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Nom normalisé

En zoologie, en botanique et en mycologie, un nom normalisĂ© est un nom technique prĂ©cis, choisi pour dĂ©signer dans une langue vivante donnĂ©e, au niveau national et sans ambiguĂŻtĂ©, un taxon unique. Le principe est de constituer une terminologie standardisĂ©e dans le but de faciliter les Ă©changes scientifiques, Ă©ducatifs et sociaux, notamment dans le cadre des traductions. Ces noms normalisĂ©s sont adoptĂ©s dans le respect des critères d’exclusivitĂ© et d’universalitĂ©. Les noms normalisĂ©s français forment de fait une nomenclature scientifique francisĂ©e car ils sont suffisamment prĂ©cis pour transcrire les noms binominaux, ces autres noms techniques « rĂ©putĂ©s latins », et dits « scientifiques Â» ou « linnĂ©ens Â». En France, les noms normalisĂ©s sont autant que possible, calquĂ©s sur les noms latins, comme l'Hirondelle rustique (Hirundo rustica), ou bien issus de noms vernaculaires prĂ©existants, comme l'Étourneau sansonnet (Sturnus vulgaris), Ă  moins que la nĂ©cessitĂ© de cohĂ©rence au niveau international n'oblige Ă  former de nouveaux noms[1] - [2] - [3] - [4].

Pour répondre aux exigences de la mondialisation, on voit se multiplier dans divers domaines de la biologie des tentatives pour établir des nomenclatures normalisées en langue véhiculaire. Au début du XXIe siècle, la plupart de ces initiatives ne sont pas universellement validées et la tâche reste immense. La nomenclature binominale en latin reste donc encore le plus souvent l'unique moyen de nommer un organisme vivant avec le moins d'ambiguité possible[5].

Utilité du nom normalisé

La mise au point de listes unifiées de noms normalisés dans une même langue se fait dans une recherche d'universalité et de pérennité. S'ils sont admis par tous, ces noms ont l'avantage de ne fluctuer ni en fonction des usages locaux, ni des changements possibles au sein de la classification scientifique des espèces[6].

Tant qu'ils ne sont pas validés par toutes les instances concernées, les noms proposés pour établir une nomenclature normalisée dans une langue vivante ne sont valables qu'au sein d'une norme précise. Une fois établie au niveau mondial, cette liste reste susceptible d'ajustements ultérieurs, dans le cadre d'une transition vers une plus grande uniformité internationale ou bien tant qu'un consensus n'est pas établi au niveau local[7].

Mode de formation des noms normalisés (noms d'espèces)

Dans une langue donnée, la façon dont les noms normalisés finalement retenus ont été originellement formés relève de différents processus.

Le nom normalisé peut être la traduction pure et simple du binôme latin, tant pour le genre que pour l'espèce :
Gypaète barbu (de Gypaetus barbatus), Faucon pèlerin (Falco peregrinus), Râle d'eau (Rallus aquaticus), Serin syriaque (Serinus syriacus), Casoar de Bennett (Casuarius bennetti), Faucon concolore (Falco concolor)[1] - [2]. En général, le binôme latin trouve son origine dans la description initiale de l'espèce (la diagnose), qui se faisait traditionnellement en latin et commençait par la définition de ce que le naturaliste allait décrire :

Cette traduction du binĂ´me latin est souvent « masquĂ©e Â» par le fait que le nom scientifique a Ă©voluĂ©. Le processus le plus frĂ©quent est liĂ© historiquement Ă  la crĂ©ation de genres Ă  partir d'une Ă©pithète spĂ©cifique. LinnĂ© avait par exemple classĂ© la cigogne blanche et la cigogne noire parmi les hĂ©rons, les nommant respectivement Ardea ciconia et Ardea nigra. Lorsqu'il fut dĂ©cidĂ© de crĂ©er un genre sĂ©parĂ© pour les cigognes, on prit l'Ă©pithète spĂ©cifique ciconia de la cigogne blanche comme nom de genre. Comme Ă  cette Ă©poque la rĂ©pĂ©tition du mĂŞme nom pour le genre et l'espèce Ă©tait inconcevable, la cigogne blanche prit le nom de Ciconia alba. Le nom français normalisĂ© actuel date de cette Ă©poque. Une règle de nomenclature ayant dĂ©cidĂ© de restituer les noms d'espèce d'origine, le nom scientifique est alors devenu Ciconia ciconia, mais le nom « technique Â» français est demeurĂ© « Cigogne blanche Â». Ce processus explique un grand nombre de noms normalisĂ©s actuels, pour les espèces europĂ©ennes en particulier, qui n'ont jamais Ă©tĂ© des noms vernaculaires, mais sont des calques de noms scientifiques dĂ©chus. On peut citer (avec les anciens noms scientifiques entre parenthèses) : Grue cendrĂ©e (Grus cinerea), Tadorne de Belon (Tadorna belonii), Cincle plongeur (Cinclus aquaticus), Traquet rieur (Saxicola cachinnans).

En français, le nom technique peut aussi dériver de l'un des noms vernaculaires de l'espèce, choisi pour différencier cette espèce des autres, à l'intérieur d'un genre. Ces choix sont faits en général par un ou plusieurs naturalistes, afin de nommer dans la langue de rédaction d'un ouvrage les espèces concernées[1] - [2] :

Chez les oiseaux par exemple, les noms normalisés Bernache cravant, Canard souchet, Fuligule morillon, Harle bièvre, Circaète jean-le-blanc, Faucon crécerelle, Pluvier guignard, Chevalier gambette, Pigeon ramier, Chouette hulotte, Bouvreuil pivoine, Grive litorne, Grive mauvis, Sittelle torchepot, Tichodrome échelette, Serin cini, Moineau friquet, Étourneau sansonnet, Alouette lulu ont été empruntés par leurs auteurs, pour ce qui est du second terme, aux noms vernaculaires cravant, souchet, morillon, bièvre, jean-le-blanc, crécerelle, guignard, gambette, ramier, hulotte, pivoine, litorne, mauvis, torchepot, échelette, cini, friquet, sansonnet, lulu, qui désignaient ces espèces dans leur environnement linguistique de l'époque. Certains de ces noms sont d'ailleurs toujours en usage dans les régions concernées. L'appartenance de ces noms vernaculaires à une autre langue que le français n'est pas un obstacle à leur adoption : Tadorne casarca, Épervier shikra, Faucon kobez, Perdrix chukar, Pigeon trocaz proviennent de kasarca (nom polonais du tadorne casarca), de shikra, de kobez, de pomba torcaz (nom en portugais de Madère du Pigeon trocaz).

Un variante consiste en l'agglutination des Ă©lĂ©ments d'un nom vernaculaire en supprimant un trait d'union : la graphie traditionnelle de l'AcadĂ©mie Française « gobe-mouche[8] Â» devenant « Gobemouche Â».

Ces trois premiers modes de formation des noms normalisés ont été dominants pendant longtemps, principalement pour les espèces européennes et d'Amérique du Nord, et sont encore utilisés lorsque des comités s'attaquent à des groupes biologiques qui n'ont pas encore de listes de noms techniques.

Lorsque de plus en plus d'espèces ont été décrites dans le monde, le besoin de noms techniques dans les différentes langues du monde, en français en particulier, a suscité deux autres modes de désignation[9] - [1] - [2] :

  • La crĂ©ation de toutes pièces de listes de noms normalisĂ©s par des comitĂ©s de nomenclature, ou par des personnalitĂ©s qualifiĂ©es (ou non). En gĂ©nĂ©ral, les critères retenus pour ces listes sont :
    • la pertinence et l'universalitĂ© des termes par rapport Ă  l'espèce considĂ©rĂ©e, en particulier en ce qui concerne la rĂ©partition, la biologie et les versions rĂ©gionales de la langue considĂ©rĂ©e,
    • la prise en compte de l'usage (tradition et usages techniques) et de la notoriĂ©tĂ© des termes dĂ©jĂ  utilisĂ©s.
  • Plus rĂ©cemment, il arrive que les auteurs de la description d'une nouvelle espèce proposent un nom normalisĂ©, le plus souvent dans la langue dans laquelle la description est publiĂ©e (le latin Ă©tant aujourd'hui peu utilisĂ© par la communautĂ© scientifique). Ce terme est le plus souvent repris par les comitĂ©s de nomenclature dans la langue considĂ©rĂ©e, et sert souvent de base pour des traductions plus ou moins habiles dans les autres langues par les commentateurs.

Noms normalisés en zoologie

Pour les oiseaux, en français, les noms normalisĂ©s sont choisis par des instances de normalisation comme la Commission internationale des noms français des oiseaux. Dans le cas des oiseaux ne disposant pas de rĂ©els noms vernaculaires en français, ces noms normalisĂ©s sont souvent forgĂ©s Ă  partir du nom du genre et d'une caractĂ©ristique de l'espèce. Ils peuvent Ă©galement ĂŞtre la traduction de noms provenant d'autres langues, l'anglais ayant une grande influence, mĂŞme si un terme comme Nestor superbe (Nestor meridionalis) a Ă©tĂ© prĂ©fĂ©rĂ© Ă  l'appellation locale Kaka, par exemple. Ce nom normalisĂ© est assimilĂ© Ă  un nom propre et prend donc la majuscule pour le distinguer des noms communs[10]. En anglais, c'est l'International Ornithological Congress (IOC) qui Ă©tablit la liste d'« international English names Â» en s'inspirant Ă©galement, chaque fois que c'est possible, des noms vernaculaires issus du langage usuel[11].

Noms normalisés en botanique

En français, en dépit de quelques propositions de normalisation faites au XXIe siècle[12] - [2] - [4], aucune instance officielle n'a encore reconnu des noms normalisés pour toutes les plantes. La seule nomenclature mondialement reconnue par les botanistes reste donc la nomenclature scientifique linéenne, en latin, qui suit les règles du Code international de nomenclature pour les algues, les champignons et les plantes.
En , la Société botanique de France a publié un Guide de nomenclature des noms normalisés en français pour les plantes Trachéophytes de France métropolitaine avec l'objectif d'établir un nom français normalisé (NFN) pour chaque taxon, en commençant par la flore vasculaire de France métropolitaine[13].

Une liste standardisée des noms néerlandais des spermatophytes et ptéridophytes de la flore de Belgique et des Pays-Bas a été mise au point dès 1986 par le Rijksherbarium de Leyde en collaboration avec le Jardin botanique national de Belgique[14].

La Base de donnĂ©es des plantes vasculaires du Canada (VASCAN) prĂ©cise le « nom acceptĂ© Â» de toutes les plantes canadiennes[15].

Noms normalisés en mycologie

De son côté, en 2011, le Comité pour les noms français des champignons a établi une liste de noms français recommandés, avec la collaboration de la Société Mycologique de France[16].

Notes et références

  1. Noms français des oiseaux du Monde sur le site CINFO consulté le 6 octobre 2015.
  2. Mélise Durecu, Établissement d’un guide de nomenclature normalisée en français pour les trachéophytes de France métropolitaine : Mémoire de Master 1-Biodiversité végétale tropicale, Montpellier, Telabotanica, , 45 p. (lire en ligne)
  3. J. C. Philibert, [Dictionnaire universel de botanique: contenant l'explication détaillée de tous les termes français et latins de botanique et de physique végétale. F - O], Éditions Merlin, 1804. Voir page 497, volume 2
  4. Miroslav M. Grandtner et Marc-Alexandre Beaulieu, Quelques principes de normalisation des noms botaniques français : les arbres d’Amérique du Nord, dans Meta : journal des traducteurs, volume 55, numéro 3, septembre 2010, p. 558-568. Éditeur : Les Presses de l'Université de Montréal. (ISSN 0026-0452) (imprimé) 1492-1421 (numérique). DOI : 10.7202/045077ar
  5. Classification des espèces dans l'Encyclopédie Larousse, consultée le 4 octobre 2015.
  6. H. Gaussen, [De quoi s'agit-il? Les noms scientifiques et le bon sens], dans la Revue forestière française 1950
  7. Changer les noms communs français des espèces canadiennes, sur le site du gouvernement du Canada, consulté le 4 octobre 2015.
  8. gobe-mouche sur le CNRTL
  9. Vincent Maran, Un joli petit nom français… dans Info Doris, septembre - octobre 2012, n° 244, Subaqua.
  10. Ce que dit la Commission internationale des noms français des oiseaux (CINFO) : « On notera enfin que les noms techniques français sont assimilés à des noms propres, prenant la majuscule selon les règles ordinaires du français (Petite Buse, Buse variable). Cette majuscule particularisante permet d'éviter la confusion entre le nom technique et le nom commun. L'expression « petite buse », appartient au domaine de la langue commune et ne peut signifier autre chose qu'une buse de petite taille. Sous la plume des ornithologues, le nom « Petite Buse » désigne une espèce particulière et unique (Buteo platypterus). »
  11. (en) IOC World Bird List Principles sur le site de l'IOC, consulté le 4 octobre 2015.
  12. G. Lamoureux, « Noms français des plantes », dans Flore printanière, Saint-Henri-de-Lévis, Québec, Fleurbec, , 576 p., p. 16-21
  13. D. Mathieu, M. Durécu, D. Mercier, J. Mathez, M. Chauvet, Guide de nomenclature des noms normalisés en français pour les plantes Trachéophytes de France métropolitaine Code NFN Version 2.4 – novembre 2014. Dans J. Bot. Soc. Bot. France 70, 1‑5 (2015). Voir sur Tela Botanica.
  14. (nl) Ruud Van der Meijden et Leo Vanhecke, « Naamlijst van de flora van Nederland en België », Gorteria, vol. 13, nos 5/6,‎ , p. 86-170 (ISSN 0017-2294)
  15. Accéder au site VASCAN
  16. Les noms français recommandés par le Comité des noms français des champignons, lire la synthèse des travaux en 2011 : document pdf.

Voir aussi

Bibliographie

  • Miroslav M. Grandtner et Marc-Alexandre Beaulieu, « Quelques principes de normalisation des noms botaniques français : les arbres d’AmĂ©rique du Nord », Meta : journal des traducteurs / Meta: Translators' Journal, vol. 55, no 3,‎ , p. 558-568 (ISSN 0026-0452 et 1492-1421, lire en ligne)
  • Christiane Hageman, Histoire des noms techniques des oiseaux du QuĂ©bec de l'ordre des Passeriformes : Évolution des Ă©lĂ©ments gĂ©nĂ©riques (1861-1993), mĂ©moire de maĂ®trise en Ă©tudes françaises, . Lire le document pdf.

Articles connexes

Liens externes

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