Accueil🇫🇷Chercher

Cuticule (champignon)

En mycologie, la cuticule (du latin cuticula, petite peau)[1] est la mince peau recouvrant le chapeau du sporophore, ou plus précisément l'hyménophore. La cuticule protège la chair du chapeau sur la face opposée à l'hyménium. On trouve donc la cuticule sur le dessus du chapeau mais elle peut aussi se retrouver en dessous pour les champignons cupuliformes comme les pézizes.

La cuticule de Russula mustelina se détache facilement de la chair de l'hyménophore.

La cuticule est formée d'hyphes différenciés de ceux de la chair et peut concerner des couches monocellulaires ou pluricellulaires, ce dernier cas étant le plus fréquent[2]. Elle peut présenter de nombreux aspects différents.

Principaux rĂ´les

Les rôles de la cuticule chez les champignons sont : la protection mécanique de l'hyménophore ; la protection contre la déshydratation ; la modification de la forme chez les champignons hygrophanes, l'adaptation morphologique par une forme d'appel mimétique, par des couleurs différentes par exemple chez le genre Russula et parfois la protection de l'hyménium quand il n'y a pas de chair dans l'hyménophore, comme dans le genre Parasola. Elle limite probablement l'évapotranspiration.

Utilisation

Autrefois la cuticule de Piptoporus betulinus (polypore ou unguline du bouleau) était utilisée comme un cuir à rasoir par les coiffeurs. Elle fut aussi employée par les bijoutiers pour aiguiser les outils ou polir les métaux précieux[3].

Morphologie de la cuticule

La cuticule est adnée ou parfois partiellement détachable comme dans les spécimens vieux du genre Boletus ou chez Russula emetica ; elle peut être fine ou plus ou épaisse, voire coriace, caoutchouteuse et élastique comme chez Russula crassotunicata[4].

Adhérence au toucher

La cuticule peut être sèche, humide ou plus ou moins visqueuse. Selon le degré d'adhérence qu'elle présente, la cuticule est dite[5] :

  • lubrifiĂ©e lorsqu'elle offre un contact gras sans adhĂ©rer au doigt ;
  • visciduleuse ou viscidule lorsqu'elle est lĂ©gèrement ou faiblement visqueuse ou le devient avec l'humiditĂ©, par exemple chez Galerina viscida (galĂ©rine viscidule) et certains bolets, comme Suillus luteus ;
  • glutineuse si elle est Ă  la fois visqueuse et mucilagineuse (consistance de la gĂ©latine), collante ou poisseuse comme le gluten.

En présence d'humidité la cuticule de certains chapeaux devient glutineuse comme chez les genres Leccinum ou Suillus. Vieux et humides, certains bolets, comme Boletus badius présentent un chapeau de cette consistance, le stipe (pied) restant fibreux. Ce caractère s'observe aussi sans le genre Gomphidius et chez certaines espèces du genre Limacella.

Ornementation

La surface de la cuticule peut être lisse ou plus ou moins ornementée. De multiples adjectifs sont utilisés pour décrire les différents aspects qu'elle présente. De nombreux ouvrages d'identification des champignons proposent un glossaire explicitant ces termes et leur signification spécifique en mycologie[6] - [7].

  • Pruineuse, recouverte de pruine, fine poudre pigmentĂ©e qui lui confère un aspect givrĂ© ou poussiĂ©reux, produite par les articles terminaux des hyphes[8].
    Exemples : Clitopilus prunulus jeune, Boletus pruinatus, Cantharellus subpruinosus, ou encore Conocybe tenera.
  • MicacĂ©e, pailletĂ©e brillante ou scintillante comme le mica, comme couverte de rosĂ©e[9]. Cet effet est dĂ» Ă  la prĂ©sence de minuscules Ă©cailles brillantes sur le champignon Ă  l'Ă©tat jeune.
    Exemple : le coprin micacé, Coprinus micaceus.
  • FurfuracĂ©e, recouverte ou composĂ©e de petites squames poudreuses, souvent blanches, lui donnant un aspect farineux.
    Exemple : Cystoderma amianthinum.
  • TesselĂ©e, avec des motifs en damier. Lorsque ces motifs sont formĂ©s par de fines craquelures, la cuticule est dite arĂ©olĂ©e.
  • ImbriquĂ©e
  • Floconneuse, feutrĂ©e comme un flocon ; une cuticule flocculeuse est faiblement floconneuse. Elle peut se confondre avec une cuticule imbriquĂ©e, excoriĂ©e, ou encore floconneuse.
  • MĂ©chuleuse, garnie de nombreuses petites mèches appelĂ©es mĂ©chules. Le stipe peut Ă©galement ĂŞtre mĂ©chuleux.
    Exemples : Hygrocybe turunda, Inocybe hystrix et certaines espèces des genres Lactarius, Crepidotus, Coprinus et Coprinopsis.
  • Tomenteuse, recouverte d'un duvet de poils fins donnant une impression feutrĂ©e. Lorsque le duvet n'est prĂ©sent que sur la cuticule et pas sur la marge du chapeau, on parle parfois de subtomenteux.
    Exemples : Phellodon tomentosus, Lactarius subtomentosus, Inonotus tomentosus, Boletus subtomentosus, Xerocomus subtomentosus, Suillus tomentosus, Chroogomphus tomentosus.
  • ÉchinulĂ©e, hĂ©rissĂ©e de petites Ă©pines ou de petits tubercules.
    Exemples : Lycogala flavofuscum, Calvatia excipuliformis, Phaeomarasmius erinaceus, Amanita onusta et Amanita daucipes.
    La marge du chapeau, le stipe (pied) et les spores et peuvent également être échinulés.
  • Fibrilleuse
  • Squameuse
  • ExcoriĂ©e, d'aspect semblable Ă  de la peau Ă©corchĂ©e.
  • Duveteuse
  • Canescente, recouverte d'un fin duvet ou d'une pruine qui lui donne un aspect blanchâtre.
  • GuttulĂ©e, avec des petites taches, parfois colorĂ©es, en forme de gouttes.
  • PectinĂ©e, qui prĂ©sente une surface « peignĂ©e ».
    Exemples : genres Mycena et Parasola.
    La marge du sporophore peut également être pectinée, dans ce cas on la dit parfois striée. Exemples : genre Amanita, sous-sections Vaginae et Ceasarae, particulièrement chez celle qui ne sont pas floconeuses, comme Amanita caesarea, Amanita vaginata, Amanita jacksonii, Amanita xanthocephala.
  • Cuticule pruineuse(Boletus pruinatus)
    Cuticule pruineuse
    (Boletus pruinatus)
  • Cuticule micacĂ©e(Coprinus micaceus)
    Cuticule micacée
    (Coprinus micaceus)
  • Cuticule furfuracĂ©e(Cystoderma amianthinum)
    Cuticule furfuracée
    (Cystoderma amianthinum)
  • Cuticule tesselĂ©e(Xerocomus chrysenteron)
    Cuticule tesselée
    (Xerocomus chrysenteron)
  • Cuticule imbriquĂ©e(Sarcodon imbricatus)
    Cuticule imbriquée
    (Sarcodon imbricatus)
  • Cuticule floconneuse(Strobilomyces strobilaceus)
    Cuticule floconneuse
    (Strobilomyces strobilaceus)
  • Cuticule mĂ©chuleuse(Lactarius deliciosus)
    Cuticule méchuleuse
    (Lactarius deliciosus)
  • Cuticule et pied mĂ©chuleux(Inocybe hystrix)
    Cuticule et pied méchuleux
    (Inocybe hystrix)
  • Cuticule tomenteuse(Xerocomus subtomentosus)
    Cuticule tomenteuse
    (Xerocomus subtomentosus)
  • Cuticule et marge Ă©chinulĂ©es(Phaeomarasmius erinaceus)
    Cuticule et marge échinulées
    (Phaeomarasmius erinaceus)
  • Cuticule Ă©chinulĂ©e(Amanita daucipes)
    Cuticule échinulée
    (Amanita daucipes)
  • Cuticule Ă©chinulĂ©e(Amanita onusta)
    Cuticule échinulée
    (Amanita onusta)
  • Cuticule fibrilleuse(Lactarius torminosus)
    Cuticule fibrilleuse
    (Lactarius torminosus)
  • Cuticule squameuse(Polyporus squamosus)
    Cuticule squameuse
    (Polyporus squamosus)
  • Cuticule excoriĂ©e(Macrolepiota excoriata)
    Cuticule excoriée
    (Macrolepiota excoriata)
  • Cuticule guttulĂ©e(Oligoporus guttulatus)
    Cuticule guttulée
    (Oligoporus guttulatus)
  • photo de Hydnellum ferrugineum
    Cuticule guttulée
    (Hydnellum ferrugineum)
  • Cuticule duveteuse et guttulĂ©e(Ptychogaster fuliginoides)
    Cuticule duveteuse et guttulée
    (Ptychogaster fuliginoides)
  • Cuticule pectinĂ©e(Parasola sp.)
    Cuticule pectinée
    (Parasola sp.)
  • Cuticule pectinĂ©e(Mycena capillaripes)
    Cuticule pectinée
    (Mycena capillaripes)
  • Cuticule pectinĂ©e et marge cannelĂ©e(Mycena rubromarginata)
    Cuticule pectinée et marge cannelée
    (Mycena rubromarginata)

Couleur

La cuticule et la chair de l'hyménophore peuvent être concolores, c'est-à-dire de la même couleur, ou de couleurs différentes. La cuticule peut présenter une teinte uniforme ou se modifiant du centre vers la marge du chapeau, elle est alors dite bicolore. Ce caractère est typique de certaines espèces des genres Amanita et Lepista.

Notes et références

  1. Dans la littérature anglo-saxonne on trouve le terme pileipellis, du latin pellis, pelure, et pileus, chapeau.
  2. Bernard Boullard, Dictionnaire : Plantes et Champignons, Paris, De Boeck Secundair, , 875 p. (ISBN 2-909455-99-8, lire en ligne), p. 233
  3. Gérard Houdou, Le grand livre des champignons, Éditions De Borée, coll. « Nature », , 191 p. (ISBN 2-84494-270-9)
  4. Champignons du Québec : Russula crassotunicata / Russule à cuticule épaisse
  5. Marchand 1971, p. 258
  6. par ex. Aloys Duperrex, « Glossaire », dans J.E. & M. Lange, Guide des champignons, Neuchâtel, Delachaux & Niestlé, , 5e éd., p. 260-264
  7. Marchand 1971, Vocabulaire, p. 254-261
  8. Marchand 1971, p. 260
  9. Narcisse Théophile Patouillard, Essai taxonomique sur les familles et les genres des Hyménomycètes, Lons-le Saulnier, Imprimerie Declume, , p. 176

Bibliographie

  • AndrĂ© Marchand, Champignons du Nord et du Midi : Les meilleurs comestibles et les principaux vĂ©nĂ©neux, vol. 1, Perpignan, SociĂ©tĂ© mycologique des PyrĂ©nĂ©es mĂ©diterranĂ©ennes, , 264 p. (ISBN 84-399-0987-X), p. 254-261 (Vocabulaire)
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.