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Louis Massignon

Louis Massignon, né le à Nogent-sur-Marne et mort le à Suresnes[1], est un universitaire et islamologue catholique français.

Louis Massignon
Louis Massignon en 1909 à l'université al-Azhar.
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  79 ans)
Suresnes
SĂ©pulture
CimetiĂšre de Pordic (d)
Nom de naissance
Louis Fernand Jules Massignon
Nationalité
Formation
Activité
PĂšre
Enfants
Yves Massignon (d)
Daniel Massignon (d)
GeneviĂšve Massignon

Professeur au CollĂšge de France de 1926 Ă  1954, il a contribuĂ© Ă  une meilleure connaissance de l’islam sur le plan acadĂ©mique, tout en prĂŽnant sur le plan spirituel la nĂ©cessitĂ© de la rĂ©conciliation des religions abrahamiques. Il est en cela un prĂ©curseur du dialogue interreligieux.

Parfois controversé, Louis Massignon est une figure complexe à saisir, pétrie de plusieurs dimensions (scientifique, politique, spirituelle), imbriquées les unes aux autres.

Biographie

Enfance et famille

Descendant d’une famille originaire du Pays de Bray (Forges les Eaux), son pĂšre, Ferdinand Massignon est mieux connu sous son nom d'artiste Pierre Roche. Sculpteur et graveur, il fait partie du courant art nouveau et symboliste, sans nĂ©gliger la veine rĂ©gionaliste bretonne, rĂ©gion oĂč il bĂątit et dĂ©core une maison, prĂšs de Pordic (CĂŽtes d’Armor), lieu de villĂ©giature familiale. Il Ă©pouse Marie Hovyn, issue d’une famille de tisserands du Nord de la France. De leur union naĂźt Louis. Sa mĂšre est une chrĂ©tienne pratiquante. Son pĂšre est incroyant, et rationaliste, mais il est proche des milieux d'avant-garde, et d'amis chrĂ©tiens convertis comme Charles-Marie Dulac ou Joris-Karl Huysmans. Louis est le fruit d'un couple mais aussi d'un siĂšcle, celui de la troisiĂšme RĂ©publique, oĂč s'affrontent esprit clĂ©rical et esprit laĂŻc[2] - [3]. TrĂšs jeune, il est tiraillĂ© entre ces deux aspirations incarnĂ©es par ses parents. Son Ɠuvre se tourne entiĂšrement vers ces deux postulations[4].

Études, jeunesse et incroyance

À Paris, il suit d'abord ses Ă©tudes au lycĂ©e Montaigne. En 1896, ĂągĂ© de treize ans, il entre au lycĂ©e Louis-le-Grand et se lie d’amitiĂ© avec le futur sinologue Henri Maspero, fils de l’égyptologue Gaston Maspero. Tous deux se passionnent pour les sciences, la botanique, la linguistique, l’ethnologie et les expĂ©ditions coloniales. EncouragĂ© par son pĂšre, il voyage seul en 1898, en Autriche et en Allemagne, puis en Italie avec ses parents en 1899. Progressivement, il bascule dans l'incroyance.

En 1900, il est titulaire d’un baccalaurĂ©at de philosophie, puis de mathĂ©matiques l’annĂ©e suivante. Le 27 octobre, sur le conseil de son pĂšre, il rencontre l'Ă©crivain catholique Joris-Karl Huysmans Ă  LigugĂ©. Cette entrevue qui dure six heures marquera plus tard sa spiritualitĂ©[2] - [3].

AprĂšs avoir passĂ© sa licence Ăšs lettres en 1902, il consacre son diplĂŽme d'Ă©tudes supĂ©rieures d’histoire et de gĂ©ographie au voyageur et gĂ©ographe musulman du xvie siĂšcle Hassan al-Wazzan, alias LĂ©on l'Africain, avec comme mĂ©moire le Tableau gĂ©ographique du Maroc dans les quinze premiĂšres annĂ©es du xvie siĂšcle d'aprĂšs LĂ©on l'Africain[5].

En 1902 et 1903, il fait son service militaire durant lequel il se lie d’amitiĂ© notamment avec Jean-Richard Bloch, Roger Martin du Gard ou AndrĂ© Siegfried[6] - [7].

DĂ©couverte de l'Orient et de l'islam

DĂšs 1901, il entreprend un premier voyage Ă  Alger. En 1904, il se lance au Maroc dans une expĂ©dition entre Tanger et FĂšs, avec le sculpteur Pierre Sainte, ami de son pĂšre, pour confronter sur place les observations recueillies dans son mĂ©moire sur LĂ©on l'Africain. L'intĂ©rĂȘt qui le pousse vers le monde musulman se mue en passion et il se jure alors d’apprendre l’arabe[8].

Plongé dans l'étude du Maroc, il transmet ses travaux via Henry de Castries et Hubert Lyautey à Charles de Foucauld, dont il a beaucoup apprécié l'ouvrage Reconnaissance au Maroc (1888). Ce dernier lui répond qu'il prie pour lui, mais, à ce moment-là, le jeune Massignon ne réagit pas.

En 1906, il sort diplĂŽmĂ© d’arabe littĂ©raire et vulgaire Ă  l’École des langues orientales vivantes, tout en suivant les cours d’Hartwig Derenbourg Ă  l’École Pratique des Hautes Études et d’Alfred Le Chatelier au CollĂšge de France. L’annĂ©e suivante, il est nommĂ© Ă  l’Institut français d’ArchĂ©ologie Orientale au Caire. Il rencontre un jeune aristocrate espagnol converti Ă  l’islam : Luis de Cuadra. C’est lui qui lui fait dĂ©couvrir le saint musulman Mansur al-Hallaj. Tous deux vont aussi entretenir une liaison amoureuse. Cette expĂ©rience de l’homosexualitĂ© n’est plus taboue. Massignon dit en souffrir et ne veut pas rester en Égypte. Fin 1907, il est envoyĂ© en mission archĂ©ologique en MĂ©sopotamie. À Bagdad, il dĂ©laisse le milieu consulaire et s’installe dans un quartier musulman, bĂ©nĂ©ficiant de l’hospitalitĂ© de deux notables lettrĂ©s de la famille Alusi. Avec leur aide, il commence ses recherches sur Mansur al-Hallaj, soufi crucifiĂ© Ă  Bagdad en 922, Ă  qui il va consacrer sa thĂšse[9].

La conversion en 1908

Fin mars 1908, il dirige une expĂ©dition pour explorer la forteresse sassanide d’Al-OkheĂŻdir. DĂ©but mai, il est arrĂȘtĂ© Ă  KĂ»t el-’AmĂąra par les autoritĂ©s ottomanes. La rĂ©gion est en proie Ă  la prochaine rĂ©volution des Jeunes-Turcs et le Français est considĂ©rĂ© comme un potentiel espion. Il est forcĂ© de rentrer Ă  Bagdad sur un bateau remontant le Tigre. Bien que toute la lumiĂšre ne soit pas faite sur les Ă©vĂ©nements, il se croit condamnĂ© Ă  mort et tente vainement de se suicider. Il vit alors une expĂ©rience mystique, la Visitation de l’Étranger, qui marque son retour Ă  Dieu et au christianisme[10].

« L’Étranger qui m’a visitĂ©, un soir de mai, devant le TĂąq, sur le Tigre, dans la cabine de ma prison, et la corde serrĂ©e aprĂšs deux essais d’évasion, est entrĂ©, toutes portes closes, Il a pris feu dans mon cƓur que mon couteau avait manquĂ©, cautĂ©risant mon dĂ©sespoir qu’Il fendait, comme la phosphorescence d’un poisson montant du fond des eaux abyssales. Mon miroir intĂ©rieur me l’avait dĂ©celĂ©, masquĂ© sous mes propres traits — explorateur fourbu de sa chevauchĂ©e au dĂ©sert, trahi aux yeux de ses hĂŽtes par son attirail de cambriole scientifique, et tentant encore de dĂ©concerter ses juges avec un dernier maquillage, camouflĂ©, de toucher du jasmin aux lĂšvres et de khĂŽl arabe aux yeux — avant que mon miroir s’obscurcisse devant Son incendie. (
) »[11].

HospitalisĂ© Ă  Bagdad, il est donnĂ© pour mort mais il s’en sort et dĂ©cide de rentrer en France par Alep puis Beyrouth. En route, il Ă©prouve d’autres expĂ©riences mystiques[12].

Cette conversion au contact de l’islam s’inscrit dans le contexte plus large du renouveau catholique qui, en France, voit un nombre important de jeunes gens se convertir[13]. On les appelle les "convertis de la Belle Époque"[14]. Massignon va d'ailleurs rencontrer d’autres convertis, tels Paul Claudel, Jacques Maritain, ainsi que Charles de Foucauld qui a une influence dĂ©cisive sur le cours de sa vie et devient l'un de ses maĂźtres spirituels[15].

En 1914, il Ă©pouse sa cousine, Marcelle Dansaert et s’installe Ă  Paris, 21 rue Monsieur[16]. Ils auront trois enfants : Yves (1915-1935) , Daniel (physicien, 1919-2000) et GeneviĂšve (ethnolinguiste, 1921-1966)[17] dont Paul Claudel est le parrain.

PremiĂšre Guerre mondiale

MobilisĂ© en 1914, il intĂšgre le service de presse du ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres, bientĂŽt repliĂ© Ă  Bordeaux, oĂč il cĂŽtoie entre autres Paul Morand et Jean Giraudoux. Il est ensuite affectĂ© au 1er rĂ©giment de zouaves Ă  Saint-Denis, avant de rejoindre le front d’Orient dans les Dardanelles. Sur le conseil de Foucauld, il demande Ă  quitter l’état-major pour passer dans la troupe et endure les combats dans les tranchĂ©es de MacĂ©doine. DĂ©corĂ© de la Croix de guerre, il rentre Ă  Paris. EnvoyĂ© en Égypte comme assistant de François Georges-Picot pour la mise en Ɠuvre des Accords Sykes-Picot, il dĂ©couvre les arcanes diplomatiques et rencontre T. E. Lawrence (et devient l'ami de Mark Sykes, dont il rĂ©dige un Ă©loge, en anglais, aprĂšs sa mort.)[18]. Bien que rivaux, ils entrent ensemble le 11 dĂ©cembre 1917 dans JĂ©rusalem abandonnĂ©e par les Ottomans, derriĂšre le gĂ©nĂ©ral Edmund Allenby[19].

Entre-deux-guerres

Académie de langue arabe du Caire, janvier 1934.

Autour des annĂ©es 1920, il poursuit son rĂŽle diplomatique, chargĂ© par Georges ClĂ©menceau de nĂ©gocier les relations avec l’émir Fayçal qui rĂȘve d’un royaume panarabe[20]. Puis il reprend ses activitĂ©s universitaires et enseigne au CollĂšge de France, continuant d’effectuer des missions pour le Quai d’Orsay, ou bien une enquĂȘte sur les corporations au Maroc pour le marĂ©chal Lyautey. Sa vie acadĂ©mique devient plus intense, mais cela ne l’empĂȘche pas de maintenir sa vie spirituelle, notamment en lien avec Charles de Foucauld. En 1926, il participe Ă  l’inauguration de la MosquĂ©e de Paris, en prĂ©sence de Gaston Doumergue, du prince marocain Moulay Youssef (futur Mohammed V), du Bey de Tunis et du cheikh Ahmed Al-Alawi. L’annĂ©e suivante, il est nommĂ© Ă  la Commission interministĂ©rielle des Affaires musulmanes pour le centenaire de l’AlgĂ©rie. Au cours des annĂ©es 1930, il remet sa vie spirituelle en avant, notamment aprĂšs la perte de son fils aĂźnĂ©, Yves, en 1935[21].

Seconde Guerre mondiale

Capitaine de rĂ©serve, il devient chef de bataillon d’infanterie coloniale dans l’entre-deux-guerres. MobilisĂ© Ă  sa demande en 1939, il accompagne le gĂ©nĂ©ral Weygand en mission en Orient. Lors de la grande dĂ©bĂącle, il se replie vers le sud-ouest en pensant rallier Alger, mais Weygand s’y oppose. L’armistice signĂ©, il est dĂ©mobilisĂ© et rejoint Paris oĂč il reprend ses activitĂ©s de recherche et d’enseignement, sous l’occupation. Le rĂ©gime de Vichy suspend son traitement de professeur car il refuse de prĂȘter serment au marĂ©chal PĂ©tain. Il n’est pas un rĂ©sistant, mais il est proche de Germaine Tillion et Claude Bourdet, membres du groupe du musĂ©e de l’Homme qu’il essaiera en vain de faire libĂ©rer[22].

1945-1962

AprĂšs-guerre, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle l’envoie en mission, d’Égypte jusqu’en Inde pour rĂ©tablir les relations culturelles de la France en Orient. Il bĂ©nĂ©ficiera dĂšs lors d’un passeport diplomatique[23]. Il bascule progressivement en faveur des dĂ©colonisations et devient un intellectuel catholique engagĂ©, prenant position pour de multiples causes (voir infra). Il est l'une des figures des libĂ©raux du Maroc qui font entendre leur voix dans le quotidien Maroc-Presse, malgrĂ© les intimidations des policiers regroupĂ©s dans La Main rouge (groupe armĂ©), Ă©manation et paravent du SDECE.

Sur cette pĂ©riode, l’imbrication entre vie savante, vie spirituelle et engagements politiques est centrale. En 1954-1955, il fonde le pĂšlerinage islamo-chrĂ©tien des Sept Dormants Ă  Vieux-MarchĂ© en Bretagne afin de favoriser « une paix sereine » en pleine guerre d'AlgĂ©rie[24].

Louis Massignon meurt la nuit du . Le caveau familial est situé dans le cimetiÚre de Pordic, dans les CÎtes-d'Armor.

L'islamologue

Rîle dans l’islamologie française

Portrait de Louis Massignon, en 1956.

Louis Massignon est aujourd’hui considĂ©rĂ© comme l’un des fondateurs de l’islamologie française[25]. Il a accompagnĂ© le dĂ©passement de l’orientalisme vers l’islamologie[26]. Il est reconnu pour avoir fait entrer l’étude du soufisme dans le champ acadĂ©mique. Il participe aux grands congrĂšs orientalistes, dĂšs 1905, Ă  Alger oĂč il se fait d’ailleurs remarquer par Ignaz Goldziher et Alfred Le Chatelier. De 1919 Ă  1924, il devient le supplĂ©ant de ce dernier, titulaire de la chaire de sociologie et sociographie musulmanes au CollĂšge de France. En 1926, il est Ă©lu Ă  l’unanimitĂ© pour lui succĂ©der, jusqu'Ă  sa retraite en 1954. L’islamologue est un pilier de la Revue du monde musulman, avant de fonder l’Annuaire du monde musulman et la Revue des Ă©tudes islamiques en 1927. Sa carriĂšre prend vite une ampleur internationale: il devient membre de l’AcadĂ©mie des sciences d’URSS, de la Royal Asiatic Society Ă  Londres et de l’AcadĂ©mie de langue arabe du Caire.

En 1932, il est directeur d’études Ă  l'École pratique des hautes Ă©tudes, succĂ©dant Ă  Maurice Gaudefroy-Demombynes Ă  la chaire « Islamisme et religions de l’Arabie ». Il enseigne aussi Ă  l’École libre des sciences politiques dans le cadre du cours sur les questions relatives Ă  l'empire colonial français[27]. En 1946, il est nommĂ© prĂ©sident du jury d’agrĂ©gation d’arabe.

À la fin de sa vie, il est membre de nombreuses acadĂ©mies Ă  travers le monde, dont les acadĂ©mies royales d’Afghanistan, de Belgique, du Danemark, d’Espagne, de Hollande, d’Iran, de SuĂšde, de mĂȘme que de l’American Oriental Society aux États-Unis, de la MorgenlĂ€ndische Gesellschaft Ă  Göttingen, de l’Academia Nazionale di Lincei Ă  Rome[28], etc.

Travaux sur al-HallĂąj

La passion d'Al-Hosayn-Ibn-Mansour, Al-Hallaj, martyr mystique de l'Islam, Ă©tude d'histoire religieuse, par Louis Massignon, Paris, Éditions Paul Geuthner, 1922[29].

AprĂšs l’avoir dĂ©couvert en Égypte, Massignon consacre sa thĂšse Ă  la vie du soufi Mansur al-Hallaj, martyrisĂ© et crucifiĂ© Ă  Bagdad en 922 (309 de l’HĂ©gire), pour des propos considĂ©rĂ©s comme hĂ©rĂ©tiques. Il aurait dit Ana al-Haqq (« je suis la VĂ©ritĂ© CrĂ©atrice »), qui sera jugĂ©e blasphĂ©matoire. Massignon a consacrĂ© de longues annĂ©es Ă  la rĂ©daction de cette thĂšse qui est achevĂ©e en 1914, mais que la PremiĂšre Guerre mondiale l'empĂȘche de soutenir. Il la dĂ©pose en Sorbonne le 26 mars 1922, exactement mille ans aprĂšs le supplice de HallĂąj, et la soutient le 24 mai. IntitulĂ©e La Passion de Hallaj, elle est importante car elle intĂšgre l’étude du soufisme dans la sphĂšre acadĂ©mique. Initialement en deux volumes, il va constamment la retravailler. Elle sera republiĂ©e de façon posthume en 1975, puis 2010, chez Gallimard en quatre volumes[30] - [31].

Autres thĂšmes de recherche

Ses travaux universitaires ne se limitent pas Ă  l’islamologie mais concernent aussi la poĂ©sie, la littĂ©rature, la linguistique, l’architecture, la science politique, l’archĂ©ologie, etc. En matiĂšre de science religieuse, il choisit certains sujets de recherche en fonction de ses affinitĂ©s spirituelles: Abraham, un modĂšle pour tous les croyants monothĂ©istes ; FĂątima, la fille du prophĂšte Mahomet, dans ses correspondances avec la Vierge MarieSalmĂąn al-FarĂźsi (ou SalmĂąn PĂąk), un chrĂ©tien converti et compagnon persan du ProphĂšte ; les Sept Dormants d'ÉphĂšse ou les Gens de la Caverne (Ahl al-Kahf) dans la sourate 18 du Coran, des saints communs aux chrĂ©tiens et aux musulmans[32].

Le mystique

Joris-Karl Huysmans (1848-1907), chez lui par Dornac[33].

La rencontre de Joris-Karl Huysmans

À l'Ăąge de 17 ans, alors agnostique, il rencontre Joris-Karl Huysmans Ă  LigugĂ©, le 27 octobre 1900. L’écrivain catholique et ami de son pĂšre lui transmet les notions de “substitution mystique” et de “compassion rĂ©paratrice", qui seront centrales dans sa vie spirituelle aprĂšs sa conversion, consistant Ă  faire don de soi pour autrui[34].

L’influence de Charles de Foucauld

Charles de Foucauld dit en religion FrĂšre Charles de JĂ©sus.

À son retour de MĂ©sopotamie oĂč il s’est converti en 1908, le jeune orientaliste reprend contact avec Charles de Foucauld, aprĂšs leur Ă©change de 1906. Lors de leur rencontre Ă  Paris en 1909, ce dernier l’invite Ă  le suivre dans le Hoggar algĂ©rien, pour lui succĂ©der un jour. Il lui propose mĂȘme d’ĂȘtre secrĂštement ordonnĂ©. Le jeune homme hĂ©site entre vie Ă©rĂ©mitique et vie savante dans le siĂšcle. En 1913, il choisit de se marier et de poursuivre sa thĂšse, sans pour autant renier ses aspirations mystiques. Tous deux s’échangent plus de 80 lettres[35]. À la mort de l’abbĂ© en 1916, il devient son exĂ©cuteur testamentaire. Il est Ă  l'origine de la biographie, Ă©crite par RenĂ© Bazin, qui fera connaĂźtre la figure de l’ermite de Tamanrasset. Il contribue Ă  l'ouverture du procĂšs de canonisation en 1928, cause qui vient d’aboutir le 26 mai 2020. Toute sa vie il dĂ©fendra la mĂ©moire de ce “frĂšre aĂźnĂ©â€ dont les vellĂ©itĂ©s de conversion des musulmans sont pourtant connues et problĂ©matiques[36].

La Badaliya

En 1931, il entre dans le Tiers ordre franciscain, sous le nom d’Abraham (Ibrahim), bientĂŽt rejoint par son amie Ă©gyptienne, Mary Kahil[37].

En 1934, tous deux fondent Ă  Damiette un groupe de priĂšre pour le salut des musulmans et non pour leur conversion. La “Badaliya” signifie “substitution” en arabe. Massignon reprend le principe de “substitution mystique” transmis par Huysmans en 1900. Il s’agit de souffrir Ă  la place d’autrui. Cette crĂ©ation est bĂ©nie par Pie XI, qui qualifie au passage Massignon de “catholique musulman”[38]. Des groupes Ă©mergent au Caire, Ă  Rome, Ă  Paris, etc.; des membres haut-placĂ©s de l'Église en font partie (par exemple le cardinal Montini, futur Paul VI)[39].

L’ordination

En 1949, le pape Pie XII l’autorise Ă  passer du rite latin au rite melkite oriental de langue arabe, qui accepte l’ordination des hommes mariĂ©s. Le 28 janvier 1950, il devient secrĂštement prĂȘtre au Caire. Pour lui, c’est une consĂ©cration. Mais cela lui vaut des remontrances, notamment de la part de son ami Paul Claudel[40]. Il ne peut pas dire de messe en public et officie de façon privĂ©e, chez lui, dans son bureau, rue Monsieur.

Le pĂšlerin

Il est un pĂšlerin insatiable, allant d’un sanctuaire Ă  l’autre, y compris en dehors des frontiĂšres monothĂ©istes (Japon, Inde). Il dĂ©veloppe l’idĂ©e de “gĂ©ographie spirituelle du monde” qui serait parsemĂ© de lieux plus sacrĂ©s que d’autres. Il se rendra 27 fois Ă  JĂ©rusalem, mais aussi Ă  HĂ©bron, Ă  DomrĂ©my, Ă  Notre-Dame de La Salette, Ă  Assise, Ă  Notre-Dame de FĂĄtima, etc. En 1954-1955, il greffe un pĂšlerinage islamo-chrĂ©tien sur un pardon catholique breton dĂ©diĂ© aux Sept Dormants d'ÉphĂšse - aussi vĂ©nĂ©rĂ©s comme “Gens de la Caverne” dans la sourate 18 du Coran. Aussi convie-t-il des ouvriers algĂ©riens au hameau des Sept-Saints en Bretagne (CĂŽtes d’Armor). Il initie ce rassemblement atypique “pour une paix sereine en AlgĂ©rie”[41]. Ce pĂšlerinage existe encore de nos jours[42].

Engagements

Louis Massignon est un mystique en politique[43]. Chez lui, engagements et foi sont inextricablement liĂ©s, comme chez Gandhi qu’il admire. L’oubli de cette dimension mĂ©ta-politique entraĂźne parfois une lecture partielle et partiale de ses prises de position souvent vĂ©hĂ©mentes car marquĂ©es au coin de l’absolu. Qui dit spiritualitĂ© n'exclut pas des formes d'action trĂšs concrĂštes comme en tĂ©moigne sa crĂ©ation ou sa participation Ă  de nombreuses associations comme La Badaliya (qu’il crĂ©e Ă  Damiette avec Mary Kahil en 1934), les Amis de Gandhi (qu’il rejoint en 1932 et qu’il prĂ©sidera en 1954), le ComitĂ© chrĂ©tien d’entente France-Islam (cofondĂ© avec AndrĂ© de Peretti et Jean Scelles en 1947 et dont fait partie Emmanuel Mounier), le ComitĂ© France-Maghreb (cofondĂ© en 1953, prĂ©sidĂ© par François Mauriac et dont les premiers adhĂ©rents sont Edgard Faure, Robert Schuman, François Mitterrand, AndrĂ© Malraux, Robert Barrat, AndrĂ© de Peretti, Albert Camus, etc. ), ou le ComitĂ© pour l’amnistie aux condamnĂ©s politiques d’outre-mer[44].

L’abrahamisme

Il est l’un des pĂšres de l’abrahamisme[45]. Son souci est de rĂ©concilier les religions abrahamiques, c’est-Ă -dire les trois monothĂ©ismes : judaĂŻsme, christianisme et islam qui tous trois vĂ©nĂšrent en Abraham, le pĂšre des croyants. Il Ă©crit Les trois priĂšres d’Abraham autour d’Isaac (judaĂŻsme), d'IsmaĂ«l (islam) et de Sodome (homosexuels), mais la premiĂšre reste inachevĂ©e[46]. Si la rĂ©conciliation souhaitĂ©e doit s’attendre dans un horizon eschatologique (fin des temps), il prĂŽne aussi la nĂ©cessitĂ© du respect mutuel entre croyants. Ses vues vont avoir une influence officieuse dans la dĂ©claration Nostra Ætate du concile Vatican II dans ses positions envers les Ă©glises non chrĂ©tiennes, notamment l’islam, l'annĂ©e mĂȘme de sa mort en 1962. Il est souvent considĂ©rĂ© comme un prĂ©curseur du dialogue islamo-chrĂ©tien. Toutefois, on lui a parfois reprochĂ© son islamophilie, voire un certain syncrĂ©tisme[47].

L’homosexualitĂ© 

Louis Massignon a dĂ©crit Ă  plusieurs reprises ses relations homosexuelles (notamment avec Luis de Cuadra qui sera l'un de ses amants les plus marquants[48]). Refoulant cette homosexualitĂ© aprĂšs sa conversion, il a frĂ©quemment racontĂ© ses tourments, ses pĂ©chĂ©s et comment il a luttĂ© contre le dĂ©mon de l'attirance homosexuelle (il s'en confie Ă  Paul Claudel, par exemple dans une lettre du 12 fĂ©vrier 1913[49]). Par la suite, il deviendra un dĂ©fenseur paradoxal de la cause homosexuelle, dans une approche abrahamique, Ă  travers sa cĂ©lĂšbre priĂšre Ă  Sodome (Les trois priĂšres d'Abraham, la troisiĂšme Ă©tant celle pour Sodome)[50]. À partir de fĂ©vrier 1943, Massignon, devenu religieux, effectura avec le pĂšre Jean DaniĂ©lou chaque semaine une priĂšre pour Sodome)[51]. Enfin Massignon entretiendra d'innombrables relations et correspondances avec la plupart des grands homosexuels de son Ă©poque (François Mauriac, Jean Genet, Roger Martin du Gard, Max Jacob, etc.), ou avec des homophiles convertis comme lui (Jacques Maritain, Charles de Foucauld etc)[52]. Selon les spĂ©cialistes de Massignon, son orientalisme sera Ă©troitement imbriquĂ© Ă  son homosexualitĂ© active puis sublimĂ©e ou refoulĂ©e, comme ce fut le cas pour le marĂ©chal Hubert Lyautey ou encore pour Arthur Rimbaud, T. E. Lawrence ou AndrĂ© Gide)[53].

L’hospitalitĂ©

L'hospitalitĂ© reçue des Arabes est un des piliers de sa spiritualitĂ©, de sa dĂ©marche intellectuelle et de son engagement dans la citĂ© : « Pour comprendre l’autre, il ne faut pas se l’annexer mais devenir son hĂŽte »[54].

Dans les annĂ©es 1920, il mĂšne une action sociale et d’alphabĂ©tisation en faveur des immigrĂ©s maghrĂ©bins de la rĂ©gion parisienne, puis crĂ©era l’ANARF en 1948 (l’Amicale des Nord-Africains rĂ©sidant en France). Il visite aussi des dĂ©tenus - politiques ou de droit commun - maghrĂ©bins Ă  la prison de Fresnes Ă  partir de 1953.

Mohandas Karamchand Gandhi, en septembre 1931.

La non-violence gandhienne

DĂšs 1921, il publie dans la Revue du monde musulman le texte fondamental de Gandhi, le “Satyagraha, revendication civique du vrai”, mieux connue comme doctrine de la non-violence active. Gandhi devient un de ses plus grands maitres spirituels. Il le rencontre Ă  Paris en 1931, se rend en pĂšlerinage sur sa tombe en 1953. L'annĂ©e suivante, il devient le prĂ©sident des Amis de Gandhi[55]. Lors des guerres de dĂ©colonisation, Ă  l'instar du Mahatma, il privilĂ©gie les “moyens pauvres” que sont le jeĂ»ne, le pĂšlerinage, la priĂšre. Il mobilise d’autres formes d'action non-violentes comme le sit-in par exemple lors de la manifestation du 30 avril 1960 oĂč il est traĂźnĂ© vers les cars de police, aux cĂŽtĂ©s de son ancienne Ă©tudiante Germaine Tillion et de Lanza del Vasto, un autre gandhien.

Les décolonisations

Grand meeting en faveur de la libĂ©ration des « milliers de Prisonniers et InternĂ©s politiques de Madagascar, du Maroc, de Tunisie, d’AlgĂ©rie et d’Afrique Noire, 24 juin 1954[29].

D’une jeunesse oĂč il se dira “fort colonial”, il va Ă©voluer sur la question dĂ©licate de la colonisation française. Souvent sollicitĂ© par le Quai d’Orsay, il assure un rĂŽle d’expertise sur la “question d’Orient” et les affaires “musulmanes” des colonies et protectorats français. AprĂšs la Seconde Guerre mondiale, constatant les excĂšs du colonialisme, il devient progressivement favorable Ă  l’émancipation des peuples concernĂ©s. Il suit de prĂšs la situation marocaine qui voit la destitution du sultan en aoĂ»t 1953 et participe activement Ă  son retour sur le trĂŽne en 1955. DĂšs mars 1953, le futur Mohammed V lui Ă©crivait : « À l’ami de notre MajestĂ©, Mr le Professeur Massignon, qui a su s’imprĂ©gner, mieux que quiconque, de l’ñme musulmane et de la culture arabe, et prouver que islam et chrĂ©tientĂ© peuvent s’unir pour le bien de toute l’humanitĂ©. Mohammed ben Youssef, Émir des croyants »[56] - [57].

Lors de la guerre d'AlgĂ©rie, il s’indigne des violences commises de la part des indĂ©pendantistes comme des Français de l’OAS et dĂ©nonce les “deux terrorismes” qui se font face. Il prend publiquement position dans la presse ou dans des comitĂ©s oĂč il siĂšge avec Jean-Paul Sartre ou Albert Camus. Lors d’une confĂ©rence en 1958, il est blessĂ© par des partisans de l’AlgĂ©rie française criant : “Massignon trahison!”[58]. Il meurt quelques mois aprĂšs les accords d’Evian qui mettent fin Ă  la guerre d’AlgĂ©rie[59].

Positions sur le sionisme

D’abord sioniste dans l’entre-deux-guerres, Louis Massignon va Ă©voluer vers un antisionisme notoire. D’oĂč la nĂ©cessitĂ© d’expliquer et de contextualiser ses prises de positions. Il faut en outre distinguer ce qui relĂšve de la confidence dans la correspondance privĂ©e des Ă©crits publics. Ses positions ont certes Ă©voluĂ© au grĂ© de l’évolution gĂ©opolitique, mais elles s’organisent autour d’un noyau constant : dans une perspective eschatologique et prophĂ©tique, le peuple juif a vocation Ă  revenir en Palestine, accomplissant la promesse divine de la terre promise faite aux fils d’IsraĂ«l. Le sionisme est donc lĂ©gitime sauf s’il devient athĂ©e, matĂ©rialiste et techniciste, en rupture avec cette vocation sainte. À ce titre, la position de Louis Massignon n’est pas sans rappeler celles de nombreux juifs ultra-orthodoxes qui, dĂšs les annĂ©es 1880, dĂ©noncĂšrent comme « un acte de rĂ©bellion contre Dieu »[60], l’existence d’un sionisme laĂŻque qui, par des moyens modernes, sĂ©culariserait l’espĂ©rance juive bimillĂ©naire du retour Ă  Sion.

Jeune homme, il se lie d’amitiĂ© avec Jean-Richard Bloch, « lui encore passionnĂ©ment juif, moi insuffisamment chrĂ©tien »[61] et choisit pour mentor l’islamologue juif hongrois, Ignaz Goldziher[62] - [63]. Parmi ses professeurs juifs, on compte aussi Hartwig Derenbourg, son maĂźtre Ă  l’EPHE, qui l'encourage Ă  Ă©tudier Hallaj, et l’indianiste Sylvain LĂ©vi, professeur au CollĂšge de France, oncle de Jean-Richard Bloch, qui soutient sa candidature au sein de cette institution en 1926. Tous deux sont membres dirigeants de l'Alliance israĂ«lite universelle[64]. Parmi ses collĂšgues juifs, on peut aussi citer LĂ©vi Billig, Shlomo Pines et Paul Kraus, beau-frĂšre de LĂ©o Strauss et Ă©diteur de La Passion de HallĂąj.

Chaim Weizmann, 1948.

Au lendemain de la PremiĂšre Guerre mondiale et dans la continuitĂ© des accords Sykes-Picot, le Quai d’Orsay le charge de nĂ©gocier avec Fayçal pour la Syrie et avec ChaĂŻm Weizmann pour la crĂ©ation du « Foyer national juif » en Palestine conformĂ©ment Ă  la DĂ©claration Balfour[65]. Il a connu HaĂŻm Weizmann, le premier prĂ©sident de l'État d'IsraĂ«l, et l'agronome Aaron Aaronsohn Ă  JĂ©rusalem, oĂč il a visitĂ© des fermes agricoles : « J’ai visitĂ© une colonie oĂč j’ai vu des IsraĂ©lites qui avaient sacrifiĂ© un avenir dans les professions libĂ©rales pour s’occuper eux-mĂȘmes de travaux de la terre. Le travail de la terre, c’est la pierre fondamentale. Si les israĂ©lites veulent se consacrer au travail de la terre, le sionisme sera fondĂ©. J’espĂšre qu’on y arrivera »[66].

« Il y a des milliers de gens qui se disent sionistes et qui n’ont pas oubliĂ© que leurs ancĂȘtres ont Ă©tĂ© chassĂ©s de Palestine. Ils se souviennent de leurs morts, et cela suffit pour crĂ©er un droit Ă  revenir prĂšs d’une tombe »[66].

« Tout ce qui contribue Ă  la renaissance d’IsraĂ«l m’est particuliĂšrement cher »[67].

Il est alors prosioniste[68] - [69]. En 1925, il corĂ©dige un « Rapport sur le sionisme », adressĂ© au pape Pie XI en 1925, pour obtenir son soutien "pour les Juifs convertis au catholicisme qui souhaiteraient participer Ă  l’Ɠuvre commune de la rĂ©surrection d’IsraĂ«l"[70]. « Cependant, les procĂ©dĂ©s "colonisateurs" et l’athĂ©isme affichĂ© de nombreux dirigeants sionistes, allant Ă  l’encontre des convictions religieuses des Arabes autochtones chrĂ©tiens et musulmans, provoquent peu Ă  peu chez Massignon un revirement total qui lui dicte Ă  l’égard des Juifs des "propos excessifs" »[71]. Son pro-arabisme l’emportera. Le pic est atteint en 1938 lorsqu’il confie une « crise d’antisĂ©mitisme » Ă  Mary KahĂźl, attitude qu’il regrettera : « Les intrigues des rĂ©fugiĂ©s juifs en France m’ont fait passer par une crise d’antisĂ©mitisme oĂč je me suis disputĂ© avec les Maritain et Georges Cattaui. Je me suis rassĂ©rĂ©nĂ© mais ils doivent m’en garder quelque amertume »[72]. En effet, dans sa correspondance, il Ă©met des propos hostiles envers les juifs rĂ©fugiĂ©s en France. Certains de ses propos qualifiĂ©s de racistes (« au sang d’une toxicitĂ© certaine »)[73] relĂšvent de l’antisĂ©mitisme ambiant d’avant-guerre[74]. Cependant, le passage incriminĂ© relĂšve de la correspondance privĂ©e, et non d’un Ă©crit destinĂ© Ă  la publication et qui pourrait, par lĂ , inciter Ă  la haine raciale. Cette « crise d’antisĂ©mitisme » est balayĂ©e par la guerre[75]. Sous l’Occupation, il aide par ses relations plusieurs intellectuels juifs, tel Georges Vajda, Ă  passer en zone libre[76]. Son traitement de professeur est suspendu car il refuse de prĂȘter serment au rĂ©gime de Vichy. La Gestapo descend chez lui, mais sa femme a pu cacher en Bretagne le fichier d’adresses de l’association du Foyer judĂ©o-catholique dont il a Ă©tĂ© vice-prĂ©sident dans les annĂ©es 1930[77].

En 1947, il est explicitement antisioniste. Il s’indigne du plan de partition de la Palestine, considĂ©rant que la Terre sainte « ne devrait pas ĂȘtre un objet de partage entre privilĂ©giĂ©s, mais la tunique sans couture de la rĂ©conciliation mondiale, un lieu d’intime mĂ©lange entre tous »[78]. Il plaide mĂȘme pour l’internationalisation des lieux saints et que l’ONU s’installe Ă  JĂ©rusalem. Ă€ l’issue de la PremiĂšre guerre israĂ©lo-arabe, il prend la dĂ©fense des centaines de milliers de rĂ©fugiĂ©s palestiniens : « Le problĂšme de l’hospitalitĂ©Ì domine toute la question de la paix dans la justice. Tant que nous ne traiterons pas les personnes dĂ©placĂ©es comme des hĂŽtes de Dieu, nous ne trouverons pas de solution »[79].

Au cours des annĂ©es 1950, il est proche du rabbin Judah Leon Magnes, fondateur de l’UniversitĂ© HĂ©braĂŻque de JĂ©rusalem, et du philosophe Martin Buber, tous deux membres du parti sioniste Ihud (UnitĂ©Ì) et favorables Ă  une solution pacifique et Ă  un État binational. Sur le plan spirituel, Massignon et ses amis de la Badaliya jeĂ»nent chaque annĂ©e pour la fĂȘte de Yom Kippour en solidaritĂ© et pour la rĂ©conciliation en Terre sainte. Toutefois, le chrĂ©tien qu’il est se dit blessĂ© du mauvais traitement de la Vierge Marie dans certains passages du Talmud, envisagĂ©e comme une femme adultĂšre. Selon lui, point de paix en Palestine ou dans le monde tant « qu’IsraĂ«l ne rĂ©visera pas le procĂšs de la MĂšre de JĂ©sus »[80].

ƒuvres

L'Ɠuvre de Massignon est plĂ©thorique, si bien qu’il est qualifiĂ© dans les Écrits MĂ©morables (2009) de « savant Ă  la production ocĂ©anique »[81]. Pour une bibliographie exhaustive, voir Louis Massignon, Écrits MĂ©morables, Robert Laffont, coll. Bouquins, tome II, 2009, p. 941-997.

  • Correspondance Jacques Maritain-Louis Massignon 1913-1962, transcrit, annotĂ© et prĂ©sentĂ© par François Angelier, Michel Fourcade et RenĂ© Mougel, DesclĂ©e de Brouwer, 2020, 900p. (ISBN 9782220092027)
  • GĂ©rard D. Khoury, Louis Massignon au Levant. Écrits politiques, 1907-1955, Albin Michel, 2019.
  • Paul Claudel-Louis Massignon, Correspondance 1908-1953, nouvelle Ă©d. augmentĂ©e, prĂ©sentĂ©e et annotĂ©e par Dominique Millet-GĂ©rard, Gallimard, 2012.
  • Badaliya, au nom de l’autre, 1947-1962, prĂ©sentĂ© et annotĂ© par Maurice Borrmans et Françoise Jacquin, Cerf, 2011.
  • La Passion de HallĂąj, Paris, Gallimard, 1975, 4 vol., nouvelle Ă©d. Gallimard 2010 (trad. anglaise par Herbert Mason, The Passion of HallĂąj, Princeton, 1982).
  • Écrits MĂ©morables, 178 textes (pour certains inĂ©dits) Ă©tablis, prĂ©sentĂ©s et annotĂ©s sous la direction de Christian Jambet, par François Angelier, François L'Yvonnet et SouĂąd Ayada, Robert Laffont, coll. "Bouquins", 2 volumes, 2009 (ISBN 978-2-221-91476-2)
  • Massignon-Abd-el-Jalil. Parrain et filleul. 1926-1962. Correspondance, rassemblĂ©e et annotĂ©e par Françoise Jacquin. PrĂ©face par Maurice Borrmans, Éditions du Cerf, 2007.
  • Autour d'une Conversion : lettres de Louis Massignon et de ses parents au PĂšre Anastase de Bagdad, Textes choisis et annotĂ©s par Daniel Massignon, Cerf, 2004.
  • Essai sur les origines du lexique technique de la mystique musulmane, Cerf, 1999 (1re Ă©dition, Vrin, 1954).
  • La Guerre sainte suprĂȘme de l'Islam arabe, Éditions Fata Morgana, 1998
  • Les Trois PriĂšres d'Abraham, Cerf, 1997.
  • L'aventure de l'amour de Dieu, 80 lettres inĂ©dites de Charles de Foucauld Ă  Louis Massignon, textes rassemblĂ©s par Jean-François Six, Seuil, 1993
  • Examen du « PrĂ©sent de l'homme lettrĂ© » par Abdallah Ibn Al-Torjoman, PISAI, Roma, 1992.
  • DĂźwĂąn. PoĂšmes de Husayn MansĂ»r HallĂąj, traduits de l'arabe et prĂ©sentĂ©s par Louis Massignon, (Cahiers du Sud, 1955), Seuil, 1981. Poche, 1992.
  • Parole donnĂ©e, Paris, Seuil, 1983, (Julliard, 1962).
  • Akhbar Al-HallĂąj, Recueil d'oraisons et d'exhortations du martyr mystique de l'Islam, Vrin, collection « Études musulmanes », 1975. Edition bilingue.
  • Opera minora, Paris, PUF, 1969, 3 vol. (rĂ©Ă©dition de l'Ă©dition de Beyrouth, 1963), choix de textes Ă©ditĂ©s par Youakim Moubarac.

Bibliographie

  • ManoĂ«l PĂ©nicaud, Louis Massignon, le "catholique musulman", Bayard, 2020, 432p.  (ISBN 978-2-227-48939-4)
  • Ollivry Florence, Louis Massignon et la mystique musulmane. Analyse historiographique, mĂ©thodologique et rĂ©flexive d’une contribution Ă  l’islamologie, sous la direction de Pierre Lory et de Patrice Brodeur. - Paris Sciences et Lettres (ComUE) UniversitĂ© de MontrĂ©al et de l’UniversitĂ© de recherche Paris Sciences et Lettres, École Pratique des Hautes Études. Soutenue le 3 dĂ©cembre 2019.
  • Jacques Keryell, Louis Massignon de l’art des mots au goĂ»t de Dieu, Chemins de dialogue, 2018.
  • Laure Meesemaecker, Louis Massignon et le langage. Le miroir sombre et la langue des larmes, Éditions HonorĂ© Champion, 2017
  • Françoise Jacquin, Louis Massignon, hĂŽte de l'Etranger, Chemins de dialogue, 2016.
  • ManoĂ«l PĂ©nicaud, Le rĂ©veil des Sept Dormants. Un pĂšlerinage islamo-chrĂ©tien en Bretagne, prĂ©face de Thierry Zarcone, Le Cerf, 2016 (2014)
  • Kandeel Ammar, Edward Said face Ă  Louis Massignon : une fascination orientaliste, sous la direction de Pierre-Marie HĂ©ron et de Daniel Lançon, ThĂšse Montpellier 3, soutenue en 2016.
  • Christian Destremau, Jean Moncelon, Louis Massignon, «le cheikh admirable», Collection Tempus, Éditeur Perrin, 2011 (1re ed. Plon, 1994) http://www.moncelon.fr
  • Laure Meesemaecker, L'autre visage de Louis Massignon, prĂ©face de Ghaleb Bencheikh, Via Romana, 2011 (ISBN 978-2-916727-89-9).
  • Jacques Keryell, Louis Massignon, la grĂące de Bagdad, prĂ©face : Monseigneur Henri Tessier et Yves Floucat, Ed. Pierre TĂ©qui, 2010.
  • Yves Leclair, Écrits MĂ©morables de Louis Massignon, Encyclopaedia Universalis, 2010.
  • Maurice Borrmans, ProphĂštes du dialogue islamo-chrĂ©tien, L. Massignon, J.-M. Abd-el-Jalil, L. Gardet, et G.C. Anawati, Cerf, 2009.
  • Louis Massignon et le Maroc, une Parole DonnĂ©e, Actes du Colloque de Rabat, 10-11 fĂ©vrier 2006, Fondation du Roi Abdul-Aziz, 2008
  • Gabriel Bounoure et Salah StĂ©tiĂ©, Louis Massignon, Saint-ClĂ©ment-de-RiviĂšre, Fata Morgana, 2008.
  • Jean-François Six, Le grand rĂȘve de Charles de Foucauld et Louis Massignon, Paris, Albin Michel, 2008, 374 p. (ISBN 978-2-226-18276-0)
  • Henry Laurens, La place de Massignon dans la politique musulmane de la IIIe RĂ©publique in Orientales II. La IIIe RĂ©publique et l'Islam, CNRS, 2004, pp. 217-249
  • Dorothy C. Buck, Dialogues with Saints and Mystics in the Spirit of Louis Massignon, KNP, 2002.
  • Daniel Massignon, Le voyage en MĂ©sopotamie et la conversion de Louis Massignon en 1908, (1988), PrĂ©face de Jean Lacouture, Cerf, 2001 ; (1re Ă©dition, 1988).
  • Patrick Laude , Massignon intĂ©rieur , coll., Delphica, Ă©dition L'Âge d'Homme, Lausanne & Paris, 2000.
  • Louis Massignon au cƓur de notre temps, sous la direction de Jacques Keryell, Paris, Karthala, 1999.
  • Louis Massignon et ses contemporains, sous la direction de Jacques Keryell, Paris, Karthala, 1997.
  • Collectif, Louis Massignon et le dialogue des cultures, Ă©ditĂ© par Daniel Massignon, Cerf, 1996.
  • Mary Louise Gude, Louis Massignon: The Crucible of Compassion, University of Notre Dame Press, 1996.
  • Pierre Rocalve, Louis Massignon et l'Islam, Institut français de Damas, 1993.
  • Collectif Louis Massignon. Mystique en dialogue, Paris, Albin Michel, numĂ©ro spĂ©cial de « Question de », N° 90, 1992.
  • Herbert Mason, Massignon - Chronique d'une amitiĂ©, DesclĂ©e de Brouwer, 1990.
  • Vincent-Mansour Monteil, Le Linceul de feu, Vegapress, 1987 (un tĂ©moignage privilĂ©giĂ©).
  • Jacques Keryell, Louis Massignon, l'HospitalitĂ© sacrĂ©e, Nouvelle CitĂ©, 1987
  • Collectif, PrĂ©sence de Louis Massignon, Paris, Maisonneuve et Larose, 1987.
  • Combats pour l'Homme, Centenaire de la naissance de Louis Massignon, UNESCO, Paris, 1983.
  • Guy Harpigny, Islam et Christianisme selon Louis Massignon , Louvain-la-Neuve, 1981 (la premiĂšre thĂšse consacrĂ©e Ă  Louis Massignon)
  • Collectif, Cahier Massignon , dir. par Jean-François Six, L'Herne , 1970.
  • Camille Drevet, Massignon et Gandhi, Le Cerf, 1967
  • Jean Morillon , Massignon , Classiques du XXe siĂšcle , 1964
  • J.-J. Waardenburg , L'Islam dans le miroir de l'Occident , Mouton, 1962.
  • MĂ©morial Louis Massignon , Dar el-Salam, 1963 (hors commerce). Sous la direction de Youakim Moubarac et des textes arabes de Ibrahim Madkour, Abd al-Rahman Badawi, Taha Hussein, etc.
  • « Hommage Ă  Louis Massignon », Revue de la FacultĂ© des Lettres de TĂ©hĂ©ran , X, 1962.
  • « Hommage Ă  Louis Massignon », Les Lettres françaises , . (avec un Ă©ditorial de Louis Aragon).
  • The mystical vision of Louis Massignon: Islam inspired scholar's gratitude, life work and Christian faith National Catholic Reporter, 17 dĂ©cembre 2004 de Jerry Ryan

Postérité

Hommages

Quelques jours aprĂšs sa mort, le 31 octobre 1962, Louis Aragon Ă©crivait dans un numĂ©ro spĂ©cial des Lettres françaises : « Un des hommes qui signifie la France vient de disparaĂźtre. » L’athĂ©e qu’il est lui rend un vibrant hommage, suivi de François Mauriac, Taha Hussein, Charles-AndrĂ© Julien, RĂ©gis BlachĂšre, etc., tandis que Jacques Berque salue en lui le “Cheikh admirable”.

En 1970, un cahier de l’Herne consacrĂ© Ă  Massignon rassemble plus d’une soixantaine de tĂ©moignages dont ceux d’Edmond Michelet, Charles-AndrĂ© Julien, Jacques Nantet, Gabriel Bounoure, Ibrahim Madkour, AndrĂ© Chouraqui, Eva de Vitray-Meyerovitch, Henri Laoust, Stanislas Fumet, François Nourissier, Jacques Maritain, Henri-IrĂ©nĂ©e Marrou, RenĂ© Voillaume, Serge de Beaurecueil, Henry Corbin[82]


En 1976, Romain Gary, dans La Nuit sera calme, Ă©voque sa rencontre avec Louis Massignon: « Teilhard de Chardin eut chez moi une rencontre avec Massignon, qui Ă©tait probablement le plus grand islamisant français du siĂšcle
 C'Ă©tait au physique et au spirituel le contraire de Teilhard, une Ăąme sur charbons ardents Ă  mille annĂ©es-lumiĂšre de la paix intĂ©rieure
 Un fil d'acier, chauffĂ© Ă  blanc, vibrant, toujours prĂȘt Ă  se rompre, une foi chrĂ©tienne dĂ©vorante, touchĂ© de mysticisme islamique et de ces petits feux de l'enfer qu'entretient une sexualitĂ© fourvoyĂ©e
 Cela donnait une musique arabo-judĂ©o-chrĂ©tienne admirable, une trĂšs belle contribution artistique
 Il avait un physique fragile de vieillard adolescent, un corbeau gris et translucide, avec un de ces regards noirs, brĂ»lants, Ă  vous faire des trous dans votre veston
 »[83]

Critiques

L'Ɠuvre de Louis Massignon n'est pas Ă©pargnĂ©e par les critiques, parfois acerbes. L’un de ses Ă©tudiants, Maxime Rodinson a signĂ© un texte intitulĂ© “Ce n’était pas un saint”[84], ce qui aide Ă  relativiser la portĂ©e de certains ouvrages Ă  tendance hagiographique.

Depuis les travaux d’Edward SaĂŻd, il est avĂ©rĂ© que l’orientalisme a parfois servi de caution scientifique au projet colonial et impĂ©rialiste de l’Occident. Edward SaĂŻd considĂšre la figure de Al-HallĂąj comme "non pertinente", marginale, non reprĂ©sentative de l'islam[85]. Cependant, il reconnaĂźt tout de mĂȘme que l’une des grandes rĂ©ussites de Louis Massignon « a Ă©tĂ© de rendre l’érudition traditionnelle utile pour le monde politique moderne »[86].

L'influence de sa foi catholique sur ses travaux est Ă©galement sujette Ă  controverse. En 1908, il a par exemple voulu voir dans la crucifixion de Hallaj le signe qu’il Ă©tait mort chrĂ©tien, avant de reconnaĂźtre qu’il Ă©tait bien mort musulman. Il est avĂ©rĂ© que sa mystique personnelle a influencĂ© ses travaux sur la mystique musulmane[87].

PrĂšs de soixante ans aprĂšs sa mort, l’Ɠuvre de Massignon continue de faire l’objet de travaux universitaires (colloques, thĂšses, articles, ouvrages) qui permettent de dĂ©passionner des sujets sensibles et de dĂ©passer des polĂ©miques (accusations d’espionnage, antisionisme voire antisĂ©mitisme, rapports Ă  la colonisation et Ă  l’homosexualitĂ©).

Association

En 1965, est fondĂ©e l’Association des Amis de Louis Massignon, visant Ă  "veiller Ă  l'Ă©dition, Ă  la rĂ©Ă©dition, Ă  toute traduction des Ɠuvres de Louis Massignon, honorer sa mĂ©moire et perpĂ©tuer son Ɠuvre et sa pensĂ©e". Henri MassĂ© (membre de l’Institut) en est le prĂ©sident d’honneur, et Henri Laoust (CollĂšge de France), le prĂ©sident. Le bureau est constituĂ© de Gaston Wiet (CollĂšge de France), Jacques Berque (CollĂšge de France), Henri Cazelles (Institut Catholique de Paris), François de Laboulaye (ministre plĂ©nipotentiaire), Jean Scelles (ancien parlementaire), GeneviĂšve Massignon (CNRS) et Daniel Massignon (CEA). Entre 1994 et 2009, cette association a publiĂ© 23 numĂ©ros d’un Bulletin qui dĂ©voile des sources inĂ©dites sur Louis Massignon autour de grands thĂšmes (“L’hospitalitĂ©â€, “Le pĂšlerinage”, “Germaine Tillion et Louis Massignon”
). L’association a cessĂ© ses activitĂ©s en 2017.

Étudiants

Parmi ses Ă©tudiants figurent :

  • Georges Chehata Anawati , dominicain Ă©gyptien fondateur de l'Institut dominicain d'Ă©tudes orientales (IDEO) au Caire.
  • Mohammed Arkoun, intellectuel algĂ©rien, philosophe et islamologue, spĂ©cialiste des courants libĂ©raux et humanistes en islam
  • Roger Arnaldez, philosophe des religions et linguiste impliquĂ© dans le dialogue islamo-chrĂ©tien
  • AbdurrahmĂąn BadawĂź, penseur et philosophe islamique Ă©gyptien
  • Najm oud-Dine Bammate, intellectuel, Ă©crivain, homme de mĂ©dias et islamologue franco-afghan responsable du programme Orient-Occident Ă  l’UNESCO
  • Jean Mohamed Ben Abdejlil , son filleul, converti de l'islam et devenu prĂȘtre catholique franciscain
  • Jacques Berque, professeur au CollĂšge de France, traducteur du Coran (2002)
  • RĂ©gis BlachĂšre, islamologue et traducteur du Coran (1947), dans une optique historico-critique
  • Boutros Boutros-Ghali , diplomate Ă©gypien, 6e secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’ONU (1992-1996), puis 1er secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la Francophonie (1997-2002)
  • Henry Corbin , philosophe et grand spĂ©cialiste du grand mystique chiite Sohrawardi (Cheikh Al-Ishraq)
  • Louis Gardet, petit frĂšre de Foucauld, spĂ©cialiste de l’islam et de la mystique comparĂ©e; consultant auprĂšs du SecrĂ©tariat pour les Non ChrĂ©tiens du Vatican
  • Jean Gaulmier , sociologue, professeur et Ă©crivain
  • Muhammad Hamidullah, thĂ©ologien, philosophe et savant musulman, traducteur du Coran en Français prĂ©facĂ© par Louis Massignon.
  • Taha Hussein, universitaire, Ă©crivain et homme politique Ă©gyptien
  • James Kritzeck (en), universitaire amĂ©ricain spĂ©cialiste de la poĂ©sie et de la littĂ©rature islamique (en)
  • Abdel-Halim Mahmoud, grand cheikh de l'UniversitĂ© al-Azhar au Caire
  • Émile Janier, dernier directeur de la MĂ©dersa de Tlemcen
  • Henri Laoust, successeur de Louis Massignon au CollĂšge de France et 1er prĂ©sident de l’Association des Amis de Louis Massignon
  • Ibrahim Madkour, PrĂ©sident de l’AcadĂ©mie arabe du Caire
  • Herbert Mason, Ă©crivain, poĂšte et islamologue amĂ©ricain traducteur des 4 volumes de La Passion de HallĂąj (en)
  • Denise Masson, islamologue et traductrice du Coran, La PlĂ©iade, 1967
  • Jean Morillon, diplomate et premier biographe de Louis Massignon
  • Youakim Moubarac , prĂȘtre maronite et islamologue au CNRS, secrĂ©taire de Louis Massignon de 1950 Ă  1962
  • George Makdisi (en), islamologue amĂ©ricain, spĂ©cialiste du thĂ©ologien et ulĂ©ma du XIe siĂšcle, Ibn Aqil
  • Vincent Mansour Monteil, officier des affaires indigĂšnes, rĂ©sistant et expert, devenu islamologue
  • AndrĂ© Miquel, titulaire de la chaire de langue et de littĂ©rature arabe au CollĂšge de France
  • Maxime Rodinson, sociologue du monde musulman, militant communiste et de la cause palestinienne
  • 'AlĂź SharĂź'atĂź, sociologue, philosophe et militant politique iranien
  • Salah StĂ©tiĂ© , poĂšte et diplomate libanais, reprĂ©sentant du Liban Ă  l'UNESCO
  • Germaine Tillion, ethnologue et rĂ©sistante, inhumĂ©e au PanthĂ©on depuis 2015
  • Eva de Vitray-Meyerovitch , chercheuse, traductrice et Ă©crivaine, convertie Ă  l'islam et spĂ©cialiste de DjalĂąl ad-DĂźn RĂ»mĂź

Honneurs

Notes et références

Sources

  • ManoĂ«l PĂ©nicaud, Louis Massignon : le « catholique musulman », Paris, Bayard, 2020, 432p.
  • Christian Destremau, Jean Moncelon, Louis Massignon, « le cheikh admirable », Paris, Perrin, coll. « Tempus », 2011 [Plon, 1994]
  • Louis Massignon, Écrits MĂ©morables, sous la direction de Christian Jambet, avec F. Angelier, F. L’Yvonnet et SouĂąd Ayada (2 vol.), Laffont, Bouquins, 2009 / RepĂšres biographiques, T.I, pp. XXIX-LXXX.

    Notes et références

    1. Acte de naissance à Nogent-sur-Marne, n° 154, vues 110-111/227, avec mentions marginales du mariage à Saint-Gilles (Bruxelles) en 1914 et du décÚs à Suresnes en 1962.
    2. Pénicaud Manoël, Louis Massignon : le "catholique musulman", Paris, Bayard, (OCLC 1142393160)
    3. Christian Destremau et Jean Moncelon, Louis Massignon, «le cheikh admirable», Collection Tempus, Éditeur Perrin, 2011 (1 Ăšre ed. Plon, 1994)
    4. Louis Massignon, Écrits mĂ©morables, sous la direction de Christian Jambet, avec F. Angelier, F. L’Yvonnet et SouĂąd Ayada (2 vol.), Bouquins Laffont, 2009 / RepĂšres biographiques, T.I, p. XXIX
    5. Louis Massignon, Le Maroc dans les premiÚres années du XVIe siÚcle: tableau géographique d'aprÚs Léon l'Africain, Alger, G. Binger, (lire en ligne)
    6. Louis Massignon, « L’amitiĂ© de Jean-Richard Bloch », Opera Minora, Textes recueillis, classĂ©s et prĂ©sentĂ©s par Youakim Moubarac, Presses Universitaires de France, 1969, (1re Ă©d. 1963), Tome III, p. 545-555. PubliĂ© aussi dans le Bulletin de l'Association des Amis de Louis Massignon, n°9, 1999, p. 11-12
    7. Daniel Massignon, « Les amitiĂ©s de rĂ©giment de Louis Massignon (1902-1903). Sa rencontre avec Jean-Richard Bloch et Roger Martin du Gard », Bulletin de l'Association des Amis de Louis Massignon, n°9,‎ , p. 4-12
    8. François Angelier, « Louis Massignon », sur FranceArchives (consulté le )
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    60. Alain Dieckhoff, "Nationalisme et religion en Israël", Alain Dieckhoff et Philippe Portier, Religion et politique, Presses de Sciences Po, 2017, p. 120
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    79. Louis Massignon, "La paix dans la justice en Palestine » in Écrits MĂ©morables , vol. I, 2009, p. 723
    80. Louis Massignon, "La Palestine et la paix dans la justice", in Écrits mĂ©morables, vol. I, 2009, p. 742
    81. François Angelier, « RepĂšres biographiques », Écrits MĂ©morables, Laffont, 2009, T.I, p. XXIX
    82. Massignon, dir. par Jean-François Six, L'Herne, 1970.
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    84. Louis Massignon, mystique en dialogue, in Question de, Albin Michel, N° 90, 1992
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    86. Edward SaĂŻd, L’Orientalisme. L’Orient crĂ©Ă© par l’Occident, Paris : Seuil, 1980, pp. 295-307
    87. Florence Ollivry, Louis Massignon et la mystique musulmane. Analyse historiographique, mĂ©thodologique et rĂ©flexive d’une contribution Ă  l’islamologie, thĂšse de Sciences des religions, sous la direction de Pierre Lory et Patrice Brodeur, UniversitĂ© de recherche PSL, EPHE, UniversitĂ© de MontrĂ©al, 2019

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