des citoyens amĂ©ricains. Ainsi, Temple Grandin fut longtemps la seule « voix des autistes », et ses Ă©crits sont souvent citĂ©s[118]. Elle a popularisĂ© la formule « different, not less Â» (diffĂ©rent, pas infĂ©rieur) pour souligner les accomplissements des personnes autistes[157]. Elle estime, au sein de ce dĂ©bat, que des efforts sont Ă  fournir aussi bien du cĂŽtĂ© des personnes autistes que de celui des personnes non autistes, afin de trouver un « juste milieu »[118]. Jim Sinclair figure lui aussi parmi les premiers autistes adultes Ă  s'ĂȘtre publiquement exprimĂ©s sur leur ressenti et leur vĂ©cu, dĂšs 1992, en dĂ©finissant l'autisme en tant que « maniĂšre d'ĂȘtre Â», et en s'opposant Ă  la guĂ©rison puisqu'« on ne peut pas guĂ©rir de soi-mĂȘme »[13]. Connu pour son rĂŽle de pionnier dans ce mouvement, il a pourtant trĂšs peu Ă©crit. Son essai long de quelques pages a cependant Ă©tĂ© fortement diffusĂ©[7] :

« Accordez-moi la dignitĂ© de me rencontrer selon mes propres termes – reconnaĂźtre que nous sommes Ă©galement Ă©trangers l’un Ă  l’autre, que ma façon d’ĂȘtre n’est pas simplement une version dĂ©ficiente de la vĂŽtre. Interrogez-vous sur vos prĂ©supposĂ©s. DĂ©finissez vos mots. Travaillez avec moi Ă  construire davantage de ponts entre nous. »

— Jim Sinclair, Construire des ponts : une vue de l’autisme de l’intĂ©rieur[158]

Il se prononce en faveur d'une société inclusive pour toutes les personnes handicapées[159], et s'oppose à la formulation « personne avec autisme » (en anglais, people with autism), utilisée par certaines associations et certains militants, qu'il juge négative. Il lui préfÚre la formule « personne autiste », qui d'aprÚs lui montre davantage que l'autisme est central dans l'identité[7] - [160].

Ari Ne'eman, le cofondateur de lâ€ČAutistic Self Advocacy Network, diagnostiquĂ© Asperger, milite depuis l'Ăąge de seize ans[161], Ă©poque oĂč il avait dĂ©clarĂ© Ă  l'un de ses camarades de classe que les autistes sont « discriminĂ©s comme une minoritĂ© »[162]. Il dĂ©crit les interactions sociales des personnes neurotypiques comme un « second langage », qui ne lui « vient pas nĂ©cessairement facilement ». ConsidĂ©rĂ© comme Ă©tant Ă  la fois surdouĂ© et handicapĂ©, il souhaite que cette condition cesse d'ĂȘtre vue comme l'alliance de deux opposĂ©s[161]. Kathleen Seidel, crĂ©atrice du site neurodiversity.com, est mĂšre d'un enfant diagnostiquĂ© Asperger. Elle s'est impliquĂ©e dans la dĂ©fense des droits des personnes ainsi que dans le dĂ©bat sur le rĂŽle des vaccins dans l'autisme, estimant que l'argument selon lequel l'autisme serait le rĂ©sultat d'un empoisonnement est dĂ©nigrant, en plus d'ĂȘtre scientifiquement controversĂ©. Elle milite Ă©galement pour la valorisation des qualitĂ©s des personnes autistes, afin que l'annonce du diagnostic d'autisme ne soit plus vĂ©cue comme un drame pour les parents[163] :

« L'autisme est autant une partie de notre humanitĂ© que la capacitĂ© de rĂȘver. C'est l'une des possibilitĂ©s dans notre monde. Il fait partie de la condition humaine [...]. »

— Kathleen Seidel, Interview par Andrew Solomon[164]

Liane Holliday-Willey a crĂ©Ă© le mot « Aspie » pour dĂ©signer les personnes avec syndrome d'Asperger dans son autobiographie Ă  succĂšs, Pretending to be normal, en 1999[165]. Rudy Simone, auteur de L'Asperger au fĂ©minin, un ouvrage appelant Ă  l’empowerment des femmes autistes[166], a crĂ©Ă© puis popularisĂ© le mot-valise « Aspergirl » pour dĂ©signer les femmes avec syndrome d'Asperger[167].

En France

L'écrivain et militant français Josef Schovanec, créateur de l'« Autistan ».

D'aprĂšs le pĂ©dopsychiatre français Jacques Constant, les premiĂšres revendications françaises sont le fait de Chantal TrĂ©hin, la mĂšre de Gilles TrĂ©hin, qui commente en 1993 sur le site d'Autisme France la publication de tĂ©moignages et d'ouvrages anglo-saxons, en soulignant « qu'aux États-Unis et en Angleterre, les personnes autistes de haut niveau ont la parole dans les revues d'associations »[168]. D'aprĂšs StĂ©fany Bonnot-Briey, de l'association SATEDI, en 2002 et 2003, il n'existait aucune structure reprĂ©sentant les personnes autistes en France, en raison de la grande mĂ©connaissance de l'autisme Ă  haut niveau de fonctionnement et du syndrome d'Asperger[130]. Les tĂ©moignages en ce domaine restent trĂšs rares[8], le mouvement Ă©tant peu implantĂ© et peu mĂ©diatisĂ©[13]. Brigitte Chamak estime que la rĂ©sistance des psychiatres français aux classifications internationales de l'autisme est Ă  l'origine de ce dĂ©calage dans la constitution de communautĂ©s de personnes autistes[169]. Les associations de parents bĂ©nĂ©ficient d'un quasi-monopole et ont beaucoup plus de visibilitĂ© mĂ©diatique que celles des personnes autistes[8], dont l'avis est souvent noyĂ© dans les Ă©tudes de sociologie françaises, qui confondent associations de parents et associations d'autistes[6]. Aucune cĂ©lĂ©bration de lâ€ČAutistic Pride Day n'existe en France en 2016[170].

Josef Schovanec, Ă  la fois Ă©crivain, philosophe et militant depuis 2007[171], dĂ©fend la neurodiversitĂ©[172] et le modĂšle social du handicap, puisque selon lui, l'autisme peut ĂȘtre reconnu « comme miroir de la sociĂ©tĂ©, de ses enjeux et de ses problĂšmes »[173]. Il a crĂ©Ă© Ă  travers ses ouvrages[174] et ses chroniques radio[175] l'« Autistan », qu'il dĂ©crit comme « le pays des gens autistes »[176]. Il a exprimĂ© ses craintes d'une politique eugĂ©niste en matiĂšre d'autisme[106]. Il prĂ©fĂšre Ă  l'usage de l'expression « neurotypique » celle de « non-autiste »[177], et Ă  « autiste » ou « personne autiste » celle de « personne avec autisme », considĂ©rant l'autisme comme une part de son identitĂ©, mais non la seule façon de se dĂ©finir[178]. Il exprime des rĂ©serves quant au comportement et aux revendications de certains militants[177]. La prĂ©sidente de SOS Autisme France, Olivia Cattan, dĂ©crit ses confĂ©rences comme Ă©tant « pleines d'humour »[179].

Hugo Horiot a témoigné contre le retard des prises en charge en France et l'institutionnalisation, et en faveur de la société inclusive[180] - [181]. Alex Plank a réalisé un film documentaire intitulé Shameful (« honteux »), à propos de la situation des autistes en France[182].

Dimitri Fargette est une personne diagnostiquĂ©e autiste en 2015, Ă  l'Ăąge de 35 ans, et hospitalisĂ© dans un Ă©tablissement psychiatrique du Jura en unitĂ© de soins pour malades difficiles (UMD). Sa famille, notamment son frĂšre Nicolas Fargette, dĂ©cide d'organiser des opĂ©rations « coup de poing », durant l'annĂ©e 2016. Ce dernier s'enchaĂźne tout d'abord aux grilles de la prĂ©fecture du Jura, puis quelques semaines plus tard, il escalade la façade de ce mĂȘme bĂątiment, pour y dĂ©ployer une banderole, afin de dĂ©noncer le sort de son frĂšre. Cette situation concerne d'autres personnes autistes, comme l'a indiquĂ© le Premier ministre français Édouard Philippe dans une dĂ©claration du [183] :

« Aujourd'hui, nous sommes face Ă  une obligation Ă©thique, Ă  une responsabilitĂ© collective car le lieu de vie des adultes autistes, au XXIe siĂšcle, ne peut pas ĂȘtre l'hĂŽpital. »

Au Royaume-Uni

portrait d'un homme jeune avec des lunettes.
Le militant britannique Kevin Healey.

Le Royaume-Uni compte un grand nombre d'actions de sensibilisation Ă  l'autisme[13]. L'Ă©crivain Daniel Tammet a nourri le dĂ©bat autour de la reconnaissance positive du fonctionnement neurologique diffĂ©rent des personnes autistes, Ă  travers ses ouvrages[184], mais n'a pas d'activitĂ©s de militantisme[185]. Originaire du Staffordshire, Kevin Healey milite depuis 2001[186], notamment contre le harcĂšlement scolaire et le cyberharcĂšlement que subissent souvent les enfants et adolescents autistes[187]. En 2009, l'actrice britannique Lizzy Clark, diagnostiquĂ©e avec syndrome d'Asperger, a lancĂ© une campagne d’empowerment intitulĂ©e Don't Play Me, Pay Me (« Ne me joue pas, paie-moi »), afin que les personnes handicapĂ©es puissent se lancer dans des carriĂšres artistiques et en vivre[188].

En SuĂšde

La SuĂšde fait partie des pays oĂč le mouvement est bien implantĂ©[189]. Une auteur suĂ©doise, Gunilla Gerland, a Ă©crit Une personne Ă  part entiĂšre, un ouvrage dans lequel elle dĂ©fend la neurodiversitĂ©. Elle soutient la thĂ©orie des causes uniquement biologiques de l'autisme, et d'aprĂšs Brigitte Chamak, prend la parole « au nom de toutes les personnes autistes ». Le sentiment d'appartenance communautaire et le rĂŽle de porte-parole sont renforcĂ©s par l'usage du pronom « nous »[190].

Scientifiques impliqués

Portrait d'un homme
Le neuroscientifique britannique Simon Baron-Cohen souhaite que les formes d'autisme à haut niveau de fonctionnement et Asperger soient considérées comme des différences neurologiques.

Un certain nombre de chercheurs et de scientifiques dĂ©fendent des positions similaires Ă  celles du mouvement pour les droits des personnes autistes, voire en rejoignent la cause, ce qui est notamment le cas du psychologue britannique Tony Attwood[109]. Le mĂ©decin neurologue britannique Oliver Sacks a prĂ©sentĂ© dans son ouvrage Un anthropologue sur Mars (1995) deux personnes autistes, Temple Grandin et Stephen Wiltshire, avec une certaine compassion et une description dĂ©taillĂ©e des dĂ©fis auxquels elles doivent faire face dans leur vie quotidienne. Il a posĂ© l'hypothĂšse que l'autisme soit Ă©galement Ă  l'origine de qualitĂ©s et de succĂšs[191], notamment dans son diagnostic rĂ©trospectif du scientifique Henry Cavendish[42]. DĂšs 1999, la psychiatre britannique Francesca HappĂ© a posĂ© la question de savoir si l'autisme pourrait ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un style cognitif particulier, plutĂŽt que comme un dĂ©ficit[192]. En 2000, Simon Baron-Cohen a plaidĂ© pour que le syndrome d'Asperger et l'autisme Ă  haut niveau de fonctionnement ne soient plus jugĂ©s sous l'angle du dĂ©ficit, mais plutĂŽt sous celui de la diffĂ©rence, estimant que les avantages apportĂ©s par ces particularitĂ©s mĂ©dicales compensent les difficultĂ©s qu'elles gĂ©nĂšrent[193] - [194]. En 2009, le mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste britannique et pĂšre d'un enfant autiste Michael Fitzpatrick a Ă©crit Defeating Autism: A Dangerous Delusion (« Vaincre l'autisme, une dangereuse illusion Â»), un ouvrage dans lequel il dĂ©fend la neurodiversitĂ©, et dĂ©nonce la montĂ©e en popularitĂ© des traitements biomĂ©dicaux, dans le cadre de la controverse sur le rĂŽle de la vaccination dans l'autisme[195].

L'un des plus engagĂ©s est Laurent Mottron, chercheur cognitiviste français exerçant Ă  MontrĂ©al, qui a Ă©crit l'ouvrage L'Autisme : une autre intelligence, et compte Michelle Dawson parmi son Ă©quipe de chercheurs Ă  l'universitĂ© de MontrĂ©al. Il tĂ©moigne dans un article de la revue Nature en 2011, Changing perceptions: The power of autism (« Changer les perceptions : Le pouvoir de l'autisme Â») sur la façon dont cette collaboration l'a conduit Ă  considĂ©rer l'autisme comme une force. Il milite pour la reconnaissance du fait que la majoritĂ© des autistes ne sont pas dĂ©ficients mentaux, et tĂ©moigne des difficultĂ©s que ces personnes rencontrent pour « vivre dans un monde qui n'a pas Ă©tĂ© bĂąti autour de leurs prioritĂ©s et de leurs intĂ©rĂȘts »[196] :

« [...] mon groupe de recherche et d'autres estiment que l'autisme doit ĂȘtre dĂ©crit et Ă©tudiĂ© comme une variante au sein de l'espĂšce humaine. Ces variations dans la sĂ©quence ou l'expression du gĂšne peuvent avoir des consĂ©quences adaptatives ou inadaptĂ©es, mais elles ne peuvent pas ĂȘtre rĂ©duites Ă  une erreur de la nature qui devrait ĂȘtre corrigĂ©e[Trad 8]. »

— Laurent Mottron[196]

La neuroscientifique Fabienne Cazalis s'est exprimée dans Pour la science en faveur d'une meilleure prise en compte des particularités autistiques dans la société française[197]. Brigitte Chamak souligne que la plupart des scientifiques qui soutiennent la neurodiversité tirent leur position d'une expérience avec des personnes autistes à haut niveau de fonctionnement ou Asperger[11].

L'Ă©conomiste Tyler Cowen s'est entretenu avec Temple Grandin des avantages Ă©conomiques apportĂ©s par les personnes autistes dans la sociĂ©tĂ©, estimant que « les personnes du spectre autistique font partie intĂ©grante de nombreuses facettes Ă©conomiques du monde, et apportent leur contribution en matiĂšre de finances, de compĂ©tences intellectuelles, de culture et de marchĂ©s politiques », ajoutant que leurs talents en organisation d'informations ont une extrĂȘme valeur dans la sociĂ©tĂ© actuelle. Comme Temple Grandin, il dĂ©plore que la condition d'autiste reste stigmatisante[198]. Par ailleurs plusieurs chercheurs universitaires ayant reçu un diagnostic, comme Stephen M. Shore, participent directement au mouvement[189].

Journalistes impliqués

Un homme assis derriĂšre une table
Steve Silberman pendant une séance de dédicaces en 2016.

Steve Silberman, écrivain-journaliste auteur de The Geek Syndrome, lauréat d'un prix Samuel-Johnson, invite à remettre en cause la frontiÚre tracée entre normalité et anormalité dans son ouvrage succÚs de librairie, NeuroTribes[199]. Il déplore que l'argent levé par des associations comme Autism Speaks serve à de la recherche génétique pour trouver les causes de l'autisme, plutÎt qu'à l'amélioration des conditions de vie des personnes autistes et de leurs parents, renforçant ainsi l'idée selon laquelle il s'agit d'une maladie et d'une anomalie[200]. Il témoigne que la fréquentation de la conférence Autreat lui a été beaucoup plus utile pour comprendre ce que vivent les personnes autistes que la lecture d'une centaine d'études sur le sujet : « [...] ils m'ont offert la chance de représenter une minorité neurologique pour la premiÚre fois de ma vie, ce qui m'a ouvert l'esprit sur les défis que les personnes autistes doivent relever dans une société qui n'a pas été bùtie pour eux, et m'a détrompé sur certains préjugés pernicieux, tel que celui selon lequel les personnes autistes manqueraient d'humour et d'imagination créatrice. AprÚs seulement quatre jours au « pays des autistes », le monde ordinaire m'est apparu comme un assaut sensoriel permanent »[201]. Il défend également la neurodiversité et la notion de spectre autistique :

« En fait, selon les estimations de prévalence actuelles, les personnes autistes constituent l'une des plus vastes minorités de la planÚte[Trad 9]. »

— Steve Silberman, NeuroTribes[202].

Associations

Il existe diffĂ©rentes associations de dĂ©fense des droits des personnes autistes, principalement amĂ©ricaines. Certaines ne comptent que des personnes autistes, d'autres regroupent Ă©galement des parents et des professionnels de santĂ©. Ces associations adoptent des positions plus ou moins modĂ©rĂ©es. Au Royaume-Uni, oĂč il en existe plusieurs, des associations plus radicales ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es en rĂ©action aux positions de la National Autistic Society, considĂ©rĂ©e comme n'Ă©tant pas assez engagĂ©e. Ces groupes estiment que les personnes autistes constituent une minoritĂ© dominĂ©e par des non-autistes qui ne comprennent pas leurs besoins et leurs aspirations[203].

Associations et organismes de soutien et de défense des droits des personnes autistes
Nom Année de création Description Pays ou région Statut
National Autistic Society (NAS) 1962 ƒuvre de charitĂ© britannique fondĂ©e pour venir en aide aux personnes autistes. S'oriente sur le soutien et l'Ă©ducation[204]. Royaume-Uni Association caritative
Autisme Europe (AE) 1983 FĂ©dĂ©ration d'ONG du domaine de l'autisme visant Ă  reprĂ©senter les personnes autistes auprĂšs des institutions europĂ©ennes, promouvoir leurs droits et leur dignitĂ©, sensibiliser sur les prises en charge, l'Ă©ducation et le bien-ĂȘtre, contacter et coordonner les ONG du domaine de l'autisme, Ă©changer informations et expĂ©riences[205]. Europe ONGI
Autism National Committee (AutCom) 1990 Organisme visant la justice sociale pour toutes les personnes autistes[206]. Lutte contre le harcĂšlement scolaire des autistes[207] et dĂ©fend la communication facilitĂ©e[208]. États-Unis 501c(3)
Autism Network International (ANI) 1992 PremiĂšre association crĂ©Ă©e par et pour des personnes autistes[59]. États-Unis
The Worldwide Autism Association (WAA) 1998 Organisme international d'auto-soutien pour personnes autistes[209] - [11] Suisse
SATEDI 2004[210] - [130] Principale association francophone créée par des personnes autistes, pour la diffusion de connaissances sur les TSA[62] - [211]. Elle ne défend pas la neurodiversité ni la vision identitaire. Belgique, France, Québec, SuÚde. Association loi de 1901
Aspies For Freedom (AFF) 2004 Association britannique luttant contre les politiques eugĂ©nistes, pour la reconnaissance d'une communautĂ© culturelle, et pour la fiertĂ© autiste[13] - [69]. A comptĂ© jusqu'Ă  20 000 membres[212]. DĂ©sormais inactive. Royaume-Uni
Autistic Liberation Front (ALF) 2005 Association amĂ©ricaine crĂ©Ă©e par Amanda Baggs et Laura Tisoncik[9] pour « libĂ©rer la minoritĂ© autiste opprimĂ©e Â», entre autres en combattant la recherche d'un remĂšde Ă  l'autisme[213]. États-Unis, Royaume-Uni
The Autism Acceptance Project (TAAP) 2006 CrĂ©Ă© par ÉsthĂ©e Klar, mĂšre d'un enfant autiste, avec l'aide d'un comitĂ© directeur composĂ© de personnes autistes[214]. Canada Association caritative
Autistic Self Advocacy Network (ASAN) 2006 CocrĂ©Ă© par Ari Ne'eman pour lutter contre les reprĂ©sentations nĂ©gatives de l'autisme grĂące Ă  l'auto-soutien[7]. États-Unis 501c(3)
Les 4A 2009 Regroupement de 7 associations françaises pour la dĂ©fense des droits des personnes autistes sans dĂ©ficience intellectuelle, regroupant parents et adultes autistes (Asperansa, l'Ass des as, Teddy, Apipa-Asperger-TED, Asperger-accueil, Atypik et Als'Asperger)[215] - [216]. À l'origine de la crĂ©ation de la JournĂ©e nationale du syndrome d'Asperger en 2014[217]. Les 4A ne dĂ©fend pas explicitement la neurodiversitĂ© ni les droits des personnes autistes comme minoritĂ©s. France Associations loi de 1901
Autism Women's Network (AWN) 2009 Association intersectionnelle crĂ©Ă©e par plusieurs femmes autistes, visant Ă  dĂ©fendre Ă  la fois les droits des autistes et le fĂ©minisme[218] États-Unis 501c(3)
Autistic UK 2010 Association britannique créée par des personnes autistes pour la défense des droits des autistes du Royaume-Uni[219]. Organise l'Autistic Pride Day à Londres depuis 2015[220]. Royaume-Uni Association à but non lucratif
Thinking Person's Guide To Autism (TPGA) 2010 Source d'informations en ligne visant Ă  aider et soutenir les personnes autistes[221]. États-Unis 501c(3)
The I Can Network (TICN) 2013 Groupe d'auto-soutien australien fondé par et pour des personnes avec TSA[222]. Australie
Autistic Minority International (AMI) 2013 Groupe d'auto-soutien fondé pour obtenir la reconnaissance de la communauté autiste comme minorité culturelle et une protection globale des personnes autistes contre les discriminations[223] Suisse ONGI
Aut'Créatifs 2013 Organisme de personnes autistes pour la reconnaissance positive de l'autisme Québec, Canada OSBL
White Unicorn e.V. 2015 Association pour le développement d'un environnement favorable aux autistes[224] Allemagne association enregistrée
CLE-Autistes 2018 Collectif pour la libertĂ© d'expression des personnes autistes Ɠuvrant pour les droits fondamentaux et l'autodĂ©termination, gĂ©rĂ© par et pour les personnes autistes [225] France Association loi de 1901

Autism Network International

Portrait d'une femme vue de profil
Donna Williams, membre fondateur de l'ANI.

Autism Network International (ANI, Réseau international de l'autisme) est la premiÚre association historiquement créée entre personnes autistes. Créée en 1991 par Jim Sinclair, Kathy Lissner Grant et Donna Williams, à l'occasion d'une conférence de la société américaine de l'autisme[59], elle vient en réaction à l'idée couramment popularisée par les associations de parents, selon laquelle l'autisme serait une tragédie[11]. Selon sa propre définition, il s'agit d'un réseau créé par et pour des personnes autistes, dont le but est de permettre aux autistes de vivre décemment, sans les rendre non-autistes, ni chercher à les isoler du reste du monde[226]. Elle met l'accent sur la formation continue[227] et édite un périodique, Our Voice (Notre Voix)[59].

Aspies For Freedom

Aspies For Freedom (AFF, Aspies pour la libertĂ©) est un organisme de charitĂ© britannique fondĂ© en 2004 par Amy et Gareth Nelson, en rĂ©action aux risques de politique eugĂ©niste en matiĂšre d'autisme[13] - [212]. Cette association devenue leader du mouvement au Royaume-Uni[212] s'est fait connaĂźtre en adressant la mĂȘme annĂ©e une pĂ©tition aux Nations Unies, demandant la reconnaissance de la communautĂ© autiste en tant que minoritĂ© culturelle[228]. La demande n'a pas abouti, mais AFF a mis en ligne une Declaration of the autism community (DĂ©claration de la communautĂ© autiste), dĂ©taillant les raisons de demander cette reconnaissance et les travaux en cours pour la faire aboutir[69]. L'AFF a Ă©galement proposĂ© le pour cĂ©lĂ©brer chaque annĂ©e lâ€ČAutistic Pride Day (journĂ©e de la fiertĂ© autiste)[68]. AFF se positionne contre les prises en charge jugĂ©es nocives (chĂ©lation, ABA), pour la dĂ©fense de la notion de spectre autistique et la dĂ©construction des diffĂ©rences entre formes d’autisme[9].

Amy et Gareth Nelson ont mis en ligne des parodies du site dâ€ČAutism Speaks, arguant que cette derniĂšre association n'est pas porte-parole des personnes autistes, mais au contraire, rĂ©duit leurs voix et leurs revendications au silence[229]. Gareth Nelson et les autres membres d'AFF s'opposent Ă  la crĂ©ation de tests prĂ©nataux pour les troubles du spectre de l'autisme, et dĂ©crivent l'autisme comme une diffĂ©rence plutĂŽt qu'une dĂ©ficience[108].

Autistic Self Advocacy Network

Lâ€ČAutistic Self Advocacy Network (ASAN, RĂ©seau d'auto-soutien autistique) a Ă©tĂ© cocrĂ©Ă© par Ari Ne'eman, diagnostiquĂ© avec un syndrome d'Asperger, en 2006, pour dĂ©noncer une campagne publicitaire de l'universitĂ© de New York lancĂ©e le , prĂ©sentant l'autisme comme une maladie grave, une Ă©pidĂ©mie et une fatalitĂ© qui « enlĂšve les enfants »[71]. L'action de l'ASAN rencontre un vaste Ă©cho mĂ©diatique et se conclut sur un succĂšs, puisque les affiches sont ĂŽtĂ©es trois semaines plus tard[7]. Harold Koplewicz, le directeur du Child Study Center Ă  l'origine de cette campagne, admet avoir commis une erreur : « je pensais que nous combattions l'ignorance, je ne pensais pas que nous combattions des patients adultes »[71]. L'annĂ©e suivante, l'ASAN s'oppose Ă  une campagne publicitaire de la PETA suggĂ©rant un lien entre la casĂ©ine du lait et l'autisme[230].

De maniÚre générale, l'ASAN rejette les représentations de l'autisme vivant à effrayer les parents en donnant une image trÚs négative de ces troubles, ce qui conduit selon Ne'eman à l'idée selon laquelle les autistes ne peuvent pas vivre parmi la société, et à les envoyer « pourrir » dans des institutions spécialisées[7].

SATEDI

D'aprĂšs Brigitte Chamak, SATEDI (Spectre autistique trouble envahissant du dĂ©veloppement international) est la premiĂšre association francophone crĂ©Ă©e par et pour les personnes autistes[8], en l'occurrence le [130], par une QuĂ©bĂ©coise et une Française ayant toutes deux un syndrome d'Asperger[62]. Elle reste la principale association de personnes autistes agissant en France et dans les pays francophones. Cette association est Ă©galement active au QuĂ©bec, en SuĂšde et en Belgique. Elle adopte un discours visant Ă  diffuser des informations fiables sur les TSA aux familles et aux personnes autistes, sans communautarisme ni revendication du concept de neurodiversitĂ©[3] - [11] - [150]. Cette association s'est rapprochĂ©e des positions d'Autisme France, qui a proposĂ© Ă  quelques-uns de ses membres de faire partie de leur conseil d’administration[8].

RĂ©unions

Il existe aussi des rĂ©unions Ă©vĂ©nementielles organisĂ©es Ă  l'origine par et pour les personnes autistes, principalement aux États-Unis. La premiĂšre du genre, « Autreat »[231] (pour Autistic Retreat[6], soit « refuge autistique Â»), est crĂ©Ă©e en 1996. Cette rĂ©union annuelle est conçue pour ĂȘtre agrĂ©able aux personnes autistes, dans un cadre campagnard[8]. L'environnement y est contrĂŽlĂ© pour Ă©liminer les sources potentielles de stress et de surcharges sensorielles, et permettre aux personnes autistes de se relaxer et de se rencontrer[201]. Également, l'ANI a mis en place dĂšs la premiĂšre Ă©dition un code couleur sous forme de badge Ă  porter, permettant aux personnes autistes mĂȘme non verbales d'exprimer leur dĂ©sir ou non d'avoir des interactions sociales[232]. Cette premiĂšre Ă©dition, tenue en juillet[233] ou [6], a accueilli une cinquantaine[6] ou une soixantaine[233] de personnes, dont des parents d'autistes, ainsi qu'un ou deux professionnels de santĂ©[6]. En 2004, avec l’accroissement des participants, Autreat est dĂ©placĂ© sur un campus universitaire[6]. La plupart des participants sont des autistes « Ă  haut niveau de fonctionnement Â», mais quelques-uns sont non verbaux[6]. Certains participants tĂ©moignent Ă  l'occasion de ces rencontres du bien-ĂȘtre que leur a apportĂ© la sensation de retrouver leur communautĂ©, et comparent les participants Ă  la rĂ©union Ă  une diaspora[6].

D'autres Ă©vĂ©nements du mĂȘme type sont lancĂ©s, dont le Project Empowerment en SuĂšde[234]. Au Royaume-Uni, Gareth Nelson crĂ©e la rĂ©union « Autscape »[235], une rencontre sur trois jours[203] dont l'Ă©dition 2007 s'est tenue Ă  Somerset, Ă©galement dans un environnement contrĂŽlĂ© pour ĂȘtre Autism friendly (calme et sans lumiĂšres fluorescentes), oĂč « les comportements considĂ©rĂ©s comme Ă©tranges par les neurotypiques, tels que les stĂ©rĂ©otypies et l'absence de compĂ©tences sociales, sont considĂ©rĂ©s comme la norme »[212]. D'aprĂšs Silberman, le commentaire le plus frĂ©quent des personnes autistes participant Ă  ces rĂ©unions est le sentiment, pour la premiĂšre fois de leur vie, « de ne plus se sentir handicapĂ©es »[234].

Par ailleurs, les personnes autistes adultes organisent des rencontres ponctuelles de type « café Asperger », pour échanger et s'entraider[236]. De nombreuses associations de rencontres existent, comme Asperger-amitié en région parisienne, qui est parrainée par Josef Schovanec. D'aprÚs le psychanalyste Hervé Bentata, bien que cette volonté de créer des liens paraisse contradictoire avec les difficultés de communication propres à l'autisme, elle s'explique par la forte utilisation d'Internet et des réseaux sociaux en amont, permettant d'éviter les interactions en face-à-face[237]. Josef Schovanec recommande deux forums de discussion aux francophones, celui de l'association Asperansa et celui de l'association SATEDI[238].

Critiques et controverses

DĂšs l'origine, le mouvement pour les droits des personnes autistes a crĂ©Ă© des polĂ©miques[34], en raison de divergences d'opinion liĂ©es Ă  l'existence d'une bataille de l'autisme Ă  l'Ă©chelle internationale. Il fait l'objet de critiques variĂ©es, venues principalement de parents d'autistes, mais aussi de personnes autistes qui ne partagent pas ces idĂ©es[161], et de professionnels de santĂ©. Les parents les plus opposĂ©s jugent aberrant de « cĂ©lĂ©brer une pathologie mentale »[107]. Cette opposition entre associations de parents et associations de personnes autistes est plus forte dans les pays anglo-saxons, elle ne se manifeste pas ou que peu en France[6], oĂč les associations de personnes autistes collaborent avec celles des parents et les pouvoirs publics[239]. Le philosophe français Denis Forest note que la dĂ©fense du concept de neurodiversitĂ© s'accompagne d'une « forte dĂ©fiance Ă  l'Ă©gard du savoir mĂ©dical contemporain »[76]. Le psychiatre et psychanalyste français Jacques Hochmann s'exprime ouvertement contre ce mouvement. Il regrette la prise en compte de plus en plus frĂ©quente de l'« expertise profane » des personnes autistes dans les diffĂ©rents plans autisme en France. Pour lui, « les plus extrĂȘmes nient ĂȘtre atteints de troubles quelconques et s’opposent non seulement aux approches dites psychanalytiques mais Ă  toute forme d’éducation spĂ©cialisĂ©e ». Il s'oppose Ă©galement Ă  l'idĂ©e que leur « souffrance Ă©ventuelle » puisse provenir « d’une sociĂ©tĂ© incapable de tolĂ©rer leurs particularitĂ©s et de s’y adapter »[240]. Le pĂ©dopsychiatre français Jacques Constant estime que la nature mĂȘme du mouvement l'expose Ă  un risque de dĂ©rive sectaire : « En effet, en se regroupant entre elles, les personnes TED ont tendance Ă  dĂ©couper la sociĂ©tĂ© en deux catĂ©gories trop distinctes : d'un cĂŽtĂ© les TED sans imagination ni sens social mais avec un sentiment d'appartenir Ă  une minoritĂ© sous-estimĂ©e dans ses potentialitĂ©s logiques ; et de l'autre les « neurotypiques » entravĂ©s par leur imagination et leur sens social pour comprendre les TED[168] ! »

Modification de la définition de l'autisme

Homme assit derriĂšre une table.
Alain Ehrenberg critique la modification de définition de l'autisme induite par la notion de neurodiversité.

Le sociologue français Alain Ehrenberg soulĂšve le problĂšme des modifications crĂ©Ă©es par ce mouvement en matiĂšre de perception de l'autisme, qui tend Ă  quitter le champ du trouble psychique et de la psychiatrie, pendant que de nouvelles pathologies issues de problĂšmes sociaux y entrent[241]. Pour Steven Hyman, du National Institute of Mental Health (NIMH), considĂ©rer des personnes qui Ă©taient jadis dĂ©signĂ©es comme handicapĂ©es mentales comme de simples excentriques risque de dĂ©boucher sur une crise de santĂ© publique[161]. À l'inverse, Brigitte Chamak estime que la volontĂ© de nombreuses personnes adultes non diagnostiquĂ©es, de recevoir un diagnostic officiel d'autisme pour se reconnaĂźtre comme parties de la « communautĂ© autiste Â», peut entraĂźner une stigmatisation, car des personnes qui Ă©taient autrefois perçues comme bizarres ou excentriques sont dĂ©sormais dĂ©finies comme « autistes Â»[3]. En s'appuyant sur un article de Ian Hacking, elle note que l'existence d'un mouvement de dĂ©fense des droits des autistes s'accompagne d'une augmentation des demandes de diagnostic, dĂ©bouchant souvent sur des confirmations[6].

Non-représentation de l'autisme sévÚre

La reprĂ©sentation des personnes aux diffĂ©rents niveaux des TSA (autisme lĂ©ger, moyen ou sĂ©vĂšre) est controversĂ©e. Ces critiques font valoir que toute personne concernĂ©e par les TSA qui est capable de s'exprimer contre l'idĂ©e d'ĂȘtre « soignĂ©e Â» doit avoir une forme d'autisme considĂ©rĂ©e comme lĂ©gĂšre, autisme Ă  haut niveau de fonctionnement ou syndrome d'Asperger. Lenny Schafer, un AmĂ©ricain pĂšre d'un enfant autiste « sĂ©vĂšre Â» et auteur du Schafer Autism Report, a suggĂ©rĂ© qu'au sein de ce mouvement, toute utilisation du mot « autisme » devrait ĂȘtre changĂ©e en « syndrome d'Asperger » pour lui donner sens[68]. En rĂ©ponse Ă  cette critique, Michelle Dawson fait valoir le contre-argument de l'incorporation du syndrome d'Asperger aux autres TSA dans le DSM-5[242].

Lorsqu'une personne autiste prend la parole pour dĂ©fendre les droits de sa communautĂ©, elle est souvent accusĂ©e de « ne pas ĂȘtre assez autiste », ou du moins, pas assez pour reprĂ©senter les personnes ayant des formes d'autisme sĂ©vĂšres[152] - [161]. Jacques Constant souligne que depuis les annĂ©es 2000, le mouvement et les reprĂ©sentations mĂ©diatiques du syndrome d'Asperger tendent Ă  entraĂźner une assimilation de l'autisme Ă  une forme d'intelligence exceptionnelle[168]. Il existe cependant parmi ce mouvement des militants non verbaux qualifiĂ©s d'autistes sĂ©vĂšres, entre autres Amy Sequenzia[243] et Amanda Baggs[119].

Nécessité du soin

TĂȘte d'un homme assez ĂągĂ©, avec lunettes
Le militant Jonathan Mitchell souhaite ĂȘtre soignĂ© de l'autisme.

Les parents d'enfants autistes qui considĂšrent les TSA comme une maladie ou un handicap estiment que des thĂ©rapies visant Ă  supprimer les stĂ©rĂ©otypies doivent ĂȘtre proposĂ©es dans l'intĂ©rĂȘt de leurs enfants, car ils pensent que cela va rĂ©duire leurs souffrances futures. Dans le mouvement anglophone, cette position dans le modĂšle mĂ©dical de l'autisme est dĂ©nommĂ©e pro-cure perspective (position pro-soin)[244] - [245]. En France, le prĂ©sident de l'association Vaincre l'autisme a dĂ©clarĂ© que la dĂ©marche des militants de la neurodiversitĂ© n'a pas de fondement scientifique, et que cette minoritĂ© militante cache les souffrances des personnes dont l'autisme est plus lourd[246].

Lenny Schafer a rĂ©pondu au mouvement anti-soin que cette attitude dĂ©montre « un typique manque d'empathie des autistes, qui estiment qu'ils ne devraient pas aider leurs enfants »[247]. Il estime que cette « minoritĂ© de gens », faisant l'objet d'attention mĂ©diatique pour redĂ©finir l'autisme comme un avantage, devrait ĂȘtre « ignorĂ©e »[107]. Mark Blaxill, un autre parent leader du mouvement anti-vaccin, va plus loin en les qualifiant de « nuisibles »[107].

Le mouvement est Ă©galement critiquĂ© par des personnes autistes qui expriment leur dĂ©sir d'ĂȘtre soignĂ©es. Jonathan Mitchell, un opposant Ă  la neurodiversitĂ©, estime que son autisme lui cause des souffrances, l'empĂȘche de se marier, d'Ă©crire correctement, de tisser des relations et de se concentrer[248].

« Faux » autistes

Plusieurs personnes ont signalĂ© l'existence de militants qui se revendiquent autistes, mais ne le seraient pas. Jacques Hochmann remet en cause l'existence d'une forme d'autisme dite de haut niveau chez au moins une partie des militants, estimant qu'il s'agit d'« une crĂ©ation sociale, un vĂȘtement proposĂ© par la diffusion mĂ©diatique des descriptions de Kanner et d’Asperger, endossĂ© par un certain nombre de personnes qui trouvent ainsi une façon de sortir de leur solitude et de faire entendre, autrement que dans le registre de la maladie, leurs difficultĂ©s existentielles »[240].

Emmanuel Dubrulle, prĂ©sident de l'association SATEDI, tĂ©moigne en 2012 d'avoir observĂ© « les agissements de personnes qui ont cherchĂ© Ă  obtenir un diagnostic et qui ont petit Ă  petit composĂ© un personnage de SA et si cela ne suffisait pas, de SA avec des handicaps prononcĂ©s, avec des problĂšmes d’élocutions qui n’existaient pas quelques mois avant, des difficultĂ©s de comprĂ©hension qui n’existaient pas non plus, en bref ces personnes s’entraĂźnaient Ă  avoir l’air de plus en plus « atteintes », parfois elles y arrivent vraiment au point de leurrer des psychologues cliniciens et des psychiatres en dĂ©veloppant une personnalitĂ© de surface mais qu’elles rendent de plus en plus permanente »[150]. Certains psychiatres et pĂ©dopsychiatres français refusent de poser le diagnostic d'autisme Ă  des personnes qui le demandent « peut-ĂȘtre pour ne pas s'exposer Ă  l'effort de modifier leurs reprĂ©sentations ou par fidĂ©litĂ© aux conceptions de leur jeunesse, estim[a]nt que les personnes qui parlent aujourd'hui ne sont pas d'authentiques autistes »[168].

L'auteur militante et confĂ©renciĂšre amĂ©ricaine Rudy Simone explique dans le Time en 2011 qu'elle s'est auto-diagnostiquĂ©e Asperger, faute de trouver un professionnel de santĂ© qui la croie[249]. En , elle Ă©crit sur son blogue qu'elle estime ne plus appartenir au spectre des troubles autistiques[250].

Communautarisme et comportement de certains militants

D'aprĂšs Josef Schovanec, la critique du militantisme des personnes autistes par d'autres personnes autistes fait l'objet d'un tabou[177]. Lui-mĂȘme a observĂ© des comportements problĂ©matiques. Les diffĂ©rentes structures associatives gĂ©rĂ©es par des autistes connaissent les mĂȘmes problĂšmes de lutte de pouvoir et de rivalitĂ© interne que les autres associations, ce qui gĂ©nĂšre haine et paranoĂŻa. Il tĂ©moigne avoir vu s'exprimer quelques militants amĂ©ricains croyant en la suprĂ©matie intrinsĂšque des autistes[177]. Pour Jonathan Mitchell, le concept de neurodiversitĂ© « vise souvent un public vulnĂ©rable », avec une faible estime de soi, pour lequel cette idĂ©e constitue une Ă©chappatoire sĂ©duisante[125]. Laurent Mottron, qui soutient ce mouvement, estime qu'un risque, Ă  terme, serait qu'un nombre croissant de militants se prennent pour des mutants ou des surhommes[60]. Emmanuel Dubrulle dĂ©nonce le « jeu idiot » qui consiste « Ă  diagnostiquer des cĂ©lĂ©britĂ©s vivantes ou mortes depuis bien longtemps »[133].

Jacques Hochmann dĂ©nonce « un communautarisme propre aux autistes »[240]. Larry Arnold, premiĂšre personne autiste Ă  avoir rejoint le comitĂ© directeur de la National Autistic Society, au Royaume-Uni, regrette que des militants radicaux souhaitent constituer une « communautĂ© autiste Â» qui vivrait Ă  part, et dĂ©plore la « naĂŻvetĂ© politique » des membres de l'association Aspies For Freedom[212].

Notes et références

Notes de traduction

  1. Traduction de The end result of psychoanalytical ruminations made autistic individuals bear the brunt of ill-advised interventions leading to their isolation from loved ones and falling target to harsh interventions.
  2. Traduction de : They may ask why nature or God created such horrible conditions as autism, manic depressions, and schizophrenia. However, if the genes that caused these conditions were eliminated that might be a terrible price to pay.
  3. Traduction de : I'm not weird, I'm autistic.
  4. Traduction de : I survivied behavior modifications.
  5. Traduction de : Autism is a way of being. [...] It is not possible to separate the autism from the person.
  6. Traduction de : By sharing the stories of their lives, they discovered that many of the challenges they face daily are not "symptoms" of their autism, but hardships imposed by a society that refuses to make basics accomodations for people with cognitive disabilities as it does for people with physicals disabilities such as blindness and deafness.
  7. Traduction de : "What's the worst thing about being autistic?" I was once asked, as to a child, by an ingratiating health-care professional. I replied, "Being hated."
  8. Traduction de : [...] my research group and others believe that autism should be described and investigated as a variant within the human species. These variations in gene sequence or expression may have adaptive or maladaptive consequences, but they cannot be reduced to an error of nature that should be corrected. Traduction française par Jean Vinçot, association Asperansa.
  9. Traduction de : In fact, given current estimates of prevalence, autistic people constitute one of the largest minorities in the world.

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  • [Silberman 2016] (en) Steve Silberman (prĂ©f. Oliver Sacks), NeuroTribes: The Legacy of Autism and the Future of Neurodiversity, Avery, , 2e Ă©d., 560 p. (ISBN 0399185615 et 978-0399185618). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • [Shore et Rastelli 2015] (en) Stephen M. Shore et Linda G. Rastelli (trad. Josef Schovanec et Caroline Glorion), Comprendre l'autisme pour les nuls, Éditions First, , 384 p. (ISBN 2-7540-6581-4). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • [Waltz 2013] (en) Mitzi Waltz, Autism: A Social and Medical History, Springer, , 188 p. (ISBN 1137328533 et 9781137328533)

Articles scientifiques

Articles parus dans la presse

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  • [Cazalis 2014] Fabienne Cazalis, « Autisme : pour une prise en compte de la neurodiversitĂ© », Pour la science, no 443,‎ (lire en ligne) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [S. 2013] M. S., « « Qui dit Ă©galitĂ© ne dit pas couper ce qui dĂ©passe ! » », Vivrensemble, Unapei, no 114,‎ , p. 40-41 (lire en ligne) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Saner 2007] (en) Emine Saner, « 'It is not a disease, it is a way of life' », The Guardian,‎ (lire en ligne) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Solomon 2008] (en) Andrew Solomon, « The Autism Rights Movement », New York,‎ (lire en ligne) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [St-Charles 2009] Lise St-Charles, « Évolution de la perception de l'autisme : de pathologie infantile Ă  reconnaissance d'une autre lecture du monde », L'Express, MontrĂ©al, FĂ©dĂ©ration quĂ©bĂ©quoise de l’autisme et des autres troubles envahissants du dĂ©veloppement, no 2,‎ , p. 19-21 (ISBN 978-2-922933-06-2, lire en ligne) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Trivedi 2005] (en) Bijal Trivedi, « Autistic and proud of it », New Scientist, Londres,‎ (lire en ligne [archive], consultĂ© le ) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Verdo 2014] Yann Verdo, « L'autisme, une autre forme d'intelligence ? », Les Échos,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )

TĂ©moignages

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