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Synapse

La synapse (du grec σύΜαψÎčς / sĂșnapsis, « contact, point de jonction », dĂ©rivĂ© de ÏƒÏ…ÎœÎŹÏ€Ï„Ï‰ / sunĂĄptĂŽ, « joindre, connecter ») est une zone de contact fonctionnelle qui s'Ă©tablit entre deux neurones, ou entre un neurone et une autre cellule (cellules musculaires, rĂ©cepteurs sensoriels
). Elle assure la conversion d'un potentiel d'action dĂ©clenchĂ© dans le neurone prĂ©synaptique en un signal dans la cellule postsynaptique. On estime, pour certains types cellulaires (par exemple cellule pyramidale, cellule de Purkinje
), qu'environ 40 % de la surface membranaire est couverte de synapses.

Synapse entre deux neurones.

On distingue habituellement deux types de synapses :

  • la synapse chimique, trĂšs majoritaire, qui utilise des neurotransmetteurs pour transmettre l'information ;
  • la synapse Ă©lectrique oĂč le signal est transmis Ă©lectriquement par l'intermĂ©diaire d'une jonction communicante (en anglais gap-junction).

On les distingue au microscope Ă©lectronique par la taille de la fente synaptique ; de l'ordre de 2 nanomĂštres pour les synapses Ă©lectriques, entre 10 et 40 nm pour les synapses chimiques. On peut Ă©galement, dans le cas des synapses Ă©lectriques, observer les jonctions communicantes. Au niveau d'une synapse, il s'agit toujours d'un contact entre deux membranes plasmiques, il n'y a jamais fusion en un syncytium.

Historique

Le mot « neurone » fut utilisé pour la premiÚre fois par Waldeyer pour désigner les cellules nerveuses et un premier pas vers la compréhension de leur mode de fonctionnement eut lieu à la fin du XIXe siÚcle lorsque Camillo Golgi mit au point une technique de coloration par imprégnation, argentique permettant une visualisation optimale du neurone et de ses prolongements.

Par la suite, Santiago RamĂłn y Cajal utilisa la mĂ©thode de coloration de Golgi pour Ă©tayer la thĂ©orie du neurone. Le terme de « synapse », quant Ă  lui, fut proposĂ© en 1897 par le physiologiste et Prix Nobel britannique Sir Charles Scott Sherrington pour dĂ©signer le point de contact entre deux neurones. Toutefois, Golgi Ă©tait lui-mĂȘme opposĂ© Ă  l'hypothĂšse selon laquelle le systĂšme nerveux pouvait ĂȘtre composĂ© d'unitĂ©s discontinues. En 1906 Golgi et Cajal reçurent conjointement le Prix Nobel de mĂ©decine et physiologie, pour deux thĂ©ories de l'organisation du tissu neuronal (neuronisme et rĂ©ticularisme). Il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© par la suite que les synapses Ă©lectriques sont trĂšs rares et l'on admet aujourd'hui que le systĂšme nerveux est constituĂ© majoritairement d'unitĂ©s contiguĂ«s (thĂšse neuroniste).

Synapse chimique

La synapse chimique est la plus fréquente des synapses du systÚme nerveux. Ce type de synapse transmet le signal nerveux d'un neurone à un autre en utilisant un neurotransmetteur qui est émis par le neurone afférent, diffuse dans la fente synaptique et se lie aux récepteurs postsynaptiques.

Transmission chimique du neurone A (émetteur) au neurone B (récepteur)

  1. Mitochondrie
  2. VĂ©sicule synaptique avec des neurotransmetteurs
  3. Autorécepteur
  4. Fente synaptique avec neurotransmetteur libéré (ex : sérotonine ou dopamine)
  5. Récepteurs postsynaptiques activés par neurotransmetteur (induction d'un potentiel postsynaptique)
  6. Canal calcium
  7. Exocytose d'une vésicule
  8. Neurotransmetteur recapturé

Dans certaines synapses les cellules gliales jouent un rÎle particuliÚrement actif, notamment en effectuant la recapture du neurotransmetteur (ex. : glutamate). Dans les synapses motrices, une enzyme, la cholinestérase, dégrade le neurotransmetteur dans la fente synaptique.

Morphologie

Il existe deux morphologies de synapses chimiques : la synapse en bouton et la synapse « en passant ». Toutes deux fonctionnent de la mĂȘme façon et on y retrouve les mĂȘmes composants. La synapse en bouton se situe Ă  l'extrĂ©mitĂ© de la fibre nerveuse alors que les synapses en passant sont rĂ©parties rĂ©guliĂšrement le long de l'axone.

Il existe un grand « bestiaire » de synapses chimiques selon le type de neurone, la localisation, etc. Le calice de Held dans le tronc cérébral auditif, par exemple, est un cas de synapse géante qui entoure quasi complÚtement la cellule postsynaptique.

La synapse est constituée de trois parties : l'élément présynaptique, l'élément postsynaptique, séparés par l'espace intersynaptique.

  • L'Ă©lĂ©ment prĂ©synaptique se prĂ©sente sous forme d'un renflement de l'axone, rempli de vĂ©sicules de forme variĂ©e (les vĂ©sicules synaptiques) contenant le neurotransmetteur. On y trouve aussi un appareil de Golgi trĂšs dĂ©veloppĂ© et de nombreuses mitochondries, signe d'une activitĂ© de synthĂšse intense. En effet, les neurotransmetteurs sont en partie synthĂ©tisĂ©s sur place.
  • L'Ă©lĂ©ment postsynaptique, lui, est totalement dĂ©pourvu de ce type de vĂ©sicule, mais il contient quelques mitochondries nĂ©cessaires au fonctionnement de la synapse. Dans certains cas la membrane est plus Ă©paisse (densitĂ© postsynaptique), ce qui caractĂ©rise les synapses asymĂ©triques, gĂ©nĂ©ralement glutamatergiques.
  • L'espace intersynaptique (ou fente synaptique) est la zone qui sĂ©pare les membranes des deux neurones. Elle est de petite dimension (quelques dizaines de nanomĂštres) et dĂ©pourvue de lame basale (contrairement Ă  la plaque motrice).

Transmission de l'influx nerveux

L'influx nerveux est transmis le long de l'axone sous la forme d'une séquence de potentiel d'action. Au niveau d'une synapse chimique, l'information change de nature : elle est transmise par une libération de neurotransmetteurs dans l'espace synaptique. Les trains d'onde de dépolarisation supportés par des courants électrochimiques (les potentiels d'action), sont codés par concentration de neurotransmetteur dans la fente synaptique.

Pendant longtemps, le credo a fait force de loi : un neurone, un neurotransmetteur. On sait aujourd'hui qu'un neurone peut libĂ©rer plusieurs neurotransmetteurs au niveau de la synapse, en gĂ©nĂ©ral un transmetteur principal associĂ© Ă  un ou plusieurs neuropeptides [1]. Le transmetteur principal peut mĂȘme Ă©voluer. Certains neurones orthosympathiques (noradrĂ©nergiques), par exemple, peuvent libĂ©rer de la sĂ©rotonine Ă  la suite d'une lĂ©sion.

ÉvĂšnements prĂ©synaptiques : la libĂ©ration des neurotransmetteurs

Il faut d'emblée différencier les neurotransmetteurs peptidiques et non peptidiques. Les neurotransmetteurs peptidiques sont produits par le neurone à partir d'acides aminés précurseurs présents dans le sang. Une grande partie de leur synthÚse a lieu dans le péricaryon, en suivant le schéma classique de toute production protéique (Transcription de l'ADN en ARNm, lecture et traduction de l'ARNm par un ribosome sur le réticulum endoplasmique) puis transport antérograde rapide le long du cytosquelette de l'axone dans des vésicules provenant du bourgeonnement de l'appareil de Golgi. Une étape de maturation a lieu dans les vésicules golgiennes (clivages des extrémités N-ter et C-ter par des exopeptidases, clivage dans le peptide par des endopeptidases, amidation sur des acides aminés glycine, acétylation
). Les vésicules sont ensuite accumulées prÚs de l'extrémité présynaptique, dans l'attente d'une dépolarisation.

Les neurotransmetteurs non peptidiques sont produits à partir d'acides aminés (catécholamines comme l'adrénaline ou la noradrénaline à partir de la tyrosine, le GABA (Gamma AminoButyric Acid)
), de lipides (THC pour TetraHydroCannabinol), etc. Ils sont produits dans le cytoplasme du neurone ou de la cellule excitable et sont activement pompés (par des enzymes utilisant l'ATP ou ATPases) dans des vésicules issues des endosomes ou d'une endocytose.

Le changement de polarité de membrane provoqué par l'arrivée d'un potentiel d'action (PA) au niveau d'une synapse déclenche l'ouverture de canaux calcium membranaires dépendants du voltage (VOC = Voltage Operated Channels). L'augmentation de la concentration en calcium intracellulaire qui en résulte provoque la fusion de la membrane vésiculaire avec la membrane plasmique et la libération des neuromédiateurs. Ce phénomÚne s'appelle l'exocytose. La biologie cellulaire a montré que cette exocytose était assurée par un complexe appelé SNARE composé principalement de 3 protéines :

  • VAMP (aussi appelĂ©e synaptobrĂ©vine), insĂ©rĂ©e dans la membrane plasmique de la vĂ©sicule ;
  • la syntaxine arrimĂ©e Ă  la membrane plasmique de la cellule ;
  • SNAP 25 arrimĂ©e dans la membrane plasmique.

Lors d'une dépolarisation ouvrant des VOC au calcium (VOC Ca++), une brusque entrée de calcium précipite la fusion de VAMP avec SNAP 25 et la syntaxine, ce qui arrime la vésicule à la membrane plasmique. La modification tridimensionnelle de ce complexe ternaire conduit à la fusion de la vésicule avec la membrane et à la libération du neurotransmetteur dans la fente synaptique. La fusion opérée par les SNAREs est considérablement accélérée par la présence dans la membrane des vésicules synaptiques de la synaptotagmine, qui est aujourd'hui considérée comme le détecteur de l'influx calcique grùce à ces deux domaines liant le calcium (C2A et C2B).

Trois mĂ©canismes peuvent arrĂȘter l'exocytose et donc faire cesser la libĂ©ration de neurotransmetteur dans la fente synaptique :

  • l'ouverture de canaux potassium, qui ramĂšnent le potentiel de membrane Ă  sa valeur d'origine et inhibent ainsi les canaux dĂ©pendants du potentiel ;
  • des pompes calciques, situĂ©es sur le rĂ©ticulum et la mitochondrie, qui captent les ions calcium entrĂ©s dans la cellule, ce qui fait cesser le signal calcique ;
  • disparition des vĂ©sicules synaptiques chargĂ©es en neurotransmetteur capable de fusionner avec la membrane (fatigue synaptique).

Ces trois mécanismes expliquent en partie l'existence de la plasticité synaptique à plus ou moins long terme, mise en évidence par des chercheurs comme le britannique Geoffrey Raisman en particulier.

Diffusion des neurotransmetteurs dans la fente synaptique

Les neurotransmetteurs libĂ©rĂ©s dans la fente synaptique atteignent la membrane postsynaptique par simple diffusion. Avec le dĂ©lai nĂ©cessaire pour provoquer l'exocytose, c'est l'Ă©tape qui nĂ©cessite le plus de temps dans la transmission synaptique. Dans le cas de la plaque motrice, la concentration en acĂ©tylcholine dans la fente atteint une concentration de 100 mmol/l 10 Â”s aprĂšs sa libĂ©ration. Elle mettra environ 100 ”s pour revenir Ă  une concentration proche de zĂ©ro. Cette disparition du neurotransmetteur de la fente synaptique peut impliquer un recaptage ou une hydrolyse par une enzyme spĂ©cialisĂ©e. Le codage de l'information Ă©tant frĂ©quentiel, il est important de faire cesser l'excitation le plus vite possible.

ÉvĂšnements postsynaptiques : l'activation des rĂ©cepteurs membranaires

Les neurotransmetteurs se fixent sur des récepteurs de la membrane postsynaptique. Il en existe deux sortes :

  • les rĂ©cepteurs ionotropes qui sont des protĂ©ines-canal s'ouvrant pour gĂ©nĂ©rer un courant ionique ;
  • les rĂ©cepteurs mĂ©tabotropes sont couplĂ©s aux protĂ©ines G et sont des transducteurs de signal rĂ©gulant des seconds messagers dans le cytoplasme. Les seconds messagers peuvent s'associer Ă  une protĂ©ine-canal ou bien provoquer une cascade de rĂ©actions. Parmi les voies mĂ©taboliques activĂ©es par ces seconds messagers, des facteurs de traduction de l'ADN sont impliquĂ©s, ce qui influence le pool de gĂšnes exprimĂ© par la cellule, et donc pourraient ĂȘtre impliquĂ©s dans le phĂ©nomĂšne de plasticitĂ© synaptique Ă  long-terme (LTP) et la mĂ©morisation. Cette voie est beaucoup plus lente que la premiĂšre.

On assiste alors à une réponse physiologique locale appelée potentiel générateur, potentiel gradué (PG) ou potentiel postsynaptique. On caractérise deux types de potentiel postsynaptique :

Si la membrane dĂ©passe le seuil critique de dĂ©polarisation, un potentiel d'action est initiĂ©. Les PPSI empĂȘchent le dĂ©clenchement d'un potentiel d'action alors que les PPSE le favorisent.

En gĂ©nĂ©ral, un neurone est couvert de synapses excitatrices et de synapses inhibitrices. Il se produit alors une sommation Ă  la fois temporelle et spatiale des entrĂ©es synaptiques pour « dĂ©cider » du dĂ©clenchement ou non d'un potentiel d'action. En fait les dendrites ont peu de canaux sodiques dĂ©pendants du voltage, responsables du dĂ©clenchement du potentiel d'action. Il est donc rare qu'un potentiel d'action y soit dĂ©clenchĂ©. Les potentiels postsynaptiques se propagent le long des dendrites jusqu'au pĂ©ricaryon. À la jonction du pĂ©ricaryon et de l'axone se trouve une rĂ©gion particuliĂšrement riche en canaux sodiques dĂ©pendants du voltage, il s'agit du cĂŽne d'initiation. C'est au niveau du cĂŽne d'initiation que sont gĂ©nĂ©rĂ©s le plus souvent les potentiels d'actions qui se propageront ensuite le long de l'axone vers d'autres synapses


Le potentiel d'action, une fois initiĂ©, a toujours la mĂȘme amplitude et le mĂȘme dĂ©cours temporel. Sa valeur informative ne dĂ©pend pas de l'importance de la dĂ©polarisation qui l'a initiĂ©. C'est cela qu'on appelle la loi du tout ou rien. Si la dĂ©polarisation continue suffisamment longtemps aprĂšs le dĂ©clenchement du potentiel d'action, un autre potentiel d'action peut ĂȘtre initiĂ©. Les potentiels d'action codent l'information en frĂ©quence.

Plusieurs molĂ©cules Ă©tant libĂ©rĂ©es lors de la transmission synaptique et plusieurs types de rĂ©cepteurs pour le mĂȘme neurotransmetteur pouvant ĂȘtre prĂ©sents sur la mĂȘme membrane postsynaptique, plusieurs effets peuvent avoir lieu simultanĂ©ment. C'est par exemple le cas de nombreuses synapses GABAergiques qui prĂ©sentent un PPSI rapide dĂ» aux rĂ©cepteurs ionotropes GABAA et un PPSI lent dĂ» aux rĂ©cepteurs mĂ©tabotropes GABAB.

ArrĂȘt de la stimulation nerveuse

Pour éviter que la stimulation du neurone postsynaptique ne se prolonge, deux systÚmes éliminent la molécule de l'espace intersynaptique :

  • la dĂ©gradation, qui met en jeu des enzymes spĂ©cifiques qui vont mĂ©taboliser le neurotransmetteur, mettant fin Ă  son effet sur le neurone postsynaptique exemple la MAO issue des synthĂšses mitochondriales ;
  • la recapture, pendant laquelle le neurotransmetteur ou ses prĂ©curseurs issus de la dĂ©gradation enzymatique est rĂ©cupĂ©rĂ© par le neurone prĂ©synaptique, ou par la cellule gliale avoisinante, pour ĂȘtre rĂ©utilisĂ© ou dĂ©truit.

En général les deux sont associés. Dans le cas de l'acétylcholine, une dégradation limitée est suivie d'une recapture de la choline qui sera utilisée pour resynthétiser l'acétylcholine.

Influence des substances psychoactives

Les substances psychoactives sont des drogues, des médicaments, etc., qui modifient les perceptions sensorielles, les sensations, l'humeur
 Elles ont comme principal mode d'action de modifier le passage des neurotransmetteurs.

Comme pour les neurotransmetteurs, il existe plusieurs modes d'action possibles Ă  ces drogues, dont :

  • se lier aux rĂ©cepteurs sans entraĂźner d'effet (effet antagoniste). Les rĂ©cepteurs ne sont alors plus disponibles pour lier l'agoniste (neurotransmetteur) ;
  • empĂȘcher ou limiter la sortie ou la destruction de neurotransmetteurs, qui active davantage et plus longtemps le rĂ©cepteur (exemple de la fluoxĂ©tine).

Les conséquences à long terme sont de modifier la réceptivité de la synapse, par exemple en modifiant le nombre de récepteurs, en réaction de défense, ce qui entraßne l'accoutumance et la dépendance.

Jonction neuromusculaire

Lors du réflexe myotatique CF réflexe de flexion, l'élément présynaptique rencontre la plaque motrice de la fibre musculaire qui est composée d'une membrane plasmique appelée sarcolemme faisant office d'élément postsynaptique et contenant plusieurs centaines de myofibrilles. La jonction neuromusculaire est historiquement trÚs importante puisque ce sont les observations sur le muscle extenseur de la patte de grenouille qui ont donné naissance à l'électrobiologie qui eut un retentissement rapide auprÚs du grand public, comme en témoigne l'engouement de l'époque pour les phénomÚnes électriques.

L'acétylcholine intervient dans la contraction musculaire lors des réflexes de flexion ou d'extension au niveau de la jonction neuromusculaire. Les neurones la produisant s'appellent neurones cholinergiques. Ses précurseurs sont la choline d'origine alimentaire qui est captée par la terminaison présynaptique dans le sang et l'acétylcoenzyme A d'origine mitochondriale. Ils sont synthétisés par l'enzyme choline-acétyltransférase (CAT) qui les transforment en acétylcholine. Ces neuromédiateurs sont alors enveloppés par des vésicules provenant du bourgeonnement de l'appareil de Golgi et sont transportés jusqu'au renflement (ou bouton) synaptique. Au niveau présynaptique il y a non pas un seul renflement mais des centaines afin d'assurer une surface de contact plus large, on parle d'arborisation terminale.

Sous l'effet du calcium, les vĂ©sicules chargĂ©es de neuromĂ©diateurs fusionnent avec la membrane plasmique, dĂ©versant leur contenu dans la fente synaptique (exocytose). Les neuromĂ©diateurs se fixent alors sur des rĂ©cepteurs spĂ©cifiques de la plaque motrice du muscle squelettique ce qui a pour consĂ©quence de provoquer sa contraction. L'excĂšs de neuromĂ©diateur est ensuite dĂ©gradĂ© par une enzyme : acĂ©tylcholinestĂ©rase (ACHE) qui libĂšre de l'acide acĂ©tique et de la choline qui pourra ĂȘtre ensuite recapturĂ©e par les rĂ©cepteurs de l'axone prĂ©synaptique et recyclĂ©.

Synapse Ă©lectrique

Dans la synapse électrique, les membranes des deux neurones sont reliées par des jonctions communicantes, parfois appelées également nexus (GAP junctions). Les ions se transmettent donc d'une cellule à une autre, ainsi que la dépolarisation membranaire associée. L'influx nerveux se transmet sans intervention de neurotransmetteur. Ce type de synapse, qui joue un rÎle important dans le systÚme nerveux immature, est ensuite relativement rare au stade adulte et est majoritairement retrouvé chez les invertébrés. Ce type de communication est trÚs fréquent dans les épithéliums.

Transmission électrique du neurone A (émetteur) au neurone B (récepteur)

  1. Mitochondrie
  2. Connexine
  3. Courant ionique


Les caractéristiques principales de ce type de synapse sont :

  • un dĂ©lai de transmission quasi inexistant (pas de temps de latence dĂ» au franchissement d'une synapse, souvent utile pour la synchronisation d'un rĂ©seau de neurone) ;
  • une conduction dans les trois directions de l'espace ;
  • l'absence de pĂ©riode rĂ©fractaire (la synapse est re-stimulable immĂ©diatement aprĂšs la fin de la transmission) ;


Classification

Au niveau du soma (le soma ou « corps cellulaire » ou péricaryon, est la partie centrale d'un neurone)

  • Synapse axo–somatique simple
  • Synapse axo–somatique invaginĂ©e
  • Synapse axo–somatique Ă©pineuse
  • Synapse axo–dendritique simple, (accolement des 2 membranes)
  • Synapse axo–dendritique Ă©pineuse (synapse sur le bourgeon des Ă©pines dendritiques)
  • Synapse Ă  crĂȘte (sur le cĂŽtĂ© du bourgeon dendritique)
  • Synapse Ă©pineuse ramifiĂ©e
  • Synapse axo–dendritique « en passant »
  • Synapse axo–dendritique rĂ©ciproque
  • Terminaison poly–synaptique
  • Synapse Ă©pineuse interdigitĂ©

Au niveau du cîne d’implantation et de l’axone

  • Synapse axo–axonique proximale
  • Synapse axo–axonique inhibitrice
  • Synapse axo–axonique distale
  • Synapse axo–axonique « en passant »

Les terminaisons dendritiques sont super mobiles.

Intégration du signal : zoom sur l'élément postsynaptique

DĂ©polarisation subliminale un seul PPSE ne dĂ©polarise pas suffisamment la membrane pour gĂ©nĂ©rer un potentiel d’action.
Enregistrement postsynaptique du potentiel membranaire. Les flÚches marquent les PPSE de trois évÚnements afférents. Une sommation de trois PPSE donne naissance dans ce cas au déclenchement du potentiel d'action.

Les synapses sont regroupĂ©es selon deux catĂ©gories selon les effets qu'elles engendrent : excitatrices ou inhibitrices. Le principal neuromĂ©diateur inhibiteur du cerveau est le GABA qui se fixe sur les canaux rĂ©cepteurs GABAA dont l'ouverture provoque un influx d'ions chlorure et donc une hyperpolarisation de la membrane. Il existe une plus grande diversitĂ© de rĂ©cepteurs ionotropes excitateurs, par exemple les rĂ©cepteurs au glutamate ou Ă  l’acĂ©tylcholine. L'Ă©lĂ©ment postsynaptique possĂšde en gĂ©nĂ©ral ces deux catĂ©gories de rĂ©cepteurs ainsi que des canaux sodium ou calcium activĂ©s par dĂ©polarisation. Il rĂ©alise une sommation temporelle des signaux excitateurs (PPSE, potentiel postsynaptique excitateur) et inhibiteurs (PPSI, potentiel postsynaptique inhibiteur). Il propagera le potentiel d'action Ă  la condition que la somme des excitations soit supĂ©rieure Ă  la somme des inhibitions et si un seuil de dĂ©polarisation est atteint. Ce seuil correspond au voltage auquel un nombre suffisant de canaux sodium sont activĂ©s.

La sommation spatiale se rĂ©fĂšre aux diffĂ©rentes synapses affĂ©rentes Ă  l'Ă©lĂ©ment postsynaptique. Un neurone peut en effet recevoir plus d'un millier d'affĂ©rences diffĂ©rentes mais il ne peut rĂ©agir que d'une seule maniĂšre : conduction ou absence de conduction. Si le rĂ©sultat de la somme algĂ©brique de tous les Ă©lĂ©ments affĂ©rents est supĂ©rieure Ă  une valeur seuil, aux environs de -15 mV dans le schĂ©ma ci-contre, le neurone intĂ©grateur sera le siĂšge d’un potentiel d’action.

Une sommation dite temporelle a aussi lieu au niveau de l’élĂ©ment postsynaptique. Elle est due Ă  la vitesse d'entrĂ©e des ions Ă  l'intĂ©rieur de la cellule. Si beaucoup de PPSE sont rapprochĂ©s dans le temps, ils s'ajoutent et peuvent Ă©galement atteindre le seuil de dĂ©polarisation et donner lieu Ă  un potentiel d’action.

Un dernier Ă©lĂ©ment d’intĂ©gration est dĂ» Ă  l’existence de la pĂ©riode rĂ©fractaire du neurone. Si deux signaux affĂ©rents excitateurs sont espacĂ©s de moins d'une milliseconde, le second ne donnera naissance Ă  aucun PPSE et sera donc silencieux.

Pathologie

L'anomalie de fonctionnement de la synapse neuro-musculaire est responsable d'une maladie neuromusculaire nommée myasthénie.

Synapses, génétique, fonctionnement du cerveau et autisme

Il existe de nombreuses formes d'autisme, longtemps considĂ©rĂ©es comme d'origine non-organique, souvent multifactorielles et pour partie environnementale, mais toujours liĂ©es Ă  une organisation et un fonctionnement atypique du cerveau. On connait aussi de nombreuses formes de dĂ©ficience mentale (DM), associĂ©es ou non Ă  des anomalies physiologiques du cerveau. Assez souvent l'autisme peut ĂȘtre associĂ© Ă  une dĂ©ficience mentale, mais aussi Ă  des capacitĂ©s intellectuelles accrues dans certains domaines (cas du syndrome d'Asperger)[2].

Les donnĂ©es Ă©pidĂ©miologiques ont peu Ă  peu suggĂ©rĂ© l'implication de causes gĂ©nĂ©tiques directes et indirectes, ainsi que de facteurs gĂ©nĂ©tiques et Ă©pigĂ©nĂ©tiques dans l'apparition des TSA, au moins dans un grand nombre de cas[3]. Il en va de mĂȘme pour divers types de retard mental[3]. Depuis 2003, la prĂ©sence de mutations gĂ©nĂ©tiques (se transmettant selon le modĂšle mendĂ©lien) affectant la formation, la maturation et le fonctionnement des synapses en lien avec l’étiologie de l’autisme est avĂ©rĂ©e. Ces gĂšnes mutĂ©s concernent au moins la synapse glutamatergique et probablement l'astrocyte qui lui est associĂ©[2].
Certains des gĂšnes identifiĂ©s codent des protĂ©ines particuliĂšrement impliquĂ©es dans la structure de connexion des neurones (synapses)[2]. Parmi les premiers gĂšnes trouvĂ©s impliquĂ© dans des anomalies, chez des personnes avec autisme ou syndrome d’Asperger, des synthĂšses et fonctions de certaines protĂ©ines synaptiques, selon le consortium international Autism Genome Project[4], figurent NLGN3 et NLGN4, situĂ©s sur le chromosome X et codant les Neuroligines 3 et 4 et ; mais aussi SHANK3 et NRXN1 codant des neurexines[5] - [6], protĂ©ines associĂ©es Ă  l'autisme au dĂ©but des annĂ©es 2000[7] - [8] - [9] - [10] - [11]. Le rĂŽle spĂ©cifique et prĂ©cis de ces gĂšnes dans le dysfonctionnement du cerveau apparait complexe et encore mal compris, de mĂȘme pour les interactions gĂšne-environnement, car les TSA montrent une variabilitĂ© phĂ©notypique et une hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© gĂ©nĂ©tique trĂšs Ă©levĂ©es[12] ; certaines neurexines peuvent aussi ĂȘtre impliquĂ©s dans la schizophrĂ©nie (parfois associĂ©e au Syndrome d'Asperger ou Ă  d'autres TSA)[13].

On sait aussi que la glie contribue Ă  la physiopathologie des TSA. Non seulement le cellules gliales « collent » les neurones entre eux, mais elles participent activement Ă  la neurogenĂšse, Ă  la myĂ©linisation, Ă  la la synaptogenĂšse, au contrĂŽle de l'inflammation et Ă  la gestion du glutamate, entre autres choses[14]. Gzielo et Nikiforuk (2021) plaident pour que le rĂŽle des cellules astrogliales et les interactions mutuelles entre neurones et astrocytes soient mieux Ă©tudiĂ©, car il semble que « les signes de dysfonctionnement astroglial, mais aussi oligodendroglial et microglial observĂ©s dans le cerveau autistique montrent que la gliopathologie peut ĂȘtre une cause de survenue de TSA »[15].

Ayant observĂ© qu'un mĂȘme dysfonctionnement de certaines synapse du cerveau correspond Ă  plusieurs types de dĂ©ficience mentale (DM) d’origine gĂ©nĂ©tique, des chercheurs ont recherchĂ© d'Ă©ventuelles causes gĂ©nĂ©tiques communes entre DM et autisme ; ils ont trouvĂ© que plusieurs gĂšnes semblent indiffĂ©remment ĂȘtre des gĂšnes « d’autisme » ou de « DM » (ex. : gĂšne NLGN4X, l'un des 5 gĂšnes codant pour la Neuroligine et qui est retrouvĂ© mutĂ© dans les cas de syndrome d’Asperger, mais aussi chez les autistes non retardĂ©s ou retardĂ©s, ainsi que chez des sujets retardĂ©s sans troubles du spectre autistique)[2].
Selon Perche & al (2010), « il existe donc un continuum gĂ©nĂ©tique entre autisme et troubles apparentĂ©s, d’une part, et avec les DM d’autre part »[2].

Depuis les annĂ©es 2010, plusieurs Ă©tudes et revues de la littĂ©rature montrent ou confirment qu'il existe aussi des facteurs Ă©pigĂ©nĂ©tiques[16] - [17] - [18] - [19], affectant notamment les liaisons synaptiques[20]. La rĂ©gulation Ă©pigĂ©nĂ©tique est un mĂ©canisme molĂ©culaire, notamment basĂ© sur la mĂ©thylation, connu pour ĂȘtre sources de troubles neurodĂ©veloppementaux. Ses liens avec l'environnement pourraient expliquer l'apparente augmentation des TSA, via des polluants et/ou mĂ©dicaments impactant la gĂ©nĂ©tique des spermatozoĂŻdes, des ovules ou de l'embryon ou du jeune enfant en dĂ©veloppement[21]. L'alimentation de la mĂšre pourrait Ă  la fois ĂȘtre source de molĂ©cules Ă©pigĂ©nĂ©tiquement dĂ©lĂ©tĂšres et de molĂ©cules susceptibles d'avoir des effets Ă©pigĂ©nĂ©tiques positifs liĂ©es aux TSA[21] (acide folique par exemple).

Niveau synaptique

La structure des organismes biologiques qui constituent la biosphĂšre peut ĂȘtre dĂ©composĂ©e en plusieurs niveaux d'organisation : atomique, molĂ©culaire, cellulaire, tissulaire, organique, des appareils, et enfin celui de l'organisme dans sa totalitĂ© fonctionnelle.

L'étude scientifique du vivant se fait par des recherches sur les éléments de chacun de ces niveaux, puis par la compréhension des interactions entre ces différents niveaux (voir l'article « Méthode scientifique »).

L'Ă©tude du niveau synaptique permet de comprendre les caractĂ©ristiques de la transmission des signaux bioĂ©lectriques et chimiques, entre les neurones eux-mĂȘmes ou entre les neurones et certains Ă©lĂ©ments de l'organisme (cellule sensorielle, muscle lisse ou strié ). La comprĂ©hension de la transmission des signaux neuraux est une nĂ©cessitĂ© incontournable car ce mĂ©canisme est fondamental dans le fonctionnement du systĂšme nerveux.

Recherche et développement, prospective

Des travaux de recherche portent sur la création de synapses artificielles bioinspirées (neuroinspirées plus précisément)[22].

Notes et références

  1. Marieb et Hoehn 2015, p. 482.
  2. O. Perche, F. Laumonnier, L. Baala et M.-Y. Ardourel, « Autisme, gĂ©nĂ©tique et anomalies de la fonction synaptique », Pathologie Biologie, vol. 58, no 5,‎ , p. 381–386 (DOI 10.1016/j.patbio.2009.12.005, lire en ligne, consultĂ© le ).
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Annexes

Bibliographie

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

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