Accueil🇫🇷Chercher

Poison

Les poisons sont, en biologie, des substances qui provoquent des blessures, des maladies ou la mort d'organismes par une réaction chimique, à l'échelle moléculaire. Cette définition exclut les agents physiques, même de petite taille (un caillot, une bulle d'air dans le sang, un courant électrique, une radiation, etc.). On différencie la pénétration volontaire de substances toxiques dites poisons (intoxication), de la production interne de toxines (intoxination) mais la distinction entre ces deux termes n'est pas toujours observée, même parmi les scientifiques.

Selon l'observation de Paracelse, considéré comme le fondateur de la toxicologie, « Toutes les choses sont poison, et rien n’est sans poison ; seule la dose fait qu’une chose n’est pas poison », y compris pour les plus nécessaires, comme l'eau, l'oxygène, les vitamines. A contrario, des substances considérées comme poison au-delà de certaines doses, peuvent avoir des propriétés pharmacologiques intéressantes. Par exemple, à faibles doses, l'oxyde d'arsenic peut guérir des lupus. La plupart des médicaments anti-infectieux efficaces, tels les antibiotiques, sont des poisons et leur posologie est calculée afin de détruire l'agent infectieux sans mettre en danger la vie du patient. Les contre-poisons peuvent également être dangereux, mais leur antagonisme annule les effets toxiques de chacune des deux molécules.

On réserve généralement l'appellation de poison à ceux qui agissent à dose très faible (rapport massique inférieur au millième ou au millionième).

L'étude des symptômes, des mécanismes d'action, des traitements et du diagnostic des poisons biologiques est appelée la toxicologie.

La chimie a généralisé la notion de poison en parlant de poison de catalyseur : c'est une substance qui bloque ou inhibe une réaction, le plus souvent en se liant à un catalyseur plus fortement que le réactif normal. Par exemple, les essences contenaient du plomb qui bloquait rapidement le fonctionnement des pots d'échappement catalytiques, ce qui a obligé à reformuler les essences.

La grande unité des processus utilisés par les espèces vivantes fait que beaucoup de poisons ont des effets sur de nombreuses espèces, même si la sensibilité est très variable d'une espèce à une autre.

La plupart des espèces produisent des poisons pour elles-mêmes, et s'organisent en conséquence.

Étymologie

Le mot poison est issu du latin potionem, accusatif de potionis, « action de boire », d'où par métonymie « breuvage, boisson ». Par spécialisation, le mot a désigné un breuvage médicinal et un breuvage empoisonné, un philtre magique[1]. Le sens moderne de boisson suspecte ou empoisonnée se dégage au XIIe siècle[1] mais son étymologie rappelle la maxime de Paracelse « Toutes les choses sont poison, et rien n’est sans poison ; seule la dose fait qu’une chose n’est pas poison »[2], principe de base de la toxicologie mais scientifiquement caduque depuis notamment les recherches sur les perturbateurs endocriniens qui montrent que ces molécules ont des effets plus importants à petites doses qu'à des concentrations plus fortes[3].

Grandes catégories

On distingue trois grandes catégories de poisons :

Le poison peut être gazeux, liquide ou solide. Il peut agir par contact (absorption cutanée), par inhalation, par ingestion ou injection. Il existe des poisons naturels (gaz, minéraux, alcaloïdes, venins, etc.) et des poisons créés par l'homme.

On distingue aussi les toxiques lésionnels (paraquat, colchicine, etc.) des toxiques fonctionnels (antiarythmiques, antidépresseurs, tricycliques, barbituriques, carbamates, chloroquine, digitaline, théophylline, etc.).

Classes

  • Neurotoxiques (Inhibiteurs de la jonction synaptique…) : les neurotoxiques agissent sur l'influx nerveux, empĂŞchent la coordination motrice et bloquent certains muscles essentiels (muscles respiratoires, cĹ“ur). Les plus connus sont le curare, les neurotoxines, et les gaz innervants ; de nombreux insecticides appartiennent Ă  cette classe. Le plus souvent, leur cible est l'interface entre la cellule nerveuse et la cellule suivante (nerveuse ou musculaire).
  • Poisons nĂ©crosants et poisons hĂ©molysants : les cellules vivantes sont des poches pleines Ă  craquer, qui ne tiennent que grâce Ă  une armature, un filet composĂ© de lipides et de protĂ©ines que la cellule entretient en permanence. Certains poisons dĂ©truisent ce filet, soit en catalysant et accĂ©lĂ©rant sa dĂ©composition, soit en prenant la place de certains Ă©lĂ©ments mais sans assurer la soliditĂ© de l'ensemble.
  • Inhibiteur de la synthèse d'adĂ©nosine triphosphate : les cellules vivantes fonctionnent avec l'Ă©nergie de l'ATP, fournie par les mitochondries. Les cyanures bloquent la synthèse d'ATP, ce qui prive en quelques secondes ces cellules de toute Ă©nergie, arrĂŞtant toutes les synthèses et toute activitĂ© motrice, et provoquant rapidement la mort.
  • Inhibiteur de la jonction musculaire : le chlorure de potassium provoque un arrĂŞt du cĹ“ur en empĂŞchant la crĂ©ation du potentiel cellulaire nĂ©cessaire Ă  la contraction des muscles ; ce dernier composĂ© est utilisĂ© dans certains États des États-Unis pour exĂ©cuter les condamnĂ©s Ă  mort.
  • Poison cumulatif : un poison peut Ă©galement agir lentement par accumulation. Par exemple, le mercure, le plomb et les autres mĂ©taux lourds, le benzène et d'autres composĂ©s aromatiques.
  • Poisons mutagènes et poisons allergènes : l'amiante (provoquant des cancers des poumons et de la plèvre), de nombreuses poussières (sciure de bois, poussières de terre et de charbon), les allergènes, ont des effets nocifs dont la survenue n'est pas certaine, mais plus ou moins probable selon la dose et la frĂ©quence d'exposition, et selon la sensibilitĂ© de la personne.

Beaucoup de substances considérées comme des poisons sont en fait des précurseurs de poisons : c'est le corps lui-même qui les transforme en poisons. Par exemple, le méthanol n'est pas toxique, mais est transformé en méthanal dans le foie.

(Voir aussi les types de toxines dans l'article Venin).

Types de dommages

Le contact ou l'absorption d'un poison peut provoquer des dommages :

  • irrĂ©versibles (y compris la mort), ou bien temporaires ;
  • partiels et localisĂ©s, ou bien gĂ©nĂ©ralisĂ©s ;
  • rapidement, ou au contraire lentement ;
  • avec certitude, ou bien avec une certaine probabilitĂ© (croissante avec la dose).

(Voir aussi les types de dommages dans l'article Venin).

RĂ©sistance aux poisons

Les poisons sont tellement présents que la vie serait impossible sans mécanismes antipoisons. Différentes solutions sont adoptées par les êtres vivants :

  • l'excrĂ©tion, c'est-Ă -dire l'Ă©vacuation (urine, sueur, respiration, etc.). Ce mĂ©canisme est très utilisĂ© pour les poisons d'origine interne, prĂ©sents par synthèse et en quantitĂ© importante (urĂ©e, oxygène pour les plantes ou gaz carbonique pour les animaux, etc.) ;
  • la destruction chimique (mais, on l'a vu, le remède peut ĂŞtre pire que le mal, si les produits de la destruction sont plus toxiques). La plupart des organismes disposent d'un organe spĂ©cialisĂ© dans le traitement des molĂ©cules entrantes (comme le foie). Cela permet de rĂ©duire la concentration dans des proportions parfois suffisantes pour tenir le choc ;
  • la concentration dans un organe chimiquement peu mobilisĂ© (cellules de stockage adipeux, coquilles ou os) ;
  • l'auto-mutilation : plutĂ´t que d'avoir un organe performant mais sensible Ă  un certain poison, l'organisme prĂ©fère s'en passer en utilisant un système moins efficace mais plus adaptĂ© au contexte (ce qui ne veut pas dire plus robuste dans l'absolu). C'est le mĂ©canisme de certaines rĂ©sistances des microbes aux antibiotiques.

La mithridatisation consiste à ingérer des doses croissantes d'un produit toxique dans le but d'acquérir une insensibilité ou une résistance vis-à-vis de celui-ci. Le roi de l'Antiquité Mithridate procédait ainsi afin de prévenir les risques liés à un empoisonnement dont il craignait d'être la victime.

Les effets du poison varient aussi avec la résistance de la victime.

PĂ©riode de latence

Certains poisons peuvent avoir un effet foudroyant, agissant en quelques minutes, d'autres en quelques heures, d'autres en quelques jours, ou à plusieurs semaines, enfin certains agissant à long terme (sur six mois à plus d'une année, avec une longue période de latence — par exemple avec l'amiante, en raison des très longs délais de développement du cancer de la plèvre (mésothéliome). Cette dernière période pour l'amiante dépasse nettement les vingt ans, dans la majorité des cas de mésothéliomes.

La période de latence — désignant la période sans symptômes ou le temps moyen au bout duquel le poison fait son effet —, peut être très variable d'un poison à l'autre et peut dépendre d'autres facteurs (résistance au poison…), la plupart des poisons ne faisant pas effet immédiatement, dans la mesure où ils doivent d'abord être assimilés par l'organisme.

Doses létales

Les doses létales peuvent être très variables, variant de quantités supérieures au gramme/kilogramme au microgramme/kilogramme pour la toxine botulique, poison naturel le plus toxique[4].

En toxicologie, la dose létale médiane (DL50), dose par kilogramme de poids frais, représente la dose qui entraîne la mort de la moitié des êtres humains ou des organismes vivants présents dans un échantillon.

DĂ©tection

Les techniques utilisées pour détecter les poisons dépendent de leur nature. Les analyses physico-chimiques peuvent notamment utiliser les méthodes électrochimiques, chromatographiques et spectrométriques, par exemple une chromatographie couplée à une spectrométrie de masse.

Usage

Dans la nature

Sans poisons, la vie telle que nous la connaissons n'existerait pas. Toutes les espèces vivantes usent largement de poisons, et certaines plus que d'autres :

  • Pour se dĂ©fendre contre les micro-organismes, beaucoup d'espèces sĂ©crètent des antibiotiques, du lysozyme. Ces Ă©lĂ©ments font plus ou moins partie du système immunitaire.
  • Pour se prĂ©munir des espèces prĂ©datrices. Il est important de faire la diffĂ©rence entre « vĂ©nĂ©neux » et « venimeux » :
    • Le terme vĂ©nĂ©neux s'applique soit aux plantes toxiques (que ce soit par contact, comme le Sumac, ou par ingestion comme certains champignons), soit Ă  la chair toxique de certains animaux (comme le Fugu).
    • Le terme venimeux s'applique uniquement aux animaux sĂ©crĂ©tant du venin et pouvant donc l'injecter Ă  une proie ou un attaquant par piqĂ»re (abeilles), morsure (serpents venimeux) ou encore par simple contact (dendrobatidĂ©s).
  • Pour dĂ©fendre leur territoire et leurs source d'aliments contre la concurrence (plantes dĂ©sherbantes, mycotoxines).
  • Pour obtenir une capacitĂ© offensive beaucoup plus grande et plus Ă©conomique que la force physique brute, souvent dans le cadre de la chasse (serpents venimeux).

Par l'homme (hors crimes)

Les poisons sont employés par l'homme depuis des temps immémoriaux pour des activités de pêche, de chasse, ou de guerre (ex : curares).

En France, bien avant de parler de « polluants », à la fin du XIXe siècle (pour le phosphore blanc en 1892 par exemple[5]) et au tout début du XXe siècle, sous l'influence des hygiénistes et médecins, on parle de « poisons industriels »[6] - [7] dont on commence à vouloir légalement protéger les travailleurs[8], poisons qui affectent souvent mortellement les travailleurs des usines, des champs et moindrement, mais aussi les habitants dont les maisons sont proches des usines de la carbochimie et de la chimie ou proches des usines utilisant de grandes quantités de produits toxiques[9] qui affectent notamment les poumons des personnes exposées[10].

Après la révolution industrielle, l'homme répand à grande échelle des poisons souvent avec une véritable volonté et une conscience des buts poursuivis (mais parfois, en revanche, une véritable inconscience des conséquences) :

  • Ă©liminer des parasites (poux, moustiques) ;
  • Ă©liminer des concurrents (insectes et champignons ravageurs des cultures, « mauvaises herbes ») ;
  • se soigner, ou se droguer (le terme anglais (en) drug indique bien la proximitĂ© des phĂ©nomènes), ou encore se doper ;
  • sĂ©lectionner des espèces, en associant la rĂ©sistance au poison avec un caractère utile ;
  • tuer, faire la guerre : armes NBC ;
  • etc.

Dans le cadre de crimes

Dans ce cadre, on emploie parfois l'expression bouillon d’onze heures. Les différents crimes peuvent être, sans exhaustivité :

  • assassinats politiques (par exemple, assassinats d'opposants politiques) ;
  • assassinats de concurrents (politiques, Ă©conomiques, etc.) ;
  • assassinats de personnes gĂŞnantes (de tĂ©moins…) ;
  • assassinats par intĂ©rĂŞts (familiaux dans le cadre de transmissions de successions, pour bĂ©nĂ©ficier de l'hĂ©ritage, etc.) ;
  • assassinats haineux, passionnels, etc. ;
  • pour pouvoir se sĂ©parer de son conjoint, avant la loi sur le divorce, adoptĂ©e en France, le 27 juillet 1884 ;
  • dans le cadre de crimes de masses (dans le cadre du gĂ©nocide des Juifs par les Nazis pratiquĂ© au sein des camps d'extermination, Ă  l'aide du Zyklon B qui dĂ©gage du cyanure d'hydrogène…) ;
  • pour tester sur des ĂŞtres humains des nouvelles substances ou de nouveaux poisons. Les cas les plus connus sont :
    • expĂ©rimentations criminelles, en particulier de poisons biologiques, au sein de l'unitĂ© japonaise 731, de 1932 Ă  1945, Ă  Kizu, au Shanxi et en Mandchourie,
    • expĂ©rimentation de poisons sur les dĂ©tenus par la GuĂ©pĂ©ou, dès 1938, Ă  l'instigation de Lavrenti Beria,
    • expĂ©rimentation criminelles de mĂ©decins nazis sur les dĂ©tenus dans certains camps de concentration.
  • etc.

Empoisonnements célèbres

  • Socrate : AccusĂ© de pervertir les jeunes AthĂ©niens par son idĂ©ologie, condamnĂ© Ă  mort par l'arĂ©opage d'Athènes, a bu une dĂ©coction Ă  base de ciguĂ«, assistĂ© de ses servant(e)s (Platon en fait le rĂ©cit dans le PhĂ©don).
  • DĂ©mosthène, homme d’État athĂ©nien, se suicide par empoisonnement.
  • Rome, en , empoisonnements de masse : Sous les consuls C. Valerius Potitus et M. Claudius Marcellus, de nombreux citoyens de Rome meurent les uns après les autres, empoisonnĂ©s par leurs femmes. Une vingtaine de matrones sont prises en train de fabriquer du poison et doivent l'avaler. Cent soixante-dix autres sont condamnĂ©es[11].
  • ClĂ©opâtre VII : Se serait suicidĂ©e soit en se laissant mordre par des aspics, soit en se piquant avec une aiguille enduite de poison.
  • Britannicus.
  • Agnès Sorel.
  • NapolĂ©on Bonaparte : Une thĂ©orie prĂ©valait il y a encore peu selon laquelle il aurait Ă©tĂ© assassinĂ© Ă  l'arsenic, car le FBI avait dĂ©couvert en 1961 dans ses cheveux un taux d'arsenic « compatible avec un empoisonnement » : la lĂ©gende veut que NapolĂ©on ait succombĂ© Ă  un empoisonnement par un proche. La thĂ©orie actuelle dit que l'arsenic provenait plutĂ´t d'un produit de traitement des cheveux, et que NapolĂ©on serait en fait dĂ©cĂ©dĂ© d'un saignement gastrique provoquĂ© par un cancer de l'estomac, assez cohĂ©rent avec ses antĂ©cĂ©dents familiaux et les tĂ©moignages de ses proches.
  • Charles Darwin : Se serait empoisonnĂ© par automĂ©dication d'une solution contenant 1 % d'arsenic, bien que ce ne soit qu'une rumeur (en fait, il aurait souffert, pendant plus de vingt ans, de la maladie de Chagas, une maladie et infection due au parasite Trypanosoma cruzi (trypanosomiase amĂ©ricaine) causĂ©e par des punaises hĂ©mophages du genre Triatoma, Darwin ayant Ă©tĂ© lui-mĂŞme piquĂ©, en , au Chili, par une punaise susceptible de transmettre cette infection).
  • Raspoutine : RĂ©sista Ă  une dose massive de cyanure (en raison de la rĂ©action de ce cyanure avec le sucre des gâteaux qui le contenaient), et qui fut assassinĂ© plus brutalement de plusieurs balles.
  • Alan Turing : Se serait suicidĂ© en peignant une pomme de cyanure qu'il mordit ensuite.
  • Plusieurs personnalitĂ©s liĂ©es au rĂ©gime nazi :
  • GuĂ©orgui Markov (GuĂ©orgui Ivanov Markov) : Dissident bulgare, assassinĂ© Ă  Londres, en , par des agents de la police secrète bulgare, avec un parapluie spĂ©cial (surnommĂ© « parapluie bulgare »), qui lui a projetĂ© dans le mollet une bille constituĂ©e d'un alliage de platine et d'iridium, recouvert de ricine.
  • Munir Said Thalib : Un Ă©minent dĂ©fenseur indonĂ©sien des droits de l’Homme, meurt le après avoir ingurgitĂ© de l’arsenic dans un avion entre Jakarta et Amsterdam.
  • Viktor Iouchtchenko : PrĂ©sident de la RĂ©publique d'Ukraine depuis le , chef de la coalition politique « Notre Ukraine » (Nacha Ukrayina) depuis 2002, dont le visage est restĂ© grĂŞlĂ© par l’acnĂ© chlorique, est empoisonnĂ© en 2004, Ă  la tĂ©trachlorodibenzodioxine (TCDD) ou « dioxine Seveso », lors de la campagne Ă©lectorale qui l’oppose Ă  Viktor Ianoukovytch.
  • Alexandre Litvinenko : Ex-espion russe Ă©migrĂ© en Angleterre, a Ă©tĂ© empoisonnĂ© au polonium 210 en .
  • Affaire de la Josacine empoisonnĂ©e : En 1994, Jean-Marc Deperrois a Ă©tĂ© condamnĂ© par la cour d'assises de Seine-Maritime pour le dĂ©cès d'une enfant de huit ans, Émilie Tanay, empoisonnĂ©e au cyanure. Le sirop antibiotique (Josacine) de la petite s'est avĂ©rĂ© contenir un cyanure ancien et très dĂ©gradĂ©, dont on n'a jamais trouvĂ© la provenance. L'enquĂŞte a Ă©mis l'hypothèse que l'enfant n'Ă©tait pas la cible prĂ©vue du poison, et c'est sur cette supposition rocambolesque que le jugement a Ă©tĂ© rendu. Mais quelques annĂ©es après, un journaliste du Monde a dĂ©montrĂ© qu'il s'agissait vraisemblablement d'un dramatique accident domestique. L'enfant aurait probablement bu du cyanure trouvĂ© dans une cuisine dont le propriĂ©taire aurait ensuite empoisonnĂ© le mĂ©dicament pour s'affranchir de toute responsabilitĂ©[12].
  • Kim Jong-nam : opposant Ă  son demi-frère Kim Jong-un dirigeant de la CorĂ©e du Nord, a Ă©tĂ© empoisonnĂ© Ă  l'agent VX sur l'aĂ©roport de Kuala-Lumpur en 2017.
  • Les affaires Lafarge et Besnard sont, en France, les deux plus cĂ©lèbres affaires d'empoisonnement.

Empoisonneurs célèbres

  • Agrippine la Jeune, fille de Germanicus et mère de NĂ©ron, fait assassiner son second mari Passienus Crispus, immensĂ©ment riche, pour se lier Ă  l’empereur Claude, son oncle. Puis elle aurait fait empoisonner l’empereur Claude, le 13 octobre 54, Ă  l'aide d'une empoisonneuse nommĂ©e Locuste (selon l'auteur romain SuĂ©tone, et son ouvrage Vies des douze CĂ©sars).
  • NĂ©ron, fils d'Agrippine, fait empoisonner son frère Britannicus (selon l'auteur romain SuĂ©tone, et son ouvrage Vies des douze CĂ©sars).
  • Charles II de Navarre, dit Charles le Mauvais (mais la liste de ses victimes est sujette Ă  caution[13]).
  • La famille Borgia :
    • le pape Alexandre VI, Roderic de Borgia (bien que cela soit une rumeur). Lui-mĂŞme serait mort en ayant bu du vin empoisonnĂ© ;
    • CĂ©sar, fils de RodĂ©ric Borgia.
  • Catherine Deshayes, dite La Voisin (voir Affaire des poisons).
  • Marie Lafarge : fut accusĂ©e d'avoir empoisonnĂ© son Ă©poux. CondamnĂ©e en 1840 aux travaux forcĂ©s Ă  perpĂ©tuitĂ©, elle fut libĂ©rĂ©e mais cette affaire demeure une Ă©nigme judiciaire : l'Ă©poux serait en fait probablement mort de la typhoĂŻde.
  • L'Affaire des poisons : affaire cĂ©lèbre Ă  l'Ă©poque d'une sĂ©rie d'empoisonnements Ă  Paris et Ă  la cour royale, impliquant sous Louis XIV, Madame de Montespan, la Marquise de Brinvilliers…
  • HĂ©lène JĂ©gado : condamnĂ©e Ă  mort en 1851 Ă  Rennes pour 3 meurtres et 3 tentatives. SoupçonnĂ©e d'environ 36 empoisonnements Ă  l'arsenic.
  • Marie Besnard : surnommĂ©e « l'empoisonneuse de Loudun ». Elle fut accusĂ©e d'avoir empoisonnĂ© douze personnes Ă  l'arsenic, dans un but purement successoral et financier. Elle fut acquittĂ©e, et certains scientifiques mettent encore aujourd'hui sa culpabilitĂ© en doute. Selon certains :
    • les mĂ©thodes de mesure de taux d'arsenic, de l'Ă©poque, sur les squelettes exhumĂ©s n'Ă©taient pas fiables ;
    • ces squelettes auraient pu ĂŞtre contaminĂ©s par l'arsenic des dĂ©sherbants, employĂ©s dans les cimetières, dans les annĂ©es 1950 ;
    • la plupart des personnes qui ont fait un don Ă  Marie Besnard Ă©taient parvenues Ă  un âge avancĂ© lors de leur dĂ©cès ;
    • les montants de ces dons Ă©taient en gĂ©nĂ©ral très petits.

Empoisonnement dans la littérature

  • Le poison tient une place importante dans plusieurs pièces de William Shakespeare : Hamlet ou RomĂ©o et Juliette par exemple.
  • Phèdre, personnage mythique ayant inspirĂ© les tragĂ©dies d'Euripide, SĂ©nèque, Racine, se suicide par empoisonnement.
  • Balzac dans Sur Catherine de MĂ©dicis : « Il est certain que pendant le seizième siècle, dans les annĂ©es qui le prĂ©cĂ©dèrent et le suivirent, l’empoisonnement Ă©tait arrivĂ© Ă  une perfection inconnue Ă  la chimie moderne et que l’histoire a constatĂ©e. L’Italie, berceau des sciences modernes, fut, Ă  cette Ă©poque, inventrice et maĂ®tresse de ces secrets dont plusieurs se perdirent. […] Ă€ Florence, cet art horrible Ă©tait Ă  un si haut point, qu’une femme partageant une pĂŞche avec un duc, en se servant d’une lame d’or dont un cĂ´tĂ© seulement Ă©tait empoisonnĂ©, mangeait la moitiĂ© saine et donnait la mort avec l’autre. Une paire de gants parfumĂ©s infiltrait par les pores une maladie mortelle. On mettait le poison dans un bouquet de roses naturelles dont la seule senteur une fois respirĂ©e donnait la mort. Don Juan d’Autriche fut, dit-on, empoisonnĂ© par une paire de bottes »[14].
  • Dans la pièce Lucrèce Borgia de Victor Hugo, Ă  la fin du repas (acte III, scène 2) le personnage de Lucrèce annonce Ă  ses invitĂ©s qu'elle les a empoisonnĂ©s[15].
  • Gustave Flaubert dĂ©crit le suicide Ă  l'arsenic du personnage principal dans le roman Madame Bovary.
  • Dans le roman Le Nom de la rose d'Umberto Eco, le personnage de Jorge de Burgos fait usage d'un poison.
  • Dans Le Comte de Monte-Cristo, Valentine de Villefort est empoisonnĂ©e par sa belle-mère qui veut faire main-basse sur l'hĂ©ritage du grand-père (et de la grand-mère) de Valentine, mais celui-ci mithridatisait Valentine depuis quelques annĂ©es et elle survit.
  • Les empoisonnements foisonnent dans les romans policiers : Le Miroir se brisa, La Mort dans les nuages, Drame en trois actes, Le Signe des quatre, les Dix petits nègres, etc.
  • Dans La Geste des Princes-DĂ©mons, cycle de science-fiction en 5 tomes Ă©crit par l'Ă©crivain amĂ©ricain Jack Vance, les Sarkoys originaires de la planète Sarkovy sont des maĂ®tres empoisonneurs qui exercent leurs talents contre rĂ©tribution. Leur poison prĂ©fĂ©rĂ© est le kluthe, qui tue par simple contact, rapidement ou très lentement en fonction du dosage choisi. Une scène d'empoisonnement au kluthe est relatĂ©e dans le premier Ă©pisode de la sĂ©rie, Le Prince des Ă©toiles.
  • La recette des Borgia rapportĂ©e par Voltaire : « La bave d'un cochon rendu enragĂ© en le suspendant par les pieds, la tĂŞte en bas, et en le battant longtemps jusqu'Ă  la mort. […] Il semble que le poison des Borgia ait Ă©tĂ© un mĂ©lange d'acide arsĂ©nieux et d'alcaloĂŻdes putrides. Il se prĂ©parait ainsi : on sacrifiait un porc, on saupoudrait d'acide arsĂ©nieux les organes abdominaux, et on attendait que la dĂ©composition - retardĂ©e d'ailleurs par l'arsenic - fĂ»t complète. Puis, suivant qu'on comptait l'utiliser sous forme de poudre ou de gouttes, on n'avait plus qu'Ă  faire sĂ©cher la masse putrĂ©fiĂ©e ou Ă  en recueillir les liquides. »
  • « Rien n'est poison, tout est poison : seule la dose fait le poison. » Plus populairement : « L'excès nuit en tout. »[16] (Theophrastus Bombastus von Hohenheim, dit Paracelse).
  • Comte Cain (sĂ©rie populaire de Mangas) : le personnage principal, le comte Cain C. Hargreaves, surnommĂ© le comte des Poisons, rĂ©sout des enquĂŞtes et des crimes mystiques (tels que des supposĂ©s revenants, des personnes supposĂ©ment assassinĂ©es par des malĂ©dictions et des fantĂ´mes, etc.) dans les annĂ©es entourant l'Ă©poque de Jack l'Éventreur, grâce Ă  ses poisons et Ă  ses connaissances sur ceux-ci.
  • « Entre une empoisonneuse et une mauvaise cuisinière il n'y a qu'une diffĂ©rence d'intention. » Desproges.
  • Dans le roman Dune de Frank Herbert plusieurs poisons imaginaires sont utilisĂ©s. Il est d'ailleurs courant dans les familles nobles d'utiliser un dĂ©tecteur de poison dans ce qu'ils vont manger. Le Dr Yueh trahit son suzerain, le duc Leto AtrĂ©ides, au profit du baron Harkonnen. Il lui met un gaz toxique dans une fausse dent: le duc doit s'en servir pour tuer le baron. Le baron a un pressentiment qui lui sauve la vie. Le gaz toxique ne tue tue donc un conseiller du baron, Piter de Vries (et le duc aussi bien sĂ»r). Par ailleurs Feyd-Rautha se bat souvent dans l'arène contre un adversaire (non volontaire) et dĂ©clare ouvertement utiliser des poisons ; il va jusqu'Ă  parfois dĂ©crire les effets au public une fois son adversaire Ă  l'agonie. Il essaye aussi de tuer son oncle, le baron Harkonnen, en mettant une Ă©pine empoisonnĂ©e sur un jeune garçon (le baron est pĂ©dophile). Mais le baron est prĂ©venu par Thufir Hawat. Ce dernier est Ă©galement empoisonnĂ© Ă  son insu par un « poison rĂ©siduel » (Ĺ“uvre de Piter de Vries), une substance qui ne tue que si l'on cesse de donner rĂ©gulièrement l'antidote.

Empoisonnement dans les films et séries

Notes et références

  1. Alain Rey, Le Dictionnaire Historique de la langue française, Le Robert, , p. 2819.
  2. (de) Paracelsus, Septem Defensiones 1538 : Die dritte Defension wegen des Schreibens der neuen Rezepte (lire en ligne).
  3. Francelyne Marano, Robert Barouki et Denis Zmirou, Toxique ? Santé et environnement, Buchet/Chastel, , p. 47.
  4. « Quels sont les poisons naturels les plus mortels au monde ? », sur www.maxisciences.com, .
  5. Charles De Sinner, Les grands poisons industriels : Le phosphore blanc des allumettes, vol. 1, Ch. de Sinner Éditeur, Impr. Corbaz, 1892
  6. Office du travail, ministère du Commerce, de l'Industrie, des Postes et télégraphes, Poisons industriels, Éd. Office du travail, ministère du Commerce, de l'Industrie, des Postes et télégraphes, Imprimerie nationale, 1901, 449 p.
  7. Direction du travail, Poisons industriels, Direction du travail (France) ; Imprimerie nationale, 1901, 449 p.
  8. Theodor Sommerfeld, R. Fischer, Liste des poisons industriels et des autres substances dangereuses pour la santé, que l'on rencontre dans l'industrie, d'après les résolutions de l'Association internationale pour la protection légale des travailleurs, 1913
  9. Georges Alfassa F. Alcan, Les poisons industriels : rapport présenté à l'Association internationale pour la protection légale des travailleurs, 1906, 34 p.
  10. Notice sur les poisons industriels et les « pneumoconioses » (lésions du poumon par les poussières industrielles), Impr. provinciale, 1925, 32 p.
  11. Tite-Live, Livre VIII, 18
  12. « Comité de soutien à JM Deperrois », sur sites.google.com (consulté le )
  13. Bruno Ramirez de Palacios, Charles dit le Mauvais, roi de Navarre, comte d'Evreux, prétendant au trône de France, 2015, p. 481-483.
  14. La Confidence des Ruggieri.
  15. Lucrèce Borgia, Gallica
  16. Forme originelle : « Alle Dinge sind ein Gift und nichts ist ohne Gift. Allein die Dosis macht, daß ein Ding kein Gift ist », c'est-à-dire littéralement : « Toute chose est un toxique et rien n'existe sans toxicité, seul le dosage fait qu'une chose n'est pas un poison. »

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean de Maleissye, Histoire du poison, Paris, François Bourin, 1991, 415 p. (ISBN 978-2876860827).
  • Roland Villeneuve, Poisons et empoisonneurs cĂ©lèbres, Paris, La Table ronde, 1968, 320 p.
  • Éric Birlouez, Histoire des poisons, des empoisonnements et des empoisonneurs, Rennes, Ouest-France, 2016, 128 p. (ISBN 978-2737368622).
  • Kirill Privalov, Poison : l'arme secrète de l'Histoire de l'AntiquitĂ© Ă  aujourd'hui, Paris, Macha Publishing, 2020, 385 p. (ISBN 978-2-37437-057-6).

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.