Synapse
La synapse (du grec ÏÏΜαÏÎčÏ / sĂșnapsis, « contact, point de jonction », dĂ©rivĂ© de ÏÏ ÎœÎŹÏÏÏ / sunĂĄptĂŽ, « joindre, connecter ») est une zone de contact fonctionnelle qui s'Ă©tablit entre deux neurones, ou entre un neurone et une autre cellule (cellules musculaires, rĂ©cepteurs sensorielsâŠ). Elle assure la conversion d'un potentiel d'action dĂ©clenchĂ© dans le neurone prĂ©synaptique en un signal dans la cellule postsynaptique. On estime, pour certains types cellulaires (par exemple cellule pyramidale, cellule de PurkinjeâŠ), qu'environ 40 % de la surface membranaire est couverte de synapses.
On distingue habituellement deux types de synapses :
- la synapse chimique, trĂšs majoritaire, qui utilise des neurotransmetteurs pour transmettre l'information ;
- la synapse Ă©lectrique oĂč le signal est transmis Ă©lectriquement par l'intermĂ©diaire d'une jonction communicante (en anglais gap-junction).
On les distingue au microscope Ă©lectronique par la taille de la fente synaptique ; de l'ordre de 2 nanomĂštres pour les synapses Ă©lectriques, entre 10 et 40 nm pour les synapses chimiques. On peut Ă©galement, dans le cas des synapses Ă©lectriques, observer les jonctions communicantes. Au niveau d'une synapse, il s'agit toujours d'un contact entre deux membranes plasmiques, il n'y a jamais fusion en un syncytium.
Historique
Le mot « neurone » fut utilisé pour la premiÚre fois par Waldeyer pour désigner les cellules nerveuses et un premier pas vers la compréhension de leur mode de fonctionnement eut lieu à la fin du XIXe siÚcle lorsque Camillo Golgi mit au point une technique de coloration par imprégnation, argentique permettant une visualisation optimale du neurone et de ses prolongements.
Par la suite, Santiago RamĂłn y Cajal utilisa la mĂ©thode de coloration de Golgi pour Ă©tayer la thĂ©orie du neurone. Le terme de « synapse », quant Ă lui, fut proposĂ© en 1897 par le physiologiste et Prix Nobel britannique Sir Charles Scott Sherrington pour dĂ©signer le point de contact entre deux neurones. Toutefois, Golgi Ă©tait lui-mĂȘme opposĂ© Ă l'hypothĂšse selon laquelle le systĂšme nerveux pouvait ĂȘtre composĂ© d'unitĂ©s discontinues. En 1906 Golgi et Cajal reçurent conjointement le Prix Nobel de mĂ©decine et physiologie, pour deux thĂ©ories de l'organisation du tissu neuronal (neuronisme et rĂ©ticularisme). Il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© par la suite que les synapses Ă©lectriques sont trĂšs rares et l'on admet aujourd'hui que le systĂšme nerveux est constituĂ© majoritairement d'unitĂ©s contiguĂ«s (thĂšse neuroniste).
Synapse chimique
La synapse chimique est la plus fréquente des synapses du systÚme nerveux. Ce type de synapse transmet le signal nerveux d'un neurone à un autre en utilisant un neurotransmetteur qui est émis par le neurone afférent, diffuse dans la fente synaptique et se lie aux récepteurs postsynaptiques.
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Transmission chimique du neurone A (émetteur) au neurone B (récepteur)
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Dans certaines synapses les cellules gliales jouent un rÎle particuliÚrement actif, notamment en effectuant la recapture du neurotransmetteur (ex. : glutamate). Dans les synapses motrices, une enzyme, la cholinestérase, dégrade le neurotransmetteur dans la fente synaptique.
Morphologie
Il existe deux morphologies de synapses chimiques : la synapse en bouton et la synapse « en passant ». Toutes deux fonctionnent de la mĂȘme façon et on y retrouve les mĂȘmes composants. La synapse en bouton se situe Ă l'extrĂ©mitĂ© de la fibre nerveuse alors que les synapses en passant sont rĂ©parties rĂ©guliĂšrement le long de l'axone.
Il existe un grand « bestiaire » de synapses chimiques selon le type de neurone, la localisation, etc. Le calice de Held dans le tronc cérébral auditif, par exemple, est un cas de synapse géante qui entoure quasi complÚtement la cellule postsynaptique.
La synapse est constituée de trois parties : l'élément présynaptique, l'élément postsynaptique, séparés par l'espace intersynaptique.
- L'élément présynaptique se présente sous forme d'un renflement de l'axone, rempli de vésicules de forme variée (les vésicules synaptiques) contenant le neurotransmetteur. On y trouve aussi un appareil de Golgi trÚs développé et de nombreuses mitochondries, signe d'une activité de synthÚse intense. En effet, les neurotransmetteurs sont en partie synthétisés sur place.
- L'élément postsynaptique, lui, est totalement dépourvu de ce type de vésicule, mais il contient quelques mitochondries nécessaires au fonctionnement de la synapse. Dans certains cas la membrane est plus épaisse (densité postsynaptique), ce qui caractérise les synapses asymétriques, généralement glutamatergiques.
- L'espace intersynaptique (ou fente synaptique) est la zone qui sépare les membranes des deux neurones. Elle est de petite dimension (quelques dizaines de nanomÚtres) et dépourvue de lame basale (contrairement à la plaque motrice).
Transmission de l'influx nerveux
L'influx nerveux est transmis le long de l'axone sous la forme d'une séquence de potentiel d'action. Au niveau d'une synapse chimique, l'information change de nature : elle est transmise par une libération de neurotransmetteurs dans l'espace synaptique. Les trains d'onde de dépolarisation supportés par des courants électrochimiques (les potentiels d'action), sont codés par concentration de neurotransmetteur dans la fente synaptique.
Pendant longtemps, le credo a fait force de loi : un neurone, un neurotransmetteur. On sait aujourd'hui qu'un neurone peut libĂ©rer plusieurs neurotransmetteurs au niveau de la synapse, en gĂ©nĂ©ral un transmetteur principal associĂ© Ă un ou plusieurs neuropeptides [1]. Le transmetteur principal peut mĂȘme Ă©voluer. Certains neurones orthosympathiques (noradrĂ©nergiques), par exemple, peuvent libĂ©rer de la sĂ©rotonine Ă la suite d'une lĂ©sion.
ĂvĂšnements prĂ©synaptiques : la libĂ©ration des neurotransmetteurs
Il faut d'emblĂ©e diffĂ©rencier les neurotransmetteurs peptidiques et non peptidiques. Les neurotransmetteurs peptidiques sont produits par le neurone Ă partir d'acides aminĂ©s prĂ©curseurs prĂ©sents dans le sang. Une grande partie de leur synthĂšse a lieu dans le pĂ©ricaryon, en suivant le schĂ©ma classique de toute production protĂ©ique (Transcription de l'ADN en ARNm, lecture et traduction de l'ARNm par un ribosome sur le rĂ©ticulum endoplasmique) puis transport antĂ©rograde rapide le long du cytosquelette de l'axone dans des vĂ©sicules provenant du bourgeonnement de l'appareil de Golgi. Une Ă©tape de maturation a lieu dans les vĂ©sicules golgiennes (clivages des extrĂ©mitĂ©s N-ter et C-ter par des exopeptidases, clivage dans le peptide par des endopeptidases, amidation sur des acides aminĂ©s glycine, acĂ©tylationâŠ). Les vĂ©sicules sont ensuite accumulĂ©es prĂšs de l'extrĂ©mitĂ© prĂ©synaptique, dans l'attente d'une dĂ©polarisation.
Les neurotransmetteurs non peptidiques sont produits Ă partir d'acides aminĂ©s (catĂ©cholamines comme l'adrĂ©naline ou la noradrĂ©naline Ă partir de la tyrosine, le GABA (Gamma AminoButyric Acid)âŠ), de lipides (THC pour TetraHydroCannabinol), etc. Ils sont produits dans le cytoplasme du neurone ou de la cellule excitable et sont activement pompĂ©s (par des enzymes utilisant l'ATP ou ATPases) dans des vĂ©sicules issues des endosomes ou d'une endocytose.
Le changement de polarité de membrane provoqué par l'arrivée d'un potentiel d'action (PA) au niveau d'une synapse déclenche l'ouverture de canaux calcium membranaires dépendants du voltage (VOC = Voltage Operated Channels). L'augmentation de la concentration en calcium intracellulaire qui en résulte provoque la fusion de la membrane vésiculaire avec la membrane plasmique et la libération des neuromédiateurs. Ce phénomÚne s'appelle l'exocytose. La biologie cellulaire a montré que cette exocytose était assurée par un complexe appelé SNARE composé principalement de 3 protéines :
- VAMP (aussi appelée synaptobrévine), insérée dans la membrane plasmique de la vésicule ;
- la syntaxine arrimée à la membrane plasmique de la cellule ;
- SNAP 25 arrimée dans la membrane plasmique.
Lors d'une dépolarisation ouvrant des VOC au calcium (VOC Ca++), une brusque entrée de calcium précipite la fusion de VAMP avec SNAP 25 et la syntaxine, ce qui arrime la vésicule à la membrane plasmique. La modification tridimensionnelle de ce complexe ternaire conduit à la fusion de la vésicule avec la membrane et à la libération du neurotransmetteur dans la fente synaptique. La fusion opérée par les SNAREs est considérablement accélérée par la présence dans la membrane des vésicules synaptiques de la synaptotagmine, qui est aujourd'hui considérée comme le détecteur de l'influx calcique grùce à ces deux domaines liant le calcium (C2A et C2B).
Trois mĂ©canismes peuvent arrĂȘter l'exocytose et donc faire cesser la libĂ©ration de neurotransmetteur dans la fente synaptique :
- l'ouverture de canaux potassium, qui ramÚnent le potentiel de membrane à sa valeur d'origine et inhibent ainsi les canaux dépendants du potentiel ;
- des pompes calciques, situées sur le réticulum et la mitochondrie, qui captent les ions calcium entrés dans la cellule, ce qui fait cesser le signal calcique ;
- disparition des vésicules synaptiques chargées en neurotransmetteur capable de fusionner avec la membrane (fatigue synaptique).
Ces trois mécanismes expliquent en partie l'existence de la plasticité synaptique à plus ou moins long terme, mise en évidence par des chercheurs comme le britannique Geoffrey Raisman en particulier.
Diffusion des neurotransmetteurs dans la fente synaptique
Les neurotransmetteurs libérés dans la fente synaptique atteignent la membrane postsynaptique par simple diffusion. Avec le délai nécessaire pour provoquer l'exocytose, c'est l'étape qui nécessite le plus de temps dans la transmission synaptique. Dans le cas de la plaque motrice, la concentration en acétylcholine dans la fente atteint une concentration de 100 mmol/l 10 ”s aprÚs sa libération. Elle mettra environ 100 ”s pour revenir à une concentration proche de zéro. Cette disparition du neurotransmetteur de la fente synaptique peut impliquer un recaptage ou une hydrolyse par une enzyme spécialisée. Le codage de l'information étant fréquentiel, il est important de faire cesser l'excitation le plus vite possible.
ĂvĂšnements postsynaptiques : l'activation des rĂ©cepteurs membranaires
Les neurotransmetteurs se fixent sur des récepteurs de la membrane postsynaptique. Il en existe deux sortes :
- les récepteurs ionotropes qui sont des protéines-canal s'ouvrant pour générer un courant ionique ;
- les rĂ©cepteurs mĂ©tabotropes sont couplĂ©s aux protĂ©ines G et sont des transducteurs de signal rĂ©gulant des seconds messagers dans le cytoplasme. Les seconds messagers peuvent s'associer Ă une protĂ©ine-canal ou bien provoquer une cascade de rĂ©actions. Parmi les voies mĂ©taboliques activĂ©es par ces seconds messagers, des facteurs de traduction de l'ADN sont impliquĂ©s, ce qui influence le pool de gĂšnes exprimĂ© par la cellule, et donc pourraient ĂȘtre impliquĂ©s dans le phĂ©nomĂšne de plasticitĂ© synaptique Ă long-terme (LTP) et la mĂ©morisation. Cette voie est beaucoup plus lente que la premiĂšre.
On assiste alors à une réponse physiologique locale appelée potentiel générateur, potentiel gradué (PG) ou potentiel postsynaptique. On caractérise deux types de potentiel postsynaptique :
- le potentiel postsynaptique excitateur (ou PPSE) diminue la différence de potentiel entre les deux cÎtés de la membrane plasmique. Autrement dit le PPSE dépolarise localement la membrane ;
- le potentiel postsynaptique inhibiteur (ou PPSI) augmente la différence de potentiel. Elle hyperpolarise la membrane.
Si la membrane dĂ©passe le seuil critique de dĂ©polarisation, un potentiel d'action est initiĂ©. Les PPSI empĂȘchent le dĂ©clenchement d'un potentiel d'action alors que les PPSE le favorisent.
En gĂ©nĂ©ral, un neurone est couvert de synapses excitatrices et de synapses inhibitrices. Il se produit alors une sommation Ă la fois temporelle et spatiale des entrĂ©es synaptiques pour « dĂ©cider » du dĂ©clenchement ou non d'un potentiel d'action. En fait les dendrites ont peu de canaux sodiques dĂ©pendants du voltage, responsables du dĂ©clenchement du potentiel d'action. Il est donc rare qu'un potentiel d'action y soit dĂ©clenchĂ©. Les potentiels postsynaptiques se propagent le long des dendrites jusqu'au pĂ©ricaryon. Ă la jonction du pĂ©ricaryon et de l'axone se trouve une rĂ©gion particuliĂšrement riche en canaux sodiques dĂ©pendants du voltage, il s'agit du cĂŽne d'initiation. C'est au niveau du cĂŽne d'initiation que sont gĂ©nĂ©rĂ©s le plus souvent les potentiels d'actions qui se propageront ensuite le long de l'axone vers d'autres synapsesâŠ
Le potentiel d'action, une fois initiĂ©, a toujours la mĂȘme amplitude et le mĂȘme dĂ©cours temporel. Sa valeur informative ne dĂ©pend pas de l'importance de la dĂ©polarisation qui l'a initiĂ©. C'est cela qu'on appelle la loi du tout ou rien. Si la dĂ©polarisation continue suffisamment longtemps aprĂšs le dĂ©clenchement du potentiel d'action, un autre potentiel d'action peut ĂȘtre initiĂ©. Les potentiels d'action codent l'information en frĂ©quence.
Plusieurs molĂ©cules Ă©tant libĂ©rĂ©es lors de la transmission synaptique et plusieurs types de rĂ©cepteurs pour le mĂȘme neurotransmetteur pouvant ĂȘtre prĂ©sents sur la mĂȘme membrane postsynaptique, plusieurs effets peuvent avoir lieu simultanĂ©ment. C'est par exemple le cas de nombreuses synapses GABAergiques qui prĂ©sentent un PPSI rapide dĂ» aux rĂ©cepteurs ionotropes GABAA et un PPSI lent dĂ» aux rĂ©cepteurs mĂ©tabotropes GABAB.
ArrĂȘt de la stimulation nerveuse
Pour éviter que la stimulation du neurone postsynaptique ne se prolonge, deux systÚmes éliminent la molécule de l'espace intersynaptique :
- la dégradation, qui met en jeu des enzymes spécifiques qui vont métaboliser le neurotransmetteur, mettant fin à son effet sur le neurone postsynaptique exemple la MAO issue des synthÚses mitochondriales ;
- la recapture, pendant laquelle le neurotransmetteur ou ses prĂ©curseurs issus de la dĂ©gradation enzymatique est rĂ©cupĂ©rĂ© par le neurone prĂ©synaptique, ou par la cellule gliale avoisinante, pour ĂȘtre rĂ©utilisĂ© ou dĂ©truit.
En général les deux sont associés. Dans le cas de l'acétylcholine, une dégradation limitée est suivie d'une recapture de la choline qui sera utilisée pour resynthétiser l'acétylcholine.
Influence des substances psychoactives
Les substances psychoactives sont des drogues, des médicaments, etc., qui modifient les perceptions sensorielles, les sensations, l'humeur⊠Elles ont comme principal mode d'action de modifier le passage des neurotransmetteurs.
Comme pour les neurotransmetteurs, il existe plusieurs modes d'action possibles Ă ces drogues, dont :
- se lier aux récepteurs sans entraßner d'effet (effet antagoniste). Les récepteurs ne sont alors plus disponibles pour lier l'agoniste (neurotransmetteur) ;
- empĂȘcher ou limiter la sortie ou la destruction de neurotransmetteurs, qui active davantage et plus longtemps le rĂ©cepteur (exemple de la fluoxĂ©tine).
Les conséquences à long terme sont de modifier la réceptivité de la synapse, par exemple en modifiant le nombre de récepteurs, en réaction de défense, ce qui entraßne l'accoutumance et la dépendance.
Jonction neuromusculaire
Lors du réflexe myotatique CF réflexe de flexion, l'élément présynaptique rencontre la plaque motrice de la fibre musculaire qui est composée d'une membrane plasmique appelée sarcolemme faisant office d'élément postsynaptique et contenant plusieurs centaines de myofibrilles. La jonction neuromusculaire est historiquement trÚs importante puisque ce sont les observations sur le muscle extenseur de la patte de grenouille qui ont donné naissance à l'électrobiologie qui eut un retentissement rapide auprÚs du grand public, comme en témoigne l'engouement de l'époque pour les phénomÚnes électriques.
Vue détaillée d'une jonction |
L'acétylcholine intervient dans la contraction musculaire lors des réflexes de flexion ou d'extension au niveau de la jonction neuromusculaire. Les neurones la produisant s'appellent neurones cholinergiques. Ses précurseurs sont la choline d'origine alimentaire qui est captée par la terminaison présynaptique dans le sang et l'acétylcoenzyme A d'origine mitochondriale. Ils sont synthétisés par l'enzyme choline-acétyltransférase (CAT) qui les transforment en acétylcholine. Ces neuromédiateurs sont alors enveloppés par des vésicules provenant du bourgeonnement de l'appareil de Golgi et sont transportés jusqu'au renflement (ou bouton) synaptique. Au niveau présynaptique il y a non pas un seul renflement mais des centaines afin d'assurer une surface de contact plus large, on parle d'arborisation terminale.
Sous l'effet du calcium, les vĂ©sicules chargĂ©es de neuromĂ©diateurs fusionnent avec la membrane plasmique, dĂ©versant leur contenu dans la fente synaptique (exocytose). Les neuromĂ©diateurs se fixent alors sur des rĂ©cepteurs spĂ©cifiques de la plaque motrice du muscle squelettique ce qui a pour consĂ©quence de provoquer sa contraction. L'excĂšs de neuromĂ©diateur est ensuite dĂ©gradĂ© par une enzyme : acĂ©tylcholinestĂ©rase (ACHE) qui libĂšre de l'acide acĂ©tique et de la choline qui pourra ĂȘtre ensuite recapturĂ©e par les rĂ©cepteurs de l'axone prĂ©synaptique et recyclĂ©.
Synapse Ă©lectrique
Dans la synapse électrique, les membranes des deux neurones sont reliées par des jonctions communicantes, parfois appelées également nexus (GAP junctions). Les ions se transmettent donc d'une cellule à une autre, ainsi que la dépolarisation membranaire associée. L'influx nerveux se transmet sans intervention de neurotransmetteur. Ce type de synapse, qui joue un rÎle important dans le systÚme nerveux immature, est ensuite relativement rare au stade adulte et est majoritairement retrouvé chez les invertébrés. Ce type de communication est trÚs fréquent dans les épithéliums.
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Transmission électrique du neurone A (émetteur) au neurone B (récepteur)
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Classification
Au niveau du soma (le soma ou « corps cellulaire » ou péricaryon, est la partie centrale d'un neurone)
- Synapse axoâsomatique simple
- Synapse axoâsomatique invaginĂ©e
- Synapse axoâsomatique Ă©pineuse
- Synapse axoâdendritique simple, (accolement des 2 membranes)
- Synapse axoâdendritique Ă©pineuse (synapse sur le bourgeon des Ă©pines dendritiques)
- Synapse Ă crĂȘte (sur le cĂŽtĂ© du bourgeon dendritique)
- Synapse épineuse ramifiée
- Synapse axoâdendritique « en passant »
- Synapse axoâdendritique rĂ©ciproque
- Terminaison polyâsynaptique
- Synapse épineuse interdigité
Au niveau du cĂŽne dâimplantation et de lâaxone
- Synapse axoâaxonique proximale
- Synapse axoâaxonique inhibitrice
- Synapse axoâaxonique distale
- Synapse axoâaxonique « en passant »
Les terminaisons dendritiques sont super mobiles.
Intégration du signal : zoom sur l'élément postsynaptique
Les synapses sont regroupĂ©es selon deux catĂ©gories selon les effets qu'elles engendrent : excitatrices ou inhibitrices. Le principal neuromĂ©diateur inhibiteur du cerveau est le GABA qui se fixe sur les canaux rĂ©cepteurs GABAA dont l'ouverture provoque un influx d'ions chlorure et donc une hyperpolarisation de la membrane. Il existe une plus grande diversitĂ© de rĂ©cepteurs ionotropes excitateurs, par exemple les rĂ©cepteurs au glutamate ou Ă lâacĂ©tylcholine. L'Ă©lĂ©ment postsynaptique possĂšde en gĂ©nĂ©ral ces deux catĂ©gories de rĂ©cepteurs ainsi que des canaux sodium ou calcium activĂ©s par dĂ©polarisation. Il rĂ©alise une sommation temporelle des signaux excitateurs (PPSE, potentiel postsynaptique excitateur) et inhibiteurs (PPSI, potentiel postsynaptique inhibiteur). Il propagera le potentiel d'action Ă la condition que la somme des excitations soit supĂ©rieure Ă la somme des inhibitions et si un seuil de dĂ©polarisation est atteint. Ce seuil correspond au voltage auquel un nombre suffisant de canaux sodium sont activĂ©s.
La sommation spatiale se rĂ©fĂšre aux diffĂ©rentes synapses affĂ©rentes Ă l'Ă©lĂ©ment postsynaptique. Un neurone peut en effet recevoir plus d'un millier d'affĂ©rences diffĂ©rentes mais il ne peut rĂ©agir que d'une seule maniĂšre : conduction ou absence de conduction. Si le rĂ©sultat de la somme algĂ©brique de tous les Ă©lĂ©ments affĂ©rents est supĂ©rieure Ă une valeur seuil, aux environs de -15 mV dans le schĂ©ma ci-contre, le neurone intĂ©grateur sera le siĂšge dâun potentiel dâaction.
Une sommation dite temporelle a aussi lieu au niveau de lâĂ©lĂ©ment postsynaptique. Elle est due Ă la vitesse d'entrĂ©e des ions Ă l'intĂ©rieur de la cellule. Si beaucoup de PPSE sont rapprochĂ©s dans le temps, ils s'ajoutent et peuvent Ă©galement atteindre le seuil de dĂ©polarisation et donner lieu Ă un potentiel dâaction.
Un dernier Ă©lĂ©ment dâintĂ©gration est dĂ» Ă lâexistence de la pĂ©riode rĂ©fractaire du neurone. Si deux signaux affĂ©rents excitateurs sont espacĂ©s de moins d'une milliseconde, le second ne donnera naissance Ă aucun PPSE et sera donc silencieux.
Pathologie
L'anomalie de fonctionnement de la synapse neuro-musculaire est responsable d'une maladie neuromusculaire nommée myasthénie.
Synapses, génétique, fonctionnement du cerveau et autisme
Il existe de nombreuses formes d'autisme, longtemps considĂ©rĂ©es comme d'origine non-organique, souvent multifactorielles et pour partie environnementale, mais toujours liĂ©es Ă une organisation et un fonctionnement atypique du cerveau. On connait aussi de nombreuses formes de dĂ©ficience mentale (DM), associĂ©es ou non Ă des anomalies physiologiques du cerveau. Assez souvent l'autisme peut ĂȘtre associĂ© Ă une dĂ©ficience mentale, mais aussi Ă des capacitĂ©s intellectuelles accrues dans certains domaines (cas du syndrome d'Asperger)[2].
Les donnĂ©es Ă©pidĂ©miologiques ont peu Ă peu suggĂ©rĂ© l'implication de causes gĂ©nĂ©tiques directes et indirectes, ainsi que de facteurs gĂ©nĂ©tiques et Ă©pigĂ©nĂ©tiques dans l'apparition des TSA, au moins dans un grand nombre de cas[3]. Il en va de mĂȘme pour divers types de retard mental[3]. Depuis 2003, la prĂ©sence de mutations gĂ©nĂ©tiques (se transmettant selon le modĂšle mendĂ©lien) affectant la formation, la maturation et le fonctionnement des synapses en lien avec lâĂ©tiologie de lâautisme est avĂ©rĂ©e. Ces gĂšnes mutĂ©s concernent au moins la synapse glutamatergique et probablement l'astrocyte qui lui est associĂ©[2].
Certains des gĂšnes identifiĂ©s codent des protĂ©ines particuliĂšrement impliquĂ©es dans la structure de connexion des neurones (synapses)[2]. Parmi les premiers gĂšnes trouvĂ©s impliquĂ© dans des anomalies, chez des personnes avec autisme ou syndrome dâAsperger, des synthĂšses et fonctions de certaines protĂ©ines synaptiques, selon le consortium international Autism Genome Project[4], figurent NLGN3 et NLGN4, situĂ©s sur le chromosome X et codant les Neuroligines 3 et 4 et ; mais aussi SHANK3 et NRXN1 codant des neurexines[5] - [6], protĂ©ines associĂ©es Ă l'autisme au dĂ©but des annĂ©es 2000[7] - [8] - [9] - [10] - [11]. Le rĂŽle spĂ©cifique et prĂ©cis de ces gĂšnes dans le dysfonctionnement du cerveau apparait complexe et encore mal compris, de mĂȘme pour les interactions gĂšne-environnement, car les TSA montrent une variabilitĂ© phĂ©notypique et une hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© gĂ©nĂ©tique trĂšs Ă©levĂ©es[12] ; certaines neurexines peuvent aussi ĂȘtre impliquĂ©s dans la schizophrĂ©nie (parfois associĂ©e au Syndrome d'Asperger ou Ă d'autres TSA)[13].
On sait aussi que la glie contribue Ă la physiopathologie des TSA. Non seulement le cellules gliales « collent » les neurones entre eux, mais elles participent activement Ă la neurogenĂšse, Ă la myĂ©linisation, Ă la la synaptogenĂšse, au contrĂŽle de l'inflammation et Ă la gestion du glutamate, entre autres choses[14]. Gzielo et Nikiforuk (2021) plaident pour que le rĂŽle des cellules astrogliales et les interactions mutuelles entre neurones et astrocytes soient mieux Ă©tudiĂ©, car il semble que « les signes de dysfonctionnement astroglial, mais aussi oligodendroglial et microglial observĂ©s dans le cerveau autistique montrent que la gliopathologie peut ĂȘtre une cause de survenue de TSA »[15].
Ayant observĂ© qu'un mĂȘme dysfonctionnement de certaines synapse du cerveau correspond Ă plusieurs types de dĂ©ficience mentale (DM) dâorigine gĂ©nĂ©tique, des chercheurs ont recherchĂ© d'Ă©ventuelles causes gĂ©nĂ©tiques communes entre DM et autisme ; ils ont trouvĂ© que plusieurs gĂšnes semblent indiffĂ©remment ĂȘtre des gĂšnes « dâautisme » ou de « DM » (ex. : gĂšne NLGN4X, l'un des 5 gĂšnes codant pour la Neuroligine et qui est retrouvĂ© mutĂ© dans les cas de syndrome dâAsperger, mais aussi chez les autistes non retardĂ©s ou retardĂ©s, ainsi que chez des sujets retardĂ©s sans troubles du spectre autistique)[2].
Selon Perche & al (2010), « il existe donc un continuum gĂ©nĂ©tique entre autisme et troubles apparentĂ©s, dâune part, et avec les DM dâautre part »[2].
Depuis les annĂ©es 2010, plusieurs Ă©tudes et revues de la littĂ©rature montrent ou confirment qu'il existe aussi des facteurs Ă©pigĂ©nĂ©tiques[16] - [17] - [18] - [19], affectant notamment les liaisons synaptiques[20]. La rĂ©gulation Ă©pigĂ©nĂ©tique est un mĂ©canisme molĂ©culaire, notamment basĂ© sur la mĂ©thylation, connu pour ĂȘtre sources de troubles neurodĂ©veloppementaux. Ses liens avec l'environnement pourraient expliquer l'apparente augmentation des TSA, via des polluants et/ou mĂ©dicaments impactant la gĂ©nĂ©tique des spermatozoĂŻdes, des ovules ou de l'embryon ou du jeune enfant en dĂ©veloppement[21]. L'alimentation de la mĂšre pourrait Ă la fois ĂȘtre source de molĂ©cules Ă©pigĂ©nĂ©tiquement dĂ©lĂ©tĂšres et de molĂ©cules susceptibles d'avoir des effets Ă©pigĂ©nĂ©tiques positifs liĂ©es aux TSA[21] (acide folique par exemple).
Niveau synaptique
La structure des organismes biologiques qui constituent la biosphĂšre peut ĂȘtre dĂ©composĂ©e en plusieurs niveaux d'organisation : atomique, molĂ©culaire, cellulaire, tissulaire, organique, des appareils, et enfin celui de l'organisme dans sa totalitĂ© fonctionnelle.
L'étude scientifique du vivant se fait par des recherches sur les éléments de chacun de ces niveaux, puis par la compréhension des interactions entre ces différents niveaux (voir l'article « Méthode scientifique »).
L'Ă©tude du niveau synaptique permet de comprendre les caractĂ©ristiques de la transmission des signaux bioĂ©lectriques et chimiques, entre les neurones eux-mĂȘmes ou entre les neurones et certains Ă©lĂ©ments de l'organisme (cellule sensorielle, muscle lisse ou striĂ©âŠ). La comprĂ©hension de la transmission des signaux neuraux est une nĂ©cessitĂ© incontournable car ce mĂ©canisme est fondamental dans le fonctionnement du systĂšme nerveux.
Recherche et développement, prospective
Des travaux de recherche portent sur la création de synapses artificielles bioinspirées (neuroinspirées plus précisément)[22].
Notes et références
- Marieb et Hoehn 2015, p. 482.
- O. Perche, F. Laumonnier, L. Baala et M.-Y. Ardourel, « Autisme, gĂ©nĂ©tique et anomalies de la fonction synaptique », Pathologie Biologie, vol. 58, no 5,â , p. 381â386 (DOI 10.1016/j.patbio.2009.12.005, lire en ligne, consultĂ© le ).
- A. Goldenberg et P. Saugier-Veber, « Retards mentaux dâorigine gĂ©nĂ©tique », Pathologie Biologie, gĂ©nĂ©tique, vol. 58, no 5,â , p. 331â342 (ISSN 0369-8114, DOI 10.1016/j.patbio.2009.09.013, lire en ligne, consultĂ© le ).
- (en) Antonio M. Persico et Thomas Bourgeron, « Searching for ways out of the autism maze: genetic, epigenetic and environmental clues », Trends in Neurosciences, vol. 29, no 7,â , p. 349â358 (ISSN 0166-2236, DOI 10.1016/j.tins.2006.05.010, lire en ligne, consultĂ© le ).
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Annexes
Bibliographie
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Articles connexes
- Cellule gliale
- Ălagage synaptique
- Plasticité synaptique
- Potentiel postsynaptique
- RĂ©flexe d'extension
- RĂ©flexe de flexion
- Cerveau
- Moelle Ă©piniĂšre
- Classement thématique des neurosciences
- Histoire de l'Ă©lectrophysiologie
- Ălectrophysiologie
- Potentiel de repos
- Biophysique des canaux ioniques
- Synapse réciproque
Liens externes
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