Louis Massignon
Louis Massignon, né le à Nogent-sur-Marne et mort le à Suresnes[1], est un universitaire et islamologue catholique français.
Naissance | |
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DĂ©cĂšs |
(Ă 79 ans) Suresnes |
SĂ©pulture |
CimetiĂšre de Pordic (d) |
Nom de naissance |
Louis Fernand Jules Massignon |
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PĂšre | |
Enfants |
Yves Massignon (d) Daniel Massignon (d) GeneviĂšve Massignon |
A travaillé pour | |
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Membre de |
Académie royale des sciences de SuÚde Académie royale néerlandaise des arts et des sciences Académie de la langue arabe au Caire (en) Académie des sciences de Russie Académie arabe de Damas |
Conflits | |
Distinctions |
Professeur au CollĂšge de France de 1926 Ă 1954, il a contribuĂ© Ă une meilleure connaissance de lâislam sur le plan acadĂ©mique, tout en prĂŽnant sur le plan spirituel la nĂ©cessitĂ© de la rĂ©conciliation des religions abrahamiques. Il est en cela un prĂ©curseur du dialogue interreligieux.
Parfois controversé, Louis Massignon est une figure complexe à saisir, pétrie de plusieurs dimensions (scientifique, politique, spirituelle), imbriquées les unes aux autres.
Biographie
Enfance et famille
Descendant dâune famille originaire du Pays de Bray (Forges les Eaux), son pĂšre, Ferdinand Massignon est mieux connu sous son nom d'artiste Pierre Roche. Sculpteur et graveur, il fait partie du courant art nouveau et symboliste, sans nĂ©gliger la veine rĂ©gionaliste bretonne, rĂ©gion oĂč il bĂątit et dĂ©core une maison, prĂšs de Pordic (CĂŽtes dâArmor), lieu de villĂ©giature familiale. Il Ă©pouse Marie Hovyn, issue dâune famille de tisserands du Nord de la France. De leur union naĂźt Louis. Sa mĂšre est une chrĂ©tienne pratiquante. Son pĂšre est incroyant, et rationaliste, mais il est proche des milieux d'avant-garde, et d'amis chrĂ©tiens convertis comme Charles-Marie Dulac ou Joris-Karl Huysmans. Louis est le fruit d'un couple mais aussi d'un siĂšcle, celui de la troisiĂšme RĂ©publique, oĂč s'affrontent esprit clĂ©rical et esprit laĂŻc[2] - [3]. TrĂšs jeune, il est tiraillĂ© entre ces deux aspirations incarnĂ©es par ses parents. Son Ćuvre se tourne entiĂšrement vers ces deux postulations[4].
Ătudes, jeunesse et incroyance
Ă Paris, il suit d'abord ses Ă©tudes au lycĂ©e Montaigne. En 1896, ĂągĂ© de treize ans, il entre au lycĂ©e Louis-le-Grand et se lie dâamitiĂ© avec le futur sinologue Henri Maspero, fils de lâĂ©gyptologue Gaston Maspero. Tous deux se passionnent pour les sciences, la botanique, la linguistique, lâethnologie et les expĂ©ditions coloniales. EncouragĂ© par son pĂšre, il voyage seul en 1898, en Autriche et en Allemagne, puis en Italie avec ses parents en 1899. Progressivement, il bascule dans l'incroyance.
En 1900, il est titulaire dâun baccalaurĂ©at de philosophie, puis de mathĂ©matiques lâannĂ©e suivante. Le 27 octobre, sur le conseil de son pĂšre, il rencontre l'Ă©crivain catholique Joris-Karl Huysmans Ă LigugĂ©. Cette entrevue qui dure six heures marquera plus tard sa spiritualitĂ©[2] - [3].
AprĂšs avoir passĂ© sa licence Ăšs lettres en 1902, il consacre son diplĂŽme d'Ă©tudes supĂ©rieures dâhistoire et de gĂ©ographie au voyageur et gĂ©ographe musulman du xvie siĂšcle Hassan al-Wazzan, alias LĂ©on l'Africain, avec comme mĂ©moire le Tableau gĂ©ographique du Maroc dans les quinze premiĂšres annĂ©es du xvie siĂšcle d'aprĂšs LĂ©on l'Africain[5].
En 1902 et 1903, il fait son service militaire durant lequel il se lie dâamitiĂ© notamment avec Jean-Richard Bloch, Roger Martin du Gard ou AndrĂ© Siegfried[6] - [7].
DĂ©couverte de l'Orient et de l'islam
DĂšs 1901, il entreprend un premier voyage Ă Alger. En 1904, il se lance au Maroc dans une expĂ©dition entre Tanger et FĂšs, avec le sculpteur Pierre Sainte, ami de son pĂšre, pour confronter sur place les observations recueillies dans son mĂ©moire sur LĂ©on l'Africain. L'intĂ©rĂȘt qui le pousse vers le monde musulman se mue en passion et il se jure alors dâapprendre lâarabe[8].
Plongé dans l'étude du Maroc, il transmet ses travaux via Henry de Castries et Hubert Lyautey à Charles de Foucauld, dont il a beaucoup apprécié l'ouvrage Reconnaissance au Maroc (1888). Ce dernier lui répond qu'il prie pour lui, mais, à ce moment-là , le jeune Massignon ne réagit pas.
En 1906, il sort diplĂŽmĂ© dâarabe littĂ©raire et vulgaire Ă lâĂcole des langues orientales vivantes, tout en suivant les cours dâHartwig Derenbourg Ă lâĂcole Pratique des Hautes Ătudes et dâAlfred Le Chatelier au CollĂšge de France. LâannĂ©e suivante, il est nommĂ© Ă lâInstitut français dâArchĂ©ologie Orientale au Caire. Il rencontre un jeune aristocrate espagnol converti Ă lâislam : Luis de Cuadra. Câest lui qui lui fait dĂ©couvrir le saint musulman Mansur al-Hallaj. Tous deux vont aussi entretenir une liaison amoureuse. Cette expĂ©rience de lâhomosexualitĂ© nâest plus taboue. Massignon dit en souffrir et ne veut pas rester en Ăgypte. Fin 1907, il est envoyĂ© en mission archĂ©ologique en MĂ©sopotamie. Ă Bagdad, il dĂ©laisse le milieu consulaire et sâinstalle dans un quartier musulman, bĂ©nĂ©ficiant de lâhospitalitĂ© de deux notables lettrĂ©s de la famille Alusi. Avec leur aide, il commence ses recherches sur Mansur al-Hallaj, soufi crucifiĂ© Ă Bagdad en 922, Ă qui il va consacrer sa thĂšse[9].
La conversion en 1908
Fin mars 1908, il dirige une expĂ©dition pour explorer la forteresse sassanide dâAl-OkheĂŻdir. DĂ©but mai, il est arrĂȘtĂ© Ă KĂ»t el-âAmĂąra par les autoritĂ©s ottomanes. La rĂ©gion est en proie Ă la prochaine rĂ©volution des Jeunes-Turcs et le Français est considĂ©rĂ© comme un potentiel espion. Il est forcĂ© de rentrer Ă Bagdad sur un bateau remontant le Tigre. Bien que toute la lumiĂšre ne soit pas faite sur les Ă©vĂ©nements, il se croit condamnĂ© Ă mort et tente vainement de se suicider. Il vit alors une expĂ©rience mystique, la Visitation de lâĂtranger, qui marque son retour Ă Dieu et au christianisme[10].
« LâĂtranger qui mâa visitĂ©, un soir de mai, devant le TĂąq, sur le Tigre, dans la cabine de ma prison, et la corde serrĂ©e aprĂšs deux essais dâĂ©vasion, est entrĂ©, toutes portes closes, Il a pris feu dans mon cĆur que mon couteau avait manquĂ©, cautĂ©risant mon dĂ©sespoir quâIl fendait, comme la phosphorescence dâun poisson montant du fond des eaux abyssales. Mon miroir intĂ©rieur me lâavait dĂ©celĂ©, masquĂ© sous mes propres traits â explorateur fourbu de sa chevauchĂ©e au dĂ©sert, trahi aux yeux de ses hĂŽtes par son attirail de cambriole scientifique, et tentant encore de dĂ©concerter ses juges avec un dernier maquillage, camouflĂ©, de toucher du jasmin aux lĂšvres et de khĂŽl arabe aux yeux â avant que mon miroir sâobscurcisse devant Son incendie. (âŠ) »[11].
HospitalisĂ© Ă Bagdad, il est donnĂ© pour mort mais il sâen sort et dĂ©cide de rentrer en France par Alep puis Beyrouth. En route, il Ă©prouve dâautres expĂ©riences mystiques[12].
Cette conversion au contact de lâislam sâinscrit dans le contexte plus large du renouveau catholique qui, en France, voit un nombre important de jeunes gens se convertir[13]. On les appelle les "convertis de la Belle Ăpoque"[14]. Massignon va d'ailleurs rencontrer dâautres convertis, tels Paul Claudel, Jacques Maritain, ainsi que Charles de Foucauld qui a une influence dĂ©cisive sur le cours de sa vie et devient l'un de ses maĂźtres spirituels[15].
En 1914, il Ă©pouse sa cousine, Marcelle Dansaert et sâinstalle Ă Paris, 21 rue Monsieur[16]. Ils auront trois enfants : Yves (1915-1935) , Daniel (physicien, 1919-2000) et GeneviĂšve (ethnolinguiste, 1921-1966)[17] dont Paul Claudel est le parrain.
PremiĂšre Guerre mondiale
MobilisĂ© en 1914, il intĂšgre le service de presse du ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres, bientĂŽt repliĂ© Ă Bordeaux, oĂč il cĂŽtoie entre autres Paul Morand et Jean Giraudoux. Il est ensuite affectĂ© au 1er rĂ©giment de zouaves Ă Saint-Denis, avant de rejoindre le front dâOrient dans les Dardanelles. Sur le conseil de Foucauld, il demande Ă quitter lâĂ©tat-major pour passer dans la troupe et endure les combats dans les tranchĂ©es de MacĂ©doine. DĂ©corĂ© de la Croix de guerre, il rentre Ă Paris. EnvoyĂ© en Ăgypte comme assistant de François Georges-Picot pour la mise en Ćuvre des Accords Sykes-Picot, il dĂ©couvre les arcanes diplomatiques et rencontre T. E. Lawrence (et devient l'ami de Mark Sykes, dont il rĂ©dige un Ă©loge, en anglais, aprĂšs sa mort.)[18]. Bien que rivaux, ils entrent ensemble le 11 dĂ©cembre 1917 dans JĂ©rusalem abandonnĂ©e par les Ottomans, derriĂšre le gĂ©nĂ©ral Edmund Allenby[19].
Entre-deux-guerres
Autour des annĂ©es 1920, il poursuit son rĂŽle diplomatique, chargĂ© par Georges ClĂ©menceau de nĂ©gocier les relations avec lâĂ©mir Fayçal qui rĂȘve dâun royaume panarabe[20]. Puis il reprend ses activitĂ©s universitaires et enseigne au CollĂšge de France, continuant dâeffectuer des missions pour le Quai dâOrsay, ou bien une enquĂȘte sur les corporations au Maroc pour le marĂ©chal Lyautey. Sa vie acadĂ©mique devient plus intense, mais cela ne lâempĂȘche pas de maintenir sa vie spirituelle, notamment en lien avec Charles de Foucauld. En 1926, il participe Ă lâinauguration de la MosquĂ©e de Paris, en prĂ©sence de Gaston Doumergue, du prince marocain Moulay Youssef (futur Mohammed V), du Bey de Tunis et du cheikh Ahmed Al-Alawi. LâannĂ©e suivante, il est nommĂ© Ă la Commission interministĂ©rielle des Affaires musulmanes pour le centenaire de lâAlgĂ©rie. Au cours des annĂ©es 1930, il remet sa vie spirituelle en avant, notamment aprĂšs la perte de son fils aĂźnĂ©, Yves, en 1935[21].
Seconde Guerre mondiale
Capitaine de rĂ©serve, il devient chef de bataillon dâinfanterie coloniale dans lâentre-deux-guerres. MobilisĂ© Ă sa demande en 1939, il accompagne le gĂ©nĂ©ral Weygand en mission en Orient. Lors de la grande dĂ©bĂącle, il se replie vers le sud-ouest en pensant rallier Alger, mais Weygand sây oppose. Lâarmistice signĂ©, il est dĂ©mobilisĂ© et rejoint Paris oĂč il reprend ses activitĂ©s de recherche et dâenseignement, sous lâoccupation. Le rĂ©gime de Vichy suspend son traitement de professeur car il refuse de prĂȘter serment au marĂ©chal PĂ©tain. Il nâest pas un rĂ©sistant, mais il est proche de Germaine Tillion et Claude Bourdet, membres du groupe du musĂ©e de lâHomme quâil essaiera en vain de faire libĂ©rer[22].
1945-1962
AprĂšs-guerre, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle lâenvoie en mission, dâĂgypte jusquâen Inde pour rĂ©tablir les relations culturelles de la France en Orient. Il bĂ©nĂ©ficiera dĂšs lors dâun passeport diplomatique[23]. Il bascule progressivement en faveur des dĂ©colonisations et devient un intellectuel catholique engagĂ©, prenant position pour de multiples causes (voir infra). Il est l'une des figures des libĂ©raux du Maroc qui font entendre leur voix dans le quotidien Maroc-Presse, malgrĂ© les intimidations des policiers regroupĂ©s dans La Main rouge (groupe armĂ©), Ă©manation et paravent du SDECE.
Sur cette pĂ©riode, lâimbrication entre vie savante, vie spirituelle et engagements politiques est centrale. En 1954-1955, il fonde le pĂšlerinage islamo-chrĂ©tien des Sept Dormants Ă Vieux-MarchĂ© en Bretagne afin de favoriser « une paix sereine » en pleine guerre d'AlgĂ©rie[24].
Louis Massignon meurt la nuit du . Le caveau familial est situé dans le cimetiÚre de Pordic, dans les CÎtes-d'Armor.
L'islamologue
RĂŽle dans lâislamologie française
Louis Massignon est aujourdâhui considĂ©rĂ© comme lâun des fondateurs de lâislamologie française[25]. Il a accompagnĂ© le dĂ©passement de lâorientalisme vers lâislamologie[26]. Il est reconnu pour avoir fait entrer lâĂ©tude du soufisme dans le champ acadĂ©mique. Il participe aux grands congrĂšs orientalistes, dĂšs 1905, Ă Alger oĂč il se fait dâailleurs remarquer par Ignaz Goldziher et Alfred Le Chatelier. De 1919 Ă 1924, il devient le supplĂ©ant de ce dernier, titulaire de la chaire de sociologie et sociographie musulmanes au CollĂšge de France. En 1926, il est Ă©lu Ă lâunanimitĂ© pour lui succĂ©der, jusqu'Ă sa retraite en 1954. Lâislamologue est un pilier de la Revue du monde musulman, avant de fonder lâAnnuaire du monde musulman et la Revue des Ă©tudes islamiques en 1927. Sa carriĂšre prend vite une ampleur internationale: il devient membre de lâAcadĂ©mie des sciences dâURSS, de la Royal Asiatic Society Ă Londres et de lâAcadĂ©mie de langue arabe du Caire.
En 1932, il est directeur dâĂ©tudes Ă l'Ăcole pratique des hautes Ă©tudes, succĂ©dant Ă Maurice Gaudefroy-Demombynes Ă la chaire « Islamisme et religions de lâArabie ». Il enseigne aussi Ă lâĂcole libre des sciences politiques dans le cadre du cours sur les questions relatives Ă l'empire colonial français[27]. En 1946, il est nommĂ© prĂ©sident du jury dâagrĂ©gation dâarabe.
Ă la fin de sa vie, il est membre de nombreuses acadĂ©mies Ă travers le monde, dont les acadĂ©mies royales dâAfghanistan, de Belgique, du Danemark, dâEspagne, de Hollande, dâIran, de SuĂšde, de mĂȘme que de lâAmerican Oriental Society aux Ătats-Unis, de la MorgenlĂ€ndische Gesellschaft Ă Göttingen, de lâAcademia Nazionale di Lincei Ă Rome[28], etc.
Travaux sur al-HallĂąj
AprĂšs lâavoir dĂ©couvert en Ăgypte, Massignon consacre sa thĂšse Ă la vie du soufi Mansur al-Hallaj, martyrisĂ© et crucifiĂ© Ă Bagdad en 922 (309 de lâHĂ©gire), pour des propos considĂ©rĂ©s comme hĂ©rĂ©tiques. Il aurait dit Ana al-Haqq (« je suis la VĂ©ritĂ© CrĂ©atrice »), qui sera jugĂ©e blasphĂ©matoire. Massignon a consacrĂ© de longues annĂ©es Ă la rĂ©daction de cette thĂšse qui est achevĂ©e en 1914, mais que la PremiĂšre Guerre mondiale l'empĂȘche de soutenir. Il la dĂ©pose en Sorbonne le 26 mars 1922, exactement mille ans aprĂšs le supplice de HallĂąj, et la soutient le 24 mai. IntitulĂ©e La Passion de Hallaj, elle est importante car elle intĂšgre lâĂ©tude du soufisme dans la sphĂšre acadĂ©mique. Initialement en deux volumes, il va constamment la retravailler. Elle sera republiĂ©e de façon posthume en 1975, puis 2010, chez Gallimard en quatre volumes[30] - [31].
Autres thĂšmes de recherche
Ses travaux universitaires ne se limitent pas Ă lâislamologie mais concernent aussi la poĂ©sie, la littĂ©rature, la linguistique, lâarchitecture, la science politique, lâarchĂ©ologie, etc. En matiĂšre de science religieuse, il choisit certains sujets de recherche en fonction de ses affinitĂ©s spirituelles: Abraham, un modĂšle pour tous les croyants monothĂ©istes ; FĂątima, la fille du prophĂšte Mahomet, dans ses correspondances avec la Vierge Marie ; SalmĂąn al-FarĂźsi (ou SalmĂąn PĂąk), un chrĂ©tien converti et compagnon persan du ProphĂšte ; les Sept Dormants d'ĂphĂšse ou les Gens de la Caverne (Ahl al-Kahf) dans la sourate 18 du Coran, des saints communs aux chrĂ©tiens et aux musulmans[32].
Le mystique
La rencontre de Joris-Karl Huysmans
Ă l'Ăąge de 17 ans, alors agnostique, il rencontre Joris-Karl Huysmans Ă LigugĂ©, le 27 octobre 1900. LâĂ©crivain catholique et ami de son pĂšre lui transmet les notions de âsubstitution mystiqueâ et de âcompassion rĂ©paratrice", qui seront centrales dans sa vie spirituelle aprĂšs sa conversion, consistant Ă faire don de soi pour autrui[34].
Lâinfluence de Charles de Foucauld
Ă son retour de MĂ©sopotamie oĂč il sâest converti en 1908, le jeune orientaliste reprend contact avec Charles de Foucauld, aprĂšs leur Ă©change de 1906. Lors de leur rencontre Ă Paris en 1909, ce dernier lâinvite Ă le suivre dans le Hoggar algĂ©rien, pour lui succĂ©der un jour. Il lui propose mĂȘme dâĂȘtre secrĂštement ordonnĂ©. Le jeune homme hĂ©site entre vie Ă©rĂ©mitique et vie savante dans le siĂšcle. En 1913, il choisit de se marier et de poursuivre sa thĂšse, sans pour autant renier ses aspirations mystiques. Tous deux sâĂ©changent plus de 80 lettres[35]. Ă la mort de lâabbĂ© en 1916, il devient son exĂ©cuteur testamentaire. Il est Ă l'origine de la biographie, Ă©crite par RenĂ© Bazin, qui fera connaĂźtre la figure de lâermite de Tamanrasset. Il contribue Ă l'ouverture du procĂšs de canonisation en 1928, cause qui vient dâaboutir le 26 mai 2020. Toute sa vie il dĂ©fendra la mĂ©moire de ce âfrĂšre aĂźnĂ©â dont les vellĂ©itĂ©s de conversion des musulmans sont pourtant connues et problĂ©matiques[36].
La Badaliya
En 1931, il entre dans le Tiers ordre franciscain, sous le nom dâAbraham (Ibrahim), bientĂŽt rejoint par son amie Ă©gyptienne, Mary Kahil[37].
En 1934, tous deux fondent Ă Damiette un groupe de priĂšre pour le salut des musulmans et non pour leur conversion. La âBadaliyaâ signifie âsubstitutionâ en arabe. Massignon reprend le principe de âsubstitution mystiqueâ transmis par Huysmans en 1900. Il sâagit de souffrir Ă la place dâautrui. Cette crĂ©ation est bĂ©nie par Pie XI, qui qualifie au passage Massignon de âcatholique musulmanâ[38]. Des groupes Ă©mergent au Caire, Ă Rome, Ă Paris, etc.; des membres haut-placĂ©s de l'Ăglise en font partie (par exemple le cardinal Montini, futur Paul VI)[39].
Lâordination
En 1949, le pape Pie XII lâautorise Ă passer du rite latin au rite melkite oriental de langue arabe, qui accepte lâordination des hommes mariĂ©s. Le 28 janvier 1950, il devient secrĂštement prĂȘtre au Caire. Pour lui, câest une consĂ©cration. Mais cela lui vaut des remontrances, notamment de la part de son ami Paul Claudel[40]. Il ne peut pas dire de messe en public et officie de façon privĂ©e, chez lui, dans son bureau, rue Monsieur.
Le pĂšlerin
Il est un pĂšlerin insatiable, allant dâun sanctuaire Ă lâautre, y compris en dehors des frontiĂšres monothĂ©istes (Japon, Inde). Il dĂ©veloppe lâidĂ©e de âgĂ©ographie spirituelle du mondeâ qui serait parsemĂ© de lieux plus sacrĂ©s que dâautres. Il se rendra 27 fois Ă JĂ©rusalem, mais aussi Ă HĂ©bron, Ă DomrĂ©my, Ă Notre-Dame de La Salette, Ă Assise, Ă Notre-Dame de FĂĄtima, etc. En 1954-1955, il greffe un pĂšlerinage islamo-chrĂ©tien sur un pardon catholique breton dĂ©diĂ© aux Sept Dormants d'ĂphĂšse - aussi vĂ©nĂ©rĂ©s comme âGens de la Caverneâ dans la sourate 18 du Coran. Aussi convie-t-il des ouvriers algĂ©riens au hameau des Sept-Saints en Bretagne (CĂŽtes dâArmor). Il initie ce rassemblement atypique âpour une paix sereine en AlgĂ©rieâ[41]. Ce pĂšlerinage existe encore de nos jours[42].
Engagements
Louis Massignon est un mystique en politique[43]. Chez lui, engagements et foi sont inextricablement liĂ©s, comme chez Gandhi quâil admire. Lâoubli de cette dimension mĂ©ta-politique entraĂźne parfois une lecture partielle et partiale de ses prises de position souvent vĂ©hĂ©mentes car marquĂ©es au coin de lâabsolu. Qui dit spiritualitĂ© n'exclut pas des formes d'action trĂšs concrĂštes comme en tĂ©moigne sa crĂ©ation ou sa participation Ă de nombreuses associations comme La Badaliya (quâil crĂ©e Ă Damiette avec Mary Kahil en 1934), les Amis de Gandhi (quâil rejoint en 1932 et quâil prĂ©sidera en 1954), le ComitĂ© chrĂ©tien dâentente France-Islam (cofondĂ© avec AndrĂ© de Peretti et Jean Scelles en 1947 et dont fait partie Emmanuel Mounier), le ComitĂ© France-Maghreb (cofondĂ© en 1953, prĂ©sidĂ© par François Mauriac et dont les premiers adhĂ©rents sont Edgard Faure, Robert Schuman, François Mitterrand, AndrĂ© Malraux, Robert Barrat, AndrĂ© de Peretti, Albert Camus, etc. ), ou le ComitĂ© pour lâamnistie aux condamnĂ©s politiques dâoutre-mer[44].
Lâabrahamisme
Il est lâun des pĂšres de lâabrahamisme[45]. Son souci est de rĂ©concilier les religions abrahamiques, câest-Ă -dire les trois monothĂ©ismes : judaĂŻsme, christianisme et islam qui tous trois vĂ©nĂšrent en Abraham, le pĂšre des croyants. Il Ă©crit Les trois priĂšres dâAbraham autour dâIsaac (judaĂŻsme), d'IsmaĂ«l (islam) et de Sodome (homosexuels), mais la premiĂšre reste inachevĂ©e[46]. Si la rĂ©conciliation souhaitĂ©e doit sâattendre dans un horizon eschatologique (fin des temps), il prĂŽne aussi la nĂ©cessitĂ© du respect mutuel entre croyants. Ses vues vont avoir une influence officieuse dans la dĂ©claration Nostra Ătate du concile Vatican II dans ses positions envers les Ă©glises non chrĂ©tiennes, notamment lâislam, l'annĂ©e mĂȘme de sa mort en 1962. Il est souvent considĂ©rĂ© comme un prĂ©curseur du dialogue islamo-chrĂ©tien. Toutefois, on lui a parfois reprochĂ© son islamophilie, voire un certain syncrĂ©tisme[47].
LâhomosexualitĂ©
Louis Massignon a décrit à plusieurs reprises ses relations homosexuelles (notamment avec Luis de Cuadra qui sera l'un de ses amants les plus marquants[48]). Refoulant cette homosexualité aprÚs sa conversion, il a fréquemment raconté ses tourments, ses péchés et comment il a lutté contre le démon de l'attirance homosexuelle (il s'en confie à Paul Claudel, par exemple dans une lettre du 12 février 1913[49]). Par la suite, il deviendra un défenseur paradoxal de la cause homosexuelle, dans une approche abrahamique, à travers sa célÚbre priÚre à Sodome (Les trois priÚres d'Abraham, la troisiÚme étant celle pour Sodome)[50]. à partir de février 1943, Massignon, devenu religieux, effectura avec le pÚre Jean Daniélou chaque semaine une priÚre pour Sodome)[51]. Enfin Massignon entretiendra d'innombrables relations et correspondances avec la plupart des grands homosexuels de son époque (François Mauriac, Jean Genet, Roger Martin du Gard, Max Jacob, etc.), ou avec des homophiles convertis comme lui (Jacques Maritain, Charles de Foucauld etc)[52]. Selon les spécialistes de Massignon, son orientalisme sera étroitement imbriqué à son homosexualité active puis sublimée ou refoulée, comme ce fut le cas pour le maréchal Hubert Lyautey ou encore pour Arthur Rimbaud, T. E. Lawrence ou André Gide)[53].
LâhospitalitĂ©
L'hospitalitĂ© reçue des Arabes est un des piliers de sa spiritualitĂ©, de sa dĂ©marche intellectuelle et de son engagement dans la citĂ© : « Pour comprendre lâautre, il ne faut pas se lâannexer mais devenir son hĂŽte »[54].
Dans les annĂ©es 1920, il mĂšne une action sociale et dâalphabĂ©tisation en faveur des immigrĂ©s maghrĂ©bins de la rĂ©gion parisienne, puis crĂ©era lâANARF en 1948 (lâAmicale des Nord-Africains rĂ©sidant en France). Il visite aussi des dĂ©tenus - politiques ou de droit commun - maghrĂ©bins Ă la prison de Fresnes Ă partir de 1953.
La non-violence gandhienne
DĂšs 1921, il publie dans la Revue du monde musulman le texte fondamental de Gandhi, le âSatyagraha, revendication civique du vraiâ, mieux connue comme doctrine de la non-violence active. Gandhi devient un de ses plus grands maitres spirituels. Il le rencontre Ă Paris en 1931, se rend en pĂšlerinage sur sa tombe en 1953. L'annĂ©e suivante, il devient le prĂ©sident des Amis de Gandhi[55]. Lors des guerres de dĂ©colonisation, Ă l'instar du Mahatma, il privilĂ©gie les âmoyens pauvresâ que sont le jeĂ»ne, le pĂšlerinage, la priĂšre. Il mobilise dâautres formes d'action non-violentes comme le sit-in par exemple lors de la manifestation du 30 avril 1960 oĂč il est traĂźnĂ© vers les cars de police, aux cĂŽtĂ©s de son ancienne Ă©tudiante Germaine Tillion et de Lanza del Vasto, un autre gandhien.
Les décolonisations
Dâune jeunesse oĂč il se dira âfort colonialâ, il va Ă©voluer sur la question dĂ©licate de la colonisation française. Souvent sollicitĂ© par le Quai dâOrsay, il assure un rĂŽle dâexpertise sur la âquestion dâOrientâ et les affaires âmusulmanesâ des colonies et protectorats français. AprĂšs la Seconde Guerre mondiale, constatant les excĂšs du colonialisme, il devient progressivement favorable Ă lâĂ©mancipation des peuples concernĂ©s. Il suit de prĂšs la situation marocaine qui voit la destitution du sultan en aoĂ»t 1953 et participe activement Ă son retour sur le trĂŽne en 1955. DĂšs mars 1953, le futur Mohammed V lui Ă©crivait : « Ă lâami de notre MajestĂ©, Mr le Professeur Massignon, qui a su sâimprĂ©gner, mieux que quiconque, de lâĂąme musulmane et de la culture arabe, et prouver que islam et chrĂ©tientĂ© peuvent sâunir pour le bien de toute lâhumanitĂ©. Mohammed ben Youssef, Ămir des croyants »[56] - [57].
Lors de la guerre d'AlgĂ©rie, il sâindigne des violences commises de la part des indĂ©pendantistes comme des Français de lâOAS et dĂ©nonce les âdeux terrorismesâ qui se font face. Il prend publiquement position dans la presse ou dans des comitĂ©s oĂč il siĂšge avec Jean-Paul Sartre ou Albert Camus. Lors dâune confĂ©rence en 1958, il est blessĂ© par des partisans de lâAlgĂ©rie française criant : âMassignon trahison!â[58]. Il meurt quelques mois aprĂšs les accords dâEvian qui mettent fin Ă la guerre dâAlgĂ©rie[59].
Positions sur le sionisme
Dâabord sioniste dans lâentre-deux-guerres, Louis Massignon va Ă©voluer vers un antisionisme notoire. DâoĂč la nĂ©cessitĂ© dâexpliquer et de contextualiser ses prises de positions. Il faut en outre distinguer ce qui relĂšve de la confidence dans la correspondance privĂ©e des Ă©crits publics. Ses positions ont certes Ă©voluĂ© au grĂ© de lâĂ©volution gĂ©opolitique, mais elles sâorganisent autour dâun noyau constant : dans une perspective eschatologique et prophĂ©tique, le peuple juif a vocation Ă revenir en Palestine, accomplissant la promesse divine de la terre promise faite aux fils dâIsraĂ«l. Le sionisme est donc lĂ©gitime sauf sâil devient athĂ©e, matĂ©rialiste et techniciste, en rupture avec cette vocation sainte. Ă ce titre, la position de Louis Massignon nâest pas sans rappeler celles de nombreux juifs ultra-orthodoxes qui, dĂšs les annĂ©es 1880, dĂ©noncĂšrent comme « un acte de rĂ©bellion contre Dieu »[60], lâexistence dâun sionisme laĂŻque qui, par des moyens modernes, sĂ©culariserait lâespĂ©rance juive bimillĂ©naire du retour Ă Sion.
Jeune homme, il se lie dâamitiĂ© avec Jean-Richard Bloch, « lui encore passionnĂ©ment juif, moi insuffisamment chrĂ©tien »[61] et choisit pour mentor lâislamologue juif hongrois, Ignaz Goldziher[62] - [63]. Parmi ses professeurs juifs, on compte aussi Hartwig Derenbourg, son maĂźtre Ă lâEPHE, qui l'encourage Ă Ă©tudier Hallaj, et lâindianiste Sylvain LĂ©vi, professeur au CollĂšge de France, oncle de Jean-Richard Bloch, qui soutient sa candidature au sein de cette institution en 1926. Tous deux sont membres dirigeants de l'Alliance israĂ«lite universelle[64]. Parmi ses collĂšgues juifs, on peut aussi citer LĂ©vi Billig, Shlomo Pines et Paul Kraus, beau-frĂšre de LĂ©o Strauss et Ă©diteur de La Passion de HallĂąj.
Au lendemain de la PremiĂšre Guerre mondiale et dans la continuitĂ© des accords Sykes-Picot, le Quai dâOrsay le charge de nĂ©gocier avec Fayçal pour la Syrie et avec ChaĂŻm Weizmann pour la crĂ©ation du « Foyer national juif » en Palestine conformĂ©ment Ă la DĂ©claration Balfour[65]. Il a connu HaĂŻm Weizmann, le premier prĂ©sident de l'Ătat d'IsraĂ«l, et l'agronome Aaron Aaronsohn Ă JĂ©rusalem, oĂč il a visitĂ© des fermes agricoles : « Jâai visitĂ© une colonie oĂč jâai vu des IsraĂ©lites qui avaient sacrifiĂ© un avenir dans les professions libĂ©rales pour sâoccuper eux-mĂȘmes de travaux de la terre. Le travail de la terre, câest la pierre fondamentale. Si les israĂ©lites veulent se consacrer au travail de la terre, le sionisme sera fondĂ©. JâespĂšre quâon y arrivera »[66].
« Il y a des milliers de gens qui se disent sionistes et qui nâont pas oubliĂ© que leurs ancĂȘtres ont Ă©tĂ© chassĂ©s de Palestine. Ils se souviennent de leurs morts, et cela suffit pour crĂ©er un droit Ă revenir prĂšs dâune tombe »[66].
« Tout ce qui contribue Ă la renaissance dâIsraĂ«l mâest particuliĂšrement cher »[67].
Il est alors prosioniste[68] - [69]. En 1925, il corĂ©dige un « Rapport sur le sionisme », adressĂ© au pape Pie XI en 1925, pour obtenir son soutien "pour les Juifs convertis au catholicisme qui souhaiteraient participer Ă lâĆuvre commune de la rĂ©surrection dâIsraĂ«l"[70]. « Cependant, les procĂ©dĂ©s "colonisateurs" et lâathĂ©isme affichĂ© de nombreux dirigeants sionistes, allant Ă lâencontre des convictions religieuses des Arabes autochtones chrĂ©tiens et musulmans, provoquent peu Ă peu chez Massignon un revirement total qui lui dicte Ă lâĂ©gard des Juifs des "propos excessifs" »[71]. Son pro-arabisme lâemportera. Le pic est atteint en 1938 lorsquâil confie une « crise dâantisĂ©mitisme » Ă Mary KahĂźl, attitude quâil regrettera : « Les intrigues des rĂ©fugiĂ©s juifs en France mâont fait passer par une crise dâantisĂ©mitisme oĂč je me suis disputĂ© avec les Maritain et Georges Cattaui. Je me suis rassĂ©rĂ©nĂ© mais ils doivent mâen garder quelque amertume »[72]. En effet, dans sa correspondance, il Ă©met des propos hostiles envers les juifs rĂ©fugiĂ©s en France. Certains de ses propos qualifiĂ©s de racistes (« au sang dâune toxicitĂ© certaine »)[73] relĂšvent de lâantisĂ©mitisme ambiant dâavant-guerre[74]. Cependant, le passage incriminĂ© relĂšve de la correspondance privĂ©e, et non dâun Ă©crit destinĂ© Ă la publication et qui pourrait, par lĂ , inciter Ă la haine raciale. Cette « crise dâantisĂ©mitisme » est balayĂ©e par la guerre[75]. Sous lâOccupation, il aide par ses relations plusieurs intellectuels juifs, tel Georges Vajda, Ă passer en zone libre[76]. Son traitement de professeur est suspendu car il refuse de prĂȘter serment au rĂ©gime de Vichy. La Gestapo descend chez lui, mais sa femme a pu cacher en Bretagne le fichier dâadresses de lâassociation du Foyer judĂ©o-catholique dont il a Ă©tĂ© vice-prĂ©sident dans les annĂ©es 1930[77].
En 1947, il est explicitement antisioniste. Il sâindigne du plan de partition de la Palestine, considĂ©rant que la Terre sainte « ne devrait pas ĂȘtre un objet de partage entre privilĂ©giĂ©s, mais la tunique sans couture de la rĂ©conciliation mondiale, un lieu dâintime mĂ©lange entre tous »[78]. Il plaide mĂȘme pour lâinternationalisation des lieux saints et que lâONU sâinstalle Ă JĂ©rusalem. Ă lâissue de la PremiĂšre guerre israĂ©lo-arabe, il prend la dĂ©fense des centaines de milliers de rĂ©fugiĂ©s palestiniens : « Le problĂšme de lâhospitalitĂ©Ì domine toute la question de la paix dans la justice. Tant que nous ne traiterons pas les personnes dĂ©placĂ©es comme des hĂŽtes de Dieu, nous ne trouverons pas de solution »[79].
Au cours des annĂ©es 1950, il est proche du rabbin Judah Leon Magnes, fondateur de lâUniversitĂ© HĂ©braĂŻque de JĂ©rusalem, et du philosophe Martin Buber, tous deux membres du parti sioniste Ihud (UnitĂ©Ì) et favorables Ă une solution pacifique et Ă un Ătat binational. Sur le plan spirituel, Massignon et ses amis de la Badaliya jeĂ»nent chaque annĂ©e pour la fĂȘte de Yom Kippour en solidaritĂ© et pour la rĂ©conciliation en Terre sainte. Toutefois, le chrĂ©tien quâil est se dit blessĂ© du mauvais traitement de la Vierge Marie dans certains passages du Talmud, envisagĂ©e comme une femme adultĂšre. Selon lui, point de paix en Palestine ou dans le monde tant « quâIsraĂ«l ne rĂ©visera pas le procĂšs de la MĂšre de JĂ©sus »[80].
Ćuvres
L'Ćuvre de Massignon est plĂ©thorique, si bien quâil est qualifiĂ© dans les Ăcrits MĂ©morables (2009) de « savant Ă la production ocĂ©anique »[81]. Pour une bibliographie exhaustive, voir Louis Massignon, Ăcrits MĂ©morables, Robert Laffont, coll. Bouquins, tome II, 2009, p. 941-997.
- Correspondance Jacques Maritain-Louis Massignon 1913-1962, transcrit, annoté et présenté par François Angelier, Michel Fourcade et René Mougel, Desclée de Brouwer, 2020, 900p. (ISBN 9782220092027)
- GĂ©rard D. Khoury, Louis Massignon au Levant. Ăcrits politiques, 1907-1955, Albin Michel, 2019.
- Paul Claudel-Louis Massignon, Correspondance 1908-1953, nouvelle éd. augmentée, présentée et annotée par Dominique Millet-Gérard, Gallimard, 2012.
- Badaliya, au nom de lâautre, 1947-1962, prĂ©sentĂ© et annotĂ© par Maurice Borrmans et Françoise Jacquin, Cerf, 2011.
- La Passion de HallĂąj, Paris, Gallimard, 1975, 4 vol., nouvelle Ă©d. Gallimard 2010 (trad. anglaise par Herbert Mason, The Passion of HallĂąj, Princeton, 1982).
- Ăcrits MĂ©morables, 178 textes (pour certains inĂ©dits) Ă©tablis, prĂ©sentĂ©s et annotĂ©s sous la direction de Christian Jambet, par François Angelier, François L'Yvonnet et SouĂąd Ayada, Robert Laffont, coll. "Bouquins", 2 volumes, 2009 (ISBN 978-2-221-91476-2)
- Massignon-Abd-el-Jalil. Parrain et filleul. 1926-1962. Correspondance, rassemblĂ©e et annotĂ©e par Françoise Jacquin. PrĂ©face par Maurice Borrmans, Ăditions du Cerf, 2007.
- Autour d'une Conversion : lettres de Louis Massignon et de ses parents au PÚre Anastase de Bagdad, Textes choisis et annotés par Daniel Massignon, Cerf, 2004.
- Essai sur les origines du lexique technique de la mystique musulmane, Cerf, 1999 (1re Ă©dition, Vrin, 1954).
- La Guerre sainte suprĂȘme de l'Islam arabe, Ăditions Fata Morgana, 1998
- Les Trois PriĂšres d'Abraham, Cerf, 1997.
- L'aventure de l'amour de Dieu, 80 lettres inédites de Charles de Foucauld à Louis Massignon, textes rassemblés par Jean-François Six, Seuil, 1993
- Examen du « Présent de l'homme lettré » par Abdallah Ibn Al-Torjoman, PISAI, Roma, 1992.
- Dßwùn. PoÚmes de Husayn Mansûr Hallùj, traduits de l'arabe et présentés par Louis Massignon, (Cahiers du Sud, 1955), Seuil, 1981. Poche, 1992.
- Parole donnée, Paris, Seuil, 1983, (Julliard, 1962).
- Akhbar Al-HallĂąj, Recueil d'oraisons et d'exhortations du martyr mystique de l'Islam, Vrin, collection « Ătudes musulmanes », 1975. Edition bilingue.
- Opera minora, Paris, PUF, 1969, 3 vol. (réédition de l'édition de Beyrouth, 1963), choix de textes édités par Youakim Moubarac.
Bibliographie
- Manoël Pénicaud, Louis Massignon, le "catholique musulman", Bayard, 2020, 432p. (ISBN 978-2-227-48939-4)
- Ollivry Florence, Louis Massignon et la mystique musulmane. Analyse historiographique, mĂ©thodologique et rĂ©flexive dâune contribution Ă lâislamologie, sous la direction de Pierre Lory et de Patrice Brodeur. - Paris Sciences et Lettres (ComUE) UniversitĂ© de MontrĂ©al et de lâUniversitĂ© de recherche Paris Sciences et Lettres, Ăcole Pratique des Hautes Ătudes. Soutenue le 3 dĂ©cembre 2019.
- Jacques Keryell, Louis Massignon de lâart des mots au goĂ»t de Dieu, Chemins de dialogue, 2018.
- Laure Meesemaecker, Louis Massignon et le langage. Le miroir sombre et la langue des larmes, Ăditions HonorĂ© Champion, 2017
- Françoise Jacquin, Louis Massignon, hÎte de l'Etranger, Chemins de dialogue, 2016.
- Manoël Pénicaud, Le réveil des Sept Dormants. Un pÚlerinage islamo-chrétien en Bretagne, préface de Thierry Zarcone, Le Cerf, 2016 (2014)
- Kandeel Ammar, Edward Said face à Louis Massignon : une fascination orientaliste, sous la direction de Pierre-Marie Héron et de Daniel Lançon, ThÚse Montpellier 3, soutenue en 2016.
- Christian Destremau, Jean Moncelon, Louis Massignon, «le cheikh admirable», Collection Tempus, Ăditeur Perrin, 2011 (1re ed. Plon, 1994) http://www.moncelon.fr
- Laure Meesemaecker, L'autre visage de Louis Massignon, préface de Ghaleb Bencheikh, Via Romana, 2011 (ISBN 978-2-916727-89-9).
- Jacques Keryell, Louis Massignon, la grùce de Bagdad, préface : Monseigneur Henri Tessier et Yves Floucat, Ed. Pierre Téqui, 2010.
- Yves Leclair, Ăcrits MĂ©morables de Louis Massignon, Encyclopaedia Universalis, 2010.
- Maurice Borrmans, ProphÚtes du dialogue islamo-chrétien, L. Massignon, J.-M. Abd-el-Jalil, L. Gardet, et G.C. Anawati, Cerf, 2009.
- Louis Massignon et le Maroc, une Parole Donnée, Actes du Colloque de Rabat, 10-11 février 2006, Fondation du Roi Abdul-Aziz, 2008
- Gabriel Bounoure et Salah Stétié, Louis Massignon, Saint-Clément-de-RiviÚre, Fata Morgana, 2008.
- Jean-François Six, Le grand rĂȘve de Charles de Foucauld et Louis Massignon, Paris, Albin Michel, 2008, 374 p. (ISBN 978-2-226-18276-0)
- Henry Laurens, La place de Massignon dans la politique musulmane de la IIIe RĂ©publique in Orientales II. La IIIe RĂ©publique et l'Islam, CNRS, 2004, pp. 217-249
- Dorothy C. Buck, Dialogues with Saints and Mystics in the Spirit of Louis Massignon, KNP, 2002.
- Daniel Massignon, Le voyage en Mésopotamie et la conversion de Louis Massignon en 1908, (1988), Préface de Jean Lacouture, Cerf, 2001 ; (1re édition, 1988).
- Patrick Laude , Massignon intĂ©rieur , coll., Delphica, Ă©dition L'Ăge d'Homme, Lausanne & Paris, 2000.
- Louis Massignon au cĆur de notre temps, sous la direction de Jacques Keryell, Paris, Karthala, 1999.
- Louis Massignon et ses contemporains, sous la direction de Jacques Keryell, Paris, Karthala, 1997.
- Collectif, Louis Massignon et le dialogue des cultures, édité par Daniel Massignon, Cerf, 1996.
- Mary Louise Gude, Louis Massignon: The Crucible of Compassion, University of Notre Dame Press, 1996.
- Pierre Rocalve, Louis Massignon et l'Islam, Institut français de Damas, 1993.
- Collectif Louis Massignon. Mystique en dialogue, Paris, Albin Michel, numéro spécial de « Question de », N° 90, 1992.
- Herbert Mason, Massignon - Chronique d'une amitié, Desclée de Brouwer, 1990.
- Vincent-Mansour Monteil, Le Linceul de feu, Vegapress, 1987 (un témoignage privilégié).
- Jacques Keryell, Louis Massignon, l'Hospitalité sacrée, Nouvelle Cité, 1987
- Collectif, Présence de Louis Massignon, Paris, Maisonneuve et Larose, 1987.
- Combats pour l'Homme, Centenaire de la naissance de Louis Massignon, UNESCO, Paris, 1983.
- Guy Harpigny, Islam et Christianisme selon Louis Massignon , Louvain-la-Neuve, 1981 (la premiÚre thÚse consacrée à Louis Massignon)
- Collectif, Cahier Massignon , dir. par Jean-François Six, L'Herne , 1970.
- Camille Drevet, Massignon et Gandhi, Le Cerf, 1967
- Jean Morillon , Massignon , Classiques du XXe siĂšcle , 1964
- J.-J. Waardenburg , L'Islam dans le miroir de l'Occident , Mouton, 1962.
- MĂ©morial Louis Massignon , Dar el-Salam, 1963 (hors commerce). Sous la direction de Youakim Moubarac et des textes arabes de Ibrahim Madkour, Abd al-Rahman Badawi, Taha Hussein, etc.
- « Hommage à Louis Massignon », Revue de la Faculté des Lettres de Téhéran , X, 1962.
- « Hommage à Louis Massignon », Les Lettres françaises , . (avec un éditorial de Louis Aragon).
- The mystical vision of Louis Massignon: Islam inspired scholar's gratitude, life work and Christian faith National Catholic Reporter, 17 décembre 2004 de Jerry Ryan
Postérité
Hommages
Quelques jours aprĂšs sa mort, le 31 octobre 1962, Louis Aragon Ă©crivait dans un numĂ©ro spĂ©cial des Lettres françaises : « Un des hommes qui signifie la France vient de disparaĂźtre. » LâathĂ©e quâil est lui rend un vibrant hommage, suivi de François Mauriac, Taha Hussein, Charles-AndrĂ© Julien, RĂ©gis BlachĂšre, etc., tandis que Jacques Berque salue en lui le âCheikh admirableâ.
En 1970, un cahier de lâHerne consacrĂ© Ă Massignon rassemble plus dâune soixantaine de tĂ©moignages dont ceux dâEdmond Michelet, Charles-AndrĂ© Julien, Jacques Nantet, Gabriel Bounoure, Ibrahim Madkour, AndrĂ© Chouraqui, Eva de Vitray-Meyerovitch, Henri Laoust, Stanislas Fumet, François Nourissier, Jacques Maritain, Henri-IrĂ©nĂ©e Marrou, RenĂ© Voillaume, Serge de Beaurecueil, Henry Corbin[82]âŠ
En 1976, Romain Gary, dans La Nuit sera calme, Ă©voque sa rencontre avec Louis Massignon: « Teilhard de Chardin eut chez moi une rencontre avec Massignon, qui Ă©tait probablement le plus grand islamisant français du siĂšcle⊠C'Ă©tait au physique et au spirituel le contraire de Teilhard, une Ăąme sur charbons ardents Ă mille annĂ©es-lumiĂšre de la paix intĂ©rieure⊠Un fil d'acier, chauffĂ© Ă blanc, vibrant, toujours prĂȘt Ă se rompre, une foi chrĂ©tienne dĂ©vorante, touchĂ© de mysticisme islamique et de ces petits feux de l'enfer qu'entretient une sexualitĂ© fourvoyĂ©e⊠Cela donnait une musique arabo-judĂ©o-chrĂ©tienne admirable, une trĂšs belle contribution artistique⊠Il avait un physique fragile de vieillard adolescent, un corbeau gris et translucide, avec un de ces regards noirs, brĂ»lants, Ă vous faire des trous dans votre veston⊠»[83]
Critiques
L'Ćuvre de Louis Massignon n'est pas Ă©pargnĂ©e par les critiques, parfois acerbes. Lâun de ses Ă©tudiants, Maxime Rodinson a signĂ© un texte intitulĂ© âCe nâĂ©tait pas un saintâ[84], ce qui aide Ă relativiser la portĂ©e de certains ouvrages Ă tendance hagiographique.
Depuis les travaux dâEdward SaĂŻd, il est avĂ©rĂ© que lâorientalisme a parfois servi de caution scientifique au projet colonial et impĂ©rialiste de lâOccident. Edward SaĂŻd considĂšre la figure de Al-HallĂąj comme "non pertinente", marginale, non reprĂ©sentative de l'islam[85]. Cependant, il reconnaĂźt tout de mĂȘme que lâune des grandes rĂ©ussites de Louis Massignon « a Ă©tĂ© de rendre lâĂ©rudition traditionnelle utile pour le monde politique moderne »[86].
L'influence de sa foi catholique sur ses travaux est Ă©galement sujette Ă controverse. En 1908, il a par exemple voulu voir dans la crucifixion de Hallaj le signe quâil Ă©tait mort chrĂ©tien, avant de reconnaĂźtre quâil Ă©tait bien mort musulman. Il est avĂ©rĂ© que sa mystique personnelle a influencĂ© ses travaux sur la mystique musulmane[87].
PrĂšs de soixante ans aprĂšs sa mort, lâĆuvre de Massignon continue de faire lâobjet de travaux universitaires (colloques, thĂšses, articles, ouvrages) qui permettent de dĂ©passionner des sujets sensibles et de dĂ©passer des polĂ©miques (accusations dâespionnage, antisionisme voire antisĂ©mitisme, rapports Ă la colonisation et Ă lâhomosexualitĂ©).
Association
En 1965, est fondĂ©e lâAssociation des Amis de Louis Massignon, visant Ă "veiller Ă l'Ă©dition, Ă la rĂ©Ă©dition, Ă toute traduction des Ćuvres de Louis Massignon, honorer sa mĂ©moire et perpĂ©tuer son Ćuvre et sa pensĂ©e". Henri MassĂ© (membre de lâInstitut) en est le prĂ©sident dâhonneur, et Henri Laoust (CollĂšge de France), le prĂ©sident. Le bureau est constituĂ© de Gaston Wiet (CollĂšge de France), Jacques Berque (CollĂšge de France), Henri Cazelles (Institut Catholique de Paris), François de Laboulaye (ministre plĂ©nipotentiaire), Jean Scelles (ancien parlementaire), GeneviĂšve Massignon (CNRS) et Daniel Massignon (CEA). Entre 1994 et 2009, cette association a publiĂ© 23 numĂ©ros dâun Bulletin qui dĂ©voile des sources inĂ©dites sur Louis Massignon autour de grands thĂšmes (âLâhospitalitĂ©â, âLe pĂšlerinageâ, âGermaine Tillion et Louis MassignonââŠ). Lâassociation a cessĂ© ses activitĂ©s en 2017.
Ătudiants
Parmi ses Ă©tudiants figurent :
- Georges Chehata Anawati , dominicain Ă©gyptien fondateur de l'Institut dominicain d'Ă©tudes orientales (IDEO) au Caire.
- Mohammed Arkoun, intellectuel algérien, philosophe et islamologue, spécialiste des courants libéraux et humanistes en islam
- Roger Arnaldez, philosophe des religions et linguiste impliqué dans le dialogue islamo-chrétien
- AbdurrahmĂąn BadawĂź, penseur et philosophe islamique Ă©gyptien
- Najm oud-Dine Bammate, intellectuel, Ă©crivain, homme de mĂ©dias et islamologue franco-afghan responsable du programme Orient-Occident Ă lâUNESCO
- Jean Mohamed Ben Abdejlil , son filleul, converti de l'islam et devenu prĂȘtre catholique franciscain
- Jacques Berque, professeur au CollĂšge de France, traducteur du Coran (2002)
- RĂ©gis BlachĂšre, islamologue et traducteur du Coran (1947), dans une optique historico-critique
- Boutros Boutros-Ghali , diplomate Ă©gypien, 6e secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de lâONU (1992-1996), puis 1er secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la Francophonie (1997-2002)
- Henry Corbin , philosophe et grand spécialiste du grand mystique chiite Sohrawardi (Cheikh Al-Ishraq)
- Louis Gardet, petit frĂšre de Foucauld, spĂ©cialiste de lâislam et de la mystique comparĂ©e; consultant auprĂšs du SecrĂ©tariat pour les Non ChrĂ©tiens du Vatican
- Jean Gaulmier , sociologue, professeur et Ă©crivain
- Muhammad Hamidullah, théologien, philosophe et savant musulman, traducteur du Coran en Français préfacé par Louis Massignon.
- Taha Hussein, universitaire, Ă©crivain et homme politique Ă©gyptien
- James Kritzeck (en), universitaire américain spécialiste de la poésie et de la littérature islamique (en)
- Abdel-Halim Mahmoud, grand cheikh de l'Université al-Azhar au Caire
- Ămile Janier, dernier directeur de la MĂ©dersa de Tlemcen
- Henri Laoust, successeur de Louis Massignon au CollĂšge de France et 1er prĂ©sident de lâAssociation des Amis de Louis Massignon
- Ibrahim Madkour, PrĂ©sident de lâAcadĂ©mie arabe du Caire
- Herbert Mason, écrivain, poÚte et islamologue américain traducteur des 4 volumes de La Passion de Hallùj (en)
- Denise Masson, islamologue et traductrice du Coran, La Pléiade, 1967
- Jean Morillon, diplomate et premier biographe de Louis Massignon
- Youakim Moubarac , prĂȘtre maronite et islamologue au CNRS, secrĂ©taire de Louis Massignon de 1950 Ă 1962
- George Makdisi (en), islamologue américain, spécialiste du théologien et uléma du XIe siÚcle, Ibn Aqil
- Vincent Mansour Monteil, officier des affaires indigÚnes, résistant et expert, devenu islamologue
- André Miquel, titulaire de la chaire de langue et de littérature arabe au CollÚge de France
- Maxime Rodinson, sociologue du monde musulman, militant communiste et de la cause palestinienne
- 'AlĂź SharĂź'atĂź, sociologue, philosophe et militant politique iranien
- Salah Stétié , poÚte et diplomate libanais, représentant du Liban à l'UNESCO
- Germaine Tillion, ethnologue et résistante, inhumée au Panthéon depuis 2015
- Eva de Vitray-Meyerovitch , chercheuse, traductrice et écrivaine, convertie à l'islam et spécialiste de Djalùl ad-Dßn Rûmß
Honneurs
- Le lycĂ©e français d'Abu Dabi, aux Ămirats arabes unis, porte le nom de Louis Massignon, depuis 1982.
- Le groupe scolaire Louis-Massignon, Ă Casablanca au Maroc.
Notes et références
Sources
- Manoël Pénicaud, Louis Massignon : le « catholique musulman », Paris, Bayard, 2020, 432p.
- Christian Destremau, Jean Moncelon, Louis Massignon, « le cheikh admirable », Paris, Perrin, coll. « Tempus », 2011 [Plon, 1994]
- Louis Massignon, Ăcrits MĂ©morables, sous la direction de Christian Jambet, avec F. Angelier, F. LâYvonnet et SouĂąd Ayada (2 vol.), Laffont, Bouquins, 2009 / RepĂšres biographiques, T.I, pp. XXIX-LXXX.
Notes et références
- Acte de naissance à Nogent-sur-Marne, n° 154, vues 110-111/227, avec mentions marginales du mariage à Saint-Gilles (Bruxelles) en 1914 et du décÚs à Suresnes en 1962.
- Pénicaud Manoël, Louis Massignon : le "catholique musulman", Paris, Bayard, (OCLC 1142393160)
- Christian Destremau et Jean Moncelon, Louis Massignon, «le cheikh admirable», Collection Tempus, Ăditeur Perrin, 2011 (1 Ăšre ed. Plon, 1994)
- Louis Massignon, Ăcrits mĂ©morables, sous la direction de Christian Jambet, avec F. Angelier, F. LâYvonnet et SouĂąd Ayada (2 vol.), Bouquins Laffont, 2009 / RepĂšres biographiques, T.I, p. XXIX
- Louis Massignon, Le Maroc dans les premiÚres années du XVIe siÚcle: tableau géographique d'aprÚs Léon l'Africain, Alger, G. Binger, (lire en ligne)
- Louis Massignon, « LâamitiĂ© de Jean-Richard Bloch », Opera Minora, Textes recueillis, classĂ©s et prĂ©sentĂ©s par Youakim Moubarac, Presses Universitaires de France, 1969, (1re Ă©d. 1963), Tome III, p. 545-555. PubliĂ© aussi dans le Bulletin de l'Association des Amis de Louis Massignon, n°9, 1999, p. 11-12
- Daniel Massignon, « Les amitiĂ©s de rĂ©giment de Louis Massignon (1902-1903). Sa rencontre avec Jean-Richard Bloch et Roger Martin du Gard », Bulletin de l'Association des Amis de Louis Massignon, n°9,â , p. 4-12
- François Angelier, « Louis Massignon », sur FranceArchives (consulté le )
- Manoël Pénicaud, Louis Massignon, le "catholique musulman", Bayard, 2020, p. 53-73
- Daniel Massignon (préf. de Jean Lacouture), Le voyage en Mésopotamie et la conversion de Louis Massignon en 1908, Paris, Cerf, , 96 p. (ISBN 978-2-204-06581-8)
- Louis Massignon, « RĂ©ponse Ă lââEnquĂȘte sur lâidĂ©e de Dieu et ses consĂ©quencesâ [1955] », dans Ăcrits MĂ©morables, vol. I, Paris, Laffont, coll. « Bouquins », , p. 6-7
- Manoël Pénicaud, Louis Massignon, le "catholique musulman", Bayard, 2020, p. 73-111
- FrĂ©dĂ©ric Gugelot, La Conversion des Intellectuels au Catholicisme en France, 1885-1935, Paris, CNRS Ăditions, 2010 (1998)
- Henriette Psichari, Les convertis de la Belle Ă©poque, Ăditions rationalistes,
- Manoël Pénicaud, Louis Massignon, le "catholique musulman", Bayard, 2020, p. 111-130
- Manoël Pénicaud, Louis Massignon, le "catholique musulman", Bayard, 2020, p.130-135
- Fonds GeneviÚve Massignon à la BNF [lire en ligne (page consultée le 26 novembre 2020)]
- D'aprÚs Henry Laurens, cours au CollÚge de France sur la réorganisation du Moyen-Orient consécutive à la PremiÚre Guerre Mondiale (Conf. 7/12). Diffusé par FC le 27 octobre 2020. Ce texte est publié dans les : Opera minora. Textes recueillis, classés et présentés avec une bibliographie, Beyrout, 1963.
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Voir aussi
Articles connexes
Bases de données et notices
- Ressources relatives Ă la recherche :
- Ressource relative Ă la religion :
- Ressource relative aux militaires :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Base LĂ©onore
Sites internet
- Nouveau site officiel dédié à Louis Massignon, publié en juillet 2021: http://louismassignon.fr.
- D'Orient et d'Occident : site de Jean Moncelon comprenant des pages consacrées à Louis Massignon, dont une longue bibliographie
- ĂlĂ©ments biographiques, aperçu sur l'Ćuvre et le texte du Nostra Ătate (Vatican II)