AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

PĂȘche au poison

La pĂȘche au poison est une technique de pĂȘche consistant Ă  suffoquer ou tuer les poissons d'un secteur au moyen de poison et Ă  les ramasser une fois en surface. C'est une mĂ©thode traditionnelle utilisĂ©e par de nombreux peuples autochtones, en particulier en AmĂ©rique du Sud et en OcĂ©anie, bien qu'interdite dans un grand nombre de pays. DiffĂ©rentes plantes sont utilisĂ©es pour produire le poison (feuilles, racines, etc.). Ces vĂ©gĂ©taux sont qualifiĂ©s d'ichtyotoxiques.

Description

Polynésie

Des femmes de l'Ăźle tongienne de Niuatoputapu rĂ©alisent une pĂȘche Ê»aukava en 1969.

La pĂȘche au poison est une mĂ©thode traditionnelle employĂ©e en PolynĂ©sie, notamment Ă  Wallis-et-Futuna[1], Ă  Niue[2] et aux Tonga, particuliĂšrement sur l'Ăźle de Niuatoputapu[3]. PratiquĂ©e dans des eaux peu profondes et calmes (lagons ouverts sur le large Ă  marĂ©e haute, tombants rĂ©cifaux sous le vent), cette mĂ©thode est appelĂ©e Ê»aukava[4]. Le poison est obtenu en broyant les feuilles de plantes locales : Derris trifoliata, D. malaccensis, Barringtonia asiatica (Ă  Wallis et Ă  Futuna), Pittosporum arborescens, Scaevola sericea[5], Derris elliptica (Ă  Niuatoputapu). Il est ensuite rĂ©pandu dans l'eau (directement ou Ă  travers un tissu). Les poissons, suffoquant ou Ă©tourdis, remontent Ă  la surface oĂč ils sont capturĂ©s. La chair n'est pas contaminĂ©e par le poison et le poisson peut ĂȘtre consommĂ© sans danger[5].

La plante Derris elliptica est utilisĂ©e dans la pĂȘche au poison Ă  Niuatoputapu.

RĂ©pandue dans les annĂ©es 1970, cette pratique a Ă©tĂ© interdite aux Tonga en 2002 mais elle est encore utilisĂ©e dans certaines Ăźles[6]. Cette pratique est destructrice et non sĂ©lective (tous les poissons sont touchĂ©s)[1]. En 1999, FrĂ©dĂ©ric Angleviel note que cette pratique est « en rĂ©gression » Ă  Wallis et Futuna[1]. Cette pĂȘche a Ă©tĂ© Ă©galement interdite Ă  Niue en 1965[7].

Mélanésie

La pĂȘche au poison a Ă©tĂ© Ă©galement pratiquĂ©e aux Fidji, mĂȘme si la pratique est aujourd'hui interdite[8]. Un article de 1950 mentionne son utilisation en Nouvelle-CalĂ©donie, en Papouasie-Nouvelle-GuinĂ©e, ou encore aux Ăźles Salomon[9]. En Nouvelle-CalĂ©donie, une espĂšce d'euphorbe (Euphorbia kanalensis) Ă©tait cultivĂ©e spĂ©cifiquement pour ce type de pĂȘche. Ses racines broyĂ©es produisent un poison qui paralyse les poissons[10]. Isabelle Leblic a recensĂ© dix-neuf plantes ichtyotoxiques diffĂ©rentes utilisĂ©es par les Kanak[11]. Cette technique traditionnelle des populations Kanak a Ă©tĂ© interdite au dĂ©but des annĂ©es 1930 par l'administration coloniale française en raison de son cĂŽtĂ© destructeur[11].

Amérique du Sud

En AmĂ©rique du Sud, la pĂȘche avec des plantes ichtyotoxiques est appelĂ©e nivrĂ©e (ce nom provient sans doute du français enivrer). Parmi les plantes utilisĂ©es, on trouve le barbasco.

Afrique

Dans les des zones sahĂ©liennes et soudaniennes, les gousses de nĂ©rĂ© peuvent servir de poison de pĂȘche.

Tephrosia vogelii est aussi employé pour cet usage en Afrique tropicale.

Notes et références

Références

  1. FrĂ©dĂ©ric Angleviel, « L'homme et la mer Ă  Wallis-et-Futuna », dans Gilles Blanchet (Ă©d.), Les petites activitĂ©s de pĂȘche dans le Pacifique Sud, (lire en ligne)
  2. (en) Wolfgang B. Sperlich, Niue Language Dictionary, University of Hawaii Press, , 595 p. (ISBN 978-0-8248-1933-0, lire en ligne)
  3. (en) Tom Dye, « Fish and Fishing on Niuatoputapu1 », Oceania, vol. 53, no 3,‎ , p. 242–271 (ISSN 0029-8077, DOI 10.1002/j.1834-4461.1983.tb01983.x, lire en ligne, consultĂ© le )
  4. « aukava - Pollex Online », sur pollex.shh.mpg.de (consulté le )
  5. SecrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral de la communautĂ© du Pacifique, « Les gardiennes des jardins coralliens : l’importance du ramassage d’organismes marins aux Tonga », Ressources marines et tradition - bulletin d’ information,‎ , p. 8-9 (lire en ligne)
  6. (en) Charles Sheppard, World Seas : An Environmental Evaluation : Volume II : The Indian Ocean to the Pacific, Londres, Academic Press, (ISBN 978-0-12-805203-7, lire en ligne), p. 30.1
  7. Kyrstn Zylich, Sarah Harper, Nicolas Winkler, Dirk Zeller, « Reconstruction of Marine Fisheries Catches for Niue (1950-2010) », dans Harper, S., Zylich, K., Boonzaier, L., Le Manach, F., Pauly, D., Zeller D. (éd.), Fisheries catch reconstructions: Islands, Part III., Fisheries Centre Research Reports 20(5). Fisheries Centre, University of British Columbia, (lire en ligne)
  8. « Fiji fisheries law: When is fishing activity illegal in Fiji's nearshore waters? », (consulté le )
  9. Jacques Barrau, « Fishing Poisons Of the South Pacific », SPC Quarterly Bulletin,‎ (lire en ligne)
  10. Jacques Barrau, « Poisons de pĂȘche dans les Ăźles du Pacifique Sud », SPC Quarterly Bulletin,‎ (lire en ligne)
  11. Isabelle Leblic, « La pĂȘche au poison en Nouvelle-CalĂ©donie », Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquĂ©e, vol. 37, no 1,‎ , p. 217–235 (ISSN 0183-5173, DOI 10.3406/jatba.1995.3571, lire en ligne, consultĂ© le )

Bibliographie

J. Kerharo, F. Guichard et A. Bouquet, Les vĂ©gĂ©taux ichtyotoxiques (Poisons de pĂȘche), IRD-ORSTOM, (1re Ă©d. 1961) (lire en ligne)

Voir aussi

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.