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Amanita nivalis

Amanite des neiges

Amanita nivalis, l'Amanite des neiges, est une espèce de champignons agaricomycètes (Fungi) de la famille des Amanitaceae et du genre Amanita. Il s'agit d'une petite espèce fragile et dĂ©licate aux poussĂ©es estivale et automnale caractĂ©risĂ©e par son pied de faible hauteur, cylindrique, dĂ©pourvu d'anneau et sortant d'un volve bien formĂ©e, par son chapeau blanc Ă  gris pâle striĂ© jusqu'Ă  1/3 du rayon, par les restes occasionnels de voile universel encore attachĂ©s au chapeau et par ses lames libres blanches Ă  crème. Elle est limitĂ©e Ă  la microsylve arctique et alpine de l'hĂ©misphère Nord oĂą elle est en association avec des sous-arbrisseaux nains comme Betula nana et Salix herbacea. En Europe, l'espèce est principalement prĂ©sente en Islande, en Écosse, en Fennoscandie et dans les Alpes Ă  plus de 2 000 m d'altitude.

Taxonomie

Illustration botanique originale de Robert Kaye Greville (1822)[1].

Ce taxon est décrit pour la première fois en par le botaniste anglais Robert Kaye Greville sous le binôme Amanita nivalis à partir d'exemplaires récoltés en Écosse « sur les sommets des plus hautes montagnes de la chaîne des Grampians, comme Brae Riach, Ben-ne-Bourd et Cairngorm ». Il la considère comme « l'espèce de champignon la plus alpine qu'il connaisse » qui « pousse sur les sommets mornes des Grampians les plus élevés, et anime vraiment les quelques taches turfiques qui se trouvent dans ces régions désertiques, par sa symétrie et son extrême blancheur »[1] - [2]

En français, l'espèce est nommée de ses noms normalisés et vulgarisés à partir du nom scientifique Amanita nivalis, « Amanite des neiges[3] - [4] » (nivalis signifiant « des neiges ») et « Amanite alpine[5] » à partir du nom scientifique Amanita alpina.

Il existe une certaine confusion taxonomique dans l'interprétation de cette espèce et plusieurs noms pourraient être synonymes, notamment les taxons d'Amanita comportant les épithètes « oreina » et « hyperborea », qui sont interprétés selon les auteurs en tant qu'espèce, sous-espèce ou même en tant que forme. Ils nécessitent des éclaircissements supplémentaires [6] - [7] - [8] - [9].

Synonymie

Amanita nivalis a pour synonymes[10] :

  • Agaricus nivalis (Grev.) Loudon, 1829
  • Amanita nivalis Grev., 1822
  • Amanita vaginata f. nivalis (Grev.) VeselĂ˝, 1933
  • Amanita vaginata f. oreina J. Favre, 1955
  • Amanita vaginata var. nivalis (Grev.) Guillaud et al., 1884
  • Amanitina nivalis (Grev.) E.-J. Gilbert, 1940
  • Amanitopsis nivalis (Grev.) Sacc., 1887
  • Amanitopsis vaginata var. nivalis (Grev.) Peck, 1894
  • Pseudofarinaceus nivalis (Grev.) Kuntze, 1891
  • Vaginata nivalis (Grev.) Kuntze, 1898

Systématique

Amanita nivalis appartient au sous-genre Amanita par ses spores non amyloïdes, à la section Aminatopsis par ses spores blanches et à la sous-section Vaginatinae aux côtés d'Amanita vaginata par sa volve engainante, continue, blanche et principalement constituée d'hyphes filamenteuses[11].

Description

Macroscopie

Amanite des neiges (réserve naturelle Goč-Gvozdac, Serbie)[12].

L'Amanite des neiges produit un sporophore dont le chapeau fragile mesure de 25 Ă  70 mm de diamètre et jusqu'Ă  80 mm. Au dĂ©but ovoĂŻde le plus souvent obtus et ornĂ© d'un umbo, puis campanulĂ© convexe, il devient convexe et s'aplanit franchement dans la vieillesse. Sa surface est lisse, soyeuse, brillante Ă  l'Ă©tat sec, visqueuse Ă  l'Ă©tat humide et sillonnĂ©e sur un rayon d'au plus de mm Ă  partir de la marge. Elle est colorĂ©e de blanchâtre Ă  gris blanc ou crème beige Ă  gris beige voire d'argentĂ© et le plus souvent parcourue de restes de voile floculĂ©s irrĂ©gulièrement dispersĂ©s, apprimĂ©s et blanchâtres Ă  grisâtres. Cependant, en raison des grandes variations de tempĂ©rature et d'humiditĂ© des milieu alpin et arctique, les restes du voile universel sur le chapeau peuvent rapidement ĂŞtre lessivĂ©s[5] - [13] - [8] - [2] - [9].

La marge longtemps infléchie, puis réfléchie est aiguë et striée. La chair est blanche immuable au toucher, mince, ne présente pas d'odeur particulière et sa saveur est quelconque tout en étant agréable[5] - [13] - [8] - [2] - [9].

Amanite des neiges (réserve naturelle Goč-Gvozdac, Serbie)[12].

Les lames d'abord colorĂ©es de blanc puis blanc-crème voire au rose prennent une teinte orangĂ©e pâle lorsqu'elles sèchent. Elles sont libres, serrĂ©es, moyennement denses, typiquement sans lamellules et mesurent de 70 Ă  85 mm de long pour 1 Ă  3 mm de large. Leurs arĂŞtes sont finement floconneuses, mais le voile partiel est absent[5] - [13] - [8] - [2] - [9].

Le pied mesure de 30 Ă  80 mm de haut pour 5 Ă  25 mm d'Ă©paisseur. Il est cylindrique, lĂ©gèrement aminci au sommet et progressivement Ă©largit vers sa base. Il est plein dans sa jeunesse et se creuse avec l'âge. Sa surface est blanche Ă  blanchâtre, parfois teintĂ© de grisâtre ou de rosâtre, presque lisse et parfois finement floculĂ© sans motifs particuliers sur toute sa longueur ou uniquement au sommet. Sa base n'est pas bulbeuse mais invaginĂ©e dans une volve issue du voile universel en forme de sac plus ou moins apparent. Elle membraneuse, blanchâtre et friable[5] - [13] - [8] - [2] - [9].

Microscopie

Amanita nivalis C-spores dans le bleu de méthylène ; D-basides et cellules marginales dans le rouge congo d-Baside subhyméniale dans le rouge congo; E-hyphes de la cuticule ; F-couches internes de la volve au naturel; G-couche externe de la volve au naturel (réserve naturelle Goč-Gvozdac, Serbie)[8]

Amanita nivalis produit des spores globuleuses Ă  subglobuleuses, lisses et hyalines, Ă  paroi mince, non amyloĂŻdes, mesurant de 7,7 Ă  14 Âµm de long pour 6,8 Ă  12 Âµm de large et dont le contenu est souvent guttulĂ© avec une grosse goutte d'huile. Leur sporĂ©e est blanche. Elles sont portĂ©es par quatre par des basides clavĂ©es, Ă  paroi mince et non bouclĂ©es, qui mesurent de 40 Ă  80 Âµm de long pour 11 Ă  18 µm de large. Les cellules marginales sont nombreuses rondes ou en forme de poire. Elles mesurent de 27 Ă  40 Âµm de long pour 12 Ă  20 Âµm de large[5] - [13] - [8] - [2] - [9].

Suivant les auteurs, les lames comportent ou pas des pleurocystides clavĂ©es ou globuleuses 15 Ă  30 Âµm de long pour 10 Ă  20 Âµm de large. La cuticule est formĂ©e d'hyphes cloisonnĂ©es et non bouclĂ©es, couchĂ©es plus ou moins parallèles qui mesurent de 1,5 Ă  4 Âµm de large. Sa couche superficielle est enrobĂ©e dans une masse gĂ©latineuse incolore alors que celles du dessous sont faiblement pigmentĂ©es. Le voile situĂ© au bas du pied est composĂ© de nombreux sphĂ©rocystides[5] - [13] - [8] - [2] - [9].

Écologie et répartition

Vue du sud-ouest depuis le Cairn Gorm, un des sommets des Monts Grampians en Écosse où l'espèce est présente[2].

L'Amanite des neiges pousse en Ă©tĂ© et en automne de façon isolĂ©e Ă  grĂ©gaire, sur les sol siliceux (surtout schisteux) ou calcaire, dans la microsylve de la toundra arctique, subarctique et alpine, directement sur la tourbe nue, dans la pelouse herbacĂ©e ou au milieu des arbustes nains. Elle est en association ectomycorhizienne avec des Saules nains tels Salix herbacea, Salix retusa, Salix reticulata et Salix glauca ou encore Betula nana, Polygonum viviparum, Kalmia procumbens et Dryas octopetala[5] - [13] - [9]. En Écosse, l'espèce est exclusivement associĂ©e Ă  Salix herbacea et bien que ce saule se trouve Ă  des altitudes plus basses, aucun signalement d'A. nivalis n'est disponible au-dessous de 700 m[2] - [14]. Dans les toundras, c'est habituellement la relation ectomycorhyzienne avec les Ericaceae qui domine la flore fongique, et bien qu'A. nivalis puisse se rencontrer au milieu de la bruyère, ce type d'association fongique ne semble pas la concerner[15] - [2].

L'espèce prĂ©sente une distribution circumpolaire avec des populations disjointes sur les sommets des chaĂ®nes de montagnes de l'hĂ©misphère nord[16] - [8]. Plus prĂ©cisĂ©ment, en Europe, cette espèce est prĂ©sente en Écosse[1] - [2], en Islande, en Norvège, en Suède, en Finlande[13] ainsi que dans les Alpes Ă  plus de 2 000 m en Suisse[5], en Italie[9], en Autriche[8] et en France[17]. Elle se retrouve aussi en Europe centrale dans les montagnes de Serbie[12] et enfin, plus Ă  l'est, en Russie europĂ©enne[8]. En AmĂ©rique du Nord, l'espèce est prĂ©sente au Groenland, en Alaska et dans la zone alpine du sud des montagnes Rocheuses, notamment au Colorado[8].

L'Amanite des neiges est peu fréquente à localement commune[5] - [13]. Face aux changements climatiques à venir, les stations présentant des gammes altitudinales diversifiées seraient plus résilientes par rapport à des zones situées dans leur limites d'altitudes[14]. L'espèce est classée comme vulnérable en Grande-Bretagne[18] et en Suisse[19].

Confusions possibles

Amanita arctica (Skien, Norvège)

Amanita nivalis est une petite espèce délicate, limitée aux habitats arctiques et alpins, caractérisée par son pied de faible hauteur, fragile, cylindrique, dépourvu d'anneau et sortant d'un volve bien formée, son chapeau blanc à gris pâle strié jusqu'à 1/3 du rayon, les restes occasionnels de voile universel encore attachés au chapeau et ses lames libres blanches à crème[13] - [8].

Amanita vaginata var. alba est une variété proche qui se distingue par sa grande taille, sa coloration blanc pur et ses arbres hôtes feuillus et conifères au sein des étages subarctique et subalpin uniquement[13].

Amanita arctica est une espèce d'Europe du Nord et du Groenland qui pousse dans des biotopes comparables. Elle se différencie par son chapeau franchement blanc et son pied et son chapeau plus grands. En plus des microsylves, elle apprécie les forêts de conifères[13] - [8].

Amanita groenlandica qui est présente sur l'ensemble de l'arc circumboréal se différencie par son aspect plus robuste, par son chapeau plus blanc et moins strié, par son pied aux motifs vipérins, ainsi que par son appétence pour les forêts de conifères en plus des microsylves[8].

Amanita mortenii est une espèce du Groenland qui semble se limiter aux Bouleaux[8].

Notes et références

  1. (en) Greville, R.K, Scottish Cryptogamic Flora, vol. I, Edinburgh & London, MacLachlan & Stewart ; Baldwin, Cradock & Joy, , 186 p. (lire en ligne)
  2. (en) Watling Roy (Royal botanic garden, Edinburgh, Scotland), « Observations of Amanita nivalis Greville », Agarica, vol. 12, no 2,‎ , p. 327-335 (lire en ligne)
  3. MNHN & OFB [Ed]. 2003-présent. Inventaire national du patrimoine naturel (INPN), Site web : https://inpn.mnhn.fr, consulté le 17 avril 2022
  4. Base de données mondiale de l'OEPP, https://gd.eppo.int, consulté le 17 avril 2022
  5. J. Breitenbach & F. Kränzlin (trad. française J. Keller), Champignons de Suisse : contribution à la connaissance de la flore fongique de Suisse, vol. 4, champignons à lames 2 ème partie, Mykologia, , 375 p. (ISBN 3-85604-140-0)
  6. (en) Bas, C., « Studies in Amanita. II. », Persoonia, vol. 11,‎ , p. 429-442
  7. (en) Campo, E. and E. Bizio, « Alpine Amanita in Italy: too many names for a single species », Bollettino del Gruppo Micologico G. Bresadola, vol. 43, no 2,‎ , p. 175-187
  8. (en) Cathy L. Cripps & Egon Horak, « Amanita in the Rocky Mountain alpine zone, USA: New records for A. nivalis and A. groenlandica », North American Fungi, vol. 5, no 5,‎ , p. 9-21
  9. (it) Roberto Galli, Le Amanite, Édinatura, , 216 p.
  10. V. Robert, G. Stegehuis and J. Stalpers. 2005. The MycoBank engine and related databases. https://www.mycobank.org/, consulté le 17 avril 2022
  11. Pierre Neville & Serge Poumarat, Fungi Europaei : Amaniteae (Amanita, Limacella & Torrendia), Alassio, Edizioni Candusso, luglio 2004, 1121 p. (ISBN 88-901 057-3-9)
  12. (sr) Nenad Milosavljević, « Retke vrste iz roda Amanita zabeležene u okviru Specijalnog rezervata prirode "Goč-Gvozdac" (Espèces rares du genre Amanita récoltées au sein de la réserve naturelle "Goč-Gvozdac") », Zaštita prirode, vol. 70, nos 1-2,‎ , p. 5-18 (DOI 10.5937/ZasPri2101005M, lire en ligne)
  13. Henning Knudsen et Jan Vesterholt, Funga Nordica : agaricoid, boletoid and cyphelloid genera, Copenhagen, Nordsvamp, (ISBN 978-87-983961-3-0)
  14. (en) R. E. Tulloss, Goldman N., « Amanita nivalis », sur Lost and Found Fungi project,
  15. (en) M. Gardes et A. Dahlberg, « Mycorrhizal diversity in arctic and alpine tundra: an open question », New Phytologist, vol. 133, no 1,‎ , p. 147–157 (ISSN 0028-646X et 1469-8137, DOI 10.1111/j.1469-8137.1996.tb04350.x, lire en ligne)
  16. GBIF Secretariat. GBIF Backbone Taxonomy. Checklist dataset https://doi.org/10.15468/39omei accessed via GBIF.org, consulté le 17 avril 2022
  17. Marcel Bon, « Stage mycologie alpine Lanslebourg (Savoie) de 1-3 Septembre 1984 », Bulletin trimestriel de la Federation Mycologique Dauphine-Savoie, vol. 96,‎ , p. 19-25 (lire en ligne)
  18. (en) Evans, S., Henrici, A. & Ing. B., « The Red Data List of Threatened British Fungi: Preliminary Assessment. », British Mycological Society.,‎ (lire en ligne)
  19. Beatrice Senn-Irlet, Guido Bieri & Simon Egli, Liste Rouge des espèces menacées en Suisse: Champignons supérieurs, Berne, Office fédéral de l'environnement (OFEV), , 94 p. (lire en ligne)

Liens externes

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