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Manneken-Pis

Manneken-Pis [ma.nə.kən.pis][1], signifiant « le petit homme [qui] pisse » en bruxellois, est une fontaine sous la forme d'une statue en bronze de 55,5 centimĂštres de hauteur[2] - [3] (61 cm avec le socle[4]) qui reprĂ©sente un petit garçon nu en train d'uriner. Elle est situĂ©e au cƓur de Bruxelles, Ă  deux pas de la Grand-Place, Ă  l'intersection de la rue de l'Étuve et de la rue du ChĂȘne. Depuis 1965, la statuette prĂ©sente sur place est une copie Ă  l'identique de celle conçue en 1619-1620 qui est prĂ©cieusement conservĂ©e au MusĂ©e de la Ville de Bruxelles[5] situĂ© dans la Maison du Roi. Manneken-Pis est le symbole le plus connu des Bruxellois, il personnifie aussi leur sens de l'humour (la zwanze en bruxellois) et leur indĂ©pendance d'esprit.

Manneken-Pis
Artiste
Date
avant 1451 : version originale
1619 : version actuelle
Civilisation
Culture de Bruxelles (d)
Type
Technique
Hauteur
55,5 cm
Pendant
Localisation
Protection
Coordonnées
50° 50â€Č 42″ N, 4° 21â€Č 00″ E
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Histoire

La plus ancienne mention de l'existence de Manneken-Pis se trouve dans un texte administratif, qu'on peut dater de 1451-1452, sur les conduites d'eau alimentant les fontaines bruxelloises[6]. ErronĂ©ment, certains ont fait remonter la statue Ă  un texte de 1388 voire 1377 qui fait rĂ©fĂ©rence en rĂ©alitĂ© Ă  la « fontaine du petit Julien » (Juliaenkensborre)[7] en confondant Ă  tort[8] deux fontaines pourtant bien distinctes[9]. Cette confusion explique aussi pourquoi il arrive qu'on affuble Manneken-Pis du sobriquet de petit Julien[10]. DĂšs l'origine, la fontaine joue un rĂŽle essentiel dans la distribution d’eau potable[11]. Elle se situe alors sur le parcours de la rue du ChĂȘne, juste avant l'angle que forme celle-ci avec la rue de l'Étuve[12]. Elle prend place sur une colonne et dĂ©verse son eau dans un double bassin rectangulaire en pierre. Les seules reprĂ©sentations de cette premiĂšre statuette se trouvent, de maniĂšre trĂšs schĂ©matique, dans un tableau de Denis Van Alsloot reprĂ©sentant l'ommegang bruxellois de 1615 et dans un dessin prĂ©paratoire Ă  cette peinture[13].

La premiĂšre statue est remplacĂ©e par une nouvelle version en bronze commandĂ©e en 1619 Ă  JĂ©rĂŽme Duquesnoy l'Ancien (1570-1641), grand sculpteur bruxellois de l'Ă©poque, pĂšre de JĂ©rĂŽme Duquesnoy le Jeune et de François Duquesnoy. Elle est vraisemblablement fondue et installĂ©e en 1620[14]. Au mĂȘme moment, la colonne servant de support Ă  la statuette et le double bassin rectangulaire recueillant l'eau sont entiĂšrement refaits par Daniel Raessens[15].

Fontaine de Manneken-Pis. 1697. Gravure de J. Harrewijn

Comme le montre cette gravure[16]de Jacques Harrewijn datant de 1697, la fontaine ne se situe dĂ©sormais plus sur la voie publique, mais dans un renfoncement amĂ©nagĂ© Ă  l'angle des rues du ChĂȘne et de l'Étuve.

Manneken-Pis dans son écrin aménagé en 1770

En 1770, la colonne et le double bassin rectangulaire disparaissent ; la statuette est intĂ©grĂ©e dans un nouveau dĂ©cor en pierre de style rocaille provenant d'une autre fontaine bruxelloise dĂ©mantelĂ©e[17]. L'eau s'Ă©coule simplement au travers d'une grille au sol qui sera remplacĂ©e par une vasque au XIXe siĂšcle. Dans son nouvel Ă©crin, Manneken-Pis donne l'impression d'ĂȘtre plus petit que dans son amĂ©nagement d'origine.

L'ensemble est protĂ©gĂ© par une grille, dont la derniĂšre version date de 1851[18]. Celle-ci empĂȘche dĂšs ce moment l'accĂšs Ă  l'eau, relĂ©guant la fontaine Ă  un rĂŽle dĂ©coratif et symbolique. C'est aussi le cas, vers la mĂȘme Ă©poque, des autres fontaines bruxelloises dans la mesure oĂč la Ville de Bruxelles rend possible dĂšs 1855 la distribution d'eau potable Ă  domicile[19].

Au cours de son histoire, la statue de JĂ©rĂŽme Duquesnoy l'Ancien dut faire face Ă  de nombreux alĂ©as. Elle ne fut pas endommagĂ©e par le bombardement de Bruxelles de 1695 par l'armĂ©e française, mais, les canalisations ayant Ă©tĂ© touchĂ©es, elle ne put livrer son eau pendant un certain temps. Un pamphlet[20] publiĂ© la mĂȘme annĂ©e raconte cet Ă©pisode. Ce texte est le plus ancien attestant que Manneken-Pis est devenu « un objet de gloire apprĂ©ciĂ© par tous et renommĂ© dans le monde entier ». C’est la premiĂšre fois aussi qu’il sert de symbole aux Bruxellois. Et il s’exprime dĂ©jĂ  avec cet humour caractĂ©ristique, bon enfant et irrĂ©vĂ©rencieux, qui est si cher au cƓur des habitants de Bruxelles. On raconte aussi traditionnellement qu'aprĂšs le bombardement, on plaça au-dessus de sa tĂȘte une inscription tirĂ©e d'un passage de la Bible : « In petra exaltavit me, et nunc exaltavi caput meum super inimicos meos. » (le Seigneur m'a Ă©levĂ© sur un socle de pierre, et maintenant moi, j'Ă©lĂšve ma tĂȘte au-dessus de mes ennemis)[21].


Statue originale de 1619 conservée au Musée de la Ville de Bruxelles.

La statue fut, Ă  plusieurs reprises, l'objet de vols ou de tentatives de vol. La lĂ©gende voudrait que la statue ait Ă©tĂ© enlevĂ©e en 1745 et retrouvĂ©e Ă  Grammont qui en aurait alors reçu une copie, mais rien n’est moins vrai. En rĂ©alitĂ©, la premiĂšre tentative de rapt attestĂ©e fut entreprise en 1747 par un groupe de soldats français en garnison Ă  Bruxelles. Pour calmer les esprits, le roi de France, Louis XV, offrit un habit de gentilhomme Ă  Manneken-Pis, l'autorisant Ă  porter l'Ă©pĂ©e, et le dĂ©cora de la Croix de saint Louis. La statue fut volĂ©e en 1817 par le repris de justice Antoine Licas. Le coupable fut lourdement puni : condamnĂ© aux travaux forcĂ©s Ă  perpĂ©tuitĂ©, il fut d'abord attachĂ© pendant une heure Ă  un carcan sur la Grand-Place. L'original ayant Ă©tĂ© brisĂ© en 11 morceaux lors de son enlĂšvement en 1817, il fut restaurĂ©[22] par un soudeur spĂ©cialisĂ© sous la supervision du sculpteur Gilles-Lambert Godecharle[23]. La statue est alors vissĂ©e sur un nouveau socle marquĂ© « 1620 – REST 1817 »[24]. Manneken-Pis connut d'autres pĂ©ripĂ©ties au XXe siĂšcle. Deux tentatives de vol se produisent en 1955 et 1957. DĂ©robĂ© pendant une nuit glaciale du 16 au par des Ă©tudiants du club anversois "Les Vikings"[25] avec un motif de bienfaisance pour les moins-valides. Le rĂ©sultat Ă©tait une somme de 80.000 BEF. Il fut aussitĂŽt retrouvĂ© et il n'y a pas eu de sanctions. Les choses furent plus graves lors de sa disparition en 1965 : la statuette avait Ă©tĂ© brisĂ©e par le voleur et il n'en subsistait que les pieds et les chevilles. Le corps fut nĂ©anmoins retrouvĂ© en 1966[26]. Au mois de juin, le magazine anversois De Post reçut un coup de tĂ©lĂ©phone anonyme, signalant que la statuette se trouvait dans le canal de Charleroi. Elle y fut retrouvĂ©e par des plongeurs envoyĂ©s par le magazine, et fut ramenĂ©e Ă  Bruxelles le [27]. RestaurĂ©e une nouvelle fois, la statue fut mise Ă  l'abri et est dĂ©sormais exposĂ©e au deuxiĂšme Ă©tage du MusĂ©e de la Ville de Bruxelles[28] occupant la Maison du Roi[29]. Sur place, Ă  l'angle des rues du ChĂȘne et de l'Étuve, elle fut remplacĂ©e par une copie Ă  l'identique. Cette copie fut de nouveau volĂ©e par des Ă©tudiants le . Cette fois-ci par des membres du club "Ad Fundum"[30] d'Anderlecht (ChomĂ© Wijns) comme cascade pour l'Ă©lection prĂ©sidentielle. Ils reçurent comme punition la confection d'un nouveau costume. Chaque annĂ©e la statue porte le costume Ă  l'occasion du baptĂȘme des nouveaux Ă©tudiants et dĂ©bite un tonneau de biĂšre[31].

Jusqu'en 1926, la fontaine était alimentée par une source naturelle qui se trouvait dans le jardin de l'actuel n°5, rue Coppens[32].

Symbolique

Les origines de la premiĂšre statue de Manneken-Pis datant d’avant 1451 ne sont pas documentĂ©es. On sait toutefois que, dans la premiĂšre moitiĂ© du XVe siĂšcle, plusieurs autres bambins urinant sculptĂ©s pour servir de fontaine ont vu le jour Ă  Florence[33]. On trouve Ă©galement un gamin qui pissait de l'eau rose, comme entremets mĂ©canique au banquet du faisan organisĂ© par le duc de Bourgogne Ă  Lille en 1454. Le thĂšme de l'enfant urinant, ailĂ© ou non, remonte en rĂ©alitĂ© Ă  l'AntiquitĂ© grĂ©co-romaine. Il figurait alors Éros-Cupidon, le dieu de l'amour, en train de se soulager, symbolisant la fertilitĂ© et le dĂ©bordement joyeux. Sa rĂ©apparition est attestĂ©e Ă  Florence[34] dĂšs 1400, oĂč la figure d'origine antique est assimilĂ©e Ă  un petit esprit ou un lutin (spiritello) amusant et innocent[33]. Plus tard, on parlera en termes savants de putto pisciatore ou de puer mingens pour dĂ©signer l'iconographie de l'enfant urinant qui restera en vogue dans les arts (peinture, sculpture, gravure, fresque, papier peint) jusqu'au XVIIIe siĂšcle. Aujourd’hui encore, on peut voir des fontaines de ce type en action Ă  Rouen (fontaine Saint-Maclou), Lacaune (fontaine des pisseurs) et Copenhague (fontaine de la CharitĂ©). La diffusion du thĂšme bĂ©nĂ©ficie particuliĂšrement du Songe de Poliphile, livre illustrĂ© publiĂ© en 1499[35]. Dans cet ouvrage, des bambins pisseurs apparaissent Ă  plusieurs reprises, de mĂȘme que des nymphes faisant jaillir l'eau de leur poitrine. La vogue de la figure de l’enfant urinant s’intĂšgre effet plus largement dans le goĂ»t pour les fontaines anthropomorphes[36]. À Bruxelles mĂȘme, on trouve mention d'une fontaine provisoire ayant l’aspect d’une sirĂšne qui fait jaillir du vin de ses seins Ă  l’occasion du mariage d’Antoine de Bourgogne cĂ©lĂ©brĂ© en 1409 au palais du Coudenberg[37]. Au XVIe siĂšcle, plusieurs fontaines sont amĂ©nagĂ©es Ă  Bruxelles, qui figurent des divinitĂ©s antiques fĂ©minines projetant de l'eau de leurs seins : deux sont publiques, situĂ©es devant la Maison du Roi et Ă  l'arriĂšre de l'Ă©glise Saint-Nicolas, la troisiĂšme est privĂ©e (elle est exposĂ©e aujourd'hui au MusĂ©e de la Ville de Bruxelles[28]).

On peut Ă©mettre l'hypothĂšse que la premiĂšre version de Manneken-Pis datant d'avant 1451 s’inscrit dans cette histoire ainsi que dans le goĂ»t mĂ©diĂ©val pour les fontaines surprenantes. En tout cas, c'est indĂ©niablement la figure du putto urinant que JĂ©rĂŽme Duquesnoy l'Ancien a traitĂ©e en exĂ©cutant la seconde version de Manneken-Pis en 1619-1620. Le ventre rebondi et la puissante musculature du petit personnage sont caractĂ©ristiques de cette iconographie.

DĂšs ses dĂ©buts, le caractĂšre humoristique de Manneken-Pis a certainement dĂ» plaire. Tout au long de son existence, d’autres traits lui ont Ă©galement Ă©tĂ© associĂ©s, dans lesquels les Bruxellois ont aimĂ© se retrouver. On voit en lui un gamin irrĂ©vĂ©rencieux, Ă©pris de libertĂ©, capable de braver le qu’en-dira-t-on. Ceci explique vraisemblablement pourquoi Manneken-Pis a fini par devenir, au plus tard au cours du XVIIe siĂšcle, le symbole des Bruxellois[35].

Cette dimension symbolique ne s’est plus jamais dĂ©mentie par la suite, faisant de Manneken-Pis « le plus ancien bourgeois de Bruxelles ». Pour le Bruxellois, se rĂ©clamer de cette statue gentiment provocante contribua Ă  l’élaboration d’une reprĂ©sentation de soi comme d'un ĂȘtre espiĂšgle, moqueur, libre et dotĂ© d’un grand sens de l’humour.

Folklore

Le jet d'eau est, Ă  l'occasion de fĂȘtes, remplacĂ© par des breuvages. Ainsi, on rapporte qu'en 1890, au cours de grandes fĂȘtes bruxelloises qui se dĂ©roulĂšrent durant deux jours, le petit bonhomme distribua du vin et du lambic (biĂšre bruxelloise). Actuellement, certaines sociĂ©tĂ©s folkloriques bruxelloises ont gardĂ© pour tradition lors de cĂ©lĂ©brations annuelles (Saint-Verhaegen
) d'offrir Ă  boire en faisant couler de la biĂšre par Manneken-Pis.

Pour autant, et bien qu'elle soit une visite essentielle pour les touristes visitant Bruxelles, la statue a été élue en 2012 « curiosité la plus décevante d'Europe »[38].

LĂ©gendes

L'obscurité entourant ses origines a donné matiÚre à de nombreuses historiettes. Le premier à les mettre par écrit en 1824 est le prolifique auteur français Jacques Collin de Plancy[39]. D'autres sont ensuite rapportées par différents écrivains, dont Guillaume Devogel dans ses célÚbres Légendes bruxelloises[40]. Parmi les plus souvent citées figurent les suivantes.

En 1142, alors que le duc de Lotharingie, Godefroid III, Ă©tait encore un tout jeune enfant au berceau, certains de ses vassaux se rĂ©voltĂšrent et affrontĂšrent les troupes ducales lors de la bataille de Ransbeek Ă  Ransbeek. Pour donner du cƓur au ventre Ă  ses partisans, le berceau de l'enfant fut pendu Ă  un chĂȘne sur le champ de bataille. Alors que ses troupes Ă©taient en mauvaise posture, le petit duc se dressa dans son berceau et satisfit un besoin naturel. Ce geste redonna courage Ă  ses troupes qui vainquirent l'ennemi. La fontaine perpĂ©tuerait le souvenir de cette victoire. Le nom de la rue du ChĂȘne, au coin de laquelle se trouve la statue, rappellerait l'arbre qui se dressait sur le champ de bataille[41]. Cette lĂ©gende de Manneken-Pis  s’est Ă©laborĂ©e en assimilant l’histoire de Godefroid III dĂ©jĂ  rapportĂ©e par les ‘Brabantsche Yeesten’, chroniques du Brabant rĂ©digĂ©es au XIVe siĂšcle[42].

Une autre légende raconte qu'un enfant aurait éteint, à sa maniÚre, la mÚche d'une bombe avec laquelle les ennemis de Bruxelles voulaient mettre le feu à la cité[43].

Une autre encore prétend qu'un enfant perdu aurait été retrouvé par son pÚre, riche bourgeois de Bruxelles, dans la position que l'on imagine.

Pour certains, il s’agirait d’un petit Bruxellois du VIIIe siĂšcle condamnĂ© Ă  ne plus grandir et ne plus s’arrĂȘter de faire pipi, pour expier la faute de son pĂšre qui avait tentĂ© de s’en prendre Ă  la pudeur de sainte Gudule.

On parle aussi d'un petit garçon qui avait pour habitude d'uriner sur la maison d'une sorciÚre. Un jour, la sorciÚre voulut figer le petit garçon, mais un saint homme mit à la place une statue du petit garçon le représentant.

Querelle avec Grammont

Il y a une querelle amicale entre les deux villes pour savoir lequel des Manneken-Pis est le plus ancien[10].

En 1459, les Ă©chevins de la Ville de Grammont firent rĂ©aliser Ă  Bruxelles leur propre Manneken-Pis. La statue fut fondue en laiton par Reinier Van Tienen, sur la base d’un modĂšle conçu par Gillis Vander Jeught. On peut supposer que la premiĂšre version de la statuette du Manneken-Pis bruxellois datant d'avant 1451 lui ait servi d'inspiration.

Si l'on regarde l'ùge des statues actuelles, il faut remarquer que le Manneken-Pis de Bruxelles comme celui de Grammont sont des répliques. La conception de celui de Grammont, qui date de 1459, est donc antérieure à celle de la statue de JérÎme Duquesnoy l'Ancien, datant de 1619. C'est sur cette base que Grammont affirme que son Manneken-Pis est le plus ancien, mais il existait déjà un Manneken-Pis en 1452 à Bruxelles, et donc la tradition serait donc bien légÚrement plus ancienne à Bruxelles.

Copies et imitations de Manneken-Pis

TrÚs tÎt, la nouvelle version de Manneken-Pis due à JerÎme Duquesnoy l'Ancien fit l'objet de répliques décoratives. Le Musée de la Ville de Bruxelles[28] en expose une qui a été fondue par Jacques Van den Broeck en 1630.

Depuis le XXe siÚcle, de nombreuses copies ou imitations de Manneken-Pis ont vu le jour tant en Belgique qu'à l'étranger. Il faut distinguer les copies officielles offertes par la Ville de Bruxelles des copies et imitations effectuées à titre privé par des fans du petit personnage.

  • Copies non officielles et imitations :
    • En 1923, une statue fut placĂ©e Ă  Coxyde. Le socle portait l'inscription « Le nouveau bourgeois de Coxyde ». À la suite d'une modification de parcelle, la statuette se retrouva dans le jardin de la voisine qui l'apprĂ©ciait peu et la remplaça par une statuette de la Vierge Marie. En 2008, l'Ordre des Amis de Manneken-Pis offrit un nouvel exemplaire, qui fut placĂ© non loin de son lieu d'origine[47].
    • En 1924, l'ancienne imprimerie Winance-Laurent situĂ©e sur la Grand-Place de Binche devient le cafĂ© « Manneken-Pis » (actuellement « Le Diapason »). À cette occasion, le bĂątiment se pare d'une copie de la statue du ket de Bruxelles que l'on peut toujours voir sur la façade donnant sur la rue Saint-Jacques.
    • En 1928, la commune de Braine-l'Alleud amĂ©nage une fontaine copiant la statuette bruxelloise, qu’elle baptise El gamin qui piche[48].
    • À Laeken au Mutsaard, il existe Ă©galement une copie[49]

En dehors de la Belgique, il en existe dans diffĂ©rents pays tels que le Japon (une copie Ă  Tokyo en gare de Hamamatsuchƍ, une autre Ă  Kobe), l'Espagne (Ă  Llançà, dans la province de GĂ©rone), la France (Paris, Moux, Lyon, col de la Schlucht dans les Vosges), les États-Unis (Lafayette en Louisiane, Las Vegas) ou encore l'Équateur Ă  Zaruma (es). Des Belges avaient aussi exportĂ© Manneken-Pis au Congo belge, puisqu'il y en avait un Ă  Kinshasa (LĂ©opoldville Ă  l'Ă©poque) et Ă  Luluabourg[50].

En France, à Oyonnax, une fontaine ornée d'une copie du Manneken-Pis a été érigée en 1888 sous l'administration du maire Lucien Verdet pour mettre à l'honneur la compagnie des Eaux. La statuette fut volée mais elle a été refaite et introduite à nouveau en 2020[51].

Fontaine du Manneken-Pis (1888), Rue de la Victoire, Ă  Oyonnax (France).

Statues inspirées par Manneken-Pis

À Bruxelles mĂȘme, Jeanneke-Pis, situĂ©e dans une petite ruelle nommĂ©e l'impasse de la FidĂ©litĂ© tout prĂšs de la rue des Bouchers, reprĂ©sente une petite fille accroupie en train d'uriner. Elle alimente une petite fontaine. Elle est cependant moins illustre que son pendant masculin. Elle est aussi bien plus rĂ©cente.

Le Zinneke-Pis, reprĂ©sentant un chien urinant contre une borne, peut ĂȘtre vu comme un clin d’Ɠil au Manneken-Pis. Il n'est cependant pas associĂ© Ă  une fontaine. Zinneke signifie bĂątard en bruxellois.

Garde-robe

Le plus ancien tĂ©moignage de la tradition d’habiller Manneken-Pis remonte Ă  1615. Lors de l'ommegang bruxellois organisĂ© cette annĂ©e-lĂ  en l’honneur de l’archiduchesse Isabelle, Manneken-Pis porte un costume de berger[52].

Traditionnellement, on rapporte qu’en 1695, le gouverneur-gĂ©nĂ©ral Maximilien-Emmanuel de BaviĂšre en poste Ă  Bruxelles offrit un habit de couleur bleue (couleur de la BaviĂšre) Ă  la fois Ă  Manneken-Pis et Ă  la statue de saint Christophe, patron de la guilde militaire des arquebusiers bruxellois[9]. L'habitude de revĂȘtir des statues religieuses est courante depuis le Moyen Âge. Offrir des vĂȘtements Ă  une statue non-religieuse est, en revanche, exceptionnel. Ceci ne peut se comprendre que par le statut de symbole des Bruxellois que Manneken-Pis a progressivement acquis.

En 1720, le chanoine P. de Cafmeyer relate la tradition d’habiller Manneken-Pis Ă  l’occasion des diverses fĂȘtes annuelles rythmant la vie des Bruxellois. Il rapporte aussi que les Ă©trangers de passage Ă  Bruxelles ont pris l’habitude de venir saluer la statuette[53].

Le plus ancien costume conservé est celui de gentilhomme, offert en 1747 par le roi de France Louis XV pour calmer les habitants de Bruxelles, furieux parce que des soldats français avaient tenté de dérober la statuette. Il porte la Croix de Saint-Louis[54] dont le roi l'avait également honoré.

En 1756, un inventaire indique que la garde-robe de Manneken-Pis contient cinq habits complets. Sa garde-robe ne s’est pas beaucoup Ă©toffĂ©e avant le XXe siĂšcle[35]. De 1918 Ă  1940, une trentaine de costumes lui ont Ă©tĂ© offerts. Mais c’est surtout aprĂšs 1945 que le mouvement a pris une ampleur exceptionnelle : la garde-robe compte plus de 400 costumes en 1994, plus de 750 en 2005, plus de 950 en 2016.

Autrefois, le costume Ă©tait taillĂ© sans patron de coupe. Les manches Ă©taient rembourrĂ©es d’ouate et se terminaient par des gants. C’est seulement depuis 1945 qu’un patron permet la confection de costumes plus ajustĂ©s.

Les thÚmes des habits sont divers et de toutes nationalités : costumes de gala, militaires, estudiantins, folkloriques, associatifs, de musiciens, de sportifs, de personnages célÚbres, de légende ou réels...

La garde-robe, qui compte mille costumes depuis le [55] - [56], est conservĂ©e au MusĂ©e de la ville de Bruxelles, situĂ© dans la Maison du Roi sur la Grand-Place[57]. En 2017, la Ville de Bruxelles ouvre un nouvel espace musĂ©al au 19, rue du ChĂȘne entiĂšrement consacrĂ© Ă  la prĂ©sentation des habits les plus emblĂ©matiques de la garde-robe de Manneken-Pis[58].

  • Un saxophone pour Manneken-Pis.
    Un saxophone pour Manneken-Pis.
  • Manneken-Pis aux couleurs de l’Ordre de Vulcain.
    Manneken-Pis aux couleurs de l’Ordre de Vulcain.
  • Manneken-Peace, le ketje aux couleurs de la Paix.
    Manneken-Peace, le ketje aux couleurs de la Paix.
  • Manneken-Pis pour la Lettonie.
    Manneken-Pis pour la Lettonie.
  • Mai 2002.
    .
  • 20 dĂ©cembre 2004, avant NoĂ«l.
    , avant Noël.
  • 3 mars 2007, en Diablada (Bolivie).
    , en Diablada (Bolivie).
  • Le 15 mars 2002, en Dracula.
    Le , en Dracula.
  • 19 septembre 2007, en carabin du Cercle de MĂ©decine de l'ULB.
    , en carabin du Cercle de MĂ©decine de l'ULB.
  • 16 aoĂ»t 2008, en tenue de la ConfrĂ©rie de l'Ă©lĂ©phant rose.
    , en tenue de la Confrérie de l'éléphant rose.
  • 3 septembre 2011, en costume de l'Ordre des Amis du Manneken-Pis, pour leur 25e anniversaire.
    , en costume de l'Ordre des Amis du Manneken-Pis, pour leur 25e anniversaire.
  • 22 juin 2013, Manneken-Pis en habit de bourgmestre des Lignages de Bruxelles qui lui offrent ainsi son 902e costume.
    , Manneken-Pis en habit de bourgmestre des Lignages de Bruxelles qui lui offrent ainsi son 902e costume[59].
  • 24 juin 2013, habillĂ© en blanc pour souligner la FĂȘte nationale du QuĂ©bec.
    , habillĂ© en blanc pour souligner la FĂȘte nationale du QuĂ©bec.
  • 4 mai 2014, habillĂ© en costume bulgare Ă  l'occasion du Balkan Trafik Festival.
    , habillé en costume bulgare à l'occasion du Balkan Trafik Festival.
  • "Les Compagnons du Beaujolais" (15 novembre 2018)
    "Les Compagnons du Beaujolais" ()
  • Le Manneken Pis le 29 dĂ©cembre 2019 avec les dĂ©corations de NoĂ«l.
    Le Manneken Pis le avec les décorations de Noël.

Ordre des Amis de Manneken-Pis

Depuis 1954, la remise officielle des nouveaux costumes est encadrĂ©e par l’ordre des Amis de Manneken-Pis[60] fondĂ© cette annĂ©e-lĂ  pour consolider la tradition folklorique.

L'Ordre, dans sa forme actuelle, a Ă©tĂ© relancĂ© en 1985 par l'historien journaliste Antoine Demol et compte plus de 150 membres. L'Ordre a pour objectif de stimuler le dĂ©veloppement culturel, touristique, philanthropique et commercial de la Belgique en gĂ©nĂ©ral, et plus particuliĂšrement de prĂ©server les traditions liĂ©es au personnage de Manneken-Pis. L'Ordre est toujours prĂ©sent lors des cĂ©rĂ©monies qui entourent la remise de nouveaux costumes et lors de salutations Ă  la statuette et des anniversaires de remise. Pour devenir membre de l'Ordre il faut respecter une pĂ©riode de stage d'au moins deux ans et ĂȘtre proposĂ© et soutenu par un parrain et une marraine qui sont dĂ©jĂ  membres de l'Ordre depuis plus d'un an. Les candidats-membres doivent montrer leur intĂ©rĂȘt pour tout Ă©vĂ©nement culturel et folklorique concernant le Manneken-Pis.

Historique des habilleurs de Manneken-Pis

  • M. Louis Anthoen l'habillait avant 1756 ;
  • M. Henri Wauters fut dĂ©signĂ© par les trĂ©soriers et receveurs de Bruxelles le 3 fĂ©vrier 1756 et signa le premier inventaire connu ;
  • M. SĂ©bastien Wauters succĂ©da Ă  son pĂšre en 1770, mais dĂ©missionna en 1776 ;
  • M. Dominique De Paep sollicita cet emploi et, jusqu'en 1930 ;
  • M. LĂ©on Van De Putte occupa ce poste de 1930 Ă  1933 ;
  • M. Louis Smet lui succĂšde de 1933 Ă  1940 ;
  • De 1940 Ă  1944, Manneken-Pis ne fut jamais habillĂ© ;
  • M. Albert DuprĂ© a repris la fonction de 1944 Ă  1946 ;
  • M. Achille Vander Haegen de 1946 Ă  1965 ;
  • M. Jean-Baptiste Walschaert de 1965 Ă  1974 ;
  • M. Jacques Stroobants de 1975 Ă  2005 ;
  • M. Jean-Marc Ahime de 2005 Ă  2010 ;
  • Mme Janine Gettemans de 2010 Ă  2014 ;
  • M. Nicolas Edelman depuis juillet 2014...

Accessibilité

Ce site est desservi par la station de prémétro Bourse.

Notes et références

  1. Prononciation retranscrite selon la norme API
  2. « Fiche d'identité », sur Manneken-Pis.be (consulté le )
  3. Fiche technique du Manneken-pis
  4. « Saviez-vous que Manneken-Pis mesure 61 cm de haut? », sur Focus on Belgium, (consulté le )
  5. Site officiel du musée de la Ville de Bruxelles
  6. ChloĂ© Deligne, « EdilitĂ© et politique : Les fontaines urbaines dans les Pays-Bas mĂ©ridionaux au Moyen Age », Histoire urbaine, no 32,‎
  7. Chloe Deligne, Bruxelles et sa riviĂšre, Brepols,
  8. . La fontaine du "petit Julien" se situait Ă  l'emplacement actuel de la rue des Alexiens, au bas de la Clinique CĂ©sar De Paepe
  9. A. Henne et A. Wauters, Histoire de la Ville de Bruxelles, Bruxelles,
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  22. Voir le socle de la statue portant l'inscription "REST 1817"
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    « Dans son jardin Ă©tait une source, dont l'eau Ă©tait conduite par des tuyaux jusqu'au bas de la rue du ChĂȘne, pour alimenter la fontaine de Menneke-Pis (sic), et cela depuis des temps immĂ©moriaux. Ce n'est qu'en 1926 que Menneke-Pis fut lui-mĂȘme "raccordĂ©" Ă  la distribution urbaine. »
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  59. L'Association Royale des Descendants des Lignages de Bruxelles a pensĂ© Ă  honorer le « plus vieux bourgeois de Bruxelles », qui est bien digne d’en faire partie, et de lui offrir un habit de bourgmestre des Lignages de Bruxelles. Ce costume -pourpoint et cape de drap noir, fraise majestueuse, collier d’or et Ă©pĂ©e au cĂŽtĂ© - inspirĂ© des portraits conservĂ©s Ă  l’HĂŽtel de Ville de nos anciens Ă©diles lignagers Ă©tait celui qu’ils portaient Ă  l’époque oĂč le sculpteur JĂ©rĂŽme Duquesnoy l’Ancien coulait dans le bronze ce symbole Ă©ternel de l’esprit frondeur des Bruxellois.
  60. Site Internet de l'Ordre des Amis du Manneken-Pis

Voir aussi

Bibliographie

  • Georges Le Roy, Manneken-Pis, Bruxelles, Maison d'Édition A. De boeck,
  • Manuel Couvreur, Anne Deknop et ThĂ©rĂšse Symons, Manneken-Pis : Dans tous ses Ă©tats, Bruxelles, MusĂ©e de la Ville de Bruxelles, coll. « Historia Bruxellae » (no 9), , 63 p. (ISBN 978-2-930423-01-2)
  • Collectif d'auteurs, Contes et LĂ©gendes de Belgique, Éditions Jourdan, 2010 (ISBN 2-930359-08-0)
  • Patigny, GĂ©raldine. "Manneken Pis. ItinĂ©raire d’une statue emblĂ©matique." Cahiers Bruxellois–Brusselse Cahiers 51, no. 1 (2019): 91-126.

Articles connexes

Liens externes

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