AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

DĂ©gustation du vin

La dégustation du vin est un événement au cours duquel on expérimente, analyse et apprécie les caractÚres organoleptiques et plus particuliÚrement les caractÚres olfacto-gustatifs d'un ou de plusieurs vins.

La dĂ©gustation permet d’apprĂ©cier les qualitĂ©s d’un vin et de se forger un avis. Les conditions de l'environnement de dĂ©gustation peuvent modifier la perception du vin et sont Ă  prendre en compte. Les personnes dĂ©gustant un vin ont une perception subjective, et celle-ci peut Ă©galement varier en fonction de l'objectif d'une dĂ©gustation (production du vin, vente et achat du produit, consommation hĂ©donistique, etc).

La dĂ©gustation est composĂ©e de l’analyse olfactive et gustative d’une boisson, mais aussi d'une Ă©valuation visuelle. Pour cette raison, on parle aussi d’évaluation sensorielle ou d’analyse organoleptique. DĂ©guster, c’est voir et analyser la couleur et la transparence du vin, sentir et identifier les arĂŽmes, goĂ»ter et percevoir les diverses sensations en bouche, Ă©valuer et analyser les diffĂ©rentes caractĂ©ristiques, ĂȘtre capable d’en parler, et Ă©ventuellement dĂ©celer ses dĂ©fauts.

Histoire

Moine dégustant le vin par Antonio Casanova y Estorach (es), (1886)

Au 3e millénaire av. J.-C., à Gilgamesh, les sumériens différencient les biÚres populaires de la Mésopotamie, ainsi que les vins issus des monts Zagros ou du Liban[1]. Au IVe siÚcle av. J.-C., Platon fait état des principales saveurs et classifie les odeurs en « espÚces », ou familles.

Aristote propose une dĂ©gustation sensorielle dĂ©finie par les quatre Ă©lĂ©ments (l’air, l’eau, le feu, et la terre) approfondie ensuite par LucrĂšce au Ier siĂšcle av. J.-C., et Ă©videmment rĂ©futĂ©e depuis.

Au fil du temps, les modes et les préférences font évoluer la dégustation, ainsi que son vocabulaire[2]. Au XIIIe siÚcle, ce sont les vins jeunes qui sont préférés (moins d'un an), clairets, et francs (à l'opposé des vins modifiés dans l'Antiquité).

Au XIVe siÚcle et XVe siÚcle, la dégustation voit apparaßtre des termes suivant le courant de l'amour courtois, sur les registres émotionnels et tactiles. Apparaßt aussi pour la premiÚre fois la notion commerciale de « loyal et marchand »[2], toujours utilisée aujourd'hui pour définir et vin qui respecte les limites législatives fixées.

Bien que la pratique de la dĂ©gustation soit aussi ancienne que l'Histoire de la vigne et du vin, le terme « dĂ©gustation » n’apparaĂźt qu’en 1519[3]. La mĂ©thodologie se formalise lentement Ă  partir du XIVe siĂšcle, reste rare jusqu’à la fin du XVIIIe siĂšcle, oĂč LinnĂ©, Poncelet, et d'autres remettent au goĂ»t du jour la comprĂ©hension de la dĂ©gustation. Dans la culture Ă  cette Ă©poque, Rabelais utilise dĂ©jĂ  des mĂ©taphores pour parler de la dĂ©gustation[Note 1] - [4], un peu plus tard MoliĂšre Ă©galement[Note 2] - [5].

D'abord réservé à la dégustation pour la riche noblesse, le verre à vin apparaßt au XVIIe siÚcle, à cette époque le peuple, lui, boit dans des tasses ou godets faits de tous matériaux. Le « verre ballon » se démocratise vers le milieu du XIXe siÚcle, en découlent diverses forment aujourd'hui favorisées pour la dégustation[1].

Les Ă©crits sur la dĂ©gustation se font rares jusqu'au XXe siĂšcle[1], oĂč les premiers ouvrages sont publiĂ©s[6] - [7]. Dans les annĂ©es 1950 l'approche scientifique permet de comprendre les processus physiologiques de la dĂ©gustation[8] - [9], et de mettre en place des protocoles d'expĂ©rimentation, notamment par le travail de Maynard Amerine (en)[10] - [11]. Les sensations olfactives et l'analyse des odeurs sont Ă©tudiĂ©es par diffĂ©rents auteurs sur la mĂȘme pĂ©riode : Jules Chauvet, Norber Got[12], Pascal RibĂ©reau-Gayon.

En 2004, Richard Axel et Linda B. Buck, marquent par leur prix Nobel de mĂ©decine les progrĂšs observĂ©s dans la connaissance des sens, du goĂ»t, et de l’odorat[13].

Utilisation générale de la dégustation

La dégustation du vin se décline en différents types selon le conseil international de la langue française[14] :

DĂ©gustation du consommateur

La dégustation à table est liée aux accords mets et vins, elle est du ressort de la sommellerie. Le vin est dégusté sans autre analyse particuliÚre que celle d'apprécier le vin, comme un produit tel qu'il est, et avec le moment qu'il partage.

DĂ©gustation de l’amateur

Elle permet d'apprĂ©cier un vin, sans pour autant en faire une dĂ©gustation prĂ©cise et mĂ©thodique. Elle peut se dĂ©rouler dans un cadre privĂ©, seul ou avec des proches. Elle est aussi appelĂ©e dĂ©gustation hĂ©donistique, c'est une dĂ©gustation pour le plaisir. La dĂ©gustation pour un amateur peut Ă©galement avoir lieu avant un achat, afin de choisir les vins qu’ils prĂ©fĂšrent sur un domaine viticole, dans un caveau de dĂ©gustation.

DĂ©gustation professionnelle

C'est une dĂ©gustation prĂ©cise et ordonnĂ©e, dans un cadre professionnel, elle peut ĂȘtre de plusieurs natures :

DĂ©gustation commerciale

Elle est projective (si elle se déroule avant la mise en bouteille) et appréciative. Le but est de savoir si le vin a les qualités de son appellation, sa valeur commerciale, et sera adapté au marché.

DĂ©gustation de contrĂŽle

Elle est réalisée pour l'attribution d'une appellation, ou d'un label de qualité.

DĂ©gustation technique

Elle est analytique, comparative ou dite géométrique[15]:

  • horizontale quand elle compare les vins d'un mĂȘme millĂ©sime et de mĂȘme appellation,
  • verticale quand elle compare les millĂ©simes d'un mĂȘme vin au cours de son vieillissement.

Cela peut ĂȘtre une dĂ©gustation de reconnaissance, ou d'identification (vin identifiĂ© au prĂ©alable ou dĂ©gustation Ă  l'aveugle. L'analyse sensorielle est utilisĂ©e notamment lors de concours. Ces dĂ©gustations spĂ©cifiques respectent des rĂšgles strictes, qui peuvent ĂȘtre dictĂ©es par l'O.I.V. (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin)[16]. Les mĂ©thodes de dĂ©gustation elles-mĂȘmes, font Ă©galement l'objet de normes : double ou triple aveugle, outils statistiques, etc. En effet, Ă  l'occasion de ces dĂ©gustations, les validations de la conformitĂ© Ă  l'appellation peuvent avoir un impact financier important pour le viticulteur. Il est donc indispensable de disposer d'un outil qui fasse le consensus, notamment devant un jury, voire un tribunal. La forme du verre n'est pas le seul Ă©lĂ©ment normalisĂ© dans une dĂ©gustation : la tempĂ©rature et la puretĂ© de l'air, l'Ă©clairage (spectre) et mĂȘme la peinture (couleur) utilisĂ©e pour les cabines de dĂ©gustation font l'objet de normes prĂ©cises.

La dĂ©gustation du vin est rĂ©alisĂ©e entre autres par l’analyse sensorielle. Le vin est analysĂ© sous les quatre phases suivantes : d'abord l'examen visuel, puis l'examen olfactif, l'examen gustatif et enfin une Ă©valuation globale.

  • Étapes de dĂ©gustation
  • MirerSensations visuelles.
    Mirer
    Sensations visuelles.
  • HumerSensations olfactives.
    Humer
    Sensations olfactives.
  • Lamper ou GrumerSensations gustatives.
    Lamper ou Grumer
    Sensations gustatives.

Vocabulaire

La dégustation possÚde plusieurs types de vocabulaire[2], celui spécifique au vin (grumer, caudalie, acescent, etc.), mais surtout un vocabulaire d'emprunt au langage courant : soit par similitude (acide, grenat, vanillé, effervescent, etc.), soit par association d'idées et des métaphores (soyeux, vif, mordant, avoir de la cuisse, etc.).

Ces vocables sont alors souvent relatifs Ă  nos diffĂ©rents sens (ouĂŻe, odorat, vue, goĂ»t, toucher, thermique, etc.). De plus, les mots pour la description du vin sont sujets Ă  l’anthropomorphisme (mince, timide, sĂ©duisant, noble, etc.).

Le vocabulaire utilisĂ© dĂ©pend du vocabulaire du dĂ©gustateur lui-mĂȘme, du contexte et du public[Note 3], de l'endroit, et de l'Ă©poque[2].

Absence de consensus sensoriel

L'homme dispose d'un nombre de perceptions illimité mais d'un nombre limité de descripteurs du vin. Les travaux des neurophysiologistes montrent que l'analyse de la dégustation d'un vin est subjective ; quantitativement et qualitativement car les perceptions sont un continuum de stimuli et de sensibilités et que les descripteurs sémantiques ne peuvent résumer la multiplicité et la complexité des perceptions.

C'est ainsi que la thĂ©orie des saveurs Ă©lĂ©mentaires est remise en question, ou que les sensations perçues dans la bouche se confondent souvent : les tanins apportent une sensation chimique d’astringence mais aussi une sensation tactile de sĂ©cheresse et de rugositĂ©, la prĂ©sence de bulles de gaz carbonique donne une sensation chimique de picotement mais aussi une sensation pseudo-thermique de fraĂźcheur, un taux Ă©levĂ© d'Ă©thanol donne une sensation tactile d'onctuositĂ© mais aussi une sensation pseudo-thermique de chaleur. Il ne peut donc y avoir aucun consensus entre les individus quant Ă  la description des sensations perçues[17]. L'Ă©quilibre entre toutes ces perception est trop complexe pour ĂȘtre dĂ©crit prĂ©cisĂ©ment et reproductible chez chaque individu. Les capacitĂ©s anatomiques et donc sensorielles de chacun sont diffĂ©rentes, les compĂ©tences en dĂ©gustation Ă©galement.

De plus, un sondage rĂ©alisĂ© en 2013 rĂ©vĂšle que les consommateurs n’apprĂ©cient pas le langage surannĂ© voire prĂ©tentieux des notes de dĂ©gustation : 55 % des sondĂ©s dĂ©clarent que les descripteurs utilisĂ©s par les dĂ©gustateurs professionnels ne les aident pas Ă  comprendre le goĂ»t du vin, deux tiers d’entre eux considĂšrent que les descriptions mentionnĂ©es sur la contre-Ă©tiquette ne correspondent pas Ă  leur propre analyse sensorielle, 91 % d’entre eux affirment ne pas consulter les critiques spĂ©cialisĂ©es avant de choisir un vin[18].

Conditions de dégustation

Les conditions de dĂ©gustation sont dĂ©terminantes pour que le vin soit Ă©valuĂ© Ă  sa juste valeur. Les paramĂštres extĂ©rieurs tels que la tempĂ©rature, la lumiĂšre, le verre, et le dĂ©gustateur peuvent faire varier le rĂ©sultat de l’évaluation[19].

Température de dégustation

Il est difficile de contrĂŽler prĂ©cisĂ©ment la tempĂ©rature de service du vin au degrĂ© prĂšs, de plus dĂšs que le vin entre en contact avec le verre et l’air, sa tempĂ©rature change et se rapproche de la tempĂ©rature ambiante, et ce d'autant plus rapidement qu'on agite le verre pour en humer les arĂŽmes.

Globalement, les vins effervescents, les vins blancs et les rosés sont dégustés plus frais que les rouges. Les températures préconisées dépendent essentiellement de la structure potentielle du vin (acidité, taux d'alcool, tanins, sucres résiduels).

TempĂ©ratures de dĂ©gustation prĂ©conisĂ©es par l'Union internationale des Ɠnologues pour les concours internationaux[20]
Vin mousseux
(Toutes catégories)
Vin blanc et rosé
secs
Vin blanc et rosé
avec sucre résiduel
Vin rouge
peu tannique
Vin rouge ±
tannique
Vin rouge
tannique
Température 8 °C10 °C12 °C14 °C16 °C18 °C
Tolérance ± 1 °C± 1 °C± 1 °C± 1 °C± 1 °C± 1 °C

D'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, une tempĂ©rature Ă©levĂ©e du vin en fait ressortir l'alcool, l'acescence, la structure et la volatilitĂ© des arĂŽmes, Ă  l’inverse une tempĂ©rature basse fait ressortir les tanins, l'aciditĂ©, ralentit la diffusion des arĂŽmes et limite l'effervescence des vins mousseux.

Ces recommandations prĂ©valent pour une dĂ©gustation professionnelle, l'apprĂ©ciation hĂ©doniste du vin quant Ă  elle peut ĂȘtre diffĂ©rente. Si la tempĂ©rature ambiante est importante, il est plus agrĂ©able de dĂ©guster un vin Ă  une tempĂ©rature plus faible pour en apprĂ©cier le caractĂšre rafraĂźchissant par exemple.

DĂ©gustation et lumiĂšre

L’examen visuel d’un vin peut ĂȘtre perturbĂ© par plusieurs paramĂštres extĂ©rieurs qu’il convient de prendre en compte. Le verre doit ĂȘtre tenu par le pied pour ne pas interfĂ©rer la perception.

Lorsque l’on compare plusieurs vins, la taille du verre et la quantitĂ© de vin dans le verre doivent ĂȘtre identiques pour chaque vin, un plus grand volume augmente l'intensitĂ© colorante.

Il faut privilĂ©gier une lumiĂšre naturelle et indirecte, observer le vin sur un fond blanc mat (une feuille blanche tenue Ă  la main peut en faire office). Dans une mĂȘme piĂšce, toutes les zones ne sont pas Ă©clairĂ©es de la mĂȘme façon, ce qui peut perturber le jugement du dĂ©gustateur (lumiĂšre plus ou moins forte, ombre colorĂ©e d’un Ă©lĂ©ment de la piĂšce, etc.). La qualitĂ© et l'intensitĂ© de la lumiĂšre peuvent modifier l'examen visuel. L'intensitĂ© lumineuse doit ĂȘtre suffisante mais pas aveuglante, de 100 lux Ă  4 000 lux environ[1].

La température de la lumiÚre est importante : certains éclairages comme les néons ayant une lumiÚre bleue/verte, donnent aux vins rouges des couleurs ternes et faussées.

Verre de dégustation

Le contenant recevant le vin pour permettre sa dégustation est un élément important, puisqu'il va interférer sur les différentes perceptions sensorielles.

Différentes formes de verres et flûtes pour la dégustation.

Le verre Ă  pied en verre transparent et incolore permet de limiter le nombre d'interfĂ©rences. Le pied permet de saisir le verre sans rĂ©chauffer le vin avec la main, l'absence de coloration, elle, est essentielle pour apprĂ©cier la couleur du vin. Il existe sur le marchĂ© de nombreuses formes plus ou moins hautes, larges, ou Ă©vasĂ©es, avec un angle de recourbement plus ou moins important, et parfois avec des reliefs. Les domaines viticoles, les organisateurs de manifestations, prĂȘtent de l’attention Ă  ce qui sera leur outil de travail, ou celui de leurs clients. Ils proposent parfois leur propre verre de dĂ©gustation, choisi ou dessinĂ© pour eux.

La forme de référence est le « verre INAO »

Verre INAO

Inclinaison du verre à 45°.
Verre de dégustation INAO et ses dimensions.

Ce verre, improprement appelé INAO, est un outil de travail défini par un cahier des charges de l'Association française de normalisation (AFNOR), qui a été adopté par l'INAO comme verre de référence en 1970. Il a reçu sa norme AFNOR en juin 1971 et sa norme ISO 3591 en 1977[21].

Le verre doit ĂȘtre en cristallin[22]. Ses dimensions lui confĂšrent un volume total compris entre 210 mL et 225 mL. Il est recommandĂ© d'y verser 50 mL de vin, qui correspondent Ă  deux fois le volume nĂ©cessaire Ă  une dĂ©gustation en bouche[21].

L'INAO n'ayant pas déposé de dossier à l'Institut national de la propriété industrielle, il est copié en masse et a supplanté progressivement les autres verres de dégustation dans le monde[23].

Cette forme peut ĂȘtre controversĂ©e, au profit d'autres variant la taille et l'angle du recourbement, mais restant similaires Ă  la forme globale refermĂ©e sur le dessus. En dehors du fait que la forme de ce verre est censĂ©e favoriser la dĂ©gustation, il est surtout une rĂ©fĂ©rence uniforme dans les dĂ©gustations officielles.

En effet, à l'occasion de ces dégustations, le verdict des dégustateur est important. Il est donc indispensable de disposer d'un outil qui fasse le consensus devant un jury, voire un tribunal.

Tastevin

Le tastevin a été remplacé par le verre pour la dégustation, ce dernier facilitant l'examen olfactif grùce à sa forme.

Cependant les propriétés de reliefs ont été reprises pour la création d'un « tasteverre », un verre de vin présentant les motifs du tastevin dans son fond, combinant ainsi les avantages de chacun[24].

Condition du dégustateur

Le dĂ©gustateur est lui-mĂȘme sujet Ă  des variations de sa capacitĂ© de concentration, de fatigue, de santĂ©, etc. Il peut Ă©galement avoir fumĂ© du tabac ou avoir consommĂ© des aliments qui modifient par la suite ses perceptions olfactives et gustatives (produits mentholĂ©s, Ă©picĂ©s, 
).

Une personne parfumĂ©e ne percevra pas des odeurs similaires dĂ©gagĂ©es Ă  la fois, par son parfum, et par le vin. Cette personne va saturer ses rĂ©cepteurs olfactifs, et augmenter son seuil de perception pour les odeurs dĂ©gagĂ©es par son parfum. Au quotidien, cela se remarque quand on ne sent plus son propre parfum [25], le nez est saturĂ© par ces odeurs, elles ne pourront alors plus ĂȘtre perçues dans le vin. À l’inverse, pour les autres dĂ©gustateurs, si une personne est parfumĂ©e, ces odeurs viendront perturber leur perception du vin[26] en ressentant des arĂŽmes qui n’y sont pas prĂ©sents en rĂ©alitĂ©.

Ces conditions peuvent biaiser la dĂ©gustation. Pour une mĂȘme personne et dans un Ă©tat diffĂ©rent, le vin ne sera pas jugĂ© de la mĂȘme façon.

DĂ©gustation Ă  l’aveugle

Verres noirs pour déguster à l'aveugle.

Il existe plusieurs types de dĂ©gustations Ă  l’aveugle.

  • La premiĂšre au sens propre ou le dĂ©gustateur connaĂźt l'origine du vin mais n’a pas d'information sur l'aspect visuel, et dĂ©guste dans des verres noirs ou a la vue masquĂ©e.
  • La deuxiĂšme possibilitĂ©, au sens figurĂ©, l'origine du vin est totalement inconnue du dĂ©gustateur mais il peut s'aider de l’aspect visuel du vin, dans un verre normal, afin de la dĂ©couvrir.
  • Une troisiĂšme possibilitĂ© est un cumul des deux, le dĂ©gustateur ne connait pas l'origine du vin mais ne peut pas s'aider de la robe de celui-ci. Dans ce cas un vin blanc ou rosĂ© tannique et un vin rouge lĂ©ger peuvent ĂȘtre confondus[27].

La dĂ©gustation Ă  l'aveugle est un exercice difficile, principalement utilisĂ©e dans les concours des sommeliers ou d'amateurs. MĂȘme les professionnels aguerris conviennent qu'identifier prĂ©cisĂ©ment un vin, domaine de production, cuvĂ©e particuliĂšre, millĂ©sime, etc. relĂšve en partie du hasard. Un vin blanc aromatique a pu ĂȘtre dit Ă©laborĂ© Ă  base de riesling, de chardonnay ou de chenin blanc lors de la mĂȘme dĂ©gustation par trois sommeliers concourant en finale[28].

Pourtant certains Ɠnologues ou sommeliers conviennent qu'une vraie dĂ©gustation doit se faire dans des verres noirs. L'absence de tout repĂšre sur la couleur ouvre la porte Ă  toutes les erreurs de jugement ou d'apprĂ©ciation. Elle permet Ă©galement de se concentrer sur la dĂ©gustation olfactive et gustative[29].

Aspect visuel

Examen visuel d'un vin

L'examen visuel, aussi appelĂ© « l'Ɠil », permet d'apprĂ©cier la limpiditĂ©, l'intensitĂ©, la couleur et les reflets (appelĂ©s « robe ») et l'Ă©ventuelle effervescence d'un vin[30].

Couleur

La couleur, ou robe, se rĂ©vĂšle prĂšs d’une source lumineuse sur fond blanc. La qualitĂ© de la luminositĂ© ambiante revĂȘt toute son importance pour Ă©tudier les reflets : l'Ɠil ne doit ni exprimer un effort Ă  cause d'un manque de lumiĂšre, ni ĂȘtre gĂȘnĂ© par un excĂšs de lumiĂšre.

Outre l'identification du type de vin, elle permet d'Ă©valuer l'Ă©tat de maturation et l'Ăąge de celui-ci. Cette Ă©valuation peut ĂȘtre faussĂ©e par l'oxydation d'un vin, mĂȘme jeune, qui prend une coloration plus jaune et intense. Cependant le « tuilage » du vin lors de son vieillissement ne peut pas ĂȘtre confondu avec une oxydation jeune, il est plus orangĂ© et terne.

Pour la décrire on peut utiliser un nuancier de couleurs[27].

Vins blancs

Les teintes peuvent ĂȘtre jaune aqueux, jaune pĂąle, jaune or pĂąle, jaune dorĂ©, jaune serein, jaune paille, jaune ambrĂ©, jaune topaze, jaune cuivrĂ©, bronze, ocre, acajou, cafĂ©[30].

Couleur de la robe Analyse possible du vin
Presque incoloreTrĂšs jeune, sans oxydation.
Jaune trÚs claire, à reflets vertsJeune, élevé et vinifié en cuve.
Jaune orVin à maturité, élevage sous bois.
Or cuivrée, bronzeVin au vieillissement avancé.
Ambrée voire marronVin trÚs vieux, ou oxydé.
Évolution de la couleur d'un vin blanc : jeune (gauche) Ă  Ă©voluĂ© (droite).

Vins rosés

La robe d’un vin rosĂ© est trĂšs vaste, on peut trouver des nuancier de plus de 130 couleurs[31], et est plus difficile Ă  dĂ©finir car la couleur est fortement influencĂ©e par le ou les cĂ©pages et le mode d’élaboration[27] - [29].

Les teintes roses peuvent entre autres ĂȘtre : rose gris, rosĂ©, rose franc, rose cerise, rose framboise, champagne, rose orangĂ©, rose abricot, rose saumon, pelure d’oignon, vieux rose, caramel, acajou[30].

Jeune, le vin prend une teinte d'une intensité allant du rose pùle au rouge rosé, au rose bleuté, suivant le mode de vinification (saignée, macération, pressurage direct
) et origine. Il prend des teintes virant vers le jaune, orange, puis ocre au vieillissement, dû à l'oxydation[30].


Couleur de la robe Analyse possible
Reflets roséRosé de pressurage ou vin gris jeune.
Rose voire rouge trÚs claireRosé de macération ou de saignée[32].
Rose tirant sur le jauneVieux rosé ou oxydé.
Évolution de la couleur d'un vin rosĂ© : jeune (gauche) Ă  Ă©voluĂ© (droite).

Vins rouges

Les teintes peuvent ĂȘtre violette, pourpre, laque carminĂ©e, amarante, grenat, carmin, rubis, vermillon, garance, acajou, orangĂ©e, tuilĂ©e, ocre[30].

Couleur de la robe Analyse possible
ViolacéeVin trÚs jeune, vin nouveau.
RougeVin de quelques années (1-3 ans).
Rouge orangéeDébut de vieillissement, garde courte (3-7 ans).
Rouge bruneVieillissement avancé, longue garde (10 ans et plus).
Évolution de la couleur d'un vin rouge : jeune (gauche) Ă  Ă©voluĂ© (droite).

Nuance

Appréciation visuelle d'un vin rosé.

La nuance est la couleur de la frange, l'endroit oĂč le vin rencontre le verre, le long du disque (soit la surface du vin dans le verre). Elle s'apprĂ©cie en inclinant le verre pour Ă©largir le disque. Elle tĂ©moigne de l'Ăąge et de l'Ă©volution du vin, le disque pouvant ĂȘtre clair, Ă©voluĂ©, tuilĂ©, etc. Un vin blanc sec jeune aura une nuance verdĂątre, un vin rouge aura une nuance violacĂ©e, voire bleutĂ©e. En vieillissant, la nuance devient ambrĂ©e ou tuilĂ©e. Au stade ultime de leur vieillissement, les vins blancs et rouges ont quasi la mĂȘme couleur acajou clair. Cette Ă©volution est appelĂ©e « tuilage »[33]. Une mesure analytique, la teinte, permet de connaĂźtre la proportion d'absorbance des longueurs d'onde jaune et rouge par un vin. Cette teinte ayant tendance Ă  augmenter lors du vieillissement d'un vin[1].

Intensité

L'intensitĂ© est aussi un critĂšre Ă  analyser, elle est plus significative sur les vins rouges que les vins blancs. Elle est due aux pigments colorants (anthocyanes : rouge, ou flavones : jaune)[34]. Elle est influencĂ©e par l’origine, le cĂ©page, l’aire de production, le millĂ©sime, le rendement Ă  l’hectare, le rapport volume/poids de la baie, la date de vendange, l’état sanitaire du raisin, la vinification, l’élevage et la conservation. Elle peut donner une indication sur la richesse substantielle du vin.

Niveaux d’intensitĂ©

Il existe un vocabulaire pour exprimer le niveau d'intensité d'un vin.

Une intensité faible est légÚre, peu intense, peu marquée, pùle, claire, de faible intensité. Une intensité moyenne, assez intense ou d'intensité moyenne. Une intensité forte est elle décrite comme intense, soutenue, de forte intensité, sombre, foncée, dense, profonde[1].

Intensité colorante

L'intensitĂ© colorante, elle, peut ĂȘtre mesurĂ©e optiquement, par la somme de diffĂ©rentes longueurs d'onde[35]. C'est une Ă©valuation analytique et non sensorielle, elle reprĂ©sente cependant un indicateur, l'intensitĂ© colorante ayant tendance Ă  baisser lors du vieillissement d'un vin[1], cela correspond Ă  une baisse d'absorbance de la lumiĂšre par le vin, donc un vin plus clair. Un vin rosĂ© a une intensitĂ© colorante modifiĂ©e situĂ©e gĂ©nĂ©ralement entre 0,4 et 0,9 points de densitĂ© optique, les vins clairets entre 1,2 et 2,5, et les vins rouges au delĂ  de 3 points de densitĂ© optique[36].

Brillance

Un verre de type INAO permettant de déguster un vin dans de bonnes conditions.

La brillance est la propriĂ©tĂ© du vin Ă  reflĂ©ter la lumiĂšre, rĂ©vĂ©latrice d’une certaine vivacitĂ© du vin due Ă  l’aciditĂ© prĂ©sente dans le vin et des pratiques Ɠnologiques apportĂ©s au vin, comme la clarification. Il est dĂ©fini au niveau vocabulaire par les termes cristallin, brillant, Ă©clatant ou au contraire mat, terne, Ă©teint, etc.

Transparence

La transparence est en relation directe avec l'intensité colorante. Avec le temps, tous les vins deviennent relativement transparents, la matiÚre colorante ayant tendance à précipiter. Cela qui peut indiquer un stage d'affinage ou d'évolution avancée du vin[30].

Limpidité

DĂ©pĂŽt de vin.

C'est l'absence de trouble, elle peut ĂȘtre observĂ©e en retournant une bouteille devant une lampe afin d’observer la chute Ă©ventuelle d’un sĂ©diment (dĂ©pĂŽt) ou de particules en suspension (trouble). Cette apprĂ©ciation peut se faire aussi directement dans le verre par observation latĂ©rale, ou avec une lumiĂšre en contre-jour. On utilise gĂ©nĂ©ralement les termes : limpide, clair, transparent. Au contraire on utilise pour la turbiditĂ© : bourbeux, cassĂ©, chargĂ©, troublĂ©, voilĂ©, etc.

Une dégustation qui a lieu pendant la fermentation ou juste aprÚs se fait sur des vins troubles, les vins étant encore chargés en lies avant leur soutirage.

Par ailleurs, une part croissante de vignerons produit un vin signalé sans filtration ou sans collage sur l'étiquette. Ce sont des producteurs qui estiment que le léger trouble est un inconvénient minime en regard des avantages : subtilité et complexité des arÎmes, un vin filtré paraissant souvent plus fin qu'un vin non filtré. Si un vin avec dépÎts ne présente pas de signes d'altération, il en va autrement lorsque le vin est trouble, trÚs souvent il y a altération du vin[30].

Il ne faut pas confondre trouble et dépÎt[30]. Un dépÎt est une particule visible et mobile dans le vin, qui ne le trouble pas. Un trouble crée une impression de voile, avec un aspect presque laiteux, nuageux, opalescent[30].

La turbidité est une évaluation analytique permettant de quantifier la limpidité d'un vin[1].

Viscosité

La viscositĂ© est l'aspect fluide et mobile que le vin prĂ©sente lorsque l’on fait tourner le verre ou lorsque le vin est versĂ© dans le verre. Deux points sont Ă  observer. Le mĂ©nisque, et les larmes qui apparaissent aprĂšs agitation du verre.

Un défaut appelé « maladie de la graisse » donne au vin un aspect huileux, avec une viscosité trÚs importante.

MĂ©nisque

Si l'on observe de cÎté la surface du liquide, à travers le verre, on remarquera une couche plus claire, plus ou moins épaisse en surface. Ce ménisque est dû au phénomÚne de capillarité auquel tout liquide en milieu confiné est soumis.

Un ménisque translucide est la marque d'un vin vieux.

L'aciditĂ© a un effet tensio-actif, c'est-Ă -dire qu'elle pousse le liquide Ă  mouiller une plus grande surface et par consĂ©quent Ă  produire un mĂ©nisque plus Ă©pais. Ainsi, un mĂ©nisque Ă©pais devrait ĂȘtre un signe de vigueur du vin.

Larmes ou jambes

Verre INAO, photo prise aux UV montrant les jambes du vin.
Appréciation de la présence jambes.

Lorsque l'on fait tourner le vin dans le verre, on remarque qu'un liquide transparent et visqueux coule plus lentement sur les parois que le reste du vin. Les gouttes qui se détachent de ce bourrelet pour descendre plus ou moins rapidement rejoindre le liquide sont appelées les « larmes », « jambes » ou encore « arceaux »[30].

L’apparition des larmes est liĂ©e Ă  quatre facteurs physiques. On attribue Ă  Marangoni (1871) l’explication de ce phĂ©nomĂšne qui avait Ă©tĂ© observĂ© et expliquĂ© par le physicien James Thomson en 1855. Dans un liquide, les forces d’attraction entre les molĂ©cules sont appelĂ©es forces de tension superficielles. Le mĂȘme type de forces agit aussi entre les molĂ©cules d’un liquide et celles d’un solide, mais on parle dans ce cas de tension inter-faciale. Si la tension inter-faciale entre un liquide et un verre est lĂ©gĂšrement plus importante que la tension superficielle, alors les molĂ©cules du liquide adhĂ©rent au verre et humidifient le haut de la paroi[30].

Les jambes ou larmes (effet de capillarité) sont en partie initiées par l'alcool contenu dans le vin. Les alcools sont des composés plus volatils que les autres éléments, et s'évaporent plus facilement que l'eau, présente en grande partie dans le vin. Cette évaporation « alourdit » le liquide, en augmentant sa densité. Dans la fraction appauvrie en alcool, la tension superficielle augmente et provoque la formation de gouttes, qui finissent par s'écouler sur la paroi du verre par l'effet de gravité. Les larmes sont alors composées principalement d'eau et des autres composés du vin.

L'épaisseur, la largeur, la visibilité des larmes ou du ménisque sont donc des conséquences de la teneur en alcool, glycérol, et sucres[30]. Les différentes influences séparées de chacun de ces paramÚtres n'ont pas été démontrées scientifiquement, ils influent sur le nombre, la taille et la vitesse des larmes lors de leur descente le long du verre. Les avis divergent sur l'effet de la concentration en alcool, glycérol et sucre sur ces paramÚtres physiques[37] - [38] - [39].

Le verre lui-mĂȘme est un facteur de cet aspect, sa finition, la propretĂ© ou les produits dĂ©tergents utilisĂ©s pour son nettoyage peuvent avoir un impact.

Effervescence

Carafage du champagne.

L'effervescence dans les vins est due à la présence de dioxyde de carbone (CO2).

Cas des vins tranquilles

L'effervescence est un dĂ©faut dans un vin tranquille, mais elle est peut-ĂȘtre recherchĂ©e pour donner une certaine fraĂźcheur dans des vins Ă  l'aciditĂ© un peu limitĂ©e, pour les millĂ©simes trĂšs chauds, vins rosĂ©s et blancs mĂ©ridionaux (comme le gaillac perlĂ©). Avec une trĂšs fine effervescence, le vin est dit perlant. Les vins tranquilles contiennent une faible quantitĂ© de CO2 dissous, Ă  teneur normale, le CO2 est pratiquement invisible Ă  l’Ɠil :

  • Vins blancs : de 400 Ă  800 mg/L
  • Vins rouges : de 200 Ă  400 mg/L

Une prĂ©sence de CO2 un peu plus importante peut manifester par une lĂ©gĂšre effervescence lors du service. Ce peut ĂȘtre un signe d’élevage sur lies (muscadet sur lies, chasselas de Haute-Savoie), en raison de la fermentation malolactique, un dĂ©gagement de CO2 se produit, ce qui n’est pas un dĂ©faut. La prĂ©sence de CO2 en quantitĂ© importante peut ĂȘtre un indice de refermentation de sucres rĂ©siduels en bouteille ou d'une piqĂ»re lactique. Dans ce cas, c’est une altĂ©ration irrĂ©versible du vin.

Cas des vins effervescents

Dans les vins effervescents comme le crĂ©mant ou le champagne la teneur dĂ©passe 1 000 mg/L de CO2.

On juge la finesse et la vitesse des bulles, la persistance du dĂ©gagement, la tenue du cordon de bulles en surface, le long de la paroi du verre. Des bulles grossiĂšres sont appelĂ©es « Ɠil de crapaud ». Lorsque le vin est versĂ©, la mousse doit ĂȘtre modĂ©rĂ©e. La teneur en protĂ©ines et en collagĂšne du vin conditionne la tenue des bulles. Dans un vin qui en est riche, les bulles restent longtemps avant d'Ă©clater.

L'observation de l'effervescence peut ĂȘtre perturbĂ©e par de nombreux facteurs ; qualitĂ© et propretĂ© du verre, dĂ©poli au fond du verre (sites de nuclĂ©ation), tempĂ©rature du vin, pression atmosphĂ©rique, et de la qualitĂ© du vin.

DĂ©fauts

Le vin doit ĂȘtre limpide. La prĂ©sence de dĂ©fauts visuels permet de dĂ©celer la nature des dommages qui ont pu ĂȘtre infligĂ©s au vin.

Particules

Aussi appelĂ©s « nageurs » ou « voltigeurs », ce sont des particules solides qui peuvent ĂȘtre en suspension dans le vin, ou au fond de la bouteille ou du verre.

  • Les bouts de bouchon, indiquant une mauvaise hygromĂ©trie de la cave, une mauvaise qualitĂ© de bouchon, ou un mauvais dĂ©bouchage. Ils peuvent perturber la phase olfactive mais ne signifient pas que le vin va ĂȘtre bouchonnĂ©.
  • Le tartre, sous forme de petits cristaux blancs Ă  transparents, est en rĂ©alitĂ© de l'acide tartrique prĂ©cipitĂ©, signe que le vin a Ă©tĂ© soumis Ă  une tempĂ©rature basse. La tempĂ©rature en cave peut avoir Ă©tĂ© trop basse pendant au moins quelques jours, ce qui a favorisĂ© la formations des cristaux. Ce dĂ©pĂŽt mobile se retrouve gĂ©nĂ©ralement au fond de la bouteille ou du verre. Le consommateur non-averti confond souvent les cristaux avec du sucre. Ces cristaux sont communĂ©ment dĂ©signĂ©s par le terme « gravelle », ils n'altĂšrent en aucun cas la qualitĂ© du vin et ne sont absolument pas dangereux.
  • Le dĂ©pĂŽt, dans les vins rouges, est dĂ» Ă  la polymĂ©risation des anthocyanes, c'est une prĂ©cipitation de la matiĂšre colorante appelĂ©e « casse brune ». L'intensitĂ© de la couleur en sera affectĂ©e.
  • Les particules sous forme de filaments, peuvent ĂȘtre la cause de combinaisons de prĂ©cipitations de matiĂšre colorante et d'agglomĂ©rats de protĂ©ines.

Troubles

Un trouble laiteux peut Ă©galement apparaĂźtre indiquant une instabilitĂ© physique ou chimique du vin. Ce trouble peut ĂȘtre causĂ© par une trop grande proportion de protĂ©ines dans le vin, il est alors appelĂ© « casse protĂ©ique ». Il peut Ă©galement ĂȘtre causĂ© par certaines maladies bactĂ©riennes du vin (instabilitĂ© chimique). Il est observable dans les vins blancs.

Aspect olfactif

Analyse olfactive d'un vin.

L'examen olfactif permet d'analyser les arĂŽmes exprimĂ©s par le vin. On parle de bouquet, qu'on analyse en termes d'intensitĂ©, de type de parfum et de complexitĂ©. Pour bien analyser cette phase, il est nĂ©cessaire d'avoir un verre dont les bords supĂ©rieurs se recourbent lĂ©gĂšrement vers le centre, environ au tiers de la hauteur. Ces verres concentrent mieux les arĂŽmes au niveau du nez, dans la partie supĂ©rieure du verre, contrairement au tastevin qui les laisse s’échapper.

Plusieurs Ă©tapes composent l'analyse olfactive :

  • La franchise du matĂ©riel de dĂ©gustation (verre vide) est vĂ©rifiĂ©e, afin de ne pas ĂȘtre perturbĂ© par des odeurs externes. Le stockage des verres au contact du bois ou du carton peut les en imprĂ©gner. Un rinçage Ă  l'eau ou une forte aĂ©ration peuvent suffire Ă  les affranchir.
  • L'olfaction superficielle, sans agitation du verre, met en Ă©vidence le « premier nez » c'est-Ă -dire l'ensemble des parfums que l'on dĂ©cĂšle avant d'avoir fait tourner le vin dans le verre.
  • L'olfaction aprĂšs agitation du verre met en Ă©vidence le « deuxiĂšme nez » que l'on dĂ©cĂšle aprĂšs avoir fait tourner le vin dans le verre pour l'oxygĂ©ner. Plus l'agitation est forte, plus les molĂ©cules volatiles sont dĂ©gagĂ©es.
  • Le « fond de verre », est l'ensemble des arĂŽmes qui sont diffusĂ©s une fois le verre vide. Ces arĂŽmes sont souvent trĂšs diffĂ©rents, dĂ» au fait de la faible quantitĂ© de vin restante sur les parois du verre, qui permet une volatilisation diffĂ©rente des molĂ©cules aromatiques.

MĂ©canisme de l’odorat

Représentation du bulbe olfactif et des nerfs olfactifs humains (en jaune) en haut de la cavité nasale.

L’odorat est un des sens les plus mystĂ©rieux : le prix Nobel consacrant la dĂ©couverte du mĂ©canisme de l’odorat n'a Ă©tĂ© dĂ©cernĂ© qu'en 2004 (Richard Axel et Linda B. Buck). L’organe de l’odorat se trouve dans la partie supĂ©rieure du nez, tout en haut des fosses nasales. Les molĂ©cules odorantes volatiles du vin pĂ©nĂštrent par les narines, puis atteignent la muqueuse pituitaire qui tapisse la cavitĂ© nasale. Ensuite, les molĂ©cules odorantes se dissolvent dans le mucus et agissent sur le bulbe olfactif, composĂ© de cils olfactifs. Les molĂ©cules interagissent avec les rĂ©cepteurs des cils olfactifs, transformant le signal chimique en signal Ă©lectrique vers le cerveau Ă  travers le systĂšme nerveux, pour transmettre l'information.

On distingue l’odeur perçue par voie nasale directe (inspiration via les narines), de l’arĂŽme perçu par la voie rĂ©tro-nasale (rĂ©tro-olfaction), c'est-Ă -dire par passage interne de la cavitĂ© buccale aux fosses nasales[27].

Il existe des centaines de récepteurs olfactifs différents, pouvant chacun réagir avec une à cinq molécules odorantes, tandis que les molécules odorantes peuvent elles aussi activer plusieurs récepteurs[13].

Le nez humain pourrait ainsi distinguer un trillion[40]d'odeurs diffĂ©rentes, venant corriger l'estimation prĂ©cĂ©dente de quelques dizaines de milliers[41]. À l'instar de la parfumerie, on utilise parfois un appareil de chimie, le chromatographe gazeux-olfactomĂštre, pour analyser les goĂ»ts et odeurs des diffĂ©rents composants du vin. On a pu remarquer que certaines odeurs trĂšs fortes provenaient de substances prĂ©sentes en quantitĂ©s infinitĂ©simales dans le vin (c'est le cas par exemple de la pyrazine, responsable de l'odeur de poivron vert[42]).

Exécuter un examen olfactif (humer un vin) augmente trÚs légÚrement l'alcoolémie de l'examinateur.

CritĂšres d'analyse olfactive

La qualitĂ© de l'expression olfactive d'un vin est analysĂ©e selon plusieurs critĂšres, comme l’intensitĂ© olfactive, la dominante olfactive, la finesse des odeurs, leur complexitĂ© et l'accord entre elles.

Intensité

L'intensitĂ© olfactive est la force avec laquelle sont ressenties les odeurs. Elle peut ĂȘtre globale pour l'ensemble du bouquet, mais aussi ĂȘtre dĂ©finie pour chaque famille d'odeur, voire pour chaque odeur.

Dominante

Lorsqu'une odeur couvre les autres, on parle de dominance olfactive. Cela correspond au seuil Ă  partir duquel, la quantitĂ© de molĂ©cules aromatiques responsable de l'odeur perçue, empĂȘche les rĂ©cepteurs sensoriels olfactifs de percevoir d'autres odeurs.

Qualité

La qualitĂ© olfactive est l'harmonie et l'apprĂ©ciation de l'ensemble des odeurs. De nombreux adjectifs peuvent alors ĂȘtre utilisĂ©s, cette notion Ă©tant trĂšs personnelle : dĂ©sagrĂ©able, grossier, vulgaire, peu plaisant, mĂ©diocre, rustique, Ă©lĂ©mentaire, commun, ordinaire, banal, simple, agrĂ©able, fin, trĂšs fin, complexe, Ă©lĂ©gant, subtil, racĂ©, etc.

Seuils

Les odeurs caractĂ©risĂ©es en dĂ©gustation dĂ©pendent de leur concentration dans le vin, de la matrice du vin lui-mĂȘme (teneur en aciditĂ©, alcool, 
) et de la capacitĂ© du dĂ©gustateur Ă  les ressentir. Ainsi, outre les concentrations, les dĂ©gustateurs ne sont pas tous Ă©gaux et ne possĂšdent pas tous le mĂȘme odorat. Certains seront hypersensibles Ă  une molĂ©cule aromatique, d'autres anosmiques. En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, un seuil d'arĂŽme est considĂ©rĂ© comme atteint lorsque 50 % du panel de dĂ©gustateur parvient Ă  le ressentir, globalement, un seuil de perception pour une odeur est dĂ©fini lorsque 50 % de la population l'identifie comme tel[43]. On peut alors dĂ©finir des ratios entre les seuils, l’identification d'une odeur nĂ©cessite qu'elle soit 2 Ă  5 fois plus concentrĂ©e que son seuil de perception[44].

Répartition de la population en fonction de la sensibilité à une odeur.

Les odeurs ne sont cependant pas perçues avec une intensitĂ© proportionnelle Ă  la concentration. Dans certaines configurations, les molĂ©cules aromatiques n’expriment pas leur odeur habituelle. La perception peut ĂȘtre influencĂ©e par :

  • La concentration elle-mĂȘme, une molĂ©cule peut ĂȘtre caractĂ©risĂ©e par diffĂ©rentes odeurs selon la concentration, on a une variation de la nature de l'odeur. Une odeur de muguet trop concentrĂ©e rappellera plutĂŽt celle de la rose[45].
  • L’interaction entre deux molĂ©cules aromatiques
    • par addition : deux molĂ©cules s'additionnant peuvent se renforcer l'une et l'autre, en particulier lorsqu'elles sont proches, par exemple deux odeurs d'agrumes.
    • par modulation : deux molĂ©cules ensemble peuvent donner une troisiĂšme odeur diffĂ©rente des deux sĂ©parĂ©es, notamment par activation simultanĂ©e de rĂ©cepteurs sensoriels.
    • par soustraction : deux molĂ©cules peuvent anĂ©antir mutuellement l’expression odorante de l’autre lorsqu'elles sont ensemble. En particulier lorsqu'elles sont trĂšs diffĂ©rentes, par exemple le cafĂ© inhibe l'expression de l'ail.
  • La durĂ©e de perception peut faire Ă©voluer le ressenti, une saturation des rĂ©cepteurs sensoriels spĂ©cifiques d'une molĂ©cule aromatique fera diminuer l'intensitĂ© de la perception de celle-ci.
À la recherche des sensations olfactives d'un vin.

Seuil d’apparition

Il peut Ă©galement ĂȘtre appelĂ© seuil de perception ou seuil de dĂ©tection. C'est l'intensitĂ© minimale d’un stimulus, parvenant Ă  provoquer une sensation perceptible. Cette sensation n’implique pas qu’elle puisse ĂȘtre clairement identifiĂ©e, mais qu'un changement, ou quelque chose, a Ă©tĂ© perçu et a Ă©veillĂ© l'odorat.

Seuil d’identification

Aussi appelĂ© seuil de reconnaissance, c'est le stimulus minimal nĂ©cessaire pour que le cerveau identifie la perception. Elle est alors mise en relation avec la mĂ©moire, pour ĂȘtre identifiĂ©e et dĂ©crite par du vocabulaire prĂ©cis et appropriĂ©. Il est supĂ©rieur au seuil d'apparition.

Seuil différentiel

Le seuil diffĂ©rentiel est l'Ă©cart minimal entre deux valeurs de concentration, d'une odeur identifiĂ©e, qu’un dĂ©gustateur est capable de discerner. Une diffĂ©rence trop infime entre deux Ă©chantillons, ne permet pas de dire si les Ă©chantillons sont identiques, ou si l'un est plus ou moins concentrĂ© que l'autre, donc diffĂ©rent. Le seuil diffĂ©rentiel ne rend compte que d’une diffĂ©rence quantitative.

Seuil de saturation

Également appelĂ© seuil final, c'est l'intensitĂ© maximale pouvant ĂȘtre ressentie pour un stimulus, tout augmentation de l’intensitĂ© et de la concentration de l'odeur n'amĂšne pas de perception supplĂ©mentaire ni de diffĂ©rence de cette perception.

Seuil de recouvrement

DiffĂ©rent du seuil de saturation, c'est le seuil pour lequel un arĂŽme domine dans le vin, ou recouvre tous les autres arĂŽmes. Le cas du goĂ»t de bouchon peut y ĂȘtre associĂ©, l'intensitĂ© est telle qu’elle masque tous les autres arĂŽmes du vin, le rendant impropre.

ArĂŽmes

Roue des aromes du vin
Exemple de classification des arĂŽmes du vin.

Pour qu’une substance en solution soit perçue comme odorante, il faut qu’elle soit volatile. Il existe donc un ordonnancement dans la diffusion des arĂŽmes. Les arĂŽmes les plus volatils se perçoivent en premier, puis les moins volatils. La volatilitĂ© dĂ©pend du coefficient de volatilitĂ©, de la surface d’évaporation, du renouvellement de cette surface, de la tempĂ©rature. L'expression aromatique augmente avec : l’agitation du vin dans le verre, l'aĂ©ration favorisĂ©e par l’étalement du vin sur les parois du verre, l'oxygĂ©nation, et la montĂ©e en tempĂ©rature.

On classe les arÎmes selon deux modes : suivant leur origine, ou suivant leur appartenance aux différentes familles d'arÎmes.

  • Types d'arĂŽmes :
    • Les arĂŽmes primaires ou arĂŽmes variĂ©taux.
    • Les arĂŽmes secondaires ou arĂŽmes fermentaires.
    • Les arĂŽmes tertiaires ou arĂŽmes de vieillissement ou bouquet[33].
  • Familles d'arĂŽmes :
    • Elles sont divisĂ©es en onze classes d'odeurs : animale, balsamique, boisĂ©e, chimique, Ă©thĂ©rĂ©e, Ă©picĂ©e, empyreumatique, florale, fruitĂ©e, minĂ©rales, vĂ©gĂ©tale[14] - [46] - [47].

DĂ©fauts

Le classement des odeurs associĂ©es peut se distinguer des familles d'arĂŽmes classiques. Les dĂ©fauts olfactifs peuvent ĂȘtre dus Ă  plusieurs problĂšmes physico-chimiques ou biologiques ayant altĂ©rĂ© le vin :

L'arĂŽme bouchonnĂ© est un goĂ»t de moisi provenant d'un bouchon avariĂ© ; mĂȘme s'il n'est pas trĂšs prononcĂ©, le goĂ»t de bouchon masque en grande partie les autres arĂŽmes et rend le vin sans intĂ©rĂȘt voire imbuvable.

Un arĂŽme madĂ©risĂ© signifie que le vin est oxydĂ© au point de ressembler au vin de MadĂšre. Les vieux vins moelleux se madĂ©risent ce qui ne constitue pas un dĂ©faut tant que d'autres arĂŽmes sont encore prĂ©sents. Le terme terreux indique des arĂŽmes minĂ©raux Ă©voquant la terre ou les sous-bois. Parfois confondu avec des arĂŽmes proches du gĂ©ranium, il peut ĂȘtre associĂ© Ă  des dĂ©fauts amenĂ© par la gĂ©osmine[48].

Aspect gustatif

Examen gustatif.

Lors de la mise en bouche du vin, différentes sensations tactiles sont perçues, ainsi que la perception d'arÎmes.

La sensation que l’on appelle le goĂ»t est, en rĂ©alitĂ©, la rĂ©sultante d’une sensation gustative proprement dite (impression donnĂ©e par la combinaison des saveurs) et de sensations olfactives : la flaveur. La plus grande partie du pouvoir discriminatoire attribuĂ© au palais est en rĂ©alitĂ© le fait de l’odorat, par rĂ©tro-olfaction.

Notions gustatives de base

Forme et localisation des différentes papilles gustatives.

Les organes rĂ©cepteurs gustatifs sont surtout localisĂ©s dans les papilles de la langue. Les cellules sensibles sont inĂ©galement rĂ©parties sur la surface de la langue : elles sont principalement rassemblĂ©es surtout au bout de la langue et sur les pourtours. La zone centrale de la langue semble ĂȘtre moins sensible. Suivant leur localisation, elles n'ont pas la mĂȘme fonction et donc ne pas perçoivent pas les mĂȘmes sensations. On distingue les papilles caliciformes, les papilles foliĂ©es, les papilles filiformes, et les papilles fongiformes. 75 % des bourgeons gustatifs sont logĂ©s dans les papilles mais 25 % sont rĂ©partis dans d'autres rĂ©gions buccales, comme sur la muqueuse des joues, des gencives, du palais et de la luette[49].

La supposition voulant que les saveurs soient senties uniquement Ă  des endroits prĂ©cis de la langue est controversĂ©e et remise en question[50]. Cependant, sur l'ensemble de la langue les perceptions peuvent ĂȘtre perçues Ă  diffĂ©rents niveaux par les cinq types de rĂ©cepteurs[51] - [52].

Le renouvellement de la totalitĂ© des cellules gustatives est rapide (par exemple aprĂšs s’ĂȘtre brĂ»lĂ© la langue), de quelques heures Ă  quelques jours[53].

Saveurs élémentaires

Les saveurs sont perceptibles sur la langue, on retrouve entre autres le sucré, l'acidité, l'amertume, le salé, et l'umami[33].

Sucré

La présence de sucre dans le vin est inférieure à 2 g/L pour les vins secs, elle peut aller jusqu'à plus de 100 g/L. Le seuil de perception se situe entre 0,5 g/L et 2 g/L environ, suivant le vin (degré alcoolique, acidité, tanins, etc.) et le dégustateur. La perception sensorielle utilise des récepteurs complexes et se fait par plusieurs voies d'activation protéique. C'est l'un des seuils de perception les plus élevés comparé aux autres saveurs[54].

La sensation sucrée :

  • semble se percevoir sur le bout de la langue ;
  • se perçoit immĂ©diatement ;
  • la sensation atteint son maximum aprĂšs deux secondes et disparaĂźt aprĂšs dix secondes.

La sensation sucrĂ©e est amplifiĂ©e par l’alcool. Par consĂ©quent, un vin au titre alcoolique plus Ă©levĂ© paraĂźtra plus sucrĂ©.

Le sucrĂ© donne Ă  la fois des Ă©lĂ©ments de souplesse, de gras et moelleux. Cependant un vin paraissant gras et moelleux n'en est pas forcĂ©ment sucrĂ© pour autant. Les saveurs agrĂ©ables et fruitĂ©es sont parfois associĂ©e par le cerveau au sucre des aliments, et le vin dĂ©fini par abus comme « sucrĂ© ». C’est la saveur la plus primitive (apprĂ©ciĂ©e dĂšs les premiers jours de la vie d’un nourrisson). La perception des sucres diminue dans le temps pour les individus. La sucrositĂ© est une sensation diffĂ©rente, faisant penser au « sucrĂ© », mais Ă©tant due Ă  la rondeur apportĂ©e par les tanins, souvent dĂ» Ă  un Ă©levage en fĂ»t.

Acide

La sensation acide :

  • semble se percevoir sur les cĂŽtĂ©s et au-dessous de la langue ;
  • se perçoit rapidement ;
  • persiste comme le salĂ© ;
  • rĂ©sulte des diffĂ©rents acides du vin (malique, tartrique, citrique) ;
  • perception diffĂ©rente selon la production salivaire variable (1 Ă  15) d'un individu Ă  l'autre[55];
  • elle dĂ©pend du pH du vin, plus que de l'aciditĂ© totale.

La fermentation malolactique transforme l'acide malique en acide lactique ; le vin devient moins vif et aromatiquement plus complexe.

Les diffĂ©rents acides du vin ne contribuent pas de la mĂȘme maniĂšre Ă  l'aciditĂ© du vin sur le plan organoleptique. Par exemple, pour la mĂȘme concentration de deux acides diffĂ©rents, l'un paraĂźtra plus acide que l'autre. RĂ©ciproquement, deux vins peuvent sembler avoir la mĂȘme aciditĂ© alors que leur composition en acides diffĂšre. En prenant l'acide gluconique comme rĂ©fĂ©rence, avec un indice de 100, on a les contributions relatives suivantes Ă  l'aciditĂ© :

AcideContribution (indice)TeneurPerception
Fumarique50
Tartrique751 Ă  5 g/LCroissante, Ăąpre ou Ăącre
Malique801 à 10 g/LLongue et modérée, végétale, pomme
Acétique800,9 g/L (max)Aigre, acescente
Citrique1001 g/L (max)Courte et intense, frais, citronnée
Lactique1100 Ă  3 g/LRonde, souple
Ascorbique2000,01 g/L (max)
Gluconique3000,5 Ă  10 g/LPas de sensation aromatique
Sorbique0,2 g/L (max)Faible, poivrée
Succinique0,3 Ă  2 g/LVineuse

L’aciditĂ© donne de la fraĂźcheur en bouche. L'aciditĂ© lorsqu'elle est forte peut amener Ă  dĂ©crire le vin comme vif, ferme, vigoureux, en excĂšs anguleux ; lorsqu'elle manque plat, mou, informe, pommadĂ©.

Salé

La sensation salée est une saveur perceptible par dépolarisation membranaire des cellules sensorielle, due à sa force ionique :

  • Elle se perçoit rapidement dans toute la bouche ;
  • Elle fait saliver ;
  • Elle persiste davantage que le sucrĂ© ;
  • La saveur salĂ©e est communiquĂ©e par les sels minĂ©raux, et est souvent masquĂ©e par les autres saveurs.

La saveur salée donne de la fraßcheur et relÚve également la sapidité. Elle s'accompagne d'un arÎme iodé. Certains cépages peuvent apporter un goût salé en attaque ; c'est le cas de la petite arvine par exemple. Les vignobles en bord de mer donnent souvent des vins légÚrement salins, iodés.

Amer

La sensation amer est liée à des récepteurs complexes, codés par 30 à 40 gÚnes et non encore complÚtement identifiés, la quinine est mise en jeu.

  • La sensation est lente Ă  se dĂ©velopper ;
  • L'impression de perception se fait sur la partie postĂ©rieure de la langue ;
  • Elle augmente dans le temps et persiste longtemps.

L'amertume s’associe souvent Ă  une sensation d’astringence (assĂšchement) liĂ©e aux tanins. Elle est plus prĂ©sente dans les vins blancs et peut marquer un manque de maturitĂ© des raisins. Un excĂšs, pouvant provenir de la dĂ©composition du glycĂ©rol, est un dĂ©faut. La sensation de sucrĂ© masque l'amertume.

Umami

L'umami est l’indicateur des saveurs et de la sapiditĂ©. C'est la saveur caractĂ©ristique du glutamate, elle est perçue au centre de la langue. Elle est perçue grĂące Ă  l'activation des rĂ©cepteurs par des acides aminĂ©s tels que le glutamate ou l'aspartate.

Salivation

Une substance n’a de goĂ»t que si elle est soluble dans la phase liquide de notre alimentation et dans la salive. Les acides font saliver davantage que les autres goĂ»ts. Les aliments les plus savoureux (ayant plus de goĂ»t) font saliver davantage.

  • SucrĂ© : production de salive Ă©paisse et visqueuse ;
  • Acide : production de salive fluide et abondante ;
  • SalĂ© : pas de modification de la salivation ;
  • Amer : diminution de la salivation et apparition d’une certaine sĂ©cheresse.
  • Astringence : inhibe la sensation de salivation, provoque une bouche sĂšche.
Astringence

L'astringence provoque l'assĂšchement de la bouche et des gencives ainsi qu’une impression de rugositĂ© (langue rĂąpeuse). Elle est liĂ©e aux tanins prĂ©sents dans le vin qui rĂ©agissent avec la salive, cela forme des agglomĂ©rats solides, alors ressentis sur la lange. Globalement, plus la quantitĂ© de tanins est importante, plus l'astringence est ressentie. Une tempĂ©rature plus basse exacerbe la duretĂ© des tanins et leur cĂŽtĂ© astringent, alors que l'alcool masque l'astringence. Une grande quantitĂ© de tanins augmente la salivation[56].

Les tanins sont par essence des composĂ©s qui peuvent se combiner aux protĂ©ines, qui sont prĂ©sentes dans la salive humaine, et former des polymĂšres[57]. C’est cette rĂ©action de combinaison notamment avec les protĂ©ines riches en proline qui est en effet responsable de l’astringence des vins. Les tanins issus des raisins sont des molĂ©cules dont l’unitĂ© de base est la catĂ©chine. Ils se retrouvent sous des formes condensĂ©es, donnant les procyanidines pour deux unitĂ©s de flavanols, et donnant les oligomĂšres procyanidiques pour les condensations les plus complexes[58]. Ce sont ces derniĂšres qui sont les plus rĂ©actives avec les protĂ©ines. Elles sont volumineuses, (600 Ă  3 500 g/mol), leur rĂ©activitĂ© avec les protĂ©ines dĂ©pend de la conformation spatiale des tanins, et de la concentration en protĂ©ines et en tanins.

Les tanins du raisin, une fois dans le moĂ»t, subiront diverses rĂ©actions lors de la fermentation (hydrolyse acide) et de l’élevage du vin (oxydation), qui modifieront ces polymĂšres, et diminueront leur rĂ©activitĂ©.

Les tanins condensĂ©s sont fortement altĂ©rĂ©s par l’action de Botrytis cinerea, ainsi, les vins dont la vendange Ă©tait botrytis, seront moins tanniques.

Structure

La notion de structure décrit l'aptitude d'un vin à « occuper » toute la bouche, c'est-à-dire à solliciter tous les capteurs sensoriels de maniÚre équilibrée. Globalement, tous les paramÚtres modifient la structure : l'alcool, l'acidité, les tanins, la présence de sucres, etc.

Le « corps » du vin est constituĂ© en partie par les tanins, qui, en bouche donnent du relief, une sensation tactile sur la langue. À maturitĂ©, les tanins du raisin s'assouplissent lors de processus de polymĂ©risation et d'oxydation : on les dit fondus, soyeux, souples, etc. Ils contribuent Ă  la structure du vin et dĂ©terminent l'aptitude au vieillissement.

On dĂ©crit alors sa structure, sa charpente, son volume, son ossature, etc. En excĂšs le vin peut ĂȘtre dit massif, ou imposant. À l'inverse, un vin qui n’a pas de consistance est dit creux, ou dĂ©sossĂ©.

Minéralité

La minĂ©ralitĂ© est encore mal dĂ©finie, voir indescriptible pour 13 % des dĂ©gustateurs, elle semble ĂȘtre perçue par la salinitĂ© et l'aciditĂ©. Les arĂŽmes associĂ©s sont dĂ©tectĂ©s lors de la prĂ©sence de SO2 libre, d'ions calcium et sodium et d'acide malique[46]. Les arĂŽmes associĂ©s sont ceux de fumĂ©, de pierre Ă  fusil, de silex, de craie, de salinitĂ©, ou de pĂ©trole[47].

Rondeur

C’est le caractĂšre onctueux d’un vin, on parle de « gras », il donne de la consistance, l'impression d'avoir en bouche un corps charnu. On peut penser par exemple Ă  la sensation que procure en bouche un filet d’huile d’olive. Le gras peut permettre d’assouplir des tanins un peu trop rĂȘches d’un vin rouge en les enveloppant. Le glycĂ©rol prĂ©sent dans le vin contribue Ă©galement Ă  la rondeur du vin. Pour un vin blanc, un cĂŽtĂ© gras peut rĂ©vĂ©ler une fermentation malolactique (transformation de l’acide malique en acide lactique, ce dernier faisant aussi baisser l'aciditĂ©, ce qui modifie la structure du vin).

Les termes moelleux (sauternes) et sirupeux rappellent que les sucres résiduels contribuent également à la consistance. Dans un Médoc, le cabernet-sauvignon apporte la charpente et le merlot contribue à la rondeur.

Les descripteurs sensoriels peuvent ĂȘtre les suivants : opulent, ample, riche plein, rond, gras, onctueux ; en cas d'excĂšs lourd ; en cas de manque : maigre, dĂ©charnĂ©, plat.

Vinosité

Elle caractérise la teneur en alcool du vin. Plus un vin est riche en alcool, plus il peut paraßtre vineux. Lorsqu'il est équilibré on le dit puissant, généreux, quand son taux d'alcool semble élevé on le caractérise de corsé, capiteux, chaud ; en excÚs il est alcooleux, spiritueux, vineux, chaleureux, à l'inverse, en cas de manque il sera mince, aqueux, filant.

Sensations pseudo-thermiques

Bien que deux vins soient servis Ă  la mĂȘme tempĂ©rature, on peut ressentir en bouche des sensations thermiques diffĂ©rentes. Une sensation de chaleur est souvent associĂ©e Ă  une prĂ©sence plus Ă©levĂ©e d’alcool (Ă©thanol) alors qu’une sensation de fraĂźcheur peut ĂȘtre due Ă  des Ă©lĂ©ments mentholĂ©s ou eucalyptĂ©s, acides, ou Ă  l'effervescence (CO2).

Effervescence

Le « pĂ©tillant » est dĂ» Ă  la prĂ©sence de bulles de CO2, dĂ©gagĂ© par la fermentation alcoolique. Il peut ĂȘtre recherchĂ© dans des vins tranquilles pour donner un peu de fraĂźcheur dans des millĂ©simes trĂšs chauds. Dans un vin pĂ©tillant (crĂ©mant, champagne) on recherche la finesse et la persistance des bulles en bouche, ainsi qu'un mousse faible en bouche. Une trop grande quantitĂ© de bulles en bouche est dĂ©sagrĂ©able. L'effervescence permet le dĂ©gagement des arĂŽmes dans la bouche, qui seront perçus par rĂ©tro-olfaction.

DĂ©fauts

  • La prĂ©sence d'acide acĂ©tique, donne un vin piquĂ©, le vin devient aigre et piquant.
  • La sensation d’acescence vient de la prĂ©sence d'acĂ©tate d'Ă©thyle, due Ă  une altĂ©ration microbienne du vin. Une sensation d'alcool et de chaleur est prĂ©sente en bouche, combinĂ©e Ă  des arĂŽmes de solvants.
  • Le « goĂ»t de souris », est arĂŽme trĂšs dĂ©sagrĂ©able, putride, ne se dĂ©gage qu'une fois le vin recrachĂ© ou avalĂ©. Il est indĂ©tectable en soi lors de l'olfaction, car les molĂ©cules ne s'exprimeraient qu'Ă  un pH plus basique que celui du vin. En bouche le pH de la salive permet la rĂ©vĂ©lation du « goĂ»t de souris », ce pH dĂ©pendant du dĂ©gustateur, les personnes y sont plus ou moins sensibles. Son origine est mal connue, rare, et pourrait ĂȘtre liĂ©e Ă  la prĂ©sence de brettanomyces, un faible sulfitage, ou une hyper-oxygĂ©nation [59] - [60] - [61].

Analyse gustative

Analyser un vin en bouche, c’est dĂ©terminer son attaque, son Ă©quilibre, son Ă©volution et sa longueur.

Attaque en bouche ou premiĂšre impression

La premiÚre impression ressentie en bouche, l'attaque, est le moelleux. Comme souvent en dégustation, il s'agit de déterminer le niveau d'intensité de cette sensation à goût sucré (que l'on nomme moelleux). Le moelleux est apporté par les alcools et éventuellement le sucre résiduel. Elle introduit une notion de rondeur, de volume et de gras (le toucher du vin) suivant son intensité. Ce sont les alcools (éthanol, glycérol) qui apportent au vin cette sensation de rondeur et de puissance. Dans un temps plus ou moins long vient la sensation acide[27].

La sensation tannique ou minĂ©rale peut Ă©galement ĂȘtre ressentie. Ces paramĂštres vont dĂ©terminer l'Ă©quilibre des vins blancs. Puis il y a perception des arĂŽmes de bouche.

Pour les vins rouges on parle d'équilibre en attaque de bouche. Le moelleux empùte la salive suivant son intensité. Le moelleux atténue la sensation acide et amÚre.

Tout au long de son trajet en bouche, le vin produit de nombreuses sensations : tactiles, chimiques, gustatives (perçues par les papilles de la langue) et aromatiques (odorat). Elles sont regroupées sous le terme de flaveurs incluant :

  • l'attaque, oĂč le moelleux ou l'effervescence est aperçu(e) ;
  • l'Ă©volution, oĂč la structure et l'ensemble des flaveurs du vin sont apprĂ©ciĂ©s ;
  • la finale, oĂč la longueur, c'est-Ă -dire la persistance en bouche, et la qualitĂ© aromatique sont recherchĂ©es.

Équilibre

Il s’agit de dĂ©terminer l’équilibre entre le moelleux (ou sucrĂ©), l’acide et l’alcool pour les vins blancs ou le moelleux, l’acide, l’alcool et les tanins pour les vins rouges. De leur Ă©quilibre dĂ©pend l’harmonie de la constitution du vin.

Évolution

Au cours de la dĂ©gustation d’un vin, on ressent des goĂ»ts successifs. Souvent les derniĂšres impressions (finale amĂšre) peuvent ĂȘtre bien diffĂ©rentes des premiĂšres (attaque moelleuse). L’analyse de l’évolution du vin en bouche (attaque → milieu de bouche → fin de bouche) reflĂšte les qualitĂ©s gustatives d’un vin. L'attaque en bouche Ă©value principalement l'Ă©quilibre du vin, le milieu de bouche sa structure (appelĂ©e charpente) et sa consistance (impression tactile), la finale Ă©value les arĂŽmes en rĂ©tro-nasal et la « longueur ».

Toute dégustation pour les professionnels nécessite de recracher le vin dans un crachoir.

Équilibre d’un vin en bouche

AprÚs avoir reconnu et évalué les différentes saveurs présentes dans le vin, il faut déterminer leur puissance et surtout leur rapport.

On tente de dĂ©terminer l’équilibre du vin entre :

  • le moelleux (alcools et/ou sucre) et l'aciditĂ© pour les vins blanc ;
  • le moelleux (alcools et/ou sucre) et l'aciditĂ© ainsi que les tanins pour les vins rouges.

RĂ©tro-olfaction

AprĂšs avoir pris en bouche une petite quantitĂ© de vin, le dĂ©gustateur aspire un peu d'air Ă  travers le vin pour exalter les arĂŽmes en bouche. Par cette action, le grumage, les bulles crĂ©Ă©es augmentent la surface d'Ă©change du liquide avec l'air, et donc le transfert liquide-gaz des molĂ©cules volatiles, qui peuvent alors se fixer sur les rĂ©cepteurs par rĂ©tro-olfaction. Le vin peut ensuite ĂȘtre avalĂ© ou recrachĂ©.

Il existe deux maniÚres de percevoir les sensations olfactives : le vin dans le verre, par voie nasale directe (odeurs), et le vin en bouche par la voie rétro-nasale (arÎmes). La rétro-olfaction est le mécanisme permettant aux chémorécepteurs (cellules réceptrices de l'olfaction) de capter les arÎmes présents en bouche par la voie rétronasale, reliant l'arriÚre du palais aux fosses nasales.

En fin de bouche (aprÚs déglutition), la persistance aromatique appréciée est appelée longueur du vin. On juge de la qualité, de la finesse et de la complexité. C'est une marque de qualité du vin. En principe, plus le vin a de longueur, meilleur il est. Elle se mesure en caudalies.

Longueur

La « longueur », ou persistance aromatique intense (PAI)[Note 4], est le temps en secondes (1 seconde = 1 caudalie) pendant lequel les arÎmes persistent en bouche aprÚs qu'on a avalé ou recraché le vin. Lorsque la persistance des arÎmes (due aux constituants les moins volatils, c'est-à-dire les plus tenaces) n'est plus perceptible en bouche (en deçà de notre seuil de perception), il y a une reprise de la salivation.

La longueur est en rapport avec le niveau qualitatif d'un vin. On juge de l'intensité et de la qualité de cette longueur (finesse des arÎmes). Plus un vin sera long, plus il sera intéressant de l'associer à un mets adapté par exemple. Il y aura en effet un espace plus important pour la superposition des saveurs vin / mets.

On différencie la longueur en bouche (persistance aromatique) d'un arriÚre-goût (goût défectueux ou défaut).

Entre 3 et 10 caudalies suivant la qualité et la hiérarchie des vins ; en dessous de 5 caudalies, le vin est peu expressif, 6 à 8 caudalies indiquent que le vin est bon, 10 qu'il est trÚs complexe et trÚs aromatique. Certains vins tels les muscats, gewurztraminer ou vin jaune sont trÚs persistants et dépassent les 10 caudalies.

Évaluation globale

AprĂšs avoir analysĂ© en dĂ©tail le vin sous trois angles fondamentaux (Ɠil, nez, bouche), il est temps de prendre quelques secondes de recul et d’essayer d’en dĂ©gager une Ă©valuation globale.

Il s’agit alors d’essayer de juger le vin pour ce qu’il est (vin de cĂ©page, vin technologique ou vin de terroir), sa garde potentielle dans le temps et son accord gastronomique.

Évaluation et notation

Discussion aprÚs dégustation.
Jurés discutant avant attribution des récompenses.

Pour évaluer un vin, il est nécessaire de prendre les différents commentaires établis lors des trois grandes phases descriptives (visuelle, olfactive, gustative), et de vérifier leur compatibilité entre elles, afin de conclure sur une description globale et cohérente du vin. Si plusieurs dégustateurs ont analysé le vin, il est possible de confronter les différents jugements afin de modérer et de discuter du vin dans son ensemble. Selon Max Léglise, « On n'a pas d'avis tant qu'on n'a pas goûté ».

Il est possible de mettre une note subjective (note sur 5, 10, 20, 100, 
) au vin et d’y associer un jugement global : exceptionnel, excellent, trĂšs bien, bien, moyen, mĂ©diocre, sans intĂ©rĂȘt, mauvais, 


Cela constitue le travail des critiques de vins (tel Robert Parker), et de la rédaction des guides de vins (tel le guide Hachette des vins).

Potentiel de garde du vin

Garde de vins d'un siĂšcle.

La détermination du potentiel de garde d'un vin, en années, est basée en partie sur ses caractéristiques et conditions d'élaboration comme la qualité du millésime, un terroir approprié, rendement, équilibre, état sanitaire de la vendange, soin apporté en cours de vinification, d'élevage et de mise en bouteille, puis de stockage en cave, qualité du bouchon, 


La dégustation permet également de déterminer la structure en bouche et la qualité des tanins, l'acidité, l'état d'évolution (oxydation), et d'autres informations qui permettront plus ou moins au vin de tenir dans le temps, donc d'avoir un potentiel de garde plus ou moins élevé. Un vin avec une structure importante aura un meilleur potentiel de garde grùce à la quantité de composés oxydables jouant un effet tampon.

Tenue Ă  l'air

Test de tenue à l'air d'un échantillon de vin. A gauche, prélevé depuis 1 heure, à droite, depuis 24 heures. L'échantillon s'oxyde avec le temps.

Chaque vin possĂšde un potentiel de stabilitĂ© diffĂ©rent face Ă  l'oxygĂšne contenu dans l'air. Il est possible de rĂ©aliser un test de tenue Ă  l'air pour l'Ă©valuer. Pour ce faire, on laisse un verre rempli de vin Ă  l’air libre (test de la rĂ©sistance Ă  l’oxydation)[62]. On observe l’évolution du vin, aprĂšs 6, 12, 24 heures, puis 1, 2, 3, 4, 5 jours, etc. Plus le vin conservera longtemps son aspect initial (mĂȘmes arĂŽmes, mĂȘme structure), plus sa tenue Ă  l’air sera grande, et plus il aura un potentiel Ă  rĂ©sister Ă  l’oxydation, donc Ă  l’évolution et Ă  sa garde. Cela peut nous donner une indication de tenue dans le temps en relation avec la qualitĂ© du vin, mais qui peut ĂȘtre faussĂ©e par une teneur en SO2 libre Ă©levĂ©e, prĂ©servant le vin de l'oxydation dans un premier temps.

Catégorisation

L'Ă©valuation globale permet en regroupant les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments de la dĂ©gustation, de dĂ©terminer un type de vin, de le placer dans une catĂ©gorie, qui est dĂ©finie par certaines pratiques viticoles et Ɠnologiques. À titre d'exemple, on peut citer les vins technologiques, les vins de terroir et les vins de cĂ©page.

Un vin technologique est un vin qui a subi de nombreux traitements, ou additions d'intrants Ɠnologiques de la part du vinificateur lors de son Ă©laboration. Les vins technologiques sont en gĂ©nĂ©ral flatteurs, attrayants et faciles Ă  boire, et sans dĂ©fauts. Si leur dĂ©gustation est agrĂ©able, il ne faut pas oublier en revanche que leurs arĂŽmes sont stables et leur goĂ»t uniforme, exprimant le rĂ©sultat des manipulations, plutĂŽt que celui des terroirs et du cĂ©page qui sont masquĂ©s par les opĂ©rations de vinification effectuĂ©es.

À l'opposĂ© des vins technologiques, se trouvent les vins de terroir et de cĂ©page.

Un vin de terroir reprĂ©sente les caractĂ©ristiques du sol sur lequel a poussĂ© la vigne. On y privilĂ©gie les caractĂ©ristiques originelles olfactives et gustatives des raisins par l’expression du terroir, en essayant de suivre un schĂ©ma de travail identique pour ne pas influencer sur d'autres paramĂštres. La dĂ©gustation d'un mĂȘme cĂ©page sur diffĂ©rents terroirs permet de mettre en Ă©vidence l'importance de celui-ci.

Un vin de cĂ©page cherche Ă  exprimer le potentiel aromatique des raisins en fonction de leur cĂ©page, limitant les interventions technologiques, mais cherchant aussi une uniformitĂ© de terroir. Les assemblages de diffĂ©rentes parcelles permettent de lisser ces diffĂ©rences. Certains cĂ©pages trĂšs typiques se prĂȘtent bien Ă  ce style de vins, comme les familles des muscats, des cabernets, des traminers, etc., et sont facilement reconnaissable en dĂ©gustation.

Galerie

  • Examen visuel du vin, XIVe siĂšcle.
    Examen visuel du vin, XIVe siĂšcle.
  • Examen olfactif du vin par deux moines.
    Examen olfactif du vin par deux moines.
  • DĂ©gustation dans une cave en 1889.
    DĂ©gustation dans une cave en 1889.
  • DĂ©gustation des vins de la vallĂ©e du RhĂŽne au MusĂ©e de la gourmandise Ă  Hermalle-sous-Huy.
  • DĂ©gustation de professionnels en Autriche.
    DĂ©gustation de professionnels en Autriche.
  • DĂ©gustation officielle des crus bourgeois primeurs de Bordeaux en 2007 au ChĂąteau de Malleret.
    DĂ©gustation officielle des crus bourgeois primeurs de Bordeaux en 2007 au ChĂąteau de Malleret.
  • DĂ©gustation de vin dans le sud de l'Italie.
    DĂ©gustation de vin dans le sud de l'Italie.
  • Aspect visuel observĂ© lors du service d'un vin d'AOC Ventoux.
    Aspect visuel observé lors du service d'un vin d'AOC Ventoux.

Notes et références

Notes

  1. « Ô le gentil vin blanc ! Et, par mon Ăąme, ce n’est que vin de taffetas ! Hen ! hen ! il est Ă  une oreille, bien drapĂ© de bonne laine. »
  2. « d’un vin Ă  sĂšve veloutĂ©e »
  3. Suivant le contexte, par exemple si le vigneron est présent, le dégustateur aura tendance à utiliser un vocabulaire plus positif que s'il déguste de façon anonyme. Suivant la compétence de ses interlocuteurs, il emploiera un vocabulaire plus ou moins complexe.
  4. Les parfumeurs emploient le terme de sillage.

Références

  1. Émile PEYNAUD et Jacques BLOUIN, Le goĂ»t du vin : le grand livre de la dĂ©gustation, Paris, Dunod, dl 2013, cop. 2013, 235 p. (ISBN 978-2-10-070080-6, OCLC 862987402, lire en ligne), p. 23
  2. Marie-Christine ClĂ©ment, « Compte-rendu de lecture : Dictionnaire de la Langue du vin », CNRS Éditions,‎ (lire en ligne [PDF])
  3. « Dégustation : Définition et étymologie », sur cnrtl.fr (consulté le )
  4. Rabelais, François, (1494?-1553)., Gargantua, Paris, Flammarion, dl 2016, cop. 2016, 472 p. (ISBN 978-2-08-125709-2 et 2-08-125709-2, OCLC 960193385, lire en ligne)
  5. MoliĂšre, 1622-1673., Le Tartuffe et Le Bourgeois gentilhomme, Dover Publications, (ISBN 0-486-40438-2 et 978-0-486-40438-7, OCLC 39170046, lire en ligne)
  6. Jules Cloquet, L'art de la dégustation des vins., LebÚque,
  7. J. Vincens, L'Art de déguster les vins,
  8. LE MAGNEN, Jacques., Odeurs et parfums : par Jacques Le Magnen., Presses universitaires de France, (OCLC 1192821066, lire en ligne)
  9. Le Magnen, Jacques., Le goût et les saveurs., Presses universitaires de France, (OCLC 14659317, lire en ligne)
  10. M. A. Amerine, E. B. Roessler et F. Filipello, « Modern sensory methods of evaluating wine », Hilgardia, vol. 28, no 18,‎ , p. 477–567 (ISSN 0073-2230, DOI 10.3733/hilg.v28n18p477, lire en ligne [PDF], consultĂ© le )
  11. M A Amerine, « Legal and Practical Aspects of the Sensory Examination of Wines », Journal of AOAC INTERNATIONAL, vol. 44, no 3,‎ , p. 380–383 (ISSN 0095-9111, DOI 10.1093/jaoac/44.3.380, lire en ligne, consultĂ© le )
  12. Norbert Got, La dégustation des vins. Classification des vins., Sodiep,
  13. (en) Buck L, Axel R., « A Novel Multigene Family may Encode Odorant Receptors : a Molecular Basis for Odor Recognition » Cell 1991;65:175-87.
  14. Émile Peynaud, Jacques Blouin, DĂ©couvrir le goĂ»t du vin, Dunod, , p. 1
  15. Garrier, Gilbert, 1935-, Les mots de la vigne et du vin, Larousse, (ISBN 2-03-508396-6 et 978-2-03-508396-8, OCLC 421893062, lire en ligne)
  16. OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin), 2012
  17. Mario Borillo, Les cinq sens de la crĂ©ation : art, technologie et sensorialitĂ©, Éditions Champ Vallon, , p. 48-50
  18. (en) Jasper Copping, « Baffled by wine buffs ? You're not alone », sur The Telegraph,
  19. Normes de dégustation, Publication scientifique de l'école de Suze-la-rousse, (PDF)
  20. Giancarlo Bossi, La degustazione del vino, Il Tematico, no 17, octobre 1998, Trévise. p. 96.
  21. « Norme ISO 3591:1977 Analyse sensorielle — Appareillage — Verre Ă  dĂ©gustation pour l'analyse sensorielle des vins » [PDF], sur https://www.iso.org/obp/ui#iso:std:iso:3591
  22. La composition totale en oxyde de zinc (ZnO), oxyde de baryum (BaO), oxyde de plomb (PbO), oxyde de potassium (K2O) doit ĂȘtre infĂ©rieure ou Ă©gale 10 %m (seuls ou en combinaison),
  23. Christophe Bouneau, Michel Figeac, Centre d'Ă©tudes des mondes moderne et contemporain, Le verre et le vin de la cave Ă  la table du XVIIe siĂšcle Ă  nos jours, Maison des Sciences de l'Homme d'Aquitaine, (lire en ligne), p. 358
  24. « Le Tasteverre - verre de dégustation », sur creation-amphora.com (consulté le )
  25. « Pourquoi le parfum ne sent plus », sur leparisien.fr (consulté le )
  26. « Parfumage lors d'une dégustation », sur terroirexperience.fr (consulté le )
  27. « Les bases de la dégustation du vin », sur apprendre.vitiplace.com (consulté le )
  28. DĂ©guster Ă  l'aveugle sur le site wineatlas.net
  29. « Élaboration des vins rosĂ©s », Cahiers techniques de l'ITV,‎ (lire en ligne)
  30. Laurent BOYER, « Examen Visuel », sur www.sommelier-on-line.com (consulté le )
  31. "Nuancier de couleur des vins rosés" (PDF), Cahiers Techniques de l'ITV.
  32. « DĂ©finition : Vin rosĂ© », La Revue du vin de France,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  33. « Approche de l'oenologie », sur psychologie.fr (consulté le )
  34. Cadet Alexandra, "Le cépage vitis vinifera Fer Servadou : étude de la nutrition minérale et des relations cépage, terroir, qualité du vin" ThÚse présentée à l'INP Toulouse, 2005
  35. "Caractéristiques Chromatiques", Recueil International des Méthodes d'Analyse, OIV, 2006. (PDF)
  36. « Intensité colorante - Vocabulaire technique du Vin », sur www.abcduvin.com (consulté le )
  37. GĂ©rard Margeon, 100 Mots du vin, (ISBN 978-2-13-057133-9)
  38. Claude Flanzy, ƒnologie-Fondements scientifiques et technologiques, (ISBN 2-7430-0243-3)
  39. Colette Navarre et Françoise Langlade, L'ƒnologie, (ISBN 978-2-7430-1297-7), p. 321
  40. « Combien d'odeurs l'homme peut-il sentir ? Au moins un trillion », sur Le Huffington Post (consulté le )
  41. « Les facultés sensorielles », sur astrosurf.com (consulté le )
  42. L'IBMP ou 3-isobutyl-2-méthoxypyrazine, fiche de l'Institut français de la vigne
  43. Pierre Charnay et Jules Tourmeau, Guide pratique de la dégustation, Petit Futé, , 287 p. (ISBN 2-7469-1848-X, lire en ligne)
  44. « La mesure des odeurs pour mieux les contrĂŽler : Les ratios de perception », Odotech,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  45. Ghislaine Guiraud, Cours de dĂ©gustation, FacultĂ© d'Ɠnologie de Montpellier
  46. « MinĂ©ralitĂ© : La dĂ©gustation toujours Ă  l'aveugle. », Vitisphere.com,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  47. « Vin et minĂ©ralitĂ© », La Revue du vin de France,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  48. Groupe national de travail ONIVINS, « CaractĂšre moisi-terreux des vins : origine et prĂ©vention », ITV France,‎ (lire en ligne)
  49. (en) D. V. Smith, J. D. Boughter jr, « Neurochemistry of the Gustatory System », in A. Lajtha, D. A. Johnson (Ă©ds.) Handbook of Neurochemistry and Molecular Neurobiology, Springer US, 2007, p. 109–135
  50. Jayaram Chandrashekar, Mark A. Hoon, Nicholas J. P. Ryba et Charles S. Zuker, « The receptors and cells for mammalian taste », Nature, vol. 444, no 7117,‎ , p. 288–294 (ISSN 0028-0836 et 1476-4687, DOI 10.1038/nature05401, lire en ligne, consultĂ© le )
  51. Virginia B. Collings, « Human taste response as a function of locus of stimulation on the tongue and soft palate », Perception & Psychophysics, vol. 16, no 1,‎ , p. 169–174 (ISSN 0031-5117 et 1532-5962, DOI 10.3758/bf03203270, lire en ligne, consultĂ© le )
  52. (en) « Putative Mammalian Taste Receptors: A Class of Taste-Specific GPCRs with Distinct Topographic Selectivity », Cell, vol. 96, no 4,‎ , p. 541–551 (ISSN 0092-8674, DOI 10.1016/S0092-8674(00)80658-3, lire en ligne, consultĂ© le )
  53. Kristin Scott, « Taste Recognition: Food for Thought », Neuron, vol. 48, no 3,‎ , p. 455–464 (ISSN 0896-6273, DOI 10.1016/j.neuron.2005.10.015, lire en ligne, consultĂ© le )
  54. Jean-Baptiste ChĂ©ron, SĂ©bastien Fiorucci, LoĂŻc Briand, Serge Antonczak et JĂ©rĂŽme Golebiowski, « Ces molĂ©cules qui Ă©veillent nos papilles. », L'ActualitĂ© Chimique, SociĂ©tĂ© chimique de France,‎ (lire en ligne)
  55. Jacques Blouin, article « Saveurs » du Dictionnaire du vin et de la vigne, Dunod.
  56. (en) Atsushi Imamura, Tetsuji Nakamoto, Taro Mukaibo et Takashi Munemasa, « Effects of Beverage Ingredients on Salivary Fluid Secretion with an ex Vivo Submandibular Gland Perfusion System: Tannic Acid as a Key Component for the Inhibition of Saliva Secretion », Open Journal of Stomatology, vol. 05, no 01,‎ , p. 12–18 (ISSN 2160-8709 et 2160-8717, DOI 10.4236/ojst.2015.51003, lire en ligne, consultĂ© le )
  57. Alessandra Rinaldi, Angelita Gambuti et Luigi Moio, « Application of the SPI (Saliva Precipitation Index) to the evaluation of red wine astringency », Food Chemistry, vol. 135, no 4,‎ , p. 2498–2504 (ISSN 0308-8146, DOI 10.1016/j.foodchem.2012.07.031, lire en ligne, consultĂ© le )
  58. RibĂ©reau-Gayon, Pascal et Maujean, Alain, TraitĂ© d'Ɠnologie. 2, Chimie du vin, stabilisation et traitements, Paris/Paris, Dunod / "La Vigne", 605 p. (ISBN 978-2-10-058236-5 et 2-10-058236-4, OCLC 819202448, lire en ligne), p. 187-210
  59. Laurent MASSINI et Patrick VUCHOT (Service technique d’Inter RhĂŽne), « Mieux cerner le dĂ©faut du goĂ»t de souris », Le Vigneron des CĂŽtes du RhĂŽne et du Sud-Est.,‎ (lire en ligne [PDF])
  60. « Viticulture / oenologie : Le goĂ»t de souris passĂ© au crible », Vitisphere.com,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  61. Techniloire - Nicolas Richard, « Le goĂ»t de souris, une dĂ©viation aromatique encore mĂ©connue », Techniloire,‎ (lire en ligne [PDF])
  62. « L'art de prĂ©dire l'Ă©volution du vin », La Revue du vin de France,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Émile Peynaud, Le GoĂ»t du vin, Paris, Dunod, 2013
  • Kilien Stengel, L’enseignement des vins en Ă©cole hĂŽteliĂšre, revue Les Territoires du vin, Varia, portĂ©e par la Chaire UNESCO « Culture et Traditions du Vin », Maison des sciences de l'homme de Dijon, 2012
  • Kilien Stengel, La dĂ©gustation du vin : un acte expĂ©rientiel et identitaire entre thĂ©Ăątralisation et culturalisation, dans revue Lexia n. 19 Alimentation et identitĂ© culturelle, Aracne Editrice, Rome, 2015
  • Jean Arbogast et Anne-Marie Medrano, Cours de dĂ©gustation, Strasbourg, 2004
  • Jean-Claude Buffin, ÉducVin, Votre talent de la dĂ©gustation, Éditions ƒnoplurimĂ©dia, 2000, (ISBN 978-2-905428-14-1)
  • Centre de formation par alternance pour adultes, Cours de dĂ©gustation Modules 1 et 2, Rouffach, 2006
  • Martine Coutier, Dictionnaire de la langue du vin, CNRS Éditions, 2013 (ISBN 978-2-271-07893-3 et 2-271-07893-8)[lire en ligne (page consultĂ©e le 6 fĂ©vrier 2020)]
  • Martine Coutier, Tropes et termes : le vocabulaire de la dĂ©gustation du vin., CNRS-INaLF Besançon, 1994 [lire en ligne]
  • Didier Lobre, Cours de dĂ©gustation, UniversitĂ© Populaire, Ostwald, 2004
  • G. Pertuiset, Cours de dĂ©gustation, BP Sommelier, Centre de formation par alternance pour adultes, Beaune, 2011
  • B. Paumard et J.G. Millet, Guide pratique de la dĂ©gustation du vin, Éditions Eyrolles, 2000

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.