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François Georges-Picot

François Georges-Picot est un diplomate et homme politique français né le à Paris où il est mort le . Il est connu pour avoir été l'un des négociateurs français des accords Sykes-Picot, prévoyant le découpage du Proche-Orient à la fin de la première guerre mondiale.

François Georges-Picot
François Georges-Picot en 1918.
Fonctions
Ambassadeur de France en Argentine
-
Maire du 18e arrondissement de Paris
-
Ambassadeur de France en Bulgarie
-
Haut-commissaire
Palestine
Syrie
-
Consul général de France à Beyrouth (d)
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activités
Famille
Père
Mère
Marthe Bachasson de Montalivet (d)
Fratrie
Autres informations
Membre de
Distinction

Il est le fils de l'historien Georges Picot et le grand-oncle d'Olga Georges-Picot et de Valéry Giscard d'Estaing[1].

Biographie

Début de carrière

Licencié en droit, François Georges-Picot devient avocat à la cour d'appel de Paris en 1893 et entre dans la carrière diplomatique en 1895. Attaché d'ambassade à la direction politique au sein de l'administration centrale en 1896, il est ensuite secrétaire d'ambassade successivement à Copenhague et Pékin. Il a été durablement marqué par la crise de Fachoda en 1898, fiasco diplomatique et humiliation internationale pour la France. Ce souvenir douloureux lui inspire le désir de se montrer le plus ferme possible envers le Royaume-Uni. Un diplomate britannique, Reginald Wingate, décrit sa stratégie comme « Ne rien donner et tout revendiquer »[2].

Passage au consulat de France : l'affaire des manifestes

Georges-Picot est nommé consul de France à Beyrouth[3] peu avant la Première Guerre mondiale. En , lui est adressé par des Arabes francophiles un manifeste réclamant le soutien de la France pour une indépendance de la Grande Syrie. Il fait remonter cette information au Quai d'Orsay qui ne juge pas bon de donner suite au manifeste.

Le 2014, il adresse une lettre au président du Conseil René Viviani :

« Monsieur le président du Conseil, les divers consulats généraux de Beyrouth viennent de recevoir un factum revêtu du sceau d'un comité secret de Syrie appelant les Arabes à l'indépendance et leur citant les exemples de la Grèce, du Monténégro, de la Serbie, de la Bulgarie et de la Roumanie, jadis provinces ottomanes, désormais États indépendants. Votre excellence trouvera ci-joint une traduction de ce documents que l'on répand en cachette dans la ville[4]. »

Sentant la tension monter entre l'Empire ottoman et le camp de l'Entente, il nĂ©gocie avec le gouvernement grec l'envoi de 15 000 fusils et de 2 millions de cartouches au profit des chrĂ©tiens arabes libanais[2]. Cette manĹ“uvre devait constituer la première phase d'un projet français de soutenir une rĂ©volte des Libanais contre l'Empire ottoman.

Après l'entrĂ©e en guerre de l'Empire ottoman au cĂ´tĂ© de l'Allemagne et de l'Autriche-Hongrie en , il quitte la ville, pensant revenir sous peu Ă  la faveur de l'invasion française projetĂ©e. Il laisse ainsi les clĂ©s de ses papiers personnels au consul des États-Unis Ă  Beyrouth auquel il dĂ©clare mĂŞme « Aux retrouvailles dans 15 jours »[5]. Il part en laissant dans son bureau des documents compromettants pour des nationalistes arabes, avec lesquels il Ă©tait alors en contact. Cette bĂ©vue conduit les Ottomans Ă  arrĂŞter ces derniers et Ă  en exĂ©cuter certains[6]. La question de la responsabilitĂ© personnelle de Georges-Picot a Ă©tĂ© cependant relativisĂ©e par l’exploitation des sources diplomatiques rĂ©centes. La rĂ©vĂ©lation Ă  Djemal Pacha de l'existence et de l'emplacement des documents compromettants semble davantage le fait d'un drogman ayant servi la France au dĂ©but du XXe siècle, un certain Zalzal, notable de Bikfaya[7]. Ce dernier exilĂ© Ă  Damas après l'entrĂ©e en guerre de l'Empire aurait contactĂ© Djemal Pacha lui proposant de lui rĂ©vĂ©ler l'existence et l'emplacement des documents. Il fut libĂ©rĂ© après la capture des nationalistes arabes et autorisĂ© Ă  rentrer dans son village. Ainsi, si Georges-Picot a bien commis une imprudence de ne pas dĂ©truire les documents (dans la mesure oĂą ils Ă©taient signĂ©s par un certain nombre de dirigeants arabes, chrĂ©tiens comme musulmans), c'est davantage la trahison de Zalzal qui permit l'identification des rebelles nationalistes et leur exĂ©cution[7].

Pendant la guerre : négociation des accords Sykes-Picot.

Au déclenchement de la guerre, il se rend au Caire d’où il entretient des relations avec les Maronites du Liban. Au printemps 1915, il est appelé à Paris par le ministère des Affaires étrangères. Membre du Parti colonial français, c’est un partisan de la « Syrie intégrale » sous mandat français (d’Alexandrette au Sinaï, et de Mossoul au littoral méditerranéen). Il signe pour la France en mai 1916 les accords Sykes-Picot avec la Grande-Bretagne, divisant les restes de l'Empire ottoman entre les puissances occidentales[8].

Participation aux entretiens de Djeddah (19 et 20 mai 1917).

Après la signature des accords secrets de partage, François-Georges Picot se rend en compagnie de Mark Sykes au Hedjaz pour présenter les grandes lignes du projet franco-britannique aux Arabes. À cet entretien assistent, le chérif Hussein, son fils Fayçal, et le ministre des Affaires étrangères du nouveau royaume, Fouad Al-Khatib[9]. Néanmoins, les trois camps se complaisent dans une relative ambiguïté, Hussein acceptant simplement le principe d'une égalité de traitement entre la France et le Royaume-Uni : dans la mesure où les Britanniques ont obtenu la validité d'une occupation militaire du Sud de la Mésopotamie, la France sera autorisée à occuper une partie de la zone côtière de la Syrie (future zone bleue des accords de 1916) et envoyer des conseillers ou " Advisors " en « Syrie musulmane », terme flou dont les protagonistes se contentent[10].

Son anglophilie s'oppose au colonel Édouard Brémond, chef de la mission militaire au Hedjaz. Avec son homologue Sir Mark Sykes, il tente de contrebalancer l'action des officiers en créant une première Légion arabe, tentative qui se solde par un échec.

Action en Orient à la fin de la guerre et fin de carrière.

François Georges-Picot.

Georges-Picot est nommé haut-commissaire en Palestine et en Syrie de 1917 à 1919, dans un contexte délicat pour la France. Il participe avec le général Allenby à l'entrée dans Jérusalem en [11]. Dès la défaite ottomane, le Royaume-Uni et les Hachémites cherchent à remettre en cause la portée des accords de mai 1916, les Britanniques en novembre 1917 par la déclaration Balfour (ouvrant la possibilité d'un foyer national juif en Palestine, en contradiction avec les promesses d'internationalisation de la zone) et les Hachémites cherchant à progressivement prendre en main le littoral syrien et le Mont-Liban (violant les clauses relatives à la « zone bleue »). Dès le , la force navale française de Syrie (stationnée sur l'île de Rouad) débarque à Beyrouth pour prendre position juste avant que n'arrive le lendemain un détachement britannique[12].

Néanmoins, un premier accord conclu entre Clemenceau et Llyod George, surnommé « déclaration du » esquisse une possible renégociation des accords de mai 1916[13]. Le général Edmund Alleby fait une interprétation restrictive du texte et considère Georges-Picot comme un simple chief political advisor qui doit rester auprès de lui à Jérusalem[14], alors même que les intérêts de la France le poussent plutôt à se rendre à Beyrouth et au Liban, au vu de la clientèle maronite, proche de la France[14].

Suite et fin de carrière

Georges-Picot accède au grade de ministre plénipotentiaire en 1919 puis est nommé ambassadeur, haut-commissaire de la République en Bulgarie en 1920 et enfin ambassadeur en Argentine, où il termine sa carrière à plus de 80 ans, peu avant sa mort.

Vie personnelle

En 1897, François Georges-Picot épouse Marie Fouquet (née le ), fille d'Ernest Fouquet (ingénieur et administrateur de la Société de construction des Batignolles) et de Jeanne Amélie Collet-Duclos, dont il a trois enfants.

Les deux sœurs de son épouse avaient épousé ses deux frères.

Une rue du centre-ville de Beyrouth est dédiée François Georges-Picot.

Accords Sykes-Picot

  • Carte des accords Sykes-Picot.
    Carte des accords Sykes-Picot.

Références

  1. (en) « After 100 years, the mess we made of the Middle East is coming full circle », sur spectator.co.uk (consulté le )
  2. Barr 2017, p. 34.
  3. (en) Christopher M. Andrew et Alexander Sydney Kanya-Forstner, The Climax of French Imperial Expansion, 1914-1924, Stanford University Press, (ISBN 978-0-8047-1101-2, lire en ligne).
  4. Khoury 1993, p. 67.
  5. Barr 2017, p. 35.
  6. Adrien Jaulmes, « Sykes-Picot: une "ligne dans le sable" qui hante le Moyen-Orient », sur LEFIGARO.fr, (consulté le )
  7. Khoury 1993, p. 68.
  8. (en-US) « Redrawing the map of the Middle East », CBC Radio,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. Rémi Kauffer, La Saga des Hachémites, Paris, éditions Perrin, , 701 p. (ISBN 978-2-262-03699-7), p. 217
  10. Khoury 1993, p. 96.
  11. Khoury 1993, p. 130.
  12. Khoury 1993, p. 132.
  13. Hokayem et Bittard 1981, p. 88.
  14. Khoury 1993, p. 150.

Pour approfondir

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • James Barr (trad. de l'anglais), Une ligne dans le sable : le conflit franco-britannique qui façonna le Moyen-Orient, Paris, Ă©ditions Perrin, , 509 p. (ISBN 978-2-262-06499-0).
  • Vincent Cloarec et Henry Laurens (dir.), Le Moyen-Orient au XXe siècle, Paris, Armand Colin, (ISBN 2200266146), p. 218-219.
  • Antoine Hokayem et Marie-Claude Bittard, L'Empire Ottoman, les Arabes et les Grandes Puissances, Beyrouth, Éditions universitaires du Liban, , 383 p.
  • GĂ©rard Khoury, La France et l'Orient arabe : naissance du Liban Moderne (1914-1920), Paris, Ă©ditions Armand Colin, , 417 p. (ISBN 2-200-21322-0). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article

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