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Actine

L'actine est une protĂ©ine bi-globulaire de 5,46 nm de diamètre qui joue un rĂ´le important dans l'architecture et les mouvements cellulaires [EN]. Elle est prĂ©sente dans toutes les cellules du corps (c’est une protĂ©ine ubiquitaire), mais elle est particulièrement abondante dans les cellules musculaires. Elle peut reprĂ©senter jusqu'Ă  15 % de la masse totale protĂ©ique des cellules. Cette protĂ©ine a Ă©tĂ© hautement conservĂ©e lors de l'Ă©volution des eucaryotes, puisque l'identitĂ© entre un isotype d'actine humaine et l'actine de levure (S. cerevisiae) est supĂ©rieure Ă  90 %. La plupart des cellules eucaryotes possèdent de nombreux gènes d'actine codant des protĂ©ines lĂ©gèrement diffĂ©rentes[1] - [2].

Actine G.
Actine F.

Structure

L'actine est une protĂ©ine dont le diamètre est de 5,46 nm. Elle est constituĂ©e par un polypeptide de 375 acides aminĂ©s qui contient un acide aminĂ©, l'histidine, ayant subi une modification post-traductionnelle rare : la 3-mĂ©thylhistidine. La dĂ©tection de 3-mĂ©thylhistidine dans l'urine est le signe de nĂ©crose cellulaire Ă  la suite d'une blessure musculaire.

Chez les mammifères, il existe 6 isotypes d'actine :

  • 3 isoformes d’actines alpha (prĂ©sentes dans les muscles striĂ©s squelettiques, cardiaque et dans les muscles lisses) ;
  • 2 isoformes d’actines gamma (prĂ©sentes dans le muscle lisse entĂ©rique et dans les tissus non musculaires, au niveau des stĂ©rĂ©ocils (microvillositĂ©s) de la cellule auditive sensorielle) ;
  • 1 isoforme d’actine beta (non-musculaire).

Dans la cellule, on la retrouve sous deux formes :

  • l'actine globulaire (actine G), une forme monomĂ©rique soluble en solution aqueuse. Le monomère d'actine G est associĂ© Ă  un cation divalent tel que l'ion calcium ou le magnĂ©sium (le magnĂ©sium in vivo) et un nuclĂ©otide de type ATP ou ADP selon l'Ă©tat de phosphorylation du nuclĂ©otide. En l'absence de ces deux cofacteurs, l'actine se dĂ©nature facilement. La thymosine bloque la polymĂ©risation en s'associant aux monomères d'actine G liĂ©e Ă  l'ATP ;
  • l'actine filamenteuse (actine F), un polymère d'actine G formant un microfilament de nm de diamètre. Ce microfilament est un arrangement hĂ©licoĂŻdal dextre, avec un tour d'hĂ©lice comportant 13 monomères et d'une longueur de 37 nm.

La cytochalasine B (en) est une mycotoxine qui inhibe la formation des microfilaments d'actine.

Polymérisation

Formation du filament fin.

Elle commence par une phase dite de nucléation pendant laquelle des dimères, trimères, ou tétramères (selon le processus de nucléation utilisé) d'actine (appelés noyaux) s'assemblent. Cette étape, défavorable thermodynamiquement, est une étape lente. Dans le contexte cellulaire, l'existence de nucléateurs de l'actine accélère cette étape et la rend de ce fait compatible avec les échelles de temps et d'espaces des processus biologiques cellulaires. On distingue 3 groupes de nucléateurs : le complexe Arp2/3 (complexe composé de 7 sous unités protéiques), les formines, et les nucléateurs dit « atypiques » comme la protéine Spire. Si la concentration en monomères d'actine (actine dite G) est supérieure à une concentration critique, l'actine G s'assemble en filaments à partir des noyaux préformés. C'est l'étape d'élongation des filaments. Cette étape rapide est souvent appelée phase de polymérisation, bien que l'actine filamenteuse (dite actine-F) ne soit pas un véritable polymère (les monomères ne sont pas liés entre eux par une liaison covalente au sein d'un filament). Une fois formés, les filaments d'actine sont à l'équilibre entre dissociation des filaments aux extrémités (-) et association de monomères aux extrémités (+). Dans les cellules, la formation spontanée de noyaux d'actine est très défavorable.

Localisation et rĂ´le

Superposition d'images fusionnées montrant les filaments d'actine d'une cellule. Le code couleur de l'image retranscrit l'axe Z afin de montrer sur une image en 2D les différentes hauteurs auxquelles on peut trouver des filaments.

Dans la contraction musculaire, l'actine polymérisée se lie à une autre protéine, la myosine. Cette dernière s'accroche au polymère d'actine et la fait coulisser par rapport à elle; à l'autre bout du filament de myosine, un autre filament d'actine procède de façon symétrique ; les deux filaments d'actine se rapprochent donc l'un de l'autre, c'est la contraction musculaire.

Autres rĂ´les :

  • anneau contractile des cellules en division lors de la cytodiĂ©rèse permettant de sĂ©parer les cellules issues de la mitose (ou de la mĂ©iose) ;
  • maintien de l'intĂ©gritĂ© tissulaire par l'association des microfilaments avec la ceinture de desmosomes appelĂ©e jonction adhĂ©rente au pĂ´le apical des cellules Ă©pithĂ©liales ;
  • maintien des microvillositĂ©s des cellules Ă©pithĂ©liales intestinales ;
  • Ă©mission de filopodes et de lamellipodes qui permettent Ă  la cellule de s'allonger dans une direction donnĂ©e ce qui permet la migration cellulaire ou la prise de proies (chez les amibes et les cellules phagocytaires du système immunitaire comme les macrophages). Dans le cas de la migration cellulaire, les microfilaments d'actine se lient Ă  des points d'adhĂ©sion focaux qui servent de points d'appui sur la matrice extracellulaire, nĂ©cessaires pour avancer. Ce sont les protĂ©ines associĂ©es aux intĂ©grines qui se lient Ă  l'actine ;
  • crĂ©ation de filaments d'actine nĂ©cessaires Ă  la reproduction par bourgeonnement de la levure Saccharomyces cerevisiae[3].

Des parasites intracellulaires tels que Listeria sont capables de détourner la machinerie cellulaire qui contrôle la polymérisation de l'actine pour former des microfilaments derrière eux, ce qui permet de les propulser.

Notes et références

  1. Gunning PW, Ghoshdastider U, Whitaker S, Popp D, Robinson RC, « The evolution of compositionally and functionally distinct actin filaments », Journal of Cell Science, vol. 128, no 11,‎ , p. 2009–19 (PMID 25788699, DOI 10.1242/jcs.165563).
  2. Ghoshdastider U, Jiang S, Popp D, Robinson RC, « In search of the primordial actin filament. », Proc Natl Acad Sci U S A., vol. 112, no 30,‎ , p. 9150-1 (PMID 26178194, DOI 10.1073/pnas.1511568112).
  3. Actin cable dynamics in budding yeast (Hyeong-Cheol Yang and Liza A. Pon) http://www.pnas.org/content/99/2/751.short.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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