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PĂȘche au cyanure

La pĂȘche au cyanure est une mĂ©thode de pĂȘche de poissons vivants utilisĂ©e principalement pour les poissons d'aquarium. Elle consiste Ă  pulvĂ©riser un mĂ©lange de cyanure de sodium dans l'eau afin d'Ă©tourdir les poissons s'y trouvant. Cette pratique nuit non seulement Ă  la population cible, mais Ă©galement Ă  de nombreux autres organismes marins exposĂ©s tels que le corail.

Cette photo a été pris le 30 juin 2007 dans le zoo de Wilhelma (Stuttgart) par BuzzWoof. Ce poisson est un Mérou Brun.

Histoire et géographie

La pĂȘche au cyanure est pratiquĂ©e principalement dans les rĂ©gions de pĂȘche en eau salĂ©e d'Asie du Sud-Est. Étant donnĂ© que la pratique n'a jamais Ă©tĂ© largement diffusĂ©e ou approuvĂ©e officiellement, ses origines sont incertaines, mais elle pourrait ĂȘtre apparue dans les annĂ©es 1950 aux Philippines[1]. La pratique a ultĂ©rieurement Ă©tĂ© adoptĂ©e par certains Ă©tablissements de pĂȘche en d'autres endroits, comme l'IndonĂ©sie, la ThaĂŻlande, les Maldives et Taiwan. La pĂȘche au cyanure a Ă©tĂ© initialement dĂ©veloppĂ©e pour Ă©tourdir et capturer les poissons pour les aquariums et les collectionneurs, mais elle a rapidement Ă©tĂ© utilisĂ©e pour attraper des poissons destinĂ©s Ă  l'alimentation. Elle est illĂ©gale dans de nombreux pays oĂč elle est pratiquĂ©e, les lois la rĂ©gulant Ă©tant souvent peu appliquĂ©es. Le mĂ©rou, le napolĂ©on et la saumonĂ©e lĂ©opard font partie des espĂšces de poissons les plus souvent capturĂ©es par la pĂȘche au cyanure.

Le World Resources Institute a dĂ©terminĂ© qu'environ 20 % des poissons vivants commercialisĂ©s sur le marchĂ© philippin en 1996 Ă©taient capturĂ©s au cyanure. En supposant que cela reflĂšte la pratique de l'Asie du Sud-Est dans son ensemble, l'ingĂ©nieur en environnement David Dzombak estime que 12 000 Ă  14 000 tonnes de poissons vivants sont capturĂ©es chaque annĂ©e en utilisant cette mĂ©thode[1].

Des poissons de rĂ©cif coralliens colorĂ©s, particuliĂšrement esthĂ©tiques et rares, sont emballĂ©s dans des sacs en plastique ; jusqu'Ă  deux tiers de ces poissons meurent pendant le transport. Les estimations suggĂšrent que 70 Ă  90 % des poissons d'aquarium exportĂ©s des Philippines sont capturĂ©s avec du cyanure[2] - [3] - [4]. Le stress dĂ» Ă  la manipulation et aux effets du cyanure, rĂ©duit la durĂ©e de vie des poissons dans les aquariums. Cela incite les propriĂ©taires expĂ©rimentĂ©s de certains aquarium Ă  accepter de payer plus cher pour des poissons capturĂ©s au filet qui ont un taux de survie plus Ă©levĂ©[5]. Ces mĂȘmes propriĂ©taires affirment qu'ils ne feraient pas confiance Ă  un systĂšme d'Ă©tiquetage Ă©cologique, qui pourrait ĂȘtre trompeur.

Cette mĂ©thode de pĂȘche illĂ©gale est motivĂ©e notamment par la demande croissante de poissons vivants par les restaurants haut de gamme des grandes villes, en particulier dans les pays riches et voisins, qui paient des prix de plus en plus Ă©levĂ©s. Les salaires extrĂȘmement bas des pĂȘcheurs dans les zones reculĂ©es et sous-dĂ©veloppĂ©es, oĂč il n'y a pas d'autres sources de revenus, les incitent Ă  risquer leur santĂ© et d'Ă©ventuelles poursuites judiciaires.

MĂ©thode

Les pĂȘcheurs plongent dans la mer gĂ©nĂ©ralement sans aide respiratoire artificielle, bien que certains utilisent un appareillage trĂšs dangereux (typiquement un tuyau d'arrosage alimentĂ© en surface par un compresseur d'air couramment utilisĂ© pour alimenter les marteaux-piqueurs). Lorsqu'ils atteignent les rĂ©cifs coralliens, ils pulvĂ©risent le poison aprĂšs quoi les poissons sont collectĂ©s. Les poissons comestibles, dont un certain nombre sont vendus pour la consommation gĂ©nĂ©rale, sont d'abord placĂ©s pendant dix Ă  quatorze jours dans de l'eau propre pour les « rincer ». Des Ă©tudes rĂ©centes ont montrĂ© que la combinaison de l'utilisation du cyanure et du stress de la manipulation aprĂšs capture entraĂźne un mortalitĂ© allant jusqu'Ă  75 % des organismes dans les 48 heures aprĂšs la capture. Un grand nombre de poissons doit donc ĂȘtre capturĂ© afin de compenser cette mortalitĂ© d'aprĂšs capture.

Des cas ont Ă©tĂ© signalĂ©s de pĂȘcheurs dĂ©versant des fĂ»ts de cyanure concentrĂ© dans des endroits oĂč la pĂȘche est difficile ou bien durant des pĂ©riodes Ă©conomiques difficiles[1]. Ces concentrations Ă©levĂ©es tuent normalement la majeure partie des captures, mais dans ce cas, l'objectif n'est plus de capturer des poissons vivants, mais de capturer la plus grande quantitĂ© possible.

Notes et références

Cet article est partiellement basé sur une traduction de l'article Wikipédia en allemand correspondant et celui en anglais.
  1. Dzombak, David A; Ghosh, Rajat S; Wong-Chong, George M. Cyanide in Water and Soil. CRC Press, 2006, Chapter 11.2: "Use of Cyanide for Capturing Live Reef Fish".
  2. Wabritz, C., Taylor, M., Green, E. et Razak, T., From Ocean to Aquarium, vol. 17, WCMC, coll. « UNEP-WCMC Biodiversity Series », (ISBN 92-807-2363-4, lire en ligne)
  3. Barber, C.V. et Pratt, R.V., « Poison and profits: cyanide fishing in the Indo-Pacific », Environment: Science and Policy for Sustainable Development, vol. 40, no 8,‎ , p. 5–34 (DOI 10.1080/00139159809604600, lire en ligne)
  4. McManus, J. W., Reyes, R.B. et Nanola, C.L., « Effects of some destructive fishing practices on coral cover and potential rates of recovery », Environmental Management, vol. 21, no 1,‎ , p. 69–78 (PMID 8939786, DOI 10.1007/s002679900006)
  5. Tsang, « A glance at the marine aquarium fish trade in Hong Kong », Porcupine!, (consultĂ© le ), p. 9–12

Voir aussi

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