Aum ShinrikyĆ
Aum ShinrikyĆ ou VĂ©ritĂ© suprĂȘme d'Aum (ăȘăŠă
Aum ShinrikyĆ Aum VĂ©ritĂ© SuprĂȘme, Aleph | |
Idéologie | Syncrétisme, principalement bouddhisme et hindouisme, millénarisme |
---|---|
Objectifs | Pouvoir/protection de la secte et de sa mission eschatologique[1] |
Statut | Actif[2] |
Site web | www.aleph.to et aum-internet.org |
Fondation | |
Date de formation | 1984 |
Pays d'origine | Japon |
FondĂ© par | ShĆkĆ Asahara |
Actions | |
Mode opératoire | Attentats chimiques, bactériologiques et assassinats. |
Victimes (morts, blessés) | Au moins 26 morts et 5 700 blessés |
Période d'activité | 1989-Présent[3] |
Organisation | |
Chefs principaux | ShĆkĆ Asahara, Ikuo Hayashi (en), Eriko Lida, Toshiyaso Ouchi, Tomomitsu Niimi, Kazuaki Okazaki |
Membres | 1 650 selon le gouvernement japonais en 2009[4] |
Branche politique | Shinri tĆ ççć , parti fondĂ© en 1990, actuellement inactif |
Financement | Adeptes (cotisations, dons, héritages etc.), publications et cours, entreprises (ordinateurs, chaßne de restaurants etc.)[1] - [5] |
Sanctuaire | Japon |
Groupe relié | Hikari no Wa (en) |
RĂ©pression | |
Nombre de prisonniers | 13 |
ConsidĂ©rĂ© comme terroriste par | Canada, Ătats-Unis, Union europĂ©enne |
Aum, ou omÌ, est une syllabe sanskrite reprĂ©sentant le « son primordial de l'univers »[10], et shinrikyĆ signifie « enseignement de la vĂ©ritĂ© suprĂȘme ».
En 1999, la secte a pris le nom dâAleph et exige depuis que ses membres sâengagent par Ă©crit Ă ne pas enfreindre les lois. En 2007, des adeptes lâont quittĂ©e pour fonder Hikari no Wa (en) (Cercle de lumiĂšre).
Le , son gourou ShĆkĆ Asahara et six autres disciples, condamnĂ©s Ă mort, sont exĂ©cutĂ©s par pendaison. Six autres disciples sont Ă©galement pendus le .
Idéologie
LâidĂ©ologie religieuse, d'inspiration principalement bouddhiste, comportait des emprunts Ă lâhindouisme, Ă lâapocalyptisme chrĂ©tien et au New Age ; un grand crĂ©dit Ă©tait accordĂ© aux prophĂ©ties de Nostradamus.
Bien qu'Isaac Asimov ait Ă©tĂ© un critique fĂ©roce de la religion et de la pensĂ©e New Age, la secte a Ă©tĂ© fortement influencĂ©e par sa sĂ©rie Cycle de Fondation[11]. ShĆkĆ Asahara, un gourou, s'est exprimĂ© comme un « parfait moksha-man », Ă travers les apparitions mĂ©diatiques sur les tĂ©lĂ©visions et les confĂ©rences dans les universitĂ©s, et a rassemblĂ© de nombreux croyants[12].
Sur le plan politique, le groupe, convaincu de la disparition rapide du gouvernement japonais qu'il jugeait corrompu, avait pour objectif de provoquer un Armageddon, devant survenir entre 1997 et 2003, et auquel survivraient les seuls membres de la secte[13] - [14] qui pourraient alors prendre le pouvoir[15]. Dans les années 1990, Asahara commença à justifier le meurtre sur des bases spirituelles[5].
Aleph et Hikari no Wa, nouvelles sectes hĂ©ritiĂšres d'Aum Shinrikyo, lâont officiellement abjurĂ©.
Pratiques
La secte Aum faisait pratiquer le yoga Ă ses fidĂšles qui, pendant ces sĂ©ances, vivaient parfois des expĂ©riences comme voir une lumiĂšre ou sentir lâĂ©nergie monter en soi : des phĂ©nomĂšnes psychologiques que les yogis Ă la pratique intensive ou les moines bouddhistes ressentent Ă©galement[16]. Mais la secte Aum faisait de ces phĂ©nomĂšnes des « expĂ©riences divines » : la preuve que les disciples avaient atteint un certain niveau spirituel, grĂące Ă lâĂ©nergie prodiguĂ©e par leur gourou[16]. Pour que plus de fidĂšles atteignent cette « expĂ©rience divine », la secte fabriqua par la suite des drogues, notamment des amphĂ©tamines et du LSD, administrĂ©es aux disciples dans le cadre de cĂ©rĂ©monies[16].
Des techniques de manipulation mentale étaient également utilisées : temps de sommeil restreint, nombreuses responsabilités et tùches à accomplir, accÚs interdit aux informations extérieures, ouverture limitée aux seules informations filtrées par la secte[16]. Bien que le mariage et l'amour des disciples aient été interdits, le gourou Asahara était considéré comme un tantras-pÚre et utilisait de nombreuses femmes comme ses maitresses ; pour l'intégrité de l'initiation[17].
Historique
CrĂ©Ă©e en 1984 par ShĆkĆ Asahara comme atelier de yoga sous le nom de Aum no Kai (SociĂ©tĂ© Aum), la secte devient Aum ShinrikyĆ en 1987[16]. En 1989, elle obtient le statut officiel dâorganisme religieux. ShĆkĆ Asahara avait rencontrĂ© et obtenu le soutien du 14e dalaĂŻ-lama, ce dernier regrettant par la suite d'avoir Ă©tĂ© dupĂ©[18].
En 1990, le gourou et plusieurs cadres ayant lâambition de changer la sociĂ©tĂ©, fondent le parti de la VĂ©ritĂ© Shinri tĆ (ççć ) et prĂ©sentent 25 candidats aux 39e Ă©lections sĂ©natoriales ; aucun nâest Ă©lu.
Les critiques â Ă©manant entre autres de familles dâadeptes â ne manquent pas, mais la secte prospĂšre nĂ©anmoins et revendique avant les attentats de 1995 presque 10 000 membres au Japon[19] et entre 35 000 et 40 000 en Russie[5]. Elle recrute beaucoup parmi les classes Ă©duquĂ©es et ses cadres sont presque tous diplĂŽmĂ©s dâuniversitĂ©s considĂ©rĂ©es comme de bon niveau[1]. On y trouve au moins un mĂ©decin, un vĂ©tĂ©rinaire, un avocat et des scientifiques.
En juin 1994, lâorganisation se structure en gouvernement, sur le modĂšle de celui existant, les cadres se voyant attribuer des « ministĂšres »[20].
Entre 1989 et 1996, des membres auraient commis divers dĂ©lits et crimes : enlĂšvements de membres pour forcer des donations, assassinats ou complots contre des membres voulant quitter la secte, des opposants ou des chefs de groupes religieux concurrents (KĆfuku no Kagaku, Soka Gakkai), attentats et tentatives dâattentats chimiques (sarin, gaz VX) et bactĂ©riologiques (botuline, anthrax) visant Ă faire de nombreuses victimes. AprĂšs plusieurs essais, la secte rĂ©ussit Ă fabriquer ses armes chimiques et se lance, sans succĂšs, dans la fabrication de fusils AK-74. Les crimes restent indĂ©tectĂ©s, ou alors la secte nâest pas considĂ©rĂ©e comme suffisamment suspecte par la police pour que des arrestations aient lieu, jusquâaux jours suivant lâattentat de 1995 dans le mĂ©tro de Tokyo. MĂȘme alors, la police met un certain temps Ă identifier les coupables.
L'organisation perd son statut officiel fin 1995 et est mise en faillite en 1996, mais les demandes pour sa dissolution au titre de la prĂ©vention des activitĂ©s subversives sont rejetĂ©es en 1997 par la Commission dâexamen de la sĂ©curitĂ© publique (ć ŹćźćŻ©æ»ć§ćĄ). Une disposition lĂ©gale renouvelable tous les trois ans autorisant sa surveillance est nĂ©anmoins instaurĂ©e en 2000[5].
En 2000, sous lâinfluence de Fumihiro Joyu, ancien cadre restĂ© Ă lâĂ©cart des assassinats et attentats (il a Ă©tĂ© nĂ©anmoins condamnĂ© en 1995 Ă trois ans de prison pour incitation Ă faux tĂ©moignage[21] dans une affaire immobiliĂšre impliquant la secte), la secte manifeste lâintention de rompre avec son passĂ©. Le nouveau nom Aleph est adoptĂ© en 1999. Les doctrines dangereuses comme le poa sont abandonnĂ©es et les membres doivent sâengager par Ă©crit Ă respecter la loi.
Les responsables admettent l'implication de certains de leurs membres dans les attentats au gaz sarin, ce pour quoi ils prĂ©sentent leurs excuses et Ă©tablissent un fonds destinĂ© Ă offrir une certaine compensation financiĂšre aux victimes[22]. 3,8 milliards de yens devaient ĂȘtre versĂ©s Ă un millier de victimes, mais Aleph ne semblant pas en mesure de payer lâintĂ©gralitĂ© avant trĂšs longtemps, en 2008 le gouvernement japonais a autorisĂ© le versement dâune indemnitĂ© publique, considĂ©rant que lâĂtat japonais Ă©tait visĂ© par lâattentat du 20 mars 1995[23].
Chronologie des activités criminelles jusqu'en 1995
- : le dĂ©cĂšs soudain dâun membre (Majima Terayuki) pendant une sĂ©ance est tenu secret pour ne pas influencer nĂ©gativement lâimage de la secte, alors en attente de son agrĂ©ment officiel ; son cadavre est brĂ»lĂ© et les cendres dispersĂ©es ; rĂ©vĂ©lĂ© en 1995[24] - [25].
- : Shuji Taguchi, un membre tĂ©moin de lâincident de septembre 1988, essaie de quitter la secte et est assassinĂ© ; rĂ©vĂ©lĂ© en 1995[26] - [3].
- : enlĂšvement et assassinat de lâavocat Tsutsumi Sakamoto (en), de son Ă©pouse et de son bĂ©bĂ© de quatorze mois ; il reprĂ©sentait un groupe de familles qui avaient portĂ© plainte contre la secte. MalgrĂ© cette fonction et la prĂ©sence dâun badge de la secte Ă leur domicile, Aum nâest pas suspectĂ© par la police, sa responsabilitĂ© ne sera reconnue quâen 1995 ; le chef de la police nationale reconnaĂźtra alors les faiblesses de lâenquĂȘte[3].
- En avril 1990, le groupe sâessaie au bioterrorisme : trois vĂ©hicules sont Ă©quipĂ©s pour rĂ©pandre de la toxine au botulinum. Le premier entre dans Tokyo, rĂ©pandant le produit, et se dirige vers le parlement japonais. Un autre vĂ©hicule devait se diriger vers la ville de Yokohama et la base navale amĂ©ricaine de Yokosuka. Le troisiĂšme est utilisĂ© dans la zone de l'aĂ©roport international de Narita. L'attaque est un semi-Ă©chec ; la faible virulence de la souche bactĂ©rienne utilisĂ©e, l'insuffisance de quantitĂ© et l'obstruction d'une partie des dispositifs de dispersion sont les raisons envisagĂ©es[27]. LâĂ©pisode ne sera connu quâaprĂšs 1995.
- En 1992, ils tentent en vain de se procurer le virus Ebola au Zaïre, lors d'une mission « humanitaire » menée par le gourou en personne accompagné de quarante autres membres de la secte[28] ; révélé en 1995.
- En 1992, ils planifient la production dâarmes Ă feu et de sarin qui dĂ©buteront en 1993[3] ; ils rĂ©ussissent Ă fabriquer du sarin mais le premier prototype de fusil ne sortira quâen 1994[3] et l'entreprise sâavĂšrera un Ă©chec.
- En 1993, ils font lâacquisition en Australie-Occidentale du terrain dâĂ©levage de Banjawarn, de plus de 200 000 hectares. Les douanes australiennes constatent la prĂ©sence de substances chimiques dangereuses dans leur important excĂ©dent de bagage, donnant lieu Ă une forte amende. Ils installent sur le terrain un laboratoire oĂč du sarin sera fabriquĂ©, quâils testent sur des moutons. Les autoritĂ©s lâignorent, mais refusent nĂ©anmoins de leur octroyer un visa en 1994 en raison de manquements aux rĂšgles de gestion des Ă©levages ; ils revendent alors le terrain. Les activitĂ©s criminelles seront rĂ©vĂ©lĂ©es aprĂšs mars 1995, lorsque des produits chimiques et des moutons morts seront dĂ©couverts Ă Banjawarn. Le sol contenant du minerai dâuranium et la secte ayant acquis des droits dâexploitation miniĂšre, il est possible quâils aient envisagĂ© dây fabriquer des explosifs nuclĂ©aires[29].
- En 1993, ils complotent d'assassiner un certain nombre de personnes qui les critiquent ou sont vues comme des concurrents : les dirigeants des groupes religieux KĆfuku no Kagaku (Ryuho Okawa) et Soka Gakkai, Dave Spector, deux dĂ©putĂ©s et l'Ă©crivain Yoshinori Kobayashi ; une tentative d'assassinat sera effectivement menĂ©e contre ce dernier en 1994[30], et une contre Ryuho Okawa dĂ©but 1995[31] et rĂ©vĂ©lĂ©e la mĂȘme annĂ©e.
- : mort accidentelle dâun adepte lors dâune sĂ©ance de yoga suspendu tĂȘte en bas ; elle est tenue secrĂšte et le cadavre brĂ»lĂ© ; rĂ©vĂ©lĂ© en 1995[32].
- En juin 1993, ils tentent de nouveau de dissĂ©miner de la botuline Ă partir de vĂ©hicules autour dâun rassemblement de dignitaires Ă©trangers venus au Japon Ă lâoccasion du mariage du prince Naruhito ; rĂ©vĂ©lĂ© en 1995[27] - [33].
- En juin-juillet 1993, ils Ă©chouent dans trois tentatives de dissĂ©miner de lâanthrax Ă Tokyo, une du haut dâun immeuble appartenant Ă la secte et deux par vĂ©hicules. La bactĂ©rie utilisĂ©e serait issue dâune souche destinĂ©e Ă la fabrication des vaccins, donc insuffisamment virulente ; rĂ©vĂ©lĂ© en 1995[33].
- : assassinat du pharmacien Naoki Ochida dans un hĂŽpital de la secte. Ăprouvant des doutes sur les soins donnĂ©s, il persuade une patiente de quitter Aum ; dĂ©couvert, Asahara le fait assassiner par le fils de la patiente ; rĂ©vĂ©lĂ© en 1995[32] - [34].
- : la secte fait enlever par ses deux filles adeptes un hĂŽtelier de Miyasaki pour lâobliger Ă faire don de sa fortune ; ayant feint de se convertir, il est libĂ©rĂ© au bout de cinq mois et porte plainte contre ses filles et un responsable dâAum. Les cadres dâAum rĂ©ussissent Ă persuader la justice que la secte elle-mĂȘme nâest pas impliquĂ©e ; les deux filles sont seules condamnĂ©es. La responsabilitĂ© dâAum sera reconnue aprĂšs 1995 et deux anciens cadres seront condamnĂ©s en 2000[35].
- En mai 1994, un laboratoire consacré à la fabrication du sarin est installé dans un centre de la secte à Kamikuishiki, Yamanashi[36].
- De mai Ă dĂ©cembre 1994, tentatives dâassassinats Ă lâaide de sarin et phosgĂšne contre lâavocat TarĆ Takimoto qui a pris la suite de Sakamoto et la journaliste Egawa ShyĆko Takimoto Ă l'aide de sarin, vx et botuline[31] - [36] ; il nây a pas dâenquĂȘte contre la secte, malgrĂ© les soupçons des personnes visĂ©es. Un adepte rĂ©calcitrant (Noboru Mizuno) et un visiteur soupçonnĂ© dâespionner la secte (Tadahito Hamaguchi) sont Ă leur insu pulvĂ©risĂ©s de gaz VX, le second en meurt ; les mĂ©decins ne savent pas Ă quoi attribuer leurs symptĂŽmes[31].
- Nuit du 27 au : premier attentat au gaz sarin dans la ville de Matsumoto, huit morts, deux cents blessĂ©s. Bien que les rĂ©sidents de la ville se soient opposĂ©s Ă la secte, cette derniĂšre nâest pas soupçonnĂ©e durant les premiers mois. Les soupçons se portent sur une des victimes lĂ©gĂšrement atteinte : Yoshiyuki KĆno. Son Ă©pouse, plus gravement touchĂ©e, dĂ©cĂšdera et la police pensera quâil a voulu lâassassiner. MalgrĂ© des lettres anonymes dĂ©nonçant Aum Ă partir de septembre et une enquĂȘte ouverte indĂ©pendamment autour d'Ă©manations suspectes Ă Kamikuishiki, ce nâest quâaprĂšs 1995 que justice sera rendue Ă KĆno[37] - [38].
- De juin 1994 Ă mars 1995, ils tentent sans succĂšs de fabriquer des fusils AK-74.
- En juillet, un adepte meurt dâun traitement mĂ©dical inadĂ©quat et un membre soupçonnĂ© dâespionnage est Ă©liminĂ© ; rĂ©vĂ©lĂ©s en 1995.
- DĂ©cembre 1994 : enlĂšvement et emprisonnement dâune adepte rĂ©calcitrante qui ne sera libĂ©rĂ©e quâen mars 1995 Ă lâoccasion dâune descente de police.
- Janvier 1995 : tentative dâassassinat au VX sur Hiroyuki Nagaoka, chef dâune association de victimes[31].
- : enlĂšvement et meurtre de Kioshi Kariya, frĂšre d'une adepte en fuite et notaire de profession ; il refusait de rĂ©vĂ©ler la cachette de sa sĆur et de donner sa part de l'hĂ©ritage Ă la secte. Les auteurs de lâenlĂšvement laissent des empreintes et sont identifiĂ©s comme membres dâAum ; une descente de police est prĂ©vue dans ses locaux, ce dont la secte est notifiĂ©e le 18 mars. Cette dĂ©cision aurait contribuĂ© Ă dĂ©cider les responsables Ă lancer lâattaque dans le mĂ©tro pour prĂ©cipiter lâavĂšnement dâArmageddon[39].
- : attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo, treize morts[40] et plus de 6 300 blessés[6].
- : le chef de l'agence nationale de la police japonaise, Takaji Kunimatsu, est griÚvement blessé de trois balles[41].
- Autres tentatives par la suite, dont celle de la gare de Yokohama.
- : un attentat au cyanure déjoué[31], plus tard la police retrouvera dans une chapelle, presque morts de faim cinquante membres de la secte avec cinquante tonnes de trichlorure de phosphore qui aurait pu servir à fabriquer 5,6 tonnes de gaz sarin. De quoi tuer au moins quatre millions de personnes.
- : un nouvel attentat au gaz sarin est évité de justesse. Est alors retrouvé un gros hélicoptÚre russe Mil Mi-17, deux autres petits télécommandés et des stocks de piÚces pour armes.
Surveillance et sanctions
En janvier 2000, le groupe est placé sous surveillance pour une période de trois ans[42]. En janvier 2003, l'Agence d'investigation de sécurité publique (AISP, agence gouvernementale de renseignement) obtient l'autorisation de continuer sa surveillance pour une nouvelle durée de trois ans[43].
ShĆkĆ Asahara et plusieurs autres membres de la secte sont condamnĂ©s Ă mort en fĂ©vrier 2004 pour l'attentat au gaz sarin de Tokyo[44]. D'aprĂšs un rapport d'avril 2004, le gouvernement japonais considĂšre que la secte Aum est encore « une menace pour la sociĂ©tĂ© »[45].
En janvier 2006, l'AISP reçoit à nouveau l'autorisation de continuer sa surveillance pour trois ans[46]. En février, la haute cour de Tokyo reconnait qu'Asahara est mentalement capable de faire sa demande d'appel[47].
Le 15 mars, elle confirme la sentence de peine de mort pour Tomomitsu Niimi, figure centrale de la secte qui avait apporté le gaz sarin dans le métro.
Le 15 septembre, le recours de ShĆkĆ Asahara est rejetĂ©, puis sa demande d'appel n'est pas prise en compte car dĂ©posĂ©e hors dĂ©lai[44].
Le , ShĆkĆ Asahara, toujours en attente de son exĂ©cution, demande la rĂ©vision de son procĂšs[44]. Douze autres anciens membres de la secte Aum ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă mort[48].
Le , la peine de mort est confirmée pour Seiichi Endo, treiziÚme membre à voir sa peine capitale confirmée[49].
Le , Makoto Hirata, ancien adepte en fuite depuis seize ans, se rend Ă la police. Il Ă©tait l'un des trois derniers membres encore recherchĂ©s[50]. Le , Naoko Kikuchi est arrĂȘtĂ©e par la police Ă Sagamihara, dans la prĂ©fecture de Kanagawa[51], et le 15 juin, Katsuya Takahashi, cadre de la cellule de renseignement et dernier membre important de la secte encore en fuite, est interpellĂ© dans un manga cafĂ© de Kamata, citĂ© de la conurbation tokyoĂŻte[52]. Une prime de plusieurs millions de yens (dizaines de milliers d'euros) Ă©tait offerte Ă toute personne donnant des informations qui conduiraient Ă leur arrestation[53]. Cette derniĂšre arrestation repousse Ă nouveau l'exĂ©cution de ShĆkĆ Asahara (la loi japonaise interdisant de mettre en Ćuvre une exĂ©cution si des complices sont toujours en procĂšs)[54]. Ă cette Ă©poque, des procĂ©dures judiciaires ont Ă©tĂ© engagĂ©es contre 189 membres d'Aum, et 13 ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă mort[55].
Le s'ouvre le procĂšs de Makoto Hirata, poursuivi notamment pour son rĂŽle prĂ©sumĂ© dans l'enlĂšvement en fĂ©vrier 1995 d'un notaire de 68 ans ayant accordĂ© refuge Ă sa sĆur qui tentait de fuir l'emprise d'Aum[56].
Le 30 avril 2015, Takahashi Katsuya est condamné à la prison à vie ; il fait appel de cette décision[16].
Le 6 juillet 2018, ShĆkĆ Asahara et six autres membres de sa secte (dont Kiyohide Hayakawa) sont exĂ©cutĂ©s par pendaison pour leurs rĂŽles dans l'attentat au gaz sarin de Tokyo[57].
Le 26 juillet 2018, les six derniers membres liés à l'attentat au gaz sarin de Tokyo sont également pendus[58].
La secte aujourd'hui
Aleph compterait, en 2016, 1 650 membres[59] et vingt-huit Ă©tablissements. Les responsables ont reconnu une certaine responsabilitĂ© du fondateur dans les actes qui lui sont imputĂ©s, mais l'organisation le conserve comme maĂźtre spirituel, tout en lui dĂ©niant tout pouvoir effectif. Aleph a renoncĂ© Ă se doter d'un gourou et interdit les rĂ©unions Ă huis clos du bureau directeur[22]. Elle est nĂ©anmoins toujours activement surveillĂ©e par les forces de sĂ©curitĂ© japonaises, au moins jusquâen 2012, ainsi que Hikari no Wa qui sâen est dĂ©tachĂ©[60]. Leurs membres, lorsquâils sont identifiĂ©s, se voient souvent refuser la domiciliation par les municipalitĂ©s de rĂ©sidence, les privant de lâaccĂšs Ă certains services[61]. ScolarisĂ©s Ă domicile jusqu'en 1995, les enfants d'Asahara ont tentĂ© par la suite d'intĂ©grer le systĂšme scolaire, mais aucun Ă©tablissement n'a finalement acceptĂ© de les inscrire[62]. Certains adeptes et une fille d'Asahara ont portĂ© plainte et obtenu une dĂ©cision en leur faveur, qui s'est traduite par une compensation financiĂšre.
Ćuvres de fiction
- Le roman de Romain Slocombe La Crucifixion en jaune, tome 2 : Brume de printemps porte en partie sur les agissements d'Aum ShinrikyĆ, et en particulier sur lâattentat au gaz sarin dans le mĂ©tro de Tokyo.
- La série télévisée d'animation Mawaru-Penguindrum produite par Brain's Base base une partie de son intrigue sur l'attentat au gaz sarin de 1995 également.
- Le roman graphique Matsumoto, écrit par LF Bollée et dessiné par Philippe Nicloux (Glénat, septembre 2015) revient en détail sur l'attentat au gaz sarin dans la ville de Matsumoto en juin 1994.
- La secte fictive d'Ami et ses agissements dans le manga 20th Century Boys de Naoki Urasawa et Takashi Nagasaki sont largement inspirĂ©s d'Aum ShinrikyĆ.
- Le manga Inspecteur KurokÎchi écrit par Takashi Nagasaki revient sur la tentative d'assassinat du chef de la police japonaise. Dans cette fiction, l'attentat est attribué à un groupe terroriste s'étant servi de la secte pour cacher ses actes.
Notes et références
- Kyle B. Olson, « Aum Shinrikyo: Once and Future Threat? » sur le site du CDC.
- Au Japon il nây a plus eu dâattentat depuis 1995, mais en 2000 des membres auraient cherchĂ© Ă se procurer des matĂ©riaux explosifs nuclĂ©aires en Russie. Dans ce dernier pays, certains de ses membres ont Ă©tĂ© accusĂ©s dâavoir Ă©laborĂ© un projet dâattaque au Japon pour libĂ©rer Asahara ; voir Page Aum Shinrikyo sur START.
- Sylvaine Trinh, « Aum ShinrikyÎ : secte et violence (Partie 2) », Cultures & Conflits, no 29-30, automne-hiver 1998, pp. 250-274, mis en ligne le 16 mars 2006. Lire en ligne.
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- Karyn Poupée, « Le Japon soulagé aprÚs l'arrestation des trois derniers fugitifs d'Aum », AFP sur Facebook, le 16 juin 2012.
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- Catherine Le Brech, « L'attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo et la secte Aum », sur France TV, .
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- « Japon: les 13 condamnĂ©s Ă mort de la meurtriĂšre secte Aum ont Ă©tĂ© pendus », LExpress.fr,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (ja) « ăȘăŠă ççæ », sur moj.go.jp (consultĂ© le ).
- Japan Today, 29 janvier 2009.
- Yomiuri Shimbun, 19 mai 2002.
- Calvin Sims, « Hard Legacy for Japan Sect Leader's Family », New York Times 1er septembre 2000.
Voir aussi
Bibliographie
- David E. Kaplan, Andrew Marshall, Aum, le culte de la fin du monde, Albin Michel, 1996.
- (en) Ian Reader, Religion and Violence in Contemporary Japan, University of Hawaii Press, 2000.
- (en) Robert Kisala et Mark Mullins, Religion and Social Crisis in Japan : Understanding Japanese Society Through the Aum Affair, Basingstoke (Hampshire) / New York, Palgrave, 2001.
- Haruki Murakami, Underground, Belfond, 2013 (trad. de l'ouvrage paru en 1997-1998).
Ămission radiophonique
- « La secte japonaise Aum » le 7 février 2014 dans L'Heure du crime de Jacques Pradel sur RTL.
Articles connexes
Liens externes
- (en) Site de la secte Aleph (nouveau nom de la secte Aum).
- (en) Aum Shinri-kyo and Related Controversies, Center for Studies on New Religions (CESNUR).
- Aum ShinrikyĆ : le terrorisme lĂ oĂč personne ne l'attendaitâŠ, terrorisme.net, 28 aoĂ»t 2002.