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Toxine botulique

La toxine botulique (ou botulinique) est une toxine sécrétée par Clostridium botulinum, la bactérie responsable du botulisme (toxi-infection alimentaire généralement contractée lors de la consommation de conserves avariées et responsable de paralysies musculaires). Il s'agit d'une protéine dont les propriétés neurotoxiques en font le plus puissant poison connu avec une DL50 estimée chez l'humain de l'ordre de 1 à ng/kg. La toxine est thermolabile mais résistante aux acides et aux sucs digestifs.

Botox

Toxine botulique
Image illustrative de l’article Toxine botulique
Identification
No CAS 93384-43-1
No ECHA 100.088.372
Code ATC M03AX01
DrugBank BTD00092
PubChem 5485225
Propriétés chimiques
Formule C6760H10447N1743O2010S32
Masse molaire[1] 149 320,833 ± 7,251 g/mol
C 54,37 %, H 7,05 %, N 16,35 %, O 21,54 %, S 0,69 %,
Propriétés physiques
SolubilitĂ© g l−1
Masse volumique g cm−3

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Ses propriétés en font une arme biologique (toxine en aérosols), et à trÚs faible dose un produit thérapeutique ou cosmétique.

Différents types de toxines botuliques

Sont distingués huit types de Clostridium botulinum qui diffÚrent par les propriétés antigéniques des toxines qu'elles produisent (A, B, C1, C2, D, E, F et G). Ces huit toxinotypes sont associés à des protéines non toxiques (ANTPs)[2]. Le botulisme humain est associé aux types A, B et E et exceptionnellement aux types C et F alors que les types C et D sont essentiellement responsables du botulisme animal. Le botulisme de type A est le plus grave et est souvent mortel car la toxine correspondante est la plus active de toutes les toxines. Le type G a été retrouvé uniquement dans le sol[3]. Le type H découvert récemment est le plus meurtrier de tous et sa séquence est gardée secrÚte le temps de trouver un possible remÚde, le risque d'un détournement de la toxine étant trop élevé[4].

D'aprÚs leurs caractÚres phénotypiques, les souches de Clostridium botulinum sont distinguées en quatre groupes :

  • les souches du groupe I sont protĂ©olytiques et elles peuvent produire une toxine de type A, B ou F ou un mĂ©lange de toxines (A+B, A+F ou B+F) ;
  • les souches du groupe II sont non protĂ©olytiques et elles peuvent produire une toxine de type B, E ou F ;
  • les souches du groupe III sont non protĂ©olytiques et elles peuvent produire une toxine de type C ou D ;
  • les souches du groupe IV sont protĂ©olytiques, elles peuvent produire une toxine de type G.

Activité pharmacologique

toxine botulique
Informations générales
Princeps
  • BOTOX poudre pour solution injectable intramusculaire (IM) (Belgique, France, Suisse) (Allergan, Inc.),
  • Dysport (Belgique, France, Suisse), Reloxine (USA)
  • Neurobloc 5000 (France),
  • Vistabel (France, Suisse)
Identification
No ECHA 100.088.372
Code ATC M03AX01

La toxine botulique inhibe la libération de l'acétylcholine au niveau de la plaque motrice et au niveau du systÚme parasympathique. Elle agit par paralysie des nerfs moteurs et provoque une paralysie flasque.

En temps normal, une cellule musculaire est stimulée lorsqu'elle reçoit un signal. Ce signal est transmis sous la forme d'un potentiel d'action qui migre le long d'un neurone : on parle d'influx nerveux. Au niveau de la synapse nerveuse, des vésicules d'acétylcholine fusionnent avec la membrane du neurone pour relùcher des molécules d'acétylcholine dans le milieu. Les cellules musculaires entrent en contraction tant que ces récepteurs membranaires reçoivent des molécules d'acétylcholine.

La toxine botulique agit au niveau de la fusion des vésicules d'acétylcholine avec la membrane de la cellule nerveuse en agissant sur le complexe SNARE. Le complexe SNARE permet la fusion entre la vésicule et la membrane pré-synaptique. Ainsi les récepteurs à acétylcholine des cellules musculaires restent vides et les muscles n'entrent pas en contraction. Ceci explique le phénomÚne de paralysie flasque observé chez les patients atteints de botulisme[3].

La toxine botulique est l'un des poisons les plus violents connus Ă  ce jour. La DL50 a Ă©tĂ© Ă©valuĂ©e Ă  ng kg−1[5] : estimĂ©e chez l'humain entre 1,3 et 2,1 ng/kg par voie intraveineuse ou intramusculaire et entre 10 et 13 ng/kg par inhalation[6] (soit plus de 500 000 fois infĂ©rieure Ă  celle du cyanure et plus de 2 000 fois infĂ©rieure Ă  celle du gaz VX). La toxine est thermolabile mais rĂ©sistante aux acides et aux sucs digestifs.

mg de toxine pure suffirait Ă  causer la mort de 30 Ă  40 millions de souris, soit une masse d'environ 1 500 Ă  2 000 tonnes.

Structure de la toxine botulique

Structure générale

La toxine est un polypeptide Ă  deux chaĂźnes, une lourde (H : Heavy) et une lĂ©gĂšre (L : Light). La chaĂźne lourde de 100 kDa est liĂ©e Ă  une chaĂźne lĂ©gĂšre 50 kDa par un pont disulfure. La chaĂźne lourde lie la molĂ©cule de toxine sur le rĂ©cepteur neuronal et permet alors la translocation de la chaĂźne lĂ©gĂšre, qui porte l'activitĂ© enzymatique de la molĂ©cule de toxine. Cette chaĂźne lĂ©gĂšre est une protĂ©ase, enzyme qui attaque le complexe SNARE aux jonctions neuromusculaires, empĂȘchant des vĂ©sicules de fusionner Ă  la membrane pour libĂ©rer l’acĂ©tylcholine[7].

La toxine est synthĂ©tisĂ©e sous forme d’un monomĂšre d'un poids molĂ©culaire de 150,000 Daltons, elle est inactive sous cette forme. Ce monomĂšre est composĂ© de trois domaines. Un domaine avec une activitĂ© protĂ©ase (endopeptidase Ă  zinc), un domaine de translocation et un domaine de liaison. Le domaine de translocation est responsable de la translocation de la chaĂźne lĂ©gĂšre qui possĂšde l’activitĂ© protĂ©ase dans le cytoplasme de la synapse du neurone cible. Le domaine de liaison est composĂ© de deux sous-domaines de taille Ă©quivalente. Le sous-domaine HC-N a une structure similaire aux protĂ©ines qui lient les sucres. Le sous-domaine HC-C est repliĂ© de façon similaire aux protĂ©ines connues pour ĂȘtre impliquĂ©es dans des fonctions de liaison protĂ©ine/protĂ©ine. Ce motif contient plus prĂ©cisĂ©ment une structure en ÎČ-trefoil qui est prĂ©sente dans plusieurs protĂ©ines impliquĂ©es dans la reconnaissance et la liaison de protĂ©ines comme IL-1, des facteurs de croissance ou d’inhibiteur de trypsine
 Une telle structure va permettre la liaison avec la membrane prĂ©-synaptique par l’intermĂ©diaire d’une double interaction entre deux molĂ©cules diffĂ©rentes[8].

La chaßne inactive de 150 kD de la neurotoxine est activée par une protéolyse spécifique de la boucle exposée qui contient le pont disulfure reliant la chaßne légÚre et la chaßne lourde. Plusieurs protéinases endogÚnes (de la bactérie) ou exogÚnes (des tissus) peuvent aussi bien activer cette toxine. La chaßne lourde et la chaßne légÚre restent associées par des liaisons non covalentes de type protéine/protéine et par le pont disulfure au niveau de la boucle de clivage. Mais pour que le site actif situé sur la chaßne légÚre soit opérationnel, il faudra rompre le pont disulfure. Cela est réalisé au moment de la translocation[8].

La suite de l'article s'intéresse plus particuliÚrement à la toxine botulique B (BoNT/B).

Liaison de la toxine botulique sur la synapse neuronale

Des Ă©tudes ont dĂ©montrĂ© la fixation de la BoNT/B sur la synaptotagmine. Notamment des Ă©tudes de cristallographie montrant la liaison de la BoNT/B sur la partie extracellulaire de la synaptotagmine par l’intermĂ©diaire d’un ganglioside. C’est la chaine lourde qui possĂšde le domaine de liaison Ă  la synaptotagmine[9] - [10].

Internalisation de la toxine dans la synapse

Des Ă©tudes d’immunofluorescence ont montrĂ© que la toxine et la synaptotagmine sont co-internalisĂ©es par endocytose lorsque cette premiĂšre est recyclĂ©e par la cellule[11].

Translocation de la chaßne légÚre de la toxine dans le cytosol de la synapse

La BoNT/B va donc se retrouver dans une vĂ©sicule de la cellule. Ces vĂ©sicules vont former un endosome qui va s’acidifier grĂące Ă  des pompes Ă  protons. Cette acidification va provoquer un changement de conformation du domaine de translocation (N-Terminal) de la chaĂźne lourde de la toxine, ce qui facilite la libĂ©ration de la chaĂźne lĂ©gĂšre dans le cytoplasme. Plus prĂ©cisĂ©ment, la baisse du pH permet aux chaĂźnes lourdes de former un tĂ©tramĂšre qui s’insĂšre dans la membrane de la vĂ©sicule pour former des pores. Ce sont sept hĂ©lices du domaine de translocation qui permettent la formation de ces pores qui permettront Ă  la chaĂźne lĂ©gĂšre de traverser la bicouche lipidique. En effet, l’acidification de la vĂ©sicule provoque Ă©galement la dĂ©naturation de la chaĂźne lĂ©gĂšre qui passe d'une forme hydrophile globulaire Ă  une forme globulaire fondue dont les segments hydrophobes sont exposĂ©s en surface ce qui permet son insertion. La chaĂźne lĂ©gĂšre se dĂ©tache de la chaĂźne lourde par rĂ©duction du pont disulfure. Ce fondue globulaire a un diamĂštre infĂ©rieur au diamĂštre du pore formĂ© par la chaĂźne lourde (15 Ă…). AprĂšs exposition au pH neutre du cytosol, la chaĂźne lĂ©gĂšre se renature dans le cytosol et retrouve son activitĂ© endopeptidase. Ces observations sur la translocation de la BoNT/A peuvent ĂȘtre appliquĂ©es aux autres sĂ©rotypes de la toxine botulique[12] - [13] - [14] - [15] - [7].

Action de la toxine botulique sur le complexe SNARE

Protéines cibles des toxines botulique (BoNT) et de la toxine tétanique au niveau du complexe SNARE.

La toxine botulique, une fois entrée dans le cytoplasme de la synapse, va se fixer à sa cible : le complexe SNARE. Les différentes toxines (A à H) agissent sur des protéines différentes ou sur des parties différentes des protéines du complexe SNARE.

Activité endopeptidase à zinc de la toxine botulique

La toxine botulique est une endopeptidase Ă  zinc. Une comparaison de sĂ©quence a montrĂ© une sĂ©quence hautement conservĂ©e de 20 acides aminĂ©s localisĂ©s dans le milieu de la chaĂźne lĂ©gĂšre. Cette sĂ©quence contient le motif d’une endopeptidase Ă  zinc : His–Glu–Xaa–Xaa–His. Ce motif lie un atome de zinc. Des mesures physicochimiques ont montrĂ© que ces neurotoxines contiennent une seule molĂ©cule de zinc par toxine (sauf le BoNT/C qui en contient deux) qui lie la chaĂźne lĂ©gĂšre. Des modifications chimiques et des expĂ©riences de mutagĂ©nĂšse dirigĂ©e avec ces neurotoxines ont montrĂ© que deux rĂ©sidus d’histidine et un rĂ©sidu de glutamate sont des ligands de l’atome de zinc. Ce zinc est coordonnĂ© par l’His 229, l’His 233 et le Glu 267 chez BoNT/B. Un quatriĂšme ligand : une molĂ©cule d’eau permet l’hydrolyse de la liaison peptidique du substrat. Des molĂ©cules de calcium ont Ă©galement un rĂŽle dans l’activitĂ© de ces toxines.

Plus prĂ©cisĂ©ment, le domaine catalytique est un globule compact composĂ© d’un mĂ©lange d’hĂ©lices α et de feuillets ÎČ. L’atome de zinc est situĂ© Ă  l’intĂ©rieur d’une grande cavitĂ© ouverte qui possĂšde un potentiel Ă©lectrostatique nĂ©gatif Ă©levĂ©. Ce site catalytique est protĂ©gĂ© par deux rĂ©gions ceintures de part et d’autre de la cavitĂ©. Ce site catalytique est Ă©galement protĂ©gĂ© par le domaine de translocation lorsque celui-ci est reliĂ© Ă  la chaĂźne lĂ©gĂšre[8] - [16] - [7].

Cette activité endoprotéique dénature la protéine SNAP-25 (de la famille des SNARE) à laquelle la toxine botulique s'est liée. Ainsi modifiée, la protéine SNAP-25 bloque la fusion de la vésicule synaptique contenant l'acétylcholine avec la membrane plasmique du bouton terminal de l'axone : le neurotransmetteur n'étant plus libéré dans la fente synaptique, l'activité synaptique diminue au point de devenir nulle, provoquant ainsi les symptÎmes d'atonie musculaire propres au botulisme.

Utilisations thérapeutiques

La toxine à visée thérapeutique ou cosmétique, est utilisée à doses trop faibles pour causer des troubles. Il existe toutefois un botulisme iatrogénique, à la suite d'accident (erreur de dosage) ou de surdosage de produits non homologués[17].

Strabisme, nystagmus, blépharospasme, torticolis

Depuis la fin des années 1970 la toxine botulique est parfois utilisée en cas de strabisme, de nystagmus, de blépharospasme, voire de torticolis récalcitrant[18].

Dystonie

La toxine botulique est Ă©galement utilisĂ©e dans le traitement d'une maladie rare ou orpheline appelĂ©e dystonie. Cette maladie d'origine neurologique frappe certains points du corps comme le cou – on parle alors de torticolis spasmodique –, les paupiĂšres (blĂ©pharospasme), dysphonie spasmodique
 Cette maladie est mĂ©connue de la plupart des mĂ©decins. En cas de doute, il faut consulter un neurologue.

Elle a une action sur les troubles de la motricité notamment sur la spasticité. Depuis quelques années, elle est utilisée sous forme d'injection dans le point moteur du muscle entraßnant une paralysie du muscle permettant de réduire les contractions excessives liés à la spasticité.

Transpiration et bavage

On utilise aujourd'hui également la toxine botulique pour traiter les problÚmes de transpiration excessive (hyperhidrose)[18] - [19] et de bavage (hypersialorrhée)[20] grùce à l'action de la toxine sur les récepteurs du réseau parasympathique.

Syndrome des loges

Les injections de toxines botuliques A peuvent Ă©galement ĂȘtre utilisĂ©es en mĂ©decine du sport afin de traiter les syndromes des loges[21]. Les toxines entraĂźnent en effet Ă  faible concentration une faiblesse musculaire, suivie par la suite d'une fonte musculaire permettant de recrĂ©er un espace au sein de la loge pathologique. Ces injections ont donc l'intĂ©rĂȘt d'Ă©viter ou de repousser des aponĂ©vrotomies douloureuses pour les personnes atteintes de cette pathologie.

Migraine

Certaines Ă©tudes suggĂšrent que des injections de toxine botulique dans certains muscles de la tĂȘte et du cou sont efficaces pour traiter les douleurs de la migraine mais ces rĂ©sultats ont Ă©tĂ© infirmĂ©s[22] en prouvant par un essai clinique en double aveugle que c’est l’effet placebo qui explique certains rĂ©sultats positifs. Selon Maja Relja, les patients « considĂšrent inconsciemment qu’une injection a forcĂ©ment plus d’effets analgĂ©siques qu’un comprimĂ©[22]. »

Bruxisme

Chez les bruxomanes, son utilisation[23] permet le déconditionnement de la praxie et par la baisse de force musculaire induite par le traitement des douleurs associées : céphalée de tension (pas migraine), douleur de l'articulation temporo-mandibulaire, et ses complications, fractures des couronnes, atteinte parodontale


Syndrome CHARGE

La toxine botulique a été utilisée avec succÚs[24] sur des nouveau-nés pour traiter un excÚs de production de salive induit par une maladie génétique rare, le syndrome CHARGE.

Affections gastro-entérologiques

La toxine botulique peut ĂȘtre utilisĂ©e pour remĂ©dier Ă  une dysphagie, une achalasie, une stĂ©nose hypertrophique du pylore, une stĂ©nose du sphincter d'Oddi, la maladie de Hirschsprung, une fissure anale, des hĂ©morroĂŻdes, en proctologie[18].

Affections urologiques

La toxine botulique peut ĂȘtre utilisĂ©e en cas de vessie hyperactive, de dysynergie vĂ©sico-sphinctĂ©rienne[18].

Utilisations cosmétiques

La toxine botulique est utilisée en injections locales à faible dose pour provoquer des paralysies musculaires ciblées (muscles peauciers du front par exemple) afin d'atténuer temporairement les rides (pendant cinq à six mois). En géneral, on traite les rides dites du Lion (muscle corrugator et pyramidal), le muscle frontal, les fibres externes du muscle orbiculaire (rides dites de la patte d'oie).

L'application esthĂ©tique de la toxine botulique a Ă©tĂ© dĂ©couverte par hasard Ă  la fin des annĂ©es 1980[18]. Le Dr Jean Carruthers, ophtalmologiste, traitant une patiente pour blĂ©pharospasme, constate une attĂ©nuation des rides de la glabelle. Elle poursuit des recherches avec son Ă©poux qui est dermatologue, le Dr Alastair Carruthers. Leur premiĂšre prĂ©sentation Ă  un congrĂšs scientifique de l'usage du produit Ă  des fins esthĂ©tiques est fort mal reçue. L'utilisation esthĂ©tique de la toxine botulique est par la suite devenue un vĂ©ritable phĂ©nomĂšne de sociĂ©tĂ© aux États-Unis, et a fait la fortune du laboratoire Allergan, qui commercialise le "Botox". D'autres appellations commerciales sont Ă©galement utilisĂ©es, comme le Dysport (Laboratoire Ipsen), le Vistabel, le Bocouture ou le Xeomin.

Les injections de toxine botulique sont souvent associées aux injections d'acide hyaluronique. Les premiÚres ont un effet tenseur de la peau (elles détendent le muscle) alors que les secondes ont pour effet de combler les rides. Il est souvent utile d'utiliser les deux techniques pour traiter l'ensemble d'un visage.

Les injections agissent uniquement sur les rides dynamiques, ou rides d'origine musculaire, et ont un effet de mise au repos des muscles ciblés[25].

Arme biologique

Données historiques

Dans les années 1930, l'Unité 731 (unité japonaise de guerre biologique) cultive le Clostridium botulinum pour en étudier l'effet sur des prisonniers durant l'occupation de la Mandchourie[6].

Durant la Seconde Guerre mondiale, selon une hypothĂšse Ă©voquĂ©e par certains historiens[26], Reinhard Heydrich, un dignitaire nazi qui fut l'adjoint direct de Heinrich Himmler, pourrait avoir Ă©tĂ© victime d'une arme biologique antipersonnel fondĂ©e sur l'utilisation de la toxine botulique. L'ObergruppenfĂŒhrer, atteint par des fragments d'une grenade lancĂ©e contre lui par des rĂ©sistants tchĂšques (opĂ©ration Anthropoid), est mort alors que le pronostic vital n'Ă©tait pas engagĂ©, peut-ĂȘtre du botulisme[27], provoquĂ© par la toxine botulique mĂȘlĂ©e Ă  la couche de colle enduisant la grenade.

Durant le mĂȘme conflit, les États-Unis produisent eux-mĂȘmes de la toxine botulique, des milliers de bombes Ă  anthrax et Ă  toxine botulique seront produites (dĂ©nommĂ©es respectivement « agent N » et « agent X »). Le but est d’anĂ©antir l’Allemagne en larguant des centaines de milliers de ces bombes[28] sur 6 villes sĂ©lectionnĂ©es, Aix-la-Chapelle, Wilhelmshaven, Stuttgart, Francfort, Hambourg et Berlin. Ce projet gĂ©nocide sera annulĂ© aprĂšs le succĂšs du dĂ©barquement en Normandie. Plus d'un million de doses d'antitoxines ont Ă©tĂ© mises Ă  disposition des troupes.

En 1969-1970, le président Richard Nixon met fin au programme américain des armes offensives biologiques.

En 1972, une convention internationale interdit la recherche, la production et la détention d'armes biologiques offensives, la Biological and Toxin Weapons Convention, mais des pays signataires ne respectent pas leur engagement, comme l'Irak ou l'Union soviétique. La toxine botulique est ainsi testée sur le site soviétique dit Aralsk-7 sur l'ßle de Vozrojdénia dans la mer d'Aral.

En 1991, aprĂšs la guerre du Golfe, un rapport du DĂ©partement de la DĂ©fense amĂ©ricaine soutient que l'Irak aurait reconnu devant les experts de l'ONU, avoir produit 19 000 litres de toxine botulique concentrĂ©e, dont prĂšs de 10 000 Ă©taient militarisĂ©s (armes chargĂ©es)[6] - [29]. En 1990, l'Irak aurait dĂ©ployĂ© 13 missiles de 600 km de portĂ©e et 100 bombes de 180 kg, chargĂ©s de toxine botulique[6].

Entre 1990 et 1995, plusieurs tentatives d'attaques par aérosol de toxine botulique ont eu lieu au Japon, menées par la secte Aum ShinrikyÎ. Les auteurs auraient obtenu leur C. botulinum à partir de sols prélevés dans le nord du Japon, mais ils auraient échoué à obtenir un aérosol efficace.

En 2001, le gouvernement américain liste quatre pays comme développant, ou soupçonnés de développer, la toxine botulique comme arme biologique : Iran, Irak, Corée du Nord et Syrie[6].

Données récentes

Des experts mettent en doute l'efficacitĂ© militaire d'Ă©ventuels aĂ©rosols de toxine botulique, Ă  cause des contraintes liĂ©es Ă  la concentration et Ă  la stabilisation de la toxine (contradictoire avec la dissĂ©mination). D'autres estiment qu'un aĂ©rosol Ă  partir d'un point source, pourrait contaminer 10 % des personnes dans un rayon de 0,5 km sous le vent[6]. D'autres moyens sont envisagĂ©s, afin d'y faire face, comme la contamination dĂ©libĂ©rĂ©e d'aliments ou d'un rĂ©seau d'eau potable.

En situation naturelle, on ne connaßt aucun cas de botulisme humain lié à l'eau. En principe, la chloration de l'eau inactive la toxine. Cependant en cas d'alerte, des kits de détection pour eau d'alimentation sont prévus. La toxine est détruite par ébullition pendant dix minutes[30].

Selon le plan Biotox, les donnĂ©es inhabituelles, pouvant Ă©voquer une malveillance ou un acte bioterroriste, lors de cas de botulisme, ont Ă©tĂ© dĂ©finies : trĂšs nombreux cas localisĂ©s dans le temps et l'espace (aĂ©roport, lieu de travail, lieu d'habitation, mĂȘme rĂ©seau d'eau...), foyers simultanĂ©s sans source commune, une toxine de type inhabituel pour la rĂ©gion ou les circonstances[31].

Notes et références

  1. Masse molaire calculĂ©e d’aprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. (en) Stéphanie Raffestina, Jean Christophe Marvauda, Rosario Cerratoa, Bruno Dupuyb, Michel R. Popoff. « Organization and regulation of the neurotoxin genes in Clostridium botulinum and Clostridium tetani » Anaerobe 2004;(10):93-100.
  3. (en) Miia Lindström and Hannu Korkeala. « Laboratory Diagnostics of Botulism » Clinical microbiology reviews 2006;(19):298-314.
  4. (en) « New botox super-toxin has its details censored »
  5. (en) Biological Safety: principles and practices - Diane O. Fleming, Debra Long Hunt. ASM Press, 2000, p. 267.
  6. Stephen S. Arnon, Schechter R. et Inglesby T.V., « Botulinum Toxin as a Biological Weapon: Medical and Public Health Management », Journal of the American Medical Association, vol. 285, no 8,‎ , p. 1059–1070 (PMID 11209178, DOI 10.1001/jama.285.8.1059, lire en ligne [PDF, 0.5 MB])
  7. (en) Subramanyam Swaminathan and Subramaniam Eswaramoorthy. « Structural analysis of the catalytic and binding sites of Clostridium botulinum neurotoxin B » Nature structural biology 2000;(7):693-9.
  8. (en) Giampietro Schiavo, Michela Matteoli et Cesare Montecucco. « Neurotoxins affecting neuroexocytosis » Physiological reviews 2000;(80):718-66.
  9. (en) Qing Chai, Joseph W. Arndt, Min Dong, William H. Tepp, Eric A. Johnson, Edwin R. Chapman & Raymond C. Stevens. « Structural basis of cell surface receptor recognition by botulinum neurotoxin B » Nature 2006;(444):1096-100.
  10. (en) Rongsheng Jin, Andreas Rummel, Thomas Binz et Axel T. Brunger. « Botulinum neurotoxin B recognizes its protein receptor with high affinity and specificity » Nature 2006;(444):1092-5.
  11. (en) Min Dong, David A. Richards, Michael C. Goodnough, William H. Tepp, Eric A. Johnson et Edwin R. Chapman. « Synaptotagmins I and II mediate entry of botulinum neurotoxin B into cells » The Journal of Cell Biology 2003;(162):1293–303.
  12. (en) David H. Hoch, Miryam Romero-Mira, Barbara E. Ehrlich, Alan Finkelstein, Bibhuti R. Dasgupta et Lance L. Simpson. « Channels formed by botulinum, tetanus, and diphtheria toxins in planar lipid bilayers: Relevance to translocation of proteins across membranes » Proc. Nati. Acad. Sci 1985;(82):1692-6.
  13. (en) Lilia K. Koriazova et Mauricio Montal. « Translocation of botulinum neurotoxin light chain protease through the heavy chain channel » Nature structural biology 2003;(10):13-8.
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  15. (en) Shuowei Cai, Roshan Kukreja, Sue Shoesmith, Tzuu-Wang Chang et Bal Ram Singh. « Botulinum neurotoxin light chain refolds at endosomal pH for its translocation » The Protein Journal 2006;(25):455-62.
  16. (en) Subramaniam Eswaramoorthy, Desigan Kumaran, James Keller et Subramanyam Swaminathan. « Role of metals in the biological activity of Clostridium botulinum Neurotoxins » Biochemistry 2004;(43):2209-16.
  17. Botulism, « J. Sobel », Clinical Infectious Diseases,‎ , p. 1168-1169
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  19. (en) Lakraj AA, Moghimi N, Jabbari B, « Hyperhidrosis: anatomy, pathophysiology and treatment with emphasis on the role of botulinum toxins », Toxins (Basel), vol. 5, no 4,‎ , p. 821-40. (PMID 23612753, PMCID PMC3705293, DOI 10.3390/toxins5040821, lire en ligne [html])
  20. (en) Lakraj AA, Moghimi N, Jabbari B, « Sialorrhea: anatomy, pathophysiology and treatment with emphasis on the role of botulinum toxins », Toxins (Basel), vol. 5, no 5,‎ , p. 1010-31. (PMID 23698357, PMCID PMC3709276, DOI 10.3390/toxins5051010, lire en ligne [html])
  21. Léna Claudel (dir.), Syndrome des loges chroniques : une revue systématique de la littérature des prises en charges non chirurgicales (HAL dumas-03652267, lire en ligne), p.42-50
  22. (en) Relja M, Poole AC, Schoenen J, Pascual J, Lei X, Thompson C; European BoNTA Headache Study Group, « A multicentre, double-blind, randomized, placebo-controlled, parallel group study of multiple treatments of botulinum toxin type A (BoNTA) for the prophylaxis of episodic migraine headaches », Cephalalgia, vol. 27, no 6,‎ , p. 492-503. (PMID 17428299)
  23. (en) Van Zandijcke M, Marchau MM, « Treatment of bruxism with botulinum toxin injections », J Neurol Neurosurg Psychiatry, vol. 53, no 6,‎ , p. 530. (PMID 2380736, PMCID PMC1014218)
  24. Docteur Sam Daniel, directeur adjoint de recherche de la division d'oto-rhino-laryngologie de l'HÎpital de Montréal pour enfants du Centre universitaire de santé McGill, et Professeur agrégé de l'Université McGill
  25. Dr Joel Aknin, « Injection de Botox / Toxine Botulique Ă  Lyon - EsthĂ©tique MĂ©dicale », Esthetique medicale,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  26. Elle est notamment dĂ©veloppĂ©e par Patrick Berche dans son ouvrage L'histoire secrĂšte des armes biologiques. Mensonges et crimes d'État (Éditions Robert Laffont, 2009, p. 65).
  27. Quelques heures avant de mourir, Heydrich présente les symptÎmes du botulisme, à savoir la « paralysie progressive des muscles des membres, des muscles du thorax, de la face et de la gorge » (ibd, p. 65).
  28. Paolozzi, Luciano., Liébart, Jean-Claude, (1944- ...). et Sansonetti, Philippe, (1949- ...)., Microbiologie : biologie des procaryotes et de leurs virus, Paris, Dunod, dl 2015, cop. 2015, 512 p. (ISBN 978-2-10-072081-1, OCLC 909812860, lire en ligne)
  29. La source Arnon 2001 donne comme sources primaires : le 10e rapport du Conseil de sécurité de l'ONU 1991, à propos des résolutions 687 et 699.
  30. Direction GĂ©nĂ©rale de la SantĂ©, « Botulisme, plan Biotox », La Revue du Praticien - mĂ©decine gĂ©nĂ©rale,‎ , p. 1991-1992
  31. S. Haeghebaert, « CaractĂ©ristiques Ă©pidĂ©miologiques du botulisme humain en France », Bulletin Ă©pidĂ©miologique hebdomadaire,‎ , p. 129-130.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Carruthers A, Carruthers JDA, « The Treatment of Glabellar Furrows with Botulinum-A Exotoxin » Movement Disorders. 1990; 16:83.

Liens externes

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