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Antisémitisme en Belgique

L’antisĂ©mitisme en Belgique comprend les actes d'hostilitĂ© contre les Juifs et la haine Ă©rigĂ©e parfois en doctrine, sur le territoire de la Belgique, Ă  travers les Ă©poques. L’époque chrĂ©tienne produit l’antijudaĂŻsme tandis que l'antisĂ©mitisme contemporain, comme idĂ©ologie raciste, date de la seconde moitiĂ© du XIXe siĂšcle[Note 1]. Au XXe siĂšcle apparaĂźt le nazisme et plus rĂ©cemment une vague d'antisĂ©mitisme a Ă©tĂ© dĂ©plorĂ©e[1] - [2].

Persécutions des Juifs avant la révolution belge

La prĂ©sence juive sur le territoire durant le haut Moyen Âge est peu documentĂ©e. D'aprĂšs Bernhard Blumenkranz, en Europe occidentale, les Juifs vivaient sans rĂ©elle sĂ©grĂ©gation et au sein de la population chrĂ©tienne[3].

Lors de la premiÚre croisade, une armée formée sur le territoire de Godefroy de Bouillon et les contrées avoisinantes[4], puis rejointe par d'autres soldats, se livre aux massacres de nombreuses communautés juives, en particulier celles de Rhénanie[5].

Ces massacres annoncent au siÚcle suivant, une période d'hostilité chrétienne, contre leur religion. Cela est illustré par les écrits chrétiens d'érudits, sans que l'on connaisse exactement leur portée dans la société chrétienne. Les occurrences de rencontres théologiques sont principalement écrites pour décréditer le judaïsme devant une audience érudite chrétienne, comme le fait Odo de Tournai dans sa Disputation, en stigmatisant les Juifs comme étant incapables de la vérité spirituelle[6]. En 1160, témoignant déjà de l'existence d'une virulence dans l'antijudaïsme, Gauthier de Castillon, prévÎt du chapitre de Tournai, rédige un pamphlet empli de haine, proférant de nombreuses calomnies à leur encontre[7] - [8]. Dans la production artistique, le triptyque de Stavelot atteste de la montée de la haine avec une représentation particuliÚrement péjorative du personnage Synagoga, associé aux Juifs par des artistes catholiques. D'autres représentations de violence contre Synagoga, reflÚtent de la montée de la violence contre les Juifs européens durant cette période[9]. L'antijudaïsme représente aussi les Juifs par le symbole péjoratif d'un animal, le scorpion[5].

Le concile de Latran de 1215 organisant la sociĂ©tĂ© chrĂ©tienne, impose aux Juifs nombre de mesures discriminatoires : obligation de porter des vĂȘtements se distinguant de ceux portĂ©s par les chrĂ©tiens (dont le signe discriminatoire de la rouelle), obligation de ne pas ĂȘtre vus en public pendant la Semaine sainte, l'interdiction d'avoir une position publique, et d'autres[6]. Les Juifs sont victimes de l'antijudaĂŻsme de l’Église catholique et vivent dĂ©sormais « en dehors » de la sociĂ©tĂ© chrĂ©tienne. Le testament de 1261, du duc Henri III de Brabant, soulevait dĂ©jĂ  la question de l'expulsion des juifs de ses terres[10]. Ceux-ci sont ainsi contraints d'habiter dans des juiveries, principalement du Brabant, mais aussi dans le Luxembourg et le Hainaut[11]. Pour y Ă©chapper, certains se laissent convertir par l'Église[3]. Dans la littĂ©rature catholique du XIIIe siĂšcle, les Ă©crits de Jacques van Maerlant, Jan van Boendale et Dirc Potter tĂ©moignent de l'Ă©tendue de l’antijudaĂŻsme parmi les lettrĂ©s[5].

Miniature chrétienne représentant un massacre de Juifs du Brabant durant la période de la peste noire : les victimes sont brûlées vives sur un bûcher[12].

En 1308, il est attestĂ© des pillages contre les demeures des Juifs[3], qui sont massacrĂ©s par la croisade l'annĂ©e suivante, Ă  l'exception de ceux qui se sont rĂ©fugiĂ©s dans le chĂąteau de Genappe du duc Jean II[13]. De nombreuses tueries se produisent, comme celle de Louvain, ou du chĂąteau de Born, oĂč ceux qui s'y Ă©taient rĂ©fugiĂ©s dans les alentours seront massacrĂ©s[3]. En 1326, un Juif converti est accusĂ© d'avoir fait saigner une image de la Vierge, et est brĂ»lĂ© vif. Cet Ă©pisode donnera lieu Ă  la lĂ©gende antijuive du sacrilĂšge de Cambron[5].

Par la suite, la population juive pĂ©rit lors de la peste noire vers 1348-1349 qui est accompagnĂ©e de nouveaux massacres[11] aprĂšs que la secte des flagellants a rĂ©pandu l'accusation selon laquelle les Juifs seraient les auteurs de la peste en empoisonnant les puits et les fontaines[13]. La rumeur se propage Ă  travers le Brabant et les rĂ©gions limitrophes, et les chrĂ©tiens massacrĂšrent plus de 600 Juifs, si l'on s'en tient Ă  la description de Gilles Le Muisit[14]. Le comte de Hainaut en aurait profitĂ© pour rĂ©cupĂ©rer les crĂ©ances impayĂ©es aux Juifs. Les traces historiques attestent l'existence de divers massacres dont un seul est connu avec prĂ©cision, la tuerie de Hon, prĂšs de Bavay, oĂč deux familles sont brĂ»lĂ©es vives le [13]. Il semblerait que les habitants juifs du Brabant aient Ă©tĂ© tous massacrĂ©s ainsi que ceux d’Ath. Dans le Hainaut, « on constate leur disparition sans savoir exactement si la mort ou l’exil en est responsable[13] ». On atteste Ă©galement ces massacres Ă  Anvers: « beaucoup furent pendus, brĂ»lĂ©s sur le bĂ»cher, battus Ă  mort ou noyĂ©s »[10].

En 1370, les derniĂšres familles juives sont accusĂ©es de profanation d’hosties et pĂ©rissent brĂ»lĂ©es vives sur le bĂ»cher[11]. DiffĂ©rentes versions racontent le dĂ©roulement du massacre, celle de l'historien du XIXe siĂšcle Georges-Bernard Depping, dĂ©crit par exemple des tortures de juifs qui se produisent Ă  Enghien[15]. Abondamment relayĂ© dans la culture belge, il donne lieu, aprĂšs avoir Ă©tĂ© reconnu par l'Église catholique en 1402, Ă  un culte antijuif des reliques qui ne prendra fin qu’à la fin du xxe siĂšcle[16] ainsi qu’à une importante production iconographique dont une tapisserie, des vitraux et 18 tableaux[13] dans la cathĂ©drale de Bruxelles ou les vitraux de l'Ă©glise Saint-Nicolas Ă  Enghien[17]. La conclusion d'un poĂšme populaire rĂ©digĂ© Ă  propos du massacre (vraisemblablement au XVe siĂšcle), laisse une idĂ©e de l'Ă©tendue d'une haine gĂ©nocidaire chrĂ©tienne[5].

Les Juifs disparaissent de Belgique. Dans certaines rĂ©gions, ils ne sont que de passage, et ne sont que considĂ©rĂ©s comme des Ă©trangers et menacĂ©s par la vindicte populaire sous l'emprise de l'antijudaĂŻsme de l'Église. Ils sont exposĂ©s d'autre part Ă  la concurrence dĂ©loyale des banquiers lombards et aux corporations de mĂ©tier (desquels ils sont exclus), ainsi que contraints de payer des taxes spĂ©ciales comme les maltĂŽtes[3]. La seule voie proposĂ©e reste la conversion[3].

Du fait des persécutions de l'Inquisition espagnole en 1492 et de l'Inquisition portugaise en 1497, des Juifs s'installent à Anvers. L'Inquisition est également imposée dans les Pays-Bas espagnols, mais dans une moindre mesure. On peut citer, par exemple l'année 1541, lors de laquelle deux personnes refusant la conversion, sont brûlées vives sur le bucher[18]. En 1549, une ordonnance de Charles Quint retire aux Juifs convertis au christianisme le droit de séjour, les Juifs y étant interdits sous peine de mort.

Au XVIIIe siĂšcle, dans les Pays-Bas autrichiens, les Juifs sont tolĂ©rĂ©s, mais sont contraints du payement de taxes discriminatoires, excluant ceux sans ressources, tout en conservant ceux dits « utiles ». Les Juifs sont exclus du droit de bourgeoisie qui impliquait une profession de foi catholique, avec des exceptions. Philippe Pierret identifie pendant cette pĂ©riode un phĂ©nomĂšne de marginalisation de la minoritĂ© juive, Ă  la fois par les pouvoirs politiques locaux et dans les mentalitĂ©s[19]. À la fin du siĂšcle, la population juive bĂ©nĂ©ficie de la nouvelle lĂ©gislation de l’édit de TolĂ©rance de Joseph II de 1781[11] - [3], puis sous NapolĂ©on Ier, le culte israĂ©lite est reconnu et s'organise en consistoire par les dĂ©crets de 1808 [20], ayant entre autres, un rĂŽle de dĂ©lation et de listage des Juifs. À noter que lors de l'invasion française de 1794, des offenses antisĂ©mites sont commises et l'anticlĂ©ricalisme jacobin s'en prend au culte juif[21].

  • ScĂšne de la lĂ©gende du Sacrement miraculeux, tapisserie Ă  la cathĂ©drale des Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles
    ScÚne de la légende du Sacrement miraculeux, tapisserie à la cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles
  • La « chapelle Salazar » au centre (en blanc), construite sur l'ancienne synagogue de Bruxelles aprĂšs 1370.
    La « chapelle Salazar » au centre (en blanc), construite sur l'ancienne synagogue de Bruxelles aprÚs 1370.
  • Truie des Juifs sur un pilier de l'Ă©glise Notre-Dame de la MisĂ©ricorde Ă  Aarschot, fin XVe-dĂ©but XVIe
    Truie des Juifs sur un pilier de l'église Notre-Dame de la Miséricorde à Aarschot, fin XVe-début XVIe
  • ScĂšnes de la lĂ©gende du Sacrement miraculeux, ibidem, vitraux sculptĂ©s par J.-B. Capronnier en 1870
    ScÚnes de la légende du Sacrement miraculeux, ibidem, vitraux sculptés par J.-B. Capronnier en 1870

Début de l'antisémitisme en Belgique

Contexte

DĂšs le dĂ©but du XIXe siĂšcle, la Belgique est une terre d'immigration pour les Juifs en raison de la nature du Royaume, qui garantit des opportunitĂ©s sociales et Ă©conomiques, mais aussi des libertĂ©s constitutionnelles et un rapport de l'État avec l'Église[3]. Cependant, Yasmina Zian fait remarquer que la Belgique reste la seule en Europe Ă  mettre au point un systĂšme de dossier individuel pour chaque Ă©tranger inscrit sur son territoire[22].

Avec l'indĂ©pendance de la Belgique, la constitution rompt radicalement avec le passĂ©, l’identitĂ© juive relĂšve dĂ©sormais de l’espace privĂ©. En 1836, le serment antijuif, more judaĂŻco est abrogĂ©[11] et la taxation extraordinaire des Juifs cesse[23]. En contrepartie, l'on tĂ©moigne de manifestations de xĂ©nophobie, d’antijudaĂŻsme et d’antisĂ©mitisme.

Concernant le culte israĂ©lite, comme le dĂ©montre Jean-Philippe Schreiber, il fut vĂ©ritablement reconnu par un arrĂȘtĂ© royal en 1876 : « Le fait que l’État ne reconnĂ»t pas formellement l’existence du Consistoire central ni celle des CommunautĂ©s (
) et l’interprĂ©tation que fit le Consistoire des dĂ©crets de 1808 pour fonder son existence lĂ©gale engendrĂšrent de nombreuses difficultĂ©s tout au long du siĂšcle, particuliĂšrement dans les rapports que le Consistoire central entretint avec les administrations communales et les gouvernements d’inspiration libĂ©rale »[20].

Inscription appelant Ă  la tolĂ©rance et la fraternitĂ© gravĂ©e Ă  l'entrĂ©e de la Grande synagogue de Bruxelles ( en français et en nĂ©erlandais) : « N'avons-nous pas tous un mĂȘme pĂšre? Un mĂȘme Dieu ne nous a-t-il pas crĂ©Ă©s?.» ( prophĂšte Malachie)
Illustration antijuive du XIXe siÚcle, reprenant les stéréotypes associés au mythe du Juif errant (Paris).

La fin du XIXe siĂšcle, voit de nombreux Juifs rĂ©ussir leur intĂ©gration Ă  la sociĂ©tĂ© belge mais aussi des rĂ©ticences Ă  l'arrivĂ©e d'immigrĂ©s juifs de l’Est, et les rĂ©percussions de l'antisĂ©mitisme de France et d'Allemagne[24]. L'antisĂ©mitisme prend de l'ampleur et culmine avec les retombĂ©es de l’affaire Dreyfus. Certaines personnes sont ouvertement antisĂ©mites, en particulier au sein du jeune Parti ouvrier belge, comme Edmond Picard et Jules DestrĂ©e[11]. Toute sa vie politique, Edmond Picard professera la haine antisĂ©mite et le racisme[25]. Le discours de Edmond Picard de « lutte des races » Ă©tablissait une distinction entre « race supĂ©rieure » et une « race sĂ©mite et parasite » et il plaide pour des lois antisĂ©mites. L'anarchiste français Pierre-Joseph Proudhon, qui avait des vues antisĂ©mites marque le socialisme belge lors de son sĂ©jour a Bruxelles[26].

C'est Ă©galement Ă  travers l'antisĂ©mitisme de l'Église catholique belge et française, qu'Ă©merge un antisĂ©mitisme racial[27] : « en rĂ©action au fait que les Juifs se dissolvent peu Ă  peu dans la sociĂ©tĂ© chrĂ©tienne »[28]. Celui-ci vient se greffer au « message chrĂ©tien » qui condamnait dĂ©jĂ  les Juifs par divers stĂ©rĂ©otypes.

La « question juive » passe au centre des prĂ©occupations de la presse, lors de la deuxiĂšme moitiĂ© des annĂ©es 1890. Des attaques contre les personnalitĂ©s politiques juives, Ferdinand Bischoffsheim et Georges Montefiore-Levi, sont attestĂ©es[26]. Maurice Einhorn dĂ©crit l'antisĂ©mitisme belge comme « mondain », en comparaison Ă  celui en Allemagne caractĂ©risĂ© plutĂŽt comme « populaire ». Il dĂ©crit une situation d'antipathie pour les Juifs au sein des Ă©crivains de talent du jeune État : comme Émile Verhaeren, Maurice Maeterlinck, Fernand Crommelynck ou Michel de Ghelderode[29]. Guy Jucquois et Pierre Sauvage dĂ©crivent quant Ă  eux, la fin de siĂšcle, comme la pĂ©riode du passage de la discrimination ethnique Ă  l’antisĂ©mitisme racial. Une rĂ©action antisĂ©mite Ă  l’assimilation des Juifs Ă  la sociĂ©tĂ©, soutenue par les milieux catholiques[30].

La Belgique, perçue comme un pays libĂ©ral et accueillant, voit l'arrivĂ©e de nombreux rĂ©fugiĂ©s Juifs qui se poursuit au dĂ©but du XXe siĂšcle. NĂ©anmoins la nationalitĂ© ou le statut de rĂ©sident permanent n'Ă©taient pas garantis. Ainsi beaucoup de Juifs de deuxiĂšme ou de troisiĂšme gĂ©nĂ©ration vivant en Belgique, restaient considĂ©rĂ©s comme des « Ă©trangers » par l'État[31]. L'antisĂ©mitisme s’exprime notamment Ă  travers le rejet systĂ©matique de demandes de naturalisation des « Ă©trangers juifs »[22].

Bien que peu prĂ©sent dans la sociĂ©tĂ© belge dans son ensemble, l’antisĂ©mitisme se manifeste toutefois dans diffĂ©rents milieux. En 1902, le ComitĂ© Marnix se proclame ligue contre l’antisĂ©mitisme et tente de lutter contre l’antisĂ©mitisme. Pour le collectif : « ce mot d’antisĂ©mitisme n’est qu’une Ă©tiquette qui couvre l’intolĂ©rance dans son acception la plus gĂ©nĂ©rale, la guerre sans merci dĂ©clarĂ©e non pas seulement aux juifs, mais aux protestants, aux libres penseurs, aux francs-maçons. »[22]. Le ComitĂ©, en outre dirigĂ© par des personnes qui ne sont pas de confession juive, tĂ©moigne d'une politique de discrimination non-officielle: « beaucoup de gens continuent pas moins Ă  envelopper tous les juifs d’une commune antipathie, et citent de petits faits particuliers, d’histoires de portiĂšres, de racontars dĂ©pourvus de toute valeur et de tout intĂ©rĂȘt. »[32]. Le ComitĂ© tĂ©moigne d'actes de vandalisme antisĂ©mite : « A diverses reprises ce cri de haine : « A bas les juifs ! » a Ă©tĂ© affichĂ© sur les murs de Bruxelles »[32]. De plus, le ComitĂ© s'inquiĂšte de campagnes ouvertement antisĂ©mites dans la presse catholique[32].

Carricature d'Esterhazy, le coupable dans l'affaire Dreyfus, paru dans le journal dreyfusard La RĂ©forme . L'affaire française gĂ©nĂšre de l'intĂ©rĂȘt dans les milieux libĂ©raux et socialistes : Ă  Bruxelles et Ă  Anvers, il y a mĂȘme des manifestations et Ă  la Maison du Peuple, « on crie au dĂ©shonneur de la France »[33].

L'attention de la presse Ă  l'affaire Dreyfus est un exemple de l'influence de l'agitation antijuive de l'Ă©tranger sur l'opinion publique belge. La presse catholique belge, — qui se distancie du discours racial —[34], dĂ©fend le camp anti-dreyfusard, et des prĂ©jugĂ©s empruntĂ©s de l'antisĂ©mitisme sont adoptĂ©s. ParallĂšlement, une campagne conte le libĂ©ral Jan Van Rijswijck provoque une affaire en Belgique oĂč il est accusĂ© de comploter avec les Juifs, et les Juifs accusĂ©s de le soutenir. Les ressources historiques de la pĂ©riode menant Ă  la PremiĂšre Guerre mondiale ne font pas Ă©tat d'une action antijuive organisĂ©e, et ce n'est qu'Ă  la pĂ©riode d'occupation allemande de la PremiĂšre Guerre mondiale, que l'on voit apparaĂźtre une poussĂ©e xĂ©nophobe. Les Juifs sont parfois qualifiĂ©s de « rĂ©volutionnaires » et par d'autres stigmatisations. Le mouvement flamingant qui pendant l'occupation avait collaborĂ© avec l'occupant allemand et visait Ă  une politique pro-flamande, adopte une approche Ă©tablissant une distinction entre les Juifs « allochtones » provenant de l'immigration rĂ©cente et ceux considĂ©rĂ©s « autochtones » [26].

Lorsque Ă©clate la PremiĂšre Guerre mondiale, le , la panique dans les rues se transforme en colĂšre et en passion nationaliste et des Ă©meutiers s'en prennent Ă  tout ce qui est suspectĂ© d'ĂȘtre Allemand. À Anvers, la communautĂ© juive avec une importante population juive d'Allemagne est aussi victime de cette colĂšre. Des familles sont escortĂ©es Ă  la gare par l'armĂ©e, et la majoritĂ© des Juifs Allemands et de Galicie fuient la ville sous les insultes et les railleries, comme en tĂ©moigne l'Ă©crivain juif Salomon Dembitzer : « les femmes et les filles belges ont levĂ© les poings contre nous, ont lancĂ© des injures et se sont moquĂ©es de nous »[35].

Face Ă  la crise, de nombreux Juifs survivent grĂące aux organisations de charitĂ© juives, mais par exemple l'orphelinat juif tombe Ă  court de nourriture et il est dĂ©cidĂ© d'Ă©vacuer les enfants aux Pays-Bas. Le rabbin Armand Bloch est arrĂȘtĂ© par les soldats allemands et condamnĂ© pour son patriotisme, la presse belge le prĂ©sente en hĂ©ros et il devient un symbole de la loyautĂ© juive. Mais vite, l'image des Juifs est ternie dans la presse. Les stĂ©rĂ©otypes associent les Juifs aux Prussiens dans une rhĂ©torique anti-allemande et anti-juive[35]. En 1915, Fritz Norden, d’origine juive allemande publie une opinion en faveur de l’invasion allemande et est insultĂ© avec antisĂ©mitisme dans la presse. D'aprĂšs Yasmina Zian, la stigmatisation des juifs est Ă©galement alimentĂ©e par l’idĂ©e que le yiddish est une langue proche de l'allemand[36]. Cependant malgrĂ© les accusations, la majoritĂ© des Juifs y compris les immigrĂ©s, restent loyaux et beaucoup se portent mĂȘme volontaires pour la dĂ©fense de la patrie. AprĂšs la guerre, le Consistoire brandit son patriotisme, et les organisations sionistes, initialement formĂ©es en rĂ©action Ă  l'antisĂ©mitisme, prennent de la popularitĂ©[35].

Pendant l'entre-deux-guerres, outre l'Ă©cho d'affaires antisĂ©mites Ă  l'Ă©tranger, des liens entre le « sionisme », le « communisme » et la « franc-maçonnerie » sont imaginĂ©s par les antisĂ©mites. L'ont constate Ă©galement une diminution de l'hostilitĂ© au JudaĂŻsme dans la sociĂ©tĂ© belge. Dans la presse, on retrouve une certaine banalisation des reprĂ©sentations nĂ©gatives sur les Juifs[36]. Les annĂ©es 1920 sont marquĂ©es par l'apparition d'une attitude antijuive, distant de l’antisĂ©mitisme biologique d'Allemagne. Anvers se transforme en berceau des organisations nazies et antisĂ©mite comme la Volksverwering, Vrienden van het Nieuwe Duitschland, NSVAP, De Adelaar, Anti-Joodsch Front, Dietsche Arbeiderspartij et Nationaal Volksche Beweging[37]. Vers 1921, le journal « Het Gazet van Antwerpen » s'en prend Ă  ce qu'il appelle le « bolchĂ©visme et Ă  la juiverie » et en 1924, le journal « Het Vlaams Heelal » traitait rĂ©guliĂšrement les Juifs de « vauriens », « voleurs », « bagarreurs » ou bien « apportant des germes de maladie »[38].

L'Église dĂ©sapprouvait les actes de violences racistes. Dans les annĂ©es 1918, les catholiques chrĂ©tiens sont plutĂŽt favorables mais ambigus face au sionisme, mais certains gardent l'optique de l'anti judaĂŻsme tandis que d'autres comme le cardinal Mercier souhaitent un protectorat belge en Palestine. À partir de 1926, les catholiques visent Ă  convertir les juifs et adoptent une position ambiguĂ« Ă  leur Ă©gard[26].

Dans la sociĂ©tĂ© belge, au sein de l’État, de son administration et de ses forces de polices, la figure nĂ©gative du judĂ©o-bolchĂ©vique est prĂ©sente ainsi que celle associĂ©e aux colporteurs. Le stĂ©rĂ©otype du Polonais communiste et petit criminel participe Ă  la stigmatisation des juifs qui sont originaires de Pologne et de Russie. Les juifs sont ainsi victimes d’« une racialisation, d’une criminalisation qui se fait sur une base ethnique et nationale, donc xĂ©nophobe »[22]. De leur cĂŽtĂ©, les communistes Ă©tablissent la Main d'ƒuvre ÉtrangĂšre en 1927 pour venir en aide aux rĂ©fugiĂ©s juifs, dont nombreux rejoignent ensuite le Parti communiste (PCB/KPB)[39].

Lieven Saerens dĂ©crit un « antisĂ©mitisme latent » avant les annĂ©es trente. D’autre part, F. Caestecker envisage le rejet de l’étranger comme liĂ© Ă  la consolidation de l’État-nation d'aprĂšs guerre[22]. La naturalisation des individus originaires de pays ennemis est rĂ©voquĂ©e et le processus de naturalisation est durci, tandis que les Juifs sont sujets Ă  une surveillance policiĂšre. Cependant les Italiens, surtout Ă  Charleroi, sont Ă©galement victimes de cette politique de surveillance[22]. Ceux vivant en Belgique subissent une discrimination concernant la naturalisation : « l’une concernant les non juifs, l’autre concernant les juifs. Les secondes sont systĂ©matiquement repoussĂ©es »[32]. Alors que les enfants non-juifs reçoivent la naturalisation Ă  l'Ăąge de 16 ans, ceux qui sont Juifs doivent prouver leur rĂ©sidence de plus de dix ans dans le pays, payer la somme consĂ©quente de 5000 francs belges et recevoir l'approbation du parlement[40].

Années 1930

Pendant la crise des annĂ©es 1930, nombre de Juifs subsistent de petits mĂ©tiers et connaissent une pauvretĂ© parfois extrĂȘme. DĂšs le dĂ©but de la crise, des mesures Ă©conomiques sanctionnent les commerçants Ă©trangers, qui sont principalement juifs. En 1934, le commerce ambulant est visĂ© par des taxes et par l’exigence d’un permis difficile Ă  obtenir. En 1936, la vente au porte-Ă -porte est interdite pour la maroquinerie, les Ă©pices et autres. Des quotas pour la main d’Ɠuvre Ă©trangĂšre et des mesures anti-immigrĂ©s sont mises en place. Beaucoup de Juifs se retrouvent sans revenus, sans indemnitĂ©s de chĂŽmage et subsistent de la charitĂ© publique. Certains tĂ©moignent d'ĂȘtre contraint d'exercer dans « des ghettos » juifs. Beaucoup jouĂšrent alors un rĂŽle dans les mouvements de grĂšve (comme « Emiel » Akkerman)[38]. L'accueil des rĂ©fugiĂ©s est vite accompagnĂ© de la xĂ©nophobie rampante. Les organisations d'aide juive les prĂ©parent Ă  leur rĂ©-Ă©migration, suivant les vƓux insistants du gouvernement[41].

Immigration juive de Pologne

Les rĂ©fugiĂ©s juifs polonais s'installent en grand nombre dans les quartiers dĂ©munis de Bruxelles. Leur arrivĂ©e suscite de l'inquiĂ©tude dans la population, qui s'exprime aussi par des rĂ©actions xĂ©nophobes. Ces rĂ©fugiĂ©s sont parfois mĂȘme victimes de rejet de la part de certains Juifs Belges intĂ©grĂ©s[42].

Les Ă©trangers, dont les Juifs polonais forment le plus grand groupe, sont victimes d'une animositĂ© en raison de leur main d'Ɠuvre bon marchĂ© et de leur concurrence aux petits commerçants. L'on peut lire par exemple dans le journal Le Soir, en janvier 1933 : « habitent dans des mansardes, des caves, des sous-sols et y pratiquent n’importe quel travail
.[
]. C’est vous dire que ces Ă©trangers se moquent aussi bien des lois sur l’hygiĂšne que de la loi des huit heures »[42].

Le nombre de réfugiés est vite surestimé, et de nouveaux stéréotypes antisémites leur sont attachés :

« Les descriptions abondent et mĂȘme lorsqu’elles sont empreintes de pitiĂ©, elles contribuent involontairement Ă  forger le stĂ©rĂ©otype de l’artisan ou du commerçant juif, misĂ©rable (et donc prĂȘt Ă  accepter n’importe quelles conditions de travail), souffreteux (et donc vecteur potentiel de maladie et charge pour l’assistance publique)[42]. »

Quelques voix s’élĂšvent contre la banalisation de l'antisĂ©mitisme dont celle d’une fĂ©ministe, Louise Coens qui rĂ©fute les stĂ©rĂ©otypes :

« On peut bien penser que s’il y en a, parmi eux, dont toute la famille n’occupe qu’une ou deux chambres, c’est plutĂŽt par nĂ©cessitĂ© que par goĂ»t ! Mais ce sont ces pauvres IsraĂ©lites, ayant la qualitĂ© de Belges ou qui ont Ă©tĂ© contraints de fuir d’atroces persĂ©cutions, dont on incrimine la mentalitĂ© et les habitudes de vivre ! »

Ou encore par des personnalités politiques qui dénoncent le rexisme, tel que le député PCB, Pierre Bosson qui déclare :

« Pour les antisĂ©mites avouĂ©s, elles [les attaques] sont une occasion de satisfaire ouvertement leur haine du juif. [.. .] Les antisĂ©mites honteux prĂ©fĂšrent s’en prendre aux Ă©trangers, mais ce n’est un secret pour personne qu’à travers leur campagne xĂ©nophobe camouflĂ©e, ils visent Ă  atteindre le seul Ă©lĂ©ment juif[42]. »

Des critiques d'ordre économique sont émises contre les Juifs, en y attachant une image stéréotypée du commerçant juif[26]. Léon Degrelle, chef du rexisme, promouvait un antisémitisme économique. Il dénonce une « abondance de l'immigration juive » comme un danger pour la société et parle notamment d'un péril de la « concurrence déloyale juive ». Il emprunte les thÚmes du fascisme italien et du national-socialisme allemand et instrumentalise la Xénophobie et la crise économique que redoutent les classes moyennes, son principal électorat[43] - [44]. Le parti rexiste se lance dans une campagne antijuive, déshumanisant les Juifs[45].

Le , une personne juive, Henri Buch, est nommée Juge au Tribunal de PremiÚre instance d'Anvers, entraßnant l'agitation des milieux antisémites et une opposition à sa nomination. Un événement discriminatoire unique dans les annales politiques et judiciaires belges[46].

Immigration juive d'Allemagne

En 1933, avec l'arrivĂ©e des premiers rĂ©fugiĂ©s Juifs allemands, le Conseil des ministres dĂ©cide de ne pas se montrer trop accueillant, considĂ©rant les rĂ©fugiĂ©s « illĂ©gaux », il ferme les frontiĂšres en 1939. Le gouvernement procĂšde ensuite Ă  des rafles jusqu'Ă  l'Ă©tĂ© 1933, qui amĂšne la protestante de Camille Huysmans et de Paul Baelde, ce dernier qui fait la demande de les accueillir. Le gouvernement dĂ©cide toutefois de faire des « gestes humanitaires » en accueillant quelques enfants juifs et en offrant quelques aides[26]. Ils y furent accueillis dans des homes juifs, tels les homes GĂ©nĂ©ral Bernheim et Herbert Speyer du ComitĂ© d’Aide aux Enfants rĂ©fugiĂ©s juifs, crĂ©Ă© par Max Gottschalk[47]. Cependant, certains enfants venus seuls sont expulsĂ©s vers l'Allemagne, ce qui provoque l'Ă©moi d'une partie de la presse belge[38]. comme Ilex Beller, arrivĂ© Ă  Anvers Ă  14 ans et qui se retourne vers la France.

Au parlement, la droite soutient la politique contre l'accueil des rĂ©fugiĂ©s, tandis que la gauche est dĂ©partagĂ©e sur la question. L'opposition cite des inquiĂ©tudes Ă©conomiques, politiques, identitaires et sociales. Comme argument particuliĂšrement rĂ©pandu, le refus d'accueillir des rĂ©fugiĂ©s juifs servirait Ă  prĂ©venir d'une montĂ©e de l’antisĂ©mitisme dans la sociĂ©tĂ©[45]. Des clichĂ©s antisĂ©mites virulents se retrouvent dans la presse d'extrĂȘme-droite, comme Le pays rĂ©el qui compare les rĂ©fugiĂ©s juifs Ă  des sauterelles porteuses de maladies[45].

D'aprĂšs l'historien Jean-Philippe Schreiber :

« Si les frontiĂšres belges restĂšrent relativement permĂ©ables, cela ne doit pas masquer un fait bien rĂ©el, rapportĂ© rĂ©guliĂšrement par la presse durant les deux annĂ©es qui ont prĂ©cĂ©dĂ© la guerre :l’on arrĂȘtait quotidiennement des fugitifs qui erraient dans les forĂȘts entre gardes-frontiĂšres belges et allemands, et on les renvoyait souvent vers l’Allemagne. Certains prĂ©fĂ©rĂšrent se suicider au seuil mĂȘme de la libertĂ©, comme le rapportĂšrent plusieurs dĂ©pĂȘches. D’autres – sans que l’on puisse dĂ©terminer leur nombre – trouvĂšrent selon la presse juive anversoise la mort en errant dans les forĂȘts de la rĂ©gion d’Eupen-MalmĂ©dy, en raison du froid polaire qui sĂ©vit durant une partie de l’hiver 1938-1939[48]. »

En 1938 est crĂ©Ă© un camp de concentration, le camp d'internement pour rĂ©fugiĂ©s juifs Ă  Merxplas. L'État considĂšre que les persĂ©cutions raciales en Allemagne n'entrent pas dans le cadre juridique prĂ©vu pour autoriser l'accĂšs du territoire et opte pour l'expulsion des rĂ©fugiĂ©s juifs[49]. d'autres camps sont ouverts Ă  Marchin, Wortel, Hal et Marneffe. Ces centres sont envisagĂ©s dans un « antisĂ©mitisme ambiant », pour des rĂ©fugiĂ©s jugĂ©s indĂ©sirables. Ils servent Ă©galement Ă  empĂȘcher que ceux-ci se mĂȘlent Ă  la population. Les rĂ©fugiĂ©s sont internĂ©s dans de mauvaises conditions et sont contrĂŽlĂ©s par des gardiens relevant de l’administration pĂ©nitentiaire. Ils sont ainsi privĂ© de leurs libertĂ©s. Les premiĂšres nĂ©cessitĂ©s (les vĂȘtements, la nourriture, les soins mĂ©dicaux, etc) sont pris en charge non pas par l'État mais par les rĂ©fugiĂ©s eux-mĂȘmes, avec un soutien d’associations communautaires, tel le ComitĂ© d’Aide et d’Assistance aux Victimes de l’AntisĂ©mitisme en Allemagne (CAAVAA). Avec l'occupation de la Belgique, nombre des hommes, des femmes et des enfants n’échappĂšrent pas aux rafles, aux dĂ©nonciations et Ă  la dĂ©portation[48]. De 1939-1940 le ComitĂ© d’Assistance aux RĂ©fugiĂ©s juifs offre aux rĂ©fugiĂ©s, le plus souvent dĂ©pourvus de moyens, un soutien matĂ©riel, une aide mĂ©dicale et un conseil juridique[50].

La Nuit de Cristal constitue en Belgique, un basculement. Les persécutions nazies sont condamnées à la fois dans la presse et par des manifestations dans les rues, ce qui pousse le gouvernement à repenser sa politique d'expulsion des Juifs. Avec l'invasion de la Pologne en 1939, les Juifs d'Allemagne font face à une nouvelle poussée xénophobe, étant alors perçus comme étant une « cinquiÚme colonne » en Belgique[45].

Manifestation en 1936. Une banderole indique :« À bas le fascisme et l'antisĂ©mitisme »

Pour Lieven Saerens, ce n'est qu'avec l'arrivĂ©e de milliers de rĂ©fugiĂ©s juifs allemands et autrichiens en 1933, que l'image des juifs se dĂ©tĂ©riore Ă  Anvers et aurait Ă©voluĂ© « d'une ville cosmopolite Ă  une ville intolĂ©rante ». Des organisations antisĂ©mites voient le jour, dans les milieux, catholiques, bourgeois et nationalistes. Avec l'arrivĂ©e du nazisme au pouvoir en Allemagne, les mouvements nationalistes flamands se radicalisent et adoptent Ă©galement une antipathie envers les Juifs[51]. Ils sont encouragĂ©s par des agents nazis et un parti nazi se forme[52]. Les provocations antijuives se multiplient Ă  Anvers[38], par exemple le , cinq membres de la milice Dinaso vont chercher la provocation dans le quartier juif armĂ©s de matraques, mais ils seront « pris en main et solidement rossĂ©s » par des habitants du quartier. Ce n'est que le , que l'organisation Volksverwering forte d'une centaine de personnes, parvient Ă  dĂ©filer dans le quartier juif sans ĂȘtre stoppĂ©e[37]. En 1937, des menaces de mort sont distribuĂ©es dans les boĂźtes aux lettres de Juifs et des fenĂȘtres de synagogues et de maisons juives sont brisĂ©es. Les incidents antisĂ©mites deviennent quotidiens et les avocats juifs sont exclus de la ConfĂ©rence flamande du Barreau d'Anvers[38]. En particulier, les groupes Verdinaso et la LĂ©gion nationale lancent une sĂ©rie de violences contre des Juifs[26]. par exemple dĂ©but 1939, environ cinq autobus chargĂ©s de membres du Verdinaso s’arrĂȘtĂšrent au milieu du quartier juif pour « tuer tous les Juifs et qu’ensuite ils jetteraient tous leurs biens au feu ». La ville d'Anvers est sujette Ă  une vague d'antisĂ©mitisme, principalement dirigĂ©e contre les Juifs dans l'industrie du diamant. En , des attaques similaires Ă  des pogroms sont menĂ©es par des nationalistes flamands[53]. Des Ă©meutes qui dĂ©bordent et s'en prennent Ă  des commerces juifs, « 100 personnes, traversa le quartier en hurlant des slogans antijuifs. La police tenta de calmer les gens et de les faire rentrer chez eux paisiblement. ». Le parti rexiste qui dĂ©jĂ  utilisait une rhĂ©torique antisĂ©mite, atteint une nouvelle virulence en 1940 avec l'utilisation des stĂ©rĂ©otypes primaires, d'articles menaçants et par le recours Ă  la violence contre des propriĂ©tĂ©s juives[54].

Marion Schreiber parle d'une cohabitation pacifique qu'elle illustre par l'accueil des rĂ©fugiĂ©s du Saint Louis en 1939, alors que les autres nations les avaient rejetĂ©s[55]. Anne Morelli, remet en question la perception d'« une terre d'accueil ». Elle cite une volontĂ© de la Belgique d'empĂȘcher l'arrivĂ©e de rĂ©fugiĂ©s juifs italiens fuyant les mesures antisĂ©mites de 1938, en rĂ©tablissant le visa obligatoire depuis l'Italie. De plus, elle considĂšre que les Juifs fuyant l'Allemagne nazie ont fort souffert des limitations de l'asile, en particulier ceux dĂ©portĂ©s vers la France et qui ont fini dans les camps d'extermination[56]. Parmi ceux dĂ©portĂ©s dans des camps en France, figure par exemple l'artiste Kurt Lewy ou le Premier violon de l'Orchestre philharmonique de Vienne, Fritz Brunner[57].

La fin des annĂ©es 1930, est marquĂ©e par une peur d’ĂȘtre envahi par l’étranger, une peur qui prend des allures parfois obsessionnelle pour certains Belges[42].

GĂ©nocide des Juifs de Belgique

Mise en place de persécutions antisémites

Lorsque Ă©clate la Seconde Guerre mondiale, beaucoup de Juifs Ă©migrĂšrent, dĂšs mai 1940 vers la France et dans la direction des pays libres : principalement la Grande-Bretagne, les États-Unis et la Suisse. Les persĂ©cutions en Belgique s’amplifiant. D’octobre 1940 Ă  septembre 1942, l’administration militaire nazie a Ă©dictĂ© 18 dĂ©crets antijuifs[58]. « AprĂšs une phase prĂ©paratoire (octobre 1940 – fĂ©vrier 1942), oĂč l’occupant s’employa Ă  repĂ©rer, Ă  isoler et Ă  Ă©touffer Ă©conomiquement la population juive de Belgique, vint la phase d’extermination. Deux dĂ©crets, l’un du et l’autre du , imposĂšrent aux juifs le travail forcĂ©... »[59].

Responsabilités belges

Version belge de l'Ă©toile jaune.

DĂšs le dĂ©but de l’invasion allemande, le , de nombreux rĂ©fugiĂ©s juifs d'Allemagne considĂ©rĂ©s comme ressortissants d’un pays ennemi, sont arrĂȘtĂ©s par la police belge puis internĂ©s dans des camps de prisonniers en France, comme dans le cas du peintre Felix Nussbaum. Nombre des rĂ©fugiĂ©s juifs restant, forment alors des groupes spĂ©cifiques de rĂ©sistance Ă  l’occupant nazi[19]. Sous occupation, la Belgique collabore Ă©conomiquement avec l'occupant nazi[60]. D'aprĂšs les travaux de Jean Velears et Herman Van Goethem sur la collaboration du roi LĂ©opold III, elle joua un rĂŽle problĂ©matique sur la « question juive », en particulier dans le cas de la dĂ©portation des Juifs Ă©trangers[61].

Le , sous l'occupation allemande, 200 Ă  400 membres de la Zwarte brigade de la VNV et de la ligue antijuive Volksverwering saccagent 200 magasins juifs et incendient et saccagent deux synagogues lors du pogrom d'Anvers, ainsi que des bĂątiments dont la maison d'un rabbin[62] - [63].

À l'Ă©tĂ© 1942, la police locale d'Anvers arrĂȘte de façon autonome 1 243 Juifs, tandis que Ă  Bruxelles les autoritĂ©s communales refusent de distribuer l’étoile jaune et d'ordonner une rafle Ă  leur police mais « Il convient toutefois de souligner que jusqu’alors, elles ont suivi scrupuleusement la piste de la collaboration maximale »[64]. Des rafles furent organisĂ©es par la Gestapo et 25 437 Juifs furent dĂ©portĂ©s via la caserne Dossin Ă  Malines et 4 534 via Drancy en France[59]. 43% des Juifs de Belgique sont dĂ©portĂ©s[65]. L'administration municipale anversoise collabore avec l'occupant allemand dans l'implĂ©mentation des mesures antisĂ©mites, tandis que celle de la ville de Bruxelles rĂ©agit plutĂŽt avec une rĂ©sistance passive[53].

En 2002, lors de la commĂ©moration des 60 ans de la dĂ©portation des Juifs de Belgique, le Premier ministre Guy Verhofstadt formule les excuses officielles de la Belgique et reconnaĂźt la collaboration des autoritĂ©s belges[66]. Le rapport La Belgique docile de 2007, documente la responsabilitĂ© et la collaboration active des autoritĂ©s belges quant Ă  l’identification, la persĂ©cution et la dĂ©portation des juifs belges: « L’enquĂȘte...n’ a au bout du compte pas seulement dĂ©bouchĂ© sur une Ă©tude systĂ©matique de la collaboration administrative avec l’ occupant, mais Ă©galement sur une large analyse de plusieurs caractĂ©ristiques politiques et culturelles de la sociĂ©tĂ© belge dans la pĂ©riode allant de 1930 Ă  1950[64] ». David Frasser parle de collaboration passive concernant la lĂ©galisation et l'application des mesures de persĂ©cutions (dites affaires juives) par le systĂšme judiciaire[67]. La conclusion du rapport souligne « le manque de prĂ©paration juridico-administrative Ă  une seconde occupation, mais Ă©galement la culture xĂ©nophobe, parfois antisĂ©mite de l’élite dirigeante, ainsi que, globalement, le dĂ©ficit dĂ©mocratique dans les annĂ©es 1930 et 1940, peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s Ă  cet Ă©gard comme dĂ©cisifs. L’État belge a ainsi adoptĂ© une attitude docile en accordant dans des domaines trĂšs divers mais cruciaux une collaboration indigne d’une dĂ©mocratie Ă  une politique dĂ©sastreuse pour la population juive (belge comme Ă©trangĂšre) »[64]. En , le SĂ©nat reconnaĂźt Ă  l'unanimitĂ© la « responsabilitĂ© de l'État belge » dans la persĂ©cution des Juifs en Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale[68].

Concernant le rĂŽle de l'antisĂ©mitisme de la sociĂ©tĂ© dans le gĂ©nocide, Lieven Saerens affirme que la plupart des policiers qui participaient aux rafles Ă©taient indiffĂ©rents et se retranchairent derriĂšre les dĂ©cisions de leurs supĂ©rieurs, mais il relativise en affirmant qu'ils n'Ă©taient pas tous des brutes, certains aprĂšs la guerre ont portĂ© plainte contre leurs anciens collĂšgues qui avaient employĂ© une violence excessive. Des volontaires flamands de l’Algemeene-SS Vlaanderen y participaient avec enthousiasme. Pour la Algemeene-SS Vlaanderen « les Juifs n’étaient pas des hommes, mais des groupes qu’il fallait dĂ©noncer, prĂ©cipiter dans les escaliers puis fourrer dans des camions Ă  bestiaux bondĂ©s. Les enfants – nourrissons compris – y Ă©taient Ă  l’occasion littĂ©ralement jetĂ©s »[69]. D'aprĂšs un rapport adressĂ© Ă  la SĂ»retĂ© d'État en 1942, le public aurait Ă©tĂ© choquĂ© de la violence de la rafle d'Anvers d'[70]. Insa Meinen reconnaĂźt Ă©galement l’importance de l’antisĂ©mitisme ambient dans la persĂ©cution des Juifs, tout en relativisant son importance[69].

Les autoritĂ©s belges sont largement imprĂ©gnĂ©es d’un habitus xĂ©nophobe et de « rĂ©flexes parfois inconscients d’exclusion ou de marquage social »[22]. D'aprĂšs Dan Mikhman, Le Gouvernement belge en exil qui connaissait le destin des Juifs de Belgique, adopte une attitude passive et dĂ©cide de ne pratiquement rien faire pour les sauver[70]. Toutefois, la radio belge de Londres, diffuse des messages encourageant la population Ă  exprimer de la sympathie pour la minoritĂ© juive[71]. À l'opposĂ©, certains journalistes en territoire occupĂ©, encouragent Ă  la dĂ©nonciation, par exemple un journal titre: « La chasse est ouverte ». Alain Libert parle d'un « coup de main pour dĂ©porter »: Ă  la fois Ă  Anvers, Ă  Bruxelles et Ă  LiĂšge. Tandis que l'Église garde le silence sur les persĂ©cutions dont les Juifs sont victimes[72]. En ce qu'il en est du clergĂ©, il joua un rĂŽle important pour cacher les Juifs, dont l'exemple du prĂȘtre Louis-Joseph Kerkhofs qui sauva des centaines de Juifs, dont de nombreux enfants cachĂ©s dans des couvents[73]. À Namur, l’abbĂ© Joseph AndrĂ© organise chez lui un accueil clandestin pour cacher des Juifs. Face Ă  l’antisĂ©mitisme, de nombreux catholiques font de la charitĂ© Ă  l’égard des Juifs persĂ©cutĂ©s : « faire passer des Juifs en pays neutre, les cacher dans des couvents, sĂ©minaires, Ă©coles, recueillir les enfants en les cachant dans les campagnes, dĂ©livrer de faux papiers ou de faux certificats de baptĂȘme, etc. »[74]. Le cardinal Van Roey Ă©tait quant Ă  lui opposĂ© au national-socialisme mais dĂ©cide de fermer le Bureau catholique pour IsraĂ«l (BCI), crĂ©Ă© en 1936 pour combattre l’antisĂ©mitisme catholique, pour motif de « conciliation », une fois que des Juifs d'Anvers furent dĂ©portĂ©s il tente de leur venir en aide de maniĂšre discrĂšte[74]. De mĂȘme pour de nombreux Belges, qui font le choix de cacher des Juifs malgrĂ© le danger encouru[70]. Certains le font nĂ©anmoins avec un but lucratif, faisant payer parfois cher les personnes cachĂ©es. D'autres Belges dĂ©noncent les juifs dont ils connaissaient la « cachette », par antisĂ©mitisme et pour la prime[59].

Concernant la résistance, la survie des Juifs aurait été une préoccupation secondaire, à l'exception d'une action pour libérer le XXe convoi organisée par Youra Livchitz[75], ainsi que de l'élimination du directeur de l'AJB Robert Holzinger, pour sa collaboration[76].

Au niveau de l'Ă©ducation, l'administration belge de collaboration fait bannir les professeurs et les Ă©tudiants des universitĂ©s et les Ă©coliers du systĂšme scolaire, sans que cela provoque beaucoup d'Ă©moi[71]. De ce fait : « toute une jeunesse se retrouve isolĂ©e et stigmatisĂ©e, en violation des valeurs garanties par la Constitution »[77]. À l'UniversitĂ© libre de Bruxelles, les services administratifs ont procĂ©dĂ© Ă  une « exĂ©cution passive » des ordonnances allemandes[78]. Il n'y aura pas de mouvement de solidaritĂ©, mais l'UniversitĂ© trouve une sorte de compromis en mettant les professeurs en non-activitĂ©[79].

En 2019, une enquĂȘte met en Ă©vidence la participation de collaborateurs flamands, bruxellois et wallons dans un massacre de masse, celui de 6 000 femmes juives du camp de Stuthof, en Pologne : « certains dĂ©crivent le plaisir qu’ils ont Ă©prouvĂ© Ă  exĂ©cuter ces femmes, dans leurs Ă©crits d’aprĂšs-guerre »[80].

Antisémitisme et indifférence à la libération

Selon Catherine Massange « Les mesures d'exclusion progressive de toute vie politique, sociale et Ă©conomique des Juifs pendant l’Occupation auront des consĂ©quences durables sur l’insertion dans la sociĂ©tĂ© belge des survivants ». Les premiers jours aprĂšs la LibĂ©ration voient des rĂšglements de comptes et des dĂ©nonciations contre des Juifs[81]. À Anvers les Juifs sont victimes de l'antisĂ©mitisme virulent des collaborateurs locaux[82].

AprĂšs le gĂ©nocide, la situation des Juifs ayant survĂ©cu est catastrophique et l’Aide aux IsraĂ©lites Victimes de la Guerre (AIVG), est crĂ©Ă©e en . Mais les solidaritĂ©s ne sont pas suffisantes et l'antisĂ©mitisme reste prĂ©sent, notamment au sein des forces de police et des tribunaux[81]. MalgrĂ© la propagande nazie et des mouvements rexiste et nationaliste flamand, qui attisent la haine, la sociĂ©tĂ© ne tombe pas dans l’hostilitĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©e Ă  l’égard des juifs, et le public manifeste mĂȘme de la sympathie Ă  la crĂ©ation d'IsraĂ«l[59]. Le JOINT note que la pĂ©riode d'occupation et de propagande nazie a laissĂ© des traces d'antisĂ©mitisme, comme en tĂ©moigne que au printemps 1945, l'opinion publique belge n'a pas eu connaissance du gĂ©nocide[83]. Les hommages Ă  la rĂ©sistance juive favorisent un changement de l'image nĂ©gative qui Ă©tait associĂ©e aux Juifs (toutefois, Ă©tant considĂ©rĂ©s comme Ă©trangers, les honneurs ne leur sont pas dĂ©diĂ©s). Certains journaux essayent d’intĂ©grer les Juifs dans l’image de la nation belge, parfois « avec maladresse »[81].

Le retour des survivants des camps de concentration nazis en 1945 est aussi accompagnĂ© par une rĂ©action d'hostilitĂ© dans la sociĂ©tĂ© belge. Avec 90% des Juifs ayant vĂ©cu en Belgique avant la guerre ne dĂ©tenant pas la nationalitĂ© belge, certains de ces survivants ne sont pas acceptĂ©s en Belgique[81]. La Belgique n'entend pas se montrer accueillante envers les rescapĂ©s, et les invite par divers mesures Ă  se diriger vers d'autres pays[84]. À partir de 1945, sous prĂ©texte d'Ă©viter des conflits dans la sociĂ©tĂ© belge, le gouvernement refuse d'accueillir les rĂ©fugiĂ©s « n'ayant aucun lien avec le pays d'avant-guerre » qui reçoivent l'appellation de « transitaires », en passage vers d'autres pays plus clĂ©ments[81]. En 1946, les rescapĂ©s arrivant dorĂ©navant « illĂ©galement » en Belgique, sont arrĂȘtĂ©s, emprisonnĂ©s et puis Ă©ventuellement expulsĂ©s, tandis que ceux prĂ©sents sont exclus des aides de l'État[84]. Ainsi comme le fait remarquer Rudi Van Doorslaer sur la politique du pays [83] :

« la Belgique ne développe aucune politique visant à reconnaßtre et encore moins à indemniser les victimes des persécutions antisémites »

Le problĂšme du logement est une problĂ©matique principale, alors que les Juifs ont Ă©tĂ© dĂ©pouillĂ©s de leurs biens du fait de la politique raciale nazi. En , des propriĂ©taires de logement affichent « pas pour les Ă©trangers »(implicitement contre les Juifs) et refusent la location aux rescapĂ©s juifs. L’AIVG paye la location de chambres d’hĂŽtel et aide des logeurs particuliers. En , elle ouvre une maison Ă  Tervuren, pour accueillir les dĂ©portĂ©s. DĂ©pourvu de toutes aides ou rĂ©parations de l'État, en 1955, des rescapĂ©s ĂągĂ©s vivent encore dans des « logements prĂ©caires et insalubres oĂč ils avaient Ă©tĂ© cachĂ©s »[81]. 95% des fonds de l'AIVG proviennent de donations amĂ©ricaines aux travers de l'American Joint Distribution Comitee qui rĂ©duit les fonds progressivement du fait que l'aide est plus urgente dans d'autres pays comme la Pologne[85], ainsi l'ensemble des aides et assistances aux victimes juives du gĂ©nocide, sont le fait de la charitĂ© juive Ă©trangĂšre et non de l'État, qui restraint son soutien aux victimes non-juives de la guerre.

En , le ComitĂ© israĂ©lite des RĂ©fugiĂ©s Victimes des Lois raciales (COREF) est crĂ©Ă© pour venir en aide aux rĂ©fugiĂ©s aprĂšs que des rĂ©fugiĂ©s Juifs allemands subissent des arrestations arbitraires et d'autres persĂ©cutions. Le COREF affirme en que « pour la population et souvent Ă©galement pour les autoritĂ©s », les Juifs sont vus comme « des Ă©trangers indĂ©sirables » et ce : « suite Ă  une intense propagande antisĂ©mite ». Le journal Le Peuple fait remarquer : « Il nous revient que de nombreux Juifs allemands ayant subi pendant des annĂ©es les sĂ©vices de la Gestapo dans les camps de concentration nazis, sont internĂ©s Ă  l’heure actuelle sur simple dĂ©nonciation anonyme. Il est indĂ©niable que ces gens ont mĂ©ritĂ© un sort meilleur. AprĂšs avoir souffert sous la domination hitlĂ©rienne, vont-ils pĂątir Ă  prĂ©sent des excĂšs de gens la plupart du temps mal intentionnĂ©s ? »[81]. Les biens des rĂ©fugiĂ©s Juifs allemands sont placĂ©s sous sĂ©questre par un arrĂȘtĂ©-loi du jusqu'Ă  la mainlevĂ©e du sĂ©questre en . Ceux qui ne survivent pas longtemps aprĂšs la LibĂ©ration ne verront pas leurs droits rĂ©tablis[86]. De plus, la plupart des victimes juives sont dĂ©pourvues d'un statut juridique, et par consĂ©quent elles « ne peuvent obtenir la rĂ©paration des dommages matĂ©riels subis que par voie judiciaire et de leur propre initiative », ce qui les maintient dans leur dĂ©possession et dans une situation d'extrĂȘme prĂ©caritĂ©[83].

Finalement, le gouvernement restreint l'accĂšs au travail pour les Ă©trangers en , tout en offrant des exemptions aux secteurs avec peu de Juifs[83]. Certains rescapĂ©s abandonnĂ©s Ă  leur sort, parfois sans permis de travail, sont livrĂ©s Ă  pratiquer le marchĂ© noir pour survivre, ce qui ravive les sentiments antisĂ©mites et rassurent les antisĂ©mites, de nouvelles accusations anti-juives. D'autres sont victimes d'hostilitĂ© anti-juive dans le domaine Ă©conomique, et l’AIVG crĂ©Ă© une Petite Caisse de PrĂȘts et un Office du Travail en pour aider les rescapĂ©s Ă  avoir des emplois[81]. Comme le tĂ©moigne Pierre Broder aprĂšs le gĂ©nocide : « Le fait que la plupart de nos artisans et commerçants sont de nationalitĂ© Ă©trangĂšre fait que bon nombre de commerçants n'ont pas vu d'un Ɠil favorable le retour de leurs concurrents juifs (...). La propagande nazie a laissĂ© des traces pernicieuses dans certaines couches de la population »[83].

« Des milliers de mĂšres juives attendent impatiemment le retour de leurs enfants »[83]. Toutefois, la plupart des enfants cachĂ©s se retrouvent sans parents. Yvonne Jospa propose l’adoption des enfants, qui sera peu concluante, et dans certains cas la justice est sollicitĂ©e pour la restitution d’enfants[81]. Certains d’entre eux ont Ă©tĂ© convertis au catholicisme. D'autres ont souffert de malnutrition, de maltraitance ou ont Ă©tĂ© exploitĂ©s[87] - [81]. Dans certains cas des familles adoptives ne souhaitent pas restituer l'enfant, comme celui d'Henri Elias (une affaire similaire Ă  celle Finaly)[88] - [89]. À partir de 1955, soit dix ans plus tard, les enfants rescapĂ©s considĂ©rĂ©s comme Ă©trangers, seront progressivement naturalisĂ©s Belges[83]. Commence ensuite une phase de reconstruction personnelle. Les 3000 enfants juifs qui avaient Ă©tĂ© cachĂ©s, souffrent de souvenirs traumatiques[65]. Dans les annĂ©es soixante, L'AIVG crĂ©Ă© un centre d'aide psychologique pour aider les rescapĂ©s qui souffrent de traumatismes et les rĂ©fugiĂ©s. Le service social juif est Ă©galement crĂ©Ă©[85]. Les annĂ©es 1990, marquent la reconnaissance sociale de leur souffrance et les commĂ©morations permettent aux individus de « prendre conscience des pertes et de l’horreur », et ainsi de leur assimilation[58]. En 1991, l’association L’enfant cachĂ© est crĂ©Ă©e en Belgique[58].

Hertz Jospa essaye de lutter contre l'antisémitisme d'aprÚs-guerre, et note en 1946 que dans : « ce petit pays à la population dense, la haine de tout ce qui est étranger est fortement enracinée. C'est donc un problÚme trÚs complexe que la défense des étrangers »[83].

Également un problĂšme de transmission se pose, beaucoup de survivants gardent le silence sur leurs souffrances. Par exemple un survivant refuse d'en parler Ă  ses enfants : « Cela leur ferait trop de mal et bouleverserait leur monde innocent »[90]. Il y a nĂ©anmoins une transmission du traumatisme aux enfants, qui dans certains cas dĂ©veloppent une identitĂ© juive fragile et une volontĂ© de lutte contre l'antisĂ©mitisme[91]. D'aprĂšs Rachel Yehuda, les enfants des survivants ont plus de risques d’ĂȘtre atteints de troubles du stress post-traumatique ou d’une dĂ©pression[92]. En 1980, le film Comme si c'Ă©tait hier rĂ©alisĂ© par Esther Hoffenberg et Myriam Abramowicz, retraçant l’histoire de la rĂ©sistance belge au service des enfants juifs, rend publique la problĂ©matique[93].

Concernant le lien avec le Parti communiste de Belgique, il se dĂ©tĂ©riore progressivement. Le parti communiste remet en cause des prĂ©tendues « dĂ©viations nationalistes chez les camarades juifs » et voit d'un mauvais Ɠil l'AIVG. La reconnaissance de l'État d'IsraĂ«l par l'URSS ne suffit pas. Les juifs communistes sont bloquĂ©s entre d'un cĂŽtĂ© le parti qui veut mettre fin Ă  leurs sections et les voir s'intĂ©grer, et le reste de la communautĂ© qui les dĂ©sapprouve, Ă©tant elle-mĂȘme en reconstitution[94].

Maurice Krajzman, dans son Ă©tude consacrĂ©e Ă  « L’image des Juifs et du judaĂŻsme dans les manuels d’histoire belges » relĂšve que la Shoah n'est pas un sujet central jusqu’aux annĂ©es 1980[29]. De mĂȘme, la Shoah n’occupe guĂšre de place dans les mĂ©dias du pays. L'historien Maxime Steinberg publie Dossier Bruxelles-Auschwitz suivi par L’étoile et le fusil en 1986. Par la suite d’autres Ă©tudes sont menĂ©es sur le sujet comme L’Association des Juifs en Belgique dirigĂ©e par Rudi Van Doorslaer et Jean-Philippe Schreiber et en 2000, les publications de Lieven Saerens[69].

Problématique de la restitution

Spoliations

En mars 1941, en particulier au travers de la BrĂŒsseler Treuhandgeselschaft (BTG) crĂ©Ă© sous forme de sociĂ©tĂ© de droit belge et de la SociĂ©tĂ© française de Banque et de DĂ©pĂŽts (SFBD), l'occupant allemand met en place le pillage des ressources juives : les comptes en banques, le produit de la vente de fonds de commerce, de propriĂ©tĂ©s immobiliĂšres et d’autres biens. DĂšs janvier 1942, l'occupant procĂšde Ă  la confiscation des meubles et mobiliers et au pillage du patrimoine culturel. Concernant les entreprises, dĂšs avril 1942, l'occupant initie une liquidation des quelque 7 700 d’entre elles et en « aryanise » 200 ou 300, en les offrant Ă  des tiers. Concernant l'industrie du diamant, les diamants sont saisis ou confisquĂ©s, et le reste est acquis grĂące Ă  une promesse de dĂ©roger temporairement Ă  la dĂ©portation en Ă©change de diamants et d'argent[95].

Comme le fait remarquer Rudi Van Doorslaer, le gouvernement belge a appliqué une « discrimination à l'encontre des victimes de guerre juives »[96] :

« En vertu des lois de 1945 et de 1947 sur la réparation des dommages de guerre, la majorité des victimes juives n'étaient pas habilitées à réclamer une indemnisation. Il fallait en effet posséder la nationalité belge, une clause qui excluait par définition prÚs de 95 % de la population juive de Belgique. En outre, la loi sur les prisonniers politiques ne prenait pas en compte les victimes de déportation et de persécution pour motif racial »

Du fait de cette politique, les restitutions ont été difficiles, ainsi la plupart des meubles et articles ménagers pillés ne seront pas l'objet de restitutions (jusqu'en 1965)[96]. Toutefois concernant le secteur diamantaire, la Belgique parvient à récupérer la plupart des diamants en Allemagne et ainsi rétablit cette industrie lucrative de la ville d'Anvers[96].

De Ă  la fin des annĂ©es 1960, les restitutions sont nĂ©anmoins menĂ©es au sein d'un Office de RĂ©cupĂ©ration Économique, d'un Office de gardien des biens, d'un Office pour les dommages de guerres et d'autres, dont l'Office des sĂ©questres qui joua un rĂŽle primordial[96]. Les processus de restitution des biens volĂ©s Ă©taient complexes et la procĂ©dure judiciaire, coĂ»teuse. Nombre des biens culturels retrouvĂ©s ne sont pas restituĂ©s et font plutĂŽt l’objet de ventes aux enchĂšres[97]. Une des principales difficultĂ©s Ă  la restitution concerne le fait que presque la moitiĂ© des Juifs du pays ont Ă©tĂ© tuĂ©s — la plupart en famille — et que les tribunaux exigeaient la demande d'« un ayant-droit », ce qui rendait impossibles de nombreuses procĂ©dures de restitutions (les ayants-droit ayant Ă©tĂ© tuĂ©s)[96].

Le cas des rescapĂ©s juifs — ou des dĂ©portĂ©s — Ă©trangers de nationalitĂ© allemande et autrichienne, fait l'objet d'un traitement particulier. Ceux-ci furent traitĂ©s comme « ennemis » et leurs biens se retrouvĂšrent dans les mains de l'État (Ă  l'exception de cas de prĂ©sentation d'un certificat indiquant « non-ennemi » Ă  partir de 1947)[96]. En , l’État belge rĂ©alise un nouveau profit financier, par la vente publique des biens des « internĂ©s juifs » d'avant-guerre, sans consultation de leurs propriĂ©taires ou de leurs familles[48].

Concernant la restitution des biens artistiques et culturels, la commission de l'ORE constate que « seulement 1,2 % du contenu des bibliothĂšques confisquĂ©es et 7 % des Ɠuvres d'art volĂ©es Ă  des collectionneurs juifs furent rendus Ă  leurs propriĂ©taires ». Le reste des biens volĂ©s se retrouva dans les musĂ©es et Ă©tablissements culturels belges, s'ils n'avaient pas fait l'objet d'une vente au sein du palais des Beaux-Arts[96].

Concernant les spoliations dont les juifs ont Ă©tĂ© victimes, la Belgique a Ă©tĂ© le dernier des pays europĂ©ens Ă  crĂ©er une commission d'Ă©tude sur la restitution des biens volĂ©s, seulement en [96]. L'enquĂȘte de la commission Buysse dĂ©couvre que les banques n'avaient pas recherchĂ© les hĂ©ritiers ou les propriĂ©taires titulaires de comptes, en contradiction de leurs affirmations. L'enquĂȘte met Ă©galement en Ă©vidence que les autoritĂ©s belges avaient saisi de l’argent spoliĂ© par les Allemands, sans en chercher les propriĂ©taires lĂ©gitimes. Et de plus, le gouvernement belge avait obtenu 80 millions de Deutsche Mark de rĂ©parations du gouvernement allemand en 1960, pour « ceux qui avaient Ă©tĂ© poursuivis pour raisons politiques et raciales ». Mais le gouvernement en avait pourtant exclu la plupart des rescapĂ©s juifs sous prĂ©texte qu'ils « n'avaient pas la nationalitĂ© belge en 1940 »[98]. En outre, comme autre dysfonction, Ă  Anvers, des biens immobiliers juifs avaient Ă©tĂ© assignĂ©s Ă  des services de gĂ©rance privĂ©s (Verwaltung), ce que la commission d'enquĂȘte juge « dĂ©concertant »[96]. Le , une loi de dĂ©dommagement pour les biens spoliĂ©s est adoptĂ©e au terme des travaux de la Commission Buysse, et des indemnitĂ©s sont versĂ©es en 2008 Ă  une « Fondation du JudaĂŻsme de Belgique », crĂ©Ă©e Ă  cet effet[99].

En , l'Association pour la MĂ©moire de la Shoah (AMS) organise un Ă©vĂ©nement La libĂ©ration n’a pas Ă©tĂ© la mĂȘme pour tous. Elle met en Ă©vidence que les actionnaires et les dirigeants des entreprises qui collaborĂšrent pour dĂ©pouiller les biens, les domiciles, les assurances, les commerces, les Ɠuvres d’art et les sociĂ©tĂ©s des Juifs dĂ©portĂ©s, n'ont pas Ă©tĂ© traduits en justice et au contraire certains ont formĂ© grĂące aux fonds des victimes juifs des entreprises lucratives, dont certaines seraient cotĂ©es au Bel 20, et seraient ainsi proches de l'État[100]. En 2022, le journal De Standaard dĂ©montre que de nombreuses oeuvres d'art exposĂ©es dans les musĂ©es belges sont des Ɠuvres d'art pillĂ©es[101].

L'AMS dĂ©plore, que contrairement aux cas du Pays-Bas et de la France oĂč les autoritĂ©s « ont indemnisĂ© les survivants et les descendants des dĂ©portĂ©s Juifs vers les chambres Ă  gaz par leurs chemins de fer nationaux » , la SNCB n’a rien entrepris, alors qu'elle avait perçu plus de 100 millions de francs belges, volĂ©s aux Juifs dĂ©portĂ©s. Le , la Chambre des reprĂ©sentants vote pour la mise sur pied d'une enquĂȘte sur le rĂŽle jouĂ© par la SNCB dans la dĂ©portation de juifs[100].

Problématique de la mémoire

Le MĂ©morial national aux Martyrs juifs de Belgique commĂ©more les 25 000 victimes de la Shoah

Difficulté de commémoration

Le Centre de Documentation juive contemporaine (CDJC) inaugure en 1956 un MĂ©morial de la Shoah dĂ©nommĂ© « MĂ©morial au Martyr Juif inconnu ». Un mĂ©morial reprenant le nom des 25 000 Juifs de Belgique morts lors de la Shoah est inaugurĂ© en 1970[102]. Le mĂ©morial inaugurĂ© est vandalisĂ© en 1973, en 1981, en 1982 et en 1984. Le Tag de 1984 inscrivait « sionistes assassins » sur le mur d'hommage aux victimes. Le Bourgmestre refuse de renforcer les mesures de protection du mĂ©morial et en 1989 le responsable dĂ©plore l'Ă©tat du mĂ©morial belge: « Des enfants y jouaient au foot, des plaques en marbre Ă©taient brisĂ©es, des squatteurs dormaient dans la crypte oĂč les toilettes se trouvaient dans un Ă©tat indescriptible ». En Ă©tĂ© 2006, la situation est dramatique[102]: « Une urne contenant des cendres humaines ramenĂ©es d'Auschwitz-Birkenau a Ă©tĂ© vidĂ©e de son contenu, une grille a Ă©tĂ© arrachĂ©e, des vitrines ont Ă©tĂ© cassĂ©es et des documents dĂ©truits. Le sol a Ă©tĂ© souillĂ© de prĂ©servatifs et d'excrĂ©ments ». En , lors de l’inauguration d’une plaque commĂ©morative, des « jets de pierres et des morceaux de briques furent lancĂ©s depuis l’extĂ©rieur sur un groupe d’une vingtaine de personnes prĂ©sentes ». Le mĂ©morial n'est plus ouvert au public (et aux familles des victimes) pour des raisons de sĂ©curitĂ©[102].

Au contraire du Fort de Breendonk qui est reconnu comme « mĂ©morial national », le centre de la dĂ©portation, la caserne Dossin, retrouve sa fonction militaire d'avant-guerre puis est transformĂ© en complexe rĂ©sidentiel. En 1995, une initiative privĂ©e d'anciens dĂ©portĂ©s tente de rĂ©parer cet « oubli » par la crĂ©ation d'un modeste MusĂ©e Juif de la DĂ©portation dans un sous-sol du bĂątiment et crĂ©e une archive, documentant plus de 18 522 victimes. Pour Natan Ramet, cette archive donne un visage aux victimes, des morts sans sĂ©pulture[103]:

« Pour qui il n'existe pas de grands cimetiÚres avec des croix, des stÚles individuelles, des noms gravés comme dans les plaines de Flandres »

Une cĂ©rĂ©monie de commĂ©moration des victimes y est organisĂ©e chaque annĂ©e depuis 1956, et en 2012 le musĂ©e est transfĂ©rĂ© dans un nouveau bĂątiment en face du centre de la dĂ©portation[104]. En , le conseil d’administration du lieu de mĂ©moire retire son autorisation pour le dĂ©roulement d'un Ă©vĂ©nement de remise de prix de l'organisation Pax Christi dans son musĂ©e. Le CCOJB dĂ©crit comme « extrĂȘmement choquante » la remise d'un prix Ă  Brigitte Herremans, une personne que le conseil d’administration dĂ©crit comme « clairement ambiguĂ« Ă  l’égard d’une partie de la communautĂ© juive » et qui avait, Ă  la radio, « suggĂ©rĂ© que les juifs exagĂšrent l’antisĂ©mitisme et ce pour dĂ©tourner l’attention des mĂ©faits d’IsraĂ«l »[105]. En , la moitiĂ© du conseil scientifique annonce sa dĂ©mission en protestation : « il est Ă©vident pour nous que la Caserne Dossin, en tant que lieu de mĂ©moire, ne peut ĂȘtre le terrain sur lequel la politique actuelle de l'État d'IsraĂ«l est mise Ă  l'ordre du jour... Nous ne devons pas donner l'impression que ce lieu de commĂ©moration de 25 000 victimes juives, puisse ĂȘtre instrumentalisĂ© dans un conflit politique avec lequel elles n'ont rien Ă  voir »[106]. le , Herman Van Goethem, directeur dĂ©missionnaire affirme vouloir que la « communautĂ© juive » soit moins prĂ©pondĂ©rante dans le conseil d'administration du musĂ©e, tandis que Bruno De Wever Ă©galement un dĂ©missionnaire, reproche aux deux Juifs du conseil d'administration (dont l'un est dĂ©signĂ© par le gouvernement flamand) d'ĂȘtre « peu critiques Ă  l’égard d’IsraĂ«l » au sein du musĂ©e[107]. Le , le journal De Morgen parle de « pressions du lobby juif », un terme a caractĂšre antisĂ©mite, pour dĂ©crire l’opposition de certains membres du musĂ©e aux projets de sensibilisation aux droits de l’homme au sein du musĂ©e sur l'Holocauste[108].

À Gand, un mĂ©morial pour commĂ©morer les Juifs de Gand qui ont pĂ©ri lors de la Shoah, est inaugurĂ© en 1998[109]. En 2018, le mĂ©morial est dĂ©truit la veille de la commĂ©moration de la Nuit de Cristal[110]. En , le mĂ©morial a Ă©tĂ© gravement vandalisĂ© pour la cinquiĂšme fois[111].

À Anvers, est inaugurĂ© le , un monument Ă  la population juive dĂ©portĂ©e. En 2017, la communautĂ© juive proteste le dĂ©placement du monument vers un endroit plus calme y voyant une offense[112].

Le , les pavĂ©s de mĂ©moire aux victimes de la Shoah sont profanĂ©s Ă  Saint-Gilles, L’administration communale parle « d’un geste regrettable auquel il ne faut pas donner une importance exagĂ©rĂ©e » et c'est l'association pour la mĂ©moire de la Shoah qui dĂ©posera la plainte[113].

Difficulté du travail de mémoire

En 1993 est crĂ©Ă©e l'association Territoires de la MĂ©moire pour l’« Ă©ducation Ă  la rĂ©sistance et Ă  la citoyennetĂ© par le biais du travail de mĂ©moire »[114]. Le Directeur adjoint de l'association, Philippe Marchal dĂ©crit le contexte de montĂ©e de l'extrĂȘme droite qui joue un rĂŽle dans sa crĂ©ation: « C'Ă©tait le Vlaamse Blok en Flandres, Agir en Wallonie...imaginez l'effroi des rescapĂ©s des camps qui ont alors estimĂ© qu'il Ă©tait absolument nĂ©cessaire de crĂ©er, non pas un musĂ©e comme les autres, mais un rĂ©el centre d'Ă©ducation ! ». En 2018, l'association accueille prĂšs de 50 000 visiteurs par an Ă  ses expositions et Ă  ses activitĂ©s[115]. L'association s'oppose Ă  une « faute morale irrĂ©parable » et Ă  la transmission traumatique, et prone pour une dĂ©marche de libre-examen[114]. En 2018, Geoffrey Grandjean, professeur de l’UniversitĂ© de LiĂšge met en Ă©vidence les difficultĂ©s liĂ©es Ă  un apprentissage de la Shoah chez les jeunes et Ă©met l'hypothĂšse d'un Ă©chec dans la politique mĂ©morielle et du travail de mĂ©moire[114].

Mur de visages dans le lieu de mémoire de la caserne Dossin

D’une dimension rĂ©duite, l'Ă©tude scolaire de la Shoah a acquis une place considĂ©rable. Avant 1970, dans les manuels scolaires, seules les mesures antisĂ©mites prises dans les annĂ©es trente sont Ă©voquĂ©es, tandis que le processus gĂ©nocidaire n'est pas enseignĂ© aux Ă©tudiants. Dans les annĂ©es 1970, l'enseignement dans les Ă©coles des crimes nazis et de la Shoah se fait Ă  la derniĂšre annĂ©e du cycle essentiellement de l'enseignement secondaire gĂ©nĂ©ral, ce qui est tardif en comparaison avec la France ou l'Allemagne[66]. Le gĂ©nocide n'est vĂ©ritablement enseignĂ© qu'Ă  partir des annĂ©es 1980. Jusqu'Ă  dans les annĂ©es 2000, les manuels Wallons donnent peu d'attention au processus d'extermination des Juifs et la communautĂ© Ă©ducative belge prend ses distances des manuels scolaires, accusĂ©s de ne pas aiguiser la rĂ©flexion du public scolaire. De ce fait l'apprentissage se fait de maniĂšre personnelle par les professeurs. À partir des annĂ©es 2000, la Shoah est Ă©tudiĂ©e par des tĂ©moignages et des travaux d'historiens et le rĂŽle de la Belgique sera Ă©voquĂ©[66]. En 2013, le SĂ©nat estime que l'enseignement de la Shoah est « un important antidote au fanatisme et aux idĂ©es d'extrĂȘme droite »[116]. L'enseignement devient obligatoire[117]. L'engouement pour l'Ă©tude de la Shoah, se manifeste aussi par la visite du camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau[118].

Certains dĂ©plorent que l'enseignement est de plus en plus difficile[119]. Pour Georges Bensoussan, l'enseignement de la Shoah ne protĂšge pas de l'antisĂ©mitisme. En Belgique oĂč la Shoah est bien enseignĂ©e, l’antisĂ©mitisme connait nĂ©anmoins une augmentation considĂ©rable. D'aprĂšs lui l'enseignement est Ă  double tranchant car pour se dĂ©barrasser de la culpabilitĂ©, on retourne la violence symbolique contre les victimes[120]. D'autres dĂ©plorent l’impasse faite dans certaines Ă©coles sur l’enseignement de la Shoah par peur des rĂ©actions antisĂ©mites[121] - [122]. Iannis Roder propose de se focaliser sur le nazisme et le rapport Ă  la dĂ©mocratie et sur les Justes parmi les nations plutĂŽt que sur Auschwitz qui est mal supportĂ© par certains[122]. Nicolas Van der Linden et Alexia Jacques de l'ULB, citent l'Ă©tude de Irwin C. Rosen pour illustrer la difficultĂ©. Dans l'Ă©tude, aprĂšs le visionnage d'un film de sensibilisation aux valeurs de tolĂ©rance et au prĂ©jugĂ© anti-juif, l'on voit une rĂ©duction de l'antisĂ©mitisme auprĂšs de la majoritĂ© des participants mais chez 26% d'entre eux, on atteste au contraire une augmentation, et proposent un enseignement plus « par le biais des tĂ©moignages laissĂ©s par les victimes elles-mĂȘmes mais aussi par le biais de l’art, comme expression propre ou via l’abord d’Ɠuvres littĂ©raires, plastiques, cinĂ©matographiques »[123].

Le , la chaĂźne de tĂ©lĂ©vision VRT diffuse Les propos antisĂ©mites d'une femme prĂ©sentĂ©e comme juive, choisie pour accompagner et guider des Ă©coliers belges lors d'une commĂ©moration de la Shoah Ă  Auschwitz. Elle dĂ©clare aux Ă©coliers et devant les camĂ©ras, que « les Juifs sont des Nazis », qu’elle se revendique antisĂ©mite et qu’IsraĂ«l fait aux Palestiniens ce que les Nazis faisaient aux Juifs[113].

Prise de conscience de l'Église

Contrairement aux repentances de l'Église allemande, polonaise, hollandaise et française, l'Église belge maintient un silence sur ses actions durant le gĂ©nocide. Le silence est reprochĂ© Ă  l'Église, alors qu'elle avait une responsabilitĂ© dans les prĂ©jugĂ©s antijuifs chez les chrĂ©tiens qui ont jouĂ© un rĂŽle dans le processus gĂ©nocidaire, et de plus pour le silence de l’évĂȘque de Malines et de l’épiscopat belge lors des dĂ©portations juives. Un groupe d'Ă©vĂȘques publie nĂ©anmoins Une rĂ©flexion sur la Shoah et pose la question de la repentance. Ce n'est qu'en 2000 que l’Église de Belgique reconnait que « le climat hostile Ă  l’encontre des Juifs avait Ă©tĂ© entretenu au cours des siĂšcles par des considĂ©rations antijuives transmises dans la catĂ©chĂšse, la prĂ©dication et la thĂ©ologie catholique »[74]. Concernant la raison d'un silence de plus de cinquante ans, les Ă©vĂȘques se justifient en affirmant leur volontĂ© de ne pas « remuer le couteau dans la plaie », par « prudence », pour ne pas « multiplier les dĂ©clarations », que « l’Église catholique de Belgique a fait tout ce qu’elle pouvait », qu'elle Ă  du moins promue « une attitude positive des chrĂ©tiens envers les Juifs », ainsi que par d'autres justifications[74]. L'affaire du Carmel d'Auschwitz, crĂ©e un retour Ă  la rĂ©flexion chrĂ©tienne sur la responsabilitĂ© et la comprĂ©hension de la Shoah ainsi que au dialogue[124]. Le pĂšre belge ThaddĂ©e Barnas perçoit une thĂ©ologie de la Croix sur la Shoah comme une tentative d'appropriation[125].

À la suite de la publication de L’enseignement du mĂ©pris en 1962 par Jules Isaac, le , le Vatican II promulgue la dĂ©claration Nostra Ætate qui rompt avec l'antijudaĂŻsme. La Belgique met en place les structures particuliĂšres au sein de ses confĂ©rences Ă©piscopales, qui vise Ă  mettre un terme Ă  toute forme d’antisĂ©mitisme religieux et ce Ă  travers des publications de revues, des organisations de cours, une crĂ©ation du Service de documentation en Belgique, formation des catĂ©chistes, des professeurs et des prĂȘtres. Les commissions ecclĂ©siales rĂ©agissent aux propos dĂ©placĂ©s et aux prĂ©jugĂ©s rencontrĂ©s au sein de leur Église mais aussi Ă  l’actualitĂ©, dont les violences contre la communautĂ© juive belge[126].

En 2016, l'Église protestante unie demande pardon Ă  la minoritĂ© juive pour l'antisĂ©mitisme de Martin Luther[127]

Problématique de la condamnation des responsables du génocide et de leurs collaborateurs

La Belgique ne condamne pas les responsables de la Shoah. La proposition de loi de Jean Fonteyne, « rĂ©primant certains crimes contre l’humanitĂ© » n'est quant Ă  elle pas adoptĂ©e[128]. Certains justifient ce manque de condamnation par une indiffĂ©rence Ă  la «question juive» et d'autres du fait d'un intĂ©rĂȘt portĂ© Ă  d'autres sujets[129]. La Belgique se dote tardivement d'une lĂ©gislation pour poursuivre les criminels de guerre en justice, le . Cette situation est dĂ©noncĂ©e dans diverses revues juridiques, sans aucune rĂ©action dans le monde politique. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, la question des crimes commis contre les Juifs n'est abordĂ©e dans aucun compte-rendu des principaux partis politiques et n'est soulevĂ©e par aucun sĂ©nateur ou dĂ©putĂ© durant les deux annĂ©es d'aprĂšs-guerre[130].

Maxime Steinberg, spécialiste du génocide des Juifs de Belgique, dénonce l'occultation du génocide par la magistrature belge et met en lumiÚre dans les années 1975[131] :

« le scandale de l'impunité des criminels nazis responsables de la déportation de 25.000 Juifs de Belgique »


En 1951, le chef de la Sipo-SD, Karl Constantin Canaris passe devant les tribunaux belges et est condamnĂ© Ă  20 ans de travaux forcĂ©s pour sa responsabilitĂ© dans les enlĂšvements, les meurtres d'otages et les mauvais traitements infligĂ©s aux prisonniers du centre de dĂ©tention de Breendonk. Il est libĂ©rĂ© l'annĂ©e suivante et n'est pas poursuivi par les autoritĂ©s belges pour sa responsabilitĂ© dans la dĂ©portation des Juifs de Belgique[132]. Le criminel nazi Otto Siegburg, responsable Ă  la section juive de la Sipo-SD, est le seul Ă  avoir Ă©tĂ© condamnĂ© par un tribunal militaire belge pour assassinat, et Ă  travers celui-ci pour crime contre l’humanitĂ©. Le jugement n’est cependant pas confirmĂ© par le jugement en appel et il est condamnĂ© Ă  du travail forcĂ©. Concernant ses collĂšgues et ses supĂ©rieurs, ils prirent la fuite ou bĂ©nĂ©ficiĂšrent d’une ordonnance de non-lieu, comme Felix Weidmann[133]. Fritz Erdmann, chef de la section juive de Bruxelles et Erich Holm chef de la section juive d’Anvers ne sont pas retrouvĂ©s[128]. Seul Lambert Namur, agissant avec Siegbutg, sera condamnĂ©, alors qu'il est Ă©galement poursuivi par la justice luxembourgeoise[134].

Les commandants du centre de la dĂ©portation, Philipp Schmitt et Johannes Frank ne sont pas poursuivis pour leurs implications dans l'extermination des Juifs, ni pour les crimes et violences perpĂ©trĂ©s contre les dĂ©portĂ©s. Le premier sera fusillĂ© pour ses crimes Ă  Breendonk, le second sera condamnĂ© Ă  six annĂ©es de rĂ©clusion, mais sera libĂ©rĂ© aprĂšs moins d'un an par la Belgique. Le chef de la Gestapo responsable de l'arrestation et la dĂ©portation des Juifs de Belgique, Franz Straub, est initialement condamnĂ© Ă  quinze annĂ©es de travaux forcĂ©s sans que le tribunal aborde la question juive. Il est libĂ©rĂ© en 1951 et rĂ©intĂšgre la police allemande. Les deux hauts responsables de l’administration militaire allemande, Alexander von Falkenhausen et son adjoint Eggert Reeder, sont condamnĂ©s Ă  seulement 12 ans de travaux forcĂ©s[128].

En 1980 Ă  lieu Ă  Kiel en Allemagne, le procĂšs des principaux responsables de la dĂ©portation des 26 000 Juifs et Tsiganes de Belgique depuis la Caserne Dossin. Maxime Steinberg Ă©tait l'expert belge reprĂ©sentant la partie civile. Ernst Ehlers parvint de se suicider avant sa condamnation, Constantin Canaris voit son cas disjoint pour maladie et le tribunal allemand condamnera finalement Kurt Asche Ă  sept annĂ©es de rĂ©clusion et commentera sa « clĂ©mente dĂ©cision » en justifiant l'Ăąge avancĂ© de l'inculper. La durĂ©e de la procĂ©dure judiciaire, la lĂ©gĂšretĂ© de la peine et le fait qu'il ait Ă©tĂ© autorisĂ© Ă  quitter le tribunal librement en attente de la ratification furent des aspects vivement critiquĂ©s[135].

AprĂšs la guerre, des collaborateurs engagĂ©s dans la persĂ©cution des Juifs sont arrĂȘtĂ©s et condamnĂ©s uniquement pour leur collaboration avec l'occupant, en particulier RenĂ© Bollaerts, Antoon Lint et Gustaaf Vanniesbecq. RenĂ© Lambrichts, Jozef Vranken, Constant Van Dessel et Ward Hermans sont condamnĂ©s Ă  mort. Cependant, aucune des condamnations Ă  mort ne fut exĂ©cutĂ©e, et les criminels furent libĂ©rĂ©s de maniĂšre anticipĂ©e aprĂšs peu de temps. Le procĂšs Felix Lauterborn et ses acolytes est l'un des rares oĂč la persĂ©cution des Juifs fit l’objet d’une attention particuliĂšre[37]. 53 000 citoyens belges sont condamnĂ©s pour collaboration avec l'Allemagne nazie. D'aprĂšs les travaux d'Aline Sax sur les collaborateurs flamands, dans deux tiers des cas, la collaboration Ă©tait motivĂ©e par un engagement idĂ©ologique et de fidĂ©litĂ© Ă  l'Allemagne nazie[136]. De nombreuses figures politiques se disent favorables Ă  l'amnistie des collaborateurs, ainsi les peines sont progressivement rĂ©duites[137]. Par exemple, Leo Delwaide, qui joua un role instrumental dans l'application des mesures anti-juives en Flandres[138], ne sera pas poursuivi pour sa participation dans le gĂ©nocide[139]. En 2007, Bart De Wever le prĂ©sident de la N-VA, s'oppose aux « excuses » pour la dĂ©portation des Juifs ainsi que pour la collaboration active dont il nie l'existence. Il rejette la responsabilitĂ©, par une critique d'IsraĂ«l[140]. En 2011, aprĂšs la demande du ministre de la Justice Stefaan De Clerck d'ouvrir un dĂ©bat sur l'amnistie, le CCOJB et le CCLJ condamnent « toute demande d’oubli ou d’amnistie des crimes de la collaboration » et affirment : « Nous ne pouvons oublier que des collaborateurs belges ont concouru activement, souvent avec zĂšle, Ă  la traque d’hommes, de femmes et d’enfants vouĂ©s par les Nazis Ă  la dĂ©portation »[141]. Albert Edelson dĂ©plore alors un manque de culpabilitĂ© quant Ă  la responsabilitĂ© de la collaboration belge dans la dĂ©portation ainsi qu'un manque de sensibilitĂ© pour les victimes[142].

En 2005, Paul Giniewski dĂ©plore le manque de poursuite judiciaire contre les anciens criminels nazis. Dans la continuitĂ© de cette politique, quatorze responsables nazis des crimes dans les pays de l'Est ont trouvĂ© refuge en Belgique, alors mĂȘme que le Centre Simon-Wiesenthal milite activement pour les traduire en justice, depuis 1990[143].

En 2016, Ă©clate un nouveau scandale Ă  la Chambre des reprĂ©sentants, l'affaire des pensions octroyĂ©es aux « anciens collaborateurs militaires belges du rĂ©gime national-socialiste », des pensions versĂ©es par l'Allemagne. L'Allemagne refuse de dĂ©voiler Ă  l'État Belge les noms des personnes recevant les pensions ou de s'il s'agit de criminels de guerre ou de responsables de la Shoah[144]. En 2019, l'Association pour la MĂ©moire de la Shoah, dĂ©plore que les peines de condamnation Ă  vie des collaborateurs et des bourreaux de Breendonck furent rĂ©duites en 1953. Permettant Ă  ceux-ci de mener une vie paisible malgrĂ© leur crime[100].

Problématique du négationnisme belge

En 1952, Karel Dillen (qui sera fondateur du Vlaams Blok), traduit en nĂ©erlandais les thĂšses nĂ©gationnistes de Maurice BardĂšche. En 1989, Roeland Raes (du Vlaams Blok) consacre un article Ă  Robert Faurisson dans le journal nĂ©onazi français Notre Europe, dans lequel il est correspondant pour la Belgique[145]. Henri Deleersnijder, cite deux initiatives nĂ©gationnistes : « l’officine anversoise Vrij Historisch Onderzoek » dirigĂ©e par Siegfried Verbeke (militant du Vlaamse Militanteorde (VMO)) et Ă©galement « un raid idĂ©ologique lancĂ© par le jeune fasciste belgo-français Olivier Mathieu en direction de l’UniversitĂ© libre de Bruxelles », il crĂ©e un cercle des Ă©tudiants rĂ©visionnistes ne comprenant que lui-mĂȘme et sera dissous par le recteur de l’UniversitĂ©, HervĂ© Hasquin[145]. Parmi les nĂ©gationnistes, Siegfried Verbeke, ancien membre du Vlaamse Militanten Orde, sera condamnĂ© en Belgique (aprĂšs la loi de 1995) et dans d'autres pays pour son nĂ©gationnisme[146].

Plusieurs propositions de loi tĂ©moignent d'une volontĂ© de rĂ©primer le nĂ©gationnisme, le racisme, la xĂ©nophobie et l’antisĂ©mitisme: le , le , le , le , le , le , le et finalement celle du est acceptĂ©e et la loi Moureaux est adoptĂ©e le . Mais malgrĂ© les dĂ©bats parlementaires, les actes nĂ©gationnistes ne sont finalement pas expressĂ©ment visĂ©s[145]. Dans les annĂ©es 1990, les ministĂšres de l’IntĂ©rieur français et hollandais interpellent l’État belge pour prendre des mesures contre la propagande nĂ©gationniste[145].

En 1992, deux députés du parti socialiste, Claude Eerdekens et Yvan Mayeur dénoncent[147]:

« l’exclusion et la haine, le racisme et l’antisĂ©mitisme [ont pris] une place de plus en plus inquiĂ©tante dans l’espace public »

Eerdekens et Mayeur dĂ©plore que la Belgique est « devenue une plaque tournante sur le plan europĂ©en de la diffusion des thĂšses rĂ©visionnistes et nĂ©gationnistes », qui de plus ne possĂšde pas de lĂ©gislation en la matiĂšre contrairement Ă  l’Autriche, la France, l’Allemagne ou bien les Pays-Bas[147]. La loi justifiant la rĂ©pression du nĂ©gationnisme, se fonde sur le fait que les opinions qui nient la Shoah visent Ă  rĂ©habiliter l'idĂ©ologie nazie et menacent la dĂ©mocratie, et de plus elles sont infamantes pour la mĂ©moire des victimes et visent Ă  « offenser gravement une ou plusieurs catĂ©gories d'ĂȘtres humains », comme l'indique l'arrĂȘt no 45/96 de la Cour d'arbitrage: « les principes de bases de la sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique s'en trouvent menacĂ©s et qu'il en rĂ©sulte un dommage irrĂ©parable pour autrui »[148].

Depuis le , la Belgique dispose d'une loi visant Ă  rĂ©primer le nĂ©gationnisme du « gĂ©nocide commis par le rĂ©gime national-socialiste allemand pendant la Seconde Guerre mondiale »[63] - [147]. Quatre formes de nĂ©gationnisme sont condamnĂ©es: la nĂ©gation, la minimisation grossiĂšre, la justification et l’approbation[147]. L'Unia est compĂ©tent depuis 1995 pour intervenir dans les cas liĂ©s avec la loi contre le nĂ©gationnisme[149]. La haute juridiction prĂ©cise que la lĂ©gislation n'est pas envisagĂ©e pour restreindre la libertĂ© d'expression et la libertĂ© de recherche (en particulier historique)[148]. La loi belge diffĂšre d'autres lois europĂ©ennes sur le fait que seule une flagrante minimisation est punissable. La loi belge ressemble le plus Ă  la loi Gayssot française mais se rĂ©fĂšre Ă  la Convention pour la prĂ©vention et la rĂ©pression du crime de gĂ©nocide[150].

Dans les années 1990, Jean-Michel Chaumont souligne un effet pervers de « concurrence des victimes » et de contestation de l'unicité de la Shoah, qui peuvent aboutir à des accusations antisémites contre les Juifs d'avoir été « récompensés » et de « monopoliser le statut de victime »[148].

En 2014, Lieven Saerens affirme qu'un trait particulier du nĂ©gationnisme en Belgique est qu'il s'infiltre dans l'extrĂȘme gauche. Il met Ă©galement en cause des regards rĂ©visionnistes sur les persĂ©cutions, dans le milieu acadĂ©mique belge. Notamment le professeur de l'ULB, Jacques Willequet, pour avoir minimisĂ© dĂ©libĂ©rĂ©ment dans ses travaux, les rĂ©actions antisĂ©mites et la connaissance du caractĂšre antisĂ©mite de l'Allemagne nazie, en Belgique d'avant-guerre[151].

Antisémitisme depuis la Shoah

Incidents antisémites violents

Des attaques violentes (agressions physiques et verbales contre des personnes, attaques de maisons ou de lieux de cultes) sont relativement frĂ©quentes, avec un pic d'attaques durant les mois de mai Ă  . L'enquĂȘte de l'Agence des droits fondamentaux de l'Union europĂ©enne sur l'antisĂ©mitisme a rĂ©vĂ©lĂ© que 63% des Belges interrogĂ©s avaient subi ou observĂ© des agressions verbales ou physiques antisĂ©mites[152]. 30% des Juifs belges ont quant Ă  eux dĂ©clarĂ© qu'ils Ă©vitaient de porter des symboles juifs tels qu'une kippa ou une Ă©toile de David, en public[153]. Les Juifs sont Ă©galement victimes d'un taux de menaces de violence relativement Ă©levĂ© et d'un risque d'attentat relativement Ă©levĂ©.

  • En 1969, un attentat Ă  la grenade contre des employĂ©s de la compagnie israĂ©lienne El Al et en 1972, le meurtre Ă  la place de BrouckĂšre de Zadek Ophir un fonctionnaire Ă  l'ambassade d'IsraĂ«l, sont considĂ©rĂ©s comme des attentats antisĂ©mites par le journal Le Monde[154].
  • En 1979, un attentat Ă  la grenade Ă  l’aĂ©roport de Zaventem, blesse douze passagers d'un vol en provenance d’IsraĂ«l. L'annĂ©e suivante un nouvel attentat contre des passagers d'un vol en provenance d’IsraĂ«l est ratĂ©[155].
  • En 1980, Ă  Anvers, un terroriste palestinien lance des grenades sur une soixantaine d’enfants juifs qui partait en vacances dans les Ardennes. Un enfant de 15 ans est tuĂ© et une vingtaine d'enfants sont blessĂ©s[156] - [157].
ScĂšne de l'attentat Ă  la bombe contre une synagogue d'Anvers en 1981
  • Le , une voiture piĂ©gĂ©e explose devant une synagogue d'Anvers situĂ©e Hovenierstraat faisant trois morts et soixante blessĂ©s[158].
  • En 1982, un homme armĂ© ouvre le feu Ă  l'entrĂ©e de la grande synagogue de Bruxelles et blesse quatre personnes[154].
  • En , un nĂ©o-nazi lance trois grenades d'exercices lors d'un dĂ©bat sur les camps nazis Ă  la foire du livre de Bruxelles[159].
  • En 1986, un attentat Ă  l’explosif contre la synagogue d’Anvers cause des dĂ©gĂąts matĂ©riels[155].

DiffĂ©rents rapports d’études sur l’antisĂ©mitisme, dĂ©crivent les annĂ©es 2000-2002 comme « les pires annĂ©es depuis 1945 »[29].

  • Plusieurs lieux de culte Ă  Bruxelles, Charleroi et Anvers sont attaquĂ©s en 2002[154]. La synagogue de Charleroi est criblĂ©e de balles[1], Les pompiers parviennent Ă  contrĂŽler l'incendie volontaire et Ă  neutraliser l'explosif[160]. En 2003, un Bruxellois Ali El Bouyeri tente Ă  nouveau de faire exploser la synagogue Ă  l'aide de bouteilles de gaz, la voiture piĂ©gĂ©e destinĂ©e Ă  tuer les fidĂšles n’explosa pas mais la charge explosive Ă©tait particuliĂšrement importante[1] - [29]. Des commerces appartenant Ă  des Juifs sont victimes de vitres brisĂ©es, de croix gammĂ©es et des insultes antisĂ©mites inscrites sur la façade. Un incendie criminel est commis contre l'Ă©picerie Casher[1], des bombes incendiaires improvisĂ©es de type cocktail Molotov sont jetĂ©es contre une synagogue[29] et la parcelle juive d’un cimetiĂšre est profanĂ©e[29]. L'annĂ©e suivante, le , une dizaine de jeunes maghrĂ©bins, armĂ©s de barres de fer et d'autres armes blanches, attaquent les Ă©tudiants d'une yechiva, l'un ne parvient pas Ă  fuir et est tabassĂ© et poignardĂ© Ă  coup de couteau[161].
  • En juillet 2005, une Ă©cole juive et deux synagogues sont attaquĂ©es, les vitres sont brisĂ©es sans faire de blessĂ©s, et un rouleau de la Torah est volĂ©[162].
  • En dĂ©cembre 2007, les fenĂȘtres de la synagogue Ă  Anvers situĂ©e Ă  Oostenstraat, sont brisĂ©es par des jets de pierres une autre synagogue est victime d'une tentative d'incendie[163].
  • En janvier 2008, une Ă©cole juive est attaquĂ©e par des jets de projectiles qui ciblent des jeunes enfants dans la cour de rĂ©crĂ©ation[164].
  • En janvier 2009, la synagogue Beth Hillel est victime d'une attaque avec un cocktail Molotov tandis que celle de Charleroi est attaquĂ©e par des jets de pierres Ă  travers ses vitres puis vandalisĂ©e. La synagogue rue du Pavillon est attaquĂ©e le par jets de pavĂ©s et le 6 par cocktails Molotov[165]. Une Ă©cole juive est attaquĂ©e par des jets de projectiles et une famille juive est victime d'une tentative d'incendie volontaire de leur maison[166].
  • Le 2010, la synagogue Bouwmeester d'Anvers est attaquĂ© avec un cocktail Molotov et le un autre est jetĂ© contre celle d'Anderlecht[167].
  • En 2014, The New York Times parle d'alerte maximale Ă  Bruxelles pour dĂ©crire l'Ă©tendue de l'antisĂ©mitisme, et cite diffĂ©rents incidents antisĂ©mites dont des cris « mort aux Juifs » par des manifestants devant le Parlement europĂ©en[168]. Le , un individu fait irruption dans le musĂ©e juif de Belgique Ă  Bruxelles et ouvre le feu sur deux touristes, une bĂ©nĂ©vole française, Dominique Sabrier[169] et le prĂ©posĂ© Ă  l'accueil. Les trois premiers meurent sur le coup, le quatriĂšme est trĂšs griĂšvement blessĂ© et meurt quelques jours plus tard. Deux jours aprĂšs l'attentat du musĂ©e Juif, un individu crie des insultes antisĂ©mites Ă  un Ă©vĂ©nement du Centre communautaire laĂŻc juif (CCLJ) en criant « Allah Akbar » et « Mort aux Juifs »[170]. Lors d'une manifestation Ă  Anvers du , une personne crie dans un parlophone « Massacrez les Juifs! » en arabe et encourage les manifestants aux violences antisĂ©mites[171]. Le lendemain, dans la mĂȘme ville, un bus scolaire transportant des enfants juifs de 5 ans est encerclĂ© et attaquĂ© par des jets de pierres[172]. Le , une personne juive est poignardĂ©e a Anvers, un attentat selon le Forum des Organisations juives[173]. Le , la synagogue d'Anderlecht est victime d'un incendie criminel[174].

L'annĂ©e 2014, l'Organe de coordination pour l'analyse de la menace(OCAM) estimait le risque terroriste de niveau 4 (danger maximum), et est depuis redescendu au niveau 3 en 2019. L'État belge renforce les mesures anti-terroristes[175]. Le Centre Simon-Wiesenthal dĂ©crit le pire incident antisĂ©mite de l'annĂ©e 2014 en Belgique, lorsqu'un mĂ©decin refuse de soigner une rescapĂ©e de la Shoah, Bertha Klein, et affirme Ă  son fils de « l'envoyer Ă  Gaza, pour lui enlever la douleur »[176].

  • En 2018, l'Ă©vĂšnement ou une voiture fonce sur un pĂšre juif et son fils, est dĂ©crit comme une tentative d'attaque Ă  la voiture-bĂ©lier par la LBCA, mais la police anversoise soutient qu'elle n'est pas en mesure d'identifier un caractĂšre raciste alors que le conducteur Ă©tait sous l'emprise de l'alcool[177].
  • Le , un individu s'attaque Ă  des passants au couteau Ă  Koekelberg et leur demande au prĂ©alable « s’ils Ă©taient de confession juive »[178].
  • Le , quatre personnes menacent de faire sauter un train Ă  moins que les passagers juifs ne descendent[179].

Législation sur l'antisémitisme

Depuis 1981, la Loi contre le racisme et la xĂ©nophobie condamne les discours de haine, les discriminations et le harcĂšlement. Viviane Teitelbaum dĂ©plore que « Actuellement, quand on est victime d’antisĂ©mitisme, on peut porter plainte pour racisme ou nĂ©gationnisme (lois de 1981 et de 1995), mais pas pour antisĂ©mitisme en tant que tel.»[180].

Pour le prĂ©sident de la Ligue belge contre l’antisĂ©mitisme (LBCA), JoĂ«l Rubinfeld : « Contrairement Ă  la France, la loi belge ne lie pas le racisme Ă  la nationalitĂ©, avec pour consĂ©quence que BDS, par exemple, qui appelle Ă  la discrimination d’un groupe en fonction de sa nationalitĂ©, ne pourra pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme illĂ©gal, alors qu’il l’est en France »[180].

DeuxiÚme moitié du XXe siÚcle

Pour Manuel Abramowicz, les groupes extrémistes antisémites trouvent en Belgique un refuge. Il note notamment le cas de l'arrestation à Gand de quatre terroristes néo-nazis allemands, le , ainsi qu'un autre en , le bras droit du Gruppe Hoffman, lié au Fatah puis au Vlaamse Militanten Orde[159]. Le VMO adopte la terminologie de « sionistes » pour décrire les Juifs : « pour une Europe Blanche libérée du Sionisme »[159]. Sous le couvert d'un antisionisme politique, les groupes néo-nazis utilisent fréquemment les termes de « l'International sioniste », « le pouvoir sioniste » mais aussi « les lobbys sionistes »[159].

En 1959-1960, LĂ©on Liebmann parle d'une rĂ©surgence de l'antisĂ©mitisme : trois synagogues, des magasins, des habitations et un monument dĂ©diĂ© Ă  la RĂ©sistance sont souillĂ©s de croix gammĂ©es et d’inscriptions racistes. Des inscriptions similaires sont peintes sur les murs de l’UniversitĂ© libre de Bruxelles[59].

D'aprĂšs JĂ©rĂŽme Chanes, les Belges juifs bĂ©nĂ©ficient d'une certaine tranquillitĂ© jusqu'Ă  la fin du siĂšcle, qui cesse du fait des rivalitĂ©s ethniques et linguistiques et de l'antisĂ©mitisme grandissant de la communautĂ© d'immigrants musulmans. Il note l'Ă©mergence aprĂšs la guerre des Six Jours en 1967, d'un antisionisme de gauche prenant la forme d'un antisĂ©mitisme distinct, qui par exemple tolĂšre le terrorisme palestinien qui frappe aussi en Belgique[181]. À cela s'ajoute le groupe d'extrĂȘme gauche CCC et un groupuscule marxiste-lĂ©niniste qui entretiennent un antisĂ©mitisme de gauche[159]. À l'extrĂȘme droite et dans le nĂ©o-rexisme, les positions antisionistes durant les annĂ©es 1960, servent Ă  stigmatiser les Juifs en les identifiant Ă  IsraĂ«l. Ainsi cette association d'IsraĂ«l Ă  la diaspora juive, leur permettent de maintenir leur judĂ©ophobie contre « La juiverie internationale »[159].

MalgrĂ© la loi condamnant le nĂ©gationnisme, la Belgique est un centre de publication nĂ©o-nazi important. La firme nĂ©o-nazie VHO, publie depuis 1996 des textes nĂ©gationnistes de la Shoah[181]. Certains groupes racistes, perçoivent les Juifs comme l'ennemi principal avec souvent le thĂšme de « complot juif »[182]. De plus les militants nĂ©onazis visent Ă  « infiltrer les rouages de l'État », dont l'armĂ©e belge dans les annĂ©es 1970 et 80, via les mouvements Westland New Post et Front de la jeunesse.

À l'UniversitĂ© libre de Bruxelles les Ă©tudiants juifs sont Ă  plusieurs reprises la cible de groupes d'Ă©tudiants arabes. En 1973, durant la guerre du Kippour, un groupe d’étudiants arabes attaque les Ă©tudiants de l’Union des Étudiants juifs de Belgique (UEJB), blessant cinquante Ă©tudiants juifs et saccageant leur local. Le , un groupe d'Ă©tudiants arabes s'en prend Ă  des Ă©tudiants juifs qui faisaient signer une pĂ©tition exigeant le respect par la Syrie des conventions de GenĂšve sur les prisonniers de guerre. En , les Ă©tudiants juifs sont agressĂ©s Ă  propos d’un stand consacrĂ© au respect des droits de l’homme en Union soviĂ©tique. Le , l'Ă©vĂ©nement « JournĂ©e d’information sur l’identitĂ© juive et le sionisme » organisĂ©e par l’UEJB, est interrompu par une « opĂ©ration punitive » qui blesse un Ă©tudiant juif griĂšvement et en blesse quatre autres lĂ©gĂšrement[183]

En 1978, le parti politique Vlaams Blok est crĂ©Ă© Ă  partir d'une base de militants nĂ©onazis et avec un discours antisĂ©mite[182]. Selon l'opinion de Cas Muddle, l'antisĂ©mitisme du parti se rapproche plus de la xĂ©nophobie plutĂŽt que strictement du racisme[184]. Sous la prĂ©sidence de Filip Dewinter, ce dernier adopte un discours plus modĂ©rĂ©, notamment sur l'antisĂ©mitisme. Le parti entretient nĂ©anmoins des relations avec des groupes comme Were Di et Voorpost qui sont actifs dans le nĂ©gationnisme des crimes nazis et le nĂ©onazisme. Le parti est proche d'organisations antisĂ©mites et nĂ©gationnistes comme la Vlaamse Jongeren Mechelen et la Nationalistische Studentenvereniging. AprĂšs des tentatives de recrĂ©er la Vlaamse Militanten Orde, l'organisation skinhead Blood and Honour Vlaanderen est crĂ©Ă©e ainsi que d'autres petits groupes nĂ©onazis. De plus les groupes d'extrĂȘme droite de Belgique sont influencĂ©s par des groupes Ă©trangers antisĂ©mites et nĂ©gationnistes (dont concernant la thĂ©orie du complot Zionist Occupation Government). Une tentative de crĂ©er une branche du Ku Klux Klan en Belgique Ă©choue dans les annĂ©es 1990[182].

À la fin du siĂšcle, les groupuscules d'extrĂȘme droite concentrent leurs actions contre la population arabe, mais ils gardent des tendances antisĂ©mites, qui sont dissimulĂ©es par des euphĂ©mismes comme « itinĂ©rant et anonyme haute finance » ou « cosmopolitisme ». Un autre Ă©lĂ©ment de l'antisĂ©mitisme concerne la droite fondamentaliste chrĂ©tienne qui publie de la propagande antisĂ©mitisme classique. Notamment l'intĂ©griste, Alain Escada entretient un site internet antisĂ©mite en 1995, et devient le porte-parole du Front nouveau de Belgique. Sympathisant du Front national, il loue les Français: Philippe PĂ©tain pour ses agissements et Charles Maurras pour ses thĂ©ories anti-juives[182]. Des groupuscules nĂ©opaganistes s'opposent Ă  ce qu'ils dĂ©crivent comme le judĂ©o-christianisme, l'amĂ©ricanisation, le communisme et contre le JudaĂŻsme qui est perçu comme « rĂ©presseur » du polythĂ©isme. Par exemple l'Association des Successeurs d'Ases est crĂ©Ă©e en 1992 Ă  partir d'un groupe nĂ©onazi et d'une idĂ©ologie basĂ©e sur le racisme biologique ainsi que l'antisĂ©mitisme[182]. À la fin des annĂ©es 1990, diverses branches des frĂšres musulmans sont mises en cause pour leurs discours radicaux anti-juif, comme les organisations: Tali'a muqatila affiliĂ©e Ă  la Syrie, le Parti de la LibĂ©ration Islamique affiliĂ©e aux palestiniens et Le secours islamique affiliĂ©e Ă  l'Égypte. NĂ©anmoins des militants d'extrĂȘme droite profitent de la situation d'attaques islamistes, comme l'organisation nĂ©onazie Anti-Zionistische Aktie active Ă  la fin des annĂ©es 1990[182].

En rĂ©action, des manifestations anti-fascistes sont organisĂ©es et prennent de l'ampleur dans les annĂ©es 2000, avec un soutien des organisations syndicales et des partis politiques. Un « cordon sanitaire » isole le Vlaams Block et le gouvernement prend des mesures contre les discriminations et l'extrĂ©misme[182]. Face Ă  la montĂ©e de l'antisĂ©mitisme antisioniste, des milieux chrĂ©tiens apportent leur solidaritĂ© au monde juif, dont les commissions protestante et catholique, les sƓurs de Sion ou encore des groupes d'Ă©tudes du judaĂŻsme[185].

À la fin du siĂšcle, en 1999, quatre incidents sont recensĂ©s par les autoritĂ©s. 27 le seront en 2001[186].

Prévalence

Symboles antisémites néonazis ( novembre 2020)

Les plaintes dĂ©posĂ©es pour antisĂ©mitisme sont documentĂ©es par l'Unia, le site AntisĂ©mitisme.be[187] ou la police fĂ©dĂ©rale, en particulier les plaintes de nĂ©gationnisme[188]. En 2004, le Conseil de l'Europe s'inquiĂšte de l'augmentation des incidents antisĂ©mites et dĂ©nonce l'antisĂ©mitisme et le racisme qui se dĂ©veloppe en Belgique. L'Ă©tude cite Ă©galement une augmentation du sentiment d'insĂ©curitĂ© des Belges juifs[1]. Depuis 2008, le nombre d'incidents comprenant des graffitis, des insultes, des menaces, des affichages, des objets nazis et des propos tenus sur internet, tendent a l'augmentation[187]. À cela s'ajoute le signalement par internet avec le thĂšme « annihilation des Juifs » dans 40 % des cas[187]. De plus les Juifs sont sujets de thĂ©ories du complot[149]. L'Unia parle d'une tendance lĂ©gĂšrement Ă  la hausse depuis 2008[189] et d'un « antisĂ©mitisme a plusieurs visages » composĂ© de diffĂ©rentes formes de haine[190]. Toutefois le nombre de plaintes ne dĂ©crit pas l'ampleur du phĂ©nomĂšne du fait que certains taisent leurs mĂ©saventures et d'autres ne portent plus plaintes[1]. Une Ă©tude de 2017, met en Ă©vidence une tendance antisĂ©mite dans la population belge, qui par exemple s'Ă©lĂšve Ă  18 % des participants qui croient que les Juifs ne sont pas des Belges comme les autres. L'Ă©tude met en Ă©vidence une corrĂ©lation entre les vues antisĂ©mites et le bas niveau d'Ă©ducation[149]. En outre, les Juifs connaissent en Belgique des niveaux Ă©levĂ©s de « discrimination religieuse sociĂ©tale »[191] tandis qu'il n'y a pas de rapports sur la discrimination sur le marchĂ© du travail[192].

Selon les chiffres de l'Anti-Defamation League (et comparable à ceux de l'Action and Protection League), 9% de la population aurait une attitude défavorable envers les Juifs tandis que un quart aurait des attitudes considérées antisémites. Cette attitude reste toutefois inférieure à par exemple l'attitude défavorable contre les musulmans, élevée à 22%[193].

Les incidents antisĂ©mites sont plus frĂ©quemment associĂ©s Ă  des individus arabo-musulmans et Ă  des activistes de l'extrĂȘme gauche[187] - [151]. Les rapports de l'ADL mentionnent une tendance de l'attitude d'antisĂ©mitisme dans la gauche en Belgique et aux Pays-Bas. Le rapport de 2019 fait Ă©tat des principaux stĂ©rĂ©otypes. Concernant la religion des participants, 58 % des participants musulmans ont des stĂ©rĂ©otypes antisĂ©mites en comparaison Ă  22 % pour ceux chrĂ©tiens et 16 % pour les athĂ©istes/sans religion[194]. Raphael Israeli cite un rapport allemand de 2003, mettant en Ă©vidence une tendance significative Ă  l'antisĂ©mitisme dans l'intelligentsia de gauche en Belgique. DĂ©crivant une forme d'antisionisme actif dans la diabolisation d'IsraĂ«l et porteur de prĂ©judice contre les Juifs[195] - [196].

D'aprĂšs Monika Schwarz-Friesel et Jehuda Reinharzn, en Belgique, le discours antisĂ©mite consiste en des jurons typiquement anti-juifs avec une sĂ©mantique de dĂ©shumanisation. Ainsi que d'un discours prĂ©tendument anti-IsraĂ«l accompagnĂ© d'un amalgame entre Juifs et IsraĂ©liens ainsi que de stĂ©rĂ©otypes antisĂ©mites traditionnels. En invoquant des stĂ©rĂ©otypes antisĂ©mites, l'extermination des Juifs passĂ©e est justifiĂ©e et des menaces d'extermination sont formulĂ©es[197]. L'antisĂ©mitisme s'exprime sur Internet, dans des graffitis, dans la profanation des cimetiĂšres, dans des comportements agressifs contre les Juifs en public et dans des commentaires stigmatisants dans les mĂ©dias[198]. Des opinions nĂ©gatives sur les Juifs sont exprimĂ©es dans les mĂ©dias, dans des publications et dans la politique. Par exemple, en 2010, le nĂ©gociateur commercial en chef de l'Union europĂ©enne d'origine belge, stigmatise « le juif moyen » Ă  la radio belge[192] mais encore le PrĂ©sident du Parlement flamand, Jan Peumans qui Ă©change des moqueries raciales sur les Juifs lors d'une Ă©mission tĂ©lĂ©visĂ©e de la VRT[167]. En 2014, Hassan Aarab reprĂ©sentant du CD&V, s'excuse pour ses propos incitant Ă  la haine antisĂ©mite aprĂšs que des poursuites judiciaires sont envisagĂ©es par la LBCA et alors mĂȘme que la dirigeante du parti condamnait ses propos[199]. Le politicien Laurent Louis est condamnĂ© pour son nĂ©gationnisme [200]. La Cour de cassation confirme que DieudonnĂ© Mbala Mbala a incitĂ© Ă  la haine, Ă  la violence ou Ă  la discrimination dans un spectacle de 2012[201]. Le , Dimitri Verhulst dĂ©clare au journal De Morgen des propos antisĂ©mites et affirme: «...Il n'y a pas un seul Dieu qui donnerait Ă  ses crĂ©atures un nez si laid »[202]. À la suite des plaintes, le journal De Morgen refuse de retirer l'article et dĂ©fend les propos de Verhulst comme Ă©tant une critique d'IsraĂ«l[203]. En , l'association juive EuropĂ©enne dĂ©plore des gestes « Racistes et dĂ©gradants pour les juifs » dans un dictionnaire officiel de langue des signes flamand, publiĂ© sur le site de l’universitĂ© de Gand. Les deux signes en question, miment un nez crochu pour dire juif[204].

En 2020, face Ă  la pandĂ©mie de Covid-19, l'internet francophone et les rĂ©seaux sociaux, connaissent une forte hausse de messages de haines, caricatures, insultes et accusations complotistes contre les Juifs[205]. Le journal nĂ©erlandophone Knack documente des thĂ©ories du complot antisĂ©mites Ă  propos du Covid-19[206]. En octobre, l'Agence Belga illustre une dĂ©pĂȘche sur la Covid-19 avec photographie d'un juif priant au Mur des Lamentations, ravivent l'inquiĂ©tude liĂ©e Ă  l'antisĂ©mitisme dans les mĂ©dias[207]. Plusieurs mĂ©dias belges utilisent l'illustration[207], suscitent la consternation de la part de l'ambassade d'IsraĂ«l[208]. Dans un bar liĂ©geois, une musique militaire allemande est jouĂ©e avec un chant hitlĂ©rien et des saluts nazis. Le bourgmestre Willy Demeyer affirme qu'il n'a « jamais vu ça en 20 ans »[209].

Conflit israélo-palestinien

Un lien existe entre l'augmentation des incidents antisémites et les évÚnements du conflit israélo-arabe[187] - [210] - [211] - [149], notamment dans le cas de la période de la guerre de Gaza de 2008-2009[212] ainsi que de celle de Guerre de Gaza de 2014, qui voit l'émergence d'une vague en particulier dans des communautés musulmanes[213]. L'exportation de ce conflit constitue un facteur à l'antisémitisme[149]. Cependant selon une étude de 2011, ce phénomÚne ne serait pas systématique ni continu[214].

Les propos d'Elio Di Rupo, prĂ©sident du parti socialiste, Ă  la suite des attentats de Paris de 2015 sont perçus par la communautĂ© juive comme un amalgame avec le conflit israĂ©lo-palestinien[215] - [216]. En 2018, il est Ă  nouveau accusĂ© de rĂ©activer des prĂ©jugĂ©s[217]. De mĂȘme pour Philippe Moureaux, bourgmestre du parti socialiste de Molenbeek et Ministre d’État, qui est critiquĂ© pour faire un amalgame sur les problĂšmes d'intĂ©gration et le conflit israĂ©lo-palestinien[216] - [218] - [219]. JoĂ«l Rubinfeld met Ă©galement en cause AndrĂ© Flahaut, Ministre et membre du parti socialiste, pour des propos assimilant la politique israĂ©lienne au nazisme tenus en 2008 et qui « risquent, mĂȘme involontairement, d'alimenter l'antisĂ©mitisme contemporain ». Ce dernier s'estimait atteint dans son honneur par un communiquĂ© du CCOJB, dĂ©cidera d'engager des poursuites judiciaires qu'il perdra en appel en 2014[220].

AprĂšs l'installation du mĂ©morial des attentats du 22 mars 2016 Ă  Bruxelles, un homme piĂ©tine le mĂ©morial et se met Ă  crier des slogans antisionistes en arabe, tandis que le drapeau d'IsraĂ«l du mĂ©morial reprĂ©sentant les victimes israĂ©liennes sera vandalisĂ© Ă  plusieurs reprises[221]. AprĂšs les attentats, un volontaire pour un comitĂ© juif, contacte la ligne tĂ©lĂ©phonique du ministĂšre de l'intĂ©rieur, souhaitant faire des dĂ©marches pour deux victimes juives qui souhaitent ĂȘtre transportĂ©s en IsraĂ«l mais l'opĂ©rateur refusera de fournir de l'assistance, en affirmant qu'il s'agit de la Palestine et qu'IsraĂ«l n'existe pas. Le centre d'appel s'excusera « Ă  la communautĂ© juive et aux victimes et leurs familles en IsraĂ«l », et l'opĂ©rateur sera licenciĂ©[222].

Les Juifs sont la cible d'agressions physiques et verbales par des antisionistes[223], tandis que le vandalisme est souvent accompagné de slogan de soutien à la Palestine[224], comme par exemple « Hamas Hamas, Joden aan het gas »[225]. Des menaces sont formulées, comme dans le cas des étudiants juifs membres de l'UEJB qui proposent un dialogue avec les militants pro-palestiniens de la campagne BDS, et reçoivent des menaces de mort contre eux et leurs proches[1].

En janvier 2019, le journal La DerniÚre Heure reporte que le président des imams de Belgique et imam de la grande mosquée al Khalil, Mohamed Toujgani, appelle à « brûler » des Juifs sionistes dans une vidéo[226]. L'imam s'excusera pour ses propos. Par la suite, la police trouve des livres antisémites appelant à la destruction d'Israël dans différentes mosquées[227].

Le 2021, la LBCA dĂ©plore une publication de la co-prĂ©sidente d'Ă©colo Rajae Maouane, qu'elle juge appelant Ă  la « haine antisĂ©mite »[228]. Deux jours plus tard, au cours d'une manifestation pro-palestinienne « un appel au meurtre des juifs » est scandĂ© en chƓur au milieu de la foule[229]. Les incitations Ă  la haine antisĂ©mite lors des manifestations pro-palestiniennes ont Ă©tĂ© de nombreuses fois condamnĂ©es par les politiques et les organisations juives[166] - [230] - [201] - [171]. En 2009, lors de celle d'Anvers, la police empĂȘche des manifestants violents de se rendre dans le quartier juif de la ville[231].

En 2022, une manifestation en l'honneur du Hamas, une organisation antisĂ©mite qui figure sur la liste des organisations terroristes de l’Union europĂ©enne est dĂ©noncĂ©e par le dĂ©putĂ© NVA Theo Francken comme Ă©tant une manifestation antisĂ©mite[232].

Dans les Ă©tablissements scolaires

Une Ă©tude de 2011 dans les Ă©coles de secondaire flamandes, met en Ă©vidence 30 % d'attitudes nĂ©gatives concernant les Juifs parmi les Ă©tudiants. Et un taux plus Ă©levĂ© chez les Ă©lĂšves musulmans et catholiques[149]. En 2019, une enquĂȘte auprĂšs de 1 600 Ă©lĂšves de la rĂ©gion bruxelloise fait Ă©tat d'une prĂ©valence de l'antisĂ©mite deux fois plus Ă©levĂ©e chez les Ă©tudiants se dĂ©clarant catholiques pratiquants et trois fois plus Ă©levĂ©es chez ceux se dĂ©clarant musulmans (y compris les non pratiquants). L'enquĂȘte pose la question d'un Ă©ventuel « antilibĂ©ralisme sociĂ©tal et culturel » au sein de ces groupes[233].

En 2016, le collĂ©ge Sint-Jozefcollege Turnhout se dit fier d'avoir comme enseignant Luc Descheemaeker et les idĂ©es qui lui sont associĂ©s. L'individu Ă©tant le gagnant d'un concours iranien de caricatures nĂ©gationnistes de la Shoah[234]. Dans un autre Ă©tablissement scolaire, de Braine-le-ChĂąteau Francis Brancart les parents d'un enfant portent plainte aprĂšs que leur fils de 12 ans tĂ©moigne d'attaques antisĂ©mites rĂ©currentes[235]. 'Antisemitisme.be dĂ©nonce ces situations qui « sont trĂšs difficiles Ă  vivre pour les parents qui se sentent dĂ©munis et pour les enfants doublement ou triplement victimes : par l’insulte, le harcĂšlement ou l’agression antisĂ©mite d’une part, la nĂ©cessitĂ© de changer d’école avec les consĂ©quences sur leur cursus de l’autre et, enfin, par le sentiment d’injustice lorsque les mesures ne sont pas prises Ă  l’égard des auteurs »[236]. Le CCOJB dĂ©plore l’utilisation raciste du mot « juif » comme insulte dans certaines Ă©coles[237]. Le journal Le Vif/L'Express dĂ©nonce cette situation oĂč les enfants juifs dĂ©sertent les Ă©coles publiques Ă  Bruxelles, qualifiĂ©es de « Judenfrei »[238]. Toutefois seulement la moitiĂ© de ceux-ci rejoignent une Ă©cole juive[193]. Alain Destexhe, dĂ©plore qu'Ă  Bruxelles, la ville multiculturelle, il est conseillĂ© aux Ă©lĂšves juifs d'enlever leur kippa Ă  la sortie des Ă©coles et de rester discrets. Il dĂ©plore qu'une Ă©cole juive de Bruxelles ait dĂ» dĂ©mĂ©nager Ă  la suite de la pression du voisinage et d'attaques rĂ©pĂ©tĂ©es et que « cette situation critique n'Ă©meut, hĂ©las, pas beaucoup la sociĂ©tĂ© belge »[238]. En 2018, JoĂ«l Rubinfeld, prĂ©sident de la Ligue belge contre l’antisĂ©mitisme, met en cause une dĂ©mission de la part des responsables des milieux scolaires concernant l'antisĂ©mitisme, et d'un « Ă©tat de siĂšge » permanent concernant les Ă©coles juives[239].

Sentiment d'insécurité

Une étude de 2014, met en évidence que 27 % des Juifs de Belgique déclarent faire face à de l'antisémitisme dans leur quotidien, ayant été insulté ou harcelé[149]. Les plaintes concernent principalement le harcÚlement et la discrimination et dans une moindre mesure la violence et le vandalisme[193].

La mĂȘme annĂ©e une Ă©tude de l’ Institute of Jewish Policy Research publiĂ©e dans The Guardian dĂ©montre que 4 % des Juifs de Belgique et de France ont quittĂ© leur pays pour s'installer en IsraĂ«l (et l'Ă©tude ne prend pas en compte les autres destinations). Une des raisons principales citĂ© est la permanence et l’augmentation de l’antisĂ©mitisme[161].

Une Ă©tude publiĂ©e en , fait Ă©tat (d'Ă  l'exception de la France): « les juifs de Belgique sont ceux en Europe qui ressentent le plus d’hostilitĂ© Ă  leur Ă©gard: 81 % d’entre eux citent l’espace public comme source la plus courante d’hostilitĂ© »[240]. Une autre Ă©tude menĂ©e la mĂȘme annĂ©e avec 785 tĂ©moignages anonymes de juifs Belges, fait Ă©tat de 51 % de cas de harcĂšlement dans les cinq annĂ©es et 39% dans les douze mois, parmi ceux-ci. Des commentaires insultants et des gestuels sont les principaux cas de harcĂšlements (25 % et 26 %). NĂ©anmoins, 81 % des participants n'ont pas rapportĂ© les faits[188]. Selon la Commission europĂ©enne la premiĂšre prĂ©occupation politique et sociale nationale est l’antisĂ©mitisme chez 85 % des Juifs europĂ©ens, dont les Juifs Belges[241], pour qui cette prĂ©occupation est parmi les plus haute d'Europe, en particulier Ă  Bruxelles[193].

Une Ă©tude de l'EurobaromĂštre publiĂ©e en , fait Ă©tat de prĂšs d'un Belge sur deux (49 %) pour qui l'antisĂ©mitisme ne serait pas un problĂšme en Belgique[242], d'une mauvaise connaissance des problĂ©matiques liĂ©es Ă  l'antisĂ©mitisme (72 % avouent ĂȘtre mal informĂ©) ainsi que de l'existence des lois qui Ă©rigent en infraction pĂ©nale la nĂ©gation de l'Holocauste (46 % d'ignorance) et l'incitation Ă  la violence ou la haine Ă  l'Ă©gard des personnes de confession juive (33 % d'ignorance)[243].

Antisémitisme musulman

Le thĂšme de « l’antisĂ©mitisme musulman » est au cƓur d'un dĂ©bat, en particulier du fait du niveau Ă©levĂ© des attitudes et des comportements antisĂ©mites des minoritĂ©s musulmanes[211]. Selon diverses Ă©tudes, les musulmans interrogĂ©s sont trois fois plus nombreux que le reste de la population Ă  partager des prĂ©jugĂ©s antisĂ©mites[244]. Par exemple une Ă©tude de 2010, souligne une attitude plus nĂ©gative concernant les Juifs par le groupe de musulmans interrogĂ©, que de celui chrĂ©tien ou athĂ©iste[149]. Ou encore celle de 2011 de Mark Elchardus (VUB), qui met en Ă©vidence qu'environ la moitiĂ© des Ă©lĂšves musulmans d'Ă©tablissements secondaires flamands validait quatre clichĂ©s antisĂ©mites rĂ©pandus[244].

D'autres études (notamment dans d'autres pays européens), confirment cette attitude antisémite plus importante chez les musulmans interrogés[214]. Par exemple celles de Hooghe en 2010, de celle de Teney et Subramanian de 2010 sur des étudiants d'origine étrangÚre de la région de Bruxelles pointent à un niveau plus bas d'attitude de tolérance de maniÚre générale dans ces populations[149]. Une étude de 2013 émet l'hypothÚse du fondamentalisme islamique[245].

Depuis lors, une Ă©tude menĂ©e dans des Ă©tablissements scolaires bruxellois de 2018 Ă  2019 par des chercheurs de l'UniversitĂ© libre de Bruxelles, met en Ă©vidence le facteur religieux comme prĂ©dominant. Selon les chercheurs de l'Ă©tude « une portion significative des musulmans, non majoritaire, partage avec l'extrĂȘme-droite et le catholicisme prĂ©-conciliaire des reprĂ©sentations anti-sĂ©mites trĂšs prĂ©gnantes »[244]. Les musulmans interrogĂ©s sont les plus nombreux Ă  valider des prĂ©jugĂ©s antisĂ©mites tels que « la Shoah est fortement exagĂ©rĂ©e », Ă  22 % pour les pratiquants, et Ă  20 % pour les pratiquants, contre 17 % pour les catholiques pratiquants et Ă  6 % pour les non-croyants. 38 % des musulmans pratiquants et 30 % des musulmans non-pratiquants croient que « les sionistes sont des criminels », contre 7% des catholiques pratiquants et 6 % des non-croyants. Ou encore concernant la croyance que « les Juifs prĂ©fĂšrent IsraĂ«l Ă  leur pays », validĂ© par 31 % des musulmans pratiquants et 34 des musulmans non-pratiquants, contre 19 % des catholiques pratiquants et 15 % des non-croyants[244].

L'ignorance concernant des faits historiques (génocide du Rwanda et des Arméniens, Hitler, etc) et la croyance en des théories du complot est significativement répandue chez les musulmans interrogés. Selon l'étude, 28 % des musulmans interrogés et 15 % des catholiques pratiquants interrogés croient que « le Mossad et la CIA sont derriÚre les attaques du 11-Septembre », contre 8% chez les non-croyants. 37 % des musulmans pratiquants et 32 % des musulmans non-pratiquants croient que « les juifs contrÎlent les banques et les médias avec les francs-maçons », contre 16 % des catholiques pratiquants et 8 % des non-croyants[244].

DiffĂ©rentes thĂ©ories sont Ă©mises pour expliquer ce phĂ©nomĂšne. Rafael Israeli voit dans la montĂ©e de l'islamisme notamment Ă  Molenbeek-Saint-Jean, un lien avec l'augmentation de l'antisĂ©mitisme musulman en Belgique[195]. Certains avancent un lien avec le milieu socio-Ă©conomique des musulmans, cependant une Ă©tude menĂ©e Ă  Bruxelles sur des Ă©tudiants, ne trouve pas de liens des attitudes antisĂ©mites des musulmans avec un faible niveau d'Ă©ducation ou un dĂ©savantage social[246]. Edouard Delruelle Ă©met une hypothĂšse selon laquelle cet antisĂ©mitisme « s’insĂšre dans une carte cognitive globale qui est une rĂ©ponse (Ă©videmment inadĂ©quate et mortifĂšre) Ă  une dynamique de dĂ©saffiliation »[247].

Concernant les nouveaux migrants de provenance du monde musulman, l'Ă©tude de David Feldman (2018) conclut que rien ne suggĂšre qu'ils contribuent significativement au taux d’antisĂ©mitisme[211]. La mĂȘme annĂ©e, l'Ă©tude de Muriel Sacco et Marco Martiniello conclut que bien que des migrants ont des opinions antisĂ©mites du pays d'origine, cela ne se traduit pas nĂ©cessairement par des passages Ă  l'acte et met l'hypothĂšse plutĂŽt sur l'antisĂ©mitisme dans les mĂ©dias et dans la politique belge , et le lien qui est fait avec le conflit israĂ©lo-palestinien[149].

Gouvernementales et publiques

En 2002, à la suite d'attaques contre les Juifs et des synagogues, le roi Albert II déclare dans un discours : « Il est inadmissible de chercher à importer chez nous les antagonismes qui existent au Moyen-Orient »[161].

En 2011, un professeur quitte l'UniversitĂ© libre de Bruxelles en protestation d'un climat anti-juif et de l'attitude laxiste des autoritĂ©s universitaires. Il cite un Ă©vĂ©nement de mise en scĂšne de « checkpoint israĂ©lien » Ă  l'entrĂ©e du campus oĂč des passants ont Ă©tĂ© harcelĂ©s, l'invitation de l'artiste antisĂ©mite DieudonnĂ© sans commenter sur ses propos antisĂ©mites, un baptĂȘme d'Ă©tudiant dans un style nazi et un article dans le magazine Solvay dans lequel l'auteur a utilisĂ© des stĂ©rĂ©otypes antisĂ©mites et a semblĂ© tirer ses prĂ©jugĂ©s des Protocoles des Sages de Sion. Il dĂ©plore la tolĂ©rance de la campagne de boycott acadĂ©mique d'IsraĂ«l dans lequel les actions antisionistes prennent la forme d'antisĂ©mitisme sur les campus universitaires[248]. Maurice Sosnowski parle de traumatisme pour exprimer le sentiment liĂ© au manque de condamnation publique des principaux partis politiques belges qui avaient participĂ© Ă  une manifestation dans laquelle des pancartes incitant au gĂ©nocide des Juifs et niant la Shoah avaient Ă©tĂ© brandies[249].

En 2014, le prĂ©sident du CCOJB, Maurice Sosnowski demande au Premier ministre Elio Di Rupo de mettre fin Ă  l'« injustice criante » du cas de nombreux rescapĂ©s de la Shoah, qui se voient refuser « la reconnaissance de leur invaliditĂ© consĂ©cutive aux persĂ©cutions dont ils ont Ă©tĂ© victimes », et demande Ă©galement: « Pouvez-vous me dire quand viendra le jour oĂč je pourrai conduire mes enfants Ă  l'Ă©cole, sans apercevoir les gardes privĂ©s et la police assurer leur sĂ©curitĂ© ». Le Premier ministre approuve ses propos « avec tristesse », affirme qu'il s'agit d'un constat dĂ©solant et inadmissible et que: « L’antisĂ©mitisme, c’est une Ă©vidence, fait partie de ces Ă©manations odieuses que nous n’avons pas le droit d’ignorer ». Concernant la reconnaissance des rescapĂ©s il promet des mesures lors du prochain budget de l’État, qui n'auront finalement pas lieu[250].

En , le Premier ministre Charles Michel, se dit inquiet de l'augmentation de l'antisĂ©mitisme et affirme que son gouvernement a pris des mesures contre les tentatives d'attentats. Concernant l'« exode silencieux » des Juifs, il affirme: « En tant qu’homme politique libĂ©ral et dĂ©mocrate, je suis inquiet du nombre de Juifs qui prĂ©fĂšrent quitter l’Europe pour les États-Unis ou IsraĂ«l parce qu’ils s’y sentent plus en sĂ©curitĂ© et craignent de pratiquer leur religion ou de porter une kippa dans la rue »[251]. À Bruxelles, les autoritĂ©s publiques ont recommandĂ© Ă  plusieurs reprises aux Juifs d’éviter d’afficher des signes visibles de judaĂŻtĂ© en raison des risques d’agressions physiques[211] - [149].

Selon Ariella Woitchick, reprĂ©sentante du congrĂšs juif europĂ©en : « MĂȘme si vous n'ĂȘtes pas personnellement sujet Ă  un incident antisĂ©mite, vous l'entendez partout de vos amis dans les Ă©coles, les lieux de travail. Les gens ne peuvent pas marcher dans les rues de Bruxelles avec une kippa sur la tĂȘte ». Elle affirme Ă©galement que l'antisĂ©mitisme est particuliĂšrement prĂ©occupant dans les Ă©coles publiques, alors que les insultes antisĂ©mites sont prĂ©pondĂ©rantes et que les enfants juifs ont Ă©tĂ© contraints de quitter les Ă©tablissements scolaires[252].

Le MRAX souligne la responsabilitĂ© du gouvernement pour lutter contre l'antisĂ©mitisme : « Les sanctions actuelles [en Belgique] contre les discours de haine sont parmi les plus faibles d’Europe ». Le MARX dĂ©plore que bien qu'un plan d’action national avait Ă©tĂ© promis contre le racisme Ă  la Convention de Durban de 2001 : « 19 ans plus tard, ce plan n’existe toujours pas »[209].

En 2019, le prĂ©sident du ComitĂ© de coordination des organisations juives de Belgique (CCOJB) Yohan Benizri, met en garde contre les diffĂ©rentes formes d'antisĂ©mitisme en Belgique : « Il y a un antisĂ©mitisme historique, d’extrĂȘme droite disons, il y a un antisĂ©mitisme d’extrĂȘme gauche qui s’est vu revitaliser ces derniĂšres annĂ©es. Il y a un antisĂ©mitisme du quotidien que l’on retrouve dans les Ă©coles, il y a des formes d’antisĂ©mitisme dans l’antisionisme, donc l’antisionisme comme paravent de l’antisĂ©mitisme »[237]. En 2021, Viviane Teitelbaum (MR) et Yohan Benizri critiquent que le combat contre l'antisĂ©mitisme n'est pas mentionnĂ© comme tel lors d'une initiative antiraciste bruxelloise, qui ne comprenait d'ailleurs pas de reprĂ©sentant de la communautĂ© juive. Ils dĂ©noncent une tentative de systĂ©matiquement « diluĂ© » l'antisĂ©mitisme dans le racisme[253].

En novembre 2022, Michael M. Adler, ambassadeur des États-Unis en Belgique dĂ©plore la hausse de l'antisĂ©mitisme et que la « voix de la Belgique Ă©tait absente de la table » lors des rĂ©centes rĂ©unions de l’Union europĂ©enne et de la Commission europĂ©enne l'antisĂ©mitisme. Il propose de nommer un reprĂ©sentant national pour la lutte contre l’antisĂ©mitisme[254]. Le CEJI avait de mĂȘme fait remarquĂ© que l’État belge a peu fait pour lutter contre l’antisĂ©mitisme, en particulier dans l'Ă©ducation[255].

Dénégation

Certaines personnes remises en cause pour antisĂ©mitisme, nient les accusations en affirment ĂȘtre victimes de chantage, d'intimidation ou par d'autres arguments visant Ă  nier le caractĂšre antisĂ©mite de leurs propos[256] - [257] ou l'existence de l'antisĂ©mitisme en lui-mĂȘme. Pour Pierre-AndrĂ© Taguieff ce serait « l'argument principal des antijuifs dĂ©clarĂ©s comme des antisionistes radicaux (les israĂ©lophobes rĂȘvant d'Ă©radiquer l'État juif), qui cherchent ainsi Ă  se prĂ©senter comme les victimes d'une "censure" insupportable dans une sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique »[258]. Il prĂ©cise, que ces individus se prĂ©sentent comme les victimes d’une « censure », « mĂȘme dans les appels Ă  la haine et Ă  la violence contre IsraĂ«l, les « sionistes » ou les Juifs (tous suspectĂ©s d’ĂȘtre des « sionistes ») » et ils font « mine d’oublier que, mĂȘme dans les dĂ©mocraties libĂ©rales/pluralistes, il existe une limite qui est fixĂ©e par la loi ». D'autres affirment ĂȘtre victimes car ils ne font que « lutter contre l’injustice faite aux Palestiniens »[259]. Par exemple SaĂŻdi Nordine qui se dit victime de « terrorisme intellectuel »[260], Pierre Piccinin, qui se justifie en affirmant ĂȘtre victime d'un « chantage Ă  l'antisĂ©mitisme » du « Lobby juif »[261] ou encore Jean Bricmont, qui serait « l'un des plus emblĂ©matiques dĂ©nonciateurs [du] "chantage Ă  l'antisĂ©mitisme » selon Pierre-AndrĂ© Taguieff[258]. À la suite de nombreuses accusations d'antisĂ©mitisme contre le Parti du travail, StĂ©phanie Koplowicz membre du parti, prend sa dĂ©fense et met en cause les accusations comme Ă©tant « une stratĂ©gie » qui serait mise sur pied pour le discrĂ©diter[262].

Selon des critiques, le centre responsable de la lutte contre l'antisĂ©mitisme (UNIA), ne prendrait pas l'antisĂ©mitisme suffisamment au sĂ©rieux[263]. En 2017, Rudi Roth, met en cause l’Unia comme Ă©tant « largement inefficace » dans la lutte contre l'antisĂ©mitisme, et responsable de la situation. Roth dĂ©plore le choix de militants antisionistes dans la direction de l'institution et dĂ©plore que l'organisation est « la seule organisation europĂ©enne antiraciste officielle dont le personnel dĂ©rape Ă  de multiples reprises concernant l’antisĂ©mitisme et le nĂ©gationnisme » et qu'elle « a rĂ©digĂ© elle-mĂȘme des textes Ă  caractĂšre diffamatoire envers les Juifs sur son propre site et cela pendant plus de 4 ans »[161]. L'Unia est critiquĂ©e pour son traitement de l'antisĂ©mitisme, par le service social juif Centraal comme Ă©tant prĂ©judiciable[264], par le dĂ©putĂ© N-VA Michael Freilich[265], Philippe De Backer (Open Vld)[266], Bart De Wever (NV-A)[267], le Forum der Joodse Organisaties (FJO)[268] - [269], la dĂ©putĂ©e N-VA Annick De Ridder[268], le CCOJB[270], le politologue JoĂ«l Kotek[271] et le politicien AndrĂ© Gantman (Open-VLD)[272]. En , Unia affirme « avoir fait Ă©voluer sa philosophie en matiĂšre de lutte contre l'antisĂ©mitisme », sans pour autant apporter de prĂ©cisions[273].

Analyse d'un nouvel antisémitisme

Divers experts s'accordent pour affirmer une recrudescence de l'antisĂ©mitisme, qui Ă©volue sous forme de nouvel antisĂ©mitisme, en particulier sous couvert de l'antisionisme[187] - [274] - [275] - [151]. Eliezer Ben-Rafael dĂ©crit les diffĂ©rentes composantes de cet antisĂ©mitisme en Belgique, qui vont de l'hostilitĂ© anti-juive catholique, Ă  l'antisĂ©mitisme xĂ©nophobe de l'extrĂȘme droite, Ă  un antisĂ©mitisme qui provient de l'intĂ©rĂȘt pour le Moyen-Orient, Ă  des individus de la gauche qui s'identifient au tiers monde et Ă  la Palestine et finalement Ă  un antisĂ©mitisme des populations arabo-musulmanes. À cela s'ajoute des Juifs qui se prĂ©sentent en « bon Juif », voulant se dissocier du stigma des « mauvais Juifs » et renforcent la confusion. Les Juifs Belges correspondent Ă  un idĂ©al bouc Ă©missaire[249] - [276] et l'antisĂ©mitisme rĂ©pondrait ainsi Ă  cette demande sociale d'un « bouc Ă©missaire Ă  mĂȘme d'expliquer le mal »[277]. Robert Wistrich (1990) dĂ©crit une campagne qui a Ă©tĂ© orchestrĂ©e contre l'État juif, le sionisme et le peuple Juif dans un mĂȘme ensemble, et serait comparable au danger posĂ© aux Juifs par le nazisme[274]. Les Juifs sont confrontĂ©s Ă  un antisĂ©mitisme qui serait pour la dĂ©fense de toutes les victimes de l'oppression raciale Ă  leur exception, qui au contraire seraient transformĂ©s en « coupables » et « prototypes » du racisme[274].

Le journaliste Manuel Abramowicz insiste en 2003, sur le fait que le phĂ©nomĂšne de « nouvel antisĂ©mitisme » est portĂ© par des individus (en particulier une jeunesse arabo-musulmane) mais non pas par des organisations structurĂ©es. Il affirme nĂ©anmoins qu'il est alimentĂ© et exploitĂ© dans les milieux intĂ©gristes islamistes, intĂ©gristes chrĂ©tiens (comme la FraternitĂ© sacerdotale Saint-Pie-X), de l'extrĂȘme droite parlementaire et d'organisations (comme la NSV), ainsi que dans les mouvements nĂ©gationnistes[278].

Pour Joël Kotek[279] :

« l'antisionisme radical tient bien de l'antisémitisme de par ses appels à la théorie du complot et ses représentations fantasmatiques du sioniste »

Il dĂ©crit deux types d'antisĂ©mitisme en Belgique: l'antisĂ©mitisme conservateur qui est caractĂ©risĂ© par des mouvements d’en haut (politique et religieux) et un autre d’en bas (populaire et social), qui inclut l'antisionisme radical, qui est un antisĂ©mitisme progressiste et associĂ© Ă  l’antisĂ©mitisme arabo-musulman[280]. Kotek dĂ©crit un processus antisĂ©mite : « Les ennemis du peuple juif ont compris qu’en s’attaquant Ă  IsraĂ«l, au nom des principes des droits de l’homme et mĂȘme de la Shoah, ils atteignent automatiquement et trĂšs efficacement, leur but rĂ©el : stigmatiser les Juifs ». En Belgique, le discours antisioniste puise aux sources de l’antijudaĂŻsme classique, par exemple en se servant de l'État Juif comme victime expiatoire ou en attachant aux IsraĂ©liens des stĂ©rĂ©otypes antisĂ©mites, « des dĂ©icides, des comploteurs, bref des ennemis du genre humain ». Le discours de haine des Juifs se veut nĂ©anmoins politiquement correct et est le plus virulent au sein de mouvances progressistes, nĂ©o-chrĂ©tiennes, marxistes, humanitaires et altermondialistes qui voient en IsraĂ«l la figure de mal absolu. La passion anti-israĂ©lienne s'alimente Ă©galement d'une judĂ©ophobie arabo-musulmane « qui fait du Juif le responsable des maux du monde arabe » et finalement d'une forme d'antisĂ©mitisme « bienveillant », se rĂ©fĂ©rant Ă  l’image du Juif datant de 1945 Ă  1967, et qui manifeste un philosĂ©mitisme Ă  une image des Juifs comme persĂ©cutĂ©s, humbles, faibles et martyrs[29]. Le judĂ©ocide est Ă©galement instrumentalisĂ© alors qu'il devient un objet d’étude et de fascination, Ă  la fois au cƓur de l’actualitĂ© mĂ©diatique, scientifique et culturelle, politique et pĂ©dagogique. Un effet pervers voit raviver un sentiment de culpabilitĂ©, qui se libĂšre parfois dans une haine dirigĂ©e contre les IsraĂ©liens, tout en empruntant l’historiographie de la Shoah, qui est rejetĂ©e sur les victimes[29]. Kotek insiste Ă©galement sur le rĂŽle des amalgames et des prĂ©jugĂ©s pernicieux qui alimentent cette violence[278]. En 2019, Kotek parle de « une Belgique qui ne craint plus de stigmatiser les Juifs »[281].

Selon une Ă©tude de Lars Dencik et Karl Marosi de 2016, il existe trois formes d'antisĂ©mitisme : un « antisĂ©mitisme classique » qui repose sur d'anciens stĂ©rĂ©otypes, plutĂŽt liĂ© Ă  l'extrĂȘme droite et qui se manifeste plutĂŽt par des attaques verbales et des discriminations sociales. Un antisĂ©mitisme liĂ© Ă  IsraĂ«l. Et un autre liĂ© Ă  une critique anti-juive des pratiques juives et de personnes juives par des personnes qui s'identifient plutĂŽt comme progressistes, libĂ©rales ou de gauche. Les trois formes d'antisĂ©mitisme sont fortement prĂ©sentes en Belgique en comparaison Ă  d'autres pays europĂ©ens. En particulier l'antisĂ©mitisme liĂ© Ă  IsraĂ«l, qui se manifeste sous forme de violences commises par des individus musulmans extrĂ©mistes ou de l'extrĂȘme gauche. Ils mettent en hypothĂšse un parallĂšle avec l'idĂ©ologie islamiste de l'organisation État islamique qui vise Ă  crĂ©er une polarisation sociale et dĂ©truire le tissu social, dans ce cas contre la vie sociale juive[282]. Une autre Ă©tude met en hypothĂšse l'existence de deux antisĂ©mitismes concurrents (classique et arabo-musulman)[283].

D'aprĂšs David Feldman : « Si l’antisĂ©mitisme traditionnel est en dĂ©clin, c’est l’antisĂ©mitisme liĂ© Ă  IsraĂ«l qui fait actuellement dĂ©bat et semble parfois en augmentation »[211]. Paul Giniewski met en cause l'antisionisme comme nouvel antisĂ©mitisme : « Toutes les accusations mythiques, fantasmĂ©es des antisĂ©mites classiques sont retournĂ©es contre IsraĂ«l et le sionisme, avec une virulence qui rappelle celle des nazis », dans ce contexte antisĂ©mite une tolĂ©rance, une indulgence, une indiffĂ©rence et une impunitĂ© existeraient pour les agressions antisĂ©mites tout comme pour le terrorisme palestinien[143]. Ginieweski dĂ©crit deux sortes d'antisĂ©mitisme antisioniste, l'une nĂ©gationniste et l'autre masquant son israĂ©lophobie par un prĂ©tendu philosĂ©mitisme, tout en instrumentalisant la Shoah. Les antisĂ©mites antisionistes Ă©tablissent une confluence, selon laquelle le « prix » imaginĂ© de la crĂ©ation d'IsraĂ«l et des souffrances palestiniennes serait trop Ă©levĂ© en compensation Ă  celui de la Shoah. L'objectif de ces antisĂ©mites, serait la « disparition d'IsraĂ«l », une solution Ă  la « question israĂ©lienne » qu'il compare Ă  la solution finale de la « question juive » des nazis[143]. Giniewski met en cause la Belgique dans le dĂ©but des annĂ©es 2000 : « Dans la campagne de diabolisation d'IsraĂ«l, la Belgique se situait au premier plan »[284].

JoĂ«l Rubinfeld considĂšre que le conflit israĂ©lo-palestinien ne serait qu'un prĂ©texte Ă  l'antisĂ©mitisme : « l'antisĂ©mitisme qui tue aujourd'hui c'est celui liĂ© Ă  l'antisionisme, qui substitue l'État juif Ă  l'individu juif et qui veut rayer ce pays de la carte ». Il explique cette stratĂ©gie: « Comme il n'est plus de bon ton de cibler les Juifs, on parle de sionistes »[285]. Des critiques condamnent ainsi certains propos antisionistes, notamment ceux visant Ă  la nĂ©gation de l'existence d'IsraĂ«l[286], ceux concernant le boycott d'une nationalitĂ© (le plus prĂ©valent parmi les pays d'Europe en Belgique, avec 18 % d'avis favorables[287]), contre le caractĂšre Juif de cet État[288], ou encore ceux relevant d'un antisĂ©mitisme spĂ©cifique contre les Juifs d'origine israĂ©lienne[289] (en tant que minortĂ©, etc.). L'antisionisme est assimilĂ© Ă  de l'antisĂ©mitisme lorsque les critiques et les attaques prennent l'État Juif comme « bouc Ă©missaire », comme Ă  la source d'influences juives ou d'un complot juif, ou encore qu'elles soient accompagnĂ©es de stĂ©rĂ©otypes antisĂ©mites. En 2014, aprĂšs l'attentat du musĂ©e Juif, de nombreuses thĂ©ories du complot sont formulĂ©es[290], la RTBF et d'autres journaux belges relayent une fausse information, portant une accusation contre les victimes juives[291]. La thĂ©orie du complot[292] sera reprise par le meurtrier lors de son procĂšs[293].

En 2018, Yifa Segal de l'organisation International Legal Forum dĂ©plore l'utilisation de carricature « reprĂ©sentant un Juif aux caractĂ©ristiques diabolisantes » dans le manuel de gĂ©ographie destinĂ© aux Ă©lĂšves de 15 ans, approuvĂ© par le ministĂšre belge de l'Éducation de Belgique. Segal analyse les motivations de cette caricature Ă  caractĂšre raciste utilisĂ©e comme une reprĂ©sentation du conflit israĂ©lo-palestinien : « Le gros juif, qui vole l'argent, l'eau, la nourriture et mĂȘme le sang des autres, est malheureusement douloureusement familier. De telles images provoquent des sentiments nĂ©gatifs et antisĂ©mites chez le spectateur, en particulier lorsqu'elles sont livrĂ©es Ă  des spectateurs jeunes et impressionnables par une figure d'autoritĂ©. » [294].

Le , le Conseil europĂ©en approuve la dĂ©finition de l'antisĂ©mitisme comprenant l’antisionisme radical. Cette forme d'antisĂ©mitisme reposerait sur des « phĂ©nomĂšnes d’essentialisation des Juifs », en ciblant l’État d’IsraĂ«l conçu comme une collectivitĂ© juive — citant des attitudes « disproportionnĂ©es et exagĂ©rĂ©es » (et non pas contre ses politiques), sa nazification et la remise en cause de son droit Ă  l'existence[295](liĂ© au thĂšme de la destruction, du gĂ©nocide, etc). En parallĂšle, l'antisionisme serait devenu un code culturel de certains partis, dont dans le parti socialiste et en particulier dans le parti Ecolo, pour lequel le sionisme serait considĂ©rĂ© comme « ennemi » comparable et associĂ© Ă  l'impĂ©rialisme, le racisme et le militarisme[274]. Le Parti du travail de Belgique est Ă©galement mis en cause Ă  de nombreuses reprises. Concernant le thĂšme de la Palestine, elle serait un thĂšme fĂ©dĂ©rateur face Ă  une perte de repĂšres idĂ©ologiques. Kotek avance que dans ce code culturel, IsraĂ«l serait une mĂ©taphore associĂ©e Ă  la critique de la modernitĂ©, tandis que l'antisionisme serait « un avatar de l'antijudaĂŻsme rĂ©volutionnaire ou sociale »[296]. Nicolas de Pape dĂ©crit une diabolisation d'IsraĂ«l (voir une nazification) comme un moyen « de se laver Ă  bon compte de la culpabilitĂ© liĂ©e Ă  l’Holocauste. ». Il dĂ©crit une situation dans laquelle certains politiciens choisiraient de ne pas dĂ©noncer la recrudescence de l’antisĂ©mitisme et choisiraient de condamner IsraĂ«l, pour satisfaire l'Ă©lectorat musulman[297].

Dans la société

Causes sociales

L'antisĂ©mitisme en Belgique, est gĂ©nĂ©ralement Ă©tudiĂ© au sein d'Ă©tudes sur l'antisĂ©mitisme europĂ©en ou occidental, dont il fait partie. JoĂ«l Kotek explique pourquoi l’image nĂ©gative des Juifs survĂ©cut en parlant d'un « habitus judĂ©ophobe » dans la sociĂ©tĂ©. L'antisĂ©mitisme du dĂ©but du XXIe siĂšcle serait un « antisĂ©mitisme latent, en sommeil depuis la Shoah et qui, au fond, ne demandait qu’à se rĂ©veiller. »[29]. Il prend en exemple la cathĂ©drale des Saints Michel-et-Gudule qui a toujours des vitraux commĂ©morent le sacrement du Miracle, ou l'une des lĂ©gendes du Manneken-Pis, qui concerne l’accusation de meurtre rituel contre les Juifs[29] - [298]. D'aprĂšs Didier Pasamonik, la lĂ©gende antijuive mĂ©diĂ©vale, ne cesse qu'avec la prise de conscience du drame de la Shoah et de l’influence de la modernitĂ©[29].

AprĂšs la Shoah, rares sont les mots de compassion Ă  l’égard des Juifs dans les journaux, et au contraire on y retrouve des allusions antisĂ©mitismes[29]. Parmi les cĂ©lĂšbres Ă©crivains belges, on retrouve Georges Simenon qui ira jusqu'Ă  faire la promotion des protocoles des Sages de Sion[29], Willy Vandersteen antisĂ©mite ou HergĂ© collaborateur qui publie lors de l'occupation Le Soir volĂ©, une bande dessinĂ©e antisĂ©mite : « Dans cette Belgique catholique, raciste, colonialiste, anticommuniste et anti-amĂ©ricaine, l’antisĂ©mitisme est largement diffusĂ© »[299].

Dans son analyse de l'« allosémitisme », Eliezer Ben-Rafael perçoit une persistance de la marginalisation, de la discrimination et de la persécution jusqu'à « l'Úre du multiculturalisme », qui ne semble pas avoir anticipé la fin de l'antisémitisme[300].

Un autre fait soulevé est l'impasse faite sur l'histoire de l'antisémitisme dans le monde académique belge[301].

Conséquences sociales

AprĂšs la Shoah, la population est considĂ©rablement rĂ©duite, et la reconstruction puis la consolidation d’une certaine vie communautaire devient la principale prĂ©occupation des Juifs. La population juive demeure nĂ©anmoins fragmentĂ©e politiquement et reste divisĂ©e entre religieux et laĂŻcs[20]. Un processus d'assimilation prend de l'importance et la question de la disparation de la communautĂ© se pose[302]. Certains s’inquiĂštent de la perte de l’identitĂ© communautaire chez la jeune gĂ©nĂ©ration[20], d'autres de l'Ă©migration. En 2018, en lien aux harcĂšlements que subissent les Juifs, 42 % d'entre eux aurait songĂ© Ă  Ă©migrer, d'aprĂšs un sondage[303].

En 2003, aprÚs l'attentat de la synagogue de Charleroi, Manuel Abramowicz remarque au sein de la communauté juive: « un durcissement du discours, un repli identitaire, (...)» sans pour autant manifester de réactions extrémistes[304].

Pour le politicien socialiste Roger Lallemand, face Ă  l'antisĂ©mitisme, il faut affirmer l'identitĂ© juive : « Parce qu’il est minoritaire, ici, le Juif doit affirmer sa diffĂ©rence. Il doit refuser une assimilation qui le menace au nom du bien, de l’égalitĂ©, du droit et d’un universalisme rĂ©ducteur qui est souvent la forme d’un antisĂ©mitisme cachĂ© »[305].

L'antisémitisme frappe l'Europe dans son ensemble et les pouvoirs publics se veulent rassurant. Le Premier ministre Charles Michel affirme en 2018 : « La Belgique sans les Juifs n'est pas la Belgique », une déclaration similaire à celles faites par le président français Emmanuel Macron[306].

Les antisĂ©mites belges agissent parfois au-dehors des frontiĂšres. À Bruxelles, des groupuscules djihadistes entretiennent des relations avec des militants antisĂ©mites, comme le terroriste français Mohammed Merah qui tue des enfants juifs en 2012[307] - [308]. En 2015 et 2016, ces cellules sont dĂ©mantelĂ©es par la police.

En 2020, selon l'opinion du journaliste et Ă©crivain belge, Nicolas de Pape : « C'est dans une certaine indiffĂ©rence que notre continent refermera tout doucement l'histoire riche et tragique du judaĂŻsme europĂ©en » et affirme comprendre l'Ă©migration vers IsraĂ«l et les États-Unis : « Si j’étais juif, je partirais vers des cieux plus clĂ©ments »[306] - [309].

Auto-antisémitisme

De l'hostilitĂ© se manifeste entre Juifs, notamment face Ă  la peur de l'assimilation[310] - [311] et ainsi, dans les annĂ©es 1970, les antisionistes juifs sont perçus par des organisations juives comme des victimes d'auto-antisĂ©mitisme. En 1973, dans une rĂ©ponse Ă  des personnalitĂ©s juives anti-israĂ©liennes, l'UEJB affirme: « Pour dĂ©truire le Juif qui est en vous, vous essayez de dĂ©truire IsraĂ«l Ă  coups de pĂ©titions, devenant ainsi les alliĂ©s objectifs de ceux qui, pratiquant le terrorisme, abattent froidement des athlĂštes Ă  Munich et des pĂšlerins Ă  Lod. ». En 1979, le prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration sioniste de Belgique rejette cette antisionisme comme « du masochisme et du dĂ©rangement biliaire »[183]. Alain Lapiower, chroniqueur de la jeunesse juive progressiste, tĂ©moigne de l'hostilitĂ© contre son groupe : « nous Ă©tions les mauvais juifs, les traĂźtres »[183]. En 2018, Victor Ginsburgh est accusĂ© d'auto-antisĂ©mtisme aprĂšs avoir pris violemment Ă  partie l'Ă©crivain Pierre Mertens qui avait dĂ©plorĂ© l’attribution du titre de docteur honoris causa Ă  Ken Loach Ă  l'ULB[312].

Banalisation de stéréotypes à Alost

Depuis 2013, la Belgique est le seul pays europĂ©en Ă  organiser chaque annĂ©e un carnaval qui accueille dans son cortĂšge des caricatures rappelant les stĂ©rĂ©otypes nazis et moquant l'extermination des Juifs[313]. Ceux-ci sont dĂ©noncĂ©es comme de l'incitation Ă  la haine antisĂ©mite par les organisations juives, les mĂ©dias et les principaux partis politiques ( Ă  l'exception de la N-VA qui parle de mauvais goĂ»t). En , jugeant que la diffusion de messages « ridiculisant certains groupes » et « insultant les souvenirs d'expĂ©riences historiques douloureuses » et de « reprĂ©sentations blessantes » contre la minoritĂ© juive vont Ă  l'encontre de ses critĂšres, l'UNESCO dĂ©cide de retirer le carnaval de sa liste reprĂ©sentative du patrimoine culturel immatĂ©riel de l'humanitĂ©. L'UNESCO demande aux autoritĂ©s belges de rĂ©agir « Ă  de telles manifestations de haine »[314]. La Commission europĂ©enne dĂ©clare quant Ă  elle, qu'il est « impensable que cela soit encore visible en Europe, 74 ans aprĂšs l'Holocauste » et condamne les Ă©vĂ©nements[315]. En , Le American Jewish Committee demande que l’Union europĂ©enne ouvre une enquĂȘte contre la Belgique: « la Commission europĂ©enne doit lancer la procĂ©dure prĂ©vue par l’article 7, puisque les autoritĂ©s n’ont rien fait pour interdire les dĂ©guisements antisĂ©mites, ce qui contrevient de maniĂšre Ă©vidente aux valeurs europĂ©ennes fondĂ©es sur les leçons tirĂ©es de l’Holocauste et de la Seconde guerre mondiale »[316]. La PremiĂšre ministre Sophie WillmĂšs dĂ©plore en 2020, que les actions « portent prĂ©judice Ă  nos valeurs ainsi qu'Ă  la rĂ©putation de notre pays »,[317].

En , dans le journal français LibĂ©ration, un collectif dĂ©plore la presse belge, nĂ©erlandophone et francophone, qui « ont Ă©tĂ© d’une scandaleuse complaisance »[318]. L’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo rĂ©agit aux nombreuses voix invoquant en Belgique « l’esprit Charlie » pour lĂ©gitimer ce qu'il estime ĂȘtre un antisĂ©mitisme incontestable: « Mettons donc les choses au point : la caricature et la satire ne consistent jamais Ă  traiter un groupe d’ĂȘtres humains comme de la vermine Ă  Ă©radiquer. Quand celui que vous n’aimez pas perd sa figure humaine, tout devient possible. Il n’y a aucune forme d’humour dans l’animalisation systĂ©matique de l’adversaire, vieux procĂ©dĂ© nazi dont la banalisation a prĂ©parĂ© les esprits Ă  l’extermination des Juifs comme Ă©tant une opĂ©ration prophylactique.»[319]. Alain Destexhe, dans le journal français Le Figaro, rappelle qu'« en , l’attentat djihadiste au musĂ©e juif de Bruxelles, qui a fait quatre morts, n’avait pas suscitĂ© de mobilisation gĂ©nĂ©rale de la population belge, comme si les juifs ne faisaient dĂ©jĂ  plus intĂ©gralement partie de la communautĂ© nationale ». et considĂšre que « Cette lamentable affaire d’Alost apparaĂźt finalement comme un pitoyable dĂ©rivatif par rapport Ă  la question essentielle du nouvel antisĂ©mitisme »[320].

Pour sa part, le centre interfĂ©dĂ©ral pour l'Ă©galitĂ© des chances (Unia), ne porte pas l'affaire devant la justice mais annonçait une mĂ©diation entre l’administration communale alostoise et la « communautĂ© juive », et le , le politicien Vincent Van Quickenborne compare la rĂ©action des Juifs amĂ©ricains face Ă  la critique du premier ministre israĂ©lien Benyamin Netanyahou par le sĂ©nateur amĂ©ricain Bernie Sanders, Ă  la rĂ©action des Juifs belges aux Ă©vĂ©nements antisĂ©mites du carnaval d'Alost, qu'il qualifie : « lobby juif ». Le 1er octobre, Van Quickenborne devient le Vice-Premier ministre et Ministre fĂ©dĂ©ral de la Justice du gouvernement De Croo, ce qui suscite l'inquiĂ©tude de la LBCA, alors que ce dernier a utilisĂ© l'accusation de lobby contre la minoritĂ© juive qui serait une « terminologie antisĂ©mite Ă©culĂ©e »[321].

Privation des libertés religieuses

  • Interdiction de l'abattage rituel :

En , le CCOJB dĂ©pose un recours en annulation devant la Cour constitutionnelle contre le dĂ©cret wallon d’interdiction de l'abattage sans Ă©tourdissement, souhaitant « faire constater son illĂ©galitĂ© au regard du droit constitutionnel belge et du droit europĂ©en »[322]. Yohan Benizri, prĂ©sident du CCOJB, affirme que le dispositif Ă©lectrique a une efficacitĂ© alĂ©atoire, que l'interdit ne se soucie pas des animaux Ă©bouillantĂ©s vivants ou encore des entorses lĂ©gislatives pour des raisons purement Ă©conomiques (Ă©levage en batterie, etc). Pour le prĂ©sident du CCOJB, cet interdit serait le message d'« un pays qui dit aux Juifs et aux Musulmans qu'ils ne sont plus les bienvenus » et note qu'il Ă©tait : « autrefois justifiĂ© par un antisĂ©mitisme violent ». Le prĂ©sident du Consistoire, Philippe Markiewicz, note une similitude entre l'interdit et celui ordonnĂ© par l'occupant nazi en 1940[323].

L'affaire est perçue par les organisations juives comme « la crise la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale » ainsi que par le Centre communautaire laĂŻc juif, non religieux, qui estime : « MĂȘme si comme Juif laĂŻque on ne se soumet pas aux 613 commandements, on y voit une mesure visant Ă  prĂ©senter injustement les juifs et les musulmans pratiquants comme des barbares »[324].

En 2019, la Shehita, l'abattage juif, est interdit en Flandre ainsi qu'en Wallonie. En rĂ©action, Pinchas Goldschmidt, prĂ©sident de la ConfĂ©rence des rabbins europĂ©ens dĂ©plore : « Une fois de plus, la capitale europĂ©enne projette une tache noire sur des cieux europĂ©ens qui vont s’assombrissant ». Avraham Guigui, le grand rabbin de Belgique affirme qu'il y a une violation des droits religieux des Juifs belges et des droits europĂ©ens, et il se rĂ©jouit que le dossier dĂ©posĂ© Ă  la Cour constitutionnelle est examinĂ© par les instances de l'Union europĂ©enne concernant les droits de l'homme[325]. En , la CJUE juge en faveur de l'interdiction. Pour le CCOJB : « L'Europe ne protĂšge plus ses minoritĂ©s religieuses »[326].

  • Interdiction de la circoncision :

En 2013, le Conseil de l’Europe recommande l'interdiction de la circoncision religieuse. En rĂ©action, le Grand rabbin de Belgique, Albert Guigui dĂ©plore les consĂ©quences de cette Ă©ventuelle interdiction qui serait prĂ©judiciable aux Juifs : « En voulant interdire la circoncision, on veut tout simplement dire aux juifs qu’ils ont deux solutions : soit renoncer Ă  ĂȘtre juif, soit partir !». Le Grand rabbin dĂ©crit le prĂ©judice de cette proposition : « On s’attaque lĂ  Ă  l’identitĂ© juive. On touche ici Ă  quelque chose de fondamental dans la vie du peuple juif alors que les derniers survivants de la Shoah n’ont pas encore fermĂ© les yeux
 Si cette interdiction devient effective, je pense que les juifs seront invitĂ©s Ă  quitter l’Europe ou Ă  disparaĂźtre en tant que juifs.»[327]. Des affaires judiciaires europĂ©ennes sur la question eurent un Ă©cho en Belgique et furent mĂ©diatisĂ©es, toutefois, sans qu'une dĂ©marche juridique ne fut initiĂ©e en ce sens. Ces polĂ©miques suscitĂšrent l'Ă©moi de la communautĂ© juive orthodoxe, qui perçut cette dĂ©marche comme une « politique rĂ©pressive »[328].

  • Interdiction de la kippa :

La question de l'interdiction du port de la kippa dans l'Ă©ducation publique, a fait peu de dĂ©bats dans la communautĂ© orthodoxe anversoise d'aprĂšs le reprĂ©sentant communautaire Pinchas Kornfeld. Ce dernier affirme que le port de la kippa ou de la croix catholique n’a jamais en pratique dĂ©rangĂ© personne, et cette interdiction de signes ostentatoires semblerait surtout de viser le port du voile islamique[329]. Divers reprĂ©sentants politiques et musulmans perçoivent cette interdiction comme discriminatoire[330].

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Notes et références

Notes

  1. Pour JoĂ«l Kotek : Cest donc au Moyen Âge, pas au XIXe siĂšcle, que l'antijudaĂŻsme thĂ©ologique se change en antisĂ©mitisme", et il donne comme explication : L'antijudaĂŻsme dĂ©teste le Juif pour ce qu'il est, un adepte du judaĂŻsme. Avant les croisades, on Ă©tait plutĂŽt lĂ -dedans. On reprochait aux Juifs de ne pas accepter le message de JĂ©sus. L'antisĂ©mitisme rejette par contre le Juif pour ce qu'il n'est pas, Ă  savoir un ennemi du genre humain, qui empoisonne les puits, propage les maladies, qui tue et cannibalise les enfants, etc. , voir dans l'article de JoĂ«l Kotek : Les stĂ©rĂ©otypes antisĂ©mites dans le carnaval remontent au XIIIe siĂšcle du 2 mars 2020

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