Accueil🇫🇷Chercher

Initiation


L'initiation (du latin : initiatio), lors d'un rite de passage est le processus par lequel un novice acquiert un statut social ou spirituel plus élevé par l'acquisition de connaissances ou l'admission aux activités particulières d'une communauté religieuse, d'une société secrète ou d'un groupe[1] - [2]. D'une façon plus générale, le terme désigne l'accession à la connaissance préliminaire d'une science, d'une profession, d'un art[3].

Le terme désigne aussi la cérémonie, le rite de passage ou l'épreuve, qui permet d'accéder au nouveau statut d'initié[1].

Depuis les mystères d'Isis en Égypte, ceux d'Éleusis en Grèce, jusqu'à la franc-maçonnerie de nos jours, en passant par les peuples premiers, chaque espace culturel contient des rites d'initiation.

Différents types d'initiations

Selon le sociologue Roger Bastide, on peut distinguer trois types d'initiation[4] :

Le philosophe Pierre Riffard distingue Ă©galement les initiations suivantes[5] :

  • initiation spirituelle : accès aux mystères sacrĂ©s par Ă©volution intĂ©rieure ;
  • initiation sacerdotale : transmission de connaissances secrètes (ex: brahmanes, druides, flamines) ;
  • initiation chevaleresque : cf. les diffĂ©rentes Ă©tapes de sĂ©lection du chevalier telles que l'adoubement ;
  • initiation de mĂ©tier : elle donne accès Ă  des artisans ou ouvriers aux secrets de la profession.

Initiation dans le langage courant

Dans leur acception courante, les rites de passage marquent, dans tous les peuples, l'accession à la maturité ou à l'indépendance. Ainsi, le baccalauréat, le permis de conduire, les bizutages dans certains établissements d'enseignement supérieur, par exemple, sont considérés comme des passages obligés indiquant un changement de statut social.

On évoque aussi couramment une « initiation à l'informatique », au « secourisme », à la « plongée sous-marine », « au vol à voile », etc.

« Initiatique » est devenu un mot à la mode, plus encore qu’« initiation », car toute épreuve de la vie (une longue maladie vaincue, un grave accident, un changement de profession, etc.) peut être considérée comme un vécu initiatique.

Dans un registre différent, un voyage est parfois qualifié d'« initiatique », parce qu'il amène l'individu à découvrir au dedans de lui un aspect inconnu de sa personne, vers un « renouveau », parfois exprimé comme une « renaissance ».|

Dans l'Antiquité

Cependant, dans son acception ancienne, l'initiation a un sens moins profane, souvent marqué par un rite, ou des symboles, censés provoquer un éveil spirituel et une autre vision du monde.

  • Dans l'AntiquitĂ© existaient de nombreux cultes dits Ă  « Mystères » tout autour de la MĂ©diterranĂ©e. Il y avait, comme l'atteste le conte de les MĂ©tamorphoses couramment nommĂ© « L'âne d'or » d'ApulĂ©e, ou les textes de Plutarque, lui-mĂŞme prĂŞtre d'Apollon Ă  Delphes, des initiations consacrĂ©es entre autres Ă  Isis, ou Ă  Osiris, Ă  Cybèle, OrphĂ©e ou HĂ©raclès, etc.
  • On y cĂ©lĂ©brait aussi Dionysos (le deux fois nĂ©) Ă  travers un ensemble de rites souvent spectaculaires ayant pour fonction d'imprĂ©gner la personnalitĂ© du futur initiĂ© et de la prĂ©parer au moment de l'initiation, ou Ă  la rĂ©vĂ©lation qu'il allait recevoir. Quelle Ă©tait la nature de cette initiation et surtout de cette rĂ©vĂ©lation ? On en sait aujourd'hui peu de choses, car le disciple Ă©tait tenu Ă  garder le secret, (et Ă©tait censĂ© ne pas parler mĂŞme sous la torture). Cependant, quelques traits de l'initiation ont percĂ© Ă  travers les ouvrages des philosophes prĂ©-socratiques comme HĂ©raclite ou les mythes dĂ©veloppĂ©s par Platon.
  • Autour de ces maĂ®tres, dont la vie semblait ĂŞtre la mise en pratique de leurs idĂ©es, la jeunesse dorĂ©e de l'AntiquitĂ© se regroupait, en quĂŞte de connaissance. Puis, pour parfaire leur « chemin », il n'Ă©tait pas rare qu'ils voyagent Ă  travers le bassin mĂ©diterranĂ©en passant d'une initiation Ă  une autre, en quĂŞte de perfectionnement et d'Ă©preuves. Cependant, si l'initiation reste liĂ©e aux mythes qui façonnaient l'AntiquitĂ©, ceux-ci n'en construisent pas moins, encore aujourd'hui, notre personnalitĂ©.
  • L'initiĂ© vivait, par exemple, la mort d'Osiris et sa rĂ©surrection, la quĂŞte d'Isis, celle d'OrphĂ©e dans son corps et sa conscience. Ces phĂ©nomènes que la religion considère comme vĂ©ritables Ă©taient semblables dans les Écoles des Mystères Ă  des stades de dĂ©couverte intĂ©rieure et de transformations censĂ©es conduire le disciple ou l'Ă©lève de son Ă©tat actuel Ă  un Ă©tat de conscience plus Ă©levĂ©.

Dans les religions

La plupart des religions ont des rites initiatiques[2].

Quelques exemples :

  • L'âge de maturitĂ©, selon les termes de la bahaĂŻsmefoi Baha'i dans le BahaĂŻsme, est le moment ou un enfant est considĂ©rĂ© spirituellement mature - Ă  15 ans-. Les baha'is qui ont atteint cet âge sont censĂ©s commencer Ă  observer certaines des règles baha'ies, telles que la prière obligatoire et le jeĂ»ne.
  • L'initiation chez une sociĂ©tĂ© animiste : chez les Batammariba du Koutammakou (nord du Togo et du BĂ©nin) le dikuntri est le rituel initiatique des jeunes filles et le difwani le rituel initiatique des jeunes garçons vierges d'un clan. Tous deux ont lieu tous les quatre ans, l'un Ă  la suite de l'autre, dans plusieurs clans du Koutammakou. Le dikuntri, qui ne fait subir aucun sĂ©vice aux jeunes filles, magnifie la maternitĂ© et les relations entre morts et vivants[6]. Par l'intermĂ©diaire des jeunes initiĂ©s, le difwani renouvelle le pacte sacrĂ© entre les humains et les puissances chthoniennes dont dĂ©pend toute vie sur terre. Il Ă©voque un grandiose rite agraire[7].

Dans l'ésotérisme

L'initiation se fait par des rites. Selon René Guénon, « ils constituent l’élément essentiel pour la transmission de l’influence spirituelle et le rattachement à la "chaîne" initiatique, si bien qu’on peut dire que, sans les rites, il ne saurait y avoir d’initiation en aucune façon[8]. »

Franc-maçonnerie

Les francs-maçons progressent dans leur démarche initiatique par grades successifs, parfois appelés degrés.

Kabbale

Le système mystique de la Kabbale, tradition ésotérique et exégèse de la Torah, comporte également une dimension initiatique. Bien que cette initiation puisse se passer dans le cadre d'un enseignement reçu par des élèves auprès d'un Rabbin kabbaliste, celle-ci ne consiste pas en des grades particuliers et bien définis comme dans la franc-maçonnerie ou le rosicrucianisme, mais davantage dans la capacité qu'a l'élève à pénétrer les secrets que renferment la Torah et de la lumière qu'il en reçoit.

Notes et références

  1. Jean Chevalier, Les religions : Origine et actualité : les croyants, les dieux, les doctrines, les hérésies, les Eglises, etc. (lire en ligne)
  2. Françoise Bertrand, Dictionnaire universel, historique et comparatif, de toutes les religions du monde (lire en ligne)
  3. « Initiation », dans le Dictionnaire de l'Académie française, sur Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  4. Roger Bastide cité par Pierre Riffard, Nouveau dictionnaire de l'ésotérisme, Payot, (ISBN 978-2-228-90274-8), p. 158.
  5. Pierre Riffard, Nouveau dictionnaire de l'ésotérisme, Payot, (ISBN 978-2-228-90274-8), p. 157.
  6. La Nuit des Grands Morts - L'initiée et l'épouse chez les Tamberma du Togo, Dominique Sewane, ed. Economica, Paris, 2002
  7. Les Batammariba - le peuple Voyant - Carnets d'une ethnologue, Dominique Sewane, éditions de La Martinière, Paris, 2004
  8. René Guénon, Aperçus sur l'Initiation, Éditions Traditionnelle, (lire en ligne), p. 109.

Voir aussi

Bibliographie

  • Dominique Sewane, La Nuit des Grands Morts. L’initiĂ©e et l’épouse chez les Tamberma du Togo (prĂ©face de Jean Malaurie), Economica, Paris, 2002, « coll. Afrique Cultures », 272 p. (ISBN 9782717844849) (note de lecture par Suzanne Lallemand dans le Journal des africanistes, 74-1/2, 2004, p. 527-529 [12] [archive])
  • Dominique Sewane, Les BatĂŁmmariba, le peuple voyant : carnets d'une ethnologue, Éd. de La Martinière, Paris, 2004, 189 p. (ISBN 2-7324-3209-1)
  • Dominique Sewane, Rites et pensĂ©e des Batammariba pour les Ă©coles primaires du Togo - Ministère des enseignements primaire secondaire et de l’alphabĂ©tisation du Togo, Patrimoine Culturel ImmatĂ©riel de l’UNESCO, Ă©ditions Haho, LomĂ© (Togo), 2009 (in Programme de sauvegarde du Patrimoine immatĂ©riel des Batammariba – Unesco-Japan
  • Jean-Marc Aractingi et Christian Lochon, Secrets initiatiques en Islam et rituels maçonniques, l'Harmattan, 2008, (ISBN 978-2-296-06536-9).
  • Walter Burkert, Les cultes Ă  Mystères dans l'AntiquitĂ©, Belles Lettres, 2003, (ISBN 2-251-32436-4).
  • Alain Moreau, Mythes grecs II : L'initiation. Montpellier : Service des Publications de l'UniversitĂ© Paul ValĂ©ry - Montpellier III, 2004, 279 p.
  • L’initiation. Tome I : Les rites d’adolescence et les mystères. Actes du colloque international de Montpellier 11- organisĂ© par le SEMA. Études rassemblĂ©es par Alain Moreau, Montpellier : Publications de l’UniversitĂ© Paul ValĂ©ry - Montpellier III, 1992, 326 p.
  • L’initiation. Tome II : L’acquisition d’un savoir ou d’un pouvoir. Le lieu initiatique. Parodies et perspectives. Actes du colloque international de Montpellier 11- organisĂ© par le SEMA. Études rassemblĂ©es par Alain Moreau, Montpellier : Publications de l’UniversitĂ© Paul ValĂ©ry - Montpellier III, 1992, 320 p.
  • Rudolf Steiner, L'Initiation ou Comment acquĂ©rir des connaissances sur les mondes supĂ©rieurs ?, GA no 10, Éditions Anthroposophiques Romandes, Genève, 1992, traduction de Georges Ducommun, (ISBN 2-88189-106-3).
  • Le Vade-mecum de l'apprenti, Claude Darche, Ă©ditions Dervy, 2006.
  • Ghizlaine Laghzaoui, « L’initiation : le corps dans tous ses Ă©tats », Études françaises, vol. 41, no 2,‎ , p. 25-41 (lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.