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Abderrahim Bouabid

Abderrahim Bouabid, né le à Salé et mort le , est un militant, avocat et homme politique marocain.

Abderrahim Bouabid
Illustration.
Abderrahim Bouabid en 1955.
Fonctions
1er premier secrétaire de l'USFP
–
(17 ans)
Prédécesseur Poste créé
Successeur Abderrahman el-Youssoufi
Vice-prĂ©sident du Conseil et ministre de l’Économie nationale et des Finances
–
(1 an, 4 mois et 27 jours)
Monarque Mohammed V
Président du Conseil Abdallah Ibrahim
Gouvernement Ibrahim
PrĂ©dĂ©cesseur Lui-mĂȘme
Successeur Moulay Hassan (vice-présidence du Conseil)
Mohamed Douiri (Économie nationale et Finances)
Vice-prĂ©sident du Conseil, ministre de l’Économie nationale et ministre de l’Agriculture
–
(6 mois et 21 jours)
Monarque Mohammed V
Président du Conseil Ahmed Balafrej
Gouvernement Balafrej
Prédécesseur Poste créé (vice-présidence du Conseil)
Lui-mĂȘme (Économie nationale)
Omar Benabdeljalil (Agriculture)
Successeur Lui-mĂȘme (vice-prĂ©sidence du Conseil et Économie nationale)
Thami Ammar (Agriculture)
Ministre de l’Économie nationale
–
(1 an, 5 mois et 21 jours)
Monarque Mohammed V
Président du Conseil Mbarek Bekkaï
Gouvernement BekkaĂŻ II
Prédécesseur Poste créé
Successeur Lui-mĂȘme
Ambassadeur du Maroc en France
–
(1 an, 2 mois et 29 jours)
Monarque Mohammed V
Président du Conseil Mbarek Bekkaï
Gouvernement BekkaĂŻ
Prédécesseur Poste créé
Successeur Mohamed Zeghari
Ministre d’État
–
(10 mois et 19 jours)
Monarque Mohammed V
Président du Conseil Mbarek Bekkaï
Gouvernement BekkaĂŻ I
Prédécesseur Poste créé
Successeur Mohamed Rachid Mouline
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Salé (Drapeau du Maroc Maroc)
Date de décÚs
Lieu de décÚs Rabat (Drapeau du Maroc Maroc)
Nationalité Marocaine
Parti politique Istiqlal (1944-1959)
UNFP (1959-1975)
USFP (1975-1992)
Profession Avocat

Formation

Abderrahim Bouabid est nĂ© le Ă  SalĂ©, neuf mois aprĂšs la bataille d'Anoual. Il a Ă©tĂ© Ă  l'Ă©cole primaire Ă  SalĂ© Ă  partir de 1928, et y a obtenu son certificat d'Ă©tudes primaires en 1932. Il a alors frĂ©quentĂ© le collĂšge Moulay Youssef de Rabat, et y a dĂ©couvert le mouvement national, avec la crĂ©ation du Parti d'action nationale en 1934. Il obtient le certificat d'Ă©tudes secondaires en 1938. Lors d'une rĂ©ception offerte par le RĂ©sident gĂ©nĂ©ral, le GĂ©nĂ©ral NoguĂšs, en l’honneur des Ă©lĂšves les plus brillants, il rencontre Mehdi Ben Barka qui avait obtenu la mĂȘme annĂ©e le certificat de la premiĂšre partie du baccalaurĂ©at et qui Ă©tait lui aussi Ă©lĂšve Ă  Moulay Youssef[1].

En 1939, il devient instituteur Ă  FĂšs[2] tout en prĂ©parant les deux parties du baccalaurĂ©at (section philosophique). Il s'engage Ă©galement dans les cellules nationalistes. Il revient Ă  SalĂ© en 1942, et aprĂšs avoir Ă©tĂ© emprisonnĂ©, comme d'autres leaders de l'Istiqlal, est finalement libĂ©rĂ© en 1945. Il rencontre Mohamed V. Abderrahim Bouabid s’inscrit alors Ă  l’Institut d’études politiques de Paris aprĂšs avoir obtenu une licence en droit. Il dĂ©ploie une grande activitĂ© pour Ă©largir l’implantation du Parti de l’Istiqlal et des idĂ©aux nationalistes au sein de l’émigration ouvriĂšre et estudiantine marocaine, en France et en Belgique. Il noue Ă©galement de nombreuses relations avec des personnalitĂ©s françaises.

Parcours politique

Luttes indépendantistes (1944-1956)

Il est l'un des principaux architectes et signataires du manifeste de l'indĂ©pendance, prĂ©sentĂ© le [3]. Deux semaines plus tard, les autoritĂ©s coloniales françaises procĂ©deront Ă  l'arrestation du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Parti de l'Istiqlal, Ahmed Balafrej, et de son adjoint, Mohamed Lyazidi, indĂ©pendantistes et compagnons de route de Bouabid. De grandes manifestations de protestation se dĂ©clenchent dans plusieurs grandes villes du Maroc dont la ville de SalĂ© oĂč Abderrahim Bouabid y conduit une manifestation populaire[4]. La manifestation est rĂ©primĂ©e dans le sang et il est arrĂȘtĂ© et transfĂ©rĂ© Ă  la prison de LaĂąlou Ă  Rabat le [4]. Il est relĂąchĂ© un an plus tard.

En 1946, Abderrahim Bouabid et Mehdi Ben Barka, qui l'avait rejoint plutĂŽt Ă  Paris, prĂ©parent conjointement un rapport sur la situation au Maroc pour le soumettre aux dĂ©lĂ©gations devant participer aux travaux de l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies.

Abderrahim Bouabid rentre au Maroc en 1949 et s'inscrit au Barreau de Rabat. Il devient l'un des plus jeunes membres de la direction du parti de l'Istiqlal, et publie l'hebdomadaire L'indĂ©pendance. Il continue sa lutte nationaliste, en parallĂšle de son travail, et rĂ©ussit Ă  obtenir des informations secrĂštes provenant de la RĂ©sidence gĂ©nĂ©rale, par le biais d’un cuisinier marocain qui lui fournissait des Ă©bauches de documents qu’il rĂ©cupĂ©rait des poubelles du bureau. Bouabid prend alors connaissance de la nouvelle politique que les autoritĂ©s coloniales veulent instaurer au Maroc, et organise la riposte du mouvement national marocain Ă  cette politique.

Emprisonnement

Le , Ă  la suite de l’assassinat du leader syndicaliste tunisien Farhat Hached, il procĂšde Ă  l’organisation d’une grĂšve gĂ©nĂ©rale en solidaritĂ© avec la classe ouvriĂšre tunisienne[5]. Les autoritĂ©s coloniales rĂ©priment avec violence le mouvement, et procĂšdent Ă  son arrestation et transfert devant le tribunal militaire[6]. Il est libĂ©rĂ© en octobre 1954, dans un contexte de changement de gouvernement en France avec l'arrivĂ©e de Pierre MendĂšs France en tant que prĂ©sident du conseil des ministres[7].

DĂ©part d'Abderrahim Bouabid Ă  Paris pour Ɠuvrer Ă  la solution de la question marocaine

Abderrahim Bouabid se rĂ©unit avec Edgar Faure qui aura remplacĂ© Pierre MendĂšs-France Ă  la tĂȘte du gouvernement français[8]. Il assiste Ă  Madrid, Ă  la rĂ©union Ă©largie de la direction du Parti de l’Istiqlal qui prĂ©pare les nĂ©gociations d’Aix-Les-Bains qui auront lieu en aoĂ»t. Abderrahim Bouabid fait partie de la dĂ©lĂ©gation qui assiste aux dites nĂ©gociations. Au Palais Henry IV Ă  Saint-Germain-en-Laye, oĂč rĂ©side Mohamed V depuis le 1er novembre, le Prince HĂ©ritier Moulay Hassan et Abderrahim Bouabid Ă©tudient, le , les propositions du Quai d’Orsay et Ă©laborent un texte de contre-propositions qui est signĂ© par Mohamed V et le ministre français des Affaires Ă©trangĂšres le lendemain (dĂ©claration de La Celle-Saint-Cloud)[9].

Poursuite de la lutte avec le retour du sultan Mohammed V au Maroc (1955-1956)

La lutte pour un Maroc indĂ©pendant se fait de plus en plus importante lors du retour, le 16 novembre 1955, du sultan de son exil. D'ailleurs deux mois avant le retour, Bouabid et Omar Ben Abdeljalil, un autre membre de l'Istqlal, s'Ă©taient rendu Ă  Madagascar pour rencontrer le sultan. Dans ce contexte tendu, Bouabid prĂ©sente le le rapport politique du CongrĂšs Extraordinaire du Parti de l’Istiqlal. Celui-ci contient les propositions du Parti sur les diffĂ©rentes questions nationales et notamment l’indĂ©pendance du pays, les rapports avec la France et la participation au gouvernement M’barek El Bekkay au sein duquel Abderrahim Bouabid obtiendra un poste. Abderrahim Bouabid fait partie de la dĂ©lĂ©gation qui nĂ©gocie avec le gouvernement de Guy Mollet les accords qui seront signĂ©s le et qui consacreront l’abrogation du TraitĂ© du protectorat.

Ambassadeur du Maroc en France (1956-1957)

Il est nommĂ© ambassadeur du Maroc Ă  Paris pour continuer les nĂ©gociations[1]. Il nĂ©gocie avec l'Espagne les accords du qui vont abroger le protectorat espagnol sur le nord du Maroc. Habib Bourguiba demande des conseils Ă  Abderrahim Bouabid pour nĂ©gocier l'indĂ©pendance de la Tunisie avec la France. À la fin du mois mai, il Ă©chappe Ă  une tentative d'assassinat Ă  SalĂ©.

Ministre du Maroc post-indĂ©pendance (d’octobre 1956 Ă  mai 1960)

Le , alors ambassadeur du Maroc en France, il est nommĂ© ministre de l'Économie nationale dans le gouvernement du premier ministre M'barek Lahbil, poste qu'il occupe pendant un an et demi. De mai Ă  , il est nommĂ© Ă  la fois vice-prĂ©sident du conseil, ministre de l'Économie nationale et ministre de l'Agriculture sous le gouvernement Ahmed Balafrej. À partir de , il est vice-prĂ©sident du conseil et ministre de l'Économie nationale et des Finances sous le gouvernement Abdellah Ibrahim, jusqu'en [10], aprĂšs que le gouvernement Abdellah Ibrahim eut Ă©tĂ© dĂ©mis un mois plus tĂŽt.

Création et adhésion à l'UNFP (1959-1975)

Il approuve la crĂ©ation de l'UNFP en (l'actuel USFP, qui tient son congrĂšs constitutif le Ă  Casablanca). Le conseil national de l’U.N.F.P. dĂ©cide en 1960 de faire du 1er novembre une journĂ©e de solidaritĂ© avec la rĂ©volution algĂ©rienne. Abderrahim conduit, ce mĂȘme jour, une manifestation pacifique qui est interdite et rĂ©primĂ©e par les autoritĂ©s. Abderrahim Bouabid, idĂ©ologiquement de gauche, dĂ©clare dans une interview : « Notre option socialiste (...) provient de notre analyse de la rĂ©alitĂ© et des expĂ©riences des pays sous-dĂ©veloppĂ©s Ă©conomiquement, culturellement et politiquement ».

Un an aprĂšs la mort du roi Mohammed V, Abderrahim Bouabid, alors membre du secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral de l'UNFP, participe activement Ă  la campagne pour le boycottage du rĂ©fĂ©rendum constitutionnel de 1962[11]. Il prĂ©side de nombreux meetings populaires; il dĂ©clarera dans un meeting Ă  Rabat : « Nous sommes devant un choix fondamental. Soit nous continuons en tant que peuple et qu'organisation enracinĂ©e au sein des masses Ă  lutter pour libĂ©rer notre pays du colonialisme, du fĂ©odalisme et de la rĂ©action, soit nous acceptons un texte constitutionnel falsifiĂ© et prĂ©parĂ© par les commis du colonialisme ; s’il devait en ĂȘtre ainsi, nous aurions la responsabilitĂ© d’avoir commis un crime contre les gĂ©nĂ©rations futures ». AprĂšs l'approbation du secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral de l'UNFP, dont il fait partie, de participer aux Ă©lections lĂ©gislatives, il est Ă©lu dĂ©putĂ© Ă  KĂ©nitra en 1963.

Abderrahim Bouabid se rend Ă  Paris en 1964 pour rencontrer les leaders de l’UNFP en exil et notamment Mehdi Ben Barka. Il confie Ă  EL-Youssoufi la responsabilitĂ© du Parti et de son groupe parlementaire qui devait prĂ©senter une notion de censure, la premiĂšre dans l’histoire du Maroc. À la suite des Ă©vĂ©nements de mars 1965, le Roi Hassan II reçoit Abderrahim Bouabid. LibĂ©ration des militants de l’U.N.F.P.

Dans un exposĂ© sur la situation qui prĂ©valait au Maroc Ă  la fin de 1968, Abderrahim Bouabid, l'un des trois secrĂ©taires gĂ©nĂ©raux du bureau politique de l'UNFP, a dĂ©clarĂ© : « le principal facteur de la dĂ©tĂ©rioration de la situation au Maroc est l’absence de la dĂ©mocratie et la rupture avec le peuple (...) Je souligne que la principale revendication qui a caractĂ©risĂ© la lutte politique au Maroc aprĂšs l’indĂ©pendance est celle qui consiste Ă  donner la parole au peuple ».

L'UNFP et le parti de l’Istiqlal appellent Ă  voter « non » au rĂ©fĂ©rendum constitutionnel et crĂ©ent « La Koutla » en 1970[12]. Abderrahim Bouabid dĂ©cline l’offre qui lui est faite pour occuper le poste de Wali de Banque du Maroc en 1971,il prĂ©fĂšre concentrer ses efforts sur la rĂ©organisation du Parti.

Au sein de l’U.N.F.P , des dĂ©cisions historiques sont prises le par le biais desquelles la commission administrative qui rompt avec la direction bureaucratique de l’Union Marocaine du Travail (U.M.T.), cette derniĂšre voulait imposer l’inertie au parti[13]. Lors de cette rĂ©union, Abderrahim Bouabid dĂ©clare : « Il est devenu Ă©vident, Ă  la fin, que notre conception du parti et de la lutte ne pouvait converger avec la leur. Ils refusent que de nouveaux militants de la base accĂšdent aux responsabilitĂ©s du parti. Ils s’opposent Ă  la critique. Les militants de notre parti [
] veulent qu’il soit un parti qui continue la lutte pour la libĂ©ration, la dĂ©mocratie et le socialisme ».

Lutte pour le retrait de l'Espagne du Sahara marocain (1973-1975)

Le comitĂ© central de l’U.N.F.P. se rĂ©unit le Casablanca et adopte, aprĂšs le rapport prĂ©sentĂ© par Abderrahim Bouabid et les interventions des reprĂ©sentants rĂ©gionaux du parti, une dĂ©claration sur la situation du pays qui demande, notamment, la mise en vigueur d’un plan national pour la libĂ©ration du Sahara marocain et de Sebta et Melilia. Abderrahim Bouabid rĂ©pond, au nom de la Commission Administrative de l’U.N.F.P. Ă  une lettre Royale datĂ©e du . Dans cette rĂ©ponse, il formule la position de l’U.N.F.P. pour le dĂ©passement de la situation politique du pays. Il y propose, notamment, l’élection au suffrage universel d’une AssemblĂ©e Nationale Constituante dotĂ©e, Ă©galement, d’un pouvoir lĂ©gislatif. En 1974, Abderrahim Bouabid effectue une tournĂ©e Ă  l’étranger dans le cadre d’une mission d’explication par rapport Ă  la question de l’intĂ©gritĂ© territoriale du Maroc[14].Le , Abderrahim Bouabid, conjointement avec M'Hamed Boucetta du parti de l'Istiqlal, dĂ©clarent : « le Sahara est marocain et le Maroc doit y entrer" ».

Arrestations et exils

Le 1973, le comitĂ© central de l’U.N.F.P. tient une session ordinaire Ă  FĂšs, une semaine aprĂšs l’envoi Ă  Mohamed Elyazghi et Ă  Omar Ben Jelloun de colis piĂ©gĂ©s. À l’issue de cette rĂ©union, le Conseil Central publie une dĂ©claration oĂč il souligne que les vagues d’arrestations et d’enlĂšvements qui ont repris et se sont Ă©largies pendant les derniĂšres semaines et les derniers mois ne peuvent Ă©branler la volontĂ© des masses et ne peuvent dĂ©tourner les militants progressistes et nationaux de la continuation de la lutte. Dans le cadre de l’affaire dite d’atteinte Ă  la sĂ©curitĂ© de l’État, les militants de l’U.N.F.P. sont traduits devant le tribunal militaire de KĂ©nitra. Pour empĂȘcher Abderrahim Bouabid de dĂ©fendre les accusĂ©s, il est citĂ© comme tĂ©moin dans le procĂšs. À l’issue du procĂšs, les responsables du Parti innocentĂ©s sont enlevĂ©s et sĂ©questrĂ©s dans un lieu qui demeure secret pendant toute une annĂ©e.

Scission et création de l'USFP (1975)

Le , le comitĂ© central tient une importante session Ă  Rabat pour Ă©tudier la situation du parti. Il dĂ©cide, pour mettre fin Ă  tout amalgame, de changer le nom du parti en l’USFP (Union socialiste des forces populaires)[15]. Il institue, en outre, la rĂšgle du centralisme dĂ©mocratique et dĂ©limite les responsabilitĂ©s des instances du parti. Le comitĂ© central souligne, aussi, le fait que l’USFP agit dans le cadre de la lĂ©galitĂ© en vue de l’élargir et que c’est la politique de rĂ©pression et d’étouffement des libertĂ©s qui constitue une violation de la lĂ©galitĂ©. Abderrahim Bouabid est Ă©lu Ă  la responsabilitĂ© de premier secrĂ©taire de l’USFP Ă  l'issue du congrĂšs extraordinaire. Ce congrĂšs dĂ©finit, clairement, les options de l’USFP et fait la liaison entre les trois volets de sa lutte : la libĂ©ration, la dĂ©mocratie et le socialisme. Cette Ă©lection est renouvelĂ©e lors des trois autres congrĂšs du parti des forces populaires.

  • 1976 : lors de la session ordinaire du comitĂ© central, tenue Ă  BĂ©ni Mellal, Abderrahim Bouabid dĂ©clare : « La dĂ©mocratie Ă  laquelle nous aspirons n’est pas la dĂ©mocratie formelle. Elle est celle qui exige que les problĂšmes des masses soient posĂ©es et dĂ©battus au niveau national (...). La participation aux Ă©lections n’est pas mue par des considĂ©rations Ă©lectoralistes pour avoir tel ou tel rĂ©sultat et faire Ă©lire telle ou telle personne (...). Pour nous, ceci est secondaire. Le plus important lors des Ă©lections c’est que les cadres du parti ouvrent un large dĂ©bat avec les masses sur toutes les questions nationales et locales. Il faut que nous expliquions le sens du socialisme et pourquoi le socialisme » :
    • : Abderrahim Bouabid rentre au Maroc aprĂšs une longue tournĂ©e d’explication — en Europe et en Asie — sur la question du Sahara et de l’intĂ©gritĂ© territoriale du Maroc. Il fait Ă©galement partie, dans ce mĂȘme cadre, de la dĂ©lĂ©gation marocaine au Sommet des non-alignĂ©s tenu Ă  Colombo en aoĂ»t ;
    • en novembre, Abderrahim Bouabid dĂ©ploie une grande activitĂ© lors de la campagne Ă©lectorale pour les Ă©lections communales. Les pratiques frauduleuses de l’administration sont flagrantes.
  • 1977 : comme il a l’habitude de le faire avec les diffĂ©rentes sections du parti, Abderrahim Bouabid assiste, le , Ă  la rencontre nationale de la section fĂ©minine de l’U.S.F.P. et prononce une importante allocution :
    • les Ă©lections lĂ©gislatives ont lieu le . Abderrahim Bouabid sillonne le pays. Les autoritĂ©s, devant l’adhĂ©sion populaire massive Ă  la campagne de l’U.S.F.P., multiplient les irrĂ©gularitĂ©s et les fraudes. Ces pratiques atteignent leur paroxysme Ă  Agadir oĂč les autoritĂ©s dĂ©naturent le suffrage et ses rĂ©sultats pour qu'Abderrahim Bouabid ne soit pas Ă©lu.
  • 1978 : les 8, 9 et se tient, Ă  Casablanca, le 3e congrĂšs national de l’U.S.F.P. Celui-ci est, en fait, l’aboutissement d’un large dĂ©bat dĂ©mocratique au sein du Parti qui a consistĂ© en l'organisation de congrĂšs provinciaux et en de nombreuses rencontres et journĂ©es d’étude internes. Abderrahim Bouabid, prĂ©sent au cƓur des dĂ©bats Ă  de nombreuses occasions, prĂ©sente le rapport politique au congrĂšs qui l’a reconduit dans sa responsabilitĂ© de premier secrĂ©taire de l’USFP. Quelques jours auparavant, Abderrahim Bouabid voyait aboutir son action dĂ©terminante pour la libĂ©ration de la classe ouvriĂšre du joug bureaucratique, par la crĂ©ation de la ConfĂ©dĂ©ration dĂ©mocratique du Travail (C.D.T.).

PĂ©riode trouble (1979-1981)

Une grande vague de rĂ©pression et de licenciements s’abat sur les enseignants et le personnel de la SantĂ© publique qui ont usĂ©, en , de leur droit de grĂšve Ă  l’appel des syndicats nationaux. La situation s’aggrave encore plus Ă  la fin de l’annĂ©e scolaire quand le gouvernement dĂ©cide de mesures unilatĂ©rales Ă  imposer Ă  l’accĂšs Ă  l’enseignement supĂ©rieur. Abderrahim Bouabid s’oppose Ă  ces mesures dans un exposĂ© fait Ă  KĂ©nitra. AprĂšs cet exposĂ©, se tient Ă  Ifrane un colloque national sur l’enseignement auquel il participe . AprĂšs avoir relevĂ© que le gouvernement n’assure pas l’exĂ©cution des dĂ©cisions des commissions issues du Colloque, Abderrahim Bouabid dĂ©clare le retrait des reprĂ©sentants de l’U.S.F.P. de ces commissions. Le , Ă  la suite des hausses vertigineuses des prix des denrĂ©es de premiĂšre nĂ©cessitĂ©, la C.D.T. appelle Ă  un mouvement de grĂšve gĂ©nĂ©rale. À cause des provocations des forces de l’ordre, Casablanca est le thĂ©Ăątre d’évĂ©nements sanglants. La rĂ©pression s’abat sur l’U.S.F.P. et la C.D.T. : les responsables des deux organisations sont arrĂȘtĂ©s et leurs locaux assiĂ©gĂ©s. Al Mouharir et LibĂ©ration, organes de presse du Parti, sont interdits de publication.

Arrestation et libération de Bouabid (1981)

Le , Ă  Nairobi, au sommet de l’O.U.A., le Maroc accepte l’organisation d’un rĂ©fĂ©rendum d'autodĂ©termination au Sahara. Le Bureau Politique de l’U.S.F.P. exprime ses rĂ©serves sur cette acceptation dans un communiquĂ© datĂ© du [16]. Abderrahim Bouabid et les membres du Bureau politique sont arrĂȘtĂ©s et jugĂ©s[9]. Lors du procĂšs, Abderrahim Bouabid dĂ©clare : « Ce procĂšs s’inscrira dans l’histoire. La prison m’est plus agrĂ©able que de me taire et de ne pas exprimer mon opinion sur une question nationale dĂ©terminante et sacro-sainte ». Abderrahim Bouabid, Mohamed Elyazghi et Mohamed Lahbabi sont condamnĂ©s Ă  une annĂ©e de prison ferme et transfĂ©rĂ©s Ă  Missour, aprĂšs avoir Ă©tĂ© prĂ©alablement dĂ©tenus pendant un mois Ă  la prison LaĂąlou de Rabat. Une vaste campagne nationale et internationale pour la libĂ©ration d'Abderrahim Bouabid et de ses camarades se met en place.

Abderrahim Bouabid recouvre sa libertĂ© en . Quelques mois plus tard il accorde une interview Ă  l’hebdomadaire marocain Al Balagh, la premiĂšre depuis sa libĂ©ration. Il y traite des diffĂ©rentes questions nationales et internationales et notamment le supposĂ© accord maroco-amĂ©ricain de facilitĂ©s militaires. À ce propos, il affirme que : « notre pays a besoin d’armes amĂ©ricaines (pour dĂ©fendre ses frontiĂšres) mais pas des bases amĂ©ricaines ».

Reprise des activités politiques (1983-1991)

  • Le , l’U.S.F.P. reprend son activitĂ© aprĂšs la rĂ©union de son ComitĂ© Central. Abderrahim Bouabid dĂ©clare que les mesures gouvernementales relatives aux Ă©lections doivent respecter les formes inhĂ©rentes Ă  la dĂ©mocratie authentique
  • 1984-1988 : tenue Ă  Casablanca, en , du 4e CongrĂšs National de l’U.S.F.P. Abderrahim Bouabid y soumet un rapport politique qui rĂ©itĂšre les positions du Parti et fait le bilan de ses luttes.
    • Abderrahim Bouabid continue son action Ă  la direction de l’U.S.F.P. pour la dĂ©fense de l’intĂ©gritĂ© territoriale et l’instauration d’un État de Droit oĂč rĂšgnent la dĂ©mocratie et les Droits de l’Homme.
    • Abderrahim Bouabid dĂ©ploie une grande activitĂ© pour l’édification de l’unitĂ© maghrĂ©bine.
  • Le , les assises du 5e CongrĂšs National de l’U.S.F.P. s'ouvrent Ă  Rabat. Abderrahmane Youssoufi prĂ©side les travaux du CongrĂšs auquel Abderrahim Bouabid prĂ©sente le rapport politique. Les congressistes reconduisent unanimement celui-ci Ă  la tĂȘte du Parti.
    • Durant cette annĂ©e et celle de 1990, Abderrahim Bouabid suit l’évolution de la question nationale soumise aux bons offices du SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral de l’O.N.U. Il Ă©met rĂ©guliĂšrement des observations quant aux propositions et aux rapports du SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral quand il les juger contraires aux droits du Maroc. Il Ɠuvre Ă©galement pour l’approfondissement de l’action unitaire entre les partis d’opposition nationale et dĂ©mocratique et la coordination entre les syndicats militants.
  • 1990 : malgrĂ© son Ă©tat de santĂ©, Abderrahim Bouabid participe le au meeting unitaire du parti de l’Istiqlal et de l’U.S.F.P. relatif Ă  la commĂ©moration de la prĂ©sentation du Manifeste de l’IndĂ©pendance. Lors de ce meeting, il prend la parole avec deux autres signataires du Manifeste : Abou Bakr Kadiri et Abdellah Ibrahim.
    • AprĂšs le dĂ©clenchement de l’agression contre l’Irak, Abderrahim Bouabid lance un appel aux Marocains pour qu’ils expriment leur solidaritĂ© et leur soutien au peuple irakien. Le , il participe, Ă  Rabat Ă  la grande marche populaire de solidaritĂ© avec le peuple irakien.
  • Le : derniĂšre apparition publique d'Abderrahim Bouabid, Ă  l’occasion du meeting unitaire de la C.D.T. et de l’U.G.T.M. durant lequel il prendra la parole :
    • pendant l’étĂ©, l’état de santĂ© d'Abderrahim Bouabid se dĂ©tĂ©riore. Il prĂ©side une rĂ©union du Bureau Politique de l’U.S.F.P. au dĂ©but du mois de septembre et propose qu'Abderrahmane Youssoufi et Mohamed Elyazghi assument les responsabilitĂ©s de Premiers SecrĂ©taires adjoints du Parti ;
    • dĂ©but octobre, aprĂšs son retour de Paris oĂč il avait suivi un traitement mĂ©dical, Abderrahim Bouabid assiste pour la derniĂšre fois Ă  une rĂ©union du ComitĂ© Central du Parti. Il prononce y une allocution considĂ©rĂ©e comme son testament.

DĂ©cĂšs

Le , Abderrahim Bouabid s'Ă©teint Ă  Rabat Ă  l'Ăąge de 69 ans. Le lendemain, une foule immense assiste Ă  ses obsĂšques.

Notes et références

  1. Khaoula Idrissi, « Abderrahim Bouabid 
 la vie est un combat », sur moroccojewishtimes.com, (consultĂ© le )
  2. Bidwell 2012, p. 92.
  3. Mohamed Jaouad El Kanabi, « 11 janvier 1944 : le Maroc commémore un moment charniÚre de son histoire », sur hespress.com, (consulté le ).
  4. Benjamin Stora, Akram Ellyas, « Bouabid Abderrahim. (Maroc, 1922-1992, figure nationale) », dans : , Les 100 portes du Maghreb. L'AlgĂ©rie, le Maroc, la Tunisie, trois voies singuliĂšres pour allier islam et modernitĂ©, sous la direction de Benjamin Stora, Akram Ellyas. Éditions de l'Atelier, « Points d'appui », 1999, p. 94-96. URL : https://www.cairn.info/les-100-portes-du-maghreb--9782708234345-page-94.htm
  5. Rezette 1955, p. 216.
  6. Rezette 1955, p. 217.
  7. Anne-Marie Rozelet, « Abderrahim Bouabid, formation d'un Humaniste », Horizons MaghrĂ©bins - Le droit Ă  la mĂ©moire, vol. 18, no 1,‎ , p. 238–243 (lire en ligne, consultĂ© le )
  8. RĂ©da Mouhsine, « MĂ©moires: quand Radi raconte son enfance Hassan II et Kadhafi », sur telquel.ma, (consultĂ© le ) : « Le mĂȘme scĂ©nario [l'organisation d'Ă©lections lĂ©gislatives prĂ©alables au retour de Mohammed V,NDLR] avait Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©, auparavant, par le prĂ©sident du conseil Edgar Faure Ă  Abderrahim Bouabid. Mais ce dernier a assurĂ© que le retour de Mohammed Ben Youssef sur le trĂŽne Ă©tait une condition essentielle(...) »
  9. « Abderrahim Bouabid, une émotion intacte », sur Médias24, (consulté le )
  10. « Nos anciens ministres », sur www.finances.gov.ma (consulté le )
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Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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