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Étoile jaune

L’étoile jaune (allemand : Judenstern « Ă©toile des Juifs », hĂ©breu : Ś”Ś˜ŚœŚŚ™ Ś”ŚŠŚ”Ś•Ś‘ hatlaĂŻ hatsahov « le chiffon jaune ») est un dispositif de discrimination et de marquage imposĂ© par l’Allemagne nazie aux Juifs rĂ©sidant dans les zones conquises au cours de la Seconde Guerre mondiale, avec peu d’exemptions.

ModÚle utilisé en Belgique.
ModÚle utilisé en France.

PiĂšce de tissu en forme d’étoile de David, de couleur jaune comme son ancĂȘtre la rouelle, et portant gĂ©nĂ©ralement l’appellation locale (Jude en Allemagne, Juif en France, Jood aux Pays-Bas, « J » pour Jood\Juif en Belgique, « HĆœ » en Slovaquie, etc.) en caractĂšres imitant la calligraphie hĂ©braĂŻque, elle devait ĂȘtre cousue sur les vĂȘtements de façon inamovible, en Ă©vidence, soit sur le cĂŽtĂ© gauche, soit Ă  l'avant et Ă  l'arriĂšre, selon les directives locales[1]. Le refus d’arborer ce dispositif qui rendait les Juifs identifiables en tant que tels a permis la sauvegarde de quelques-uns mais il entraĂźnait la dĂ©portation immĂ©diate.

Histoire

Dispositifs de marquage des Juifs au cours de l’histoire

Couple juif de Worms, portant la rouelle jaune obligatoire. L'homme tient une bourse d'argent et des bulbes d'ail, souvent utilisés dans la représentation des Juifs (XVIe)

L’étoile jaune renoue avec la tradition des marques d’infĂąmie imposĂ©es aux Juifs au cours des siĂšcles.

La premiĂšre semble avoir Ă©tĂ© conçue par le calife omeyyade ÊżUmar II pour honorer les sujets non musulmans qui s’acquittent des taxes (djizia) qui leur sont imposĂ©es en vertu de la dhimma mais elles sont bientĂŽt imposĂ©es Ă  l’ensemble des dhimmis avec d’autres signes de disgrĂące. Au IXe siĂšcle, le calife abbasside Jafar al-Mutawakkil (847-861) oblige les non-musulmans Ă  peindre sur leurs demeures des singes (pour les juifs) et des porcs (pour les chrĂ©tiens)[2]. Vers la mĂȘme Ă©poque au Maghreb, le cadi Ahmed ben TĂąlib oblige les dhimmis de Kairouan[3] Ă  porter sur l’épaule un morceau d’étoffe de couleur blanche portant l’image d’un singe pour les juifs et celle d’un porc pour les chrĂ©tiens[4] ; ils sont tenus d'accrocher les mĂȘmes images sur leurs portes[5].

Selon un document du XIIe siÚcle conservé dans une gueniza, obligation était faite aux Juifs de Bagdad de porter :

« deux insignes, l’un sur le turban et l’autre sur le col. De plus, chaque Juif doit accrocher autour du cou une piĂšce de plomb comportant le mot Dhimmi. Il doit aussi porter une ceinture autour de sa taille. Les femmes doivent porter une chaussure rouge et une chaussure noire, ainsi qu’une clochette Ă  leurs cols ou chaussures[6] »

Au XIXe siĂšcle encore Ă  JĂ©rusalem, les Juifs avaient pour signe distinctif le turban bleu[7].

Apparemment importĂ©e en Europe occidentale par les croisĂ©s, la marque d’infĂąmie, la rouelle, est imposĂ©e aux Juifs et Sarrasins par le concile du Latran de 1215, officiellement afin de limiter les rapports sexuels « accidentels » entre chrĂ©tiens et femmes juives ou sarrasines.

L'étoile jaune est instaurée au XVIe siÚcle à Prague[8].

Instauration par les nazis

Une dame ĂągĂ©e portant l’étoile jaune Ă  Berlin en 1941.

L'Ă©toile jaune est mise en place par un dĂ©cret du [9], signĂ© par Reinhard Heydrich, alors Ă  la tĂȘte de l’Office central de la sĂ»retĂ© du Reich. Tous les Juifs ĂągĂ©s de plus de 6 ans doivent alors la porter de maniĂšre bien visible chaque fois qu'ils se montrent en public, sans quoi ils s'exposent, mĂȘme par nĂ©gligence, Ă  une amende ou de la dĂ©tention.

« Celui qui porte ce signe est un ennemi de notre peuple », Parole der Woche, 1er juillet 1942
Étoiles de David provenant de diffĂ©rents camps de concentration, Beth Shalom Holocaust Memorial Centre

Auparavant, en , le correspondant en Allemagne du quotidien britannique The Daily Telegraph, signale que des plaques spéciales sont déjà apparues sur les portes de médecins juifs. De couleur bleu clair, ces plaques portent au coin à gauche une étoile de David de couleur jaune et l'inscription « Autorisé seulement à soigner des malades juifs »[10].

Dans sa finalitĂ©, l'Ă©toile se veut une adaptation du principe de la rouelle de 1215 dont elle reprend la couleur, le jaune, symbole de trahison ou de folie aux yeux des chrĂ©tiens du Moyen Âge[11].

En France : la 8e ordonnance allemande

Le gouvernement de Vichy n'est pas favorable à cette mesure. En , François Darlan fait savoir au commandement militaire allemand qu'il s'oppose au port d'un insigne distinctif, qui choquerait l'opinion publique[12].

Prescrit par la 8e ordonnance allemande datĂ©e du – publique le –, le port de l’étoile, que de nombreuses rumeurs Ă©voquaient depuis un an, est rendu obligatoire Ă  compter du dimanche [13] - [14].

DĂšs le , la direction des Ă©tablissements Barbet, Massin et Popelin, sis au 3 de la rue Saint-Fiacre Ă  Paris, tient Ă  la disposition de Dannecker 5 000 m2 de tissu. Le lendemain, celle des fonderies Deberny et Peignot remet Ă  Dannecker les premiers clichĂ©s de l’étoile. Une premiĂšre commande est alors passĂ©e par la SS Ă  l’imprimerie parisienne Charles Wauters & Fils[15].

Le , lors de la venue Ă  Paris de Reinhard Heydrich, l'adjoint de Himmler Ă  la tĂȘte des SS, une rĂ©union avec Dannecker, chef, Ă  Paris, de la section IV J de la Gestapo, chargĂ© de la « question juive », Otto Abetz, ambassadeur d’Allemagne, et Carl-Theo Zeitschel, chargĂ© des questions juives Ă  l’ambassade, prĂ©cise la formulation du texte de la huitiĂšme ordonnance allemande en cours d’élaboration et promulguĂ©e le . Elle sera imposĂ©e Ă  tous les Juifs de plus de 6 ans, aux Juifs de la zone occupĂ©e.

DĂšs le , les employĂ©s de l'UGIF apprennent que des insignes vont ĂȘtre distribuĂ©s dans les commissariats de police[13].

En l'espace de deux semaines, trois Ă©toiles par personne seront distribuĂ©es dans les commissariats par la police française, Ă  environ 83 000 exemplaires[16] sur Paris et sa banlieue, en Ă©change d'un point textile sur les cartes de rationnement. Doivent porter l'Ă©toile dĂšs le dĂ©but : les Français, les Allemands, les Belges, les Croates, les NĂ©erlandais, les Polonais, les Roumains, les Slovaques, les SoviĂ©tiques, les Yougoslaves et les apatrides.

Mesure tardive

Femmes Ă  Paris portant l'Ă©toile jaune (juin 1942).

Le port obligatoire de l'étoile jaune ne marque en rien le début de la persécution. Le premier acte officiel de discrimination, qui date du , fait partie des premiÚres « lois » prises par le régime de Vichy. Quand la 8e ordonnance est promulguée, les rafles, sans avoir l'ampleur de celle du dont elle est la préparation psychologique, et les contrÎles arbitraires sont déjà fréquents. Le premier convoi pour Auschwitz date du .

En revanche, le port obligatoire de l'étoile jaune marque le début l'affichage au grand jour de la politique de persécution et d'une prise de conscience de celle-ci par un public qui pouvait jusqu'alors feindre de l'ignorer.

De rares dérogations

Des dispositions dĂ©rogatoires existaient : l'ordonnance indiquait que « lors de circonstances spĂ©ciales, dans l'intĂ©rĂȘt du Reich, des dĂ©rogations Ă  l'ordonnance peuvent ĂȘtre prĂ©vues dans des cas isolĂ©s[17]. »

Les exemptions devaient se limiter aux Ă©trangers issus des pays belligĂ©rants (Grande-Bretagne, Canada, États-Unis, États ennemis d'AmĂ©rique centrale ou du Sud), pays neutres (Suisse, Espagne, BrĂ©sil, etc.) et des pays alliĂ©s de l'Allemagne (Italie, Turquie, Bulgarie et la GrĂšce occupĂ©e) pour Ă©viter les reprĂ©sailles contre les ressortissants allemands ainsi que les interventions des pays neutres[18].

Dans sa lettre du à l'ambassadeur de France, Fernand de Brinon, le général Carl Oberg, chef de la SS en France occupée, souligne :

« [qu'il se] rĂ©serve la possibilitĂ© dans des cas particuliers, de procĂ©der Ă  des exceptions. Dans ces cas, le Juif exemptĂ© du port de l’insigne devra porter sur lui un certificat Ă©tabli par le chef de la police de SĂ»retĂ© et du service de SĂ»retĂ©. »

Seront également exemptés les Juifs vivant en mariage mixte, si leurs enfants étaient reconnus comme non juifs.

Une note du [19] de Heinz Röthke, chef du service Juif Ă  la SS de Paris, dresse une liste de 26 juifs, officiellement exemptĂ©s du port de l'Ă©toile jaune[20]. Lisette de Brinon, nĂ©e Franck, est inscrite en tĂȘte de liste. Elle est l'Ă©pouse de Fernand de Brinon, ambassadeur du gouvernement de Vichy Ă  Paris. Suivent trois exemptions sollicitĂ©es par le MarĂ©chal PĂ©tain. Dans une lettre du [21], adressĂ©e Ă  Brinon, PĂ©tain Ă©crit[22] :

« Mon attention vient d'ĂȘtre attirĂ©e Ă  plusieurs reprises sur la situation douloureuse qui serait crĂ©Ă©e dans certains foyers Français si la rĂ©cente Ordonnance des AutoritĂ©s d'Occupation, instituant le port d'un insigne spĂ©cial pour les juifs, Ă©tait appliquĂ©e sans qu'il soit possible d'obtenir des discriminations naturelles et nĂ©cessaires.
Je suis convaincu que les Hautes AutoritĂ©s Allemandes comprennent parfaitement elles-mĂȘmes que certaines exemptions sont indispensables ; le texte de la 8e ordonnance les prĂ©voit d'ailleurs. Et cela me semble nĂ©cessaire pour que de justes mesures prises contre les israĂ©lites soient comprises et acceptĂ©es par les Français.
Je vous demande donc d'insister auprĂšs du GĂ©nĂ©ral Commandant les Troupes d'Occupation en France pour qu'il veuille bien admettre le point de vue que vous lui exposerez de ma part pour que M. le Commissaire GĂ©nĂ©ral aux Questions Juives puisse promptement obtenir la possibilitĂ© de rĂ©gler par des mesures individuelles et exceptionnelles certaines situations particuliĂšrement pĂ©nibles qui pourraient nous ĂȘtre signalĂ©es. »

Une inscription manuscrite du SS-ObersturmfĂŒhrer Karl Bömelburg, chef de la Gestapo, prĂ©cise en allemand qu'il s'agit de cent cas. « La liste devra ĂȘtre contresignĂ©e par le chef du Gouvernement, Pierre Laval, et transmise Ă  Carl Oberg, chef supĂ©rieur de la SS, responsable de la Question juive depuis le 5 mai 1942 »[20].

Le , le docteur Bernard MĂ©nĂ©trel[23], l'Ă©minence grise de PĂ©tain, transmettra Ă  Brinon seulement deux demandes prĂ©cises d'exemptions : Madame de Chasseloup-Laubat[note 1] et Madame de Langlade[note 2]. « Je pense qu'Ă  ces demandes pourrait ĂȘtre jointe celle de Mme la gĂ©nĂ©rale Billotte, dont je vous avais adressĂ© la lettre reçue par le MarĂ©chal, ainsi que copie de la rĂ©ponse que je lui ai faite » prĂ©cise le courrier. À la diffĂ©rence de sa sƓur, Lucie Langlade - bien que convertie au catholicisme depuis 1911 - n'obtiendra pas d'exemption ni le protecteur statut d'aryenne d'honneur. ArrĂȘtĂ©e, elle ne sera pas libĂ©rĂ©e malgrĂ© des interventions, et mourra en dĂ©portation. Le , elle fera partie du convoi no 66 pour Auschwitz et sera envoyĂ©e Ă  la chambre Ă  gaz le .

Le cabinet de Pétain transmet trois demandes de dérogations dont celle de la générale Billotte, née Catherine Nathan, veuve depuis 1940 de Gaston Billotte, proche de Joffre et Pétain, gouverneur militaire de Paris de 1937 à 1939[24] - [20].

Parmi les autres exemptions accordées, la comtesse Suzanne de Sauvan d'Aramon[note 3].

Outre les demandes « relationnelles » considĂ©rĂ©es comme « indispensables », la note de Röthke fait Ă©tat de huit cas oĂč l'exemption est accordĂ©e « pour de pressants motifs Ă©conomiques »[20]. Sept autres exemptions relĂšvent de demandes de l'AST (Abwehrstelle), les services de contre-espionnage ; l'une d'entre elle concerne concerne Josef Hans Lazar, chef de la propagande allemande en Espagne, six exemptions concernent des Juifs « travaillant avec la police anti-juive »[20]. Parmi ces derniers se trouvait Moszek (Maurice) Lopatka, nĂ© Ă  Varsovie en 1883. LĂ©on Poliakov le considĂšre comme le plus « terrible des informateurs juifs, employĂ© par les services anti-juifs tant allemands que français. Responsable de l’arrestation de centaines de juifs qu’il faisait chanter avant de les dĂ©noncer pour toucher des deux cĂŽtĂ©s »[25] ; il sera fusillĂ© Ă  la LibĂ©ration[26] - [20].

L'ambassade d'Allemagne Ă  Paris avait examinĂ© d'autres demandes lors d'une rĂ©union tenue le [27]. « Le 25 aoĂ»t 1942, une note signĂ©e Heinz Röthke, chef du service juif de la SS de Paris, dresse une liste de 26 exemptions, accordĂ©es jusqu’au 31 aoĂ»t, avec prolongation possible de trois mois »[20] - [28].

L'ambassadeur Abetz, avec Oberg, Rudolf Rahn, Zeitschel, Knochen et Hagen, discuteront des demandes d'exemption pour Louise Neuburger, veuve du philosophe Henri Bergson. Il sera également question du pianiste Kostia Konstantinoff, découvert juif tardivement et pilier de la programmation musicale de Radio-Paris[29].

Si aucune dĂ©cision ne sera prise pour ces cĂ©lĂ©britĂ©s, en revanche le chef d'orchestre Marcel LattĂšs bĂ©nĂ©ficie d'une exemption Ă  compter du , jusqu'au , qui lui a permis de travailler. Mais, le , la police vient le chercher Ă  son domicile parisien. Il sera dĂ©portĂ© Ă  Auschwitz par le convoi no 64 du et mourra le Ă  57 ans[note 4].

Les marchands d'art Allan Loebl[note 5], Emmanuel Loebl et Hugo Engel obtiennent des exemptions sur intervention de Hans Poss, chargé par Hitler des acquisitions pour son musée de Linz en Autriche[20] - [30].

La situation qui restait favorable Ă  certaines nationalitĂ©s Ă©voluera trĂšs vite : le (dĂ©cision prĂ©parĂ©e le 8), les Juifs hongrois sont astreints Ă  l’étoile par un complĂ©ment Ă  la 8e ordonnance. Les Juifs russes vivant en France doivent aussi porter l’étoile, qu’ils viennent ou non des territoires occupĂ©s. Le , on envisagea d'Ă©tendre la mesure aux Juifs bulgares, mais il n'y eut pas de suite (les archives des administrations françaises sont formelles Ă  ce sujet).

Refus de dérogation

Juifs achetant des aliments dans une rue de Paris (8 juin 1942)

Parmi les nombreuses demandes de dérogation pour des personnalités, la majorité n'obtient pas gain de cause.

La veuve de Fernand Widal de l’AcadĂ©mie de mĂ©decine[note 6], Sarah-Marcelle Widal nĂ©e Ulmann avait le soutien notamment en 1942 du Pr RenĂ© Leriche[31], prĂ©sident de l’Ordre des mĂ©decins[note 7], et PĂ©tain ami de Widal avait Ă©tĂ© le tĂ©moin de mariage de son fils Pierre Widal, en 1936, mais elle n'obtiendra pas de dĂ©rogation. Elle meurt six mois plus tard Ă  70 ans[20].

Dans une lettre du 15 juin 1942 adressée au colonel Simonin, commandant du régiment des sapeurs-pompiers de Paris[32], il est indiqué qu'on ne peut accorder d'exemption aux 28 caporaux et sapeurs-pompiers juifs, y compris pour la tenue de feu[33]. Seul, le pompier Albert Lévy de Bordeaux obtiendra momentanément l'autorisation d'exercer son métier dans les cuisines des sapeurs-pompiers sans porter d'étoile[34] mais sera rattrapé par la loi puis assassiné à Auschwitz-Birkenau en 1944[35].

Maurice Goudeket[note 8], « engagé volontaire 14-18, médaillé militaire, croix de guerre, croix du combattant, blessé cité », marié en 1935 à la célÚbre écrivaine Colette voit la demande de son épouse refusée par un courrier de Joseph Antignac, du 19 juin 1943[36] - [note 9] - [37].

Étoile jaune pour des rues

Plaque Ă  Paris XVIIIe

A Paris, l'avenue Rachel, menant au cimetiÚre de Montmartre, porte le nom de la grande tragédienne (1821-1858) depuis 1899[38] - [39] mais sous l'Occupation, cette rue fait partie de celles que le capitaine Paul Sézille, directeur de l'Institut d'étude des questions juives, voulait marquer d'une étoile jaune, en raison de l'origine juive de l'actrice du XIXe siÚcle ; ce projet n'aboutira pas[40].

Étoile jaune et zone libre

L'Ă©toile jaune n'a pas Ă©tĂ© portĂ©e en zone libre, mĂȘme aprĂšs son envahissement, le , par les Allemands et les Italiens Ă  la suite du dĂ©barquement alliĂ© en Afrique du Nord. En , Röthke, lors d'un entretien avec Jean Leguay, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la police, avait Ă©voquĂ© la dĂ©portation en zone libre en proposant la dĂ©naturalisation des Juifs.

Pétain s'opposa au port de l'étoile jaune en zone libre mais il fit apposer le tampon « Juif » sur les papiers d'identité. « Tant que je serai vivant, je n'accepterai jamais que cette ignominie qu'est l'étoile jaune soit appliquée en zone sud » déclara-t-il au grand-rabbin Schwartz[41]. Toutefois, une lettre émanant des Allemands, datée du et conservée au Mémorial de la Shoah, rapporte que l'étoile jaune fut bien introduite en zone sud, sauf dans la zone occupée par l'Italie.

Réaction des autorités religieuses

Le pasteur Marc Boegner, prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration protestante de France, Ă©crira Ă  PĂ©tain le pour lui exprimer « la douloureuse impression Ă©prouvĂ©e par les Églises de son ressort devant les nouvelles mesures prises par les autoritĂ©s d'occupation Ă  l'Ă©gard des IsraĂ©lites ». Et le pasteur AndrĂ© Bertrand, un de ses vice-prĂ©sidents, adressera une lettre aux pasteurs de la zone occupĂ©e rappelant « l'Ă©galitĂ© des races devant Dieu ».

L'archevĂȘque de Paris, le cardinal Suhard, plaidera pour des demandes d'exemptions[42].

Dans son sermon du , à la Sainte-Chapelle, le suppléant du cardinal prendra position contre l'étoile, rappelant que « les Juifs et les Chrétiens sont des frÚres »[43].

À Vichy, rapporte Georges Wellers, « le RP Victor Dillard, devant ses fidĂšles de l'Ă©glise Saint-Louis, les invite Ă  prier pour les 80 000 juifs que l'on bafoue en leur faisant porter l'Ă©toile jaune ».

L'abbĂ© Jean Flory, curĂ© de MontbĂ©liard, lors de la messe de minuit de 1942, en prĂ©sence d'Allemands en uniforme, avait fait porter par les enfants de chƓur en procession un enfant JĂ©sus Ă  l'Ă©toile jaune. Dans la crĂšche, Joseph et Marie portaient aussi l'Ă©toile. L'affaire n'aura pas de suite[44].

Le statut des Juifs obligea l'archimandrite de Meudon, Serge Feffermann, haut dignitaire de l'Église russe orthodoxe, Ă  porter l'Ă©toile jaune. Dans une lettre au CGQJ du , il demande Ă  ne plus porter l'Ă©toile, aprĂšs avoir rappelĂ© avoir quatre grands-parents juifs et sa conversion Ă  16 ans : « Un demi-siĂšcle passĂ© au service de l'Église catholique orthodoxe pouvait me faire croire que jamais rien ne me rappellerait ma lointaine origine israĂ©lite. Or, actuellement, Ă  cause de rĂšglements, peut-ĂȘtre trop rigoureusement interprĂ©tĂ©s, je suis astreint Ă  porter l'Ă©toile de Sion, que j'ai reniĂ©e Ă  jamais, et qui comporte le plus douloureux sacrifice qui puisse ĂȘtre imposĂ© Ă  un prĂȘtre, celui de ne pouvoir participer Ă  la cĂ©lĂ©bration de service religieux ». Sa demande sera rejetĂ©e le [45].

Les Juifs sĂ©pharades, qui figuraient parmi les dĂ©rogations du second statut des Juifs accordĂ©es aux anciens combattants, ont fait l'objet de demandes d'exemption gĂ©nĂ©rale des mesures anti-juives. En , le directeur du Statut des personnes au Commissariat gĂ©nĂ©ral aux questions juives demandera mĂȘme conseil au consul gĂ©nĂ©ral d'Espagne Ă  Paris. Bernardo Rolland rĂ©pondra que « la loi espagnole ne fait aucune distinction du fait de leur confession entre ressortissants espagnols », et il prĂŽnera de ne pas appliquer le statut aux sĂ©pharades[46]. Les mĂšres israĂ©lites sĂ©pharadiques adressĂšrent une lettre au marĂ©chal PĂ©tain en ce sens[47]. Darquier de Pellepoix, commissaire gĂ©nĂ©ral aux questions juives, mettra un terme aux hĂ©sitations en en dĂ©cidant l'application du statut[48].

Autres signes distinctifs imposés par le régime nazi

Femmes portant une étoile blanche sur fond noir, ghetto de Chisinau en Moldavie (août 1941)

En Pologne, les Allemands obligĂšrent les Juifs de plus de douze ans Ă  porter un brassard blanc avec une Ă©toile de David bleue au centre, sur le bras droit. En Croatie, le brassard Ă©tait jaune avec une Ă©toile noire au centre.

En Roumanie, Ă  partir du , le port de l'Ă©toile sera Ă©tendu Ă  l'ensemble du pays : une Ă©toile noire sur fond blanc. Dans l'armĂ©e, le grade des juifs est reprĂ©sentĂ© par des Ă©toiles jaunes, le port des feuilles de chĂȘne sur la casquette leur Ă©tant interdit.

Port de l'Ă©toile jaune

Ne pas porter l'Ă©toile : quels risques ?

L'Ă©toile jaune devait ĂȘtre solidement cousue. Ne pas la porter ou mĂȘme la dissimuler constituaient des infractions Ă  l'ordonnance allemande, et un motif suffisant de dĂ©portation. Un Juif sans Ă©toile prenait Ă©galement un risque accru de dĂ©nonciation.

«... entre 850 et 900 personnes ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©es par la SEC entre l’automne 1942 et l’étĂ© 1944, et parmi elles, environ 650 ont Ă©tĂ© dĂ©portĂ©es... D’aprĂšs les registres de la SEC, tenus entre le 15 juin 1943 et le 14 juillet 1944, sur 568 personnes arrĂȘtĂ©es, 283 l’ont Ă©tĂ© pour infractions aux ordonnances allemandes, soit 50,7 % (port de l’étoile et interdiction de frĂ©quenter les magasins sauf de 15 Ă  16 heures) »[49].

Louise Jacobson, une lycĂ©enne de 17 ans, arrĂȘtĂ©e chez elle, rue des Boulets dans le XIe arrondissement de Paris, par la police française. IncarcĂ©rĂ©e Ă  Fresnes le , Drancy, Beaune-la-Rolande, elle sera dĂ©portĂ©e par le convoi no 48 du et mourra gazĂ©e Ă  son arrivĂ©e Ă  Auschwitz. La jeune fille a laissĂ© six mois de lettres Ă©mouvantes Ă©crites pendant sa captivitĂ©, que sa sƓur publiera en 1989, adaptĂ©es au thĂ©Ăątre sous le titre Les lettres de Louise Jacobson[50].

Le 8 dĂ©cembre 1942, l’inspecteur zĂ©lĂ© Robert Douillet interpelle dans le mĂ©tro Albert Morhaim ĂągĂ© de 18 ans qui ne porte par d’étoile, et le conduit au siĂšge de la SEC oĂč il est brutalisĂ©. Quelques heures plus tard, Douillet et un autre inspecteur se rendent chez les parents du garçon, Ă  Champigny-sur-Marne, et les arrĂȘtent avec deux autres enfants, Roger et Rachel. Les cinq membres de cette famille sont dĂ©portĂ©s le 11 dĂ©cembre 1943 dans le convoi n° 47 puis assassinĂ©s[51].

La philosophe Elisabeth de Fontenay rappelle que toute la famille de sa mĂšre (nĂ©e Hornstein) est morte Ă  Auschwitz : « la mĂšre de ma mĂšre, la soeur de ma mĂšre et son mari, ainsi que leurs deux enfants qui avaient le mĂȘme Ăąge que moi et mon frĂšre. Micheline et Daniel Feinstein, 11 ans et 9 ans... Ils ont Ă©tĂ© dĂ©portĂ©s en mars 1944. DĂ©noncĂ©s, probablement par des voisins. Aucun d'entre eux n'avait jamais portĂ© l'Ă©toile jaune »[52].

Adolescent portant l'Ă©toile jaune.

Des enfants qui ne portaient pas l'Ă©toile sont aussi dĂ©noncĂ©s et arrĂȘtĂ©s : Sylvie Rosenthal, 12 ans, internĂ©e au camp de La Lande, prĂ©cĂ©demment rĂ©fugiĂ©e Ă  Pornic avec sa mĂšre et son frĂšre puis Ă  Angers[53], est dĂ©portĂ©e Ă  Auschwitz par le convoi n° 36 parti de Drancy le 23 septembre 1942, qui comptait 29 enfants et 4 adolescents, de 1 an Ă  15 ans, domiciliĂ©s Ă  Tours ; tous assassinĂ©s[54]. Colette Rozen, 12 ans Ă©galement, scolarisĂ©e Ă  Wassy, est arrĂȘtĂ©e dans sa salle de classe le 27 janvier 1944 puis est dĂ©portĂ©e Ă  Auschwitz, aprĂšs ses parents dĂ©portĂ©s deux ans plus tĂŽt[55].

On peut aussi ĂȘtre dĂ©portĂ© pour avoir « mal portĂ© » son Ă©toile. Le 15 mars 1943, Chil Kelerman est arrĂȘtĂ© car Ă  ce moment, il « changea de main une serviette en cuir qu’il portait sous son bras et qui dissimulait son Ă©toile »[56] ; il est dĂ©portĂ© le 25 mars 1943. Le 12 janvier 1944, rue des Poissonniers, l’inspecteur Fournier « a remarquĂ© une femme prĂ©sentant toutes les caractĂ©ristiques de la race juive, qui se livrait Ă  diffĂ©rentes emplettes (
) en dehors des heures prescrites et dissimulait son Ă©toile sous une pĂšlerine de lainage »[57] ; ainsi, Rebecca Goldberg, ĂągĂ©e d'une soixantaine d'annĂ©es, est dĂ©portĂ©e une semaine plus tard dans le convoi n° 66[54]. Le 24 mars 1944, LĂ©a Beer est arrĂȘtĂ©e « sous prĂ©texte que le voile de deuil qu’elle portait cachait son Ă©toile » ; elle sera dĂ©portĂ©e dĂ©but mai 1944[58].

Dans certaines circonstances, ne pas porter l'Ă©toile a pu aussi sauver la vie. Dans le MĂ©morial des enfants juifs dĂ©portĂ©s de France, Serge Klarsfeld cite le tĂ©moignage de Sarah Lichtstein, arrĂȘtĂ©e Ă  14 ans, avec sa mĂšre, lors de la rafle du VĂ©l d'Hiv', le [59] :

« Je ne porte pas l'Ă©toile jaune. Des autobus arrivent sans cesse et, pendant que la police s'occupe des nouveaux venus, je m'avance un peu sur le trottoir. Un agent s'approche de moi et me demande : « Qu'est-ce que vous faites lĂ  ? » Je rĂ©ponds : « Je ne suis pas juive, je suis venue voir quelqu'un ». « Foutez moi le camp, vous reviendrez demain » dit-il (
) Je prends la rue Nocard, en face du VĂ©l d'Hiv' et lĂ , je la suis n'osant me retourner, tremblant qu'on me rappelle et le cƓur lourd d'avoir laissĂ© maman. Au bout de la rue un agent arrĂȘte les gens qui veulent entrer. Je m'avance le cƓur battant, mais il me laisse passer croyant que j'habite un immeuble de cette rue. Sarah retrouvera sa mĂšre qui avait pu s'Ă©chapper une demi-heure plus tard. AprĂšs deux annĂ©es de rĂ©pit, dĂ©noncĂ©es, elles seront dĂ©portĂ©es Ă  Auschwitz par le convoi no 75 du 30 mai 1944, mais elles ont survĂ©cu. »

Ils ont refusé l'étoile

Plusieurs personnalités n'ont pas porté d'étoile jaune[60], parmi elles Robert Débré[61], Max Jacob[62], Louise Jacobson (17 ans)[54] ou Françoise Giroud[63].

Robert Debré

Volontairement, Robert Debré n'a pas porté l'étoile jaune. Dans ses mémoires, il revient sur son choix[64] :

« Personnellement j’étais bien dĂ©cidĂ© Ă  ne pas obĂ©ir Ă  cette mesure nouvelle pas plus qu’aux prĂ©cĂ©dentes » Ă©crit-il. « Pour Ă©viter toute complication, Élisabeth de La Panouse de La Bourdonnaye, qui sera sa seconde Ă©pouse, retira une Ă©toile jaune au commissariat de police. Elle avertit le commissaire de police que je ne la porterais point. Il enregistra cette dĂ©claration, et je rangeai le petit morceau d’étoffe dans un tiroir oĂč devait le rejoindre plus tard, parmi les objets du souvenir, mon brassard FFI arborĂ© pendant la libĂ©ration de Paris. J’étais convaincu, comme plusieurs d’entre nous, que cette dĂ©sobĂ©issance n’augmenterait guĂšre les risques car nous fĂ»mes assez nombreux Ă  prendre cette attitude. Sans nous ĂȘtre entendus, agirent de mĂȘme les deux autres membres de ma famille astreints Ă  cette obligation et alors prĂ©sents Ă  Paris : le professeur Jacques Hagueneau, mon cousin, qui Ă©chappa de justesse un peu plus tard Ă  la Gestapo, et un autre cousin, Paul Dennery, qui fut arrĂȘtĂ© place de la Madeleine et dont on n’eut plus jamais de nouvelles. »

En , il sera inquiĂ©tĂ© par la police française alors qu’il se rend sans Ă©toile Ă  l’AcadĂ©mie de mĂ©decine. Dans son rapport d’enquĂȘte, l’inspecteur Henri Soustre, indique avoir interrogĂ© le mĂ©decin Ă  son domicile : « Le Pr DebrĂ© dĂ©clare ĂȘtre Juif et ne pas porter l’étoile et avoir Ă©tĂ© relevĂ© de toutes les interdictions portĂ©es au statut des Juifs par dĂ©cret du 5 janvier 1941 pris en Conseil des ministres ».

L’enquĂȘteur prĂ©cise que ce dĂ©cret n’est pas signĂ© de PĂ©tain mais du secrĂ©taire d’État Ă  l'Éducation nationale, JĂ©rĂŽme Carcopino, le , rĂ©intĂ©grant le Pr DebrĂ© dans ses fonctions Ă  l’AcadĂ©mie avec effet rĂ©troactif : « D’aprĂšs ses dires, ces faits seraient connus des autoritĂ©s occupantes qui auraient toujours fait exception pour lui. »

Le rapport poursuit : « RĂ©cemment son tĂ©lĂ©phone ayant Ă©tĂ© supprimĂ© Ă  la suite d’une dĂ©nonciation, les autoritĂ©s occupantes le lui ont fait remettre immĂ©diatement. Le Pr DebrĂ© ajoute qu’il s’est prĂ©sentĂ© Ă  plusieurs reprises dans les bureaux allemands sans porter l’étoile. Au moment du port de l’étoile, une demande Ă  la prĂ©fecture de police a Ă©tĂ© faite, il lui aurait Ă©tĂ© rĂ©pondu qu’il Ă©tait dans un cas spĂ©cial en vertu de ce mĂȘme dĂ©cret ».

Max Jacob

Plaque dans La Chapelle de l'Abbaye de Saint-BenoĂźt-sur-Loire : endroit oĂč Max Jacob priait au moment de son arrestation.

NĂ© de confession juive, converti au catholicisme Ă  40 ans et oblat, Max Jacob (1876-1944) a Ă©tĂ© surnommĂ© « le poĂšte Ă  l’étoile ». « Deux gendarmes sont venus enquĂȘter sur mon sujet, ou plutĂŽt au sujet de mon Ă©toile jaune. Plusieurs personnes ont eu la charitĂ© de me prĂ©venir de cette arrivĂ©e soldatesque et j’ai revĂȘtu les insignes nĂ©cessaires » Ă©crit-il dans une lettre alors qu’il s’est rĂ©fugiĂ© Ă  Saint-BenoĂźt-sur-Loire[62].

Dans son poÚme Amour du prochain, initialement intitulé L'Etoile jaune des juifs et dédié à son ami le poÚte Jean Rousselot, il écrit :

« Qui a vu le crapaud traverser une rue ? C’est un tout petit homme, une poupĂ©e n’est pas plus minuscule. Il se traĂźne sur les genoux : il a honte, on dirait
? Non ! Il est rhumatisant. Une jambe reste en arriĂšre, il la ramĂšne ! OĂč va-t-il ainsi ? Il sort de l’égout, pauvre clown. Personne n’a remarquĂ© ce crapaud dans la rue. Jadis personne ne me remarquait dans la rue, maintenant les enfants se moquent de mon Ă©toile jaune. Heureux crapaud, tu n’as pas l’étoile jaune. »

Dans une lettre, il compare l’étoile Ă  une « Ă©tiquette » :

« Je t’ai expliquĂ© qu’il m’est impossible de voyager avec l’étiquette jaune sans me livrer aux fantaisies inculpatoires de la police (
) Vous ne le comprenez pas parce que vous ne savez pas de quelle maniĂšre la police se conduit vis-Ă -vis de nous : les rafles, etc. Et y aller sans Ă©tiquette c’est ĂȘtre en faute, donc en pĂ©ril. Ici, je vis comme je veux ».

Finalement, il est arrĂȘtĂ© par la Gestapo d'OrlĂ©ans le , avant d'ĂȘtre dĂ©portĂ© au Camp de Drancy, oĂč il meurt d'Ă©puisement deux semaines plus tard[65].

Avocats et notaire

Chez les avocats et notaires Juifs, certains envisageront une action collective de protestation.

Le , Carltheo Zeitschel, expert aux Questions Juives Ă  l’ambassade d’Allemagne, s’adresse en ces termes Ă  Dannecker : « Le Comte de Brinon, SecrĂ©taire d’État, a appris que les avocats et notaires Français projettent un manifeste et recueillent des signatures dans l’intention de faire exempter leurs collĂšgues juifs du port de l’étoile jaune. Darquier de Pellepoix a l’intention de faire arrĂȘter tous les avocats qui prendront part Ă  cette action. L’ambassade n’y voit pas d’inconvĂ©nient. PriĂšre au SD de prĂȘter son appui Ă  cette mesure Ă©nergique en faveur des ordonnances allemandes. »

En marge la mention « À Drancy ! » sera rajoutĂ©e Ă  la main[66] - [67].

Le , Röthke demandera une enquĂȘte qui n'aboutira pas en raison des vacances judiciaires et le bĂątonnier Jacques Charpentier refusera de faire appliquer la 8e ordonnance. Il rĂ©pondra que douze Ă  quatorze avocats juifs sont encore en fonction qu'ils « ne portent pas l'Ă©toile, volontairement, malgrĂ© les observations faites »[68].

Port par des non-juifs

En France, par défi, un certain nombre de non-Juifs, en particulier les zazous, se sont affichés avec une étoile jaune portant l'inscription « Swing » à la place du mot « Juif ».

Une légende veut que, durant l'occupation du Danemark par l'Allemagne nazie, le roi Christian X, voire selon les versions, la population non-juive dans son ensemble, portaient aussi l'étoile jaune afin de soutenir leurs concitoyens juifs en rendant inefficace la mesure de l'occupant. Toutefois, la mesure n'a pas été imposée au Danemark ; cette histoire est par conséquent fausse[69].

On retrouve la mĂȘme lĂ©gende avec le sultan Mohammed V du Maroc, alors que le territoire marocain ne fut jamais sous occupation allemande. Il refusa de promulguer l'ordonnance allemande dans le protectorat français en rĂ©pondant au reprĂ©sentant de l'administration coloniale : « Il n'y a pas de juifs au Maroc, il y a seulement des sujets marocains ». NĂ©anmoins, il avait signĂ© un dahir, en , instaurant le numerus clausus dans les professions libĂ©rales.

Dérogations contestées de Papon

À la 68e journĂ©e d'audience de son procĂšs, Maurice Papon, l'ancien secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la prĂ©fecture de Gironde, Ă©voquera ses interventions pour « sauver des juifs ». Il estimera Ă  « au moins 150 personnes libĂ©rĂ©es ou exemptĂ©es des convois entre 1942 et 1944 » et assura que son service des questions juives accorda « 1 182 dĂ©rogations au port de l'Ă©toile jaune, ce qui donnait une chance supplĂ©mentaire aux juifs d'Ă©chapper aux Allemands ». Ces dĂ©rogations auraient concernĂ© 951 Français et 231 Ă©trangers.

Michel Slitinsky, partie civile Ă  l'origine du procĂšs, contestera ces chiffres en les ramenant Ă  seulement 11 dĂ©rogations accordĂ©es[note 10].

TĂ©moignages

« Alors que les juifs devaient porter l'étoile jaune et respecter un couvre feu à six heures, je rentrais tard aprÚs avoir été jouer avec des camarades chrétiens. Alors que je marchais dans la rue, un soldat allemand s'approche. Il portait l'uniforme noir des SS que l'on m'avait appris à craindre plus que tout. Alors que j'accélérais le pas, arrivant à son niveau, je notais qu'il me regardait intensément. Il s'est penché vers moi, m'a pris puis serré dans ses bras. J'étais terrifié qu'il ne remarque mon étoile sous mon chandail. Il me parlait avec émotion, en allemand.
Il a desserré son étreinte, ouvert son porte-monnaie, montré la photographie d'un petit garçon et donné de l'argent. Je suis rentré à la maison, plus convaincu que jamais que ma mÚre avait raison : les gens sont infiniment compliqués et intéressants[70]. »

Henri Jeanson rapporte : « L’apparition de l’étoile jaune souleva la colĂšre des Parisiens et ils surent la manifester, cette colĂšre, Ă  leurs risques et pĂ©rils. Je me souviens trĂšs bien que Marcel AymĂ©, dont l’impassibilitĂ© n’était qu’apparente, Ă©crivit alors sous le coup d’une Ă©motion, qu’il ne put ni ne voulut maĂźtriser, un article d’une violence inouĂŻe contre les responsables de ces mesures ignobles et humiliantes qui nous atteignaient tous. Cet article, il le proposa en toute innocence Ă  un journal. L’article fut acceptĂ©, composĂ© et soumis Ă  l’obligatoire censure allemande qui, comme prĂ©vu, en interdit la publication. À l’imprimerie, les typos en tirĂšrent alors de nombreuses Ă©preuves Ă  la brosse et se firent un devoir de les distribuer autour d’eux avec priĂšre de faire circuler[71]. »

Références culturelles

  • En 1973, dans le roman Un sac de billes de Joseph Joffo, le narrateur, un Ă©colier, Ă©change son Ă©toile jaune contre un sac de billes, qui donne son titre Ă  l'Ɠuvre.
  • En 1986, dans son sketch On me dit que des Juifs se sont glissĂ©s dans la salle ?, l'humoriste Pierre Desproges incarne, au second degrĂ©, un personnage antisĂ©mite qui prĂ©sente l'Ă©toile jaune avec une Ă©vidente mauvaise foi comme un objet de fiertĂ© pour les Juifs, qu'ils instituĂšrent eux-mĂȘmes :

« On ne m'ĂŽtera pas de l'idĂ©e que, pendant la derniĂšre guerre mondiale, de nombreux Juifs ont eu une attitude carrĂ©ment hostile Ă  l'Ă©gard du rĂ©gime nazi. Il est vrai que les Allemands, de leur cĂŽtĂ©, cachaient mal une certaine antipathie Ă  l'Ă©gard des Juifs. Ce n'Ă©tait pas une raison pour exacerber cette antipathie en arborant une Ă©toile Ă  sa veste pour bien montrer qu'on n'est pas n'importe qui, qu'on est le peuple Ă©lu [
] »

  • Dans la chanson Petit Simon (« Simon » Ă©tant un prĂ©nom d'origine hĂ©braĂŻque) de Hugues Aufray figure le refrain

« Les Ă©toiles ne sont pas toujours belles / Elles ne portent pas toujours bonheur / Les Ă©toiles ne sont pas toujours belles / Quand on les accroche sur le cƓur ».

Dans d'autres pays

Jeunes juifs tunisiens retirant l'étoile jaune de leur revers, face à des soldats alliés, dans un village tunisien (1943).
  • Belgique : Le port de l'Ă©toile sera imposĂ© par l'ordonnance du . Les bourgmestres de l'agglomĂ©ration de Bruxelles Ă©criront le aux autoritĂ©s allemandes : « Vous ne pouvez exiger de nous une collaboration Ă  son exĂ©cution. Un grand nombre de Juifs sont belges, et nous ne pouvons nous rĂ©soudre Ă  nous associer Ă  une prescription qui porte atteinte aussi directement Ă  la dignitĂ© de tout homme quel qu'il soit ».
  • Îles Anglo-normandes : La 8e ordonnance a Ă©tĂ© enregistrĂ©e le par le tribunal royal de Guernesey mais, sur intervention du gouverneur et du procureur gĂ©nĂ©ral, elle ne sera pas enregistrĂ©e Ă  Jersey par le bailli Alexander Coutanche (premier citoyen, chef du lĂ©gislatif et du judiciaire). Passant outre, l'Oberkriegsverwaltungsrat (de) Wilhelm Casper (de) adressera au Haut commandement SS Ă  Paris, la liste des Juifs des deux Ăźles, et demandera si les Juifs anglais, comme ceux d'autres nationalitĂ©s, devaient porter l'Ă©toile, avec la mention « Jew ».
  • MĂšre juive et sa fille dans les rues de Berlin (1941)
    MĂšre juive et sa fille dans les rues de Berlin (1941)
  • Femme portant un brassard frappĂ© de l'Ă©toile jaune contrĂŽlĂ©e par la police allemande en Pologne (mai 1941)
    Femme portant un brassard frappé de l'étoile jaune contrÎlée par la police allemande en Pologne (mai 1941)
  • Travailleurs forcĂ©s de  Mahilijow (BiĂ©lorussie) devant coudre une immense Ă©toile sur leur vĂȘtement (juillet 1941)
    Travailleurs forcĂ©s de Mahilijow (BiĂ©lorussie) devant coudre une immense Ă©toile sur leur vĂȘtement (juillet 1941)
  • Travailleurs forcĂ©s juifs de Mogilev (juillet 1941)
    Travailleurs forcés juifs de Mogilev (juillet 1941)
  • Prisonniers de guerre juifs soviĂ©tiques marquĂ©s de l'Ă©toile jaune (aoĂ»t 1941)
    Prisonniers de guerre juifs soviétiques marqués de l'étoile jaune (août 1941)
  • Homme frappĂ© de l'Ă©toile, peut-ĂȘtre Ă  Berlin (septembre 1941)
    Homme frappĂ© de l'Ă©toile, peut-ĂȘtre Ă  Berlin (septembre 1941)
  • Ouvrier soudeur juif (1942)[68]
    Ouvrier soudeur juif (1942)[72]
  • Garçon Ă  Radom portant un brassard Ă  l'Ă©toile de David.
    Garçon à Radom portant un brassard à l'étoile de David.
  • Femme inquiĂšte portant l'Ă©toile jaune aux Pays-Bas (20 juin 1943)
    Femme inquiĂšte portant l'Ă©toile jaune aux Pays-Bas (20 juin 1943)

Notes et références

Notes

  1. Madame de Chasseloup-Laubat, nĂ©e Marie-Louise, Fanny ClĂ©mentine, ThĂ©rĂšse Stern, Ă  Paris le 4 fĂ©vrier 1879. Elle Ă©tait la fille d’Ernesta de Herschel, connue sous le nom de Maria Star, et veuve du banquier Louis Stern (1840-1900), fils d'Antoine Stern, fondateur de la banque Stern. Marie-Louise Stern a Ă©pousĂ© le 21 juillet 1900 Ă  la mairie du 8e, Ă  Paris, le marquis Louis de Chasseloup-Laubat, aryen, ingĂ©nieur civil. La marquise de Chasseloup-Laubat est convertie au catholicisme le 21 aoĂ»t 1900, a eu trois enfants, tous mariĂ©s, la princesse Achille Murat (Madeleine (1901-1945) qui avait Ă©pousĂ© Achille Alain Joachim NapolĂ©on Murat (1898-1987) en 1923, le comte François de Chasseloup-Laubat, et la baronne Fernand de Seroux.
  2. Madame de Langlade est nĂ©e Lucie Stern, sƓur de la marquise de Chasseloup-Laubat. Lucie Stern a Ă©pousĂ©, le 11 avril 1904, Pierre Girot de Langlade, aryen. Elle s'est convertie au catholicisme le 17 juin 1911. De ce mariage est issu un fils, Louis de Langlade, agriculteur.
  3. La comtesse Suzanne de Sauvan d'Aramon (1887-1954) est l'Ă©pouse du Comte Bertrand de Sauvan d'Aramon (1876-1949), dĂ©putĂ© FĂ©dĂ©ration rĂ©publicaine du XVe arrondissement de Paris (de 1910 Ă  1914 et de 1928 Ă  1940), qui vota les pleins pouvoirs Ă  PĂ©tain, fille du banquier Edgard Stern et de Marguerite Fould, mondanitĂ© du Tout-Paris (immortalisĂ©e par le peintre Carolus-Duran en 1889, visible au Petit-Palais). En avril 1937, les obsĂšques d’Edgard Stern seront cĂ©lĂ©brĂ©es par le grand-rabbin de Paris Julien Weill. Les Stern ont vu leur hĂŽtel particulier du 20, avenue Montaigne, occupĂ© par les Allemands et pillĂ© de son exceptionnelle collection d’objets et de meubles Louis XVI. Leur propriĂ©tĂ© de Villette Ă  Pont-Sainte-Maxence (Oise), achetĂ©e en 1900, sera Ă©galement occupĂ©e par les troupes d’Occupation, et verra les Jeunesses pĂ©tainistes, avant de devenir un centre de convalescence pour prisonniers et les troupes amĂ©ricaines. L’oncle de Mme d'Aramon, Jacques Stern, directeur politique du Monde illustrĂ©, dĂ©putĂ© des Basses-Alpes de 1914 Ă  1919 puis de 1928 Ă  1936, avait Ă©tĂ© trois fois ministre (cabinet Steeg en 1930 et cabinets Sarraut en 1933 et 1939). ArrĂȘtĂ©e Ă  l'hĂŽtel Moderne Ă  Espalion (Aveyron), la comtesse est internĂ©e Ă  Drancy le 25 juin 1944.
  4. Marcel LattĂšs est nĂ© Ă  Nice le . Premier prix de piano au Conservatoire de Paris en 1906, ce compositeur oubliĂ© dans sa ville natale, a acquis une belle notoriĂ©tĂ© avant-guerre pour ses opĂ©rettes et comĂ©dies musicales. La plus cĂ©lĂšbre sera ArsĂšne Lupin banquier crĂ©Ă©e en 1930 aux Bouffes Parisiens avec Jean Gabin, comme jeune premier comique, d'aprĂšs l’Ɠuvre de son oncle Maurice Leblanc.
    Il s'illustra aussi dans la musique d'une quarantaine de films pour des réalisateurs à succÚs comme Pabst, Abel Gance, Maurice Tourneur, Christian-Jaque, Dréville, Marcel L'Herbier. On lui doit aussi la musique des deux premiers films de l'argentin Carlos Gardel. Engagé volontaire en 1914, il comptera parmi les 743 « notables israélites » raflés à Paris en décembre 1941 et retrouvera la liberté grùce à l'appui de Sacha Guitry et de son frÚre le banquier Georges LattÚs.
  5. Allan Loebl était affilié au syndicat des marchands d'art dont l'industriel Achille Boitel, liquidé par la Résistance en 1944, était membre ainsi qu'Yves Perdoux, qui révéla les cachettes du marchand Paul Rosenberg dans le Bordelais.
  6. Fernand Widal (1862-1929), académicien de médecine, professeur de pathologie interne et de clinique médicale, spécialiste des maladies infectieuses, hépatiques, cardiaques et du systÚme nerveux, identifia le bacille de la dysenterie, diagnostiqua la fiÚvre typhoïde dÚs 1896 et mettra au point un vaccin.
  7. Les Pr RenĂ© Leriche et Lemierre Ă©crivent en faveur de Mme Widal : « (Fernand Widal a Ă©tĂ©) le conseiller Ă©clairĂ© du gouvernement et le marĂ©chal PĂ©tain l'a comptĂ© parmi ses amis... » « C'est au nom du corps mĂ©dical français tout entier, conscient de ce qu'il doit Ă  Fernand Widal, que nous venons solliciter aujourd'hui qu'une mesure d'exception soit prise en faveur de Mme Widal. Nous ne doutons pas qu'en intervenant pour obtenir cette mesure d'exception, le Gouvernement ne tienne Ă  montrer que la France, dans son malheur, sait encore honorer la mĂ©moire de ceux qui l'ont loyalement servie et ont contribuĂ© Ă  accroĂźtre son prestige dans le monde ». La rĂ©ponse tiendra en quelques lignes indiquant qu'« une suite favorable » , ne pourra ĂȘtre donnĂ©e, l'ordonnance allemande « ne prĂ©voyant pas de dĂ©rogation ».
  8. « ArrĂȘtĂ© en 1941 dans la « rafle des notables », Maurice Goudeket Ă©chappera Ă  la dĂ©portation grĂące Ă  l’intervention de Sacha Guitry et de Paul Morand auprĂšs de Laval et restera cachĂ© jusqu’à la LibĂ©ration ». Lire en ligne
  9. « J'ai l'honneur de solliciter de votre haute bienveillance que mon mari, Maurice Goudeket, Israélite français, né à Paris le 3 août 1889, engagé volontaire 14-18, médaillé militaire, croix de guerre, croix du combattant, blessé cité, soit dispensé du port de l'étoile de Sion ». Pour appuyer sa demande, elle souligne qu'à 70 ans, elle ne peut sortir seule pour se rendre à ses rendez-vous professionnels, en raison d'une arthrite de la hanche. Colette ira jusqu'à mettre en avant sa notoriété outre-Rhin : " « Je me permets d'ajouter que mes livres et ma personne ont toujours reçu, en Allemagne, l'accueil le plus favorable (tournée de conférences à Berlin, Vienne). D'autre part, les autorités occupantes m'ont témoigné, ici, chaque fois que l'occasion s'en est présentée, le maximum de courtoisie et de bienveillance. L'an dernier, le Pariser Zeitung, me prodiguait des éloges sans restrictions. De son cÎté, mon mari peut prouver, par de nombreux témoignages que sa vie civile et militaire, écartée de toute politique, fut toujours vouée à l'honneur, et je sais que les autorités occupantes font cas d'un tel détail. Je n'hésite pas à me porter, pour l'avenir, garante de mon mari. Espérant que si dans mon long passé j'ai pu rendre services aux lettres, vous voudrez bien prendre soin de ma demande, je mets ici, Monsieur le ministre, l'expression de mes sentiments de gratitude et de considération ». Le 19 juin 1943, Joseph Antignac, directeur de cabinet au Commissariat général aux questions juives adresse une réponse négative, soulignant que la demande transmise aux autorités allemandes « n'a pas été prise en considération et qu'il m'a été répliqué qu'aucune dérogation n'était admise ».
  10. Audience du 16 février 1998.

Références

  1. (en) Holocaust Badges, sur le site de l’Holocaust Memorial Center.
  2. Carol Iancu, Les Mythes fondateurs de l'antisémitisme : de l'antiquité à nos jours, Toulouse, Privat, , 192 p. (ISBN 978-2-7089-0806-2, OCLC 743077070, lire en ligne), p. 51.
  3. Louis Massignon, Revue des Ă©tudes islamiques, Volume 9. P. Geuthner, 1935, p. 142 (extrait).
  4. Mohamed Tahar Mansour, Du voile et du zunnñr : du code vestimentaire en pays d’islam, L’Or du temps, 2007, p. 141 (extrait).
  5. Sonia Fellous, Juifs et Musulmans en Tunisie : fraternitĂ© et dĂ©chirements, universitĂ© de Paris-IV : Paris-Sorbonne, SociĂ©tĂ© d'histoire des juifs de Tunisie (Paris, France), JāmiÊ»ah al-TĆ«nisÄ«yah. Somogy, 2003, p. 79 (extrait) (ISBN 2850566322).
  6. Johnson 1987, p. 204-205.
  7. Frédéric-Auguste-Antoine Goupil, Voyage en Orient fait avec Horace Vernet en 1839 et 1840, Paris, Challamel, 1843, p. 183 (lire en ligne).
  8. Françoise Bayle et François BƓspflug, 100 lieux pour raconter l'histoire des religions, Aubanel, , p. 126. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
    « Le XVIe siĂšcle leur fut relativement favorable, mĂȘme s'ils devaient continuer de porter l'Ă©toile jaune. »
  9. (de) Polizeiverordnung ĂŒber die Kennzeichnung der Juden (littĂ©ralement « RĂšglement de police relatif Ă  l'identification des Juifs »)
  10. « Allemagne : les mĂ©decins juifs ont dĂ©jĂ  leur signe distinctif », sur scriptorium.bcu-lausanne.ch, Feuille d'avis de Vevey, p. 6. Archive du Scriptorium, bibliothĂšque cantonale et universitaire (Lausanne), (consultĂ© le )
  11. Le port de l'Ă©toile juive en Europe, sur le site MĂ©moire juive et Ă©ducation.
  12. Annette Wieviorka, Ralph Schor, L'antisĂ©mitisme en France pendant les annĂ©es trente (compte-rendu), Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine, AnnĂ©e 1994, 41-1, p. 186-187
  13. Michel Laffitte, « L'UGIF face aux mesures antisémites de 1942 : 1/2007 (no 9), p. 123-180 », Les Cahiers de la Shoah.
  14. D'aprĂšs LĂ©on Poliakov, L'Étoile jaune, Ă©ditions du Centre de documentation juive contemporaine, Paris, 1949 : les prĂ©visions de la prĂ©fecture de police faisaient Ă©tat de 110 292 Juifs ĂągĂ©s de plus de 15 ans, contrĂŽlĂ©s en , dont 17 428 enfants de plus de 6 ans. 9 837 Juifs seront dispensĂ©s : 7 731 hommes et femmes et 2 106 enfants. Seront astreints au port de l'insigne : 61 684 Français, 38 591 Ă©trangers, soit un total de 100 455 personnes mais il sera dĂ©livrĂ© des insignes pour 92 000 personnes (les internĂ©s dans les camps ne sont pas comptĂ©s).
  15. Laffitte Michel, « L'UGIF face aux mesures antisémites de 1942 », Les Cahiers de la Shoah 1/2007 (no 9), p. 123-180.
  16. Centre de Documentation juive Contemporaine-XLIXa-38 Note du de Heinz Röthke, chef du « Service juif » Ă  la SS de Paris : 78 699 Ă©toiles jaunes ont Ă©tĂ© distribuĂ©es jusqu’au (68 459 Ă  Paris et 10 240 en banlieue). Environ 83 000 jusqu’au . La note prĂ©cise « qu’environ 115 000 Juifs ont Ă©tĂ© enregistrĂ©s. La raison de la diffĂ©rence se trouve dans le fait qu’un certain nombre de Juifs a entre-temps dĂ©mĂ©nagĂ© en zone libre ou a Ă©tĂ© dĂ©portĂ©. D’autres raisons sont l’exemption du port obligatoire de l’étoile jaune pour des Juifs de certaines nationalitĂ©s et le fait qu’il y ait des Juifs qui ne se sont pas procurĂ©s l’étoile jaune ».
  17. CDJC-CDXXVIII-82 Texte de la 8e ordonnance du . Les dispositions d'application relatives au paragraphe 1 précisent que :
    « Lors de circonstances spĂ©ciales, dans l'intĂ©rĂȘt du Reich, des dĂ©rogations Ă  l'ordonnance peuvent ĂȘtre prĂ©vues dans des cas isolĂ©s. »
    Serge Klarsfeld rappelle (La Shoah en France, p. 380) l’existence de l’additif Ă  l’article 1 de l’ordonnance, qui figure dans la lettre du du gĂ©nĂ©ral Oberg. Elle prĂ©cise Ă  l’ambassadeur de Brinon les pays dont les ressortissants, en plus des Français, auront Ă  porter l’étoile : « La Hollande, le gouvernement gĂ©nĂ©ral de Pologne, les territoires occupĂ©s Ă  l’Est, la Slovaquie, la Croatie, la Roumanie, les Juifs Belges, les anciens ressortissants yougoslaves ainsi que les Juifs apatrides. »
  18. Une note du , du SS-ObersturmfĂŒhrer Beumelburg, chef de la Gestapo, au gĂ©nĂ©ral Oberg, chef supĂ©rieur de la SS et de la Police Höhere SS und PolizeifĂŒhrer pour la France, souligne comment il prĂ©cisa Ă  l'ambassadeur Brinon les conditions d'exemptions :
    « L'ambassadeur qui, sans connaĂźtre la 8e ordonnance, s'est rĂ©fĂ©rĂ© Ă  la rĂ©serve des exceptions contenue dans le dĂ©cret d'application, a Ă©tĂ© renvoyĂ© au fait que ces exceptions se limitent aux Ă©trangers citĂ©s dans le mĂȘme paragraphe et non pas, ainsi qu'il est supposĂ© dans le mĂȘme paragraphe et non pas, ainsi qu’il est supposĂ© dans la lettre du MarĂ©chal Ă  Brinon du , qu’elles concernent les Français.
    Brinon le communiquera au MarĂ©chal et il fera le nĂ©cessaire pour que les demandes soient limitĂ©es Ă  l'extrĂȘme, et il fera contresigner la liste des demandes par le chef du gouvernement Laval Ă  la suite d'une suggestion officieuse de l'officier chargĂ© de la liaison avec le gouvernement français afin que l'intĂ©rĂȘt du gouvernement soit manifestĂ©.
    Le , Brinon rapportera de Vichy la liste des demandes, classées d'aprÚs l'urgence et leur nombre, en y ajoutant l'identité exacte et les motifs détaillés. Elle sera ensuite remise directement au chef supérieur des SS et de la police. »
  19. Centre de Documentation juive contemporaine - XXVa-164, note du 25 aoĂ»t 1942, du SS-ObersturmfĂŒhrer Heinz Röthke du service IV J de la Sipo-SD France Ă  Paris, adressĂ©e au SS-StandartenfĂŒhrer Helmuth Knochen, concernant l'exemption du port de l'Ă©toile.
  20. Thierry Noel Guitelman, « ExemptĂ© d’étoile jaune: le tabou - Yedia.org », (consultĂ© le )
  21. AN F60 1485 et CDJC-XLIXa-90a : lettre du 16 juin 1942, du chef de l'Ă©tat-major du MilitĂ€rbefehlshaber in Frankreich (MbF), accompagnĂ©e de la copie d'une lettre du 12 juin 1942, du MarĂ©chal PĂ©tain adressĂ©e Ă  l'ambassadeur de France, Fernand de Brinon et une note du 17 juin 1942, du SS-ObersturmfĂŒhrer Beumelburg, adressĂ©es au Höherer SS- und PolizeifĂŒhrer Karl-Albrecht Oberg, concernant l’exemption du port obligatoire de l’étoile jaune pour certains Juifs français.
  22. Archives Nationales F60 1485 du 12 juin 1942
  23. Docteur Ménétrel.
  24. CDJC-XLIXa-90a du 16 juin 1942
  25. Léon Poliakov, L'étoile jaune : la situation des Juifs en France sous l'occupation, les législations nazie et vichyssoise, Paris, Grancher, , 197 p. (ISBN 978-2-7339-0642-2, OCLC 716358482), p. 70.
  26. CDJC-XXVa-189 certificat du 24 juillet 1942
  27. CDJC-XLIXa-91b Lettre et note de Hagen au commandant de la Sipo-SD de Paris, du 18 juin 1942.
  28. CDJC-XXVa-164 du 25 août 1942
  29. Thierry Noël, « La face cachée de l'étoile jaune : Kostia Konstantinoff, pilier de Radio Paris », sur La face cachée de l'étoile jaune, (consulté le )
  30. CDJC-XXVa-186 documents, du 10 août 1942 au 13 juillet 1943
  31. CDJC-CXV-52 Lettre du 25 juin 1942.
  32. https://www.parismuseescollections.paris.fr/en/node/922413#infos-principales
  33. (en) Emmanuel Ranvoisy, « Le regiment de sapeurs-pompiers de Paris 1938-1944 by Eddie Wong » AccÚs limité, sur issuu.com, (consulté le )
  34. CDJC-CV-90 - Ensemble de lettres du 17au 26 mars 1943 du directeur de la Section d'enquĂȘtes et de contrĂŽle, destinĂ©es au dĂ©lĂ©guĂ© rĂ©gional de la SEC de Bordeaux et au CGQJ, concernant le statut d'Alfred LĂ©vy.
  35. Jonathan Choveau, « Alfred Levy », sur Des visages & des noms, (consulté le )
  36. CDJC-CXIII-9 Lettres du 31 mai 194 et du 19 juin 1943 échangées entre Colette et Joseph Antignac, directeur de cabinet du Commissariat général aux questions juives.
  37. Thierry Noël, « La face cachée de l'étoile jaune : Colette par amour pour son mari », sur La face cachée de l'étoile jaune, (consulté le )
  38. « Elisa Rachel Félix, dite RACHEL », sur Judaïsme SDV
  39. M-P. Hamache et C. Lévy, « Elisa Rachel Félix, dite Rachel » in Archives Juives, Revue d'histoire des Juifs de France, N° 32/2, 2Úme semestre 1999.
  40. « Lettre de Paul SĂ©zille Ă  Theodor Dannecker », archives de la prĂ©fecture de police, sĂ©rie BA 1817 (dossier B51), citĂ© par Maurice Rajsfus, OpĂ©ration Étoile Jaune, Le Cherche Midi, 2002.
  41. TĂ©moignage de Paul EstĂšbe, chef-adjoint de cabinet du MarĂ©chal PĂ©tain, rapportĂ© par Jean Tournoux, PĂ©tain et la France : la Seconde Guerre mondiale, Paris, Plon, (ISBN 978-2-259-00660-6, OCLC 854608060), p. 305. Michel Cointet, dans PĂ©tain et les Français (Perrin, 2002), p. 138, note que dans ses mĂ©moires, Laval rejoindra la position de PĂ©tain : « Je refuserai Ă©galement l’obligation que les Allemands et le commissaire gĂ©nĂ©ral voulaient imposer aux Juifs en zone sud de porter l’étoile jaune (
) J’avais refusĂ© le port de l’étoile malgrĂ© les exigences allemandes. Ce fut le moindre mal, car l’insertion sur les cartes ne gĂȘnait pas les Juifs vis-Ă -vis des autoritĂ©s françaises. Elles leur permettait d’échapper, comme travailleurs, au dĂ©part pour l’Allemagne, car j’ai toujours donnĂ© l’instruction de les exclure des dĂ©parts. Ils furent seulement requis au tout dernier moment pour les chantiers Todt et il y en eut un nombre infime. »
  42. AN F60-1485 : Lettre du chanoine Maurice Bohan à Brinon, le 14 octobre 1942 : « Des exemptions ont été accordées par le commandement militaire pour la Belgique Nord de la France dans une ordonnance no 79 du 1er juin 1942. Ces exemptions ont été accordées :
    1. à des femmes catholiques mariées à des Juifs ;
    2. à des époux Juifs vivant dans un mariage mixte, lorsque de ce mariage sont issus des enfants qui ne sont pas considérés comme Juifs.
    Cette rĂšgle vaut, mĂȘme si le mariage est dissous. Votre haute autoritĂ© ne pourrait-elle pas intervenir auprĂšs de M. le Commandant Militaire pour la France, pour que semblable exemption puisse ĂȘtre accordĂ©e aux Juifs qui en feront la demande et qui pourront justifier qu’ils remplissent les conditions d’exemptions prĂ©vues ».
  43. CDJC-XLIXa-94a Rapport du 25 juin 1942 du service VI W-VII 517 de la Sipo SD de Paris au service IV J.
  44. L'action de l'abbĂ© Flory (1886-1949), ordonnĂ© en 1911, curĂ© de MontbĂ©liard Ă  partir de 1937, est rapportĂ©e dans ChrĂ©tiens et Juifs sous Vichy, 1940-1944 : sauvetage et dĂ©sobĂ©issance civile, par Limor Yagil (Éditions du Cerf, 2005). L'AbbĂ© Jean Flory : documents et tĂ©moignages recueillis par Joseph Ball (1978).
  45. Centre de Documentation Juive Contemporaine- XXXII-149/150 Lettre du 17 décembre 1942.
  46. Centre de Documentation Juive Contemporaine - XXXII-180/81 Lettre de juillet 1942 de Jacques Ditte au consul général d'Espagne.
  47. Centre de Documentation Juive Contemporaine- XXXII-182 Lettre du 22 septembre 1942.
  48. Centre de Documentation Juive Contemporaine- XXXII-185/86.
  49. Laurent Joly, Vichy dans la Solution Finale 1941-1944, Grasset, 2006
  50. Nadia Kaluski-Jacobson, Les Lettres de Louise Jacobson et de ses proches 1942-1943, Laffont, 1997.
  51. Laurent Joly, Vichy dans la "solution finale": histoire du Commissariat Général aux Questions Juives (1941 - 1944), Grasset, (ISBN 978-2-246-63841-4), p. 622-643
  52. « L'homme, cette drĂŽle de bĂȘte », sur Bibliobs, (consultĂ© le )
  53. CDJC-XLII-32 - Lettre du 28 août 1942 de Jean Osvald pour adopter la fillette, adressée à Louis Darquier de Pellepoix, commissaire général aux questions juives. CDJC-XLII-41 Documents administratifs du 22 septembre 1942 au 10 mars 1943.
  54. Thierry NoĂ«l, « La face cachĂ©e de l'Ă©toile jaune : Prendre le risque de ne pas porter l’étoile
 », sur La face cachĂ©e de l'Ă©toile jaune, (consultĂ© le )
  55. RĂ©cit de Sylviane Cuartero pour Guysen IsraĂ«l News, du 14 avril 2007. Le pĂšre, Mordka Rozen, arrĂȘtĂ© Ă  Saint-Dizier (Haute-Marne), incarcĂ©rĂ© Ă  ChĂąlons-sur-Marne, fera passer des courriers aux familles d'accueil de ses enfants, Colette Rozen et sa petite soeur Anette, 3 ans, avant d'ĂȘtre dĂ©portĂ© avec son Ă©pouse Bayla le 27 juillet 1942 : " J'espĂšre que Colette n'aura pas besoin de porter l'insigne vu que nous ne sommes plus lĂ . Elle n'attirera pas l'attention des gens ".
  56. Archives Nationales, AJ38 205
  57. Archives Nationales, AJ38 215
  58. Archives Nationales, Z6 830/19179
  59. Éditions Fayard, 2011.
  60. Thierry Noël, « La face cachée de l'étoile jaune : Qui sont les exemptés de l'étoile jaune ? », sur La face cachée de l'étoile jaune, (consulté le )
  61. Thierry Noël, « La face cachée de l'étoile jaune : Robert Debré refusa de porter l'étoile jaune », sur La face cachée de l'étoile jaune, (consulté le )
  62. Thierry Noël, « La face cachée de l'étoile jaune : Max Jacob, le poÚte à l'étoile jaune, meurt dans la nuit du 4 mars 1944 », sur La face cachée de l'étoile jaune, (consulté le )
  63. Thierry Noël, « La face cachée de l'étoile jaune : Françoise Giroud n'a pas porté l'étoile jaune », sur La face cachée de l'étoile jaune, (consulté le )
  64. Robert Debré : L'honneur de vivre (Stock - Hermann 1974), p. 221, 230 et 231.
  65. « Biobibliographie de Max Jacob », sur www.max-jacob.com (consulté le )
  66. CDJC-XLIXa-110 : cette note Ă©voquait aussi le contrĂŽle de 108 prĂȘtres juifs et la manifestation prĂ©vue le 7 juin 1942 en rĂ©action Ă  l'introduction de l'Ă©toile.
  67. Centre de documentation juive contemporaine - XLIXa-110.
  68. Centre de documentation juive contemporaine - CVIII 13.
  69. Est-il vrai que le roi Christian X du Danemark portait une étoile jaune pour montrer son soutien envers les Juifs danois ?, sur la foire aux questions du United States Holocaust Memorial Museum traitant de la Résistance et des opérations de sauvetage.
  70. Jean Kleinmann, « Les politiques antisémites dans les Alpes-Maritimes 1938-1944 », Cahiers de la Méditerranée, vol. 74.
  71. Michel LĂ©cureur : Marcel AymĂ©, Écrits sur la politique (1933-1967), Les Belles Lettres/Archimbaud.
  72. (de) « ĆœidovskĂĄ rada starĆĄĂ­ch - zprĂĄva za rok 1943 », dans ĆœidovskĂĄ rada starĆĄĂ­ch - zprĂĄva za rok 1943 (lire en ligne)

Annexes

Bibliographie

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  • CĂ©dric Gruat et CĂ©cile Leblanc, Amis des Juifs : les rĂ©sistants aux Ă©toiles, Paris, TirĂ©sias, coll. « Ces oubliĂ©s de l'histoire », , 235 p. (ISBN 978-2-915293-24-1, OCLC 60417441)
  • Bruno Halioua, Blouses blanches, Ă©toiles jaunes : l'exclusion des mĂ©decins juifs en France sous l'Occupation, Paris, L. Levi, coll. « Piccolo; Histoire, essais, tĂ©moignages », , 285 p. (ISBN 978-2-86746-316-7, OCLC 249056105)
  • (en) Paul Johnson, A History of the Jews, Harper & Row, (ISBN 978-0-06-015698-5)
  • Serge Klarsfeld, L'Etoile des juifs : tĂ©moignages et documents, Paris, L'Archipel, , 164 p. (ISBN 978-2-909241-16-6, OCLC 722282824)
  • LĂ©on Poliakov, L'Étoile jaune, Éditions du Centre de documentation juive contemporaine - Paris, 1949) - L'Étoile jaune - La situation des Juifs en France sous l'Occupation - Les lĂ©gislations nazie et vichyssoise, Éditions Grancher, 1999
  • RenĂ©e Poznanski, Les Juifs en France pendant la Seconde guerre mondiale, Paris, Hachette LittĂ©ratures, coll. « Pluriel », , 712 p. (ISBN 978-2-01-279243-2, OCLC 750738802) - Porter l’étoile jaune Ă  Paris – Revue Historique no 591 (Presses Universitaires de France, 1994) p. 43-71
  • Maurice Rajsfus, OpĂ©ration Étoile jaune : suivi de Jeudi noir, Paris, Cherche-midi, coll. « Documents », , 612 p. (ISBN 978-2-7491-2447-6, OCLC 880634051)
  • Bernard Ullmann, Lisette de Brinon, ma mĂšre : une Juive dans la tourmente de la Collaboration, Bruxelles, Complexe, coll. « Destins », , 218 p. (ISBN 978-2-87027-997-7, OCLC 238589013, lire en ligne)
  • Henri Szwarc, Souvenirs : l’étoile jaune, Annales, histoire, sciences sociales, volume 48, 1993
  • Georges Wellers, Un juif sous Vichy, Paris, Editions TirĂ©sias, , 308 p. (ISBN 978-2-908527-06-3, OCLC 932272905), p. 221
  • Nathalie Zajde, Les enfants cachĂ©s en France, Paris, Odile Jacob, , 247 p. (ISBN 978-2-7381-2758-7, OCLC 793472784)

Articles connexes

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