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Listeria monocytogenes

Listeria monocytogenes est une bactérie à Gram positif, du genre Listeria, division des Firmicutes, qui doit son nom à Joseph Lister.

C’est la seule espĂšce du genre Listeria pathogĂšne pour l’homme, provoquant la listĂ©riose. Il s’agit d’un bacille de petite taille, non sporulĂ©, aĂ©ro-anaĂ©robie facultatif, intracellulaire facultatif, ubiquitaire (sol, vĂ©gĂ©taux, eau), possĂ©dant une catalase et mobile Ă  20 °C. Selon certaines Ă©tudes, 1 Ă  10 % des humains seraient porteurs sains de L. monocytogenes dans leur intestin.

Histoire

Elle a été isolée en 1926, lors d'une épidémie survenue chez les lapins et les cobayes de l'animalerie de l'université de Cambridge. DÚs 1953, la transmission par contamination alimentaire, avait été avancée, cependant elle resta ignorée de la plupart des médecins jusqu'en 1981 date à laquelle la transmission alimentaire de la listériose fut mise en évidence.

En , une contamination de vacherins Mont d'Or fut la cause de plusieurs dĂ©cĂšs[1]. Depuis, les fromages au lait cru sont souvent accusĂ©s d'ĂȘtre des produits dangereux. Des mesures d'Ă©levage (interdiction de l'ensilage, des aliments fermentĂ©s et des balles enrubannĂ©es) et de conservation ont Ă©tĂ© peu Ă  peu mises en Ɠuvre, avec de nombreux contrĂŽles.

De à , en France, 282 cas ont été diagnostiqués entraßnant 63 décÚs et 22 avortements à cause de langue de porc en gelée et de rillettes[2].

Plus récemment, en 2014, 15 personnes sont décédées au Danemark[3] à cause d'un produit de charcuterie contaminé.

Écologie, rĂŽles pathogĂšnes et Ă©pidĂ©miologie

La listĂ©riose est une anthropozoonose. Ce germe est rĂ©pandu chez nombre d’espĂšces animales, soit comme commensal (intestin des bovidĂ©s, oiseaux et mĂȘme de l’homme), soit comme agent de septicĂ©mies avec abcĂšs multiples et monocytoses (Ă©levage de souris, lapins) ou encĂ©phalites (moutons, chĂšvres). Il est de plus trĂšs rĂ©sistant dans les milieux extĂ©rieurs et peut se trouver dans la terre, le foin, les dĂ©bris vĂ©gĂ©taux, etc.

SymptĂŽmes

La bactérie ingérée dans une nourriture quelconque peut traverser la paroi intestinale et induire divers symptÎmes tel un état pseudo-grippal[4] apparemment bénin, notamment chez la femme enceinte[5].

Les symptĂŽmes sont plus importants :

  • Chez le fƓtus et le bĂ©bĂ© (mĂ©ningite nĂ©onatale notamment, ou fausse couche, ou encore granulomatosis infantiseptica rĂ©sultant de la contamination transplacentaire permise par deux protĂ©ines de la Listeria (appelĂ©es InlA et InlB) qui s’apparient Ă  des rĂ©cepteurs qui sont respectivement la E-cadherine et Met, permettant Ă  la bactĂ©rie de se coller au placenta puis de le traverser[6]. Des cas de mĂ©ningites nĂ©onatales seraient, d’aprĂšs Seeliger, dus Ă  la prĂ©sence de listĂ©rias dans la flore vaginale de la mĂšre. Il semble toutefois que ce commensalisme vaginal n’ait Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© qu’en Allemagne.
  • Chez les adultes ou jeunes immunodĂ©primĂ©s, il est probable qu’on ne repĂšre que le sommet de l’iceberg dont la base est constituĂ©e par des infections non dĂ©tectĂ©es, le germe Ă©tant peu pathogĂšne pour l’homme normal. L’épidĂ©miologie est mal connue : un commĂ©moratif de contact animal manque dans une bonne moitiĂ© des cas.

La pĂ©riode d'incubation est longue (2 Ă  70 jours, souvent entre 1 et 2 mois) ce qui rend le diagnostic plus difficile. De plus, il n'y a aucun signe extĂ©rieur que les aliments sont contaminĂ©s.

CaractÚres bactériologiques

Morphologie

Petits bacilles trapus, 1 Ă  ”m sur 0,5 Â”m, colorĂ©s rĂ©guliĂšrement, ressemblant Ă  des bacilles pseudodiphtĂ©riques avec lesquels il faut Ă©viter de les confondre. Ils s’en distinguent par leur mobilitĂ© (mobile par ciliature pĂ©ritriche) mais celle-ci n’est Ă©vidente que dans les cultures faites entre 20 et 30 °C. Dans les colonies R, on peut observer de longues formes filamenteuses.

Culture

AntigĂšnes

Quatre types sérologiques ont été décrits ; les types 1 et 4 sont les plus fréquents.

Pouvoir pathogÚne expérimental

Le dĂ©pĂŽt d’une goutte de culture sur la conjonctive d’un cobaye ou d’un lapin provoque une kĂ©ratoconjonctivite purulente (signe d’Anton).

MĂ©thodes de diagnostic

Selon les cas, culture du LCS, hĂ©moculture, culture de mĂ©conium pour les septicĂ©mies nĂ©onatales. Il faut connaĂźtre les listĂ©rias pour Ă©viter d’éliminer les cultures comme « contaminants pseudodiphtĂ©riques » ou lactobacilles.

Les obstĂ©triciens demandent souvent des sĂ©rodiagnostics pour le dĂ©pistage de la listĂ©riose en cours de grossesse. La valeur de ces tests sĂ©rologiques n’est pas Ă©tablie. En sĂ©ro-agglutination, il y a des faux positifs, dus Ă  des antigĂšnes communs entre listĂ©rias et staphylocoques ou entĂ©rocoques. On ne considĂšre comme significatifs que des taux de 1⁄320 ou plus. Le test de fixation du complĂ©ment serait plus fiable.

Prophylaxie

Songer à pratiquer une hémoculture dans tout syndrome fébrile, pseudo-grippal, chez une femme enceinte.

Sensibilité

Listeria monocytogenes ne survit pas plus de 30 minutes Ă  +60 °C. La pasteurisation l’élimine des aliments. Mais aux tempĂ©ratures de rĂ©frigĂ©ration, elle continue de se dĂ©velopper contrairement Ă  la plupart des autres bactĂ©ries, ce qui est un critĂšre de sĂ©lection. Elle rĂ©siste plusieurs mois dans le sol. Elle est dĂ©truite Ă  un pH infĂ©rieur Ă  4. Ce germe psychrophile est sensible Ă  la plupart des dĂ©sinfectants : les aldĂ©hydes, les dĂ©rivĂ©s chlorĂ©s, iodĂ©s et les ammoniums quaternaires dans les conditions usuelles d’emploi. Elle rĂ©siste d’autant mieux que la tempĂ©rature est basse et la surface poreuse.

Habitat

On a identifiĂ© L. monocytogenes dans au moins 37 espĂšces de mammifĂšres, domestiquĂ©es ou non, et dans au moins 17 espĂšces d’oiseaux et probablement dans certaines espĂšces de poissons et de coquillages. On peut isoler L. monocytogenes du sol, et d’autres sources de notre environnement. L. monocytogenes est plutĂŽt rĂ©sistante ; elle rĂ©siste entre autres au gel (elle est psychrotrophe).

Le problĂšme posĂ© par Listeria monocytogenes dans les aliments rĂ©frigĂ©rĂ©s est sa capacitĂ© Ă  se dĂ©velopper Ă  des tempĂ©ratures avoisinant 0 °C. MĂȘme si la population bactĂ©rienne est faible au dĂ©part, elle est susceptible d’augmenter lors de l’entreposage et de la distribution et d’atteindre des niveaux significatifs pouvant causer la listĂ©riose alimentaire. Elle ne peut pas se dĂ©velopper dans les aliments congelĂ©s, mais si la contamination a lieu avant la surgĂ©lation, l’organisme peut y survivre et recommencer Ă  se dĂ©velopper lors de la dĂ©congĂ©lation, atteignant des niveaux dangereux pour la santĂ© humaine. La bactĂ©rie peut ĂȘtre hĂ©bergĂ©e dans le tube digestif de certains mammifĂšres, y compris celui de l’homme, qui peuvent ĂȘtre porteurs sains de la bactĂ©rie.

Pathogénicité

L’infection par L. monocytogenes provoque une maladie, la listĂ©riose. Il existe de nombreux variants, plus ou moins virulents[7].

ÉpidĂ©miologie

La pĂ©riode d’incubation peut durer de 2 Ă  70 jours aprĂšs l’ingestion de l’aliment, ce qui gĂȘne la recherche rĂ©trospective des aliments mis en cause lors d’un Ă©pisode clinique.

Les infections sont isolĂ©es ou peuvent ĂȘtre groupĂ©es dans le temps et on parle alors d’épidĂ©mie de listĂ©riose. Dans ce cas, le dispositif de surveillance mis en place en France cherche Ă  identifier l’aliment en cause, ce qui a permis de montrer la responsabilitĂ© des charcuteries industrielles (rillettes et langue de porc en gelĂ©e) et de certains fromages dans les derniĂšres Ă©pidĂ©mies.

« La listĂ©riose est une maladie rare, dont la frĂ©quence a Ă©tĂ© diminuĂ©e par trois depuis 1987 ; on est passĂ© de 661 cas alors recensĂ©s Ă  458 en 1992 et 228 en 1997 », selon Anne-Marie Vanelle, sous-directrice de l’hygiĂšne alimentaire Ă  la Direction gĂ©nĂ©rale de l’Alimentation (DGAL). « Cette diminution rĂ©guliĂšre est due aux efforts des professionnels, sous l’égide des services de contrĂŽle, notamment grĂące au recours gĂ©nĂ©ralisĂ© aux mĂ©thodes HACCP (Analyse des risques et maĂźtrise des points critiques), pour la maĂźtrise du risque Listeria. Les industriels ont fait des efforts gigantesques, mais le risque zĂ©ro n’existe pas. Aujourd’hui, nous sommes arrivĂ©s Ă  un seuil oĂč les efforts vis-Ă -vis des matiĂšres premiĂšres doivent s’accompagner d’une information appropriĂ©e, notamment mĂ©dicale, qui permettra de faire baisser le nombre de cas. »

Selon l'INVS, "Le nombre de listériose diagnostiqués par an en France se situe autour de 300 cas, soit une incidence annuelle de 0,4 cas / 100 000 habitants"[8] et il y a eu 63 décÚs en 2013[9].

Prophylaxie

Elle nĂ©cessitait une prise de conscience du risque, qui est rĂ©cente (l’hypothĂšse d’une transmission alimentaire de la maladie n’a Ă©tĂ© confirmĂ©e qu’en 1981. Puis le dĂ©veloppement des techniques analytiques a permis de mettre en Ă©vidence la prĂ©sence de Listeria dans la plupart des produits destinĂ©s Ă  la consommation humaine.

Depuis, la rĂ©glementation a Ă©tĂ© Ă©toffĂ©e et durcie, les contrĂŽles sanitaires renforcĂ©s, les techniques d’analyses amĂ©liorĂ©es.

La prĂ©vention passe aujourd’hui par la surveillance (de la fourche Ă  la fourchette en Europe) des aliments susceptibles de transmettre Listeria monocytogenes, avec d’éventuelles dĂ©cisions de retrait de la consommation. Mais cette approche minimise le risque Ă©pidĂ©mique.

De façon gĂ©nĂ©rale, les aliments les plus Ă  risque sont les aliments crus : les poissons fumĂ©s, les graines germĂ©es, les charcuteries cuites consommĂ©es sans rĂ©chauffage, la charcuterie crue, les coquillages et poissons crus et leurs sous-production (tarama, surimi
).

Paradoxalement, et contrairement Ă  ce qui Ă©tait dit de ce type d’aliment, les fromages Ă©laborĂ©s Ă  base de laits crus assurent leur propre dĂ©fense contre la prolifĂ©ration de Listeria monocytogenes[1]. La chute de la biodiversitĂ© microbienne des fromages Ă  base de laits microfiltrĂ©s ou des laits pasteurisĂ©s favorise la croissance de Listeria monocytogenes, qui prolifĂšre en cours d’affinage[10] - [11].

Facteurs de transmission

  • Le milieu extĂ©rieur : sol, eau, vĂ©gĂ©taux (ensilage). La bactĂ©rie peut rĂ©sister Ă  des sĂ©jours de 5 Ă  12 mois dans l'eau, de 7 mois dans la paille et plus d'un an dans les matiĂšres fĂ©cales.
  • Les produits d’origine animale : lait, Ɠufs, produits dĂ©rivĂ©s comme les fromages au lait microfiltrĂ©s, pasteurisĂ©s ou stĂ©rilisĂ©s, viandes hachĂ©es, charcuteries, poissons, plats froids

  • Les porteurs sains, chroniques et les malades.
  • Les matiĂšres virulentes reprĂ©sentĂ©es essentiellement par le placenta, les urines, matiĂšres fĂ©cales et le liquide cĂ©rĂ©brospinal.
  • Les porteurs chroniques ou convalescents (par exemple, les femmes ayant prĂ©sentĂ© un avortement listĂ©rien) excrĂštent encore la bactĂ©rie pendant plusieurs semaines.
  • De nombreux arthropodes (comme les tiques et les mouches), qui sont porteurs de Listeria et pourraient ainsi jouer le rĂŽle de vecteur.
  • Listeria monocytogenes peut exister Ă  l’état naturel dans l’aliment mais, le plus souvent, elle y est apportĂ©e par des contacts avec des produits contaminĂ©s ou avec des surfaces de manutention, de prĂ©paration ou par les instruments et machines servant Ă  la prĂ©paration. Dans l’agro-alimentaire (industrie et artisanat confondu), des prĂ©cautions sont prises pour Ă©liminer Listeria monocytogenes des surfaces et machines utilisĂ©es ; l'instauration systĂ©matique du protocole HACCP vise notamment Ă  limiter les risques de contamination.

Modes d'action

  • Listeria monocytogenes est capable (comme d’autres bactĂ©ries : Shigella flexneri
) de rĂ©sister Ă  la dĂ©gradation lysosomiale, par « Ă©chappement » des phagosomes (vĂ©sicule de phagocytose) : elle produit une hĂ©molysine, la listĂ©riolysine (LLO), qui dĂ©sorganisent la membrane du phagosome. Une fois dans le cytosol, elle peut alors dĂ©tourner le cytosquelette d’actine Ă  son profit pour se dĂ©placer et se propager vers d’autres cellules en rĂ©pĂ©tant les mĂȘmes actions.
  • Deux de ses protĂ©ines de surface (InIA et InIB) peuvent se fixer sur des rĂ©cepteurs spĂ©cifiques (E-cadhĂ©rine et Met) du placenta, ce qui permet ensuite Ă  la bactĂ©rie de le traverser. Il semble que ce soit par ce mĂȘme processus qu'elle traverse la barriĂšre hĂ©mato-encĂ©phalique[12].
  • La bactĂ©rie passe d’une cellule Ă  l’autre en se propulsant dans la cellule infectĂ©e, en crevant la membrane plasmique de l’hĂŽte et de la cible. Elle dĂ©tourne la machinerie cellulaire et le cytosquelette d’actine pour favoriser la polymĂ©risation des monomĂšres d’actine en une comĂšte qui la propulse. Par exemple C’est grĂące Ă  une protĂ©ine (ActA) qui est un activateur des facteurs de nuclĂ©ation de l’actine qui, disposĂ©s Ă  la surface de la bactĂ©rie, provoque le recrutement et la polymĂ©risation d’actine.
    Mode d'action de Listeria Monocytogenes dans les entérocytes

Modes de transmission

Il existe plusieurs modes possibles de transmission de la maladie :

  • Direct :
    • transmission par voie hĂ©matogĂšne (listĂ©riose congĂ©nitale). Chez l’homme, la transmission de la mĂšre au fƓtus (infection amniotique, aspiration de germes situĂ©s au niveau du col de l’utĂ©rus ou dans le vagin) peut se faire par voie digestive ou par voie respiratoire.
    • transmission par contact est possible (contamination d’un fermier au cours d’un vĂȘlage). Cependant, la listĂ©riose cutanĂ©e est rare.
    • transmission par infections nosocomiales, c’est-Ă -dire les infections transmissibles lors d’actes thĂ©rapeutiques.
  • Indirect :
    • transmission par l’intermĂ©diaire d’un vecteur inanimĂ© comme les produits d’origine animale. Il s’agit alors d’une contamination par voie digestive Ă  l’origine des cas sporadiques ou Ă©pidĂ©miques chez l’homme (Ă©pidĂ©mie de 1992 en France).
    • transmission par voie respiratoire des poussiĂšres est envisageable, mais elle est rare ; en effet, il est possible que les paysans travaillant dans les bergeries oĂč l’atmosphĂšre est confinĂ©e et oĂč un nettoyage rĂ©gulier n’est pas effectuĂ© puissent contracter la listĂ©riose.
    • transmission par contamination par des tiques porteuses de listeria. Cette transmission est possible, mais rare.

DĂ©pistage

L’infection est identifiĂ©e dans le sang, le liquide cĂ©phalo-rachidien ou d’autres prĂ©lĂšvements par les laboratoires de bactĂ©riologie. Le laboratoire peut alors donner des indications utiles Ă  la thĂ©rapeutique. La sĂ©rologie est d’un emploi limitĂ©.

Des mĂ©thodes de typages molĂ©culaires trĂšs prĂ©cises et toujours applicables sont utilisĂ©es. Le typage s’effectue sur les protĂ©ines et l’ADN. Le typage par les protĂ©ines est rĂ©alisĂ© par Ă©lectrophorĂšse d’isoenzyme (Multilocus enzymes analysis) qui mesure la variation de mobilitĂ© Ă©lectrophorĂ©tique d’enzymes (ADH, G6PDH, fumarase
).

Cette mĂ©thode permet d’identifier deux groupes de Listeria monocytogenes : le premier avec les souches 1/2 b et 4 b, et le second avec les souches 1/2a et 1/2c.

Le typage par l’ADN utilise des mĂ©thodes d’électrophorĂšse classique aprĂšs l’action d’enzyme de restriction (EcoRI).

Traitement

Il n’existe pas de vaccination. Celle-ci a Ă©tĂ© tentĂ©e chez les animaux sans rĂ©sultats satisfaisants. Ces mutants ne produisent pas d’anticorps protecteurs.

La sensibilitĂ© des Listeria pour les antibiotiques a peu Ă©voluĂ© depuis plusieurs dĂ©cennies. L’ampicilline et l’amoxicilline gardent toujours leur place et leur association avec les aminosides est fortement bactĂ©ricide. Les tĂ©tracyclines sont actives et les quinolones ont Ă©tĂ© utilisĂ©es avec succĂšs comme l’association sulfamide-trimĂ©thoprime. Pour enrayer la listĂ©riose, les mĂ©decins utilisent surtout des pools d’antibiotiques, et en particulier la pĂ©nicilline, la streptomycine et les sulfamides. Ce traitement est prolongĂ© avec des lactamines.

Mais les rĂ©sultats restent alĂ©atoires et dĂ©pendent surtout de l’état du systĂšme immunitaire du patient. La thĂ©rapie est efficace si elle est entreprise tĂŽt. Le traitement est nĂ©cessairement de quelques semaines dans le cas de listĂ©riose.

Personnes Ă  risque

Listeria monocytogenes est une bactĂ©rie pathogĂšne opportuniste, attaquant prĂ©fĂ©rentiellement les sujets dont le systĂšme immunitaire est perturbĂ©. C’est le cas pour :

  • les personnes ĂągĂ©es,
  • les femmes enceintes (1,6 % des interruptions de grossesses seraient dues Ă  une listĂ©riose),
  • les nouveau-nĂ©s (la listĂ©riose est la troisiĂšme infection nĂ©onatale aprĂšs les infections Ă  Escherichia coli et Streptococcus),
  • les personnes immuno-dĂ©primĂ©es (les cancĂ©reux, les transplantĂ©s, les sidĂ©ens, les diabĂ©tiques et les personnes dĂ©pendantes aux narcotiques et au tabac). On estime que les sidĂ©ens contractent la listĂ©riose 300 Ă  600 fois plus vite que les autres personnes. Il existe trois groupes dans ce cas avec un niveau de risque dĂ©croissant :
    • les personnes atteintes d’hĂ©mopathies, transplantĂ©es, atteintes du SIDA.
    • les personnes atteintes de cancers solides, d’hĂ©pathopathies et les hĂ©modialysĂ©s.
    • les personnes diabĂ©tiques mal Ă©quilibrĂ©s et alcooliques.

Remarque : les sujets ĂągĂ©s bien portants n’ont pas un risque beaucoup plus Ă©levĂ© que celui de la population gĂ©nĂ©rale et les enfants, mĂȘmes jeunes, ont un risque identique, voire plus faible, que celui de la population gĂ©nĂ©rale.

Prévention

Les producteurs de produits alimentaires doivent respecter des normes microbiologiques, dont une limite ou une absence de Listeria, selon la catégorie de produit[13].

Précautions à prendre pour la prévention de la listériose chez les femmes enceintes, les patients immuno-déprimés et les personnes ùgées :

  • Ă©viter la consommation de fromages au lait cru [10] - [11] ;
  • Ă©viter la consommation d’aliments vendus dĂ©jĂ  rĂąpĂ©s ou hachĂ©s ;
  • Ă©viter la consommation de la peau (croĂ»te de fromage, lĂ©gumes non-Ă©pluchĂ©s
) ;
  • Ă©viter la consommation de poissons fumĂ©s ;
  • Ă©viter la consommation de graines germĂ©es crues (soja, luzerne
).

Listeria monocytogenes peut Ă©galement contaminer des produits qui subissent une cuisson lors de leur fabrication ou stockage. Ces produits prĂ©sentent ainsi le mĂȘme risque que les produits crus contaminĂ©s. D’aprĂšs les enquĂȘtes, il s’agit pour l’essentiel de produits de charcuterie : Ă©viter les rillettes, pĂątĂ©s, foie gras, produits en gelĂ©e


Pour ces produits, ainsi que les autres produits de charcuterie (type jambon), prĂ©fĂ©rer les produits prĂ©emballĂ©s aux produits Ă  la coupe et les consommer rapidement aprĂšs l’achat. Les produits prĂ©emballĂ©s sont conditionnĂ©s dans un environnement contrĂŽlĂ©, alors que les produits vendus Ă  la coupe prĂ©sentent des risques de contamination importants par le personnel du rayon coupe, les autres produits et chez le consommateur. Cependant une chaĂźne de production contaminĂ©e produira des aliments contaminĂ©s identiques, que ce soit sous des marques Ă  l’image luxueuse ou sous des produits sans marques. Seul le numĂ©ro d’identification du fabricant de type F 53-032-01 permettra d’identifier l’entreprise qui a fabriquĂ© le produit.

Éviter la consommation de produits de charcuterie consommĂ©s crus comme les lardons, le bacon, le jambon, etc. Les faire cuire avant consommation. Ces mesures sont suffisantes pour Ă©liminer les germes qui se trouvent en majoritĂ© en surface de ces aliments. En effet, il n’y a pas de Listeria dans un cassoulet, une daube ou une blanquette si ces plats sont cuits Ă  la maison longuement Ă  partir de produits frais utilisĂ©s rapidement sans stockage. Par contre, pour les steaks hachĂ©s, qui sont des aliments reconstituĂ©s et pour lesquels cette notion de contamination en surface ne peut ĂȘtre retenue, une cuisson Ă  cƓur est impĂ©rative.

Conserver les aliments crus (viande, lĂ©gumes, etc.) sĂ©parĂ©ment des aliments cuits ou prĂȘts Ă  ĂȘtre consommĂ©s ; aprĂšs la manipulation d’aliments non cuits, se laver les mains et nettoyer les ustensiles de cuisine qui ont Ă©tĂ© en contact avec ces aliments.

Éviter la consommation de produits achetĂ©s au rayon traiteur.

Éviter la consommation de coquillages crus, surimi, tarama.

Il faut laver soigneusement les légumes crus et les herbes aromatiques.

Les rĂšgles habituelles d’hygiĂšne doivent Ă©galement ĂȘtre respectĂ©es.

Les restes alimentaires et les plats cuisinĂ©s doivent ĂȘtre rĂ©chauffĂ©s soigneusement avant consommation immĂ©diate.

Il faut nettoyer frĂ©quemment et dĂ©sinfecter son rĂ©frigĂ©rateur avec de l’eau javellisĂ©e.

Si une croĂ»te de fromage au lait cru abrite une diversitĂ© microbienne importante et d'une certaine qualitĂ©, elle est facteur de sĂ©curitĂ© microbienne alimentaire ; ce consortium microbien se montrant capable de s'auto-protĂ©ger contre la pullulation de la bactĂ©riepathogĂšne L. monocytogenes, propriĂ©tĂ© que les fromages traditionnels exploitent depuis des siĂšcles, mĂȘme si les interactions microbiennes impliquĂ©es dans l'inhibition de L. monocytogenes ou d'autres pathogĂšnes sont encore mal comprises[14].

Notes et références

  1. « Fromages au lait cru : les gentilles bactĂ©ries sont nos amies pour la vie », ABE : À bon entendeur, Radio tĂ©lĂ©vision suisse « Le vacherin, une vieille histoire Ă  pĂąte molle » « Premier dĂ©tour au pays d’un fromage Ă  pĂąte molle mythique : le Vacherin Mont d’Or »,‎ (lire en ligne [[vidĂ©o]])
    « Dans notre monde aseptisĂ© oĂč la chasse aux microbes ne connaĂźt pas de rĂ©pit, les fromages au lait cru apparaissent souvent comme une source de danger. Pourtant, les derniĂšres recherches sur la question montrent au contraire que les fromages au lait cru possĂšdent de nombreuses propriĂ©tĂ©s bĂ©nĂ©fiques pour la santĂ© et
 pour le goĂ»t. Le lait cru et ses microbes seraient-ils nos amis pour la vie? A Bon Entendeur a mis son nez dans les cuves et les caves Ă  la recherche du terroir perdu. »
  2. C. Jacquet, B. Catimel, R. Brosch et C. Buchrieser, « Investigations related to the epidemic strain involved in the French listeriosis outbreak in 1992 », Applied and Environmental Microbiology, vol. 61, no 6,‎ , p. 2242–2246 (ISSN 0099-2240, PMID 7793944, PMCID PMC167495, lire en ligne, consultĂ© le )
  3. Danish Listeria Outbreak Has Killed 15 People, 38 Have Been Sickened
  4. « Des bactĂ©ries de type Listeria dans du fromage vendu par Migros », RTS Info, Radio tĂ©lĂ©vision suisse,‎ (lire en ligne)
    Cf. Gorgonzola Dolce : « Les Listeria peuvent dĂ©clencher des symptĂŽmes similaires Ă  ceux de la grippe: fiĂšvre, maux de tĂȘte et nausĂ©es, a prĂ©cisĂ© l'OSAV dans son communiquĂ©. »
  5. (en) Caroline Charlier, Élodie Perrodeau, Alexandre Leclercq et BenoĂźt Cazenave, « Clinical features and prognostic factors of listeriosis: the MONALISA national prospective cohort study », The Lancet Infectious Diseases, vol. 17, no 5,‎ , p. 510–519 (DOI 10.1016/S1473-3099(16)30521-7, lire en ligne, consultĂ© le )
  6. « Conjugated action of two species-specific invasion proteins for fetoplacental listeriosis », Article original en ligne sur le site de Nature.
  7. [PDF] (en) Ellin Doyle, « Virulence characteristics of Listeria mnocytogenes », Food Research Institut, University of Wisconsin-Madison, (consulté le )
  8. INVS Page Listériose
  9. INVS Listériose Données épidémiologiques
  10. « INRAE : recherches pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement », sur inra.fr (consulté le ).
  11. (en) Émilie Retureau, CĂ©cile Callon, Robert Didienne, Marie-Christine Montel, « Is microbial diversity an asset for inhibiting Listeria monocytogenes in raw milk cheeses? », Dairy Science & Technology, vol. 90, no 4,‎ , p. 375-398 (ISSN 1958-5586 et 1958-5594, DOI 10.1051/dst/2010010, lire en ligne, consultĂ© le )
  12. Communiqué : "Listériose : les mécanismes de la traversée de la barriÚre placentaire élucidés, Institut Pasteur, 2004"
  13. RÚglement CE 2073/2005 concernant les critÚres microbiologiques applicables aux denrées alimentaires
  14. INRA, Is microbial diversity an asset for inhibiting Listeria monocytogenes in raw milk cheeses? ; Dairy Science and Technology, 90 (4)2010

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Centre National de Référence et centre Collaborateur OMS des Listeria

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