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Carbamate

Les carbamates ou uréthanes sont une famille de composés organiques porteur d'une fonction R-HN-(C=O)O-R'. Il s'agit en fait des esters substitués de l'acide carbamique ou d'un amide substitué.

Structure générale des carbamates

Carbamate en biochimie

Le groupe fonctionnel carbamate peut ĂȘtre formĂ© lorsqu'une molĂ©cule de dioxyde de carbone ou un dĂ©rivĂ© carbonate rĂ©agit avec la terminaison amino d'une chaĂźne de peptides ou le groupe aminĂ© d'un acide aminĂ©, y ajoutant un groupe COO− et libĂ©rant un proton (ion H+).

Chemin réactionnel du carbabate

"R" indique le radical d'atomes attachés à l'autre extrémité de la molécule d'azote du groupe amino.

Utilisation comme groupes de protection

La formation de carbamate est une alternative pour protéger une fonction amine à l'aide des groupes protecteurs :

Quelques exemples de carbamates naturels

Dans l'hémoglobine, les groupes carbamates se forment lorsque les molécules de dioxyde de carbone se lient aux terminaux aminés des chaßnes de globine. Cela aide à stabiliser la protéine lorsqu'elle devient désoxyhémoglobine et augmente la probabilité de libération de molécules d'oxygÚne restantes liées à la protéine.

La Rubisco (enzyme nĂ©cessaire Ă  la fixation de la molĂ©cule de dioxyde de carbone dans la biomasse vĂ©gĂ©tale en initiant le cycle de Calvin) nĂ©cessite Ă©galement la formation de carbamate pour fonctionner. Sur le site actif de l'enzyme, un ion Mg2+ est liĂ© aux rĂ©sidus de glutamate et d'aspartate, ainsi qu'Ă  un carbamate de lysine (qui maintient l'ion en place). Le carbamate est formĂ© quand une chaĂźne latĂ©rale de lysine non chargĂ©e Ă  proximitĂ© de l'ion rĂ©agit avec une molĂ©cule de dioxyde de carbone de l'air (donc pas celle du substrat enzymatique), ce qui la rend ensuite chargĂ©e et donc capable de se lier Ă  l’ion Mg2+.

Une variété d'insecticides contient le groupe fonctionnel carbamate.

Exemples de carbamates industriels

Parmi les carbamates, on peut citer :

  • des produits pharmaceutiques comme :
    • MĂ©probamate
    • Emylcamate
    • Carisoprodol
    • Mebutamate
    • Phenprobamate
    • Tybamate
    • Felbamate

Carbamate (pharmacie) et dépendance

Certains carbamates utilisĂ©s comme mĂ©dicaments peuvent entraĂźner une forte dĂ©pendance, proche de celle des barbituriques. Cette famille de mĂ©dicaments, particuliĂšrement banalisĂ©e en France, entraĂźne des risques importants en cas d’intoxication aiguĂ«. La dĂ©pendance est intense, et induit un syndrome de sevrage potentiellement grave avec, comme pour les barbituriques ou l’alcool, une possible Ă©volution fatale en l’absence de prise en charge mĂ©dicale[1].

Neurotoxicité, et possible interdiction de certains carbamates

Comme les composés organophosphorés les carbamates sont des inhibiteurs de l'enzyme acétylcholinestérase.

La classe générale des produits chimiques à base de carbamate présente une large gamme d'écotoxicité et de toxicités, allant d'une toxicité trÚs légÚre à des effets neurotoxiques sévÚres voire mortels.
Deux familles de carbamates dotés de groupes amine chargés positivement (l'une contenant un groupe carbamate, l'autre en contenant deux) ont été récemment proposé à l'interdiction dans le cadre de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CWC).
Les carbamates se lient moins avec l'acétylcholinestérase que ne le font les organophosphorés, faisant qu'ils sont plus facilement éliminés de l'organisme. Le sous-groupe des produits contenant un ou deux carbamates et qui contiennent deux amines quaternaires chargées positivement a des propriétés particuiÚres, D. Hank Ellison explique[2] que ces amines ont été ajoutées volontairement pour accroßtre la capacité de ces molécules à pénétrer dans la jonction neuromusculaire, afin d'exacerber l'effet inhibiteur de l'acétylcholinestérase. La proposition n°4 de la 1Úre proposition de mise à jour des annexes de la CWC (1993) porte sur ces deux sous-groupe de carbamates (une décision est attendue pour novembre 2019)[3].

Notes et références

  1. http://www.cairn.info/revue-gerontologie-et-societe-2003-2-page-45.htm
  2. D. Hank Ellison, Handbook of Chemical and Biological Warfare Agents ((Manuel des agents de guerre chimique et biologique); Hoenig, Compendium of Chemical Warfare Agents, pp. 79−80, voir p.105
  3. Costanzi, S., & Koblentz, G. D. (2019) Controlling Novichoks after Salisbury: revising the Chemical Weapons Convention schedules| The Nonproliferation Review, 1-14

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • King A.M. & Aaron C.K. (2015) Organophosphate and Carbamate Poisoning| Emergency Medicine Clinics, Vol. 33, N°1, pp. 133−51
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