Libéraux du Maroc
Les historiens dĂ©signent par libĂ©raux du Maroc les personnalitĂ©s qui dans les annĂ©es 1950 reprĂ©sentent le courant de pensĂ©e s'Ă©levant contre les inĂ©galitĂ©s du systĂšme colonial au Maroc, et prĂŽnent le rapprochement social entre les communautĂ©s europĂ©ennes et musulmanes. Au mĂȘme moment, un courant d'idĂ©e similaire se dĂ©veloppe de l'autre cĂŽtĂ© de la frontiĂšre, avec les mĂȘmes objectifs, les libĂ©raux d'AlgĂ©rie.
Ces personnalités de la presse ou de l'industrie étant « sans communauté de pensée politique ou religieuse » et ne constituant « pas un parti politique » ni « un groupe de pression », ils n'ont pas recherché la célébrité, préférant une « action discrÚte » qui s'est révélée « essentielle pour le maintien des relations » entre Français et Marocains[1].
Grùce à leur soutien, celui du parti de l'Istiqlal et de Mehdi Ben Barka, le sultan du Maroc revient à l'automne 1955 de deux ans d'exil forcé et signe les « accords de La Celle-Saint-Cloud », accordant sans guerre et sept ans avant l'Algérie, l'indépendance du pays, mettant fin au protectorat français du Maroc. Mohammed V les remercie alors de leur contribution, plusieurs d'entre eux ayant péri dans une série d'assassinats.
Histoire
Tensions de l'année 1947
AprĂšs les violentes Ă©meutes de 1947 Ă Casablanca, une partie des Français du Maroc se sont sentis en dĂ©saccord avec les « dĂ©rives » du systĂšme de protectorat[2]. Parmi eux, les animateurs des 'AmitiĂ©s marocaines" prĂ©sidĂ©es par FĂ©lix Nataf du GĂšres (Groupe d'Ă©tudes et de rĂ©alisations Ă©conomiques et sociales) prĂ©sidĂ© par Robert Orain. Ils participent aux initiatives d'une presse qui veut se distinguer du ton procolonialiste des journaux de Pierre Mas (Maroc). En 1947 aussi, AndrĂ© de Peretti, Louis Massignon et Jean Scelles fondent le ComitĂ© chrĂ©tien d'entente France-Islam. Le mĂȘme AndrĂ© de Peretti fondera en , avec François Mauriac et Louis Massignon, le ComitĂ© France-Maghreb.
Le Maroc est par ailleurs impliquĂ© en 1950 dans la grĂšve anticolonialistes des dockers CGT, dirigĂ©e contre la guerre d'Indochine, en bloquant les expĂ©ditions de matĂ©riel militaire, qui part de Marseille puis s'Ă©tend Ă d'autres ports notamment le 20 janvier 1950, puis le 23 janvier lorsque 3000 dockers du port de Casablanca cessent le travail[3]. DĂšs juin 1949 un congrĂšs CGT Ă Oran, en AlgĂ©rie, avait votĂ© une rĂ©solution de « solidaritĂ© fraternelle avec le peuple vietnamien » des dockers [4] suivie d'un refus, dĂšs lâĂ©tĂ© 1949[5], de charger sur les navires le matĂ©riel de guerre puis d'une demande le 2 janvier 1950) de coordonner lâaction contre la guerre du Vietnam[4] - [5].
Certains libĂ©raux du Maroc ont alors des positions encore prudentes ou ambigĂŒes. Les archives de Jacques Lemaigre-Dubreuil, notamment le compte-rendu d'une conversation tĂ©lĂ©phonique du 8 mai 1951, contiennent des informations tĂ©moignant de ses rĂ©ticences envers le sultan Mohammed Ben Youssef, alors suspectĂ© de s'opposer Ă la dĂ©mocratisation de la colonie et ainsi de faire le jeu du Parti de l'Istiqlal[6].
Les suites des émeutes de décembre 1952
Les émeutes de décembre 1952 à Casablanca, qui ont fait de 100 à 300 morts selon les historiens, accélÚrent cette réflexion et cette évolution[1], d'autant qu'il avait été approché peu avant par des libéraux du Maroc comme Robert Barrat[7].
Ă Stockholm, oĂč il reçoit son prix Nobel de littĂ©rature, François Mauriac est alertĂ©[8] par un diplomate français qui l'accueille[7]. DĂšs son retour, menĂ©s par AndrĂ© de Peretti, des tĂ©moins lui prĂ©sentent un dossier dĂ©taillant ce qui s'est passĂ©[8]. Il Ă©crit dans Le Figaro du 13 janvier un Ă©ditorial retentissant puis organise le 26 une rĂ©union d'intellectuels catholiques[8]. De nombreuses menaces l'obligent Ă demander une protection policiĂšre[8]. Le Figaro, TĂ©moignage chrĂ©tien et d'autres journaux envoient des reporters sur place pour enquĂȘter[8].
La violence des événements inquiÚte aussi les milieux économiques en Tunisie. En janvier 1953, Jacques Lemaigre Dubreuil, directeur des huiles Lesieur, qui a investi en 1944-1945 dans une grande usine à Casablanca pour pallier la destruction de celle de Dunkerque, écrit ses premiers articles critiques dans le quotidien économique L'Information[8].
Les « libĂ©raux du Maroc » et leur quotidien du matin Maroc-Presse, fondĂ© en 1949 sur une idĂ©e de Jean Walter[9], qui a aussi permis Ă Antoine Mazzella de poursuivre la publication du quotidien du soir Le petit marocain syndicaliste, dĂ©noncent la vision de ces Ă©vĂ©nements donnĂ©e par le gouvernement[10], qui minimise le nombre de dĂ©cĂšs, selon lui au nombre de seulement 34. En mars 1953 est fondĂ© le "Mouvement des Jeunes Patrons", rĂ©unissant Français et Marocains[9], Ă l'initiative de Charles Celier. Le 5 juin 1953, c'est le comitĂ© France-Maghreb, prĂ©sidĂ© par François Mauriac[11], avec pour vice-prĂ©sidents Louis Massignon et Charles-AndrĂ© Julien et au secrĂ©tariat la journaliste Eva Deschamps[12]. Il compte parmi ses adhĂ©rents François Mitterrand, ex-ministre de la France d'Outre-mer (12 juillet 1950 â 10 juillet 1951), qui reviendra au gouvernement Ă l'Ă©tĂ© 1953 chargĂ© de l'Europe et le ministre des Affaires Ă©trangĂšres Daniel Mayer. Un ComitĂ© chrĂ©tien d'entente France-Islam est Ă©galement crĂ©Ă©[8], tandis que Charles Celier fonde la revue marocaine bilingue Houna Koullouchei[9].
Les intellectuels catholiques rĂ©ussissent Ă alerter l'opinion publique française[1], mais sans empĂȘcher le gouvernement français de monter une cabale contre le sultan du Maroc[1] puis de le forcer Ă l'exil en Corse au mois d'aoĂ»t, malgrĂ© l'indignation de "France-Maghreb" et du "ComitĂ© chrĂ©tien d'entente France-Islam"[8]. L'Ă©tĂ© et la rentrĂ©e 1953 voient L'Aurore dĂ©noncer avec virulence France-Maghreb, son prĂ©sident et le gĂ©nĂ©ral Catroux, tandis que l'envoyĂ© spĂ©cial de « l'HumanitĂ© », Robert Lambotte, est expulsĂ©[11] et que France-Soir des 29 et 30 octobre 1953 publie des documents accusant le sultan d'avoir eu des relations avec des agents hitlĂ©riens[12]. Fin aoĂ»t 1953, le ComitĂ© France-Maghreb lance sa premiĂšre grande initiative[11].
Les libĂ©raux du Maroc reçoivent le soutien des trois hebdomadaires crĂ©Ă©s ou relancĂ©s entre 1949 et 1953 en France[13], TĂ©moignage chrĂ©tien, France-Observateur et L'Express, Ă l'audience plus large que les revues intellectuelles Esprit de Jean Cassou et Vercors,Les Temps modernes de Jean-Paul Sartre et Contemporains de Clara Malraux, qui renforcent le pĂŽle non-communiste de l'anticolonialisme. S'y ajoute des chefs d'entreprise mĂ©fiants envers le lobby colonial, en particulier des industriels qui produisent au Maroc et n'ont pas besoin de produits importĂ©s de France. C'est le cas de Jacques Reitzer, directeur de la Compagnie fermiĂšre des Eaux d'OulmĂšs[8] - [14], qui gĂšre un important complexe industriel[15] produisant des sodas Ă Casablanca, Ă partir des eaux minĂ©rales gazeuses d'OulmĂšs[16], par ailleurs ami de toujours d'Antoine Mazzella et l'un des plus prĂ©coces "libĂ©raux du Maroc"[17]. Son entrepris est cotĂ©e en Bourse[16], comme celle de Jacques Lemaigre Dubreuil dont l'usine de Casablanca fournit toute la rĂ©gion en huiles permettant de conditionner en boites de conserve la production de sardines, avec des dĂ©pĂŽts Ă Safi, Agadir et Mogador, auprĂšs des entreprises de pĂȘche[18].
Les réunions des "libéraux du Maroc" s'enchaßnent, de février à juin 1954, à l'hÎtel Mansour de Casablanca[6] et forment, par leurs débats animés, un équivalent du "Jeu de Paume" de 1789 à Paris[6]. Parmi les participants à cette mouvance figurent aussi l'association "Les Amitiés" de Félix Nataf, l'association Conscience Française du docteur Guy Delanoé, et des notables marocains de l'Istiqlal, comme M'hamed Boucetta[6], Hadj Omar Abd-El-Djellil[6] et Ahmed ben Kirane[6].
Jean VĂ©drine, pĂšre du futur ministre des Affaires Ă©trangĂšres Hubert VĂ©drine, qui parcourt le Maroc en 1950 avec les recommandations de François Mitterrand puis revient en France[19] tente ensuite de faire connaĂźtre les jeunes Ă©tudiants marocains de Paris comme Abderrahim Bouabid et d'autres nationalistes pro-indĂ©pendance aux membres du gouvernement et Ă la presse[19], en leur permettant d'exprimer des propositions pour l'avenir au bon moment[19]. De son cĂŽtĂ©, Jacques Lemaigre-Dubreuil tente des rapprochements au sein de cette nĂ©buleuse encore peu organisĂ©e, en jouant les intermĂ©diaires entre les reprĂ©sentants du gouvernement, les modĂ©rĂ©s et les « libĂ©raux » favorables Ă l'autonomie du Maroc[20]. Une « tendance modĂ©rĂ©e et constructive qu'il serait peut-ĂȘtre opportun d'encourager », selon une note du haut-fonctionnaire Charles Merveilleux du Vignaud[9], mais qui est surtout surveillĂ©e par le gouvernement[9]. En mars 1954[6], il se rallie Ă l'opinion des socialistes Paul Ramadier et Marius Moutet, soutenant que la conservation de l'Empire colonial relĂšve du passĂ©isme, et le fait savoir par un article dans Le Monde[6]. Jacques Lemaigre-Dubreuil devient ainsi la cible des mouvements qualifiĂ©s Ă l'Ă©poque de « contre-terroristes », partisans du maintien du Maroc sous protectorat français[20].
EnquĂȘte sur les assassinats en 1953
Le radical LĂ©on Martinaud-DĂ©plat, alors ministre de l'intĂ©rieur depuis le 28 juin 1953, entretient des liens avec le "lobby ultra" colonialiste du Maroc[21] au moment oĂč se multiplient les actions violentes incluant les assassinats politiques. Un autre chef de file du parti, RenĂ© Mayer dĂ©putĂ© radical de Constantine et dĂ©fenseur des colons algĂ©riens, pivot des diffĂ©rentes majoritĂ©s parlementaires et cabinets de la IVe RĂ©publique[22], avait veillĂ© Ă partir de 1950 Ă ce que le ministĂšre de lâIntĂ©rieur soit l'apanage de proches des intĂ©rĂȘts coloniaux[22], notamment dans la mouvance radicale, avec des personnalitĂ©s comme Martinaud-DĂ©plat ou Charles Brune[22].
En seulement quinze mois, ente dĂ©cembre 1953 et mars 1955, un total de 1222 attaques terroristes, Ă©manant des deux camps, vont causer 259 morts et 732 blessĂ©s[23], dont la plupart ont lieu Ă Casablanca, qui se voit alors surnommĂ©e "Chicago"[23]. Les deux camps sont touchĂ©s. Le 30 juin 1954 par exemple, le docteur Ămile Eyraud, directeur du premier quotidien du pays La Vigie marocaine est assassinĂ© en plein centre de Casablanca[24] - [25], oĂč le nĂ©gociant proche des indĂ©pendantistes Abdelkrim Diouri sera Ă son tour abattu par balles le 1er dĂ©cembre 1954[24].
Roland de Moustier, dĂ©putĂ© du Doubs est chargĂ© d'enquĂȘter sur des assassinats de Marocains par des EuropĂ©ens dĂšs le mois de dĂ©cembre 1953[6], peu aprĂšs la bombe qui cause 19 morts au marchĂ© central de Casablanca [26] et entraine 8 arrestations[27]. C'est un proche de Jacques Lemaigre Dubreuil, mais son rapport remis en fĂ©vrier 1954[6] n'est pas suivi ou exploitĂ© et il avertit alors que « nous glissons vers la guerre civile, si rien n'est fait au Maroc »[6].
En mars 1954, le gouvernement est obligé de nommer un nouveau résident général de France au Maroc, pour remplacer le maréchal Juin, qui vient de se déclarer contre la Communauté européenne de défense. Le général Koenig étant pressenti pour le remplacer, Jacques Lemaigre Dubreuil se lance alors dans marathon auprÚs des autorités locales et du ministÚre des Affaires étrangÚres pour que lui soit préféré un diplomate, Francis Lacoste et les relations se tendent chez les Français du Maroc. Les libéraux reprochent aux autorités françaises de laisser faire les attentats colonialistes, via un éditorial d'Henri Sartout, de Maroc-Presse[28].
Lettre des 75 du Maroc
Le 11 mai 1954, le quotidien de Casablanca Maroc-Presse publie une « lettre au prĂ©sident de la RĂ©publique des Français du Maroc », datĂ©e de trois jours plus tĂŽt, qui « marque un tournant dĂ©cisif »[29] dans la dĂ©colonisation car les personnalitĂ©s signataires rĂ©clament un changement de politique coloniale[29] - [30] et pointent du doigt «l'intimidation Ă©rigĂ©e en politique depuis plusieurs annĂ©es (...) risque de compromettre tout rapprochement des Français et des Marocains »[30]. Les libĂ©raux ne sont alors pas toujours unanimes: Jacques Lemaigre Dubreuil, qui a ĆuvrĂ© Ă la nomination de Francis Lacoste, n'est pas signataire de la lettre des 75 publiĂ©e par Maroc-Presse.
L'écrivain François Mauriac, qui vient de rejoindre L'Express, fondé en mai 1954, renchérit et dénonce «le médecin militaire donne du bistouri dans les ganglions sans rien vouloir connaßtre du cancer dont ils sont le signe »[30]. Le 7 mai, la France perd la bataille de Dien Bien Phu, sa derniÚre de la guerre d'Indochine et le gouvernement de Pierre MendÚs France est nommé peu aprÚs pour négocier les Accords de GenÚve y mettant fin.
Les "libĂ©raux du Maroc" sont dĂ©noncĂ©s comme "la cinquiĂšme colonne chargĂ©e de miner les positions françaises d'Outre-Mer" dans un tract "Alerte au Maroc" diffusĂ© le 15 juin 1954[31]. Le texte annonce la crĂ©ation d'un « ComitĂ© de vigilance et d'action pour la sauvegarde et la dĂ©fense du Maroc »[32] - [33], au moment de la nomination d'un nouveau RĂ©sident gĂ©nĂ©ral de France au Maroc, Francis Lacoste. Francis Lacoste est sous pression, aprĂšs une rĂ©union du mĂȘme jour, fĂ©dĂ©rant les groupes ultras autorisĂ©s ou non[6] : anciens du Corps expĂ©ditionnaires français en Italie (CEF), ComitĂ© de vigilance et d'action (COVAC), le mouvement PrĂ©sence française et la "FĂ©dĂ©ration des Français et amis de la France au Maroc"[6]. Le premier groupe, prĂ©sidĂ© par Jean-Guy DuchĂąteau, conseiller du gouvernement[31] et signataire du tract[31], est surveillĂ© par les autoritĂ©s car s'est implantĂ© dans ses rangs « une faction d'excitĂ©s, partisans de coups de force, dĂ©cidĂ©s selon leur expression Ă descendre les Français qui s'opposeraient Ă leur action et Ă obtenir la mutation du nouveau rĂ©sident »[6], soupçonnĂ© de prĂ©parer un rapprochement avec les nationalistes[6].
En aoĂ»t 1954, une rĂ©volte dĂ©ferle sur la ville miniĂšre de Khouribga qui se situe Ă 120 km au sud-est de Casablanca[12] au cĆur du plateau des phosphates [34].
Assassinats de Tahar Sebti et Albert Forestier
Les tensions avec les ultras augmentent encore aprÚs les révélations sur le contre-terrorisme, en novembre et décembre 1954, d'Albert Forestier, un jeune inspecteur de police à Casablanca, au Maroc. Ex-pigiste sportif chargé du cyclisme à Maroc-Presse, puis engagé en Indochine en 1951, il y a bénéficié d'une citation à l'ordre de l'armée par le général de Lattre en 1951[35].
En décembre 1954, aprÚs l'assassinat le 1er décembre 1954 d'Abdelkrim Diouri, un négociant proche des indépendantistes[24], Albert Forestier perquisitionne, avec des collÚgues, l'hebdomadaire Zadig[14]. Qualifié de "Canard Enchaßné marocain"[36] malgré un « faible tirage »[37], cet hebdomadaire, virulent défenseur du Maroc français, publie des menaces contre les libéraux du Maroc. Albert Forestier rédige un rapport sur quatre ou cinq pages de papier quadrillé[38], transmises à Raymond Chevrier, jeune préfet depuis 1954, et récemment nommé directeur des services de la sécurité[39] - [38] par le ministre des Affaires marocaines et tunisiennes Christian Fouchet.
Raymond Chevrier reconnait avoir des difficultés à exercer son autorité, car il n'appartient pas aux cadres de la Sûreté nationale[40]. Le rapport est aussi transmis au colonel Hubert, directeur de l'intérieur[38], proche conseiller du Résident général de France au Maroc, qui sera au printemps 1958 condamné à mort par contumace, avec un autre officier et leur interprÚte, pour avoir « comploté l'assassinat de personnalités marocaines »[41].
Henri Sartout leur organise à tous deux des rencontres avec Albert Forestier, dont le rapport révÚle l'existence de deux équipes terroristes, l'une spécialisée dans le mitraillage et l'autre dans les explosifs, toutes les deux en liaison avec le docteur Georges Causse, président fédéral du groupement "Présence française"[42] et Jean-Guy Duchùteau[31]. Lemaigre Dubreuil a de son cÎté communiqué ces renseignements au gouvernement français[38]. Le journaliste Antoine Mazzella, qui a subi des menaces de mort et un attentat raté en octobre, est prévenu aussi et s'éloigne à Paris[38].
La situation se dégrade alors peu avant la chute du gouvernement de Pierre MendÚs France, visé par lobby colonial, le 5 février 1955[43].
Le 2 janvier 1955, c'est l'assassinat par sept rafales de mitraillettes de Tahar Sebti[6], nĂ©gociant marocain, actif dans le textile et la minoterie, ami de Lemaigre Dubreuil et membre du comitĂ© directeur de Lesieur Afrique car associĂ© Ă 50 % dans la filiale locale du groupe, la plus importante. Le crime « Ă©branle Marocains et libĂ©raux »[6]. Vingt mille personnes assistent Ă ses obsĂšques, sur un cortĂšge de plus de trois kilomĂštres, tandis qu'Antoine Turiel, professeur d'espagnol au lycĂ©e Lyautey et Ămile Desprades sont griĂšvement blessĂ©s au revolver et l'employĂ© de bureau Baptiste Peralta tuĂ© d'une balle dans la tĂȘte[44].
La nuit suivante[23], Albert Forestier meurt dans un accident de la route. L'enquĂȘte montre que la direction de son vĂ©hicule avait Ă©tĂ© sabotĂ©e[33] - [45] et qu'il percutĂ© un car de militaires[38] sur une route en lacets accidentĂ©e entre Ifrane et Casablanca[33].
FĂ©vrier Ă avril 1955, les rapports Forestier, Wybot et Lemaigre Dubreuil
Le 4 fĂ©vrier 1955, veille de la chute du gouvernement Pierre MendĂšs-France, Henri Sartout accuse dans un Ă©ditorial de Maroc-Presse des EuropĂ©ens de Casablanca d'ĂȘtre responsables d'attaques contre des Marocains et mĂȘme contre d'autres EuropĂ©ens. Maroc-Presse met de plus en cause Philippe Boniface, prĂ©fet de rĂ©gion de Casablanca, comme Ă©tant partie prenante du « contre-terrorisme » en favorisant l'impunitĂ© des activistes français[20]. Le journal publie dans le mĂȘme numĂ©ro les cinq pages d'informations synthĂ©tisĂ©es en dĂ©cembre par l'inspecteur de police Forestier.
L'article est repris dans L'Express et suscite l'indignation. Henri Sartout doit rĂ©clamer la protection policiĂšre du journal. La famille Walter souhaite alors se dĂ©faire de sa participation au capital[23]. Jacques Lemaigre Dubreuil se porte acquĂ©reur, mais sa prise de contrĂŽle du quotidien ne sera finalisĂ©e en qu'avril[23] car il demande avant au PrĂ©sident du Conseil Edgar Faure de lui apporter des garanties de sĂ©curitĂ©. Ce dernier confie alors Ă Roger Wybot, patron depuis onze ans de la DST, une mission d'enquĂȘte au Maroc[38].
MalgrĂ© cette mission, le 2 mars 1955 une pluie de tracts menace Lemaigre Dubreuil, Jacques Reitzer et Pierre Clostermann[45] et le 6 mars 1955 une bombe est posĂ©e devant la villa d'un autre des "libĂ©raux du Maroc", Pierre Clostermann[45]. Des victimes sont ensuite constatĂ©es cĂŽtĂ© extrĂȘme-droite, Philippe Boniface, prĂ©fet de rĂ©gion, est attaquĂ© par des Marocains en moto[45] mais sauvĂ© par des collĂšgues et le 10 mars 1955 le docteur Georges Causse est blessĂ© d'une balle Ă la cuisse[45].
Le 24 mars 1955, Roger Wybot présente son rapport[45], qui oppose le « contre-terrorisme spontané » issu d'un « réflexe d'autodéfense » au « contre-terrorisme organisé », mais son analyse est contestée, car « le second paraßt bien l'emporter sur le premier » note Le Monde[46]. Mi-avril, deux mois avant son assassinat, Jacques Lemaigre Dubreuil donne à Edgar Faure une note récapitulant les informations de Forestier[47]. Il a également une entrevue avec le général Alphonse Juin[45] puis rencontrera à nouveau Edgar Faure la veille de sa mort[45]. Entre-temps, Joseph Renucci et Jo Attia, deux criminels endurcis, entrent en contact avec les hommes du SDECE[45].
Jacques Lemaigre-Dubreuil, directeur de Maroc-Presse, remet ensuite lui-mĂȘme au prĂ©sident du conseil et au ministre des Affaires marocaines et tunisiennes un « rapport trĂšs complet sur le contre-terrorisme »[35], qui reprend et complĂšte les informations transmises le 26 dĂ©cembre par Henri Sartout et Antoine Mazzella[35] aux diffĂ©rentes autoritĂ©s locales[48], qui rĂ©sumaient celles collectĂ©es et synthĂ©tisĂ©es par l'inspecteur de police Forestier[35].
Conférence nationale pour la solution du problÚme franco-marocain
La situation Ă©volue rapidement au Parti radical, implantĂ© chez les « ultras du Maroc », dont est proche son prĂ©sident administratif LĂ©on Martinaud-DĂ©plat, au ministĂšre de l'intĂ©rieur jusqu'Ă l'Ă©tĂ© 1954, et qu'occupe depuis fĂ©vrier 1955 un autre radical de droite Maurice BourgĂšs-Maunoury. Leur exclusion du Parti devient probable aprĂšs mai 1955, quand ils sont mis en minoritĂ© lors d'un congrĂšs extraordinaire trĂšs mĂ©diatisĂ©s par l'ex-prĂ©sident du Conseil Pierre MendĂšs France[49], qui fait adopter le principe d'un Front rĂ©publicain alliant les radicaux autres partis de gauche, pour une probable et prochaine conquĂȘte pouvoir[49].
Pierre MendĂšs France soutient chaudement les « libĂ©raux du Maroc » dans L'Express crĂ©Ă© depuis un an par le quotidien Les Ăchos. Pour lui, la ligne de sĂ©paration du conflit au Maroc n'est « pas vraiment entre deux peuples, mais entre ceux qui de part et d'autre ne croient qu'en la violence et, de part et d'autre, les partisans du dialogue »[50] et il salue « les Français, qui s'efforcent de comprendre les Marocains et de s'entendre avec eux en vue de rĂ©aliser un accord librement consenti »[50].
Deux jours aprÚs le congrÚs radical, il participe à la "Conférence nationale pour la solution du problÚme franco-marocain", organisée les 7 et 8 mai 1955 à Casablanca par des intellectuels catholiques, menés par André de Peretti. L'événement est la participation des leaders du Parti de l'Istiqlal marocain, qui y rencontrent Jean Védrine, Bertrand Schneider, Léon Marchal, ancien secrétaire général du Protectorat et secrétaire général du Conseil de l'Europe, François Mauriac, Emmanuel Lamy, secrétaire général-adjoint de la Banque de l'Union parisienne et l'association France-Maghreb[8], premiÚre discussion qui pose les jalons de la conférence d'Aix-les-Bains organisée ensuite en août avec aussi les leaders du Parti de l'Istiqlal.
Assassinat de Lemaigre Dubreuil
Le 6 juin, Jacques Reitzer, ami d'Antoine Mazzella, patron de l'usine de sodas de Casablanca échappe pour la troisiÚme fois à un attentat[15]. Il porte immédiatement plainte car les rapports Forestier et Lemaigre Dubreuil viennent d'établir que ces attentats émanent des policiers regroupés dans La Main rouge, paravent du SDECE[15].
Jacques Lemaigre Dubreuil demande audience au ministre Pierre July, Ă qui il confie qu'il sera Ă son tour visĂ© par une tentative d'assassinat[51] - [52]. Il affirme dans une tribune de Maroc-Presse qu'il est soutenu par le gouvernement[52] puis confie la tribune suivante Ă Moulay Abdelhadi Alaoui, principal iniateur du Manifeste de l'indĂ©pendance du 1944[52], dĂ©testĂ© par le RĂ©sident, le marĂ©chal Juin[52]. Le 10 juin, il invite au siĂšge de Lesieur Ă Paris les militants indĂ©pendantistes Abderrahim Bouabid et M'hamed Boucetta, pour leur montrer sa sacoche contenant des informations sur le mĂȘme Alphonse Juin[52].
Le lendemain, le , Jacques Lemaigre Dubreuil rentre incognito Ă Casablanca car les policiers le protĂ©geant ne sont pas prĂ©venus[52], alors que docteur Causse, proche de La Main rouge en est informĂ©[52]. Le soir, il est assassinĂ© Ă la mitraillette par la fenĂȘtre d'une traction avant, au pied de son immeuble[20], sur la place de Casablanca, qui sera rebaptisĂ©e Ă son nom Ă l'IndĂ©pendance du Maroc. Simon Castet, avec qui il a dĂźnĂ©, Ă©chappe de peu aux tueurs et pense en avoir vu trois ou quatre dans une CitroĂ«n Traction Avant 15-6[52].
Sa sacoche, qui contenait des piĂšces historiques sur la stratĂ©gie du marĂ©chal Juin sous l'Occupation a disparu, selon son gendre Baudhoin de Moustier et ses amis[52] - [53] - [54] - [55]. Le jour de ses obsĂšques, suivies par Pierre MendĂšs-France, Jean-Jacques Servan-Schreiber et une foule nombreuse[56] le gouvernement annonce « une rĂ©organisation des services de sĂ©curitĂ© du Maroc »[56] qu'il avait dĂ©jĂ promise aprĂšs le rapport de Roger Wybot le 24 mars[46], proposant de les scinder pour « lutter contre chacun des terrorismes, marocain et europĂ©en »[46]. Roger Wybot se voit confier immĂ©diatement une nouvelle mission Ă Casablanca[36] - [57]. Le marĂ©chal Juin, qui s'Ă©tait opposĂ© violemment Ă la victime[45], est « priĂ© de dĂ©missionner » du ComitĂ© de coordination de lâAfrique du Nord. Le rĂ©sident Francis Lacoste est relevĂ© de ses fonctions, remplacĂ© seulement un mois aprĂšs par Gilbert Grandval. Dans L'Express, Maroc-Presse et Le Monde[50], Pierre MendĂšs-France dĂ©nonce une administration coloniale marocaine qui a « ignorĂ© les Français libĂ©raux au point de renoncer Ă les protĂ©ger physiquement »[50].
L'Express et France-Soir, qui tire Ă un million d'exemplaires, rĂ©vĂšlent Ă l'opinion publique[14] que l'hebomadaire Zadig, proche de La Main rouge, avait dĂ©signĂ© la victime [37], mĂȘme si son directeur Michel de La Varde, de son vrai nom Maurice GabĂ©, s'en dĂ©fend dans un livre quelques mois aprĂšs[14]. Huit jours avant l'assassinat, Zadig Ă©crivait qu'il « tient Ă prĂ©venir ceux qui Ă©crivent librement dans Maroc-Presse que la libertĂ© a des limites, qu'il note leurs noms Ă toutes fins utiles quand l'heure des rĂ©glements de comptes sera venue »[58] - [14].
Dix jours aprĂšs l'assassinat de Jacques Lemaigre Dubreuil, l'Ă©motion n'est pas retombĂ©e[14]. Une dizaine d'EuropĂ©ens sont interpellĂ©s puis relĂąchĂ©s, parmi lesquels six policiers. L'un d'eux, Pujols, reconnaĂźt des assassinats de Marocains maraĂźchers[46]. Un autre, Antoine MĂ©lĂ©ro est par ailleurs espion du SDECE, arrivĂ© en mars 1952[59] et qui suit discrĂȘtement le truand Jo Attia six mois aprĂšs Ă TĂ©touan lors d'un autre attentat risquĂ©, ratĂ©, contre Allal el Fassi"Les gangsters et la RĂ©publique" par FrĂ©dĂ©ric Ploquin en 2016 aux Editions Fayard [60], imposĂ© par le gouvernement Ă Henri Fille-Lambie, chef du service Action du SDECE [60].
Parmi eux aussi, le cafetier François Avivai[47], que Forestier avait accusĂ© en novembre 1954[47] d'autres attentats contre Pierre Clostermann et Antoine Mazzella commis en octobre 1954[47]. Les enquĂȘteurs sont parvenus aussi à « situer le terrorisme marocain lui-mĂȘme dans son cadre », de « sĂ©vices, brimades, arrestations arbitraires », pour exiger des victimes qu'elles « dĂ©sintĂ©ressent les prĂ©tendus enquĂȘteurs »[46].
Dans trois longs articles consĂ©cutifs [47] - [61] - [46], Le Monde rĂ©vĂšle que les enquĂȘteurs sont « en prĂ©sence de toute une organisation antiterroriste Ă laquelle on peut imputer plusieurs dizaines d'attentats » et que la police casablancaise a traitĂ© 15 affaires de terrorisme depuis janvier et dĂ©fĂ©rĂ© devant Ă la Justice 104 personnes[47], sans « apaiser les inquiĂ©tudes » des Français qui soutenaient la victime et « dont les noms ont Ă©tĂ© portĂ©s sur certains tracts »[46] mais que « la responsabilitĂ© de certains policiers est maintenant Ă©tablie »[46].
« Il apparaĂźt en premier que des crimes mis Ă l'actif des terroristes marocains sont en fait imputables » aux dix arrĂȘtĂ©s, comme « seuls quelques Français courageux s'Ă©taient jusqu'alors employĂ©s » Ă le rĂ©vĂ©ler[46], souligne Le Monde en rĂ©fĂ©rence Ă une dĂ©pĂȘche AFP citant les enquĂȘteurs selon qui « la "liste Forestier" est issue de confidences de l'inspecteur chef Delrieu »[46], pourtant ensuite mis Ă pied. MutĂ© Ă Paris[46] sous une impressionnante protection policiĂšre, puis arrĂȘtĂ©[62], il a « protestĂ© contre le dĂ©placement d'un chef de brigade au courant de l'action des terroristes europĂ©ens. »[46].
Le prĂ©sident du Conseil Edgar Faure rĂ©pond par deux longues interventions Ă l'AssemblĂ©e nationale lors des sĂ©ances des 24 et 25 juin 1955, en dĂ©voilant des extraits du nouveau rapport de Roger Wybot, de la DST, qui selon les "ultras" « remettent Ă sa place »[14] - [38] Albert Forestier. Roger Wybot y Ă©crit qu'il soupçonnait Forestier, lors de sa prĂ©cĂ©dente mission « d'avoir commis lui-mĂȘme l'attentat du 22 dĂ©cembre contre trois Marocains » sortant du bar [63] et d'avoir embelli son parcours militaire en Indochine[59] - [61] - [63].
à la mi-juillet, c'est Simon Castet seul témoin de l'assassinat de Jacques Lemaigre Dubreuil, est retrouvé « suicidé » dans la villa d'un lobbyiste conservateur sur la CÎte d'Azur[33]. La Justice requalifie ensuite le suicide en assassinat[59] - [20]. BriÚvement interrogé par la police, il était rentré en France demander audience au ministre Pierre July, qui a refusé[33] - [59]. Le gouvernement interdit alors l'hebdomadaire Zadig le 14 juillet, veille d'une nuit d'émeute déclenchée par des ultras à Casablanca, en réaction à un attentat. PrÚs de 150 incendies font une soixantaine de morts, à laquelle répondent un mois plus tard des émeutes encore plus sanglantes contre la présence française dans plus d'une dizaine de villes du Maroc.
Conférence d'Aix-les-Bains et accords de La Celle-Saint-Cloud
Les « libéraux du Maroc » suivent de prÚs, à l'été et l'automne 1955 le processus d'obtention de l'indépendance du Maroc, qui prend forme lors de la conférence d'Aix-les-Bains au mois d'août,qui voit la France pour la premiÚre fois accepter le retour du sultan, puis par les accords de La Celle-Saint-Cloud de novembre.
Le Monde du 23 aoĂ»t dĂ©plore que le prĂ©sident du conseil Edgar Faure soit toujours soumis aux « dissensions de son cabinet sur le problĂšme crucial » de ce retour mais salue sa dĂ©cision d'un dialogue « avec les nationalistes marocains eux-mĂȘmes »[64]. Le mouvement Conscience française affirme reprĂ©senter « l'opinion des Français libĂ©raux du Maroc » et met en valeur « une attitude de silence et d'expectative » au moment de la confĂ©rence d'Aix-les-Bains d'aoĂ»t 1955. Puis en octobre il dĂ©nonce « les atermoiements, les hĂ©sitations, les manquements aux engagements proclamĂ©s dans les dĂ©lais fixĂ©s » pour demander la « mise en application immĂ©diate du compromis » trouvĂ© entre les deux parties lors de cette confĂ©rence, en estimant que « le retard fait le jeu des extrĂ©mismes »[65]. Edgar Faure organise alors des "conseils de guerre" dans la villa de son directeur de cabinet Jacques Duhamel Ă Sanary sur Mer[12].
Mais le , le dénouement est toujours attendu et un comité représentant les groupements libéraux du Maroc écrit au président René Coty pour souligner « la nécessité d'un rapide retour du sultan » Mohamed V, toujours exilé à Madgascar, tandis que le président de la chambre de commerce et d'industrie de Casablanca lance un appel à se « rallier au gouvernement marocain qui va présider aux destinées du pays »[66]. Trois jours aprÚs, le ministre des Affaires étrangÚres Antoine Pinay revient à Paris et déclare que le sultan est désormais le seul interlocuteur légal de la France[67]
Ce dernier est accueilli le mĂȘme jour en France par 1 500 Marocains, ouvriers, Ă©tudiants, commerçants, venus de diverses rĂ©gions et y donne son premier dĂźner officiel, avec François Mauriac, Pierre Closter-mann, Charles-AndrĂ© Julien, RenĂ© Julliard, Georges Izard, Paul Weill et le docteur Dubois-Roquebert[68]. En mars 1956, il rend hommage aux Français libĂ©raux du Maroc, dont il reçoit une dĂ©lĂ©gation en leur affirmant « vous et nous, nous et vous, au moment oĂč elle Ă©tait en danger, avons sauvĂ© par notre action conjuguĂ©e l'amitiĂ© de nos deux peuples »[69].
Les rencontres de Toumliline
En aoĂ»t 1955, les camps de vacances de l'Atlas furent fermĂ©s par lâarmĂ©e française, car suspectĂ©s d'activitĂ©s nationalistes[70], obligeant les jeunes y passant l'Ă©tĂ© Ă demander lâhospitalitĂ© aux moines du monastĂšre bĂ©nĂ©dictin de Toumliline, ouvert en 1952, Ă lâinvitation de l'archevĂȘque de Rabat[71], avec lâaccord du sultan Mohammed Ben Youssef[70]. D'oĂč l'idĂ©e de lancer dĂšs l'Ă©tĂ© suivant, dans le mĂȘme monastĂšre de Toumliline des sessions de rĂ©flexions et de dĂ©bats[70]. Ă partir du printemps 1956, Si BekkaĂŻ, pacha de Sefrou[70], propose ainsi d'en faire le lieu de cours internationaux, en invitant des Ă©tudiants du monde entier, le sultant soutenant le projet[70]. « Des jeunes, musulmans, juifs et chrĂ©tiens, venus de tout le Maroc »[71] s'y retrouvent dans des rencontres interreligieuses [72], sur des thĂšmes « touchant la vie quotidienne des marocains et recoupant des enjeux internationaux »[71], ouvertes aux intellectuels de tous horizons[73]. Parmi les intellectuels qui y participent, des libĂ©raux du Maroc comme Louis Massignon, mais aussi Louis Gardet, Emmanuel Levinas, Fatima Hassar-Ben Slimane, Louis FougĂšre, Ahmed Balafrej, Mohammed El Fassi, RĂ©gis BlachĂšre et A.R. Gibb (1895-1971)[71]. Une synthĂšse des dĂ©bats est rĂ©unie dans un livre publiĂ© en 1956 [74].
Les libéraux du Maroc se retrouvent nombreux pour les sessions d'été à Toumliline, futur lieu de tournage du film Des hommes et des dieux sur moines de Tibherine.
Les rebondissements au printemps 1958
L'enquĂȘte sur l'assassinat de Jacques Lemaigre Dubreuil ne rebondit que prĂšs de trois ans plus tard. Le 7 mars 1958, les rĂ©vĂ©lations de Robert Gabey, ex-chroniqueur de Zadig, entraĂźnent la mise en examen du policier Antoine MĂ©lĂ©ro, qui n'est libĂ©rĂ© qu'une semaine plus tard[36], son avocat Biaggi ayant fait valoir le dĂ©cret d'amnistie pris par le sultan du Maroc Ă son retour au pouvoir en novembre 1955[36], pour tous les crimes politiques remontant jusqu'au mois d'aoĂ»t 1953[36].
Antoine MĂ©lĂ©ro reste cependant en libertĂ© provisoire, car impliquĂ© Ă Toulon dans une affaire de proxĂ©nĂ©tisme, et citĂ© dans l'enquĂȘte sur le meurtre d'un policier au cours de l'assassinat manquĂ© de Pierre MendĂšs-France le 17 avril 1956 au Maroc, car il a ensuite kidnappĂ© Ă l'hĂŽpital un des trois auteurs de cette tentative[36], blessĂ© pendant l'attaque, Ă laquelle a participĂ© aussi son ami Bob Denard, qui passe 18 mois en prison pour cette affaire[75].
Louis Damiani, autre militant du groupe marocain PrĂ©sence française a entre-temps tuĂ©, le 2 mars 1957 Ă Paris, un changeur qui lui rĂ©sistait, Ă coups de matraque et de crosse de revolver[76], crime qui lui vaudra quinze ans de prison. ArrĂȘtĂ©, il avoue avoir Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© fin 1953 ou dĂ©but 1954 au bras au droit de Georges Causse et avoir participĂ© Ă une sĂ©rie d'attentats contre des « personnalitĂ©s libĂ©rales ».
Parmi ceux-ci, l'attentant d'octobre 1954 visant l'industriel Pierre Clostermann[77] et celui du 2 janvier 1955 qui a tué Sebti, auquel a participé Bob Denard. Il y a aussi les deux attentats de juin 1955 contre Jacques Reitzer et Jacques Lemaigre-Dubreuil, ou encore celui contre le docteur Mohammed Saleh Bendjelloul, pour lequel Jo Attia, truand travaillant occasionnellement pour le SDECE, est emprisonné par la police espagnole à Tanger, avant d'obtenir son extradition en promettant des révélations sur la raison des traces de son implication dans l'Affaire du double meurtre de Montfort l'Amaury, alors non-élucidée.
Les magistrats replacent Antoine Méléro sous les verrous en mai 1958[38] car Louis Damiani renouvelle contre lui des accusations précises, recoupant celles de 4 autres témoins[38], dont trois policiers l'accusant d'avoir été au volant d'une des voilures convoyant les assassins de Lemaigre Dubreuil[38].
Il passe Ă son tour 17 mois en prison, avant d'ĂȘtre libĂ©rĂ© le 2 septembre 1959 sur intervention du Premier ministre Michel DebrĂ©, alors confrontĂ© Ă la dĂ©colonisation de l'AlgĂ©rie, puis de bĂ©nĂ©ficier d'un non-lieu en 1964[36].
Malgré les aveux de Damiani en , mettant en cause quatre hommes de main de « Présence française », dans une équipe qui présente de nombreuses similitudes avec l'organisation La Main rouge[78] dont des policiers, un non-lieu est prononcé en 1965[20].
La Main rouge disposait Ă cette Ă©poque d'une Ă©quipe de neuf hommes au Maroc, selon l'enquĂȘte publiĂ©e dans un livre en 1982 par Alain Laville, grand reporter Ă Nice-Matin et journaliste d'investigation, qui a effectuĂ© d'importantes recherches sur le grand banditisme[36].
Personnalités parmi les libéraux du Maroc
- Hadj Omar Abd-El-Djellil[6];
- Ahmed ben Kirane;
- Jacques Reitzer, administrateur général de la Compagnie fermiÚre des Eaux d'OulmÚs;
- Jacques Lemaigre-Dubreuil, directeur de Lesieur;
- Pierre Clostermann, député gaulliste et chef d'entreprise;
- Jean Walter, directeur de la société des mines
- Maurice Buttin, avocat;
- Charles Celier, créateur de la revue marocaine bilingue Houna Koullouchei[9]et en mars 1953 du "Mouvement des Jeunes Patrons";
- Félix Nataf, responsable de l'association "Les Amitiés";
- docteur Guy Delanoé, président de l'association Conscience Française;
- M'hamed Boucetta, de l'Istiqlal;
- Abderrahim Bouabid;
- Henri Sartout, président de l'Association des anciens combattants d'Indochine et directeur de Maroc-Presse[9];
- Antoine Mazzella, rédacteur en chef de Maroc-Presse[9].
- André de Peretti;
- Louis Massignon;
- Jean Scelles
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
: source utilisée pour la rédaction de cet article
- Passeurs d'espĂ©rance. Français libĂ©raux dans le Maroc en crise 1945-1955, par Anne-Marie Rozelet, aux Ăditions Afrique-Orient en 1998;
- Les LibĂ©raux français au Maroc par HervĂ© Bleuchot, publiĂ© aux Ăditions de l'UniversitĂ© de Provence en 1973;
- L'Assassinat de Lemaigre-Dubreuil: Casablanca, le 11 juin 1955 par François Broche, aux Editions Balland en 1977[33];
- La Main rouge : l'armĂ©e secrĂšte de la RĂ©publique par Antoine MĂ©lĂ©ro et Jean-Ămile NĂ©aumet, Ăditions du Rocher en 1997[59];
- Maréchal Juin par Jean-Christophe Notin aux Editions Tallandier, 2015[54];
- Juin : Le maréchal africain par Guillaume Denglos, aux Editions Belin, ministÚre des Armées, en 2018[53];
- Le Retour du roi et l'indépendance retrouvée, tome 3, volume 3 par le docteur Guy Delanoe, aux Editions L'Harmattan en 1991[52];
- Une république pour un roi, par Pierre July, aux Editions Fayard, Paris, 1974[79].
- Jean Lacouture, François Mauriac : Un citoyen du siÚcle, t. II, Le Seuil, , 497 p. (ISBN 9782020114837)
Notes et références
- Compte-rendu par Robert Mantran, dans la Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, en 1976, du livre Hervé Bleuchot, Les Libéraux français au Maroc, publié aux Editions de l'Université de Provence en 1973
- Les utopistes avaient raison. QuarantiÚme anniversaire de la "Lettre des 75" (1954-1994 -Maroc) par Anne-Marie Rozelet dans la revueHorizons maghrébins - Le droit à la mémoire en 1994
- Syndicalisme et politique au Maroc, volume 1, par Fouad Benseddik, aux Ăditions L'Harmattan, 1990
- "LA GRĂVE HISTORIQUE DES DOCKERS DâORAN" par l'historien Ahmed AABID, dans El Watan du 13 fĂ©vrier 2010
- « La grÚve des dockers d'Oran en février 1950 », Michel Pigenet dans L'Humanité du 21 février, 2020
- « La Conversion libérale de Jacques Lemaigre Dubreuïl au Maroc (1950-1955) » par Clotilde De Gastines, dans la revue Outre-Mers en 2009
- Lacouture 1980, p. 240.
- Jacques Lemaigre Dubreuil de Paris Ă Casablanca, William A. Hoisington, en 2009 aux Editions L'harmattan
- "La conversion libérale de Jacques Lemaigre Dubreuïl au Maroc (1950-1955)", par Clotilde De Gastines, dans Outre-mers, Revue d'histoire, 2009
- "Rien n'a été découvert qui puisse accréditer la version d'un complot au Maroc en décembre 1952 écrit le quotidien casablancais Maroc'Presse, dans Le Monde du 12 octobre 1954
- "Maroc, Tunisie: Une libertĂ© arrachĂ©e Ă l'Ătat français", dans L'HumanitĂ© du 4 Mars 2016
- Ci-gßt le colonialisme: Algérie, Inde, Indochine, Madagascar, Maroc, Palestine, Polynésie, Tunisie; Temoignage militant, par Daniel Guérin, en 1973 chez Walter de Gruyte
- "FrĂšres de Plume" par Ahmed Alami aux Ăditions du PanthĂ©on en 2016
- Casablanca : ville d'Ă©meutes par Michel de La Varde, aux Editions Martel en 1955
- "Jacques Reitzer : l'ardent combat pour la justice" par Anne-Marie Rozelet, dans la revue Horizons Maghrébins - Le droit à la mémoire, en 1996
- Dossier d'information financiÚre de BNP Paribas sur la société Les Eaux minérales d'OulmÚs, mars 2017
- "Mohamed V et Hassan II: une Ă©vocation historique" par Ali Mounir Alaoui aux Editions EL Maarif Al Jadida en 1999
- Le Monde des affaires de 1830 Ă nos jours, par Jacques Boutet en 1952
- Interview d'Hubert VĂ©drine dans Zamane, propos recueillis par Sami LAKMAHRI
- Clothilde de Gastines, « Chronique d'une dĂ©colonisation â Jacques Lemaigre Dubreuil au maroc, 1950-1955 » [PDF], dans La Lettre de la coopĂ©ration française au Maroc, no 20, mai 2006, p. 16/36, sur le site ambafrance-ma.org, consultĂ© le 11 mars 2010. Texte intĂ©gral sur le site de l'auteure.
- LâAssassinat de Lemaigre-Dubreuil : Casablanca, le 11 juin 1955, François Broche en 1977 aux Ăditions Balland, citĂ© par Emmanuel Blanchard, dans sa thĂšse d'histoire d'octobre 2008 Encadrer des âcitoyens diminuĂ©sâ. La police des AlgĂ©riens en rĂ©gion parisienne (1944-1962)
- "Encadrer des citoyens diminuĂ©s. La police des AlgĂ©riens en rĂ©gion parisienne (1944-1962)", par Emmanuel Blanchard, thĂšse d'histoire, sous la direction de Jean-Marc BERLIĂRE, Professeur dâhistoire contemporaine, Ă l'UniversitĂ© de Bourgogne, octobre 2008
- The Assassination of Jacques Lemaigre Dubreuil: A Frenchman between France and North Africa, par William A. Hoisington, aux Editions Routledge, en 2004
- "Ben Barka, Hassan II, De Gaulle: ce que je sais d'eux" par Maurice Buttin, aux Editions KARTHALA en 2010
- "Mohammed V et les Juifs du Maroc Ă l'Ă©poque de Vichy", par Robert Assaraf, en 1997 aux Ăditions Plon
- "L'attentat du marché central de CASABLANCA a fait 19 morts et 28 blessés" dans Le Monde du 26 décembre 1953
- « Huit Marocains accusés d'avoir commis l'" attentat de Noël " au marché central de Casablanca passent en jugement » dans Le Monde du 9 décembre 1954
- « L'expectative prend au Maroc une allure de culpabilité » écrit M. Sartout dans Maroc-Presse, Le Monde du 3 mai 1954
- "Chronique d'une dĂ©colonisation. Jacques Lemaigre Dubreuil au Maroc 1950-1955" le 21 juin 2006" tirĂ© du mĂ©moire de maĂźtrise, dirigĂ© par M Dieter Langewiesche et Jean-Claude Triault des UniversitĂ©s de TĂŒbingen et Aix-Marseille-I en juin 2006)
- « Les 75 du Maroc » par Jacques Molénat, dans L'Express du 17 mai 2005
- Le Monde du 15 juin 1954
- "Revue de défense nationale" compilation 1954 - Volume 19, p. 248
- L'Assassinat de Lemaigre-Dubreuil: Casablanca, le 11 juin 1955 par François Broche, aux Editions Balland en 1977
- « Une ville miniÚre marocaine : Khouribga » par Hervé Bleuchot dans la Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée en 1969
- Le Monde du 14 juin 1955
- "Le juge Michel", par le journaliste d'investigation Alain Laville, aux éditions Presses de la Cité en 1982
- « Zadig interdit au Maroc » dans Le Monde du 14 juillet 1955
- "De l'enquĂȘte de M. Petitjean aux rĂ©vĂ©lations de Damiani" dans Le Monde du 9 mai 1958
- Biographie
- Ma mission au Maroc par Gilbert Grandval, aux Editions Plon en 1956, page 165
- "Le colonel Hubert et le commandant Vallache auraient tenté de " semer l'anarchie au Maroc " !" dans Le Monde du 27 mars 1958
- , Le Monde du 22 juillet 1955
- Histoire politique de la IVe RĂ©publique, par Ăric Duhamel, en 2000 aux Ăditions La DĂ©couverte, page 81, citĂ© par Emmanuel Blanchard, dans sa thĂšse d'histoire d'octobre 2008 "Encadrer des âcitoyens diminuĂ©sâ. La police des AlgĂ©riens en rĂ©gion parisienne (1944-1962)".
- "Une foule nombreuse assiste aux obsĂšques de Tahar Sebti" dans Le Monde du 5 janvier 1955
- "Ces assassins qui ont voulu changer l'Histoire" par Pierre Accoce, aux Ăditions Plon en 1999
- « Une cinquantaine de personnes seraient mises en cause » dans Le Monde du 24 juin 1955
- « Dix EuropĂ©ens arrĂȘtĂ©s, dont six policiers et le gĂ©rant du cafĂ© de la Gironde » dans Le Monde du 23 juin 1955
- En particulier, selon Le Monde, au directeur du cabinet civil du résident général, au directeur des services de sécurité, au directeur de l'intérieur
- Dir. Serge Berstein et Marcel Ruby, Un siÚcle de radicalisme, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Histoire et civilisations », , 281 p. (ISBN 978-2859398149).
- Le Monde du 18 juin 1955
- Témoignage du ministre dans ses mémoires, Une république pour un roi, par Pierre July, Fayard, Paris, 1974
- Le Retour du roi et l'indépendance retrouvée, tome 3, volume 3, par le docteur Guy Delanoe, aux Editions L'Harmattan en 1991
- Juin : Le maréchal africain par Guillaume Denglos, aux Editions Belin, MinistÚre des armées, en 2018
- "Maréchal Juin" par Jean-Christophe Notin aux Editions Tallandier, 2015
- Pierre MendÚs-France en avait copie dans ses archives remise par Baudhoin de Moustier, le gendre de Lemaigre-Dubreuil. IPMF, Maroc 1/4 II, « dossier maréchal Juin ».
- Le Monde du 15 juin 1955
- "Roger Wybot et la bataille pour la DST" par Philippe Berneret et Roger Wybot aux Editions Presses de la cité en 1975
- Casablanca : à l'heure de l'opération Torch et de la conférence d'Anfa par Abdelmalek Lahlou aux Editions Newest First 1993
- La Main rouge : l'armĂ©e secrĂšte de la RĂ©publique par Antoine MĂ©lĂ©ro et Jean-Ămile NĂ©aumet, Editions du Rocher en 1997
- Les Gangsters et la République par Frédéric Ploquin en 2016 aux Editions Fayard
- « Maroc : abolir progressivement l'administration directe » par André Ballet dans Le Monde du 23 juin 1955
- Morocco Under King Hassan, Stephen O. Hughes, aux Editions Ithacha en 2001, page 63
- Journal officiel de la séance du 25 juin 1955 à l'Assemblée nationale,
- Le Monde du 23 août 1955
- "Conscience française au président de la République : tout retard dans l'application du compromis d'Aix fait le jeu des extrémismes" dans Le Monde du 1er octobre 1955
- « Le retour du sultan au Maroc réclamé par le Comité français des groupements libéraux » dans Le Monde du
- Le Monde du 5 novembre 1955
- « Une journée historique » dans Le Monde du 5 novembre 1955
- « La dĂ©claration commune nous permettra de sĂ©parer le bon grain de l'ivraie » dans Le Monde du 2 mars 1956 Ă
- "Lâesprit fraternel du monastĂšre de Toumliline au Maro" par Yassir GUELZIM, le 20 novembre 2018 dans Le Courrier de l'Atlas
- "Les rencontres internationales de Toumliline" par le rĂ©seau ChrĂ©tiens de la MĂ©diterranĂ©e, parrainĂ© par lâInstitut catholique de la MĂ©diterranĂ©e
- "Les rencontres internationales de Toumliline" aux éditions du Sirocco en 2019, par François Martinet, professeur de philosophie, docteur Ús lettres, et historien des Français libéraux au Maroc
- Documentaire de Derrouich
- Tioumliline un monastÚre bénédictin au Maroc, par l'association Les Amis de Tioumliline aux Editions Azrou, Maroc 1956, cité par Hubert Védrine dans Zamane
- « Bob Denard, mercenaire », Le Monde,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- "Deux Français, qui vécurent au Maroc, évoquent longuement l'assassinat de M. Lemaigre-Dubreuil: "L'ordre venait de Paris", affirme Damiani qui met en cause diverses personnalités" par Jean-Marc Théolleyre, dans Le Monde du 12 décembre 1962
- Biographie
- Nouzille, Vincent, (1959- ...)., Les tueurs de la République : assassinats et opérations spéciales des services secrets, Paris, Fayard, , 347 p. (ISBN 978-2-213-67176-5 et 2213671761, OCLC 905100818), p. 34.
- Une république pour un roi, par Pierre July, Fayard, Paris, 1974