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Aum Shinrikyƍ

Aum Shinrikyƍ ou VĂ©ritĂ© suprĂȘme d'Aum (ă‚Șォム çœŸç†æ•™ïŒˆă—ă‚“ă‚Šăă‚‡ă†ïŒ‰, ƌmu shinrikyƍ) est une secte principalement implantĂ©e au Japon et en Russie, dont les membres ont commis plusieurs actes criminels au Japon entre 1989 et 1995. Elle est principalement connue pour l’attentat au gaz sarin dans cinq rames bondĂ©es du mĂ©tro de Tokyo le qui causa 13 morts et plus de 5 700 blessĂ©s[6]. L'organisation est placĂ©e sur la liste officielle des organisations terroristes du Canada[7], de l'Union europĂ©enne[8] et anciennement des Etats-Unis[9].

Aum Shinrikyƍ
Aum VĂ©ritĂ© SuprĂȘme, Aleph
Image illustrative de l’article Aum Shinrikyƍ

Idéologie Syncrétisme, principalement bouddhisme et hindouisme, millénarisme
Objectifs Pouvoir/protection de la secte et de sa mission eschatologique[1]
Statut Actif[2]
Site web www.aleph.to et aum-internet.org
Fondation
Date de formation 1984
Pays d'origine Japon
FondĂ© par Shƍkƍ Asahara
Actions
Mode opératoire Attentats chimiques, bactériologiques et assassinats.
Victimes (morts, blessés) Au moins 26 morts et 5 700 blessés
Période d'activité 1989-Présent[3]
Organisation
Chefs principaux Shƍkƍ Asahara, Ikuo Hayashi (en), Eriko Lida, Toshiyaso Ouchi, Tomomitsu Niimi, Kazuaki Okazaki
Membres 1 650 selon le gouvernement japonais en 2009[4]
Branche politique Shinri tƍ 真理慚, parti fondĂ© en 1990, actuellement inactif
Financement Adeptes (cotisations, dons, héritages etc.), publications et cours, entreprises (ordinateurs, chaßne de restaurants etc.)[1] - [5]
Sanctuaire Japon
Groupe reliĂ© Hikari no Wa (en)
RĂ©pression
Nombre de prisonniers 13
ConsidĂ©rĂ© comme terroriste par Canada, États-Unis, Union europĂ©enne

Aum, ou om̐, est une syllabe sanskrite reprĂ©sentant le « son primordial de l'univers »[10], et shinrikyƍ signifie « enseignement de la vĂ©ritĂ© suprĂȘme ».

En 1999, la secte a pris le nom d’Aleph et exige depuis que ses membres s’engagent par Ă©crit Ă  ne pas enfreindre les lois. En 2007, des adeptes l’ont quittĂ©e pour fonder Hikari no Wa (en) (Cercle de lumiĂšre).

Le , son gourou Shƍkƍ Asahara et six autres disciples, condamnĂ©s Ă  mort, sont exĂ©cutĂ©s par pendaison. Six autres disciples sont Ă©galement pendus le .

Idéologie

L'ancien siĂšge de Aum Shinrikyo dans le quartier d'Aoyama Ă  Tokyo.

L’idĂ©ologie religieuse, d'inspiration principalement bouddhiste, comportait des emprunts Ă  l’hindouisme, Ă  l’apocalyptisme chrĂ©tien et au New Age ; un grand crĂ©dit Ă©tait accordĂ© aux prophĂ©ties de Nostradamus.

Bien qu'Isaac Asimov ait Ă©tĂ© un critique fĂ©roce de la religion et de la pensĂ©e New Age, la secte a Ă©tĂ© fortement influencĂ©e par sa sĂ©rie Cycle de Fondation[11]. Shƍkƍ Asahara, un gourou, s'est exprimĂ© comme un « parfait moksha-man », Ă  travers les apparitions mĂ©diatiques sur les tĂ©lĂ©visions et les confĂ©rences dans les universitĂ©s, et a rassemblĂ© de nombreux croyants[12].

Sur le plan politique, le groupe, convaincu de la disparition rapide du gouvernement japonais qu'il jugeait corrompu, avait pour objectif de provoquer un Armageddon, devant survenir entre 1997 et 2003, et auquel survivraient les seuls membres de la secte[13] - [14] qui pourraient alors prendre le pouvoir[15]. Dans les années 1990, Asahara commença à justifier le meurtre sur des bases spirituelles[5].

Aleph et Hikari no Wa, nouvelles sectes hĂ©ritiĂšres d'Aum Shinrikyo, l’ont officiellement abjurĂ©.

Pratiques

La secte Aum faisait pratiquer le yoga Ă  ses fidĂšles qui, pendant ces sĂ©ances, vivaient parfois des expĂ©riences comme voir une lumiĂšre ou sentir l’énergie monter en soi : des phĂ©nomĂšnes psychologiques que les yogis Ă  la pratique intensive ou les moines bouddhistes ressentent Ă©galement[16]. Mais la secte Aum faisait de ces phĂ©nomĂšnes des « expĂ©riences divines » : la preuve que les disciples avaient atteint un certain niveau spirituel, grĂące Ă  l’énergie prodiguĂ©e par leur gourou[16]. Pour que plus de fidĂšles atteignent cette « expĂ©rience divine », la secte fabriqua par la suite des drogues, notamment des amphĂ©tamines et du LSD, administrĂ©es aux disciples dans le cadre de cĂ©rĂ©monies[16].

Des techniques de manipulation mentale étaient également utilisées : temps de sommeil restreint, nombreuses responsabilités et tùches à accomplir, accÚs interdit aux informations extérieures, ouverture limitée aux seules informations filtrées par la secte[16]. Bien que le mariage et l'amour des disciples aient été interdits, le gourou Asahara était considéré comme un tantras-pÚre et utilisait de nombreuses femmes comme ses maitresses ; pour l'intégrité de l'initiation[17].

Historique

CrĂ©Ă©e en 1984 par Shƍkƍ Asahara comme atelier de yoga sous le nom de Aum no Kai (SociĂ©tĂ© Aum), la secte devient Aum Shinrikyƍ en 1987[16]. En 1989, elle obtient le statut officiel d’organisme religieux. Shƍkƍ Asahara avait rencontrĂ© et obtenu le soutien du 14e dalaĂŻ-lama, ce dernier regrettant par la suite d'avoir Ă©tĂ© dupĂ©[18].

En 1990, le gourou et plusieurs cadres ayant l’ambition de changer la sociĂ©tĂ©, fondent le parti de la VĂ©ritĂ© Shinri tƍ (真理慚) et prĂ©sentent 25 candidats aux 39e Ă©lections sĂ©natoriales ; aucun n’est Ă©lu.

Les critiques — Ă©manant entre autres de familles d’adeptes — ne manquent pas, mais la secte prospĂšre nĂ©anmoins et revendique avant les attentats de 1995 presque 10 000 membres au Japon[19] et entre 35 000 et 40 000 en Russie[5]. Elle recrute beaucoup parmi les classes Ă©duquĂ©es et ses cadres sont presque tous diplĂŽmĂ©s d’universitĂ©s considĂ©rĂ©es comme de bon niveau[1]. On y trouve au moins un mĂ©decin, un vĂ©tĂ©rinaire, un avocat et des scientifiques.

En juin 1994, l’organisation se structure en gouvernement, sur le modĂšle de celui existant, les cadres se voyant attribuer des « ministĂšres »[20].

Entre 1989 et 1996, des membres auraient commis divers dĂ©lits et crimes : enlĂšvements de membres pour forcer des donations, assassinats ou complots contre des membres voulant quitter la secte, des opposants ou des chefs de groupes religieux concurrents (Kƍfuku no Kagaku, Soka Gakkai), attentats et tentatives d’attentats chimiques (sarin, gaz VX) et bactĂ©riologiques (botuline, anthrax) visant Ă  faire de nombreuses victimes. AprĂšs plusieurs essais, la secte rĂ©ussit Ă  fabriquer ses armes chimiques et se lance, sans succĂšs, dans la fabrication de fusils AK-74. Les crimes restent indĂ©tectĂ©s, ou alors la secte n’est pas considĂ©rĂ©e comme suffisamment suspecte par la police pour que des arrestations aient lieu, jusqu’aux jours suivant l’attentat de 1995 dans le mĂ©tro de Tokyo. MĂȘme alors, la police met un certain temps Ă  identifier les coupables.

L'organisation perd son statut officiel fin 1995 et est mise en faillite en 1996, mais les demandes pour sa dissolution au titre de la prĂ©vention des activitĂ©s subversives sont rejetĂ©es en 1997 par la Commission d’examen de la sĂ©curitĂ© publique (ć…Źćź‰ćŻ©æŸ»ć§”ć“Ą). Une disposition lĂ©gale renouvelable tous les trois ans autorisant sa surveillance est nĂ©anmoins instaurĂ©e en 2000[5].

En 2000, sous l’influence de Fumihiro Joyu, ancien cadre restĂ© Ă  l’écart des assassinats et attentats (il a Ă©tĂ© nĂ©anmoins condamnĂ© en 1995 Ă  trois ans de prison pour incitation Ă  faux tĂ©moignage[21] dans une affaire immobiliĂšre impliquant la secte), la secte manifeste l’intention de rompre avec son passĂ©. Le nouveau nom Aleph est adoptĂ© en 1999. Les doctrines dangereuses comme le poa sont abandonnĂ©es et les membres doivent s’engager par Ă©crit Ă  respecter la loi.

Les responsables admettent l'implication de certains de leurs membres dans les attentats au gaz sarin, ce pour quoi ils prĂ©sentent leurs excuses et Ă©tablissent un fonds destinĂ© Ă  offrir une certaine compensation financiĂšre aux victimes[22]. 3,8 milliards de yens devaient ĂȘtre versĂ©s Ă  un millier de victimes, mais Aleph ne semblant pas en mesure de payer l’intĂ©gralitĂ© avant trĂšs longtemps, en 2008 le gouvernement japonais a autorisĂ© le versement d’une indemnitĂ© publique, considĂ©rant que l’État japonais Ă©tait visĂ© par l’attentat du 20 mars 1995[23].

Chronologie des activités criminelles jusqu'en 1995

Schéma d'un des laboratoires de fabrication d'armes biologiques de la secte Aum.
  • : le dĂ©cĂšs soudain d’un membre (Majima Terayuki) pendant une sĂ©ance est tenu secret pour ne pas influencer nĂ©gativement l’image de la secte, alors en attente de son agrĂ©ment officiel ; son cadavre est brĂ»lĂ© et les cendres dispersĂ©es ; rĂ©vĂ©lĂ© en 1995[24] - [25].
  • : Shuji Taguchi, un membre tĂ©moin de l’incident de septembre 1988, essaie de quitter la secte et est assassinĂ© ; rĂ©vĂ©lĂ© en 1995[26] - [3].
  • : enlĂšvement et assassinat de l’avocat Tsutsumi Sakamoto (en), de son Ă©pouse et de son bĂ©bĂ© de quatorze mois ; il reprĂ©sentait un groupe de familles qui avaient portĂ© plainte contre la secte. MalgrĂ© cette fonction et la prĂ©sence d’un badge de la secte Ă  leur domicile, Aum n’est pas suspectĂ© par la police, sa responsabilitĂ© ne sera reconnue qu’en 1995 ; le chef de la police nationale reconnaĂźtra alors les faiblesses de l’enquĂȘte[3].
  • En avril 1990, le groupe s’essaie au bioterrorisme : trois vĂ©hicules sont Ă©quipĂ©s pour rĂ©pandre de la toxine au botulinum. Le premier entre dans Tokyo, rĂ©pandant le produit, et se dirige vers le parlement japonais. Un autre vĂ©hicule devait se diriger vers la ville de Yokohama et la base navale amĂ©ricaine de Yokosuka. Le troisiĂšme est utilisĂ© dans la zone de l'aĂ©roport international de Narita. L'attaque est un semi-Ă©chec ; la faible virulence de la souche bactĂ©rienne utilisĂ©e, l'insuffisance de quantitĂ© et l'obstruction d'une partie des dispositifs de dispersion sont les raisons envisagĂ©es[27]. L’épisode ne sera connu qu’aprĂšs 1995.
  • En 1992, ils tentent en vain de se procurer le virus Ebola au ZaĂŻre, lors d'une mission « humanitaire » menĂ©e par le gourou en personne accompagnĂ© de quarante autres membres de la secte[28] ; rĂ©vĂ©lĂ© en 1995.
  • En 1992, ils planifient la production d’armes Ă  feu et de sarin qui dĂ©buteront en 1993[3] ; ils rĂ©ussissent Ă  fabriquer du sarin mais le premier prototype de fusil ne sortira qu’en 1994[3] et l'entreprise s’avĂšrera un Ă©chec.
  • En 1993, ils font l’acquisition en Australie-Occidentale du terrain d’élevage de Banjawarn, de plus de 200 000 hectares. Les douanes australiennes constatent la prĂ©sence de substances chimiques dangereuses dans leur important excĂ©dent de bagage, donnant lieu Ă  une forte amende. Ils installent sur le terrain un laboratoire oĂč du sarin sera fabriquĂ©, qu’ils testent sur des moutons. Les autoritĂ©s l’ignorent, mais refusent nĂ©anmoins de leur octroyer un visa en 1994 en raison de manquements aux rĂšgles de gestion des Ă©levages ; ils revendent alors le terrain. Les activitĂ©s criminelles seront rĂ©vĂ©lĂ©es aprĂšs mars 1995, lorsque des produits chimiques et des moutons morts seront dĂ©couverts Ă  Banjawarn. Le sol contenant du minerai d’uranium et la secte ayant acquis des droits d’exploitation miniĂšre, il est possible qu’ils aient envisagĂ© d’y fabriquer des explosifs nuclĂ©aires[29].
  • En 1993, ils complotent d'assassiner un certain nombre de personnes qui les critiquent ou sont vues comme des concurrents : les dirigeants des groupes religieux Kƍfuku no Kagaku (Ryuho Okawa) et Soka Gakkai, Dave Spector, deux dĂ©putĂ©s et l'Ă©crivain Yoshinori Kobayashi ; une tentative d'assassinat sera effectivement menĂ©e contre ce dernier en 1994[30], et une contre Ryuho Okawa dĂ©but 1995[31] et rĂ©vĂ©lĂ©e la mĂȘme annĂ©e.
  • : mort accidentelle d’un adepte lors d’une sĂ©ance de yoga suspendu tĂȘte en bas ; elle est tenue secrĂšte et le cadavre brĂ»lĂ© ; rĂ©vĂ©lĂ© en 1995[32].
  • En juin 1993, ils tentent de nouveau de dissĂ©miner de la botuline Ă  partir de vĂ©hicules autour d’un rassemblement de dignitaires Ă©trangers venus au Japon Ă  l’occasion du mariage du prince Naruhito ; rĂ©vĂ©lĂ© en 1995[27] - [33].
  • En juin-juillet 1993, ils Ă©chouent dans trois tentatives de dissĂ©miner de l’anthrax Ă  Tokyo, une du haut d’un immeuble appartenant Ă  la secte et deux par vĂ©hicules. La bactĂ©rie utilisĂ©e serait issue d’une souche destinĂ©e Ă  la fabrication des vaccins, donc insuffisamment virulente ; rĂ©vĂ©lĂ© en 1995[33].
  • : assassinat du pharmacien Naoki Ochida dans un hĂŽpital de la secte. Éprouvant des doutes sur les soins donnĂ©s, il persuade une patiente de quitter Aum ; dĂ©couvert, Asahara le fait assassiner par le fils de la patiente ; rĂ©vĂ©lĂ© en 1995[32] - [34].
  • : la secte fait enlever par ses deux filles adeptes un hĂŽtelier de Miyasaki pour l’obliger Ă  faire don de sa fortune ; ayant feint de se convertir, il est libĂ©rĂ© au bout de cinq mois et porte plainte contre ses filles et un responsable d’Aum. Les cadres d’Aum rĂ©ussissent Ă  persuader la justice que la secte elle-mĂȘme n’est pas impliquĂ©e ; les deux filles sont seules condamnĂ©es. La responsabilitĂ© d’Aum sera reconnue aprĂšs 1995 et deux anciens cadres seront condamnĂ©s en 2000[35].
  • En mai 1994, un laboratoire consacrĂ© Ă  la fabrication du sarin est installĂ© dans un centre de la secte Ă  Kamikuishiki, Yamanashi[36].
  • De mai Ă  dĂ©cembre 1994, tentatives d’assassinats Ă  l’aide de sarin et phosgĂšne contre l’avocat Tarƍ Takimoto qui a pris la suite de Sakamoto et la journaliste Egawa Shyƍko Takimoto Ă  l'aide de sarin, vx et botuline[31] - [36] ; il n’y a pas d’enquĂȘte contre la secte, malgrĂ© les soupçons des personnes visĂ©es. Un adepte rĂ©calcitrant (Noboru Mizuno) et un visiteur soupçonnĂ© d’espionner la secte (Tadahito Hamaguchi) sont Ă  leur insu pulvĂ©risĂ©s de gaz VX, le second en meurt ; les mĂ©decins ne savent pas Ă  quoi attribuer leurs symptĂŽmes[31].
  • Nuit du 27 au : premier attentat au gaz sarin dans la ville de Matsumoto, huit morts, deux cents blessĂ©s. Bien que les rĂ©sidents de la ville se soient opposĂ©s Ă  la secte, cette derniĂšre n’est pas soupçonnĂ©e durant les premiers mois. Les soupçons se portent sur une des victimes lĂ©gĂšrement atteinte : Yoshiyuki Kƍno. Son Ă©pouse, plus gravement touchĂ©e, dĂ©cĂšdera et la police pensera qu’il a voulu l’assassiner. MalgrĂ© des lettres anonymes dĂ©nonçant Aum Ă  partir de septembre et une enquĂȘte ouverte indĂ©pendamment autour d'Ă©manations suspectes Ă  Kamikuishiki, ce n’est qu’aprĂšs 1995 que justice sera rendue Ă  Kƍno[37] - [38].
  • De juin 1994 Ă  mars 1995, ils tentent sans succĂšs de fabriquer des fusils AK-74.
  • En juillet, un adepte meurt d’un traitement mĂ©dical inadĂ©quat et un membre soupçonnĂ© d’espionnage est Ă©liminĂ© ; rĂ©vĂ©lĂ©s en 1995.
  • DĂ©cembre 1994 : enlĂšvement et emprisonnement d’une adepte rĂ©calcitrante qui ne sera libĂ©rĂ©e qu’en mars 1995 Ă  l’occasion d’une descente de police.
  • Janvier 1995 : tentative d’assassinat au VX sur Hiroyuki Nagaoka, chef d’une association de victimes[31].
  • : enlĂšvement et meurtre de Kioshi Kariya, frĂšre d'une adepte en fuite et notaire de profession ; il refusait de rĂ©vĂ©ler la cachette de sa sƓur et de donner sa part de l'hĂ©ritage Ă  la secte. Les auteurs de l’enlĂšvement laissent des empreintes et sont identifiĂ©s comme membres d’Aum ; une descente de police est prĂ©vue dans ses locaux, ce dont la secte est notifiĂ©e le 18 mars. Cette dĂ©cision aurait contribuĂ© Ă  dĂ©cider les responsables Ă  lancer l’attaque dans le mĂ©tro pour prĂ©cipiter l’avĂšnement d’Armageddon[39].
  • : attentat au gaz sarin dans le mĂ©tro de Tokyo, treize morts[40] et plus de 6 300 blessĂ©s[6].
  • : le chef de l'agence nationale de la police japonaise, Takaji Kunimatsu, est griĂšvement blessĂ© de trois balles[41].
  • Autres tentatives par la suite, dont celle de la gare de Yokohama.
  • : un attentat au cyanure dĂ©jouĂ©[31], plus tard la police retrouvera dans une chapelle, presque morts de faim cinquante membres de la secte avec cinquante tonnes de trichlorure de phosphore qui aurait pu servir Ă  fabriquer 5,6 tonnes de gaz sarin. De quoi tuer au moins quatre millions de personnes.
  • : un nouvel attentat au gaz sarin est Ă©vitĂ© de justesse. Est alors retrouvĂ© un gros hĂ©licoptĂšre russe Mil Mi-17, deux autres petits tĂ©lĂ©commandĂ©s et des stocks de piĂšces pour armes.

Surveillance et sanctions

En janvier 2000, le groupe est placé sous surveillance pour une période de trois ans[42]. En janvier 2003, l'Agence d'investigation de sécurité publique (AISP, agence gouvernementale de renseignement) obtient l'autorisation de continuer sa surveillance pour une nouvelle durée de trois ans[43].

Shƍkƍ Asahara et plusieurs autres membres de la secte sont condamnĂ©s Ă  mort en fĂ©vrier 2004 pour l'attentat au gaz sarin de Tokyo[44]. D'aprĂšs un rapport d'avril 2004, le gouvernement japonais considĂšre que la secte Aum est encore « une menace pour la sociĂ©tĂ© »[45].

En janvier 2006, l'AISP reçoit à nouveau l'autorisation de continuer sa surveillance pour trois ans[46]. En février, la haute cour de Tokyo reconnait qu'Asahara est mentalement capable de faire sa demande d'appel[47].

Le 15 mars, elle confirme la sentence de peine de mort pour Tomomitsu Niimi, figure centrale de la secte qui avait apporté le gaz sarin dans le métro.

Le 15 septembre, le recours de Shƍkƍ Asahara est rejetĂ©, puis sa demande d'appel n'est pas prise en compte car dĂ©posĂ©e hors dĂ©lai[44].

Le , Shƍkƍ Asahara, toujours en attente de son exĂ©cution, demande la rĂ©vision de son procĂšs[44]. Douze autres anciens membres de la secte Aum ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă  mort[48].

Le , la peine de mort est confirmée pour Seiichi Endo, treiziÚme membre à voir sa peine capitale confirmée[49].

Le , Makoto Hirata, ancien adepte en fuite depuis seize ans, se rend Ă  la police. Il Ă©tait l'un des trois derniers membres encore recherchĂ©s[50]. Le , Naoko Kikuchi est arrĂȘtĂ©e par la police Ă  Sagamihara, dans la prĂ©fecture de Kanagawa[51], et le 15 juin, Katsuya Takahashi, cadre de la cellule de renseignement et dernier membre important de la secte encore en fuite, est interpellĂ© dans un manga cafĂ© de Kamata, citĂ© de la conurbation tokyoĂŻte[52]. Une prime de plusieurs millions de yens (dizaines de milliers d'euros) Ă©tait offerte Ă  toute personne donnant des informations qui conduiraient Ă  leur arrestation[53]. Cette derniĂšre arrestation repousse Ă  nouveau l'exĂ©cution de Shƍkƍ Asahara (la loi japonaise interdisant de mettre en Ɠuvre une exĂ©cution si des complices sont toujours en procĂšs)[54]. À cette Ă©poque, des procĂ©dures judiciaires ont Ă©tĂ© engagĂ©es contre 189 membres d'Aum, et 13 ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă  mort[55].

Le s'ouvre le procĂšs de Makoto Hirata, poursuivi notamment pour son rĂŽle prĂ©sumĂ© dans l'enlĂšvement en fĂ©vrier 1995 d'un notaire de 68 ans ayant accordĂ© refuge Ă  sa sƓur qui tentait de fuir l'emprise d'Aum[56].

Le 30 avril 2015, Takahashi Katsuya est condamné à la prison à vie ; il fait appel de cette décision[16].

Le 6 juillet 2018, Shƍkƍ Asahara et six autres membres de sa secte (dont Kiyohide Hayakawa) sont exĂ©cutĂ©s par pendaison pour leurs rĂŽles dans l'attentat au gaz sarin de Tokyo[57].

Le 26 juillet 2018, les six derniers membres liés à l'attentat au gaz sarin de Tokyo sont également pendus[58].

La secte aujourd'hui

Aleph compterait, en 2016, 1 650 membres[59] et vingt-huit Ă©tablissements. Les responsables ont reconnu une certaine responsabilitĂ© du fondateur dans les actes qui lui sont imputĂ©s, mais l'organisation le conserve comme maĂźtre spirituel, tout en lui dĂ©niant tout pouvoir effectif. Aleph a renoncĂ© Ă  se doter d'un gourou et interdit les rĂ©unions Ă  huis clos du bureau directeur[22]. Elle est nĂ©anmoins toujours activement surveillĂ©e par les forces de sĂ©curitĂ© japonaises, au moins jusqu’en 2012, ainsi que Hikari no Wa qui s’en est dĂ©tachĂ©[60]. Leurs membres, lorsqu’ils sont identifiĂ©s, se voient souvent refuser la domiciliation par les municipalitĂ©s de rĂ©sidence, les privant de l’accĂšs Ă  certains services[61]. ScolarisĂ©s Ă  domicile jusqu'en 1995, les enfants d'Asahara ont tentĂ© par la suite d'intĂ©grer le systĂšme scolaire, mais aucun Ă©tablissement n'a finalement acceptĂ© de les inscrire[62]. Certains adeptes et une fille d'Asahara ont portĂ© plainte et obtenu une dĂ©cision en leur faveur, qui s'est traduite par une compensation financiĂšre.

ƒuvres de fiction

  • Le roman de Romain Slocombe La Crucifixion en jaune, tome 2 : Brume de printemps porte en partie sur les agissements d'Aum Shinrikyƍ, et en particulier sur l’attentat au gaz sarin dans le mĂ©tro de Tokyo.
  • La sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e d'animation Mawaru-Penguindrum produite par Brain's Base base une partie de son intrigue sur l'attentat au gaz sarin de 1995 Ă©galement.
  • Le roman graphique Matsumoto, Ă©crit par LF BollĂ©e et dessinĂ© par Philippe Nicloux (GlĂ©nat, septembre 2015) revient en dĂ©tail sur l'attentat au gaz sarin dans la ville de Matsumoto en juin 1994.
  • La secte fictive d'Ami et ses agissements dans le manga 20th Century Boys de Naoki Urasawa et Takashi Nagasaki sont largement inspirĂ©s d'Aum Shinrikyƍ.
  • Le manga Inspecteur KurokĂŽchi Ă©crit par Takashi Nagasaki revient sur la tentative d'assassinat du chef de la police japonaise. Dans cette fiction, l'attentat est attribuĂ© Ă  un groupe terroriste s'Ă©tant servi de la secte pour cacher ses actes.

Notes et références

  1. Kyle B. Olson, « Aum Shinrikyo: Once and Future Threat? » sur le site du CDC.
  2. Au Japon il n’y a plus eu d’attentat depuis 1995, mais en 2000 des membres auraient cherchĂ© Ă  se procurer des matĂ©riaux explosifs nuclĂ©aires en Russie. Dans ce dernier pays, certains de ses membres ont Ă©tĂ© accusĂ©s d’avoir Ă©laborĂ© un projet d’attaque au Japon pour libĂ©rer Asahara ; voir Page Aum Shinrikyo sur START.
  3. Sylvaine Trinh, « Aum ShinrikyÎ : secte et violence (Partie 2) », Cultures & Conflits, no 29-30, automne-hiver 1998, pp. 250-274, mis en ligne le 16 mars 2006. Lire en ligne.
  4. www.npa.go.jp.
  5. Aum sur la liste des organisations terroristes de UMD.
  6. (en) « VX survivor recalls brush with Aum assassin in ’95 », sur Japan Times, (consultĂ© le ).
  7. sur publicsafety.gc.ca « Copie archivée » (version du 9 février 2009 sur Internet Archive).
  8. Sur europa.eu.
  9. (en) « Foreign Terrorist Organizations », sur United States Department of State (consulté le )
  10. En japonais, om̐ s'Ă©crit ă‚Șォム, ce qui se transcrit Oumu, ou plutĂŽt ici ƌmu en notation Hebpburn.
  11. (en) Robert Jay Lifton, Destroying the World to Save It: Aum Shinrikyo, Apocalyptic Violence, and the New Global Terrorism, , p. 258.
  12. Shoko Asahara with Takeshi (English subtitle) (en), youtube.
  13. Robert Jay Lifton, Destroying the World to Save It: Aum Shinrikyo, Apocalyptic Violence, and the New Global Terrorism, New York: Macmillan, 2000.
  14. .
  15. Sur straitsc.org
  16. Shƍko Egawa, « Dernier verdict dans les procĂšs Aum », nippon.com, le 6 aoĂ»t 2015.
  17. Shoko Asahara - Aum Shinrikyo (en), Most Notorious Cult Leaders.
  18. (en)Pico Iyer, « Making Kindness Stand to Reason », Understanding the Dalai Lama édité par Rajiv Mehrotra, Hay House, Inc, 2009 (ISBN 0670058106 et 9780670058105), p. 62.
  19. www.philtar.ac.uk.
  20. Stuart Koschade A social network analysis of aum Shinrikyo, actes de Social change in the 21st century, 28 octobre 2005.
  21. « Um mouthpiece Joyu freed from prison, returns to cult », Japan Times.
  22. Site officiel d’Aleph.
  23. Sasaki Sayo, (Kyodo News), «Aum victim keeps memory alive via film », Japan Times, 9 mars 2010, p. 3.
  24. Site de Hikari no Wa - Historique de Aum, année 1988.
  25. Philip N. Eate, « The Replication and Excess of Disciplinary Power in Sekigun and Aum Shinrikyo – A Foucaultian Approach », New Voices, vol. 2, p. 155.
  26. site de Hikari no Wa - Historique de Aum, année 1989
  27. W. Seth Carus, Bioterrorism and biocrimes: the illicit use of biological agents since 1900, 2002, Fredonia Books, p. 49-50.
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Voir aussi

Bibliographie

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