Amanite
Le genre Amanita regroupe des BasidiomycÚtes[1] de la famille des Amanitacées[2].
Amanita
RĂšgne | Fungi |
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Division | Basidiomycota |
Classe | Agaricomycetes |
Sous-classe | Agaricomycetidae |
Ordre | Agaricales |
Clade | Plutéoïde |
Famille | Amanitaceae |
Sous-genres de rang inférieur
Sections de rang inférieur
- Caesareae - Phalloideae
- Valideae
EspÚces de rang inférieur
Les champignons de cette famille étaient traditionnellement classés dans l'ordre des Amanitales[3], classification confirmé par l'analyse phylogénétique dans le clade Plutéoïde, une des six nouvelles divisions des Agaricales[4] - [5].
Avec prÚs de 600 espÚces sur la planÚte, parmi lesquelles les plus toxiques cÎtoient les comestibles les plus réputés, le genre amanite est le plus important à savoir reconnaßtre parmi les champignons. En France et en Belgique, on a recensé une soixantaine d'espÚces d'amanites, dont six[6] sont mortelles et trois sont responsables de 95 % des accidents mortels par ingestion volontaire de champignons[7].
Lâintoxication phalloĂŻdienne est provoquĂ©e par des octapeptides bicycliques appelĂ©s amatoxines[8] (α, ÎČ et Îł-amanitines) prĂ©sents chez 35 espĂšces rĂ©parties dans 3 genres : Amanita, Galerina et Lepiota[9]. Plusieurs de ces toxines ont Ă©tĂ© isolĂ©es dans certaines amanites : la plus puissante est l'alpha-amanitine, qui rĂ©siste Ă la cuisson[10] et la phalloĂŻdine qui est thermolabile et perd sa toxicitĂ© au dessus de 70 °C de cuisson[11].
Naissance d'une amanite
La jeune amanite ressemble Ă un Ćuf partiellement enfoncĂ© dans le sol. Une membrane blanchĂątre (le voile gĂ©nĂ©ral) l'enveloppe entiĂšrement. A l'abri de cette membrane, le primordium est dĂ©jĂ formĂ© d'une base renflĂ©e (le bulbe) occupant les deux tiers du volume. La partie supĂ©rieure est occupĂ©e par le chapeau, tandis que le futur pied se forme entre les deux pĂŽles, l'espace intermĂ©diaire est occupĂ© par les lames, protĂ©gĂ©es par le voile partiel, attachĂ© au sommet du pied d'une part, et Ă la marge du chapeau d'autre part[12].
Une fois éclos, le sporophore des amanites déchire le voile général par sa poussée verticale, due à l'allongement du pied. La "coquille" se brise à la partie supérieure du chapeau et ne subsiste à la base autour du bulbe que par la volve. C'est ensuite au tour du chapeau de s'épanouir en s'étalant. Le voile partiel se détache du bord du chapeau, puis se décolle du bord externe des lamelles. Il ne subsiste que par un anneau retombant, juponnant, attaché en haut du stipe[13].
L'amanite présente des lames libres, de couleur blanche, quelquefois jaune. La sporée est blanche.
Le stipe (pied) est plus ou moins bulbeux souvent chaussé d'une volve plus ou moins visible, membraneuse ou floconneuse.
Un anneau, généralement en forme de collerette ou en « jupe », est présent chez les spécimens jeunes, mais parfois de façon fugace.
Les amanites sans anneau ont la marge de l'hymĂ©nophore striĂ©e ou pectinĂ©e. Elles ont longtemps Ă©tĂ© regroupĂ©es dans le sous-genre Amanitopsis. Elles sont maintenant rĂ©parties dans les sections Vaginae (pied frĂȘle sans bulbe) et Ceasarea (pied marginĂ©).
La volve est un reste du voile gĂ©nĂ©ral, sorte de « coquille » Ă l'intĂ©rieur de laquelle se forme le sporophore. Au dĂ©part, en phase hypogĂ©e, les amanites se prĂ©sentent comme des Ćufs blancs, le sporophore se dĂ©veloppant un peu comme un poussin dans sa coquille. Puis le voile gĂ©nĂ©ral se dĂ©chire, mais reste prĂ©sent, parfois trĂšs effritĂ©, sous forme de volve Ă la base du pied du champignon. Des dĂ©bris du voile gĂ©nĂ©ral subsistent Ă©galement sur la cuticule de plusieurs espĂšces, sous forme de plaques ou de verrues.
Comestibilité
Ce genre comprend également de nombreux champignons comestibles, mais les mycologues déconseillent aux amateurs de champignons de les consommer, le risque de confusion pouvant engendrer des conséquences tragiques. Néanmoins, dans certaines cultures, des espÚces locales sont comestibles et à l'origine de marchés saisonniers. Comme exemple de ce type d'amanites, on peut citer Amanita zambiana et d'autres espÚces charnues dans le centre de l'Afrique, Amanita basii, des espÚces similaires au Mexique, Amanita caesarea en Méditerranée, et Amanita chepangiana, amanite blanche du Sud-Est asiatique. D'autres espÚces sont utilisées pour les sauces colorantes, comme l'Amanita jacksonii aux éclats rouge vif, que l'on récolte de l'Est du Canada à l'Est du Mexique et que l'on peut trouver sur les marchés.
Pour beaucoup d'espĂšces, on ignore si elles sont comestibles, en particulier dans des pays traditionnellement mycophobes comme l'Australie et la Nouvelle-ZĂ©lande, oĂč de nombreux champignons sont mal connus.
Taxinomie du genre Amanita
Le nom grec Amanites pourrait ĂȘtre dĂ©rivĂ© de Amanos, une montagne de la Cilicie orientale entre la PhĂ©nicie et la Syrie, oĂč auraient foisonnĂ© ces champignons[14]. Le physicien romain Galien utilisait le mot pour dĂ©signer les agarics champĂȘtres par opposition au bolet[15].
Le genre Amanita a tout d'abord été publié avec son sens actuel par Christian Hendrik Persoon en 1797[16]. En vertu du Code international de nomenclature botanique, le concept des amanites de Persoon, avec Amanita muscaria (L.) Pers. défini comme l'espÚce type, a été officiellement conservé contre les anciennes Amanita Dill. ex Boehm. (1760) considérées comme un synonyme de Agaricus L.[17].
Phylogramme du genre Amanita
Le genre Amanita inclut deux sous-genres et sept sections confirmés par la morphologie et la phylogénétique moléculaire. Les espÚces types de ces sous-genres et sections sont précisées ci-dessous[4].
- Amanita (genre)
- Amanita (sous-genre)
- Amanita strictu senso (section)
- Amanita muscaria (L.) Lam. 1783
- Vaginatae (Amanitopsis)
- Amanita vaginata (Bull. : Fr.) Lam. (1783 ["1784"]).
- Caesareae
- Amanita caesarea (Scop. : Fr.) Pers. (1801).
- Amanita strictu senso (section)
- Lepidella (sous-genre)
- Lepidella strictu senso (section)
- Amanita vittadinii (Morreti) Vitt. (1826).
- Amidella
- Amanita volvata Peck (Lloyd) (1898)
- Phalloideae
- Amanita phalloides (Fr. : Fr.) Link (1833)
- Valideae
- Amanita australis (G. Stev. 1962)
- Lepidella strictu senso (section)
- Amanita (sous-genre)
Classification linnéenne du genre Amanita
Ce genre englobe un peu plus de 550 espĂšces et variĂ©tĂ©s, la liste suivante est donc loin d'ĂȘtre exhaustive. Cette liste suit la classification des sous-genres et sections des grandes lignes du genre Amanita de Corner et Bas (1962[18]), de Bas (1969[19]), comme utilisĂ©e par Tulloss en 2007. L'utilisation des noms communs suit Tulloss (2007), Holden (2003), Arora (1986[20]) et Yang (2004[21]) et Lincoff (1981[22]).
Sous-genre Amanita
Le sous-genre Amanita a les spores qui réagissent à l'iode (Test de Melzer) et deviennent noires. Les spores sont inamyloïdes.
Section Amanita sensu stricto
Toutes les espĂšces ont un bulbe Ă la base du stipe
- EspĂšce-type du genre
- Amanita muscaria â Amanite tue-mouche (Cosmopolite)
- Liste des espĂšces de la section Amanita
- Amanita albocreata â AmĂ©rique du Nord
- Amanita altipes â Chine du Sud-Ouest
- Amanita armeniaca â Amanite des bohĂ©miens; Australie
- Amanita eliae â Europe
- Amanita farinosa â CĂŽte est de l'AmĂ©rique du Nord et AmĂ©rique centrale
- Amanita frostiana â Frost's amanita; CĂŽte est de l'AmĂ©rique du Nord
- Amanita gemmata â Amanite jonquille[note 1]; Europe
- Amanita nehuta â Maori dust Amanita; Nouvelle-ZĂ©lande
- Amanita pantherina â Amanite panthĂšre; HĂ©misphere-Nord
- Amanita parvipantherina; Chine du Sud-Ouest (Province de Yunnan)
- Amanita regalis â Europe, Alaska
- Amanita rubrovolvata â red volva amanita; Chine, Japon, IndonĂ©sie
- Amanita strobiliformis â Amanite verruqueuse; Europe
- Amanita virgineoides - Amanite virginoĂŻde; Japon
- Amanita xanthocephala â Grisette vermillon; Australie
Section Vaginae
La plupart de ces espĂšces ont un stipe sans bulbe. La volve est friable, Ă©paisse et membraneuse.
- EspĂšce-type de la section
- Amanita vaginata â Grisette ; Europe, AmĂ©rique du Nord
- Liste des espĂšces de la section Vaginae
- Amanita argentea (=Amanita mairei) â Europe
- Amanita battarrae (=Amanita umbrinolutea) â Amanite argile ombrĂ©e[note 2] Europe
- Amanita ceciliae (=Amanita inaurata) â[note 3], peau de serpent; Europe
- Amanita crocea â Grisette orange[note 4], Europe
- Amanita fulva â Grisette fauve[note 5], Europe
- Amanita liquii â Chine du Sud-Ouest
- Amanita lividopallescens â Europe
- Amanita nivalis â Grisette des montagnes[note 6], (Arctique/Alpine)
- Amanita orientifulva â Chine du Sud-Ouest
- Amanita pachycolea â Grisette de l'Ouest[note 7], CĂŽte ouest de l'AmĂ©rique du Nord
- Amanita pekeoides â Amanite des Maoris[note 8] Nouvelle-ZĂ©lande
- Amanita simulans â Europe, peupliers, saules, hĂ©lianthĂšmes, sol calcaire.
- Amanita submembranacea â Europe
- Amanita velosa â Amanite du printemps[note 9], CĂŽte ouest de l'AmĂ©rique du Nord
Section Ceasareae
Le bulbe Ă la base du stipe est inexistant et fort proche de la section Vaginae[23] un voile membraneux partiel.
- EspĂšce type de la section
- Amanita caesarea â Amanite des Caesars, Caesar[note 10] Italie, Espagne, France (sud)
- Liste des espĂšces de la section Caesareae
- Amanita chepangiana â (Asie du Sud-Est)
- Amanita hemibapha (complexe d'espĂšces[note 11]) â (Pantropicale)
- Amanita jacksonii â Caesar d'AmĂ©rique[note 12], CĂŽte est de l'AmĂ©rique du Nord. Synonyme : A. basii.
- Amanita lanei (=Amanita calyptrata) â Coccora, Coccoli CĂŽte ouest de l'AmĂ©rique du Nord
- Amanita spreta â Caesar Ă chapeau[note 13], CĂŽte est de l'AmĂ©rique du Nord
- Amanita zambiana â Caesar de Zambie[note 14] Zambie
Sous-genre Lepidella
Section Lepidella
Les espÚces de ces sections incluent certaines dont les caractÚres sont jugés « plus primitifs » ou « moins dérivés » que dans le genre Amanita. Toutes les espÚces sont blanches et pùles.
- EspĂšce type chez Lepidella
- Liste des espĂšces de la section Lepidella
- Amanita abrupta â Amanite Ă bulbe abrupt
- Amanita atkinsoniana â
- Amanita austroviridis â Lepidella australienne vert-de-gris : Australie
- Amanita ananaeceps â Lepidella ananas australienne[note 16] : Australie
- Amanita cokeri â Lepidella de Coker
- Amanita daucipes â Amanite pied de navet[note 17],
- Amanita inopinata â Amanite inopinĂ©e[note 18] : Nouvelle-ZĂ©lande, Europe de l'Ouest
- Amanita magniverrucata â Amanite Ă grandes verrues[note 19]
- Amanita nauseosa, Amanite nauséeuse
- Amanita onusta â Amanite chargĂ©e[note 20]
- Amanita ravenelii â Amanite de Ravenel, Amanite pomme de pin[note 21], AmĂ©rique du Nord
- Amanita smithiana â Amanite de Smith[note 22] (CĂŽte ouest de l'AmĂ©rique du Nord)
- Amanita solitaria ou Amanita strobiliformis â Amanite solitaire d'Europe[note 23], Europe
- Amanita thiersii â Amanite de Thiers[note 24] (CĂŽte est de l'AmĂ©rique du Nord)
Section Amidella
Les espÚces de cette section ont la marge du chapeau appendiculée, combiné à un voile universel robuste et multicouches.
- EspĂšce-type
- Amanita volvata â Amidella d'AmĂ©rique, CĂŽte est de l'AmĂ©rique du Nord
- Listes des espĂšces de la section Amidella
- Amanita curtipes â Italie, Espagne, sud de la France
- Amanita lepiotoides â Italie, Espagne, sud de la France
- Amanita ovoidea â Amanite ovoĂŻde[note 25] â Italie, Espagne, sud de la France
- Amanita ponderosa â Italie, Espagne, sud de la France
- Amanita proxima â Italie, Espagne, sud de la France
Section Phalloideae
Cette section est définie en partie par une absence de marges friables du chapeau. Un grand nombre des espÚces de cette section contiennent une ou plusieurs amatoxines et/ou de la phalloïdine.
- EspĂšce-type
- Amanita phalloides â Oronge verte, Amanite phalloĂŻde[note 26] (Cosmopolite)
- Liste des espĂšces de la section phalloideae
- Amanita arocheae â Ange de la mort d'AmĂ©rique latine[note 27], (AmĂ©rique centrale et AmĂ©rique du Sud)
- Amanita bisporigera â Ange de la mort : CĂŽte est de l'AmĂ©rique du Nord
- Amanita exitialis â Ange de la mort de Guangzhou[note 28] Sud de la Chine
- Amanita magnivelaris â Oronge cigĂŒe Ă grande jupe Ă [note 29] : CĂŽte est de l'AmĂ©rique du Nord
- Amanita marmorata subsp. myrtacearum â Oronge verte marbrĂ©e[note 30]: HawaĂŻ
- Amanita manginiana â Fausse Oronge de Chiu[note 31] Est de l'Asie
- Amanita ocreata â Ange de la mort[note 32] : CĂŽte ouest de l'AmĂ©rique du Nord
- Amanita pseudoporphyria â Fausse Oronge de Hongo[note 33] Sud et Est de l'Asie
- Amanita subjunquillea â Fausse Oronge d'Asie de l'Est[note 34] Asie de l'Est et du Sud-est
- Amanita verna â Champignon des fous, Oronge cigĂŒe blanche[note 35]: Italie, Espagne, sud de la France
- Amanita virosa â Ange de la mort[note 36], Europe
- Amanita virosiformis â Ange de la mort de Floride[note 37] Floride
Section Validae
Cette section est caractérisée par l'absence d'un voile membraneux universel. Beaucoup d'espÚces de cette section qui ont été testées, contiennent un composé hémolytique qui est détruit par la chaleur. Ingérées crues, des troubles gastro-intestinaux apparaissent assez rapidement. Des espÚces de cette section sont couramment consommées dans plusieurs parties du monde, mais jamais ingérées crues.
- Liste des espĂšces de la section Validae
- EspĂšce-type
- Amanita excelsa var. spissa(=Amanita spissa) â Fausse Golmotte[note 38] - Europe
- Amanita excelsa var. excelsa(=Amanita excelsa var. valida) â Europe
- Liste des espĂšces de la section Validae
- Amanita aestivalis - Amanite d'été[note 39] 6 Amérique du Nord
- Amanita australis - Amanite australe[note 40] Nouvelle-ZĂ©lande
- Amanita brunnescens â Amanite brunescente, Amanite Pied-fourchu[note 41] AmĂ©rique du Nord
- Amanita citrina â Amanite citrine, Fausse Oronge Verte[note 42] Europe
- Amanita flavella â[note 43] Australie
- Amanita flavoconia â[note 44] CĂŽte est de l'AmĂ©rique du Nord
- Amanita flavorubens â[note 45] CĂŽte est de l'AmĂ©rique du Nord
- Amanita franchetii (= Amanita aspera) â Amanite Ă voile jaune[note 46] - Europe, AmĂ©rique du Nord
- Amanita nothofagi - Amanite du hĂȘtre mĂ©diterranĂ©en[note 47] Nouvelle-ZĂ©lande
- Amanita novinupta â Amanite[note 48] - CĂŽte ouest de l'AmĂ©rique du Nord
- Amanita porphyria â Amanite porphyre[note 49] Europe
- Amanita rubescens â Golmotte[note 50] Europe, CĂŽte est de l'AmĂ©rique du Nord
Toxicologie
Toxicité
Plusieurs espĂšces de la section Phalloideae sont remarquables par leur toxicitĂ©, elles contiennent des toxines connues comme les amatoxines qui peuvent entraĂźner une insuffisance hĂ©patique grave et la mort. Il s'agit notamment de l'Amanite phalloĂŻde, l'Oronge verte et des espĂšces connues sous le nom de l'Ange de la mort Amanita virosa, Amanita bisporigera et Amanita ocreata et l'Oronge cigĂŒe blanche, Amanita verna qui, au printemps, ressemble Ă s'y mĂ©prendre Ă un agaric des prĂ©s, Agaricus campestris[24].
En 2006, il a été prouvé qu'une série d'espÚces du sous-genre Lepidella pouvaient provoquer une insuffisance rénale aiguë, particuliÚrement avec Amanita smithiana du Nord-Ouest d'Amérique du Nord, Amanita pseudoporphyria au Japon, et Amanita Proxima du sud de l'Europe[25].
- Amanite phalloĂŻde (Amanita phalloides)
- Amanite vireuse (Amanita virosa)
- Amanite printaniĂšre (Amanita verna)
Les Amatoxines
C'est Ă l'Ă©poque de Boudier que leur Ă©tude a commencĂ© : Ă cette Ă©poque dĂ©jĂ , quelques mycologues entretiennent la tradition de toxicovigilance en publiant des ouvrages dĂ©diĂ©s aux empoisonnements et aux principaux comestibles : Cordier (1826 et 1836), Roques (1832, 1841 et 1876), Vittadini (1835), Schmid (1836), Krombholz (1831-1846), Badham (1847 et 1864). Letellier qui, suivant l'exemple de Paulet, cherche Ă dĂ©terminer la toxine en cause (qu'il croit ĂȘtre unique), propose de la nommer Amanitine[26]. Il publie un Avis au peuple (1840) qui ne sera pas poursuivi au delĂ de la 1ere livraison. C'est Boudier (1866) qui constate que les empoisonnements sont dus Ă plusieurs toxines, et nomme Bulbosine la plus dangereuse. Schmiedelberg et Koppe (1870) isolent la Muscarine.
Isolées en 1941[27], les amatoxines comportent au moins huit composés possédant une structure similaire, basée sur huit acides aminés formant une structure en anneau.
Les α-amanitine et ÎČ-amanitine
Parmi elles, lâα-amanitine qui est le composĂ© toxique principal, avec la ÎČ-amanitine, est responsable des effets toxiques[28] - [29]. Elles agissent principalement sur lâARN polymĂ©rase qu'elles inhibent, empĂȘchant la synthĂšse dâARN messager dans les cellules. L'inhibition de synthĂšse des ARNm bloque celle de l'ensemble des protĂ©ines, et par consĂ©quent du mĂ©tabolisme cellulaire. Cela entraĂźne rapidement l'arrĂȘt des fonctions de base des cellules[30] et des fonctions de l'organe qu'elles composent. Parmi ces organes, le foie, qui est un des premiers organes rencontrĂ©s aprĂšs absorption de la toxine par le systĂšme digestif, est rapidement un tissu cible de l'amanitine, ce d'autant qu'il est au centre des processus de dĂ©toxification des organismes. Dâautres organes comme les reins sont Ă©galement touchĂ©s[31].
Les phallotoxines
Les phallotoxines, constituées d'au moins sept composés distincts, possÚdent également une structure moléculaire en anneau composé de sept acides aminés.
La phalloĂŻdine
IsolĂ©e en 1937, la phalloĂŻdine est le principal membre de ce groupe. Bien que les phallotoxines soient extrĂȘmement toxiques pour les cellules du foie et du rein, oĂč elles perturbent la dynamique du cytosquelette d'actine en empĂȘchant la dĂ©polymĂ©risation des filaments[32], elles n'ont quâun impact lĂ©ger sur la toxicitĂ© gĂ©nĂ©rale de lâamanite phalloĂŻde. Elles ne sont, en effet, pas absorbĂ©es au niveau intestinal. Par ailleurs, la phalloĂŻdine est retrouvĂ©e dans une autre espĂšce, lâamanite rougissante, Amanita rubescens, qui est parfaitement comestible si elle est bien cuite.
SymptĂŽmes
Initialement, les symptĂŽmes sont de nature gastro-intestinale, incluant douleurs abdominales, diarrhĂ©es et vomissements, qui conduisent Ă une dĂ©shydratation ou, dans des cas graves, Ă une hypotension, une tachycardie, une hypoglycĂ©mie et Ă divers dĂ©sordres acido-basiques[33] - [34]. Ces premiers symptĂŽmes disparaissent deux Ă trois jours aprĂšs lâingestion, avant une sĂ©rieuse dĂ©tĂ©rioration impliquant le foie : ictĂšre, diarrhĂ©es, dĂ©lire, Ă©pilepsie et coma dus Ă une insuffisance hĂ©patique aiguĂ« et Ă une encĂ©phalopathie hĂ©patique (accumulation dans le sang de substances normalement dĂ©gradĂ©es dans le foie)[35]. Insuffisance rĂ©nale, due Ă une hĂ©patite grave[36] ou directement Ă des dommages rĂ©naux, et coagulopathie peuvent apparaĂźtre Ă cette Ă©tape. Plusieurs complications prĂ©sentent un danger rĂ©el pour le pronostic vital : pression intracrĂąnienne accrue, hĂ©morragie intracrĂąnienne, septicĂ©mie, pancrĂ©atite, insuffisance rĂ©nale aiguĂ« et arrĂȘt cardiaque. Le dĂ©cĂšs survient gĂ©nĂ©ralement six Ă seize jours aprĂšs lâempoisonnement[37].
Traitement
La consommation des amanites possĂ©dant des amatoxines est une urgence mĂ©dicale nĂ©cessitant une hospitalisation. Il y a quatre principales catĂ©gories de traitements pour lâempoisonnement : les premiers soins, les mesures dâaccompagnement, les traitements spĂ©cifiques et la greffe du foie[38].
Principales espĂšces de France et Belgique
France, sud uniquement.
Amanita caesarea est un excellent comestible, le meilleur des champignons selon de nombreux amateurs. La cuticule de l'hyménophore est rouge-orange, à bords striés, le pied et les lamelles sont jaunes. La volve, trÚs blanche et membraneuse, est la plus épaisse des volves d'amanites. L'oronge apprécie particuliÚrement les sols siliceux méditerranéens.
Amanita citrina. Elle est trĂšs frĂ©quente. La couleur du chapeau (non striĂ©) varie du jaune citron au blanc crĂšme. Il porte des fragments de volve, sous forme de flocons parsemĂ©s Ă sa surface. La base du pied est bulbeuse, entourĂ©e d'une volve en forme de coupelle. Elle est apparemment peu toxique mais elle est peu consommĂ©e en raison de son goĂ»t que certains trouvent dĂ©sagrĂ©able. Elle a une odeur typique de pomme de terre. Elle doit ĂȘtre absolument Ă©vitĂ©e en raison de la courante confusion avec l'amanite phalloĂŻde et ses variĂ©tĂ©s plus pĂąles, qui peut avoir des teintes fort proches.
Amanita muscaria. TrÚs commune, elle est fortement toxique (troubles digestifs et effets hallucinatoires) mais non mortelle. On la reconnaßt facilement à son chapeau rouge parsemé de débris de volve formant des flocons blancs. La volve n'est pas membraneuse, mais granuleuse, le pied et les lamelles sont blancs (ce qui évite tout risque de confusion avec l'oronge ou amanite des césars).
France, sud uniquement.
Amanita ovoïdea aussi appelée coucoumelle est la plus grosse des amanites puisque son chapeau peut atteindre les 40 cm de diamÚtre. Elle est trÚs connue dans les régions bordant la Méditerranée, et pratiquement inconnue ailleurs : elle ne peut pousser qu'en terrain calcaire, au pied des arbres (feuillus ou conifÚres) et uniquement dans les régions chaudes et ensoleillées.
Amanita pantherina : TrĂšs commune. Son chapeau Ă rebord striĂ© est brun (nombreuses nuances possibles), mouchetĂ© de fragments de volve, le pied et les lamelles sont blancs. La volve forme une poche entourant le bulbe, elle se dĂ©veloppe aussi de façon hĂ©licoĂŻdale Ă la partie infĂ©rieure du pied. Elle est extrĂȘmement toxique.
Amanita phalloides. TrĂšs commune dans les sous-bois (mais aussi dans des prĂ©s en bordure des bois), c'est le plus dangereux de tous les champignons, car elle est responsable de plus de 90 % des intoxications mortelles dues Ă la consommation de champignons (voir Syndrome phalloĂŻdien). Son chapeau est en principe vert olive striĂ© radialement, le pied (assez grĂȘle) et les lames sont blanches, la volve est membraneuse. Une sous-espĂšce a un chapeau blanc (A. phalloides alba), c'est le cas aussi de deux espĂšces voisines, Ă©galement mortelles : l'amanite printaniĂšre (Amanita verna) et l'amanite vireuse (Amanita virosa).
Amanita rubescens, encore appelĂ©e Golmotte, Golmette ou Golmelle : câest un excellent comestible (mais lĂ encore il y a pour les cueilleurs non avertis des risques de confusion avec l'amanite panthĂšre). Le chapeau, rouge-brun, n'a pas de bords striĂ©s, il porte quelques fragments de volve. La volve elle-mĂȘme est quasiment absente du pied, car elle est entiĂšrement friable. Le pied est plus colorĂ© et plus trapu que celui de l'amanite panthĂšre. De plus, quand on le coupe, sa chair rougit, ce qui est un bon moyen de l'identifier de façon sĂ»re. Attention : si l'amanite n'est pas bien cuite (au moins 60 °C), elle renferme une substance qui dĂ©truit les globules rouges.
Amanita spissa. Champignon comestible, mais qu'il ne faut absolument pas cueillir, tant les risques de confusion avec l'amanite panthÚre sont grands. Son chapeau présente en effet des couleurs similaires (brun grisùtre le plus souvent), avec également des fragments de volve. Cependant ses bords ne sont pas striés. La volve est en général absente de la base du pied, qui est appointi à la base.
Amanita solitaria. Grand champignon de couleur blanche, reconnaissable notamment Ă son arĂȘte (rebord du chapeau) floconneuse. Le chapeau lui-mĂȘme porte des flocons verruqueux. TrĂšs bon comestible, mais qu'il convient d'Ă©viter en raison de sa couleur blanche, le risque de confusion avec des espĂšces mortelles Ă©tant trop grand.
- Amanita vaginata, appelĂ©e aussi Grisette ou Coucoumelle, contrairement aux autres amanites, n'a pas d'anneau. Son pied est long, creux et grĂȘle, la volve forme un sac qui remonte le long du pied. Le chapeau est gris, Ă rebord striĂ©. C'est un bon comestible Ă condition d'ĂȘtre bien cuite, de plus elle est trĂšs peu charnue, comme les espĂšces voisines :
- Amanita fulva, trÚs proche de la précédente mais la couleur du chapeau est brun-roux
- Amanita crocea encore appelĂ©e : amanite jaune, le pied est chinĂ©, le chapeau jaune-safran, d'oĂč son nom.
Précautions à prendre
Ătant donnĂ© que trois espĂšces d'amanites sont mortelles et deux autres fortement toxiques, il convient d'ĂȘtre trĂšs prudent dans la rĂ©colte de ces champignons, et plus gĂ©nĂ©ralement de tous les champignons Ă lamelles blanches portant un anneau. Seuls des mycologues avertis peuvent consommer sans crainte Amanita rubescens et Amanita vaginata, Ă condition toutefois de bien les faire cuire, car ces deux champignons sont toxiques si on les mange crus. Il n'y a guĂšre que l'oronge qui ne prĂ©sente en principe aucun problĂšme, une fois qu'on a vĂ©rifiĂ© que les exemplaires cueillis ont un pied et des lamelles jaunes (risque de confusion avec l'amanite tue-mouches). L'oronge est la seule amanite pouvant ĂȘtre consommĂ©e crue sans risque.
Voir la liste des champignons toxiques.
Notes et références
- Dont le thalle (mycĂ©lium) est septĂ© et donne par reproduction sexuĂ©e 4 exospores par baside, chacune venant Ă l'extrĂȘmitĂ© d'un stĂ©rigmate. Une fois libĂ©rĂ©es, elles prĂ©sentent une cicatrice caractĂ©ristique (apicule). Il s'agit des "champignons" au sens courant du terme. Basides non cloisonnĂ©es de type homobaside. Basidiospores ne produisant jamais de spores secondaires.
- Famille aujourd'hui Ă©levĂ©e au rang d'ordre. Les caractĂšres sont donc les mĂȘmes que ceux de l'ordre et les rangs infĂ©rieurs sont Ă©galement peu significatifs.
- Ordre assez original. Texture fibreuse mais chair profonde parfois un peu grenue. Sporée blanche. Lames libres. Voile général présent. Voile partiel présent ou réduit.Trames des lames bilatérale. Ecto-mycorhyzique, sauf exceptions.
- (en) Bas C., « Morphology and subdivision of Amanita and a monograph of its section Lepidella », Persoonia, 5, 1969, p. 285-579.
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- Amanita dunensis
*Amanita phalloides,(+ var. alba, et var. larroquei)
- Amanita porrinensis
- Amanita verna
- Quatre-vingt-dix pour cent des intoxications mortelles par les champignons sont dus Ă des espĂšces contenant des amatoxines.
- On en dĂ©nombre neuf : lâα-amanitine, la ÎČ-amanitine, la Îł-amanitine, la Δ-amanitine, lâamanine, lâamanine amide, lâamanulline, lâacide amanullique et la pro-amanulline Barceloux D.G., 2008. Medical Toxicology of natural substances. Foods, Fungi, Medicinal Herbs, Plants and Venomous Animals. John Wiley & Sons, USA, 1157 p
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- Henri Romagnesi : Petit atlas des champignons (Bordas, 1970) - (ISBN 2-04-007940-8)
- Larousse des champignons Ă©dition 2004 sous la direction de Guy Redeuilh - (ISBN 2-03-560338-2)
Voir aussi
Liens externes
- Ressources relatives au vivant :
- Global Biodiversity Information Facility
- (en) Australian Plant Name Index
- (da + en) Danmarks svampeatlas
- (sv) Dyntaxa
- (en) EPPO Global Database
- (mul + en) iNaturalist
- (en) Index Fungorum
- (en) Interim Register of Marine and Nonmarine Genera
- (en) Invasive Species Compendium
- (en) MycoBank
- (en) NBN Atlas
- (nl) NDFF Verspreidingsatlas
- (nl) Nederlands Soortenregister
- (en + en) New Zealand Organisms Register
- (en) World Register of Marine Species
- Ressource relative à la santé :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
Japon : Quelques Amanites indigĂšnes trompeuses
- (en) Référence Index Fungorum : Amanita (+ liste espÚces) (+ MycoBank)
Noms vernaculaires anglais
- gemmed mushroom, jewelled amanita
- umber-zoned ringless amanita
- Cecilia's ringless amanita, snakeskin Grisette
- saffron ringless amanita
- tawny grisette, orange-brown ringless amanita
- snow ringless amanita
- Stuntz' great ringless amanita, western grisette
- Maori's sack ringless Amanita
- springtime amanita, bittersweet orange ringless amanita
- Royal Amanite
- half-dyed slender Caesar
- Jackson's slender caesar
- hated amanita
- Zambian slender caesar
- Barefoot Amanita, Vittadini's Lepidella
- White-veiled Lepidella
- Carrot-foot Lepidella, turnip-foot Amanita
- Unexpected Guest Lepidella
- Great-warted Lepidella
- Loaded Lepidella, gunpowder Lepidella
- Pinecone Lepidella
- Smith's Lepidella
- European solitary Lepidella
- Thiers' Lepidella
- bearded amanita, European egg amidella
- death cap
- Latin American death cap
- Guangzhou destroying angel
- great felt skirt destroying angel
- marbled death cap
- Chiu's false death cap
- destroying angel, death angel
- Hongo'sfalse death cap
- East Asian death cap
- fool's mushroom
- destroying angel
- narrow-spored destroying angel
- grey-spotted amanita, European false blusher
- white American star-footed Amanita
- far south Amanita
- brown American star-footed Amanita, cleft-footed amanita
- false death cap
- orange Amanita, Australien yellow-dust amanita
- yellow patches, yellow wart, American yellow-dust amanita
- yellow blusher
- yellow-veiled amanita
- southern beech Amanita
- western blusher, blushing bride
- purple-brown Amanita, porphyry amanita
- European blusher