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Acide hyaluronique

L'acide hyaluronique est un type de polysaccharide (plus précisément une glycosaminoglycane) non fixé à une protéine centrale et largement réparti parmi les tissus conjonctifs, épithéliaux et nerveux animaux.

Acide hyaluronique
Image illustrative de l’article Acide hyaluronique
Identification
No CAS 9004-61-9
No ECHA 100.029.695
No CE 232-678-0
Code ATC D03AX05, M09AX01, R01AX09, S01KA01
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule C14H21NO11
Masse molaire[1] 379,316 6 ± 0,016 2 g/mol
C 44,33 %, H 5,58 %, N 3,69 %, O 46,4 %,
Composés apparentés
Autres composés

Hyaluronate de sodium


Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Il se trouve notamment dans l'humeur vitrée et le liquide synovial. Il est l'un des principaux composants de la matrice extracellulaire ainsi que de certaines mucoprotéines lorsqu'il est associé à une fraction protéique.

Depuis les années 1990, il est trÚs utilisé dans divers dispositifs médicaux, médicamenteux et cosmétiques (présenté dans ce dernier cas comme « antistatique, humectant, hydratant, conditionneur cutané, anti-ùge, etc. »), bénéficiant d'un effet de mode grandement soutenu par une large publicité commerciale.

Contribuant de façon significative à la prolifération et à la migration des cellules, l'acide hyaluronique est aussi impliqué dans la progression de certains cancers.

Étymologie

Le mot « hyaluronique » provient du grec hyalos (traduit par « vitreux », cet acide ayant été isolé de l'humeur vitrée), accompagné du suffixe « uronique » (du fait de son importante teneur en acide uronique).

Structure et aspects biochimiques

Structure de l'acide hyaluronique, polymĂšre d'acide hyalobiuronique.

La structure chimique de l'acide hyaluronique a été déterminée dans les années 1930 dans le laboratoire du chercheur en ophtamologie américain Karl Meyer.

La chaĂźne hyaluronique est un polymĂšre de disaccharides (des sucres composĂ©s d'acide D-glucuronique et de D-N-acĂ©tylglucosamine et liĂ©s entre eux par des liaisons glycosidiques alternĂ©es ÎČ-1,4 et ÎČ-1,3)[2].

Les polymÚres de cette unité récurrente (monomÚre) ont in vivo une masse moléculaire comprise entre 105 et 107 Da[2].

L'acide hyaluronique est stable du point de vue énergétique, en partie à cause des aspects stéréochimiques des disaccharides qui le composent.

L'acide hyaluronique est le plus simple glycosaminoglycane (GAG) et est le seul d'entre eux Ă  ne pas ĂȘtre sulfatĂ©. Il se retrouve dans tous les tissus (essentiellement embryonnaires), possĂšde une chaĂźne trĂšs longue (des milliers de sucres) et n'a qu'un seul type d'unitĂ© disaccharidique. Il est liĂ© Ă  la protĂ©ine de façon non covalente. C'est le GAG le plus phylogĂ©nĂ©tiquement prĂ©coce.

Dans l'organisme

Il est synthétisé par les hyaluronanesynthases (HAS), formées dans les cellules mésenchymateuses, épithéliales et immunitaires ainsi que dans les cellules souche mésenchymateuse et hématopoïétique[2].

Comme il est naturellement présent dans le corps humain, certains en ont déduit qu'il était sans danger et adapté à de nombreuses applications biomédicales ou cosmétiques visant ces tissus.

Le premier produit biomédical à base d'acide hyaluronique, Healon, développé dÚs les années 1970, a été approuvé pour des usages en chirurgie ophtalmique : transplantation de cornée, cataracte, glaucome, etc.

De nombreux et diffĂ©rents types d'acide hyaluronique (d'un poids molĂ©culaire variant entre 105 et 5 Ă— 106 Da) sont trouvĂ©s dans les organismes animaux (une estimation a donnĂ© environ 15 grammes chez l’adulte humain, avec un turnover de l’ordre de 1/3 (soit 1/3 de l’acide hyaluronique de l’organisme dĂ©gradĂ© et synthĂ©tisĂ© chaque jour), pour une teneur sĂ©rique variant d'un « facteur 10 » (de 10 Ă  100 microgrammes par litre de sang, toujours trĂšs Ă©levĂ©e dans le derme (200 mg/L en moyenne). L'acide hyaluronique est naturellement prĂ©sent dans divers tissus tels que la peau (essentiellement dans l'espace intercellulaire de l'Ă©piderme[3]) et le cartilage. Sa teneur est anormalement Ă©levĂ©e dans le sĂ©rum de patients porteurs de certaines maladies (dont la cirrhose, l'arthrite rhumatoĂŻde et la sclĂ©rodermie)[4].

Fonctions

Dans les articulations, l'acide hyaluronique participe à la lubrification et à la protection des zones de frottement, en augmentant la viscosité du liquide synovial et en maintenant l'élasticité du cartilage.

Dans la peau, il comble les espaces intercellulaires et participe à l'hydratation et la cohésion des tissus. Il contrÎle l'angiogenÚse[5].

Il joue aussi un rÎle dans l'inflammation et la cicatrisation[6], mais aussi dans la prolifération de certains cancers[7] et les réactions immunitaires[8].

L'acide hyaluronique est impliquĂ© dans la croissance cellulaire. Dans les annĂ©es 1980, sur des cultures cellulaires in vitro de fibroblastes de murins, on dĂ©montre une corrĂ©lation positive entre le taux d'acide hyaluronique et le degrĂ© et la vitesse de prolifĂ©ration cellulaire : en phase de croissance logarithmique des cellules cutanĂ©es, la quantitĂ© d’acide hyaluronique endogĂšne augmente[9]. Des essais in vitro sur le fibroblaste humain montrent aussi que l’acide hyaluronique favorise la synthĂšse de tubuline (une protĂ©ine majeure du cycle cellulaire)[10]. Certains en dĂ©duisent que des acides hyaluroniques non endogĂšnes (apportĂ©s par des crĂšmes ou des injections) pourraient contribuer Ă  supprimer des rides ou Ă  retendre des tissus devenus mous ou flasques avec l'Ăąge.

Turn-over : à la maniÚre des tissus osseux, la chaßne hyaluronique est produite en permanence, mais aussi dégradée en permanence. Ses produits de dégradation ont des propriétés spécifiques : ils se fixent à la protéine CD44, activant les récepteurs de type Toll 4 et 2[11] intervenant dans l'inflammation.

Histoire médicale

En 1934, deux chercheurs amĂ©ricains en ophtalmologie (Karl Meyer et John Palmer) s'intĂ©ressent Ă  un mucopolysaccharide associant la de N-glucosamine et l'acide glucuronique en proportions Ă©quimolaires, qu'on a d'abord trouvĂ© dans l’humeur vitrĂ©e, le cordon ombilical et la synovie, les reins et la peau de bovins et des porcins mais aussi chez les humains[12]. Dans les annĂ©es 1950, on s'interroge encore sur ses fonctions physiologiques[13]

On retrouve aussi la molĂ©cule chez certaines bactĂ©ries (dont les dangereux streptocoques hĂ©molytiques de type A et C)[12]. Il apparaĂźt que, selon sa localisation, la molĂ©cule d’acide hyaluronique prĂ©sente un poids molĂ©culaire variable, tĂ©moin d’un degrĂ© de polymĂ©risation plus ou moins Ă©levĂ©[14].

On note aussi que des taux importantes d'acide hyaluronique dans certains fluides biologiques peuvent indiquer des pathologies trÚs différentes (par exemple dans les sécrétions pulmonaires des asthmatiques et de certains patients en train de développer certains cancers du poumon (mésothéliomes)[15].

Histoire Ă©conomique

Dans les pays riches oĂč le baby boom est suivie par une phase de vieillissement de la population, l'acide hyaluronique suscite de nombreux espoirs mĂ©dicaux et commerciaux de la part de l'industrie pharmaceutique et des cosmĂ©tiques (principalement de la chirurgie reconstructrice).

Ceci en a fait un sujet travaillé par de nombreux laboratoires dans le monde, avec plus de 3000 articles médicaux publiés sur le sujet, selon Pubmed, entre 2019 et 2020)[16].

En 2012, le marchĂ© de l'acide hyaluronique en pharmacie a Ă©tĂ© estimĂ© Ă  135 M€.

Histoire industrielle et fabrication

L'acide hyaluronique est principalement issu de deux procédés :

  1. Extraction de crĂȘtes de coq (obtenues Ă  bas prix en tant que dĂ©chet d'abattoir recyclĂ©), aprĂšs broyage, traitement chimique et purification[17] ;
  2. Fermentation bactĂ©rienne : les filaments d'acide hyaluronique sont synthĂ©tisĂ©s par des bactĂ©ries programmĂ©es pour cela. Novozymes (Danemark) a finalisĂ© en 2012 la construction en Chine d'une unitĂ© de production d'acide hyaluronique, par fermentation de bactĂ©ries Bacillus subtilis. Les risques de contamination par des impuretĂ©s virales ou des endotoxines (fabrications Ă  partir des crĂȘtes de coq ou par fermentation de bactĂ©ries streptococcus) sont ainsi rĂ©duits[18].
  3. Actuellement, l'acide hyaluronique est obtenu par fermentation de végétaux qui en contiennent naturellement, tels que le blé, le maïs ou le soja.

L'avĂšnement du gĂ©nie gĂ©nĂ©tique et des OGM utilisĂ©s en fermenteur a permis que l’acide hyaluronique soit ensuite plutĂŽt produit par des cellules bactĂ©riennes[16].

Viscosité

La viscosité du gel est proportionnelle au poids moléculaire (exprimé en daltons) et à la longueur des chaßnes du polymÚre. La viscosité détermine aussi la vitesse de dégradation du produit aprÚs implantation.

DĂ©gradation

Des Ă©tudes ont montrĂ© une influence des processus inflammatoires et la productions de radicaux libres dans la dĂ©gradation des chaĂźnes d'acide hyaluronique au sein des articulations dans le cadre de pathologies inflammatoires articulaires[19] - [20]. L'influence de l'exposition au soleil et la production de radicaux libres qui en rĂ©sulte[21] pourrait avoir le mĂȘme effet sur sa dĂ©gradation.

in vivo, l'acide hyaluronique est dĂ©gradĂ© par une enzyme dĂ©diĂ©e : l’hyaluronidase, prĂ©sente au sein de tout organisme et permettant le renouvellement constant des chaĂźnes d'acide hyaluronique dans l'organisme. Un humain moyen de 70 kg contiendrait environ 15 g d'acide hyaluronique dont g serait renouvelĂ© chaque jour. La peau contient Ă  elle seule 50 % de cette quantitĂ© d'acide hyaluronique[22].

Efficacité, échecs et effets secondaires

Cet acide a Ă©tĂ© promu au nom du fait qu'il est naturellement prĂ©sent dans le corps. La communication de l'industrie des cosmĂ©tique omet souvent de dire qu'il est Ă©galement dĂ©truit dans le corps humain, faisant que ses effets ne sont pas durables (selon une Ă©tude prospective (2011), certains acides hyaluroniques de poids molĂ©culaire moyen sont efficaces contre la douleur liĂ©e Ă  l’hypertrophie synoviale avec aussi un effet anti-inflammatoire (sur le critĂšre de l’activitĂ© doppler), mais l'effet ne perdurera pas plus que jusqu’à moins de 25 semaines.

On l'a introduit dans de nombreuses crÚmes de beauté et produits similaires supposés faire disparaitre les rides ou d'autres imperfections du corps, développé à grand renfort de publicité depuis la fin du XXe siÚcle.

Les médecines esthétique et prétendument anti-ùge se sont aussi largement approprié l'acide hyaluronique, alors souvent utilisé en injections de comblement, parfois associé à la chirurgie esthétique. Mais des effets secondaires, parfois graves son apparus :

  • apparition d'irrĂ©gularitĂ©s cutanĂ©es ou sous-cutanĂ©es, inesthĂ©tiques ;
  • injections mal rĂ©alisĂ©es (par exemple dans le cas d'infiltrations non Ă©choguidĂ©es dans les poches synoviales des articulations (sans Ă©choguidage, selon les Ă©tudes, le produit serait administrĂ© hors de l'articulation jusqu'Ă  42 % des cas) ;
  • graves nĂ©croses tissulaires induites par les injections intra-vasculaires, potentiellement Ă  risque de provoquer[23] a imposĂ© la nĂ©cessitĂ© de formaliser la procĂ©dure Ă  suivre en cas de survenue de complication[24] ;
  • survenue de cĂ©citĂ© (complication la plus grave, avec le risque nĂ©crotique)[25].

Concernant la viscosupplémentation, dans de nombreux cas, il ne se montre pas plus efficace qu'un placebo ou un corticoïde, mais son effet semble parfois plus prolongé dans le temps (par rapport à celui du corticoïde ou du placebo[26]).

Tolérance

L’hyaluronidase, qu'elle soit d'origine humaine recombinante ou ovine, si elle est pure, utilisĂ©e Ă  ce type de fins ne prĂ©sente gĂ©nĂ©ralement pas Ă  ce jour de problĂšme de tolĂ©rance (mĂȘme Ă  forte dose), mais des cas de rĂ©actions allergiques sont documentĂ©s, imposant un test prĂ©alable[27]. Le profil de rĂ©action de l'acide hyaluronique Ă  l’hyaluronidase dĂ©pend du type d'acide hyaluronique utilisĂ©[28] mais aussi de l’hyaluronidase utilisĂ©e[29].

Applications médicales

Viscosupplémentation

Ce sont les usages qui visent à diminuer le frottement des cartilages dans la capsule synoviale (qui renferme le liquide lubrifiant l'articulation et aidant le cartilage à constamment se régénérer). Des acides hyaluroniques sont ainsi utilisés pour soulager certaines formes d'arthrose, alors administrés sous forme d'injections dans certaines articulation (du genou en général). Ces traitements devraient théoriquement augmenter la viscosité du liquide synovial et ainsi améliorer la lubrification de l'articulation, mais en 2015, leur efficacité sur les douleurs n'était toujours pas démontrée[30], et le rapport bénéfices/risque d'effets secondaires a finalement été jugé défavorable[31].

Insémination artificielle, FIV/ICSI

Ces acides Ă©tant trĂšs prĂ©sents dans le cordon ombilical et l'embryon, on s'est demandĂ© s'il serait utile d'enrichir le milieu de transfert embryonnaire en certains acides hyaluroniques (en laboratoire ou lors de rĂ©alisations de FIV/ICSI) pour peut-ĂȘtre augmenter la probabilitĂ© de survenue de grossesses cliniques (GC) et d’implantation (comparativement aux rĂ©sultats obtenus sur des milieux de transfert traditionnel)[32] ; les rĂ©sultats des Ă©tudes et expĂ©riences sont contradictoires. Une lĂ©gĂšre efficacitĂ© est constatĂ©e pour les taux de grossesse et d'implantation, mais l'amĂ©lioration n'est dĂ©celable que chez les femmes de plus de 35 ans et/ou ayant connu au moins un Ă©chec d’implantation prĂ©cĂ©dent[32].

Cancérologie

  • Une corrĂ©lation positive a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©e entre l'augmentation des taux de produits de dĂ©gradation de l'acide hyaluronique dans le sang, et le degrĂ© de malignitĂ© de certains cancers (ex. : cancer du sein[33] - [34]). Ceci fait de ces produits de dĂ©gradation des bioindicateurs en cancĂ©rologie (permettant de suivre l'Ă©volution de la maladie).
  • Chez le rat taupe nu, l'acide hyaluronique semble avoir des vertus anticancĂ©reuses. Ceci a suscitĂ© des recherches pour son usage Ă©ventuel dans le traitement du cancer[35] - [36].

Ophtalmologie

Certains acides hyaluroniques favorisent la reconstitution et la cicatrisation des tissus (principalement aprÚs une opération de la cataracte). En collyre, ils peuvent aussi favoriser l'hydratation de la cornée.

Dans la sphĂšre ORL et digestive

On trouve des pastilles adoucissantes destinées à calmer l'extinction de voix, ou utilisées dans les traitements d'atteintes aphteuses de la muqueuse buccale (application locale).

Des acides hyaluroniques sont utilisĂ©s pour limiter les frottements entre aliments Ă©rosifs et/ou acides et la muqueuse gastro-Ɠsophagienne ; pour attĂ©nuer certaines douleurs et accĂ©lĂšre la cicatrisation.
À tempĂ©rature corporelle, ils forment un hydrogel naturellement bio-adhĂ©sif se rĂ©partissant sur la paroi Ɠsophagienne[37], la protĂ©geant ainsi des dommages causĂ©s par les acides gastriques et la pepsine[38]. L'acide hyaluronique et le sulfate de chondroĂŻtine soulagent des symptĂŽmes du reflux[38] - [39] - [40] et contribuent Ă  la rĂ©gĂ©nĂ©ration et Ă  la cicatrisation de la muqueuse endommagĂ©e[41] - [42] - [43].

Il est utilisĂ© sous forme liquide pour attĂ©nuer les effets du reflux gastro-Ɠsophagien ; alors combinĂ© Ă  du sulfate de chondroĂŻtine et de poloxamĂšre 407[38].

Applications esthétiques

Contre les rides

Depuis le début des années 2000, l'acide hyaluronique est utilisé en médecine esthétique, dont [liste incomplÚte] comme produit injectable de comblement de rides. Des produits à base d'acide hyaluronique [tels que Teosyal (du laboratoire Teoxane), Restylane (du laboratoire Galderma-Q-Med), Captique (produit par Genzyme/Inamed), Juvederm (par Inamed/Allergan), Hylaform (de Biomatrix), Belotero (de Merz pharmaceuticals), Varioderm (de Adoderm GmbH/Medical Aesthetics group), Emervel (de Galderma), Teosyal (de Lifestyle Aesthetics/Teoxane Laboratories), HydraFill (de Allergan), Surgiderm (de Allergan), Hyaluderm (de LCA Pharmaceutical), Stylage (de Vivace Laboratories), Perlane (de Medicis Aesthetics)][44] - [45] - [46] tendent à supplanter les injections de collagÚne, car l'acide hyaluronique a sur eux plusieurs avantages, dont :

  • une bonne tolĂ©rance biologique : les cas d'allergies sont exceptionnels[47] ;
  • des formulations variĂ©es, permettent d'obtenir des propriĂ©tĂ©s diffĂ©rentes selon le degrĂ© de rĂ©ticulation du produit et une adaptabilitĂ© importante en fonction de la zone Ă  traiter. Un produit fluide est plus hydratant qu'un gel Ă©pais formateur de volume (produit trĂšs rĂ©ticulĂ©) ;
  • propriĂ©tĂ©s hydratantes (mĂȘme Ă  faible dose). Certains laboratoires ont mis au point des crĂšmes anti-rides Ă  base d'acide hyaluronique, dont l'efficacitĂ© est par ailleurs discutĂ©e[48] - [49].

Les usages de l'acide hyaluronique en mĂ©decine esthĂ©tique peuvent ĂȘtre catĂ©gorisĂ©s selon le but recherchĂ© par les injections.

Correction de volume du visage

La correction des volumes du visage permet de redonner du volume Ă  une zone qui aurait perdu de la projection par les processus normaux du vieillissement (la perte de masse osseuse, musculaire et graisseuse), ou la correction de volumes physiologiquement insuffisants.

Pour ces corrections de volume les produits choisis sont plutÎt fortement réticulés, et injectés en profondeur, parfois directement au contact de l'os sous-jacent pour pouvoir projeter au maximum les volumes.

Ce type de procédure est adapté à[50] :

  • la correction de tempes creuses ;
  • la projection des pommettes ;
  • la masculinisation d'une mĂąchoire ;
  • la projection du menton ;
  • certains dĂ©fauts d'aspect du nez sont accessibles aux injections ;
  • les joues creuses.

D'autre défauts de volumes sont plus superficiels et nécessitent un acide hyaluronique modérément réticulé, en effet plus un produit est réticulé et plus il aura tendance à conserver sa forme, si le produit est injecté à proximité de la surface de la peau, on aura facilement tendance à le voir sous forme d'une boule visible à la surface de la peau. Pour ces défauts, l'injection est sous-cutanée, et est adaptée à :

  • la correction de cernes creux ;
  • le comblement de sillons-nasogĂ©niens ;
  • le comblement de plis d'amertume ;
  • l'augmentation du volume des lĂšvres.

La sĂ©ance d’injections d’acide hyaluronique dure environ quinze minutes. Le spĂ©cialiste injecte l’acide hyaluronique dans le derme, Ă  quelques millimĂštres de profondeur. Les effets de l’acide hyaluronique sont immĂ©diats aprĂšs injection et ont une durĂ©e de vie d’environ six Ă  neuf mois. Par ailleurs, l’acide hyaluronique est rĂ©sorbable, les effets non-dĂ©sirĂ©s sont donc transitoires[51].

Correction des volumes du corps

On utilise également, non sans risques, un gel d'acide hyaluronique (ex. : Macrolane) pour l'augmentation de certains volumes corporels (fesses, mollets, pectoraux, pénis) ou contre la lipoatrophie induite par le VIH/Sida.

Les propriétés des acides hyaluroniques permettent théoriquement de redonner du volume à toutes les parties du corps qui en manqueraient[52], par exemple au niveau des fesses.

Ses effets transitoires et les quantités parfois importantes à injecter ne font toutefois pas des injections d'acide hyaluronique la technique de référence pour la correction des volumes du corps.

Dans la sphÚre génitale, des injections d'acide hyaluronique sont parfois utilisées chez l'homme ou la femme pour :

  • augmenter le volume du gland du pĂ©nis[53], parfois dans le but de traiter l'Ă©jaculation prĂ©coce[54]. Le rĂ©sultat imite souvent mal une forme naturelle (bourrelets autour de la zone d'injection), mais avec des rĂ©sultats moins inesthĂ©tiques qu'en cas d'injection de graisse autologue, opĂ©ration souvent compliquĂ©e par la formation de nodules, de graisse calcifiĂ©e, de dĂ©formations du pĂ©nis, voire de lipogranulome sclĂ©rosant[55] ;
  • augmenter le volume/diamĂštre du pĂ©nis[56].

Pour cet usage (parfois auto-pratiqué avec alors des risques plus ou moins graves (comme pour l'injection de silicone fluide, d'huiles, de paraffine, de certaines pommade, de vaseline, ou de collagÚne, etc.), selon les produits, le receveur, et le type d'injection), l'utilisation de gel d'hyaluronate (Perlane, Juvederm, Surederm)[57], des effets secondaires différés désastreux sont possibles, nécessitant parfois l'ablation du pénis ou de complexes opérations de reconstruction[46].

L'injection de gel d'acide hyaluronique directement dans la couche fasciale de la tige du pĂ©nis a Ă©tĂ© utilisĂ©e. Elle a permis Ă  Kwak et al. (2011), par exemple, de faire passer une circonfĂ©rence pĂ©nienne de 7,48 Â± 0,35 cm Ă  11,41 Â± 0,34 cm, avec encore un diamĂštre de 11,26 Â± 0,33 cm jusqu'Ă  18 mois aprĂšs, sans complication lors de la pĂ©riode de suivi dans ce cas[58].

La méthode est a priori moins dangereuse que celle consistant à injecter de la paraffine (source de Paraffinoma[59] et d'ulcÚre du pénis[60]) ou du silicone liquide par exemple entre la peau du pénis et le corps caverneux sur les cÎtés dorsal et latéral de la tige du pénis[61], moyen trÚs controversé de donner une impression de pénis plus épais, signalé pour la premiÚre fois en 1973 par Arthaud (qui a eu à traiter un lipogranulome et une sclérose du pénis induits par une telle injection)[62] - [63]. Cet usage a été décrit comme méthode d'élargissement de la circonférence du pénis, mais non recommandée en raison de nombreuses complications, dont douleur, ecchymoses, altération mentale, ou, plus gravement pneumonite[64] ou embolie[65] (si le silicone est injecté directement dans le systÚme vasculaire). De plus, l'injection de silicone liquide dans le pénis augmente la possibilité d'endommager les vaisseaux sanguins et les nerfs, provoquant ainsi une perte de sensation et une dysfonction érectile[66]. En 2007, au moins 327 cas de séries d'expériences d'amélioration de la circonférence du pénis à l'aide de silicone liquide avaient déjà été rapportées par la littérature médicale[67] ;

  • rĂ©duire le diamĂštre vaginal (ce qui est notamment supposĂ© aider la stimulation du point G) et/ou pour corriger certains aspects cosmĂ©tiques du vagin[68].

Lissage de surface cutané

Au cours de la vie, des rides se forment naturellement sur la peau, et notamment sur le front, entre les yeux (ride du lion), au coin externe des yeux (ride de la patte d'oie), autour de la bouche, sur les joues, sur le cou, etc. Elles sont liées au vieillissement cutané, à l'effet du soleil notamment, et à des mécanismes de perte musculaires (y compris quand on mùche moins).

Un traitement fréquent est l'injection de toxine botulique (pour bloquer le mécanisme basal) ; l'injection d'acide hyaluronique est parfois proposée aprÚs ou avant ce traitement, pour venir, plus ou moins, lisser la surface cutanée en apportant du volume sous le pli de la ride à traiter[69]. Les injections sont dans ce cas préférentiellement intra dermiques et utilisent des acides hyaluroniques peu réticulés.

Hydratation de la peau

Cet acide a un effet dit hydratant[70] à faible dose (1 % suffit dans une crÚme)[71], et la communication publicitaire des laboratoires de cosmétiques ont entretenu un effet psychologique associé à des effets prétenduement quasi-magiques et spectaculaires de cette molécule active trÚs utilisée dans les matériels dits de comblement.

Par l'utilisation de techniques de mésothérapie, l'utilisation d'acide hyaluronique permet d'apporter de l'hydratation de la peau en profondeur à la peau pour lui permettre d'améliorer ses propriétés en termes de ridules et de présence de pores[72]. L'acide hyaluronique agit comme une éponge moléculaire : il est une des biomolécules ayant des propriétés hygroscopiques exceptionnelles (elle est capable de retenir jusqu'à mille fois son poids en eau) qui contribuent à l'hydratation de la peau[73].

Contre-indications aux injections d'acide hyaluronique

Ce sont :

Pratique réglementée

Tout mĂ©decin pratiquant les injections d'acide hyaluronique doit ĂȘtre inscrit au tableau du conseil de l'Ordre, ĂȘtre autorisĂ© Ă  pratiquer sur le territoire oĂč il exerce et justifier d'une formation spĂ©cifique[75].

La pratique du « Hyaluron Pen » est interdite en France. Ceci est couramment utilisé par les esthéticiens qui pratiquent illégalement la médecine.

Notes et références

  1. Masse molaire calculĂ©e d’aprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
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